Il était à peine 9h lorsque Cécilia poussa la porte du Gordon Coffee. Trop tôt pour elle, qui aurait bien voulu profiter de la joie de se réveiller à midi, alors qu’ellle était du service du soir cette semaine là. Mais Mr. Davies avait prévu autrement et dira la blondinette du lit, pour aller prendre le petit déjeuner. « Tu veux pas un brunch plutôt ? », mais Andrew ne lâcha pas le morceau et comme toujours Cécilia s’avoua vaincu et lui donna rendez vous au café.C’etait toujours comme ca, elle n’avait jamais le dernier mot, car elle ne l’imposait jamais. Elle aurait pu dire à son ami que, non elle voulait manger Thai et pas du pain et de la confiture donc qu’ils se retrouverait sur Justice Street a midi. Mais son côté conciliant faisait toujours qu’elle acceptait les compromis. Cécilia avait un caract`re facile, ce qui ètait fortement apprècié dans le auartier, mais elle était aussi effacée. Andrew était dèja là lorsqu’elle arriva et l’accueillit d’un sourire.

Après les ‘’bonjour tu as bonne mine ce matin j’espere que tu vas bien allons nous assoir et cette vieille peau d’elena viendra prendre nos commandes’’ passés, les deux jeunes prirent une table près de la fenetre. Le soleil était déja haut dans le ciel et ses rayons parvenaient jusqu’à leur table, ce qui était agreable pour la mi-septembre. Leurs assiettes et tasses arrivèrent, bien garnies et colorées mais Cécilia n’avait pas faim pour l’instant, elle se contentait juste de boire lentement son café.

CECILIA ▬ Comment vas-tu ? Tu vois, je n’aurais pas pensé que tu étais quelqu’un du matin

Andrew avait comme Milo ce coté extravagent quélle aimait tant. Sur beaucoup de points, Andrew et Milo se ressemblaient mais ils étaient également à des années lumières l’un de l’autre. En même temps, elle vivait son copain quotidiennement.
La vie reprenait petit a petit son cours. Apres la saison chargé a l’hotel et ses vacances personnelles avec Milo, Cécilia était contente que ca se calme un peu. La maison était vide, et elle pouvait en profiter. Comme faire la grasse mat´par exemple, mais what ever .. Si sa rentrée à elle était donc calme, c’ètait tout le contraire pour les étudiants qui venaient tout juste de reprendre.

CECILIA ▬ La rentrée a commencé pour toi, si je ne me trompe pas ?

Il avait surement dû lui dire dans quelle filliere il était, mais à ce moment précis, le cerveau de Cécilia n’arriverait pas à mettre le doigt dessus.

Andrew avait donné rendez-vous à Cecilia ce matin là, pour un petit déjeuner au Gordon Coffee. Il ne désespérait pas de réussir un jour sa mission : prouver à la jeune fille que l'amitié garçon/fille, ça existe. Lui même était ami avec tellement de filles qu'il ne comprenait pas comment Cece ne pouvait pas y croire. Bon, certes, il avait également quelques relations tendancieuses avec des filles de son entourage, mais elles n'étaient que des exceptions qui confirmaient la règle. Andrew entendait bien prouver à la jolie blonde qu'ils pouvaient être amis. Surtout, je vous arrête tout de suite : non, le warrior n'était pas motivé par de mauvaises intentions. Oui, son penchant pour les blondes était connu, oui il vivait une idylle avec une fille non blonde, mais il était le plus heureux des jeunes hommes (instant niais sisi). En fait, c'était sa relation avec Lou qui le rendait guimauve, et le poussait à trouver tout et rien mignon. Shelby qui s'énerve contre une vendeuse : mignon. Le chat de la voisine qui ronronne : mignon. Nora Jane qui se desespère de dire un jour à Clyde qu'elle l'aime : mignon. La discrète et effacée Cecilia qui n'ose dire non à personne : mignon. Or, Andrew aimait s'entourer de gens mignons (même s'ils ne seront jamais aussi mignons que Lou (non je ne fais pas cette précision parce que Lou risque de lire ce rp (mais Lou si jamais tu le lis, lis bien cette précision))).

Elle arriva pile à l'heure, un nouveau bon point pour elle. Il la salua puis ils filèrent vite s'asseoir pour commander : Andrew était incapable de parler le ventre vide, c'était comme s'il avait les batteries à plat. Mais quand son chocolat chaud, les tartines et la confiture furent sur la table, sa langue put enfin se délier. « Tu pensais que je dormais jusque midi, que j'émergeais vers 14h, me levais vers 15h et ainsi de suite ? Ça, c'était le bon temps ... Avant que ma soeur ne décide que je devais absolument aller en cours chaque jour ! » Il rit à cette idée, pensant sincèrement qu'il aurait pu y aller un jour sur deux. Voire sur trois. Quand Cece en profita pour lui poser une question sur ses cours, il reconnut là sa politesse. Il se demanda vraiment si cette question était sincère, mais il avait beau scruter le visage de la jeune fille, rien ne trahissait ses pensées. Qu'importe, Andrew aimait bien parler de lui de toute façon. « Oui oui, j'ai replongé dans la finance depuis quelques jours, je ne t'explique pas la galère ... Ta question me donne l'impression d'être un enfant, et toi une madame » Il la regarda en haussant les épaules, exprimant à la fois surprise et incompréhension : Cecilia n'avait qu 2 ou 3 ans de plus que lui, rien du tout en somme ! Mais elle habitait déjà avec son petit ami, et ça c'était une étape vraiment importante, qu'Andrew ne risquait pas de franchir de sitôt. En évoquant Milo, il réalisa soudainement qu'il manquait à ses devoirs. Ne pas demander à Cece comment elle allait était un véritable manque de politesse. « Et toi alors, comment vas-tu ? Le boulot, Milo ? Dis moi tout ! » Une fois silencieux, il s'attaqua à son petit déjeuner. Il allait pouvoir écouter le récit de la jeune fille tout en mangeant, le pied.

