C'est pour voir son meilleur ami que Lorenzo se rendait à la maison n°38 cet après-midi là. Il venait s'excuser d'avoir annulé une nouvelle fois à la dernière minute une de leurs soirées. Il imaginait déjà Curtis rire en entendant ses raisons vaseuses, pourtant Lolo allait jouer la carte de la sincérité : il avait passé la soirée en compagnie de sa femme. Ils étaient sortis au cinéma, Summer avait eu envie de voir un film. Il est vrai que, vu de l'extérieur, cette histoire pouvait faire rire, Lorenzo en sortie romantique au cinéma, c'était un bon poisson d'avril. Pourtant c'était vrai. Le couple s'étaient rendu compte qu'ils n'avaient pas eu de sortie en public depuis un moment, ils avaient dû remédier à ça. Mais ça, impossible de l'expliquer à Curtis.

Une fois devant la maison, il sonna. Curtis avait l'habitude d'être là en pleine après midi, son métier de plombier s'avérait pesant plutôt en fin de journée, quand les gens rentraient chez eux. Lorenzo l'enviait sur le coup, lui n'avait que deux après midis de libre par semaine, les autres étant pris par ses cours. Malheureusement, ce fut Gabrielle, la belle-fille de Curtis, qui lui ouvrit. Son meilleur ami lui avait déjà parlé d'elle, évoquant des souvenirs de drague pas très réglementaires. Lorenzo s'était d'abord indigner. Draguer en étant en couple était une chose, draguer la fille de sa copine, c'était vraiment autre chose. Mais impossible de changer Curtis, alors à quoi bon. Et ce fut sans surprise que, quelques temps plus tard, Gabrielle le dragua à la fin d'un coup, puis d'un autre ... Laissant Lorenzo mal à l'aise. Même Nina l'avait remarqué, et lui avait reproché, avant que leur relation ne se détériore. Le professeur avait même vu la fin des cours comme une bénédiction, se faire draguer par la belle-fille de son meilleur poto, c'est vraiment gênant. Depuis, il ne l'avait pas vue ... Jusqu'à aujourd'hui. « Bonjour Gabrielle, Curtis est là ? » Lorenzo réalisa alors qu'il ne savait même pas ce que la jeune fille suivait comme études cette année. A vrai dire, il s'était surtout tenu au courant pour Nina, et avait appris avec soulagement qu'elle prenait un appart à Philly, pour ses études. Ne plus la croiser était une réelle bénédiction. Mais réaliser qu'il ne s'était pas informé de ses autres élèves fut dur pour le jeune homme. Lui qui se disait si impliqué, voire passionné par son métier et par ses élèves, il avait bien manqué aux devoirs qu'il s'était fixé. Alors, dès que Gaby lui aurait répondu, il se promit de lui poser la question

Quelques jours avant la rentrée des classes universitaires. Gabrielle avait obtenu son diplôme de lycée, haut la main. C’était difficile à croire mais sous airs de Cheerios idiote et aguicheuse, Gaby en avait dans la tête.
La journée n’avait pas été très productive pour la jeune Montgomery, l’ennui, l’ennui et encore l’ennui. La brunette se prélassa de pièce en pièce, changeant d’activité toutes les deux minutes. Quand Nathan n’était pas là, la jeune femme se sentait un peu perdue…

Mais ce fut sans compter à la visite d’une mystérieuse personne. Effectivement, quelqu’un venait de faire sonner cette sonnerie idiote qu’avait choisie la mère des Montgomery. Ce son horripilait Gabrielle à chaque fois qu’il retentissait. Arrrg. Trainant un peu plus les pieds, la jeune femme tenta tout de même d’esquisser un sourire sur son visage pour accueillir cette quelconque personne qui ennuyait Gaby dans son ennui. (Oui c’est possible). Mais, à sa grande surprise, Gabrielle n’eut pas besoin de se forcer à montrer sa joie, effectivement, en voyant ce cher bel homme, la brunette étala un sourire large sur son visage. L’amusement était-il enfin arrivé ? Ce fut Lorenzo Di Mascio, séduisant professeur de math que Gaby avait eu la chance d’avoir l’année dernière. Ce mec était quand même tout à fait canon. Bref. « Bonjour Gabrielle, Curtis est là ? ».

