Ce soir-là, Andrew n'avait pas le moral au beau fixe. Pourtant, il coulait des jours heureux désormais, il aimait Lou et elle l'aimait. Mais tout n'est jamais si simple, à part quand on habite chez les bisounours. Lou en avait marre de leur relation cachée. Il faut dire que, la dernière fois, il la força à sortir de chez lui par la fenêtre, afin de ne pas être vus par sa soeur Juliet. Lou n'avait vraiment pas apprécié, elle ne semblait pas comprendre que si leur relation était révélée au grand jour, que Christian l'apprenait à son tour, il risquait de perdre tous ses amis et se retrouverait avec Milou pour seul compagnon. Voulait-elle d'un mec marginal et rejeté par la société ? Lors de cette discussion houleuse, Andrew avait eu le malheur de répliquer que sa relation précédente était semblable : elle avait vécu son amour en secret et personne ne l'avait jamais appris. Pourquoi avait-elle accordé cette faveur à l'inconnu mais pas à lui ? Pensait-elle vraiment que Andrew agissait ainsi parce qu'il ne voulait pas s'afficher avec elle au grand jour ? Balivernes ! Si ça ne tenait qu'à lui, Andrew criait au monde entier qu'il était amoureux de Lou Huntington. Mais ça ne tenait pas qu'à lui, là était le problème.
Alors, Andrew avait pris soin d'éviter ce sujet, il n'était pas maso. Seulement, Lou restait une fille : elle ne savait pas se contenter de calîns au lit toute la journée, elle voulait parfois qu'ils aient une conversation, et cela faisait partie de ses sujets favoris. Ils l'avaient donc encore évoqué aujourd'hui. Mais contrairement à d'habitude, le ton était un peu monté, Lou s'était vraiment énervée. Andrew avait conscience que son comportement était une belle preuve de non amour et de lâcheté, mais il n'avait pas le choix, ce que Lou ne comprenait pas. Elle avait quitté sa maison énervée et Andrew n'avait pas eu de nouvelles depuis. Si elle s'imaginait que Andrew viendrait s'excusait, elle craquait son slip : il l'avait déjà fait une fois, il ne recommencerait pas. Sinon, autant qu'elle le castre sur le champ et qu'elle brandisse une pancarte indiquant "je porte la culotte dans mon couple". Mais le pire, au final, c'est que Andrew savait très bien qu'il irait s'excuser, si Lou ne faisait pas le premier pas rapidement. Il allait craquer, elle le rendait faible comme une fille, c'était catastrophique. Il avait honte de lui même et se kiffait beaucoup moins. Malheureusement, il ne pouvait pas confier ses problèmes à son meilleur ami sous peine d'être décapité, brûlé vif et fouetté sur la place publique sur le champ. Il avait tenté d'en parler à Milou, mais l'animal ne fut pas très réceptif. Alors, il décida de sortir boire un verre, histoire d'oublier quelques heures les idées noires qui occupaient son esprit tiraillé. Quand il sortit, Milou lui lança un regard lourd en sous entendus, Andrew lui promit alors de ne pas rentrer tard et de faire attention. Il avait compris que Milou aimait bien Lou, elle était différente des filles avec qui il sortait habituellement. En y réfléchissant bien, son historique sentimental était constitué de filles aguicheuses, alors que Christian récoltait toujours des filles normales, bien sous tout rapport et équilibrées. Pourquoi ? Il ne préférait pas chercher la réponse.

Une fois arrivé au bar, il se dirigea directement vers le comptoir et posa ses fesses sur le tabouret le plus proche. Il commanda une tequila sunrise, conscient que Milou ne serait pas très content. Il fit alors un signe de croix puis leva les yeux au ciel, priant pour que son chien n'apprenne jamais tout ça. Il savait que ce tic était idiot, mais il faisait toujours ça, dans ce genre de situation. Et puis, il était seul ce soir, il se fichait un peu de ce qu'il faisait. Les raisons mêmes de sa présence ici lui échappaient, sa décision de sortie le laissait encore perplexe. Il ne savait pas ce qu'il cherchait. Enfin si, il le savait : il cherchait comment faire comprendre à Lou qu'il l'aimait de tout son coeur, et que la peur panique de la perdre l'empêchait de se mettre en couple sur facebook. Surtout, il cherchait comment être crédible quand on était un connard lâche et frivole comme lui.

Les cours prirent fin et laissèrent place au week-end. La jeune Gabrielle avait prévu un voyage de quelques jours dans la ville voisine, avec la même petite bande habituelle dont son frère. Elle se réjouissait de partir un peu, de faire la fête tout le week-end et d’oublier certaines choses. Le paradis en deux jours. Comme prévue, la jeune femme se dirigea vers le hall omnisport où elle avait entraînement des Cheerios. Une heure et demie plus tard, le sport étant terminé, la douche étant prise, Gabrielle pouvait enfin rentrer chez elle. La belle brune avait encore quelques affaires à prendre. Le groupe de jeunes avaient décidé de partir vers dix-huit heures, étant donné que leur endroit de destination était tout proche, ils pouvaient se permettre de commencer la nuit en force.

Une fois la jeune femme rentrée chez elle, la brunette eut droit à un sermon de sa grande sœur. Elle l’énervait, celle-là. A toujours lui faire la morale sur ses escapades, chacun son droit. Si Gabrielle voulait s’amuser plutôt que de perdre son temps à vouloir jouer l’adulte, elle en avait tout à fait le droit, n’est-ce pas ?
Nathan la suivit et leva les yeux au ciel. Ils rentrèrent dans la chambre de Gabrielle et parlèrent de tout et de rien. Quand tout à coup, le jeune homme reçue un texto. C’était un des deux potes qui allaient les accompagner, il était soi-disant malade et sa copine aussi. Génial.
Les deux jeunes Montgomery se retrouvèrent tous les deux pour leurs escapades, ce n’était pas dérangeant mais le seul gros problème était qu’ils n’avaient pas de voiture pour y aller. Leur mère venait de partir avec une et Curtis également. C’était quoi cette blague monumentale ?
Nathan et Gaby contactèrent plusieurs autres amis mais ils avaient tous quelque chose de prévu. Tant pis, ils devaient reporter, il n’y avait visiblement aucune solution. Gabrielle fut déçue.

Les deux Montgomery décidèrent d’aller manger dans le centre-ville. A pied, ce n’était pas loin du tout. Quelques instants après avoir mangé et s’être baladé tous les deux, Nathan voulait rentrer. Mouais, Gabrielle n’était pas vraiment convaincue là. La jeune femme avait une soudaine envie de s’amuser et de faire du grand n’importe quoi. Elle réussit à convaincre son frère de rentrer et qu’elle n’allait pas tarder, juste le temps de se balader encore un peu. L’excuse mais bon Gabrielle savait que si elle disait la vérité à Nathan, il allait venir avec elle. Ce n’est pas que la jeune brune n’en avait pas envie mais pourquoi ne pas changer les vieilles habitudes ?

La belle brune entra dans le bar de Magnolia. Il y avait quelques personnes mais vu l’heure, tout le monde n’était pas encore arrivé. Gabrielle parcourut la salle du regard pour enfin se poser sur un jeune homme au bar. Ohoho… Était-il celui que Gaby pensait qu’il était ? Elle s’approcha et vit le brun faire un signe de prière. Gabrielle prit un air dubitatif puis s’assit à côté de lui.

– Je ne savais pas que tu priais…

La jeune femme fit un sourire, ce sourire auquel généralement personne ne résiste mais c’était différent avec Andrew. Leurs petits jeux commençaient à manquer à Gabrielle, d’ailleurs, elle pensait bien faire reprendre tout cela dès ce soir. Elle aimait bien jouer et Andrew en était évidemment conscient…

Une voix familière vint tirer Andrew de ses pensées. Un peu de compagnie ne le gênait pas, au contraire. D'habitude, il n'aimait pas se prendre la tête ainsi. Souvent, il laissait couler les histoires, persuadé que tout s'arrangeait toujours sans qu'il y fasse quelque chose. Réfléchir à une solution était bien trop fatiguant, d'après lui. Il aurait donc dû remercier le ciel d'avoir envoyé cette personne à ses côtés. Sauf que, il ne s'agissait pas d'une personne lambda, d'une simple camarade qu'on croire se temps en temps ou d'un ami avec qui on entretient des relations courtoises. Non, c'était Gabrielle. Cette fille avec qui il jouait au chat et à la souris, à Londres. Cette fille qu'il avait dragué et même embrassé, cette fille qui l'attirait. Et ça, ce n'était vraiment vraiment pas un bon plan. Ils n'avaient pas encore eu de tête à tête depuis l'arrivée de Gaby ici. Andrew ne savait pas s'il en avait envie. Son coeur disait oui mais son cerveau rétorquait que non. Seulement, vous connaissez la tête d'Andrew : quand ça devient compliqué, il la met souvent en stand by. Ce soir n'allait pas déroger à la règle.