CECILIA ▬ Oui c’est vrai. Je te voyais en oiseau de nuit. L’amour t’as changé peut-être ?

Le gros point commun qu’ils avaient, c’était qu’ils étaient fou amoureux l’un de l’autre de son compagnon/compagne respectif. Ils pouvaient en parler pendant des heures, être intarissables, ils avaient déjà essayer et ça avait duré jusqu’à la fermeture du bar d’ailleurs. Ah l’amour ! Ca donne des ailes, ca rend la vie rose et tout le tralala. Outre d’adorer Milo, Cécilia était amoureuse de l’amour. Ca rend heureux, ça rend les gens plus beaux, plus agréable. Il n’y a que les vieux aigris seuls qui déteste l’amour !

Ah oui c’est vrai ! Finance. Muh, trop de chiffres. Ca aurait bien plu à Cécilia si elle avait la bosse des maths. Bon, elle avait quand même suivi des cours de gestion , qui aussi contenait des chiffres et des lettres, et c’était peut être pour ça qu’elle n’avait pas été assez bonne pour recevoir une bourse, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle avait du arrêter. Par faute de moyen. Cécilia sourit doucement aux propos d’Andrew mais était un peu mal à l’aise. Elle aurait aimé être comme lui ou Milo, être encore étudiante. Mais il fallait bien vivre ! Certes, depuis qu’elle sortait avec Milo elle ne payait plus le loyer, mais il y avait toutes les autres dépenses courantes comme l’eau, l’électricité, le gaz, les courses, internet, les sorties … Et Magnolia n’était pas la vie la moins cher d’Amérique, loin de là ! Sa proximité de New-York et de Boston se faisait tout de même ressentir.

Andrew lui demanda alors comment ca se passait pour elle, avec Milo, le travail … Des ses 4 lettres préférées prononcées, le visage de Cécilia s’illumina, comme à chaque fois. Parler de son petit ami la faisait comme revivre. Ca pouvait paraitre bête, mais elle aimait parler de Milo, ça rendait leur relation réelle. Parfois, elle ne se rendait pas de la chance qu’elle a, c’est un garçon si gentil et parfait à ses yeux ! Cécilia n’a pas eu beaucoup d’ex, mais aucun n’arrivait à la cheville de son Milo.

CECILIA ▬ Ca se passe bien ! Il a du reprendre la fac aussi, comme toi. Mais on a passé de supers vacances ensemble. On est allé à Mexico une semaine et une autre en Floride. Tu sais que c’était la première fois que je quittais le pays ! Que je prenais l’avion même. Milo s’est gentiment moqué, lui et ses parents parcourent le monde depuis qu’il est bébé.

A part son bled pommé dans le Missouri et Boston, Cécilia n'avait rien connu d'autre avant ces vacances. Ses vacances étant enfant, elles les avaient toujours passé dans le coin. Lorsqu'elle était à Boston, elle bossait tellement qu'elle n'avait eu le temps de voyager. Alors ces vacances ont vraiment été comme les premieres vacances de sa vie.

Lou l'avait-elle changé ? Voilà une question sur laquelle Andrew ne s'était jamais vraiment attardé. Tout était simple, la vie coulait de source désormais, toutes ses petites habitudes ... semblaient effectivement s'être installées depuis Noël, depuis que Lou était venue s'installer dans sa petite vie de flemmard, était venue éclairer sa routine. Il n'irait pas jusqu'à dire que l'amour lui donnait un but dans la vie, lui donnait une raison de se lever, mais au réveil sa première pensée était pour l'élue de son coeur, et il débutait toujours sa journée de bonne humeur. Peut-être Cece avait raison, peut-être ressentait-il le besoin de se lever plus tôt pour avoir encore plus d'occasions de penser à Lou. Peut-être avait-il désormais totalement changé, par amour. « L'amour change tout le monde, tu ne crois pas ? Avoir quelqu'un dans sa vie modifie forcément nos habitudes. » Il était parfois hésitant pour parler sentiments amoureux avec Cecilia. Il la trouvait attendrissante, ainsi amoureuse, il se sentait moins niais, car Lou et lui n'étaient donc pas les seuls à l'être. Mais il la trouvait parfois si dévouée à Milo, on aurait dit une servante pour son maître, une fan devant une star ... Pas une fille amoureuse et son petit ami. Mais il gardait ses interrogations pour lui, il n'était pas là créer une dispute, au contraire, il était là pour renforcer une amitié qui se tissait petit à petit. Même si, qu'elle enchaîne autant de phrases sur Milo en si peu de secondes soit quelque peu effrayant. « Ah oui, il étudie où déjà ? » Andrew réalisa qu'il connaissait peu Milo, et bien plus Cecilia. Ses pensées hasardèrent, se demandant si le jeune homme n'était pas jaloux d'une telle proximité, entre Andrew et Cece. Mais son petit doigt lui souffla que, si Milo avait été contre, Cece ne se tiendrait probablement pas devant lui. « La première fois, vraiment ? Oh je veux savoir, ça t'a plu de prendre l'avion, t'as pas eu trop peur au décollage ? » On aurait pu qualifier Andrew de curieux, mais il devait admettre que la vérité était autre. Il était simplement intéressé par la vie de Cece, il trouvait cette fille vraiment intrigante, dans le bon sens du terme. Mais ça, il ne valait mieux pas non plus que Milo le sache. Enfin, Lou avait compris, du moins il le croyait. Elle levait les yeux au ciel à chaque fois qu'Andrew lui expliquait qu'il avait le devoir de lui montrer que l'amitié homme femme existe, mais elle n'avait rien contre le fait qu'il la trouve drôle et veuille être son amie. De toute façon, elle savait qu'Andrew avait souvent des lubies bizarres.