Gabrielle fit mine de réfléchir puis lui répondit, toujours aussi entreprenant qu’à son habitude :

« Pourquoi vouloir voir Curtis alors que…je suis là. »

La jeune Montgomery finit sa phrase par un clin d’œil. Non, cela ne la gênait absolument pas de draguer tous les mecs sexys de la ville, pas du tout en fait. Après tout, Curtis et Lorenzo faisaient la paire, ils étaient vraiment pas mal du tout et, aussi triste que cela puisse paraître, Gaby savait reconnaître un bel homme.
Gabrielle passa sa main dans ces cheveux tout en souriant, attendant une quelconque réponse du professeur même si Gab pensait qu’il était trop coincé pour accepter ses avances…

Sans surprise, Gabrielle fut ... fidèle à elle même. Lorenzo choisit de lever les yeux au ciel, pour marquer son exaspération. Il espérait que la jeune fille se vexe d'une telle réaction, et abandonne son attaque. Qu'elle lui indique où était son meilleur ami et retourne à de meilleures occupations. Oui, Lorenzo savait être optimiste quand il le fallait. Situation ironique, car il n'était pas du tout exaspéré. le mot "gêné", se rapprochait déjà un peu plus de la réalité. Gêné, d'avoir cette jolie plante qui s'offrait à lui sans pouvoir la cueillir. Gêné, de passer pour un jeune homme qui ne profitait pas des bonnes choses de la vie. Dégoûté aussi, d'être ainsi bloqué. Oui, Gabrielle était une de ces personnes qui vous font sincèrement regretter d'être un homme marié. Mais la situation était ainsi, et Lorenzo devait feindre l'indifférence. « Parce c'est lui que je suis venu voir peut-être, parce qu'il est mon meilleur ami, que toi tu es mon ancienne élève. » Il énuméra ces différentes raisons sur ses doigts, puis se tut en évoquant le lycée. La fameuse question sur ses études, il n'avait pas oublié ! « D'ailleurs, à ce propos, que fais-tu cette année ? Est-ce que tu vas à l'université ? » Quelle que soit la filière que Gabrielle lui répondrait, il était sûr qu'elle se terminerait par "comme Nathan". Ces deux-là était inséparables. D'ailleurs, Lorenzo imaginait un futur assez apocalyptique, si jamais Nathan débarquait dans la pièce à ce moment là, et surprenait sa soeur en train de draguer son ancien professeur. Lorenzo n'aurait su dire ce qui liait les deux jumeaux, mais il aurait mis sa main à couper que Dieu n'allait pas apprécier.

Raison de plus, donc, pour retrouver Curtis au plus vite, et s'échapper de la tentation dangereuse cette sirène. Malheureusement, Lorenzo était trop courtois pour se montrer impoli et partir ainsi. En plus, connaissant la jeune fille, il aurait mis sa main à couper que, s'il décidait de s'en aller, elle allait le suivre et se montrer insistante. Raison suffisante pour faire un impair à ses bonnes matières. « Je ne voudrais pas me répéter mais, Curtis est là ? Si ce n'est pas le cas, je ferais mieux de m'en aller. » Comme c'était malpoli, pour un gentleman, d'être lourd auprès d'une dame ! Mais avec un regard aussi aguicheur, pouvait-il qualifier Gabrielle de lady ? Il choisit que non, pour se donner bonne conscience, et savait qu'il n'était pas vraiment dans le faux : d'une lady, Gaby avait surtout les origines anglaises, pas grand chose en plus. Malheureusement pour lui, il aimait bien, les filles comme ça, celles qui ont le sang chaud, comme les italiennes.

Gabrielle traîna ces pieds jusqu’à la porte pour ouvrir à cette mystérieuse personne qui venait de sonner. Pourvu que ce soit quelqu’un que Gaby connaissait et non un foutu livreur ou quelque chose comme ça. Effectivement, la brunette s’ennuyait à mourir toute seule dans cette maison. Elle avait déjà regardé la moitié d’un film, elle avait tenté de lire aussi mais ce fut impossible pour elle de se concentrer. Aujourd’hui, l’ennui frappa à la porte de Gabrielle Montgomery… Enfin pas tout à fait. Quand la jeune femme ouvrit la porte, un sourire s’étala sur son visage. Lorenzo Di Mascio, ancien professeur de mathématique. Quel bonheur de le voir ici même si Gaby se doutait fort bien que l’enseignant n’était pas là pour elle mais plutôt pour Curtis, son meilleur ami. C’était assez chouette d’avoir un beau-père jeune et sexy, les belles personnes traînent toujours ensemble. C’était évident, aviez-vous déjà vu Gabrielle traîner avec une mocheté ? Non sans rire… Bref, revenons-en au but.
«Parce c'est lui que je suis venu voir peut-être, parce qu'il est mon meilleur ami, que toi tu es mon ancienne élève»

