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I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia

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Billy Brentwood
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MessageSujet: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeDim 7 Oct - 1:29


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    Le médaillon reflétait des éclats de lumière. Sur sa tranche, Julian trouva un léger mécanisme qui permit d'ouvrir le bijou en deux. Dans le creux du pendentif doré, le visage souriant d'Alicia King forçait à rappeler la douleur et les regrets. Pourtant, Julian lutta contre sa peine et, moue fixée aux lèvres, caressa doucement le minuscule portrait.

    Deux ans déjà. Le garçon pria une nouvelle fois pour que le chagrin s'atténue. Chaque fois qu'il pensait à sa mère, Julian s'obligeait à souhaiter le meilleur des futurs possibles. Il se violentait l'âme à se projeter dans les années pour réaliser que jamais plus il n'aurait d'affection maternelle.
    Quel diable s'était emparé de leur destin ? Face à une telle tragédie, impossible d'ignorer la vengeance d'un dieu mécontent. Honnêtement, Julian préférait cette hypothèse à toutes les autres. Vivre avec l'idée qu'on a froissé un être supérieur efface les remords. Au contraire, avouer que chaque jour, on marche aux côtés d'un assassin rappelle l'humanité et l'horreur.
    Julian ravala une larme téméraire et ferma le médaillon. Il serra fort le bijou et s'efforça de ne plus penser à ce terrible accident.
    La tignasse brune de Joy le rappela à la réalité. Habillée comme ces pimbêches du soir, jupe plus courte qu'une vulgaire tunique, la jeune fille s'était barbouillé le visage de fards et de crayon. Rien n'apparaissait comme naturel. Joy était désormais un assemblage de pièces surfaites et d'ornements superficiels. Julian eut envie de l'insulter, tant elle était méconnaissable.

    -Tu vas où ?
    -Je me casse. Rester ici, ça me tue.


    D'une certaine manière, il saisissait parfaitement ce qu'elle voulait dire. Vivre dans le souvenir permanent de sa mère infligeait à Julian une douleur lancinante. Finalement, Joy et lui étaient les deux extrêmes d'une même problématique. Julian s'enfermait pour éviter le contact avec la réalité, qu'il percevait au dehors de ces murs. Le malaise qui survenait en lui quand les regards accusateurs se posaient sur son corps. Les critiques malsaines des voisines, les salives perfides des lycéens. Joy, quant à elle, s'échappait de l'empreinte glaciale de son père, de son frère. Elle vivait à l'extérieur, parmi les rumeurs grandissantes, parmi les pires vipères. Mais au final, elle comme lui vivaient incarcérés par leur destin, incapable à la liberté. Parce que leurs actes n'étaient réfléchis que pour surmonter l'absence, le chagrin, le doute. Et en aucun cas ils n'agissaient pour vivre.
    S'obligeant à bouger pour cesser de ruminer, Julian alla chercher le vélo de Joy dans le garage. Le retourner lui permit de le stabiliser à même le sol. Le garçon enfonça ses mains dans la graisse métallique et tira sur la chaîne enraillée.
    Au bout de quelques minutes, Julian réalisa une présence dans son dos, sur le trottoir. Le jeune homme se retourna et découvrit les traits délicats d'une fille. Sa mémoire raviva le prénom de Julia, mais y associa surtout le nom de Fitzgerald. Patronyme tabou au sein de sa famille. Monsieur avait osé une blague déplacée lors de l'enterrement de sa mère, et depuis, les King vouaient aux Fitzgerald une haine monstrueuse. Combien de fois avait-il fait fuir Katya en lui insufflant son dégoût pour ses gênes, juste en la dévisageant ? Parfois, à table, ils débattaient sur la manière de libérer plus encore leur colère, sans jamais en venir aux mains. Critiques désabusées, regards noirs et accusateurs. Julian utilisa d'ailleurs cette dernière technique sur la demoiselle, en imaginant bien naïvement qu'elle partirait en courant.


Dernière édition par Julian King le Jeu 11 Oct - 22:44, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeDim 7 Oct - 11:14

I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Tumblr10

    Il parait que pour vaincre ses peurs, il faut les affronter. Ça peut prendre du temps, ça peut être difficile mais au final on les surmonte et elles ne sont plus là. J'expirai lentement, en me disant que si j'avais bien réussi à aller à la Fête des Voisins l'autre jour, ça ne devrait pas être très difficile de sortir encore une fois dans le quartier. Même si j'avais carrément paniqué la dernière fois mais il n'y avait pas de raison pour que j'appréhende mon propre quartier n'est-ce pas ? La main sur la poignée de la porte, je l'ouvris brusquement en criant :

    « Je sooors ! »

    La seconde d'après, la porte se refermait derrière moi en claquant bien fort. Les cris de protestation ne tardèrent pas mais je les ignorai, comme d'habitude. Sortir sur le seuil de la maison ne suffisait pas à vaincre ses angoisses. Et de toute manière, ce n'était pas ça qui me faisait peur, c'était trop simple d'aller à la boite aux lettres. Alors que je me décidai sur la question où aller, mon portable se mit à vibrer dans ma poche, signe que je venais de recevoir un sms.