C’était la première fois que Cécilia vivait avec quelqu’un, autre que sa famille. A Boston, son studio était beaucoup trop petit pour contenir deux personnes, déjà qu’elle s’en sortait à peine elle toute seule dedans. Il a donc fallu qu’elle change ses petites habitudes solitaires lorsqu’elle était venue s’installer à Magnolia. Mais ça n’avait pas été difficile, au contraire c’est venu tout naturellement. Si ça c’était pas un signe du destin ! Même en couple aujourd’hui avec Milo, cette proximité, ce 24/24h ensemble ne la dérange pas. Et puis, il y a Montaine aussi.

CECILIA ▬ Oui tu as raison, on prend le bon et le mauvais de son partenaire. Plutôt le bon j’espère pour ma part

En même temps, quel défaut avait Milo ? Aucun pour Cécilia. Même si coté lunatique qui lui est souvent reproché le saute pas aux yeux de la blondinette. Quand on dit que l’amour est aveugle … Bon c’est vrai que parfois, il passe un peu ses nerfs sur elle, mais il s’excuse toujours lorsqu’il s’en rend compte. Tant que ce n’est pas tous les jours, c’est l’essentiel. Elle aussi, ne devait pas être facile tous les jours. Son côté effacée devait parfois être pesant pour Milo, qui devait toujours la rassurer. Ce manque de confiance en elle, Cécilia n’arrivait pas à s’en défaire et avec une forte personnalité comme celle de Milo, Cécilia ne pouvait pas non plus totalement s’épanouir.

Andrew s’intéressa alors à Milo, suite à son discours digne d’une compagne publicitaire. Si Milo avait été un produit, Cécilia aurait été la parfaite vendeuse. Si seulement elle pouvait reprendre ce don et le réutiliser pour l’importe quel produit : nettoyant pour four, sèche ongle, boite hermétique. Bref toutes les conneries de téléachats. Mais non, elle ne pouvait vanter qu’un produit : son petit ami.

CECILIA ▬ A l’université d’Etat, comme toi. En architecture.

Elle avait dit ça avec une pointe de fierté dans la voix. Architecture, ce n’était pas rien ! Et Cécilia voyait Milo bosser dur pour ça. Si seulement elle avait cette chance, Cécilia ferait de même et bosserait comme une acharnée pour avoir son diplôme et trouver un travail correct. Et vu sa percévérance, Cécilia savait qu’il allait réussir. En espérant qu’elle soit toujours avec lui pour voir ça !

CECILIA ▬ C’était impressionnant ! J’avais un peu peur, il y a tellement de crash d’avion ses temps ci ! Mais Milo a su me rassurer. Et puis l’avion s’était vraiment écrasée, je serais morte heureuse !

C’est vrai qu’Andrew avait habité quelques temps à Londres ! Ca faisait une sacré trote, il devait lui aussi être habitué des avions et aéroports. Parfois, Cécilia se sentait si ignorante. Elle ne connaissait rien de la vie, rien à part son Amérique. Elle n’avait pas de savoir exceptionnel, elle n’avait étudié que la gestion vaguement, et son travail de serveuse n’était guère très enrichissant, quoi que son nouveau travail de réceptionniste de l’était pas plus non plus. La vie était mal faite parfois ! Elle enviait tellement les personnes qui avait découvert le monde par leur voyage, ou qui faisait des études supérieures ou qui effectuaient un travail manuel exceptionnel. Comme Trevor Whiteley, le photographe. Elle appréciait beaucoup son travail et l’admirait beaucoup. D’ailleurs, à chaque fois qu’elle passait devant sa petite boutique, Cécilia ne cessait de lui rappeler.

Cécilia avait de la chance : elle vivait avec Milo. Elle se réveillait à ses côtés, déjeunait avec lui, lui trainait dans les pattes toute la journée ... Andrew ne pouvait pas en faire de même, Lou avait gentiment repoussé sa proposition d'habiter chez lui. Ses arguments furent rationnels, certes, mais Andrew ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer ce que ça faisait, de vivre avec quelqu'un. Il ne pouvait même pas dire qu'il vivait avec sa soeur, lui, elle n'était jamais là ! Non, le pauvre Andrew vivait seul comme un malheureux. « Mais ce n'est pas trop embêtant de vivre avec lui ? je veux dire, il n'y a pas des moments où tu aurais besoin d'avoir ton espace à toi, seule, ton petit jardin secret ? Ça doit devenir étouffant, parfois. » Bien sûr, Andrew espérait qu'elle lui réponde par l'affirmative, qu'elle le rassure sans le savoir, car cela signifierait que Lou ne lui avait pas raconté de salades.

Il but une gorgée de café. C'était étrange, il ne se souvenait pas avoir croisé Milo, à la fac. Certes, l'établissement était grand, mais Andrew passait quand même plus de temps dans les couloirs que dans les salles de cours. Et pourtant il avait eu sa première année, oui. Du bol ... ajoutée à la peur de son père, qui lui aurait passé un savon monumental si Andrew n'était pas passé en deuxième année. « Archi ? la classe, je viendrai le voir pour qu'il dessine ma maison plus tard ! » C'était une remarque idiote, mais tellement digne d'Andrew. En plus, ça lui permettrait de connaître un peu plus ce Milo dont Cece lui vantait les mérites. A l'écouter, il était une véritable star, un chef d'oeuvre, une lumière ... Sans savoir pourquoi, Andrew avait l'impression qu'il serait déçu, s'il apprenait à connaître le jeune homme un peu plus. « Morte heureuse ? Mais en quoi mourir à 23 ans est une mort heureuse ? » Sur le coup, Andrew ne la comprenait pas, vraiment pas. Lui voulait mourir vieux, avoir traversé le monde, avoir tout fait ... Pas mourir à 20 ans sans gosses ni diplômes.