Bien sûr que si, je priais le ciel pour qu'une jolie fille vienne me tirer de mon ennui, et regarde ce qu'il m'apporte !

Il lui fit un sourire qui en disait long. Première parole, premier compliment, premier sous-entendu. C'était plus fort que lui, en somme. Il n'avait jamais su chasser ce naturel, il n'avait jamais sérieusement essayé, d'ailleurs. Mais il se trouvait drôle et sympathique, la seule idée de changer de comportement le rebutait. Oui, il était mature comme un gosse de 5 ans et la soirée pouvait très bien mal se finir. Mais ayant mis sa tête en stand by, il n'y pensait pas vraiment.

Tu vas boire un verre avec moi, j'espère ? En souvenir du bon vieux temps ...

C'est vrai que cette époque lui manquait parfois. Leurs escapades secrètes dans des bars miteux, pour être sûrs que Nathan ne les découvre pas. Les mensonges inventés pour que personne ne sache ce qui se tramait entre eux ... Même eux, ne l'avaient jamais compris, d'ailleurs. Andrew ne se posait jamais ce genre de question. Et puis, il n'était pas dupe. Il avait toujours soupçonné les deux jumeaux d'entretenir une relation bizarre. Seulement, il imaginait très bien Nathan lui mettre son poing dans sa figure s'il lui posait la question. La poser à Gabrielle ? Non plus, ça risquait de gâcher leurs petits jeux, et Andrew n'en avait pas envie.

A moins que ton frère ne soit pas très loin à te surveiller, peut-être ?

Il parcourut la pièce du regard, à la recherche de Nathan.

Un voyage annulé, la fête continuera tout de même. Gabrielle n’était pas le genre de fille à déprimer chez elle, c’était plutôt le genre à trouver quelque chose à faire ou quelqu’un en l’occurrence.
Disons que Gaby allait profiter de la situation ce soir, car son frère n’était pas avec elle et voir les jumeaux Montgomery séparés, c’était très très rare. C’était d’ailleurs préférable pour Andrew Davis. Ce dernier et la jeune brune avait souvent flirté ensemble en Angleterre. C’était aux risques et périls du jeune homme, évidemment. Qui plus est, Andrew était un super ami à Nathan. Ce Montgomery qui ne supportait pas qu’on approche sa jumelle... Pas besoin de vous faire un dessin, j’imagine.
Gabrielle n’avait plus parlé à Andrew depuis un sacré bout de temps, à croire que le jeune homme n’avait plus les mêmes envies qu’avant… Cependant, Gab n’avait pas du tout envie d’abandonner en si bonne route. La jeune femme s’était donc dirigée vers lui…
« Bien sûr que si, je priais le ciel pour qu'une jolie fille vienne me tirer de mon ennui, et regarde ce qu'il m'apporte ! »

La jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Elle appréciait beaucoup Andrew, c’était un type vraiment sympathique et assez joueur, donc tout ce qu’aimait Gabrielle.

– Satisfait, j’espère ? Attention, Dieu ne choisit pas n’importe qui.

Gabrielle fit un clin d’œil au jeune Davis puis s’installa à ses côtés. Il était visiblement seul et t’en mieux. Ce n’est pas que Gaby s’ennuyait mais Andrew lui avait manqué l’air de rien. Leur petit jeu secret passait le temps, donc pourquoi ne pas reprendre là où ils s’étaient arrêtés.

« Tu vas boire un verre avec moi, j'espère ? En souvenir du bon vieux temps ... »

La jeune femme commanda un cosmo et répondit : – Evidemment que je vais boire un verre avec toi. On ne se débarrasse pas d’une Gabrielle Montgomery comme ça.

Gabrielle fit un grand sourire puis lorsque le barman lui tendit son cosmo, elle le remercia puis commença à siroter sa boisson. Tandis qu’Andrew se retournait pour observer la salle et dire : « A moins que ton frère ne soit pas très loin à te surveiller, peut-être ?».
Gabrielle rigola puis lui lâcha, ce qu’elle lui disait toujours lorsqu’il était ensemble :
– A tes risques et périls, Davies.

Gaby esquissa un sourire puis observa à son tour la pièce, comme pour s’assurer que Nathan ne serait pas là. On ne sait jamais.

– Sinon, tu deviens quoi ? Le bon vieux temps me manque, perso.

La jeune femme prit la main d’Andrew et commença à doucement jouer avec… Autant cesser de se remémorer des souvenirs, c’était plus simple de s’en créer d’autres, n’est-ce pas ?

Est-ce qu'il était satisfait par la venue de Gabrielle ? Pleinement. Un tas de petits voyants s'étaient allumaient dans sa tête, un gros message clignotait en rouge dans son cerveau, indiquant « Dude, t'as une copine n'oublie pas. Personne ne peut le savoir ok, vous vous êtes pris la tête ok, mais c'est pas une raison pour faire une connerie avec Gaby, aussi bonne soit-elle ». Andrew n'aimait vraiment pas cette alerte qui l'empêchait de profiter de la soirée. Il décida donc de l'éteindre, tant pis pour les conséquences.

Ahah, oui je suis plutôt satisfait de ce que j'ai sous les yeux.

Il examina rapidement la jeune fille de haut en bas, avant de lui lancer un petit clin d'oeil. A ce moment là, le barman apporta la commande de Gabrielle, ils trinquèrent donc et Andrew but une gorgée de son verre. Ce qu'il devenait ? Question compliquée. Il ne foutait rien de sa vie, allait à la fac quand ça lui chantait, et était raide dingue de l'ex de son meilleur ami avec qui il entretenait une relation secrète pour pas que ledit meilleur ami lui casse la figure et le rejette. Hard Life. Il était heureux, pourtant, quand il était avec Lou. Ils étaient comme dans un monde, cela faisait longtemps qu'Andrew ne s'était pas senti serein. Mais la peur d'être découvert par Christian le tiraillait toujours, comme une douleur permanente qui lui nouait l'estomac et lui oppressait la poitrine. Tant de contraintes qui, effectivement, le poussait à regretter un peu le bon vieux temps évoqué par Gabrielle.

C'est vrai qu'on s'amusait bien, à Londres, et que ça me manque aussi parfois. En revenant ici, j'ai dû reprendre mes études et tout, vie de ouf !

Il esquissa un sourire puis but une nouvelle gorgée de son verre. C'était rageant, de ne pas pouvoir tout raconter sur lui. Mais sa relation avec Lou devait rester secrète. Enfin, quand on rencontrait une de ses anciennes conquêtes, cet aspect devenait intéressant. Quoi que ... Andrew fut soudainement ramené à la réalité, et cela lui fit l'effet d'une grosse claque. A quoi pensait-il, au juste ? Il ne savait pas, mais la présence de Gaby le troublait énormément ... C'était comme si Andrew le petit diable et Andrew le petit ange se menaient une bataille sans merci dans son esprit. Il se retint de regarder son amie dans les yeux, cela aurait été fatal. Vite, il fallait qu'il dise quelque chose, le silence allait devenir pesant, douteux ...

Et toi alors, tu racontes quoi ? Tu ne regrettes pas Londres ? Je sais d'expérience que Magnolia peut devenir barbant parfois ...

Jamais Andrew n'aurait cru être un jour dans ce genre de situation. Pire, vu comment il était tout tourneboulé à cause de Gaby, il commençait à culpabiliser, énormément. Il ne comprenait plus ce qu'il faisait. Les relations de couple n'avaient jamais été son truck, mais quand même, là, c'était vraiment différent. Si bien qu'il n'avait qu'une envie : s'enfuir en courant. Sauf que, entre Gabrielle et lui, il y avait une sorte de compétition tacite, qu'il ne pouvait pas abandonner.