    Jaylann a écrit:
    Achète du pain

    « Bon, je suppose que je n'ai plus trop le choix. Justice Street attendra... »

    Habituellement, j'aurais tout de suite refusé. Surtout un ordre venant de Jaylann ; et puis ces choses là, ce n'était pas à moi qu'il fallait les demander - j'avais une tête à faire les courses, franchement ? Mais cette fois-ci, ça me faisait une bonne excuse pour ne pas retourner à JS. Même si j'étais consciente que ça ne servait à rien de contourner ma peur comme ça et que je ne pourrais pas le faire indéfiniment.
    Je m'élançai donc vers le Super Market d'un pas plus rapide que je ne l'aurai voulu. Passer près du n°2 était inévitable et j'évitai donc de trop regarder la maison de Zach. On ne s'était pas revu, depuis la fête et même si j'aurai bien aimé qu'il soit là je n'aurai rien eu à lui dire. Juste l'ignorer, après ce qu'il m'avait montré au parc et après notre belle discussion sur Facebook qui avait presque viré en une engueulade. Non, qui avait viré en une engueulade.
    Une fois dans le magasin qui se trouvait être peu peuplé en ce mercredi matin, j'achetai une baguette de pain -heureusement que je me baladai toujours avec de l'argent, quand même- et ressorti aussi sec. Même aujourd'hui, alors que ça me faisait une bonne excuse pour éviter d'avoir à me balader dans toute la ville, rendre service à Jaylann m'agaçait.
    Baguette à la main, je retournai à Magnolia Cresent en me disant que ce serait bête de gâcher une si belle journée par une stupide angoisse. Je passai devant chez les King et jetai un rapide regard en direction de leur pavillon où se tenait Julian. Julian ? Je m'arrêtai en plein milieu du trottoir et me mis à le dévisager. Il me tournait le dos, concentré sur un vélo et ne semblait pas avoir remarquer ma présence. Jusqu'à ce qu'il tourne brusquement la tête et me repère -et je confirme, ça fait sursauter, quand quelqu'un que vous observer se retourne d'un coup alors qu'il était calme la seconde d'avant. Ce fut son tour de me considérer avec son habituel regard noir et plein de reproches. Je l'ignorai, ayant l'habitude maintenant et lançai d'une voix enjouée :

    « Salut Julian ! Tu répares un vélo à ce que je vois, ça me fait penser que le mien a un petit problème.. Si ça te dit de le réparer, hésite pas ! »

    Il y avait à peu près 0,1 pour cent de chances pour qu'il accepte mais je m'en fichai pas mal. Je ne faisais plus de vélo depuis au moins quatre ou cinq ans, si ce n'était plus. J'essayai simplement de sympathiser avec lui, une fois de plus et je savais d'avance quelle serait sa réaction. Mais tant pis, j'essayais.
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Billy Brentwood
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeLun 8 Oct - 1:17


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    Julian trouva les propos de la jolie blonde plutôt déplacés. Même totalement déplacés. N'avait-elle aucun remords à venir se planter devant la maison de celle que son père avait salie ? A parler de vélo à son fils avant de lui présenter ses excuses ? Il semblait lui manquer une case de cohérence et Julian la trouva pathétique.
    Sans réagir, il se contenta de la dévisager. Il aurait aimé que son regard transporte toute la haine et la pitié qu'il éprouvait pour cette jeune incrédule, mais il n'était pas doté d'un tel pouvoir. Il se contenta de la colère ressentie contre les Fitzgerald, cela suffirait peut-être à se débarrasser de cette étrangère.
    Secondes passant dans un silence funèbre, Julian secoua la tête et recommença à tripoter la chaîne huilée et graisseuse de son vélo. Il s'était décidé à l'instant à se taire et à laisser la jeune fille sans lui offrir d'attention, mais ses mots dépassèrent sa volonté.

    -Tu n'es vraiment pas la bienvenue ici, Julia.

    Le jeune homme ne s'était même pas retourné. Sa phrase à haute-voix était audible, et reflétait toute l'amertume qui dévorait Julian. Profanée comme une menace, elle invitait courtoisement la jeune Fitzgerald a disparaître. Parce que la pelouse des King n'était pas tondue pour être écrasée par les pieds de Julia. Et que si, par malheur, Daren King venait à la découvrir, il la chasserait à coup de jurons, si ce n'est avec la carabine. Pire, si Joy rentrait enfin au domicile pour tomber nez à nez avec une Fitzgerald, ce serait déclencher une nouvelle guerre mondiale. Alors sans hésitation, Julia avait à fuir tant qu'il en était encore temps.
    Julian tenta de se concentrer à nouveau sur le mécanisme de son VTT mais en vain. Il avait en tête la présence nocive de la jolie blonde dans son dos. Et étrangement, elle manquait de légitimité.
    Julian retira ses mains poisseuses de la courroie et se redressa. Il s'essuya négligemment sur son jean sale, troué, choisi au préalable pour l'emploi. Il avait une allure pittoresque de mécanicien trop peu aguerri, avec ses baskets délavées, son pantalon abîmé et tâché, et son marcel qui tirait davantage sur le gris que sur son blanc originel. Mais malgré tout, émanait de cet ensemble une tension presque palpable.

    -Je ne comprends pas pourquoi tu restes là. Tu cherches peut-être à me blesser, Julian laissa sa phrase en suspend avant de la rattraper, Ou peut-être à m'énerver ?

    Sur ces derniers mots empreints de dégoût et de colère, Julian se tourna pour faire face à la Fitzgerald. Il y avait dans l'atmosphère un danger moléculaire que quiconque saurait sentir. On ne défie par un roi sans s'attendre aux conséquences de ses actes.
    Julian enfonça ses mains dans ses poches par pur réflexe avant dans les retirer aussitôt. Il était pris d'une fébrilité nerveuse due à la rage qui grondait en lui. Il se savait capable du pire, et c'est ce qui l'obligea à se mordre la lèvre.
    La violence le connaissait, il l'avait appréhendée personnellement maintes fois. Mais il ne la supportait pas. Il préférait souffrir le martyr qu'alimenter sa propre violence.

