Une samedi soir comme tous les autres. Parfois, je me souviens de ce temps où je n'étais pas celui que je suis, ou en tout cas, pas tout à fait, où les gens ne m'invitaient pas à toutes leurs soirées, et parfois, j'aimerais retrouver ces samedis soirs, tant j'y étais bien. Mais un homme a dit un jour qu'il ne fallait pas regarder tristement vers le passé, il ne reviendrait pas. C'est donc sans aucun regret que ce samedi soir, comme tous les autres soirs, je me rendais à une fête. La réputation de roi du lycée, de capitaine de l'équipe de football, est une chose qui s'entretient, et j'ai tant travaillé pour y arriver, tant fait de sacrifices. Ainsi, comme à mon habitude, je soignais donc mon allure. On ne peut décemment pas se montrer vêtu de n'importe quoi lorsque l'on est le roi, et j'étais bien placé pour connaître parfaitement la mode, travaillant dans une boutique de prêt-à-porter.

Sans être en avance, ni en retard, j'arrivais à la dite fête. Tous ceux qui étaient là depuis longtemps étaient un peu éméchés. Un des footballeurs du lycée avait la maison pour lui seul durant quelques jours, ses parents étant partis en voyage d'affaires. Si seulement ils avaient su ce que leur fils parfait ferait de cet accord de confiance. A peine arrivé, je saluais tout le monde, distrait, en réalité je ne cherchais qu'une seule personne: Jules Robinson. Ju c'était, ... Ma Ju. Tout simplement. Elle était arrivée il y a peu, mais je l'avais connu rapidement grâce à Kat, et, nous avions tout de suite accroché, et étions restés inséparables depuis. Elle était une de ces rares filles avec qui je n'avais aucune raison de me prendre la tête, une de ces rares filles que je trouvais réellement belle, amusante et loin d'être idiote. En somme, elle était parfaite. Et tous avaient bien remarqué le regard que je lui portais. D'ailleurs, on avait arrêté de me charrier avec Kat, cette jolie blonde avec qui tout le monde me voyait l'année passée, pour me presser de sortir avec Ju. « Une jolie blonde, sans doute! » C'était ma réponse à la question qui m'avait été susurrée au coin de l'oreille, après que deux mains douces se soient posées sur mes yeux. Je me retournais et pris la jeune fille dans mes bras, l'odeur de la jeune fille, de Jules, emplissant mes narines.

La soirée bâtait de son plein, il devait être aux alentours de minuit/une heure. Je ne quittais que très rarement ma camarade blonde, nous dansions, buvions, riions, buvions. Un peu trop d'alcool passait dans nos veines, je crois, car nous étions bien plus tactiles qu'à l'habitude. A un moment, je l'invitais à aller se poser un peu sur le canapé. Avec un peu de mal, en tanguant quelques peu, on réussit cependant à atteindre les sofas, et elle s'assit sur mes jambes. Nous parlions de je ne sais quoi, discutant avec des amis à côté de nous, et lorsque ceux ci quittèrent le canapé, on resta silencieux quelques instants, plongés dans un espèce de câlin de personnes totalement ivre. L'embrassant doucement dans le cou, je lui murmurais alors à l'oreille. « Je crois que je t'apprécie vraiment beaucoup! »

L'alcool, tout le monde le sait, enlève les freins sociaux. Il agit directement sur le cerveau et libère de la dopamine. Chez les jeunes de 16-23 ans, l'alcool est d'ailleurs la substance psycho-active la plus consommée, et souvent, en soirée. Le binge-drinking, consistant à atteindre l'ivresse le plus rapidement possible en est d'ailleurs l'une des motivations principales. Les jeunes veulent tout oublier, ils se sentent libres. Je ne sais pas si c'est réellement pour cela que je bois. Des fois, j'ai juste l'impression de le faire parce que c'est ce que veulent les autres. Mais des fois seulement. Le reste du temps, je n'y pense pas, j'aime simplement m'amuser après tout, et il faut croire que l'alcool aide beaucoup pour ça de nos jours.

« C'est maintenant que tu t'en rends compte ? Haha moi aussi je t'aime bien Hoskins ! » J'eus un léger rire. C'est ce que j'aimais chez Jules, elle était si rarement d'humeur maussade ou autres. Elle avait toujours le sourire aux lèvres. Moi même j'étais assez réputé pour cela, mais je le sais, je m'adaptais surtout aux personnes que je côtoyais. Lorsque j'étais avec quelqu'un de très intellectuel, je l'étais tout autant, lorsque j'étais avec un artiste, je pouvais parler durant des heures de musique, cinéma ou autre. Et lorsque j'étais avec Ju: j'étais heureux.

Sans prévenir, la jolie blonde se mit à me chatouiller. Ah, sombre erreur jeune fille! Elle avait beau être de deux ans mon aînée, j'étais largement plus grand qu'elle, et, en bon sportif, bien plus musclé. C'est donc sans effort, malgré le taux d'alcoolémie que j'avais dans le sang, que je prenais le dessus, la renversant en-dessous de moi, couchée sur le canapé, et me commença ma douce vengeance avant qu'elle ne me supplie d'arrêter. Je cessa donc et avec un petit sourire malicieux, répondit joyeusement: « C'est maintenant que tu t'en rends compte ? Haha C'est bien parce que je suis super cool comme mec va! »

Je la regardais me sourire, cette douce expression un peu trop manipulatrice à mon goût! Toujours à moitié couché sur elle, je bloquais ses poignets de mes mains, l'air triomphant. « Et maintenant, faible petite fille, que comptes tu faire pour te sortir de là? » Un léger sourire malicieux restait ancré sur mes lèvres. Ah, mes lèvres. Si proches de celles de la jeune fille justement. Nos visages étaient si proches, nos corps collés. Chaque fois que je la voyais, je me rendais un peu plus compte de sa beauté. Et son chemisier blanche, à peine transparent, et à peine décolleté de ce jour là était loin de m'enlever cette idée de la tête. Cela faisait un moment que j'étais célibataire, bien sur, en aucun cas je ne profitais pas de la gente féminine, mais j'avais parfois envie de partager plus d'une nuit avec une fille, de me lever le matin et lui faire un petit déjeuner, de me coucher dans un parc avec elle dans mes bras. Et, chaque fois que je voyais Jules, je me demandais: et pourquoi pas elle? Après tout, elle n'avait que deux ans de plus que moi. Et souvent, mes conquêtes étaient plus âgées qu'elle. En un sens, nous nous ressemblions. Et il fallait une reine au roi.