C’était une bonne petite soirée qui s’annonçait, malgré son voyage annulé, Gabrielle ne cessait de sourire. Il fallait dire qu’elle était vraiment ravie de retrouver Andrew Davies, c’était un … ami, dirons-nous. En Angleterre, ils avaient partagé beaucoup de choses. Gaby avait adoré vivre dans le secret et faire encourir des risques avec Nathan. Elle trouvait cela amusant mais la brunette savait qu’elle pouvait aussi compter sur lui si elle en avait besoin. Ils étaient vraiment de bons amis et Gabrielle comptait bien entretenir cette amitié ou relation, quelque soit le nom que porte cette chose.
« Ahah, oui je suis plutôt satisfait de ce que j'ai sous les yeux. »
Gabrielle ne put s’empêcher de sourire puis lui répondit :

– Si tu n’étais pas satisfait, tu ne serais sans doute plus le Andrew Davies d’avant. Contente que Dieu t’écoute et m’ait déposé ici.

La jeune Montgomery lui fit un clin d’œil puis sirota sa boisson. Cela faisait du bien de retrouver des gens d’Angleterre, on se sent moins dépaysé. Ce n’est pas que Gabrielle n’aimait pas Magnolia mais les Etats-Unis, c’était tellement différent de l’Europe. D’ailleurs, Andrew lui dit que lui aussi, le bon vieux temps lui manquait. Quelle situation ! Mais le jeune homme avait un truc différent en lui, Gaby ne savait pas ce que c’était mais elle comptait bien découvrir la nouveauté en Andrew. Ce dernier avait un effet sur Gabrielle, c’était assez dingue. Le fait de le revoir comme ça, c’était étrange.
« Et toi alors, tu racontes quoi ? Tu ne regrettes pas Londres ? Je sais d'expérience que Magnolia peut devenir barbant parfois ... »

Que racontait-elle ? C’était une très bonne question. Elle n’avait pas trop envie de parler d’elle ou parler de quoi que ce soit d’ailleurs. Andrew avait l’air d’éviter son regard, Gaby fronça les sourcils. Elle sirota son cosmo tout en faisant mine de réfléchir.

– Londres me manque beaucoup mais Magnolia c’est pas si mal. Il y a des tas de gens supers. Bon, je pense que MC ne vaudra jamais Londres. Tu n’es pas d’accord ?

Elle tenta de croiser son regard mais le jeune homme faisait décidément tout pour l’éviter. Il y avait bien quelque chose qui avait changé en Andrew, mais quoi ?

– Andrew…Je croyais que tu étais content de me revoir ?

La jeune femme le regarda un instant puis balaya la pièce du regard à la recherche d’une quelconque solution. Gabrielle continua siroter sa boisson et finit par fixer son verre. Elle était mal à l’aise, l’ambiance était un peu bizarre sur le coup…

Gabrielle se vantait toujours autant, elle n'avait pas changé. Certains pouvaient la trouver superficielle, Andrew lui y trouvait un petit côté adorable et amusant. Quand elle agissait ainsi, elle le faisait rire. Elle l'attirait, aussi. Elle avait ce charme qui ne laissait malheureusement pas Andrew indifférent.

Gabrielle Montgomery, je vous trouve subitement bien sure de vous !

Il lui sourit puis but une nouvelle gorgée de son verre ... qui s'avera vide. Il fit donc signe au barman et lui demanda un coca. Un coup d'oeil vers le verre de son amie lui indiqua qu'elle ne l'avait pas fini. Il se surprit à se questionner lui-même sur le nombre de verres que la jeune fille risquait de boire ce soir. Il avait rencontré la jeune fille à Londres, quelques temps après son arrivée, à l'époque où il refusait de se soigner et faisait le mur tous les soirs pour quitter le centre et aller se saouler. Bourré, il était plus facile de jouer avec Gaby. C'est ce qu'il avait cru, au début. Puis, il avait rencontré Naya, qui l'avait poussé à se soigner, l'avait motivé ... Il avait vu Gaby de moins en moins. Mais quand Naya partit, qu'il reprit son petit jeu avec Gabrielle, il s'était rendu compte que, même sobre, il était encore un adversaire de taille. Alors, il savait très bien que commander un coca ne le protégeait de rien. Il était impulsif et sa sobriété ne l'empêcherait en rien de faire des erreurs. Il en avait parfaitement conscience.

Tu parles à quelqu'un qui est né à Magnolia Gaby ... Mais t'as raison, ce quartier me révulse tellement parfois. Londres me manque, j'ai parfois envie d'y retourner même.

A vrai dire, ce qui lui manquerait là bas, c'était Christian, Katya aussi, Nora-Jane car il s'inquiéterait trop pour elle, Milou car il était très fragile depuis son dernier rhume. Il énumérait les personnes qu'il voudrait mettre dans sa valise pour aller à Londres (oui Milou est une personne), quand un visage s'afficha dans ses pensées, supplantant tous les autres et lui mettant une grosse claque dans la figure. Lou. Bien sûr qu'il avait besoin d'elle. Il avait besoin d'elle comme jamais il n'avait eu besoin de quelqu'un. Et, peut-être était-ce un coup du destin, Gabrielle choisit ce moment pour remarquer que quelque chose clochait. Elle lui tendait une perche, l'occasion de se défiler, de partir, et surtout d'agir en garçon responsable qui appartenait déjà à une autre fille. Mais il agissait si souvent en lâche qu'il était incapable de le faire une nouvelle fois, quand la cible était si facile. Et Lou ? Andrew choisit un joker, il réglerait cette question plus tard, même si les loupiotes rouges continuaient à clignoter dans sa tête et lui indiquait qu'il était le roi des cons au pays des emmerdeurs.

Bien sûr que je suis content, tu m'avais manqué et ... tu danses ?

Il avait jeté un coup d'oeil rapide vers la salle. Un groupe inconnu jouait des chansons assez entraînantes, et quelques personnes s'étaient mises à danser. La passion d'Andrew pour la danse était à géométrie variable : il aimait danser quand ça l'arrangeait, et vice versa. Ce soir, il se dit que cela vaudrait mieux, mais il refusait de se dire pourquoi. Il savait qu'il venait de faire une grosse connerie.

Le bar était un endroit assez chouette pour se décontracter et s’amuser mais pour le moment Gabrielle se posait plus de questions qu’elle n’aurait dû. Est-ce qu’Andrew ne désirait pas reprendre leurs petits jeux ? Est-ce que Nathan lui avait fait un commentaire ? Non, ça ne pouvait en aucun cas être cela.
La jeune femme n’hésiterait pas à user de ces charmes pour arriver à ces fins, puis, c’était son vieil ami Andrew alors si ce dernier n’avait pas de raison pour l’éviter, elle n’en avait pas non plus.
« Gabrielle Montgomery, je vous trouve subitement bien sure de vous ! »

La brunette éclata de rire puis finit ce son par un clin d’œil. Gabrielle savait très ce qu’elle valait et ce n’était pas du tout le genre de fille à faire semblant.
Elle but une gorgée de son verre puis examina le bar qui se remplit de plus en plus. La musique était entraînante, Gaby commença à se dandiner sur sa chaise.
« Tu parles à quelqu'un qui est né à Magnolia Gaby ... Mais t'as raison, ce quartier me révulse tellement parfois. Londres me manque, j'ai parfois envie d'y retourner même. »

Londres c’était totalement différent de Magnolia mais chaque ville avait ces points positifs comme ces points négatifs. Franchement, Gabrielle se sentait très bien à MC mais sa ville d’origine lui manquerait sans doute toujours.

– On devrait se faire un trip un de ces quatre, un retour aux sources. Qu’est-ce que tu en dis ?

Un bon vieux séjour à Londres, cela ne pouvait faire que du bien. Les soirées en Angleterre finissaient toujours plutôt bien (avec des tonnes de déchirés et tout le bazzar évidemment) tandis qu’à Magnolia, ça finissait par des drames et des tonnes de rumeurs sur les gens. Cela n’ennuyait en aucun cas Gaby puisqu’elle aimait bien savoir les petits secrets que les habitants pouvaient bien avoir. Bien que cette DS devait être sacrément cinglée pour espionner les gens tout le temps… Chacun son kiff personnel.
« Bien sûr que je suis content, tu m'avais manqué et ... tu danses ?»