    -Je te hais. Tu viens là avec tes grands airs alors que ton père s'amuse à salir ma mère.

    Chaque syllabe était prononcée avec une force dérangeante. Il y avait toute la rancœur d'une famille atrophiée dans ses mots. Tous les regrets dont ils étaient les victimes. Et cette ire détestable qui les prenait au cœur et au corps lorsqu'on prononçait le nom des Fitzgerald. Daren s'était déjà occupé de détruire le nom maudit au sein du quartier, ruinant la brave réputation de la famille de Julia. Joy s'attachait à Katya et à la violenter chaque fois qu'elles se croisaient. Julian avait toujours gardé son dégoût pour ces gens en lui, mais il savait que l'occasion de dire les choses explicitement ne lui serait pas offerte deux fois.
    Dans quelques secondes, Julia s'enfuirait.
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeMar 9 Oct - 18:32

    « Je sais »

    Ça, pour nous l'avoir fait comprendre, les King nous l'avait bien rentré dans le crâne qu'on n'était pas les bienvenus chez eux. Et même dans tout le quartier temps qu'ils étaient là. Tout ça à cause de Henry, est-ce que c'était de ma faute si mon père était un pas doué ? C'était pas non plus comme si on avait tous éclaté de rire à l'enterrement. Et ça ne s'était produit qu'une fois, une petite fois il y a deux ans. Je suis d'accord, c'était déplacé de sa part mais de là à en vouloir à toute la famille, c'était un peu exagéré à mon goût. Voilà pourquoi les menaces de Julian ne me faisaient aucun effet à moi, pas comme à Katya qui le craignait, je le savais. Julian commençait à s'énerver, pas besoin que j'ajoute quoique ce soit, ma seule présence le faisait démarrer au quart de tour. Et moi aussi, ça commençait à me souler toute cette histoire. On pouvait être amis, je le savais, je le sentais. Si seulement Julian faisait un petit effort.

    « Pourquoi tu t'obstines à penser que c'est de ma faute ? Et que je te veux du mal ? »

    S'il avait espéré que je parte maintenant, il allait être déçu. Je n'avais pas du tout l'intention de partir maintenant que j'étais là. Je ne voulais pas l'aider, il était triste et je ne pouvais rien y faire ; d'autres personnes s'étaient proposé pour l'aider, lui avaient montré qu'elles étaient là mais il ne voulait rien. C'était son choix après tout. Moi je voulais juste qu'on essaie de sympathiser et aussi -et surtout-, qu'on mette les choses au clair. Parce que si on arrivait enfin à se comprendre sur ce qu'il s'était passé, notre relation s'améliorerait non ?

    « C'est mon père qui a dit ça, pas moi. Et de toute façon, il ne le pense pas. »

    Pour moi, les King nous prenait comme excuse pour passer la rage que la mort d'Alicia leur avait apporté.
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeJeu 11 Oct - 23:17


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    Julian resta silencieux. Il ne voulait pas s'avouer déconcerté par l'absence totale de peur dans les yeux de Julia. Elle ne cherchait pas à éviter son regard, ni même à fuir. Elle semblait là, prête à discuter de choses sérieuses. Et étonnement, ce fut le King qui fut perturbé. Pourtant, il s'obligea à regarder la jeune fille droit dans les yeux. A planter son regard de jungle dans les pupilles dures et rocheuses de la blonde. Il s'accrochait à ce détail pour ne pas céder à cette situation épineuse. Il n'avait pas le droit de lâcher prise : il était roi sur ces terres, prêt à entrer en guerre, l'étendard sanglant bien en main.
    Julian se sentit agressé personnellement par les mots de Julia. Comme écorché vif par des paillettes de verre qui caressaient sa peau. Parce qu'au fond de lui, il connaissait la réponse à ces questions. Pourquoi vouait-il une haine sans nom aux Fitzgerald ? Pourquoi, deux ans plus tard, n'avait-il pas pardonné ? Lui qui n'était pas susceptible pour un sou. Lui qui n'appréciait pas les querelles de voisinage. Lui qui n'aimait pas les préjugés ni les avis peu fondés.
    Oui, ce comportement ne lui ressemblait pas, et pourtant, il s'était laissé dévorer par la haine. Alors, s'il avait à répondre aux interrogations pertinentes de Julia, il lui dirait, sans détour : « Parce que mon deuil n'est pas fait. Et que la mauvaise plaisanterie de ton père salit l'image que j'ai de ma mère. Parce que je l'assimile à sa présence. Et parce que je ne peux pas asseoir un souvenir d'enterrement sain : j'ai sans cesse le rire gras de ce homme en tête qui hante ma mémoire. Je ne veux pas me souvenir de ça, et pourtant, pour aller de l'avant, je dois accepter que l'enterrement a eu lieu. Je dois accepter qu'elle n'est plus là, tu comprends ? ».
    Mais en l'occurrence, Julian se tut. Ses débats intérieurs, psychanalytiques, ne concernaient que lui. Peut-être était-il le seul à Phoenix à pouvoir comprendre le sens de ce raisonnement d'étudiant en psychologie.
    Cloîtré chez lui, Julian avait ruminé sa vie. Il s'était posé les questions douloureuses qui l'avaient amené à de tels actes. A de telles pensées. Il avait parcouru de long en large les années jusqu'à trouver ses failles et ses forces. Et maintenant, il semblait avoir compris : faire son deuil serait bien plus difficile que ce qu'il pouvait lire dans ses livres de témoignages ou de théories. Le destin ne lui offrirait pas la quiétude avant quelques décennies au moins.
    Julia récupéra le silence pour expliquer qu'elle n'était pas responsable des propos de son père, et qu'il n'avait pas pensé à mal. Le garçon se sentit premièrement offensé par ses dires : d'où cet homme qui s'était permis telle maladresse avait le droit au pardon ?
    Que Julia réclame la trêve, Julian pouvait le concevoir ; mais jamais, au grand jamais, les King n'excuseraient l'attitude d'Henry. La limite de leur fierté avait été beaucoup trop dépassée pour imaginer un retour en arrière.
    Il voulut exprimer à quel point il était dégoûté par cette pensée, mais ses agents cognitifs lui rappelèrent le début de phrase de Julia. Sa décharge de responsabilité, cette demande de trêve. Julian pouvait bien le lui offrir, non ?