La bouche de Cécilia s’articula d’un oh d’étonnement. Bah non pourquoi ? C’était génial au contraire ! Quand on aime, on ne compte pas non ? Alors elle ne comptait pas le temps passer ensemble. Ca lui ferait peut etre peur d’ailleurs : Oui, elle aimait Milo mais vivre dans une petite routine comme un vieux couple lui faisait peut etre penser qu’ils étaient allés trop vite. Ils étaient coloc a la base, puis se sont mis en couple, en restant sous le meme toit. Quand il y avait des dispites – car oui ca arrivait – ils ne pouvaient pas se faire la gueule pendant des jours sans que la tension fut intenable et que l’ambiance de la maison en souffre. Car il y avait aussi Renata avec eux. Cécilia la considérait comme une petite soeur, comme une amie, et ne voulait pas qu’elle soit au milieu leur histoires de couple. Oui, parfois Cécilia pensait qu’elle aurait peut etre du changer d’appart quand ils sont sortis ensemble, ca aurait eviter certains trucs et mais maintenant c’etait trop tard ! Et avec le temps, elle pensait que c’était mieux ainsi. Ca donnait une vraie dimension a son couple.

CECILIA ▬ Non pas vraiment, j’aime passer du temps avec lui. Et puis tu sais la maison est grande, on est pas toujours dans la même pièce, à coté l’un de l’autre. Il va voir ses amis, moi les miens mais le soir on se retrouve toujours dans le même lit pour se dire bonne nuit.

Elle sourit doucement. Le bonheur parfois semble si simple. Pendant qu’elle expliququait à Andrew qu’est ce que ca faisait de vivre avec son amoureux, Cécilia se rendit compte que ca avait tous les avantages d’une coloc – elle n’était jamais seule, les frais étaient divisés, chacun son tour de faire le ménages – et en plus elle pouvait voir son copain quand elle voulait et coucher avec lui tous les soirs si ca lui chantait. Elle mettait de côté les désaventages pour ne pas decourager Andrew – disputes plus recurentes vu qu’on doit toujours supporter l’autre, on se ferme aux autres a force d’etre a 1 ... – peut etre allait il franchir bientot ce cap avec Lou ! Sans savoir qu’il avait deja essayé.

Cécilia sourit à la remarque d’Andrew. La classe, architecture quand même elle devait l’avouer. Elle enviait beaucoup Milo de faire des études si prestigieuse qui allait lui assurer un bon train de vie. Mais parfois, elle se sentait un peu stupide au milieu de tous les potes archi de Milo lors de ses soirées, elle se sentait si ignorante ! D’ailleurs, la meilleure amie de ce dernier, Naya Freeman, elle aussi fraichement inscrite dans le cursus d’architecture, le lui faisait bien ressentir. Elle ne savait pas pourquoi, cette fille avait une dent contre elle. C’est dommage, elles auraient pu etre bonnes amies !

CECILIA ▬ ] Bah j’aurais pris l’avion pour la 1e fois, je n’aurais pas été une ignorante imbécile. J’aurais au moins fait un voyage.

Cécilia haussa les épaules. Ca pouvait paraitre stupide, mais ça lui importait. Et puis elle n’allait pas le dire à haute voix encore une fois. Cécilia se sentait tellement en retard parfois ! Elle n’avait jamais pris l’avion, son premier baiser elle ne l’a eu qu’au lycée, son premier verre a la fac, son premier vélo a 4 roues a 10 ans, apprit a nager au collège ... Cécilia ne voulait plus être cette petite fille de la cambrousse !

Pouvoir se dire bonne nuit chaque soir, Andrew était conquis, elle n'avait pas à en dire plus. Lui qui avait essuyé un refus de sa petite amie jalousait forcément un peu la relation de Cécilia et Milo. Mais il se rassura en se disant qu'ils étaient trop jeunes, ils allaient finir par se lasser, ils avaient emménagé ensemble trop tôt. Certes, au début ils n'étaient que collocs, mais même. Cécilia avait quitté son bled paumé pour s'installer avec celui qui devint rapidement son petit ami, elle n'avait pas connu l'indépendance, le trajet normal. « T'es en train de me dire que ça ne t'es jamais arrivé de regretter de vivre déjà avec lui ? Pas une seule fois ? » Andrew n'était pas dupe, il affichait un regard interrogateur et ne pouvait honnêtement pas la croire. Elle était gentille hein, mais elle ne pouvait pas vivre dans le parfait bonheur H24, ce n'était pas juste. Tout le monde a son lot de malheur, et il espérait bien découvrir celui de Cécilia. Il s'en voulait un peu de l'interroger de la sorte, pourtant il ne posait pas de telles questions par curiosité maladive ou mal placée. Il voulait simplement amener Cece à se confier à lui, naturellement, comme le feraient deux amis. Après tout, c'est ainsi que se tissent les amitiés, on commence par parler de tout de rien, mais petit à petit on en raconte un peu plus, et encore un peu plus, et on finit par raconter sa vie sans vraiment s'en rendre compte. Andrew était peut-être brusque dans sa façon de parler, mais son ton ne supposait aucune méchanceté, aucune moquerie. Il espérait juste que Cece ne le prenne pas mal, ne lui suppose pas de mauvaises intentions erronées.

Une amitié, c'était aussi être en désaccord parfois. Andrew ne partageait pas du tout l'avis de Cécilia. Pour lui, faire un voyage ne changeait pas une vie, et mourir dans un accident de transport était une mort bien idiote, surtout dans ce monde supposé invincible. « Mais tu as bien d'autres projets d'avenir, que simplement prendre l'avion, non ? Je suis sûr que tu as envie de fonder une famille, non ? » Avec une autre personne, aborder un tel sujet aurait été bizarre, comme une faute de goût. Mais avec miss Cécilia-j'aime-mon-Milo-plus-que-tout-au-monde-et-pour-toujours, c'était comme une suite logique. Comme Lou et lui.