Il était sérieux là ? Bon d’accord, il était marié mais quand même… Cela rend la chose encore plus excitante mais non, ce professeur avait décidé de ne penser qu’à Curtis. Il était là, lui d’ailleurs ? Probablement pas, sinon, il aurait déjà sauté sur l’occasion pour venir flirter avec la jeune Montgomery. Une chance que la mère de Gaby soit une cougar…
La brunette leva les yeux au ciel puis plongea son regard dans celui de Lorenzo. Mais celui-ci l’interrompit avant même qu’elle n’ait pu rétorquer. Il voulait savoir ce que la jeune femme allait faire comme étude. Cette question, Gabrielle l’avait redouté tout l’été. Pas parce qu’elle était honteuse mais plutôt parce que son choix révélait qu’elle en avait beaucoup dans la tête…

« Bien sûr que je vais à l’université ! Je vais intégrée…la Thomas Jefferson University. L’université..de médecine avec Nathan. »

Comment paraître pour une intello en moins de deux secondes ! Mais bon, heureusement, Gabrielle était une sorte de femme fatale, non ? Elle était très heureuse du choix d’étude qu’elle avait fait et aussi fière d’elle d’avoir pu y entrer avec son jumeau. Nathan avait d’abord beaucoup hésité sur le sport-étude mais sachant très bien que sa jumelle ne le suivrait jamais dans cette option, ils ont tout de suite su que c’était ça que l’avenir leur réservait. Ils avaient eu beaucoup de chance d’être accepté tous les deux mais il fallait bien avouer qu’ils avaient énormément travaillé.
« Je ne voudrais pas me répéter mais, Curtis est là ? Si ce n'est pas le cas, je ferais mieux de m'en aller. »

Gabrielle fronça les sourcils. L’enseignant était vraiment coincé ou quoi ? Ou peut-être gay car il avait l’air un peu obsédé par Curtis sur le moment. Gabrielle se serait bien esclaffer en imaginant une scène entre son beau-père et son ancien professeur.

« Bon… Il ne devrait pas tarder à revenir. Je vous offre un café pendant ce temps là ? S’il vous plait, histoire de se remémorer les meilleurs moments de l’année scolaire ? »

Maligne la petite Gabrielle. Jouer la carte de la nostalgie était vraiment très rusé sur le coup. Elle fit un petit sourire innocent et des yeux de chien battu. Le truc dont personne ne peut résister, impossible, même pas un homme coincé, marié et gay refoulé. IMPOSSIBLE.

Lorenzo regrettait d'être venu, il aurait dû prévenir Curtis avant, mais il ne le faisait jamais. Perte de temps, le jeune homme préférait la spontanéité, la surprise ... A ses risques et périls. Au moins, il put découvrir l'avenir de Gabrielle, non sans surprise. Il garda un visage impassible, mais il ne pouvait s'empêcher de s'étonner. La médecine, c'était quand même quelque chose, tout sauf une partie de plaisir. Puis elle finit sa phrase. "avec Nathan", tout était soudainement beaucoup plus clair. Lorenzo n'aurait jamais su dire qui suivait l'autre, mais en bon macho italien qu'il était, il avait tendance à penser que c'était Gabrielle qui suivait Nathan. Quoi qu'il en soit, il se retint de tout commentaire, Gabrielle était seulement son élève, il se devait d'être courtois. « médecine, eh bien je te souhaites bien du courage, tu vas devoir t'accrocher mais je suis sûr que tu réussiras. » Phrase bateau par excellence, à ceci près qu'elle était prononcée par un professeur, elle avait donc plus d'impact et de valeur, non ?