La jeune femme fut rassurée. Gabrielle fit un grand sourire à Andrew qui lui proposa de danser. Est-ce que le jeune homme était toujours le même fêtard et dragueur qu’avant ? Gabrielle espérait que ce serait le cas puisqu’elle avait une envie folle de s’amuser. Il fallait avouer qu’Andrew lui avait toujours fait un petit effet.
Gaby se leva et suivit le jeune homme sur la piste de danse. La musique était assez entraînante, il fallait l’avouer. La brunette se laissa balader par la musique sans lâcher Andrew des yeux. Elle lui fit un petit sourire par-ci et un autre par-là. Bientôt elle se rapprocha de lui et lui murmura à l’oreille :

- On aurait dû faire ça plutôt, non ?

La jeune femme laissa son visage proche de celui de son ami, disons qu’elle lui tendait une sacré perche là. Les deux jeunes étaient bien trop sérieux pour le moment, à quand la déchéance ?

Andrew avait tellement besoin de changeait d'air en ce moment que la proposition de Gaby tombait vraiment à pic. Avait-elle lu dans ses pensées ? Pire, pouvait-on lire sur le visage du jeune homme qu'il était exténué par Magnolia ? Il fut fort surpris mais tenta de le cacher, par sécurité.

Bien sûr que je suis partant, on fait ça quand tu veux !

Il lui fit un clin d'oeil, un tel voyage risquait d'être mémorable. Rien qu'eux deux, et tous leurs souvenirs de Londres ... C'était risqué, surtout, pourquoi avait-il accepté ? Andrew agissait souvent sans réfléchir. Dans le cas présent, il avait dit oui, tout content de pouvoir partir en vacances dans un lieu qu'il aimait tant ... Puis avait réalisé qu'il avait une petite amie non officielle qui n'en serait sûrement pas ravie. Il avait envie de se mettre une claque, mais personne ne pouvait savoir pour eux deux, alors il se retint. Gabrielle risquerait de trouver cela étrange et de se poser des questions. Mieux fallait oublier cette idée de voyage pour le moment, d'où la suggestion d'aller danser. Andrew pria pour que Gaby mette l'idée de ce trip de côté et ne la remette jamais sur le tapis. Seulement danser n'était pas une meilleure idée, mais Andrew ne s'en rendit compte qu'une fois sur la piste. En bonne aguicheuse qui se respecte, la jeune fille dansait près de lui, trop près de lui. Andrew était paumé, le petit ange et le petit diable se battaient sur son épaule et le jeune homme les regardait faire, se demandant avec appréhension qui gagnerait. Puis, Gabrielle décida d'agir en faveur du petit diable : elle rapprocha son visage du sien, trop près du sien. Là, le petit ange disparut et le petit diable poussa un rictus cinglant. Alors, sans réfléchir, Andrew colla sa bouche sur celle de la jeune fille et l'embrassa fougueusement. Ce baiser ne dura que quelques secondes, le temps pour le cerveau d'Andrew de se mettre en marche et de signaler l'état d'urgence. Il fit quelques pas en arrière et prit son visage dans ses mains, n'osant pas affronter le regard de son amie.

Je ... J'ai fait une connerie désolé Gaby

Il était bloqué, n'arrivant ni à partir ni même à bouger. Son cerveau était en surchauffe, devait-il appeler Lou et tout lui dire ? Faire promettre à Gaby de ne jamais rien dire ? C'était peine perdue, dans un lieu aussi public, tout se voyait, cela se saurait forcément, Lou allait l'apprendre ...

La musique battait de son plein tandis qu’Andrew et Gabrielle tentèrent de construire une conversation. Ce ne fut vraiment pas simple à croire que le jeune n’avait pas du tout envie de parler avec Gabrielle. Cependant lorsqu’elle proposa l’idée d’un voyage à Londres, un petit retour aux sources, ils s’étaient tout de même rencontrer là-bas et une amitié comme la leur, ça ne courait pas les rues, vous pouvez me croire.
Dans sa tête, Gab s’imaginait déjà devoir dire à Nathan qu’elle partait seule pour retrouver sa meilleure amie à Londres. La jeune Montgomery était une petite menteuse et savait très bien s’en sortir lorsqu’il était nécessaire de le faire.

– Dans deux semaines, si tu veux, on pars sans rien prévoir et on improvise. On s’en sort toujours super bien comme ça, non ?

Gabrielle eut à peine le temps de finir sa phrase qu’Andrew et elle se retrouvèrent sur la piste de danse. La brunette n’hésita pas à jouer de ces jolis yeux pour attirer toute l’attention du beau Andrew Davies. Après autant de temps sans avoir jouer, c’était dur de ne pas se lâcher.

La perche était donc tendue, Dieu, que Gaby avait envie d’embrasser Andrew mais bon, il fallait savoir se laisser désirer quand même… Heureusement, le jeune brun était bel et bien le même qu’avant. Effectivement, Andrew posa ses lèvres sur celle de Gabrielle. La jeune femme en profita bien mais ce ne fut qu’un court baiser.
Andrew recula et dit qu’il avait fait une erreur. Pardon ? Andrew Davies venait-il de reculer devant Gabrielle Montgomery ? Non ? C’était quoi ce délire ? La brunette espérait faire un cauchemar là, car elle n’y comprenait plus rien. Gaby n’allait pas forcer Andrew, de toute façon, il avait quelque chose qui n’allait pas, il était complètement détraqué ce pauvre garçon.

La jeune brune attrapa la main d’Andrew et l’attira vers un coin un peu plus calme et où ils pourraient discuter plus facilement car avec la musique qui vous hurle dans les oreilles, ce n’est pas le top pour parler.

– J’embrasse si mal que ça ?

Gabrielle était sous le choc, elle n’avait pas envie que leur petit jeu prenne déjà fin, non, non. Impossible, là. Gaby fit une petite grimace et tenta de calmer Andrew qui avait l’air complètement désemparé. Elle lui tint toujours la main, comme pour le supplier de ne pas s’enfuir…

Gabrielle ne perdait pas de temps. Elle lui proposait une date, relativement précise, pour leur départ. Elle concrétisait leur projet, lui donnait une tournure réaliste et vraisemblable. Comment réagirait Lou ? Andrew l'imaginait déjà, et ce serait légitime. Partir en virée avec une fille comme Gabrielle, sans scrupules et capable de tenter n'importe quoi ... C'était un plan sur la comète. D'ailleurs, dans la situation inverse, jamais Andrew n'aurait accepté que sa dulcinée ne parte. Alors vite, il devait répondre, ne pas la vexer, mais aussi ne pas s'attarder sur ce sujet une seconde de plus.

Ça me va, toi et moi de retour à Londres ça va donner !

Puis, direction la piste de danse, laisser derrière eux ce projet dangereux. Peut-être en reparleraient-ils plus tard dans la soirée, Andrew espérait que non. Car,dans son fort intérieur, une petite voix murmurait que cette virée ne la déplaisait pas. Or, il fallait absolument que cette petite voix maléfique se taise et s'endorme à tout jamais.

Malheureusement, elle se réveilla, le poussa à embrasser la jeune fille, sous entendant même qu'il en avait envie. Il était faible et lâche, Gabrielle le draguait, elle s'était délibérément rapprochée de lui, seuls quelques centimètres séparaient leurs visages, alors forcément, Andrew avait craqué. Mais il aurait tout fait pour effacer cette erreur. Alors vite, il s'écarta d'elle, voulait partir et faire comme si il avait rêvé ce geste, mais tu parles, c'était trop tard. Dans son cerveau était écrit en grand "tu es un connard" ... Tandis que la petite voix maléfique lui susurrait que ce n'était pas de sa faute, après tout leur couple n'était pas vraiment officiel, alors il avait des excuses. C'était vrai ça d'abord, si Gabrielle avait su qu'il était en couple, jamais elle ne l'aurait tenté de cette façon, elle ne serait même pas venue le voir, Andrew y aurait mis sa main à couper, ou presque. Mais bizarrement, il sentait que Lou ne serait pas du même avis et qu'elle exigerait une meilleure justification.