Andrew avait posé la question qu’ellene voulait pas entendre : est ce qu’elle regrettait. Sa réponse toute faite était de crier non, que ca leur avait permis de se rapprocher beaucoup plus vite, pour être un vrai couple rapidement qui connaissait tout de son partenaire. Si c’est pas beau l’amour ! Mais il n’avait pas tort d’un côté. Certes elle avait vécu seule à Boston et entre nous c’était une horrible expérience. Etre seule sans argent dans un 10 metre carré. En vivant avec Milo, elle n’avait plus ce probleme. Le loyer, elle ne me payait plus depuis longtemps depuis qu’elle sétait mis les parents Branderson dans la poche. Elle ne connaissait plus la solitude et Milo lui avait présenté tous ses amis même si la plupart la prenait pour une abrutie. Elle n’allait pas jusqu’á dire qu’elle vivait à ses crochets parce qu’elle travaillait quand même pour vivre, mais cohabiter avec son petit ami lui a éviter quelques galéres. Mais au final, Cécilia préféra lui présenter le tableau rose.

CECILIA ▬ Bah … disons que non pas vraiment. Enfin si après qu’on se soit engueulé mais je le pensais pas vraiment. Tu vois, chaque dispute que j’ai eu m’a fait évoluer même pour un truc con. Il y a la routine qui s’installe mais on essaie de tout faire pour la briser. Et puis tu m’aurais vu déménager parce que justement je sortais avec mon proprio ?

Certes, mourir dans un avion n’est pas très glorieux mais il y a pire. On peut mourir écraser par une meule de fromage, on peut tomber dans un trou parce qu’on regarde pas où on met les pieds, congelé en etant resté sans manteau trop longtemps dans le Ice Bar. Bref, pour elle mourir dans un avion était plus exotique que d’etre renversé par une voiture.

CECILIA ▬ Bah oui bien sur. J’aimerais bien reprendre mes études un jour, devenir une bonne patissière, faire une croisiére dans la Méditerranée et tout et tout. Mais prendre l’avion était sur ma top liste des priorités.

Cécilia avait soigneusement éviter la question de la famille et des enfants. C’était un sujet qui la mettait très mal á l’aise surtout ces derniers temps. Si elle en voulait ? Oui surement probablement, c’était à voir dans les années à venir. Mais si on lui mettait un bébé tout de suite dans les bras ? Elle n’avait que 23 ans mais avec ses petits freres et soeurs elle avait déja l’expérience d’une maman de 38 ans.

A vrai dire, Andrew ne savait pas quoi lui répondre. Une chose l'avait frappé dans sa jolie tirade théâtrale, c'était que Cécilia avait précisé se remettre en question après les disputes. Et Milo ? A chaque fois Cece se victimisait, et Andrew commençait à se demander si Milo n'était pas une clé du problème. Mais ils n'étaient pas encore assez proches pour l'aborder, la jeune fille risquait de se braquer, de l'envoyer bouler. Or Andrew voulait l'aider, il se tut donc, à regret. Sa curiosité mourrait d'envie de prendre le dessus, et de lui demander si Milo aussi, se remettait en question, ou si c'était toujours elle qui était en tort. C'était fou, cela faisait penser aux propos machos que tenaient parfois son ancien professeur, Lorenzo, selon qui l'homme est comme le client, il a toujours raison. Et s'il a tort, se référer à la règle précédente.

« Je compatis, j'aurais grave la flemme de déménager moi » Il fut surpris d'avoir sorti ça, sans vraiment réfléchir. Il faisait toujours attention à garder pour lui le fait qu'il restait un flemmard et qu'il aimait bien sa petite vie installée qu'il avait actuellement. Il ne voulait surtout pas que Lou le sache, car il n'avait pas oublié qu'elle avait lâché Christian pour sa flemmardise. Certes Andrew faisait des efforts, mais elle n'apprécierait sûrement pas de savoir qu'il n'avait pas envie de bouger. Après tout, Lou criait haut et fort qu'elle voulait s'envoler du quartier. Il espéra donc sincèrement que, par mauvais hasard, Cece glisse cette information dans une autre conversation, qui arriverait ensuite aux oreilles de Lou. La meilleure chose à faire était de changer de sujet. Or Cecilia venait de lui en offrir un parfait.

« La pâtisserie, sérieux, vraiment ? Mais je kiffe aussi ! J'adore faire des gâteaux, des cupcakes, des scones, des muffins, des macarons ... j'ai trop un bec sucré. » Il sourit tout seul en prononçant cette dernière phrase, c'était sa soeur qui disait toujours ça, quand il zappait le repas pour ne manger que des desserts. « Cécilia franchement reprends tes études. Maintenant que je sais ça je te jure que je ne te lâcherai pas ! » Il la regardé d'un air décidé, et l'enviait intérieurement. Des études de cuisine, il en avait tellement rêvé.

Cécilia ne savait pas si Andrew avait tout gobé mais dans son point de vue, ca semblait cohérent. Rose mais après tout il y a des couples pour qui tout roule for ever ! La force de Milo et Cécilia, c’est qu’ils étaient différents et donc complémentaire. Non, Cécilia n’avait pas remarqué qu’elle n’avait pas du tout blamer Milo, qu’elle n’avait encore rien dit sur lui. Elle devait être trop habituée a lui jeter des fleurs pour s’en rendre compte. Pourtant ca lui arrivait, de se plaindre de Milo. Elle appellait toujours sa meilleure amie pour ca, ou sa confidente Scarlett mais dans son souvenir, et même pas besoin de souvenir pour affirmer que non, elle n’avait jamais reproché quelque chose à Milo en face. Elle se plaignait toujours dans son dos et faisait ca globalement avec tout le monde. Trop peur de dire ce qu’elle pense la petite ?

CECILIA ▬ Mais bon dans ton cas, peut etre que cq serait Lou qui viendra vivre avec toi ?

