there's just one life to live
and there's no time to wait, to waste

toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } Je m'étais levée ce matin là en n'ayant pas l'esprit tranquille. La veille, j'étais partie me coucher sans avoir eu de réponse à mon texto. Clyde me faisait souvent ce coup là, j'étais habituée et à chaque fois c'était toujours le même refrain : j'avais cette boule au ventre... cette peur qu'il lui soit arriver quelque chose. Puis j'allais dans sa chambre et il était là. Le plus souvent. Depuis quelques temps j'essayais de veiller sur lui, du moins d'être plus présente. Surtout depuis l'épisode des Hamilton... jusqu'à maintenant je recevais des regards de travers, ceux qui voulaient explicitement dire "regardes ton fils, tu es une mauvaise mère". Je détestais ce regard, je détestais les gens qui avaient ce regard. Ils ne connaissaient pas notre vie et ils se permettaient d'avoir de tels jugements. Oui mon fils était la terreur du quartier, mais cela voulait-il dire pour autant dire que je n'étais pas une bonne mère ? Je me battais assez tous les jours pour que mon fils ai un endroit où logé, un frigo plein... à ce titre je ne croyais pas mériter ce statut. On était peut-être pas la petite famille parfaite que l'on voyait sur ces cadres photos, et de loin la famille la plus riche du quartier mais au moins on s'acceptait tel qu'on était et on le vivait bien. Enfin tout du moins, on essayait. On ne pouvait pas tout avoir dans la vie, on avait pas de grosses bagnoles, ni de maisons à étages, mais on faisait avec. On avait toujours fait avec.

Je me levais donc et passais par la chambre de mon fils pour vérifier qu'il était bien rentrer. Je fus soulager de constater que c'était le cas, j'allais dans la salle de bain où je me fis couler un bain. C'était enfin le week end, j'avais bien mérité ça. Après m'être préparée je descendais pour faire le petit déjeuner, puis une idée me vint en tête. J'aimais faire plaisir aux gens que j'aimais et aujourd'hui ma bonne action aura pour nom Daren King. Cela faisait un moment que nous étions amis, malgré nos difficultés de départ. Par difficulté j'entendais bien : sa défunte femme. Alicia et moi ne nous étions jamais entendus, c'est pourquoi je n'avais jamais pris le temps d'approcher son mari. Je préférais éviter cette famille pour tout dire. Après son décès, il s'était passé des tas de choses, des choses qui m'avaient amené à lui parler. Je me suis prise d'affection pour lui, et faisais de mon mieux pour lui redonner le sourire car même si son ex femme et moi n'étions pas les meilleures amies du monde je n'aimais pas voir les gens malheureux. J'avais conscience que cela n'avait pas dû être facile à vivre pour lui et sa petite famille, surtout quand on savait que le tueur courait toujours dans les rues. Alors, j'essayais de lui faire sortir la tête de l'eau en lui rendant des visites, en passant du temps avec lui. Et ce matin là j'avais envie de lui faire plaisir alors je m'attelais à préparer des muffins que je rangeais dans un petit panier pour Monsieur. J'en laissais quelques uns pour Clyde quand il se réveillerait et je m'en allais sonner au numéro 1. J'attendais patiemment qu'il vienne m'ouvrir et quand ce fut le cas je m'armais de mon plus grand sourire « Bonjour Daren, j'espère que je ne te dérange pas ? » Je n'avais pas vraiment vérifier l'heure et j'étais ce qu'on pouvait appeler une lève tôt. Cependant la préparation des muffins m'avais pris un peu de temps alors j'espérais que ça avait été suffisant pour qu'il ai eu le temps de se réveiller tranquillement.