Mais en parlant de justification, il devait d'abord en fournir à sa complice, Gabrielle. Cette dernière l'avait traîné dans un coin et lui l'avait suivie, un peu stone. Il accusait le coup de ce qu'il venait de faire, ne sachant s'il devait se réfugier sous sa couette ou recommencer de plus belle. Mais il n'était pas question de lui, pour l'instant. En effe, Gabrielle se mettait en cause. Elle, embrasser mal ? Quelle boutade. Mais Andrew ne pouvait pas la complimenter, il devait même éviter de repenser à ce baiser, à la façon qu'elle avait de l'embrasser ... Seulement plus il chassait cette image de son esprit, plus elle s'affichait en grand grand grand dans sa tête, elle s'y ancrait avec de la colle extraforte et Andrew n'arrivait pas à l'enlever.

Mais non ce n'est pas ta faute, c'est moi ....

Soudain, il baissa les yeux sur sa main ... Que Gabrielle tenait toujours, fort. Elle ne voulait pas le laisser partir, c'était évident. Lui, ne savait pas ce qu'il devait faire. Il la regarda dans les yeux, est-ce que l'excuse "je suis un homme j'ai des pulsions" fonctionnerait ?

Il faudrait que je m'en aille Gaby

Il la regarda dans les yeux, lui demandant intimement qu'elle lâche sa main, lui demandant sans le dire s'il avait le droit de partir. Andrew était un lâche qui fuyait les conflits et les prises de tête. Présentement, la situation était trop compliquée pour qu'il agisse, c'était à la jeune fille de choisir ...

Malgré un petit week-end annulé, Gabrielle avait pu sortir et se retrouver avec un vieil ami, si on peut dire. Andrew et elle n'avaient pas eu l'occasion de vraiment se reparler et de rejouer, donc Gaby sauta sur l'occasion.
Elle fut assez surprise de voir un Andrew mal à l'aise mais très vite, le jeune homme se détendu (enfin presque) et Gabrielle put lui tendre quelque perche. D'abord cette idée de retour à Londres pour quelques jours. D'un côté, le brun avait l'air emballé mais d'un autre super réticent. C'était assez étrange car cela ne ressemblait pas du tout au Andrew Davies que Gabrielle avait connu. Cette dernière ne releva pas.

Andrew et elle se retrouvèrent rapidement au milieu de la foule pour y danser et/ou autre s'ils le désiraient. Gabrielle avait évidemment envie de retrouver ce petit jeu avec quelqu'un qu'elle connaissait, quelqu'un d'amusant et quelqu'un en qui elle avait confiance. Puis ils s'étaient déjà tellement amusés à Londres alors pourquoi ne pas poursuivre leur petit jeu à Magnolia ? Ce serait bête de gâcher des si bons moments.
En parlant de bon moment, voilà que Andrew embrasse Gabrielle. C'était évidemment le but de la jeune femme, quoi d'autre sinon? Ce fut un bon baiser, bref et un peu trop court au goût de Gaby.
Celui-ci lui dit qu'il ne pouvait pas. Pardon ? Est-ce que Gabrielle avait bien compris ce qu'il avait dit ? Elle l'attira au fond de la pièce, là où il était possible de parler. Gabrielle fut un peu vexée sur le coup.
"Mais non ce n'est pas ta faute, c'est moi .... "

Gabrielle plissa le front... De quoi parlait-il à la fin ? Il fallait bien avouer que la jeune Montgomery était un peu énervée sur le coup. Quand on joue, on joue, on interromps pas ça comme cela. Surtout que ça ne leur étaient encore jamais arrivés de se retrouver dans une telle situation.

- Est-ce que ça va bien Andrew ? Dans ta vie, je veux dire...

Gabrielle tenta de garder son calme, ce n'était pas évident, il fallait avouer que Gaby n'avait pas l'habitude qu'on interrompe une telle situation, le pire fut que ce soit Andrew qui en arrive là.
"Il faudrait que je m'en aille Gaby"

Ah oui, c'est vrai, Gab tenait toujours la main du jeune Davies. Elle fit une grimace et avant de retirer sa main elle dit :

- Tu sais très bien que je te forcerai par à rester ici mais tu me déçois. Je ne te reconnais pas... C'est juste, wow. Andrew Davies qui refuse un jeu, c'est comme un alcoolique qui refuse un verre, sincèrement.

La brunette avait lâché la main du jeune homme, elle le regarda un moment puis baissa les yeux et tenta de contrôler sa colère. C'était juste choquant de la part d'Andrew...

Quand Gabrielle lui demanda si tout allait bien dans sa vie, il retint un rire sarcastique. Il avait envie de lui dire "très bien, je sors avec l'ex de mon meilleur pote et quand il le saura, la seule raison pour laquelle il ne me cassera pas la gueule est qu'il est trop flemmard.". Mais encore une fois, il se retint. Ils avaient beau se connaître depuis longtemps, ils n'étaient pas du genre à parler ainsi. Pas du genre à parler tout court, d'ailleurs. Alors maintenant qu'ils ne pouvaient plus rien faire à deux, ils étaient comme deux inconnus timides l'un devant l'autre, c'était gênant.

Euh, oui ...

Il voyait bien que Gabrielle ne se contentait pas de cette réponse et qu'elle avait l'air énervée. Elle lui en voulait, forcément, elle se sentait trahie, voire violée, alors qu'au contraire il ne risquait pas de se passer quelque chose. Mais Andrew l'avait provoquées il se défilait en la laissant là, sans même une explication plausible et acceptable. Il était lâche, mais ce n'était pas un scoop. Cependant, quand elle fit cette mauvaise comparaison avec l'alcoolisme, Andrew se raidit. Faisait elle exprès de choisir de tels termes, sachant qu'il était un ex alcoolique et avait été à Londres pour une cure de désintoxication ? Il ne savait que penser, il n'arrivait pas à décider s'il devait en rire ou en pleurer, rester calme ou s'énerver. Pourtant, ses paroles ne passaient pas et lui restaient en travers de la gorge. Son regard se ferma et son ton devient plus sec, elle était allée trop loin.

Désolé Gabrielle, c'est comme l'alcool, j'ai arrêté ...

Il ne savait pas quoi ajouter. Au revoir ? À bientôt ? Leur avenir commun était brouillé, il ne se voyait pas devenir ami avec Gabrielle, la retrouver en terrasse de café pour boire un verre. Une telle image sonnait faux. Alors, il se contenta d'un adieu bancal.

Je me casse, passe une bonne soirée.

Gabrielle était un tout petit peu sous le choc. Si la jeune femme avait su qu’elle retrouverait un Andrew qui ne jouait plus, elle serait rentrée chez elle avec Nathan. Quelle soirée délirante. Le pire était que le jeune brun ne lui donna aucune raison valable de s’en aller. Gaby n’était pas du genre à forcer les gens mais elle ne se laisserait pas faire. Il fallait dire que la jeune femme avait un sale caractère. Tandis qu’elle bouillonnait à l’intérieur, Gabrielle regarda Andrew qui était complètement dépité ce pauvre gamin.

Sur le coup de l’énervement, Gabrielle n’avait pas fait attention à la comparaison qu’elle avait faite avec l’alcool. Oui bon, c’était un peu une gaffe… Andrew qui avait arrêté l’alcool, qui arrêtait les jeux… Était-il devenu gay ou quelque chose dans le genre ?

Ensuite, les deux londoniens se regardèrent un petit moment. Andrew lâcha juste un : « Je me casse, passe une bonne soirée. ». Gabrielle leva les sourcils puis regarda le brun se retourner et faire deux, trois pas. Gabrielle tenta de garder son calme et de ne pas paraître vexée mais elle n’était pas très douée pour contrôler ces émotions. Elle prit son sac à main et le lança sur Andrew. Peut-être un peu brutale comme méthode mais bon, Gaby ne supportait pas qu’on joue de cette manière avec elle. Puis ce n’était pas le genre de fille à qui on disait non sans raison.