N’empêche, si c’était pour bientot, elles les trouvaient un peu jeune. Ca faisait pas si longtemps qu’ils étaient ensemble après tout et ils étaient même pas encore majeur. Et comment ils subviendraient à leurs besoins ? Aucun des deux n’arreteraient ses études et c’était bien trop facile de demander à papa maman. Bref, meme si elle pensait tout ca, jamais elle ne dirait à Andrew que c’est une bonne idée et l’encourage plutot en souriant.
Il restait encore à virer Juliet mais cétait deja plus facile que de virer tous les Huntington ou même chercher un nouveau chez soi. Ou alors, faire comme elle faisait, vivre avec la soeur de son compagnon. Elle avait de la chance, Montaine n’était pas un problème et était une fille facile dans tous les sens du terme.

Quand Andrew parla de reprendre ses études, le visage de Cece se ferma un peu. Plus facile à dire qu’à faire ! Elle n’avait aucun soutien financier et on sait tous que les études en Amérique coutaient la peau du cul, et soudainement Cécilia en voulu à Andrew d’avoir sugerré une idée aussi stupide. Est-ce qu’elle avait l’envie de le faire ? Oh que oui : Est-ce qu’elle avait les moyens ? Oh que non. Elle savait qu’il ne l’avait pas exprès et qu’elle ne devait pas le prendre un peu mais c’était encore un autre moyen de se sentir rabaissée. La pauvre petite miséreuse qui ne peut pas mettre 15 000$ par an pour se payer l’université, même celle de l’Etat.

CECILIA ▬ Oui mais je sais pas. Je suis bien à l’hotel, et puis il y a peut etre des perspectives d’évolution interne, on sait jamais.

Non, elle n’allait pas parler d’argent avec Andrew. Elle était toujours très gêneé, et pourtant ca faisait deja 2 ans qu’elle viviat dans ce quartier où les familles ètaient les plus riches les unes que les autres. Qui pouvait se permettre d’héberger, nourir, blanchir la petite amie de son fils, tout en subvenant aux besoins de ses deux enfants, en payant leurs études tout en faisant le tour du monde dans les plus grands palaces ? Les Branderson.

Lou qui viendrait vivre avec lui ? Pas chez les Davies en tout cas. Mademoiselle était exigeante, elle voulait leur propre maison, à eux, pas une maison où le parfum entêtant de Juliet resterait dans l'air de nombreuses années. Andrew ne pouvait pas lui reprocher, cette envie était légitime, imaginer leur propre maison, la couleur de la palissade, la taille du jardin, le nombre de fenêtres ... Tant de choses faisant partie de la magie de la vie en couple. Tant de choses auxquelles Cécilia n'avait pas eu droit, en y réfléchissant bien. « Je crois que nous choisirons à deux une maison nouvelle où nous emménagerons à deux. Pour la choisir ensemble, tu comprends, pour avoir la maison de nos rêves » Il marqua une pause, hésitant à aller jusqu'au bout de sa pensée. « D'ailleurs, tu n'as pas pu toi, avoir la maison de tes rêves ... » Après tout, elle avait emménagé en collocation, une phase censée être transitoire, et elle se retrouvait désormais engagée pour une durée indéterminée. Intérieurement, Andrew lui souhaitait de ne pas finir sa vie à Magnolia, et surtout de pouvoir choisir sa maison à l'image de celle dont elle rêvait étant petite.

Comme Cece ne lui répondit pas du tac au tac, il se demanda alors s'il n'était pas allé trop loin. Il voulait lui montrer petit à petit que les petits arbustes masculins peuvent aussi devenir de grands arbres, même pour une fille. Au début, quand il l'avait rencontré, il s'était tout de suite demandé si ce n'était pas Milo, qui l'empêchait d'avoir des amis du sexe opposé. Et elle, en petite amie sage et dévouée, elle obéissait bien sagement aux exigences de son amoureux, dont elle était éprise. Heureusement, elle finit par répondre, Andrew fut soulagé.

Il en profita pour croquer dans une de ses tartines ... Mais faillit bien s'étouffer la seconde suivante. Des perspectives d'évolution à l'hôtel ? Quelle ambition professionnelle dis donc, Andrew était sincèrement impressionné. Elle espérait devenir quoi ? Responsable de la blancheur des serviettes de toilette ? Chef des femmes de ménage ? Directrice du service matériel de bureau ? Non mais oh. « T'as pas envie de te bouger un peu, de te prouver que tu peux y arriver ? Le confort c'est bien, mais réussir c'est mieux ... Et l'hôtel quoi, il y a mieux comme truc où passer sa vie ! » Oui, c'était mal placé venant de M. je vais reprendre la boîte de papa, mais chut.

Andrew en parlait comme s'ils avaient deja le projet en tête. A 20 ans ! Cecilia ne pensait jamais vivre dans une maison aussi grande que celle des Branderson si elle n'avait pas été en couple avec Milo. Deja lorsqu'elle avait emmenagé dans le quartier, elle avait cru halluciner. Ou est-ce qu'elle était tombée ?? Des dizaines de luxueux pavillon a perte de vue dont la sienne a 2 étages, jardin, charmante comme tout. Cécilia ne s'attendait pas à ca. Quand elle avait vu l'annonce, elle n'avait vu que les photos d'une chambre et d'une salle de bain et ca lui semblait si bien mais maintenant qu'elle voyait la salle commune, la cuisine, waouh ! Andrew pouvait dire ce qu'il voulait, c'était la maison de ses reves. Elle, venant d'une toute petite bourgade avec une modeste maison, le pavillon des Branderson était comme un palais royal à ses yeux.

CECILIA ? Mais c'est la maison de mes rêves !