    -Je sais.

    Outch. S'avouer ses erreurs, ça fait mal. Mais les avouer aux autres, c'est d'autant plus dérangeant. On aime se fier à son instinct, surtout quand le regard du monde importe moins que le destin des fourmis qui se baladent à nos pieds.
    Julian sentit sa main se resserrer sur elle-même. Il imagina ses phalanges blanches, privées de l'afflux de sang dont elles dépendaient. Il baissa les yeux, évitant pour la première fois le regard de Julia.

    -Je sais que tu n'y es pour rien, et que tu ne mérites pas tout ça.

    Il se mordit l'intérieur de la joue, comme dérangé par ses propres mots. Il les assumait pourtant plus que tout, mais c'était délicat de rayer deux ans d'une haine -injustifiée certes- comme ça. Sa mâchoire était même contractée par la nervosité qui se propageait dans son corps. Julian espéra qu'aucun espion n'avait surpris cette conversation, et que son père et sa sœur resteraient dans l'ignorance d'un tel aveu. Il respira longuement, presque soupirant, et releva le visage.

    -Si tu es satisfaite, tu peux partir, maintenant ?


Dernière édition par Julian King le Lun 15 Oct - 1:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeDim 14 Oct - 17:39

    Honnêtement, je ne m'attendais pas à un tel aveu de la part de Julian. Je lui avais posé des questions pour comprendre pourquoi il me haïssait tant, moi et ma famille, en dehors du fait que mon père avait fait une belle gaffe dont nous n'étions pas responsables. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il y réponde franchement. À vrai dire, ça compliquait les choses. Non je n'étais pas satisfaite, non je n'allais pas partir. S'il savait que nous n'y étions pour rien dans toute cette histoire -mise à part mon père, bien entendu- et que ne nous méritions pas ça, pourquoi continuait-il à nous traiter comme le reste des King le faisait depuis deux ans ? C'était si simple, d'arrêter de se battre. On pouvait changer toute une relation entre deux familles et même plus que ça. Si les King s'étaient appliqués à ruiner ma réputation et celle de ma famille, ils pouvaient tout aussi bien la raviver. D'un autre côté, c'était peut-être trop demandé. J’appréciais Julian et mettais un point d'honneur à sympathiser avec lui mais ce n'était pas le cas de sa sœur. En d'autres circonstances, peut-être que ça l'aurait été mais elle même s'appliquait à martyriser Katya, me donnant une raison de la détester et de ne pas la laisser filer quand on se croisait. Quant à Daren, leur père, je savais qu'il ne me portait pas énormément plus dans son cœur. Au moins, j'avais réussi à éviter les méchantes piques avec lui, contrairement à sa fille. Par contre, je savais d'avance qu'il ne s'en privait pas avec Henry.

    - Tu dis ça, mais au final ça ne changera pas. Pas vrai ?

    C'était sûr. S'il n'avait pas le consentement de toute sa famille -et encore-, Julian ne voudrait jamais commencer une amitié. Ce serait contraire aux liens que j'entretenais avec son père et sa sœur qui ne seraient sûrement pas enchantés de nous voir trainer ensemble. Mais ça, je le savais depuis le début. Et ça ne m'empêchait pas de tout faire pour essayer de devenir amie avec lui. Comme on dit, un chemin sans embuches n'est pas un chemin.
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeLun 15 Oct - 1:56


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    Julian souffla. Il s'était attendu à cette réponse. Julia n'était pas sotte, c'était clair. Elle avait logiquement anticipé les événements : peu importaient les mots de Julian, ses aveux, ses pensées profondes, Daren et Joy n'étaient pas prêts à pardonner la famille Fitzgerald. Ils assimilaient la moquerie d'un homme à l'ensemble de son sang, comme si ce mal dévorant circulait dans les artères et les veines de ses progénitures. Rien de crédible scientifiquement, mais Julian était totalement à même d'expliquer cette haine extrapolée. Parce qu'il avait la connaissance psychologique pour, et parce qu'il s'était lui-même remis en question à ce sujet. Désormais, il se savait dans l'erreur.
    Une moue transcenda son visage, preuve de cette réalité déplaisante pour Julia. Elle avait bien raison : rien ne changerait. Julian sembla déceler une pointe de déception et de colère dans cette phrase ; il imagina alors que la jeune fille avait réellement espéré quelque chose de Julian. Peut-être avait-elle pensé conquérir le cœur meurtri du garçon avec de simples mots sertis d'une témérité effarante ? Convaincu par la véracité de cette dernière pensée -si folle soit-elle-, Julian osa demander :

    -Tu croyais vraiment que tout changerait comme ça, en un simple claquement de doigt ?