Andrew s’était arrêté et Gabrielle croisa les bras, petit sourire aux lèvres. S’il continuait, elle allait lui lancer ces chaussures à la figure. Déjà que Gabrielle n’avait pas beaucoup d’amis garçons à cause de Nathan, si Andrew cessait d’être l’ami joueur, la brunette allait finir par s’ennuyer…

Andrew allait partir, même s'il sentait une once de regret emplir son cœur. Oui, il n'était pas totalement satisfait de quitter la pièce, même s'il savait qu'il faisait le bon choix, que pour la première fois de sa vie il était responsable et se comportait en adulte. Et, surtout, que Lou serait forcément fière de lui. Enfin ... Peut-être éviterait-il de lui raconter certains éléments de la soirée. Mais, dans un sens, peut-être etait-ce cela, qui le faisait regretter, peut-être était ce le fait de grandir et de devenir adulte, chose au:il avait toujours refusée. Il se sentit partagé, il oscillait entre les choix qui se présentaient à lui, mais une seule chose prévalait : Lou. Malheureusement, le fait qu'elle ne quittait jamais ses pensées, qu'il ne se voyait plus vivre sans elle, flippait tellement le jeune homme qu'il était plus enclin à faire certaines bêtises. Mais là, il était déjà allé trop loin, il devait partir ... Seulement Gabrielle ne l'entendait pas de cet avis.

Mais qu'est-ce que tu fous ?

Elle venait de le taper avec son sac. hmmmm, elle devenait violente, intéressante. Mais non ! Andrew secoua la tête pour enlever de son esprit ces horribles pensées apparues trop vite. Il se répéta plusieurs fois qu'il n'était pas attiré par Gabrielle, c'était juste une fille bien gaulée qui se trouvait dans le même bar que lui, c'est tout. Mais franchement comment faisaient les autres mecs ?

Gaby, y'a plein d'autres mecs dans ce bar, pourquoi tu me retiens ?

Quelle soirée délirante. Des amis qui deviennent des inconnus, une Gabrielle très capricieuse. Oui, bon, d’accord, Gaby était toujours capricieuse. Elle n’acceptait pas qu’on lui refuse quelque chose. C’était une sale gamine, un point c’est tout.

Ce n’est pas qu’elle voulait que tout le monde l’admire ou que tout le monde soit à ces pieds, loin de là. C’était juste qu’Andrew était une vieille connaissance et cela faisait un peu bizarre à Gaby. Sur un excès de colère, la jeune femme avait balancé son sac à main dans le dos du jeune homme. Il n’allait pas s’en sortir comme ça. C’était juste sa réaction qui tuait Gabrielle. Quoi, il partait comme ça ? Alors qu’ils ne s’étaient plus parlé depuis un bout de temps ? Mais surtout : Ils n’avaient plus joués depuis des mois. Andrew était déglingué….
« Mais qu'est-ce que tu fous ? »

Gaby le regarda un moment puis fit mine de réfléchir. Elle ne répondit pas, elle fit juste quelques pas pour enlever la distance qui les séparait.
« Gaby, y'a plein d'autres mecs dans ce bar, pourquoi tu me retiens ? »

Ouch. Bonne question ? Pourquoi Gabrielle s’entêtait-elle à essayer de jouer avec Andrew ? Elle réfléchit et se rendit compte qu’elle n’avait jamais réellement pensé à cela. Pourquoi lui et pas un autre ? A vrai dire, Gaby avait été habitué à ce que ce soit avec Andrew Davies et pas avec un inconnu d’un bar sinistre.

« J’ai pas envie que ce soit n’importe qui. Je ne mérite pas un mec bourré de ce bar merdique, si ? A quoi tu joues, sérieusement ? Andrew Davies est un joueur, le plus grand de Londres, non ? Ce n’est pas ce que tu me répétais toujours ? T’es devenu coincé, MC ne t’a pas fais du bien… »

Bon ça, c’est fait. Gabrielle était d’humeur à faire chi*** son monde, c’était dommage pour Andrew mais la brunette ne lâcherait pas l’affaire. Puis, Gaby n’allait pas repartir bredouille comme cela, tout de même.

Les paroles de Gabrielle eurent sur Andrew l'effet d'une décharge électrique. Pensait-elle vraiment que Magnolia ne lui avait pas fait du bien ? C'était certain qu'il avait changé, depuis son retour ici il y a un an de ça, mais il ne pensait pas avoir changé en mal. Seulement Gabrielle affirmait le contraire ... À moins que la perspective de finir sa soirée seule ou en piteuse compagnie la rende mauvaise ?

Il fallait sortir dans un autre endroit alors Gaby, si personne ne te mérite ici

Oui, il était mauvais à son tour, mais bon, c'était elle qui avait commencé, la faute n'incombait donc pas au jeune homme ! C'était pathétique de raisonner ainsi, certes. Mais Gabrielle l'avait vexé. Lui ne se jugeait pas coincé, au contraire ils s'amusaient bien, avec Lou. D'ailleurs, Andrew mourrait d'envie de lui dire la vérité, de lui dire qu'il sortait avec une fille et qu'il était très heureux ainsi. Et surtout, lui prouver qu'il n'était pas coincé, non de non ! Andrew avait sa fierté et Gabrielle venait de lui infliger un sacré coup. Soudain, il se demanda pourquoi il y tenait tant, à prouver à Gabrielle qu:il avait changé en bien. Après tout, l'avis de la jeune fille ne comptait pas, il se fichait de ce qu'elle pensait de lui, normalement, non ? Pourtant, il se prenit vraiment la tête, sur le coup. Et le pire, c'est que sa propre réaction ne lui plaisait pas. Alors, il fit preuve d'un effort surhumain, inspira fort puis la regarda dans les yeux.

Pense ce que tu veux Gaby, moi je m'aime toujours ainsi. Après, Si tu ne m'appréciais que pour ça, libre à toi de partir ...

Il ne savait même pas où aller mener cette provocation qu'il venait de lui lancer.

Deux gamins londoniens dans un bar Américain, où cela allait-il nous mener ? Entre la semi-colère et sa gaminerie, Gabrielle cachait un profond rire mais tout cela bien recouvert pas un visage de marbre. C’était Andrew Davies ou quelqu’un l’avait kidnappé pour le remplacer par un être coincé ? Il ressemblait à un petit fils à papa devant une fille de joie- Gabrielle en l’occurrence. Bientôt, le regard d’Andrew fut comme rempli de flamme, la jeune femme fut un peu choquée. Qu’était-il devenu ?
« Pense ce que tu veux Gaby, moi je m'aime toujours ainsi. Après, Si tu ne m'appréciais que pour ça, libre à toi de partir ... »

Bon, il marquait un point mais en même temps, elle n’était pas venue pour se taper quelqu’un à la base. Puis, pourquoi Andrew avait choisi cette soirée pour faire sa crise d’adolescence en retard ? Gaby fronça les sourcils puis lui dit :

« Je suis venue pour boire un verre, tranquillement. Puis quand je t’ai vu, je n’ai pas compris que nous avions mis fin à notre jeu… Tu aurais pu m’avertir ou quelque chose comme ça ? Un texto, ça te coûtait quoi ? Et puis, tu faisais quoi ici, si ce n’était pas pour boire ou te taper une meuf ? Sérieux.. ? »

Gabrielle lui fit un clin d’œil, il fallait toujours qu’elle en rajoute, c’était plus fort qu’elle. Mais bon, Andrew n’avait pas à se plaindre, c’était de sa faute, non ?
« Il fallait sortir dans un autre endroit alors Gaby, si personne ne te mérite ici»

Olala, il était devenu cinglé ou quelque chose comme cela ? Gabrielle ne le reconnaissait définitivement pas. C’était vraiment bizarre cette situation. Bientôt, la jeune femme ressentit quelque chose d’étrange à l’intérieur d’elle, comme si elle était en train de parler avec un inconnu. Les souvenirs revinrent par flash mais c’était comme si Andrew n’était plus…Andrew. Dingue, non ?