Parler de maison et d'avenir si jeune l'étonnait. Jamais elle n'aurait pensé que des couples de nos jours envisageaient leur relation si loin. Apres tout, on est dans l'ere du jetable. Avant de sortir avec Milo, elle n'avait jamais eu une relation assez sérieuse pour envisager l'avenir avec. Parfois, même avec Milo quand ils abordaient vaguement le sujet ensemble, elle était prise de panique. Certes elle étiat folle de lui mais parler avenir l'effrayait. Paradoxal. Elle viviait sa vie au jour le jour, heureuse de passer un jour supplémentaire au coté de son amoureux. C'est aussi pourquoi elle ne se faisait pas pour son avenir, elle rebondirait toujours sur ses pattes. Contrairement a ce que pensait Andrew, l'hotel lui convenait bien. Andrew voulait vivre sa vie trop vite, mais peu importe ce n'était pas ses oignons et continua dans la voie "Planifions ma vie commune avec l'ADMV"

CECILIA ? Tu penses que ce sera pour bientot ?

Contrairement à ce que pensait Andrew, Milo ne lui interdisait rien du tout, cétait elle qui s'était fixée ces règles. Au contraire, son petit ami la poussait a voir des personnes differentes, d'horizons divers. Lui même avait des amis tres differents, et aussi bien des filles que des garcons. L'entourage de Cécilia était quand a lui presqu'exclusivement féminin. Andrew devait ëtre un de ses rares potes garcons, ce que ne comprenait pas toujours Milo. Elle avait essayer de lui expliquer mais il a lui aussi trouvé ca WTF mais mignon d'un coté. Ainsi, il n'avait pas á s'en faire quant a la fidélité de sa belle.

CECILIA ? Hum, pour réussir il faut avoir les moyens

Cécilia plongea son regard au fond de sa tasse de café pour ne pas avoir à regarder Andrew. Elle espérait qu'il comprenait que ce sujet la mette mal à l'aise et qu'elle aurait voulu qu'ils parlent d'autre chose. Le merveilleux, le rêve, pas la triste réalité de sa pauvre situation.

Andrew ne pouvait pas croire que la la maison de ses rêves consistait en un pavillon d'une banlieue résidentielle, pas à 20 ans. Et l'excitation de la vie en appartement en ville, là où ça bouge pour de vrai ? Il ne pouvait pas croire qu'elle rêvait déjà d'une vie posée. Oui, Andrew aussi imaginait la maison de ses rêves, mais il ne se voyait pas y emménager demain. « Chacun ses rêves après tout ... » Il n'osait plus vraiment continuer ce sujet avec Cécilia, il commençait vraiment à se demander si elle racontait toute la version de l'histoire, ou si elle ne gardait pas quelques éléments pour elle. Ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde, certes, mais ce n'était pas ainsi qu'ils le deviendraient. Peut-être ne voulait-elle pas faire d'efforts, elle. Mais Andrew ne s'avouait pas vaincu pour autant. « Je ne pense pas qu'on s'installera dans une banlieue comme Magnolia, pas tout de suite en tout cas. On a 20 ans, il y a encore des trucs à vivre avant la vie de famille, non ? » Pour tout dire, Andrew avait hésité à proposer à Lou de prendre un appart, à deux, dans le centre. Au moins, ils s'éloigneraient de tous ces voisins à qui ils ne parlaient plus mais qu'ils croisaient tous les jours. Et puis, ils auraient vraiment eu l'impression d'être des étudiants. Seulement Andrew ne voulait pas vraiment laisser sa soeur. Il savait que s'il partait, il risquait de la retrouver très prochainement en cloque et avec O'Conell en guise de nouveau nom de famille. Or, pour le moment, Adrian ne la méritait toujours pas ... Et il réalisa alors que, malgré ses efforts, il n'était pas prêt pour parler de sa soeur avec Cece. Peut-être avait-elle raison, alors. Peut-être y a-t-il certains sujets qu'un garçon et une fille ne peuvent pas aborder. Ou alors peut-être était-ce tout simplement trop tôt pour lui, il n'arrivait pas à se décider ...

Cece, en tout cas, considéra que ses problèmes apparemment financiers ne concernaient pas le jeune homme. Cependant, il n'était pas dupe. Des études de cuisine, ce n'était pas Harvard non plus. En plus, elle avait les moyens de vivre à MC, elle n'habitait pas non plus un bidonville pourri au fin fond du Brésil. Pourtant, elle décida de clore ce sujet ce qui, au font, déçut un peu le jeune homme. Est-ce qu'il commençait à s'avouer vaincu ? Peut-être un petit peu. « Ah d'accord ... » Il choisit ce moment pour appeler la serveuse et lui demander l'addition. Après tout, ils avaient fini leurs tartines et leurs tasses de café. En plus, Cécilia ne semblait pas disposée à être bavarde plus longtemps. Andrew commençait donc à croire qu'il avait échoué ...

Cécilia ne voyait pas pourquoi Andrew insistait tant. Ils étaient deux personnes différentes. Deux caractères différents, donc deux gouts différents. Elle aimait le calme, la tranquillité, tout ce que Magnolia lui apportait. Pourquoi se coincer dans un petit appartement alors qu’elle peut avoir une maison avec un jardin ? Andrew et Cécilia avaient totalement des visions différentes. Tout le monde la jugeait mature, et parfois un peu trop. Parfois, elle sentait un fossé énorme entre Milo qui avait encore 17 ans dans sa tête, et le sérieux de Cécilia qui se sentait parfois comme la maitresse de maison et non sa petite amie qui a seulement un an de plus qu’elle.

CECILIA ▬ Tu sais Andrew, ce n’est peut-être pas ma propre maison, mais je suis encore jeune pour avoir ma maison à moi. Ca me changera totalement d’Appleton, et je crois que c’est ce que je cherche en premier. Tu aurais vu la petite maisonnette que j’avais ! Elle n’avait pas d’étage et le jardin consistait à la pauvre bande d’herbe autour de la maison qui la séparait de la maison voisine.

Elle avait déjà vécu la vie en appartement et ça ne lui convenait pas. Elle était un peu effrayée par la ville maintenant. Elle était passée de trou perdu à grande ville. Le changement était trop brusque, et Magnolia était une bonne combinaison des deux. Peut-etre que pour Andrew, qui lui avait passé son enfance ici, il voulait absolument partir. Après tout, elle avait absolument voulu quitter Appleton.