Après cette courte discussion de forme à propos des études de Gaby, Lorenzo aurait vraiment voulu prendre la poudre d'escampette, cette situation le mettait un peu mal à l'aise. Mais elle lui proposa alors un café. Il ne pouvait pas dire non, il était censé avoir son après midi de libre, puisqu'il venait voir Curtis ! Aucune excuse à prétexter pour s'en aller, il allait donc devoir rester. Et le pire, c'est que ça ne lui déplaisait pas vraiment. « Va pour un café alors, j'espère que tu en fais un bon, tu as un expert avec toi ! » Origines italiennes oblige, Lorenzo détestait ces cafetières américaines dont il ne comprenait toujours pas l'intérêt, à part faire du jus de chaussettes. Le café américain était une blague, d'ailleurs il ne méritait même pas le nom de café. La première fois qu'il en avait bu hein, il avait tout recraché illico, puis avait filé dans une boutique spécialisée pour acheter une cafetière italienne digne de ce nom. Cependant, il réalisa après coup que sa remarque à Gaby était peut-être un peu inappropriée, mais se garda de la retirer. Il entra donc dans cette maison qu'il commençait à connaître, et regarda Gabrielle s'affairer. "Se remémorer les meilleurs moments de l'année scolaire" ? La jeune fille savait y faire. On avait beau le qualifier de volage, Lorenzo aimait son métier, vraiment. Aussi bizarre que cela puisse paraître. « En parlant de l'année scolaire, tu as gardé contact avec certaines personnes de ta promo ? » Automatiquement, Lorenzo fut projeté quelques années en arrière, à l'époque où il avait son âge, arrivait à l'université, et rencontrait celle qui fut son premier amour. Mais son petit doigt lui dit que, avec Nathan dans les pattes, Gabrielle ne risquait pas de faire la même rencontre très prochainement

User de tous ces charmes pour faire flancher un professeur. Gabrielle Montgomery était le diable incarnée, c'était une certitude mais en même temps c'était les seules occasions qui se présentaient à elle ces derniers jours. Nathan était d'autant plus collant avec elle, elle l'aimait et tout ça mais est-ce que cela suffirait un jour ?

Gabrielle était persévérante dans tous les domaines possibles, autant bien pour charmer quelqu'un que dans ces études. Lorenzo Di Mascio finirait bien par craquer, c'était certain. S'il était ami avec Curtis, il était probablement le genre d'homme à flirter avec tout ce qui bougeait puis les rumeurs se répandaient vite dans le quartier donc Lorenzo ne pourrait plus nier.
« médecine, eh bien je te souhaites bien du courage, tu vas devoir t'accrocher mais je suis sûr que tu réussiras. »

Gabrielle leva un sourcils. Les gens avaient toujours tendances à la prendre pour une idiote. Dieu que cela pouvait être énervant. Ok, elle était super bien gaulée et ancienne Cheerios mais bordel, elle n'était pas débile non plus. Dans sa tête hurlait une petite voix en rage. La jeune Montgomery osa tout de même répondre :

« Vous me sous-estimez... Comme toujours. Sincèrement, j'en suis capable.. Pourquoi cela vous étonne ? »

La jeune fille réussit à garder son calme et fit entrer le professeur à l'intérieur du numéro 38. Pas la peine de l'agresser. Elle devait le faire flancher pas lui faire peur. Mais c'était juste assez agaçant quand aucune personne de votre entourage ne vous prenait au sérieux...« Va pour un café alors, j'espère que tu en fais un bon, tu as un expert avec toi ! »

Gabrielle fit un sourire. Elle adorait le café mais apprendre à en faire un très bon serait une nouvelle étape. Une idée illumina le visage de la jeune femme.

« Vous pourriez m'apprendre à en faire un excellent ? En souvenirs de la vieille époque où vous étiez mon professeur ? »

Un grand sourire s'étala sur le visage de la jeune femme. Elle attrapa le professeur par la main et l'emmena jusqu'au coin "Café" de la cuisine. Gabrielle ne manquait aucune occasion pour approcher son ancien professeur...« En parlant de l'année scolaire, tu as gardé contact avec certaines personnes de ta promo ? »

Gabrielle ne comptait pas perdre toutes ces anciennes amies. Elle s'était tuée à la tâche pour être une bombe populaire au lycée alors oublier tous les potes qu'elle s'était faite : No way.