« Tu pètes complètement les plombs. Je t’adore et je n’ai pas envie de me disputer avec toi donc je ne partirai pas sans que tu m’expliques ce qui ne va pas chez toi. On se retrouve puis tout d’un coup, tu me prends limite de haut. Quoi je te suffis plus ? Je te plais plus autant qu’avant ? En fait, à Londres c’était bien mais ici, tu te dis que je te vaux plus ? Pfff. »

Gabrielle était du genre à tout remettre sur le tapis, à chercher dans les recoins les plus sombres pour vous faire cracher le morceau. Oui c’était une fille chiante et Andrew le savait. La jeune femme finit par s’appuyer contre le mur et regarda le jeune homme tout en fronçant les sourcils comme si Andrew était devenu une drôle d’énigme à résoudre…

Spoiler:

Andrew découvrait que Gabrielle était une vraie rageuse. Et il avait envie d'en rire. Elle l'amusait, on se croirait dans une mauvaise sitcom en carton. Mais cela ne ferait qu'empirer la situation, il sentait que Gabrielle était quelque peu énervée. Il le voyait dans son attitude, l'entendait dans le son de sa voix, ses mots employés ... "Se taper une meuf", cette expression sonnait bizarre dans la bouche de la jolie jeune fille et, tout à coup, Andrew s'en voulut de l'avoir énervée. Et s'il lui disait la vérité, lui expliquait qu'il avait une copine secrète ? C'était vraiment risqué si quelqu'un l'entendait. Alors, il chercha une explication bancale. Rejeter la faute sur lui ? Non, il n'était pas si dévoué.

Au temps pour moi Gaby, la prochaine fois je mettrai une grande affiche devant la maison pour expliquer que j'ai grandi, que je ne joue plus et que je suis devenu un coincé aigri. Ça te convient ainsi ?

Il était fier de sa réponse et se trouvait très drôle. Mais quand Gabrielle lui dit qu'elle ne voulait pas se prendre la tête avec lui, et qu'il la prenait de haut, sa fierté en prit un coup et partit se réfugier six pieds sous terre. Il fit une grimace et passa sa main dans ses cheveux, machinalement. Elle voulait connaître le fin mot de l'histoire ... Mais pourquoi ? Ils n'étaient même pas amis, n'avaient pas pris de nouvelles de l'autre depuis un moment et s'en portaient très bien. Il Se demandait si Gabrielle ne formulait pas là un de ses nouveaux caprices de fausse petite fille pourrie gâtée, mais se garda bien de faire cette remarque.

Je t'ai dit que ce n'était pas toi mais moi le problème, Gaby ... J'ai une copine, en fait.

C'etait aussi simple que ça, en fait ...

C'était une soirée qui ne servait définitivement à rien. C'était assez difficile pour Gabrielle de voir que quelqu'un lui résistait. Enfin, c'était Andrew quoi. Lui et elle, c'était n'importe où, n'importe quand. Cela n'avait pas de logique. C'était juste dingue, on se crut dans une mauvaise comédie.
Gabrielle reconnut qu'elle ne se comportait pas bien donc elle décida de se calmer un peu. Elle était capricieuse et, heureusement, parfois elle s'en rendait compte. C'est juste la façon dont Andrew avait de lui parler, comme si elle n'avais jamais rien été pour lui, comme s'il ne la connaissait pas.
« Au temps pour moi Gaby, la prochaine fois je mettrai une grande affiche devant la maison pour expliquer que j'ai grandi, que je ne joue plus et que je suis devenu un coincé aigri. Ça te convient ainsi ? »

Andrew n'y allait pas de main morte. Cela vexa Gabrielle. Il la prenait vraiment pour une petite fille et rien d'autre. Les gens changent, c'est définitivement possible et incroyable.

« Donc je suis la gamine idiote dont tu n'as plus besoin, c'est ça ? C'est juste que ça ne te ressemble pas, je ne m'attendais pas à ce que tu changes entre Londres et MC... »

La voix de Gaby avait un rythme normal et le son était carrément bas. Elle se sentait mal de se disputer avec Andrew. Il fallait dire que cela n'était jamais arrivé auparavant. Elle fit un pas en arrière comme si ce pas allait remonter le temps. Ensuite, quelque chose de délirant se passa. Alors là, si Gabrielle avait pu tomber par terre pour en rigoler, elle l'aurait fait. Effectivement, Andrew venait de lui dire qu'il était en couple. Vous me direz qu'il n'y a rien de drôle mais quand même... Andrew, quoi.
Un petit rire s'échappa de Gabrielle ensuite elle leva la main comme pour s'excuser de rire de cette situation.

« D'accord... Excuse-moi, mais c'est assez drôle. Tu as effectivement ... changé...non, non, grandi comme tu dis si bien. Pardon »

A présent, la jeune Montgomery avait un beau sourire étalé sur le visage et ne se fâcha plus comme une gamine capricieuse, bon elle se moquait peut-être un peu mais...Wow. Quelle annonce.

Andrew était mal en point, il ne pensait pas que Gabrielle était une gamine mal en point. Au contraire, il avait toujours apprécié leurs petits jeux. Le seul problème était que, désormais, il n’était plus en lice. Mais son opinion sur la jeune fille n’allait pas changer pour autant. Il la trouvait toujours malicieuse et amusante. Alors, que leur relation se termine ainsi était triste, dans un sens. Certes, ils n’avaient jamais vraiment été amis – sauf aux yeux de Nathan, qui ne devait surtout pas connaître leur petit jeu – mais sinon jamais Andrew n’allait vers Gabrielle pour lui demander un conseil, pour recevoir du réconfort.

Tu n’es pas une gamine idiote Gaby. C’est juste qu’il n’y a pas que le jeu dans la vie

Il y avait toujours eu une sorte de compétition entre eux, une règle tacite réclamant qu’ils soient toujours au top. Impossible de se laisser aller à des confessions, à des états d’âme … Non, ils n’étaient pas amis. Pourtant, aucun des deux n’appréciait cette dispute, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il voulait éclaircir la situation, il voulait que Gaby comprenne et qu’elle ne parte pas avec une mauvaise image de lui, qu’elle sache qu’il l’appréciait toujours et qu’il la repoussait seulement parce que son cœur était pris. Alors, quand elle éclata de rire à l’annonce de la vérité, Andrew le prit très très mal. Pour qui se prenait-elle ? Qu’il sorte avec une fille était vraiment la blague de l’année ? Andrew l’avait mauvaise et il se renfrogna. En plus, il était déjà sorti avec d’autres filles, avant, et jamais personne ne lui avait ri au nez quand il n’avait annoncé. Pour qui se prenait-elle, mademoiselle-je-flirte-mais-je-finirai-seule-vieille-fille-parce-que-mon-frère-m’empêche-d’avoir-des-relations)normales-avec-les-garçons ? Oui, Andrew était un peu de mauvaise foi, quand on se moquait de lui. Cependant, il n’avait pas tout à fait tort, et sur le coup, il aurait donné cher pour apercevoir le futur qui attendait la jeune fille. Il l’imaginait encore, à trente ou quarante ans, suivre son frère comme un chien, sortir en douce la nuit une fois Nathan endormi, craindre le jeune homme comme la peste. Ce fut au tour d’Andrew, de rire. Et, comme il était gentil, il décida de partager avec Gaby la raison de sa joie.

Eh oui j’ai grandi, excuse moi. C’est vrai que tu ne peux pas comprendre, tu es destinée à finir seule, puisque tu es incapable d’avoir une relation sérieuse, et que de toute façon tu crains trop les foudres de Nathan pour sortir officiellement avec un garçon. Tu n’avais pas tort, tu vas toujours rester une gamine en fait, Gaby …

Lui qui avait voulu apaiser leur dispute, voilà qu’il l’envenimait de plus belle. Mais Gaby l’avait provoqué avec sa moquerie, il était de son devoir de répliquer. A ses risques et périls.