CECILIA ▬ Peut-être pas Magnolia, mais New-York ou Philadelphie, une ville qui bougent pour deux étudiants comme vous ! Et puis la vie de famille, c’est un grand mot, vous allez juste vivre ensemble. Et puis je pense que vous voulez vous éloigner de votre famille pour pouvoir vivre votre vie.

Cécilia pensait que c’était une bonne expérience à vivre. Au pire, si ça marchait pas, ils pleureraient beaucoup chacun de leurs côtés, et reprendraient leur vie. Mais au moins, ils auraient vécu cette expérience. S’ils étaient fait pour être ensemble, que ce soit maintenant ou dans 2 ans, c’était kiff kiff. Il pensait que c’était trop tot, mais parfois il faut se lancer dans la vie ! Comme pour son couple à elle.

Bref, le sujet était clos, il valait mieux trouver un autre. Elle baissa la tête et regarda leur table : tasse vide et assiettes vides. Andrew appela la serveuse, mais Cécilia demanda avant qu’il ne puisse parler une nouvelle tasse de café. Elle n’était pas prête à partir pour l’instant, sauf si Andrew était pressé.

CECILIA ▬ Qu’est-ce que tu as prévu aujourd’hui ?

L'une des grosses différences entre Cecilia et Andrew, et il l'oubliait parfois, c'était Appletown. Exception faite de Londres, Andrew avait toujours vécu ici, il pouvait mettre un nom sur chaque maison, une adresse sur chaque visage. Il n'y avait plus rien d'excitant, même quand une nouvelle famille pointait le bout de son nez. Au final, les nouveaux arrivants ressemblaient toujours beaucoup aux anciens, beaucoup trop. Il ne pouvait pas la comprendre, mais il comprenait maintenant leur différence de point de vue. A Londres, il était resté au centre tout le temps, dans une chambre toute blanche dont il ne pouvait pas sortir. Certes, au début, en grand rebelle qu'il était, il avait fait le mur. Mais il n'avait pas l'impression d'avoir vécu là bas. Même quand il fut rétabli, qu'il put de nouveau se promener dans les rues, voir des amies, il retournait toujours chaque soir dans cette chambre qui n'était pas la sienne, trop impersonnelle. Il n'avait pas l'impression d'avoir vécu à Londres, plutôt d'y avoir séjourné, comme à l'hôtel. Sauf que ce séjour n'avait rien eu d'une promenade de santé. Cece était elle au courant, d'ailleurs, pour Londres et son addiction ? Tout le monde le découvrit quand il fit une rechute au bal de promo l'année dernière, mais Andrew ne connaissait pas exactement la date d'arrivée de Cece. En plus, contrairement à d'autres potins, celui-ci retomba vite dans l'oubli. Peut-être parce qu'il fut vite désuet, qu'aucune rumeur ne venait l'actualiser. Andrew n'avait effectivement pas bu une goutte d'alcool depuis un an maintenant. Il était retourné au centre après sa rechute, durant l'été, et était revenu à Magnolia début octobre, pour sa rentrée. Quand il cocha le 365e jour sur le calendrier, il eut envie de sauter de joie. Il demanda à Juliet s'ils pouvaient fêter l'occasion, et elle accepta avec plaisir. Il n'en parla à personne d'autres. Pour son entourage, son alcoolisme était synonyme de mauvais souvenirs. « Tu me montreras des photos un jour j'espère ? » Andrew enviait Cécilia et son passé. Une petite maison avec un petit jardin était mieux que des comas éthyliques et des réveils aux urgences. Cependant, il ne réussit pas à aborder le sujet avec Cece. Plus tard, peut-être. Après tout, à force de lui dire que l'amitié filles garçons n'existait pas, il hésitait sur les sujets à aborder avec elle.

La famille, par contre, était dans les cordes. Il était d'ordre public que Andrew ne s'entendait pas avec ses parents jamais présents. Il pourrait déménager pour s'éloigner d'eux ... Mais eux n'étaient jamais là. Andrew n'avait pas l'impression de vivre avec ses parents. Ils étaient juste deux étrangers qui passaient parfois en coup de vent pour rappeler qu'ils existent avec des engueulades et des cris. « Je suis déjà éloigné de ma famille, mes parents ne sont jamais là ! » Mais s'évader avec Lou était-ce pour autant à exclure ? Andrew hésitait, il connaissait cependant le point de vue de Lou : plus tard. Il avait accepté son choix, même s'il était déçu. Depuis, il y avait repensé, pesé les pour et les contre ... Il avait surtout cherché les contre, afin de faire passer la pilule et ne plus être si dégoûté par le refus. « Je me dis que si on emménage dans une nouvelle ville à deux, on va surtout rester ensemble et ne pas rencontrer beaucoup d'autres personnes. Raaaah c'est trop prise de tête. De toute façon Lou est contre pour l'instant » Lou qu'il devait d'ailleurs voir ce soir, puisqu'elle posait la question. Sa petite amie faisait du shopping avec Zoé. Elle lui avait précisé que leur après-midi prendrait du temps et qu'elle le préviendrait quand elle serait chez elle. Alors, Andrew ne dit pas non à une nouvelle tasse de café. Un cappuccino cette fois. Il avait toute sa journée devant lui. « Ce soir je vois Lou, mais sinon rien de spécial. J'ai perdu de vue beaucoup d'amis et mes journées se sont retrouvées un peu ... vides. » Christian, Harry, Lukas, Elisabeth ... Tant de noms qui évoquaient désormais la poussière du passé. Ils ne faisaient plus partie de son présent, malheureusement. Andrew aurait pu les remplacer, mais sa relation avec Lou, en plus de lui faire perdre quelques amis, lui avait aussi apporté son lot d'ennemis. « Et toi alors ? »