    Le jeune homme réalisa que si Julia répondait positivement à cette question, il faisait face à une naïveté impossible. Tant de guerres et de haines effacées en une seconde, par une volonté plus divine qu'humaine ? Mais c'était totalement inimaginable !
    Julian soupira. Il se sentait écartelé entre l'opinion injuste de son père et sa sœur et l'armistice que Julia semblait attendre. Il va sans dire que s'il avait été seul à décider, les choses se seraient passées autrement. Il aurait certainement détesté Henry pour ce manque probant de respect envers sa mère. Mais il n'aurait pas généralisé ce sombre sentiment à toute la famille Fitzgerald. Il aurait agité ses méninges pour décider de l'attitude à adopter vis-à-vis d'eux. Peut-être serait-il resté froid, voire glacial, avec eux, mais jamais il n'aurait réduit leur réputation en cendres. Il n'avait pas le droit pour cela, c'était fondamentalement illégitime.
    Mais Julian n'était pas maître de sa maison, ni de sa famille. Tout juste réussissait-il à contrôler son corps dangereux et ses pensées parfois malsaines. Alors il ne chercha pas plus longtemps à refaire le passé.

    -Tu attends quoi de moi, Julia ?

    Julian avait maintenant dégagé les mains des ses poches, et avait croisé ses bras sur sa poitrine. Cette attitude ne ressemblait pas à la méfiance, ni à la colère, comme l'expliquaient les spécialistes de la psychologie du corps. Cette fois-ci,Julian cherchait plutôt à se protéger de lui-même. De son sang empli de colère. De ses mots contradictoires.
    Il craignait de se mettre à dos son père et sa sœur en agissant de la sorte. Mais l'heure n'était pas aux disputes puériles entre voisins.


Dernière édition par Julian King le Lun 22 Oct - 12:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeJeu 18 Oct - 18:17

    Tout changer en un simple claquement de doigt, ça aurait été trop beau, trop simple. Non, bien sûr que non, je ne pensais pas ça. Mais on pouvait toujours essayer quelque chose ; moi je tenterais de convaincre Katya et James qu'ils n'avaient pas à avoir peur des King et Julian insinuerait à son père et à sa sœur qu'on n'y était pour rien dans cette histoire, nous. On pouvait toujours essayer, même si ça ne marchait pas, au moins on aurait essayer... ?

    - Non, bien sûr que non.

    Je restai de marbre, sans bouger derrière le muret, côté rue, qui nous séparait, la main crispée sur la baguette de pain. Je me forçai à ne pas partir, parce qu'au fond, Julian commençait à me faire peur. Il avait l'attitude d'un homme qui se retenait pour ne pas se jeter à la gorge de... bin, de moi. Cette lueur dans ses yeux, ses tics, ils n'allaient pas sans me rappeler les évènements d'il y a deux ans. Julian avait tellement changé que ça m'avait fait peur et que j'étais parti. Pas littéralement, puisque j'étais resté à Magnolia Cresent mais on avait complètement coupé les ponts ; on ne s'était plus revu depuis ce fameux jour, plus reparlé. Jusqu'à il y a quelques jours. De ce que j'avais entendu, Julian avait fait la même chose avec beaucoup de personnes de son entourage. Mais pas pour les mêmes raisons que pour moi. Après la mort de sa mère, Julian était devenu violent. Je ne savais pas ce qu'il en était aujourd'hui –peut-être voulais-je renouer pour savoir ?– mais une chose était sûre, ça m'avait fait peur. Et même si aujourd'hui je montrais l'inverse, ça me faisait toujours un peu froid dans le dos à l'idée qu'il me fasse plus que casser une lampe. Au moins, les claques de Jay lui auront fait comprendre qu'il était mieux chez lui.

    - Je sais pas, que ça redevienne comme avant ? Qu'on essaie ?

    Je n’essayerais pas de le faire aller mieux. Il m'avait plus que clairement fait comprendre qu'il ne voulait pas d'aide alors, même si son état était critique quand je l'avais laissé, je n'avais pas insisté. Ce que je ne ferais pas non plus aujourd'hui. Je voulais juste savoir s'il était toujours le Julian violent que j'avais connu en le quittant ou s'il en était un autre, un troisième Julian. Bien sûr, je rêvais un peu en disant que tout pouvait redevenir comme avant. Rien ne serait comme avant ; sa mère était morte, il s'était mis à boire – était-ce toujours le cas aujourd'hui ? – il s'était emporté contre moi au point que je fuis de peur qu'il me frappe. Entre temps, j'avais en quelque sorte refait ma vie. Je l'avais oublié, mis de côté. Et sans que je sache trop pourquoi, je m'étais remis à penser à lui. Ma première relation à Magnolia C. Et aussi l'une des premières personnes à me faire peur et avec qui je ne sais plus trop quoi faire, maintenant.
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeLun 22 Oct - 12:26


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    En silence, immobile, presque nerveux, Julian attendait la réponse de Julia. Étrangement, elle lui semblait très importante. Peut-être espérait-il vraiment qu'elle imagine un futur de paix entre eux. Après tout, Julia n'était pas n'importe qui. Si depuis près de deux ans, les deux Juju ne s'étaient pas parlés, à peine croisés, il y eut un temps où étaient amants.