Quelle soirée. Gabrielle n’avait jamais cru au changement chez quelqu’un, bon d’accord, on grandit, oui, on mûrit mais qui aurait pu croire que le temps allait creuser un sacré fossé entre Andrew et Gaby ? Ils s’étaient toujours bien entendus, non ? Bon d’accord, cela s’arrêtait là, ils n’étaient pas vraiment amis. Leur lien n’avait pas vraiment de nom en réalité…

La révélation eut lieu, Andrew était en couple. Ce n’était pas une mauvaise chose, tant mieux pour lui mais…il avait tout de même embrassé Gabrielle. Bon, d’accord, la jeune femme n’aurait pas dû rigoler à la nouvelle, d’ailleurs, il n’y avait pas raison spécifique d’avoir agi de cette manière mais Gabrielle ne s’était pas attendu à ça. Un mec n’est pas sensé une autre fille que sa copine…donc, bon. Le jeune homme la rassura en disant qu’elle n’était pas une gamine. Cette remarque fut rapidement oubliée puisque Andrew lui balança : « Eh oui j’ai grandi, excuse moi. C’est vrai que tu ne peux pas comprendre, tu es destinée à finir seule, puisque tu es incapable d’avoir une relation sérieuse, et que de toute façon tu crains trop les foudres de Nathan pour sortir officiellement avec un garçon. Tu n’avais pas tort, tu vas toujours rester une gamine en fait, Gaby …»

Le visage de Gabrielle se décomposa. Alors ça, c’était vraiment vexant. La jeune femme gifla Andrew. C’était une première. Mais elle n’acceptait pas qu’il la traite de cette manière surtout qu’il connaissait Nathan et son caractère. Un peu choquée, Gabrielle le regarda tristement. Elle ne savait vraiment pas quoi répliquer sur le coup et jamais elle n’aurait pensé gifler Andrew. Gaby n’avait pas envie que leur lien se termine aussi mal mais il fallait avouer qu’Andrew l’avait cherché…

Andrew appréhendait la réponse de Gabrielle. Bien sûr qu'il avait dépassé les bornes. Il s'en était rendu compte au fur et à mesure qu'il avait aligné ses mots. Ses phrases étaient méchantes, mais c'était trop tard, elles étaient sorties, et avaient causé de facheuses conséquences. C'était bien du Andrew Davies tout craché, parler puis réfléchir ensuite. Depuis tout petit, beaucoup lui répète le dicton "il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler". Mais Andrew n'a jamais été assez patient pour ce genre d'idioties. En plus, la situation était toujours pire après, car il se demandait alors qu'elle aurait été la situation s'il avait vraiment prononcé ces paroles risquées. Au moins là, il verrait, et la réaction de Gabrielle ne se fit d'ailleurs pas attendre.

« Putain Gaby ! »

Une gifle, voilà ce qu'il venait de se prendre. Non il n'était pas en sucre, mais il n'aimait pas la violence. Et puis, elle n'y était pas allée de main morte. Andrew frottait sa joue endolorie, tout en cherchant quoi dire. S'il n'avait pas été si frèle, il lui aurait rendue. Mais il risquait les représailles de Nathan, or Andrew voulait vivre assez vieux. C'était donc une très mauvaise idée. Dans ce genre de situations, les explications vaseuses restaient encore la meilleure solution, donc.

« C'est toi aussi, tu m'as provoqué, tu t'es moqué de moi ... T'as commencé ! Si t'es pas contente c'est ta faute. J'aurais dû faire quoi ? T'écouter te foutre de moi et acquieser ? J'suis pas un pigeon merde ! »

Il reprit son souffle, sa tirade était sortie d'un trait, telle une illumination. Certes, il rejetait toute la faute sur la jeune fille. Mais le pire, c'était qu'il le pensait vraiment. Tout était sa faute et il n'aurait jamais agi ainsi si Gabrielle avait été plus gentille.

« Maintenant dis moi ce qu'on fait ... »

Et ne pas faire de choix, voilà l'autre trait digne d'Andrew Davies. Se défiler, rejeter toute responsabilité et ne pas prendre de décisions ... Gabrielle ne pouvait pas dire qu'elle ne le reconnaissait pas la dedans. Il n'avait pas tant changé que ça, en somme.

Quelle soirée. Gabrielle qui avait pensé se défouler et prendre du bon temps, elle avait fini par se disputer avec une vieille connaissance. Un baiser mal placé, des explications délicates et une gifle envoyée. Quelle aventure ! Andrew l’avait vraiment vexé lorsqu’il avait abordé le sujet Nathan. Personne ne comprenait pas leur relation. Ils étaient jumeaux et vraiment très proches. Ils s’aimaient beaucoup et avaient confiance en l’un et l’autre. Ce n’était pas partie gagnée dans une famille comme la famille Montgomery. Peu de personnes entretenaient ce genre de relation mais c’était ainsi et Andrew s’était attaqué au mauvais sujet, ce qui lui avait valu une gifle. Gabrielle était impulsive et trop exigeante mais bon, on ne change pas aussi facilement et Andrew en fit la preuve puisque comme un gamin, il rejeta la faute sur Gaby. Elle ne s’était pas moquée, c’était juste l’effet de surprise qui l’avait fait rire mais cela pouvait porter à confusion, pourquoi pas.

« Andrew, je ne me moquais pas. J’étais juste…surprise. Tu m’embrasses puis la minute d’après tu me dis ça. Et tu mérites cette gifle, t’avais pas le droit de me dire un truc pareil. Puis tu sais quoi, j’en ai marre de ce que les gens peuvent penser de Nathan et moi, ok ? Pour quelqu’un qui a grandit, tu réagis ...bizarre. »

Gabrielle n’était pas du genre dispute et tout le tralala, c’était plutôt une fille qui se fichait de tout et qui ne s’arrêtait pas à des chamailleries. Cependant, Gaby n’avait pas envie de rester en mauvais termes avec Andrew mais en même temps, le côté rancunier de la belle brune ne cessait de vouloir reprendre le dessus.
« Maintenant dis moi ce qu'on fait ... »

Bonne question. Il n’avait qu’à trouver une solution lui, pour ça, Andrew avait toujours eu les mêmes remarques. Il fallait toujours que ce soit Gaby qui prenne une décision et qui trouve une quelconque solution. Au fond, Andrew et elle étaient peut-être amis puisque rester en mauvais terme ne parut pas comme une solution.

« Qu’est-ce qu’on peut faire de toute façon ? Je t’énerve, ça se voit. Tu devrais peut-être aller voir ailleurs ? Je suis juste triste car je ne pensais pas ça de toi, je pensais que tu ne me jugeais pas… »

Gabrielle avait dit tout cela tristement et elle baissa les yeux de peur que ses émotions ne prennent le dessus. La jeune femme n’avait pas beaucoup d’amis du sexe opposé alors tout semblait intensifier lorsqu’elle se disputait avec Andrew. Gaby n’était définitivement pas faite pour se disputer et régler des problèmes…

Gabrielle savait utiliser les mots qu'il faut pour toucher là où ça fait mal. Ce qu'elle disait était vrai et Andrew ne pouvait que l'admettre. Pour cette raison, il resta silencieux dans un premier temps. Il se cherchait des excuses, en vain. Une réponse valable qui ne signifierait pas "tu as raison et je suis un gros nigaud". Sauf que les faits étaient les faits, et Andrew était bel et bien un gros nigaud. Mais l'avouer n'était pas dans ses cordes, Andrew préférait encore les phrases vaseuses, les mots mis les uns à la suite des autres, qui ne voulaient rien dire de concret.

« Oui bah voilà aussi, c'est comme ça hein donc bon flute aussi. »

Il soupira, c'était digne d'un enfant qui récite le peu de mots qu'il connaissait. Gabrielle aurait pu lui répondre "oh c'est mignon tu sais dire tout ça ! Et Gabrielle, dis Gabrielle ! Ga-bri-elle !", ça ne l'aurait même pas étonné. Il avait toujours mis un point d'honneur à ne pas juger la relation étrange des Montgomery, d'abord parce que Nathan était aussi son pote, mais également parce qu'il n'était pas du genre à juger les gens. Au contraire, il n'aimait pas tous ces gens avides de ragots et potins, qui critiquaient tout le monde afin d'oublier combien leur petite vie était pathétique. Voilà qu'Andrew devenait l'un d'eux.

« Ok, je l'admets ... j'ai déconné. » Il tentait de s'excuser, mais les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. « Ça ne recommencera plus, j'arrête d'être un idiot ! »

Il tenta un sourire maladroit, ne sachant vraiment pas ce que lui répondrait Gaby. Peut-être était-ce trop tard, peut-être était-il définitivement tombé bien bas dans son estime, et qu'ils ne se reverraient plus. Sincèrement, ça lui ferait mal, de perdre des potes. Des potes de Londres en plus, alors qu'en ce moment son meilleur pote le considérait comme mort. Andrew avait besoin de savoir qu'il était encore capable de ne pas foirer toutes ses relations amicales. Ou alors, il finirait par admettre qu'il n'était qu'un asocial, incapable d'entretenir des relations sur le long terme. Il choisirait alors de rester chez lui avec Milou, pour le restant de sa vie.