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } La porte s'ouvrit et je vis Daren, il avait l'air en forme alors ça me mettais moi aussi de bonne humeur. « Oui bien sûr, avec plaisir. » Un café ne serait pas de refus, surtout pour une grande consommatrice comme moi. J'étais vraiment accro à la caféine en y repensant, c'était ce qui me faisais tenir debout. Avec le boulot et les soucis personnels, mon corps et mon moral tenaient de moins en moins le coup. Je n'avais plus 20 ans, mais je n'avais pas 60 ballets non plus alors je n'avais pas de raison d'être aussi fatiguée. Du coup, je me dopais aux vitamines et au café, leur effets étaient flagrants.
Je passais le pied de la porte pour rentrer dans sa demeure. Je le suivais vers la cuisine et déposais mon panier sur le plan de travail. La maison était bien calme, surement que ses enfants dormaient encore. Cela me rappelais chez moi, quand Clyde n'y dormait pas il se faisait aux abonnés absents. Du coup, la maison était souvent vide. J'y invitais quelques fois les enfants Albright, j'aimais bien m'occuper d'eux et ça me rappelais que je servais encore à quelque chose. Comme j'aimais bien cuisiner, ils pouvaient en profiter. Et moi ça me faisais plaisir.. c'était bien plus agréable de cuisiner pour plusieurs que pour une ou deux personnes.

Je reportais mon attention sur ce que j'avais entre les mains et précisais :
« Ils sont aux abricots, j'espère que tu aimes ça. » mentionnais-je en lui adressant un sourire. J'étais plutôt fière du résultat d'ailleurs, j'en avais goûté un et il était moelleux comme je les aimais. J’espérais que ce serait son cas également car après tout je les avais préparer avec amour, rien que pour lui, le contraire me décevrais. Je le regardais préparer le café, et je m'installais sur une chaise en prenant le panier avec moi que je déposais sur la table. « Tu as bien dormi ? » demandais-je pour faire la discussion. Je le savais anxieux, il ne dormait pas très bien d'habitude, j’espèrerais qu'au fil du temps cela s'arrangerait alors c'était une question qui revenait souvent. Il me servit une tasse de café puis fit de même pour lui avant de s'installer à la table avec moi. « Merci. » répondis-je poliment. Je portais la tasse à ma bouche et commençais à en boire une gorgée. Je faillis me bruler la langue alors je déposais la tasse immédiatement. C'était quelque chose qui m'arrivais tout le temps, je n'aimais pas attendre que le café refroidisse. Mais cette fois ci j'allais patienter un petit peu, il était bien trop chaud. Je croisais les jambes et attendit une réponse de sa part en lui proposant un muffin.

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } Sa réponse ne me surpris pas, c'était comme cela depuis des mois, sauf que j'avais remarqué une certaine amélioration. Je le trouvais plus ouvert qu'avant, plus souriant. Il se relevait tout doucement, ce qui me poussais à continuer mes efforts. Je ne savais pas vraiment pourquoi je me préoccupais autant à ce qu'il aille bien. Surement cette fâcheuse tendance à me rendre serviable. Pas pour tout le monde, heureusement. « Oui j'ai remarqué. Ah m'en parle pas, j'ai un réveil interne dans la tête... moi qui voulais dormir un peu c'est raté encore une fois. Mais bon c'est pas plus mal, j'ai un ami qui est aussi lève tôt que moi. » dis-je en souriant et en portant la tasse à ma bouche avant de la redéposer aussitôt. Je croisais mes jambes et lui proposa un de mes muffins, attendant que mon café refroidisse un peu. Il en goûta un et en fut ravi. Je souriais à son compliment avant de répliquer « Tant mieux, et au moins je sais que j'aurai un client fidèle. » La discussion vira sur moi tout à coup. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui raconter ? Et puis quand j'entendis le prénom de Clyde je grimaçais. Non ça n'allait pas pour le mieux. Je n'arrivais pas du tout à gérer tout ça, et ça en devenait lassant. Je soupirais pour lui répondre « Et bien c'est comme d'habitude, travail-dodo-boulot. Pas de grande nouvelle à t'annoncer. Et concernant Clydie... et bien j'en suis toujours au même stade en fait. » Je reprenais ma tasse, cette fois je pu boire quelques gorgées de mon café. J'attrapais un muffin et croquais dedans, pensive. Il fallait que j'arrête d'être aussi stressée, ça se ressentait beaucoup trop et attirait les regards. Ce n'était pas bon ni pour moi ni pour Clyde. Mon fils était tout pour moi mais il n'était pas bon qu'il soit au sein de presque tous mes sujets de discussion. En même temps avec un fils qui était la terreur du quartier forcément cela n'aidait pas, tout le monde savait que j'avais du mal à gérer son comportement. Mais "tout le monde " se mêlait un peu trop de nos affaires à mon goût. Il était rare que j'en parle, mais avec Daren je n'avais rien à craindre. Je le regardais et demandais à mon tour. « Et toi avec les enfants ? » La dernière fois il s'était rendu compte qu'il les laissait trop à l’abandon, il me semblait qu'il s'était décidé à leur parler alors je voulais savoir s'il avait sauté le pas depuis. Je ne voulais pas trop me mêler de ses affaires mais depuis que Joy avait fréquenté Clyde, nos enfants étaient rentrés tout naturellement dans nos sujets de conversation. Cela avait même été la cause. Sans cela, à ce jour, je ne sais même pas si on se serait parler.