    Les Fitzgerald arrivés quelques mois seulement avant la disparition fatale d'Alicia. Ils avaient été, et ce dès le début, un peu mis à l'écart parce que leurs tempéraments ne correspondaient pas aux perfections exigées à Magnolia Cresent. Entre James qui se brave à l'homosexualité, les parents qui n'exultent pas de leur amour, et Julia, véritable rebelle incontrôlable, c'est vrai qu'il fallait tenir le coup.
    Malgré tout, Julian a trouvé très charmante cette belle blonde explosive. Lui qui parlait peu, qui avait quelques amis mais qui préférait quand même ne pas faire face à la société, il s'était fixé un objectif : faire connaissance avec la jeune fille. Et c'est en ce sens que les mondes si différents de Julian et Julia se combinèrent pour former, d'abord, une sphère de partage et d'amitié, et très vite, un couple. Il est vrai que Daren et Alicia avaient vu cette union d'un œil plutôt soupçonneux, mais Julian aimait beaucoup sa promise, alors il envoyait valser les critiques à son sujet.
    Malheureusement, lorsque le drame survint, Julian fut bouleversé. Trop, détruit, anéanti. Son corps abritait le vide total. Et pour combler ce manque, pour réparer ce cœur explosé, il eut la bonne idée de sortir boire et faire la fête. Et qui dit fête, dit population, dit monde, dit gens. Autant dire que tant de bruit, tant de rumeurs, tant de blabla, ajouté à l'abus d'alcool, ça ne donne rien de bon. Julian est devenu violent. Tant chez lui, qu'à l'extérieur. Incapable de garder pour lui sa haine et son chagrin. Quelques types en avaient fait les frais... et Julia aussi.
    Alors qu'elle venait pour s'excuser encore une fois, le consoler, essayer de le ranimer un peu, il avait jeté sa lampe en sa direction. Chanceux, il n'avait pas blessée la jeune fille, mais l'avait certainement terrifiée à vie. Depuis ce jour, il ne lui avait plus reparlé.
    Il va sans dire que Julian ne vécut pas bien cet abandon, comprenant instinctivement qu'il était dangereux, vraiment. Il culpabilisa de beaucoup de choses, sans pouvoir pour autant arrêter ses envies de meurtre. Andrew, une dernière fois, reçut les coups du garçon, qui se vit mettre à terre par Jay. Voilà la fin d'un règne, la fin des sorties, la fin de l'alcool, la fin de beaucoup de chose. Et le début du silence, de la solitude.

    Lorsqu'enfin la réponse de Julia apparut, le jeune homme en éprouva un soulagement terrible. De ce souvenir de violence et de haine, il voyait désormais une certaine lumière, presque un certain pardon. Il eut la sensation que son cœur se réchauffa soudainement. Un sourire éclaira son visage : cette proposition d'être excusé -interprétée ainsi, du moins-, lui fit vraiment plaisir.

    -Je suis terriblement heureux que tu veuilles me pardonner mais... tu sais que ta peur ne disparaîtrait pas si facilement.

    Julian venait de réaliser que la jeune fille gardait sûrement au fond d'elle quelques craintes à l'approcher. Peut-être même, malgré sa témérité de lui parler, malgré cette façade forte qu'elle se donnait, elle souhaitait fuir ce pavillon. C'était tellement compréhensible que Julian ne chercha même pas à excuser son amie.

    -Et puis, je suis resté le même que ce soir-là. Je suis dangereux, Julia. Si tu savais..., sa voix se cassa sur ces derniers mots.

    La gorge serrée, Julian sentit en réalité que les attentes de Julia étaient démesurées. Il ne pouvait faire l'effort de sortir, il ne pouvait faire face à la crainte de son ancienne petite amie. La seule chose qu'il était apte à montrer : c'était son absence de haine envers elle, ses sœurs et peut-être bien sa mère aussi. Est-ce que cela lui suffirait ?


Dernière édition par Julian King le Sam 27 Oct - 19:50, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeMar 23 Oct - 18:13

    Je n'étais plus sûre de vraiment vouloir le pardonner. Je ne savais plus ce que je voulais, ce que je recherchais en m'arrêtant ici. Ses mots avaient une telle signification pour moi, que ça m'en créait une boule au ventre. Il n'avait pas changé, alors. Il était toujours "le même que ce soir-là". Je fermai les paupières en me mordant les lèvres. Je me souvenais trop bien de notre rencontre pour que ça ne me fasse pas rien. On débarquait de l'Ouest des États-Unis, j'étais complètement pommée, sans potes, sans repères, rien. Et il s'était présenté, l'air de rien, m'avait proposé de m'aider à déballer les cartons ou de me faire visiter le quartier, je ne sais plus. Il semblait si sympathique et il avait montré tant de gentillesse... moi qui habituellement n'était pas du style à remarquer ce genre de comportement, j'y avais souvent repensé. Quelques mois plus tard, bien après qu'on se soit mis ensemble, sa mère était morte. Et putain, ce que j'en voulais moi aussi à Henry pour cette blague. Je n'avais jamais vraiment été proche d'Alicia ; c'était la commère du quartier, précisément le genre de personnes auquel je n’adhérais pas beaucoup et elle non plus, elle ne m'aimait pas énormément. Pour... je ne sais pas, mon caractère, parce qu'elle était comme ça peut-être. Mais c'était la mère de Julian et je connaissais sa souffrance à lui à ce moment-là. C'était le début de la descente aux enfers. Et pour moi aussi, ça n'avait pas été facile. Qu'est-ce que je pouvais faire pour lui ? Je me le demandais. Il ne voulait pas d'aide, juste qu'on le laisse tranquille. Il buvait, se bagarrait. Devenait violent. M'accusait de cette boutade. Il avait été à deux doigts de me faire du mal, physiquement cette fois. C'était trop. J'étais parti, je l'avais laissé tout seul mais n'était-ce pas ce qu'il voulait ? Je rouvris les yeux, baignés de larmes.