« Bien sûr ! Toute l'équipe des Cheerios, puis...en fait, j'ai plus ou moins gardé le contact avec tout le monde. Vous pensez à quelqu'un en particulier ?»

Gabrielle s'imagina à l'université toujours collée à Nathan. Tout le monde les croirait en couple et tout serait à recommencer du début mais elle était prête, c'était certain. Elle y arriverait...

Spoiler:

Comme la situation devenait dérangeante ! Lorenzo, lui qui était si investi avec ses élèves, qui se préoccupaient d'eux et veillaient à leur réussite, devait désormais maintenir une certaine distance. A cause de quelques erreurs passées, aujourd'hui dès qu'il convoquait une élève dans son bureau pour commenter un devoir, les rumeurs allaient bon train sur lui. Quelle ironie du sort, lui qui voulait honnêtement les aider aujourd'hui. Mais dans un sens, Gabrielle n'était plus son élève. Elle était certes trop aguicheuse pour être honnête, mais le professeur comprenait pourquoi son meilleur ami appréciait tant la compagnie de sa belle-fille. Aguicheuse ... Et intelligente. Jamais Lorenzo ne l'aurait sous estimée. Bien sûr, ses compatriotes des Cherrios avaient eu bien des difficultés dans sa matière cette année, mais Gaby elle s'était accrochée. Il l'avait bien vu, elle était motivée par un besoin de prouver au monde qu'elle pouvait être la meilleure partout. Lorenzo ne comprenait pas pourquoi elle se souciait tant du regard des autres, mais ses efforts surhumains payaient. Et pas que sur le plan scolaire, l'italien était assez curieux pour savoir que Gabrielle s'était fait une place dans le quartier. « Gabrielle, je t'ai eu comme élève et je connais tes capacités. Je ne te sous-estime pas, je dis simplement que tu as choisi des études difficiles, c'est un constat objectif, je ne dis pas que cela sera plus difficile pour toi ! » Il se retint d'ajouter "et je viendrais me faire soigner par toi dans quelques années", certaines remarques étaient encore trop inappropriées.

Sa remarque sur le café l'était peut-être d'ailleurs, inappropriée. En tout cas, la réaction de Gaby le fut complétement. La jeune fille attrapa son ancien professeur par la main et le somma de l'aider. Sa gêne monta d'un cran, il détacha vite sa main de celle de la jeune fille. Finalement il n'aurait peut-être pas dû rester. Mais il ne pouvait pas s'envoler comme ça. C'était admettre que la présence de Gabrielle le mettait mal à l'aise. « Alors un vrai café se fait avec une cafetière italienne bien sûr, pas ces machines électroniques américaines ! J'en ai offert une à Curtis il y a quelques années, mais va savoir où il l'a mise ! » Il parcourut la cuisine du regard, aucune trace de son cadeau. C'était à Noël l'année dernière, ou peut-être à son anniversaire.. Lorenzo en avait tellement marre du café imbuvable que lui faisait son ami, qu'il l'avait pris au mot et lui avait offert une cafetière de chez lui. Quelle blague, Curtis n'avait jamais assimilé le fonctionnement et l'avait finalement utilisée comme déco dans sa cuisine ... Jusqu'à ce qu'elle disparaisse Dieu sait où, apparemment. Au moins, l'absence de cafetière, et donc de café, serait une bonne raison pour échapper à la compagnie de la jeune fille. Il lui suffirait juste de clore cette conversation au plus vite et hop, il pourrait déguerpir. Néanmoins, Gaby s'était activée à chercher, il était donc mal poli de s'évader tout de suite. Il s'appuya contre le mur, comme si son mal être devenait trop lourd à porter.

« Non non pas du tout, je demande juste. A ton âge, je ne connaissais personne quand je suis arrivé à l'université, j'étais loin de mon lycée ... Et je ne sais pas du tout pourquoi je te raconte ça d'ailleurs ! » Il se tut net, conscient qu'il en disait trop. Gabrielle restait une ancienne élève, et une jeune fille bien plus jeune que lui. Qu'est-ce qui lui prenait ? Sur le coup, Lorenzo aurait vraiment apprécié que son envahissant frère jumeau débarque à l'improviste.