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } Daren était quelqu'un que je savais très à l'écoute, je n'hésitais pas à me confier à lui quand j'en avais grandement besoin. Un avis masculin, qui plus est de père de famille, était quelque chose d'essentiel pour moi car dans le fond je savais que c'était ça qui lui manquait à Clyde, un père. Il m'en voulait c'était indéniable mais une part de moi espérait qu'au fil du temps quelqu'un se mettrait sur ma route pour combler ce rôle. Il fallait avouer que je n'avais jamais eu de chance en amour, et j'en venais à croire que quelqu'un m'en voulait au point de m'avoir jeter un sort pour que je finisse vieille peau accompagnée de chats de gouttière. En même temps j'avais tellement à penser, que c'était quelque chose qui passait le plus souvent en second plan. Avec toutes les factures qui s'accumulaient, je devais faire des extras et donc je n'avais pas beaucoup de temps pour me consacrer à la recherche de l'amour. C'était tellement plus simple quand j'étais plus jeune, la vie de famille avait complètement changé ma vie. Je me voyais avec des enfants et un mari aimant dans une maison beaucoup plus grande que celle que j'avais là; et au lieu de ça je me retrouvais avec une famille composée d'une personne et qui pour couronner le tout, m'en voulais. Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis malheureuse car j'ai mon fils auprès de moi et il y a pas mieux pour me rendre heureuse, d'ailleurs si je devais remonter le temps je crois que je ne changerai rien. Mais disons que ce n'était pas du tout comme cela que je me voyais à 42 ans. Désillusion de la vie.

Quoi qu'il en soit, je partageais à présent un petit déjeuner avec un voisin très chaleureux. J'écoutais Daren avec intérêt, il évoqua sa discussion avec sa fille. J'étais contente qu'il ai enfin pu sauter le pas, et que quelque part mes conseils ai servis à quelque chose et puisse le faire avancer. « C'est super ça, je suis contente pour toi... pour vous. » Je lui adressais un sincère sourire, plongeant mon regard dans le sien. Puis celui ci me remercia en posant sa main sur la mienne. Je fus gênée tout d'abord, je n'avais plus l'habitude de ce genre de geste affectif, surtout venant de la part d'un homme comme Daren. Mis à part le fait qu'il soit mon ami, je devais avouer qu'il avait beaucoup de charisme. Quand j'avais découvert au tout début qu'il était le mari d'Alicia, je m'étais tout de suite demandé ce qu'il faisait avec elle. Et puis j'ai arrêté de m'intéresser aux King, me rendant compte du personnage qu'était cette mère de famille. Mes yeux se posèrent furtivement sur la cette main sur la mienne avant de regagner leur point de départ. Je me pinçais les lèvres discrètement avant de lui répondre. « Ce n'est rien, vraiment. Ça me fais plaisir tu le sais, et si tu as besoin de quoi que ce soit d'autre je suis là pour toi. » Je n'arrivais pas à effacer ce sourire de mes lèvres, sa présence me faisais tellement de bien. Il ne savait pas non plus à quel point il comptait pour moi, en presque un an j'avais découvert un homme incroyable qui se révélait peu à peu, un vrai ami sur qui je peux compter comme j'en avais peu. Ce n'est qu'au moment que sa main se releva de la mienne que je me rendis compte que j'avais aimé ce contact. C'était tellement réconfortant... Néanmoins ce geste pouvait aussi avoir une connotation ambiguë... tout comme ma phrase d'ailleurs. Merde. Je me rendais à l'instant compte de l'erreur que je venais de commettre et me répugnais de penser comme cela. Il n'avait surement pas l'esprit fourbe alors pourquoi je m'en faisais pour une si petite phrase qui partait d'abord d'un bon sentiment et sans aucune arrière pensée ? Même si du coup allié au geste ça pouvait paraitre provocateur. C'était le fouilli dans ma tête, je n'arrivais pas à penser correctement et me prenait la tête pour des futilités. Et... pourquoi je me m'étais dans cet état au juste ? Heureusement qu'il ne pouvait lire mes pensées, mon dieu la honte sinon. Je reprenais ma tasse et la finit d'une traite, cherchant un autre sujet de discussion pour oublier tout cela. « Et...sinon le travail, toujours aussi occupant ? » Voilà c'était bien mieux. Sans m'en rendre compte je tapotais la table du doigt, signe de stress courant chez moi.