    – Pourquoi t'as fait ça ?

    Je partais sur les reproches. Ce n'était sûrement pas la meilleur chose à faire, mais c'était tout ce que j'avais à dire. Il n'aurait peut-être pas de réponse claire à me donner, mais je m'en fichais. Je voulais renouer avec lui, certes, mais je voulais aussi qu'il sache qu'il n'y avait pas que lui qui avait souffert dans l'histoire.

    – On aurait pu rester ensemble, t'étais pas obligé de sombrer là-dedans. Et t'es pas obligé d'y rester.

    Pourquoi ne voulait-il pas que quelqu'un l'aide ? Il n'y avait aucun mal à ça, il n'allait pas bien, personne ne lui en voudrait. Pas les autres en tout cas. Je sentais mes forces m'abandonner et toute ma détermination à me réconcilier avec Julian retomber. Peut-être qu'en fin de compte, ce n'était pas une si bonne idée de vouloir faire ça. Ni pour lui, ni pour moi.


Dernière édition par Julia Fitzgerald le Sam 27 Oct - 22:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeSam 27 Oct - 21:10


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    Suite à sa phrase régna un long silence. Dérangeant, effrayant. Julian avait sur la langue tous ses méfaits, et se savait bouche cousue. Impossible pour lui d'expliciter plus et de donner à Julia les tenants et les aboutissants de son état actuel. Il ne pouvait que faire face aux croyances non avérées de ses proches, et de la blonde en cet instant. Il ne pouvait qu'accuser, et acquiescer. Rester dans l'ombre et le silence, à voir au loin la vie qui continue, sans pour autant y participer.
    Sans bouger, tête baissée, mains cachées dans les poches, Julian attendait une quelconque parole. Une sentence, même, s'il le fallait. Parce qu'au fond, il le savait : c'était impossible que Julia revienne sur le passé. Il lui avait fait bien trop peur pour que ses souvenirs s'embellissent. Son changement radical de comportement envers elle -et tout le monde, d'ailleurs- n'était pas anodin.
    Quand enfin les mots de Julia vinrent briser ce silence glacial, le jeune homme réussit à lever le regard. Peut-être n'aurait-il pas dû. Les yeux de la jeune fille, embués par les larmes, les regrets même, le fixaient. Il eut l'impression de recevoir un coup de couteau en plein cœur. Sa mâchoire se contracta aussitôt, et il détourna le visage, incapable de soutenir ce regard. Julian se mordit l'intérieur de la joue, déçu encore une fois de lui-même. Finalement, il était possible que ce soit aussi pour éviter de subir ces impressions dépitées que Julian avait décidé de ne plus sortir. Éviter de se confronter au monde, aux gens qui l'avaient vu plonger, aux déceptions répétées et meurtrières.
    Non, décidément, Julian n'était pas aveugle. Si les premiers temps, il s'était senti absolument seul, comme si le reste du monde continuait à tourner malgré la disparition de sa mère, comme si les gens n'étaient pas touché par ce décès, comme s'ils ne partageaient pas sa souffrance, il avait désormais compris. Il était normal que la vie ne se soit pas arrêté chez ses voisins, que sa situation ne soit comparable à aucune autre, que sa famille soit presque seule dans cette épreuve. Mais c'était trop tard, il avait blessé bien d'autres personnes. Il n'avait pas supporté l'indifférence, les critiques de certaines langues bien pendues. Il avait frappé, rugi, crié, lancé, pleuré, bu, beaucoup trop.
    En quelques semaines, il avait oublié toute sa vie passée. En dehors de quelques rares amis qui s'accrochaient avec acharnement à lui, Julian s'était retrouvé seul. Et il savait à quel point ce changement s'était effectué avec douleur. A quel point ceux qui partageaient son ancien lui devaient souffrir de son départ, de son absence. Ils devaient certainement vivre une perte ambiguë. C'est-à-dire que tous ces gens qui avaient vu Julian disparaître devant eux, s'auto-détruire doucement, avaient aussi un deuil à faire. Plus long, plus nocif, parce que le garçon respirait toujours près d'eux, mais il n'était plus le même. Il avait gardé un physique et une identité semblables au passé, mais son essence même s'était modifiée, noircie, consumée.

    -T'aurais fait quoi, à ma place, hein ?

    Le ton était monté. Bien qu'il sache ses erreurs, qu'il connaisse ses torts, qu'il affronte à chaque secondes ses remords, Julian n'aimait pas qu'on le critique. Il avait fait de son mieux, il en était certain. S'il était tombé si bas, c'était parce que le contexte l'avait voulu. Parce que les bonnes mains ne s'étaient pas proposées à lui. Parce que tout prédestinait la déchéance de Julian. En réalité, il culpabilisait tellement de ses actes passés que le jeune homme aurait accepté toutes les excuses du monde pour se délester de tant d'horreurs.


