Scarlett était en train de faire un rêve étrange. Elle courait à pieds nus sur l’herbe, poursuivie par une personne dont elle ne voyait pas le visage. Elle sentait un sentiment oppressant monter un elle – ne pas se faire rattraper. Et puis, une voix douce brisa le silence de la course. Elle put mettre un visage sur son poursuivant – Carl. La jeune femme ouvrit brusquement les yeux lorsqu’elle croisa le regard taquin de son frère. La réalité avait rattrapé le rêve… Et Carl aussi l’avait attrapée. Elle sentait tout le poids de son corps sur ses jambes. « Noooon ! T’as vu l’heure ? Laisse-moi tranquille ! ». Dit-elle d’une petite voix encore enrouée par le sommeil. Elle s’enfonça un peu plus sous ses couvertures sachant très bien que c’était peine perdue. Quand son frère avait décidé de l’ennuyer, il ne lâchait jamais le morceau. Comme elle ne lui répondait plus, elle sentit qu’il la chatouillait un peu. Scarlett rigola malgré elle se tordant le corps. « Carl laisse-moi dormir ». Répéta-t-elle inutilement. Voyant bien que sa sœur ne sortirait pas de son lit de sitôt, le jeune homme ouvrit les tentures pour laisser entrer la lumière qui éblouit les yeux de la jeune femme. Il profita de son moment d’inattention pour lui arracher la couverture de son lit. Elle le fusilla du regard, mais il la devança en expliquant la raison de son geste. Il voulait passer la journée avec elle à Philadelphie et en plus il avait le culot de lui donner un délai riquiqui pour se préparer. Et pourquoi il ne le lui avait pas dit plus tôt bon sang ? Elle serait allée dormir bien plus tôt la veille plutôt que d’avoir ce réveil d’enfer ; sur le moment, elle le détestait et n’avait nullement envie d’aller où que ce soit avec lui. « C’est ça. T’iras tout seul, maintenant sors de ma chambre. ». Râla-t-elle en lui lançant un coussin pour qu’il déguerpisse de là. Il l’appela par son nouveau surnom fétiche et sortit enfin de sa chambre. Scarlett lui tira la langue et sortit de son lit –à quoi bon se rendormir sans sa couverture. Son frère avait voulu prendre le risque de la réveiller ? Très bien. Il allait devoir en subir les conséquences toute la journée. La jeune femme fila sous la douche, l’eau chaude réchauffant son corps gelé. Mieux réveillée, elle se prépara vite fait. Elle enfila un jeans et une blouse foncée pour passer une journée décontractée et sortit enfin de sa chambre. Elle fila à pas de loups dans celle de son frère et passa la tête à l’intérieur. Il n’y était pas. Parfait. Elle arracha la couverture de son lit et s’enroula dedans. Elle descendit ensuite rapidement pour un passage éclair dans la cuisine. Elle avala un café et attrapa un croissant qu’elle mangerait en cours de route. La demi-heure était presque achevée et elle voulait être dans la voiture avant son frère. Ses parents qui déjeunaient la dévisagèrent bizarrement. Si depuis longtemps déjà, ils avaient cessé d’essayer de comprendre leurs enfants, ceux-ci parvenaient parfois encore à les surprendre – Que faisait Scarlett emmitouflée dans la couverture de son frère ? « On va à Philadelphie. ». Leur expliqua-t-elle en souriant. Elle prit son sac à main et sortit ensuite de la maison pour s’installer dans la voiture de son frangin. Il était moins une lorsqu’elle se cala sur le siège passager, mimant qu’elle dormait déjà dans sa voiture. Elle entendit alors la porte claquer à côté d’elle. Scarlett sourit lorsqu’elle constata le visage surpris de son frère qui la retrouvait dans sa voiture avant lui. « Tu en as mis du temps. ». Lui dit-elle pour le taquiner. « Quoi ? Tu ne croyais quand même pas que j’allais conduire, Carlichou. » Elle savait qu’il détestait quand il l’appelait comme ça. Elle attendit qu’il remarque ensuite qu’elle était dans sa propre couverture. « Avec le délai que tu m’as donné, je n’ai pas eu le temps de m’habiller. ». Expliqua-t-elle en faisant semblant de s’excuser. Elle lui faisait croire qu’elle était toujours en pyjama en dessous. Hors de question qu’il essaie de vérifier. « Et puis, j’ai besoin de récupérer les heures de sommeil que tu m’as volée. ». Ajouta-t-elle d’une moue boudeuse. Elle alluma la radio et retourna sa tête vers la vitre. Elle comptait bien dormir pendant le trajet. Il avait voulu la tirer de son lit soit. A lui d’assumer et de la supporter avec ses humeurs. Elle ne put s’empêcher d’esquisser l’ombre d’un sourire pour elle-même – si son frère la connaissait bien, il saurait qu’elle aimait le taquiner et le faire enrager tout autant que lui avec elle.