Dernière édition par Julian King le Ven 2 Nov - 3:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeLun 29 Oct - 15:27

    Deux ans passés sans se parler, sans même se voir, c'en était trop. Maintenant qu'ils étaient là, face à face, et qu'ils s'étaient lancés dans le sujet, ils ne pouvaient plus reculer. Ça faisait mal, de se remémorer tous ces souvenirs, mais il le fallait. Il n'était plus question que ça redevienne comme avant, mais qu'ils s'expliquent. Ou plutôt que Julian regrette. Parce que tout ce que Julia voulait en cet instant, c'était que Julian se rende compte de ce qu'il lui avait fait, jusqu'à aujourd'hui. Il le savait, oui, mais peut-être qu'il ne s'en rendait pas bien compte. Et dans une situation pareille, où Julia ne pouvait que regretter le passé et s'imaginer à la place du garçon, elle se pensait plus forte. À sa place ? Elle n'aurait pas céder, elle aurait essayer de rester la même, de lutter contre cette spirale infernale. La mort d'un proche était triste, mais il ne fallait pas flancher soit même. Était-ce vrai, aurait-elle réussi ou même tenté de rester impassible devant une telle chose ? Elle qui s'y connaissait tant en matière d'alcools et de drogues qui faisaient oublier, l'espace d'un instant, le présent. C'en était moins sûr. Mais dans son esprit, c'était le cas. Julian lui avait fait peur et la faisait frissonner, rien qu'en haussant légèrement le ton, mais ça, à ça elle n'aurait pas cédé. Comme elle n'abandonnerait pas en entendant sa voix.

    – J'aurais pas fait ce que t'as fait. Tu savais très bien où ça allait nous mener, te mener de faire ça, mais t'as continué ! Tu croyais quoi, que j'allais rester avec toi, après tout ça ? On a voulu t'aider, moi et les autres, mais t'as tout refusé. Tout, jusqu'à me balancer une lampe dans la gueule.

    Pourtant forte au début, sa voix s'était peu à peu tue au fur et à mesure qu'elle l'accusait. Un long silence s'installa ; peut-être était-elle allé trop loin. Mais c'était de sa faute à lui et rien qu'à lui s'ils en étaient arrivé là. Il n'aurait pas dû s'élancer sur cette pente escarpée pour au final devenir ce qu'il était aujourd'hui. Il aurait dû rester le même pour ne pas faire souffrir ses proches et lui, aussi. Parce que malgré sa conviction de résister si elle avait été à sa place, Julia aussi avait été mal à un moment. Comme de la purée, ou une moule désorientée. Et heureusement que Minnie avait été là pour la bouger, parce que Julian s'était obstiné à l'ignorer et à se murer dans sa tristesse.

    Sans un mot, elle se détourna et continua son chemin en essayant d'ignorer les larmes qui s'échappaient de ses yeux. C'était de sa faute.
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitimeVen 2 Nov - 3:44


Julia & Julian ♥

Ralph Waldo Emerson a dit Ce qui se trouve derrière ou devant nous n'a que peu d'importance comparé à ce que nous avons en nous.

    V oilà, c'était dit. En cinq phrases, Julia venait d'anéantir son ancien petit-ami. C'était si difficile pour Julian d'entendre les horreurs du passé, ses actes qu'il regrettait amèrement. Il se les avouait en secret, mais de les ouïr de la sorte, c'était terrible. Aussitôt, pour compenser la douleur qui le saisit à l'intérieur, le jeune homme se mordit la lèvre. Très fort. Presque à s'en faire saigner, mais rien n'importait plus pour lui que de ne plus sentir cette plaie béante réouverte par Julia.
    Les accusations portées par la jeune fille étaient si acerbes. Pourtant, sa voix cassée, brisée sur ses derniers mots laissa transparaître la douleur qui s'agitait en elle aussi. Ce genre de remords sourds, de nostalgie. Comment ne pas regretter le bon vieux temps où l'on vivait heureux à Magnolia Cresent ? Où les King et les Fitzgerald cohabitaient sans haine ? Où Julia et Julian s'embrassaient sans crainte d'une furie passagère ?
    Mais malgré cette fragilité sensible, Julian n'en profita pas pour blesser la blonde. Il se sentait bien trop explosé de l'intérieur pour être destructeur à son tour. Et puis, il n'en avait aucune envie. Il culpabilisait bien assez du mal qu'il avait fait à Julia dans le passé pour vouloir rallonger sa liste.
    Julian baissa la tête, assommé par la situation, par les critiques, par la douleur qui sévissait en lui. Il se tut longtemps, et resta immobile. Julia tourna les talons en silence et s'enfuit. Julian eut juste le temps de la regarder s'en aller, et de remarquer la paillette qu'elle avait au coin de l’œil.
    Il avait réussi à la faire pleurer, encore.
    Il n'était qu'un abruti, vraiment.
    La colère sourde s'éveilla en lui, dictée par le chagrin, et il se défoula sur son vélo. Un coup de pied dans la roue suffit à renverser la bicyclette. Il s'acharna sur le guidon un instant avant d'entendre le ronron d'une voiture approcher. Incapable d'assumer sa violence, Julian attrapa le moyen de locomotion et s'enferma dans le garage.
    C'était certain, plus jamais Julia ne voudrait le revoir. Il l'avait entendu à sa voix, à ses mots. Elle lui en voulait plus que de raison, mais cela suffisait à ce qu'elle ne veuille plus entendre parler de lui. Julian se répéta que c'était fini, totalement fini. Le mal était fait, la cicatrice restait là, à portée de doigts. Elle avait peur de lui, elle lui en voulait. Il avait peur de lui, et il s'en voulait. Leurs pensées étaient similaires, mais l'un était responsable, l'autre victime.
    On dit souvent qu'il faut penser futur, mais lorsque le passé annihile vos chances d'entrevoir un lendemain, peut-on sciemment espérer ?
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MessageSujet: Re: I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia I'm just a poor boy, I need no sympathy. / Julia  Icon_minitime

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