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } En y réfléchissant bien, ma réaction était peut-être poussée à l'extrême. Je savais Daren comme étant un homme bien, sans aucunes arrières pensées. On était amis et c'était tout. Et c'était surement mieux comme ça, déjà que le quartier trouvait déjà de quoi alimenter leur ragots en salissant mon nom, qu'est-ce que ça serait si... Non il fallait que je m'ôte assez vite cette pensée de la tête. Et quand je revins à la réalité je stopa net mes mouvements de doigts, essayant d'aborder un comportement plus détendu. Je regardais les alentours, puis posa mon regard sur le panier préalablement amené. Et bien ils avaient pas fait l'enfeu ces muffins, signe qu'il les avait apprécié. Je l'écoutais répondre à ma question sur le travail tout en me massant un peu le cou. Ces journées de travail avaient raison de moi. Je remettais mes mains sur la table, en affichant un petit sourire. « Faut que t’arrive à te déconnecter du boulot. Tu devrai penser à faire autre chose, comme je ne sais pas... de la randonnée. » Je rigolais bien entendu. C'était bien le genre de pratique qui te mettais directement dans la case des "vieux". Enfin, selon les jeunes. Quand j'entendais Clyde parler j'avais l'impression qu' à 40 ans t'étais bon pour la maison de retraite et les béquilles. Moi je ne me considérais pas comme vieille, je trouvais que 42 ans c'était encore l'âge où on pouvait faire énormément de choses. Si ça ne tenais qu'à moi, je serais déjà partie faire le tour du monde et des choses improbables, tant qu'il était encore temps. Malheureusement je n'avais pas les moyens de m'offrir une vie riche en émotion, je n'en avais jamais eu. Je devrais me contenter à faire passer des couches pour bébés pour le restant de ma vie. Quoi qu'il en soit la randonnée était peut-être un truc pour les vieux mais j'étais certaine que la plupart des jeunes d'aujourd'hui abandonneraient bien vite. Comme quoi cela ne voulait absolument rien dire, et je ne cesserai de le répéter à Clyde. Je rigolais un peu avant d'ajouter plus sérieusement « Y'a pas quelque chose que tu as toujours rêvé de faire ? Moi je pense que c'est maintenant qu'il faut penser à se faire plaisir, on a tellement donné toute notre vie, on a bien le droit à un peu de répit, non ? » Sur cette pensée je croisais les bras, j'étais curieuse de connaitre son point de vue de là dessus. Il était clair que je le trouvais beaucoup trop tourner sur le boulot, jusqu'à en oublier ses enfants, et lui même.. si je pouvais faire en sorte que cela change alors j'en serai ravie. Peu après je repensais à ce qu'il m'avais dit juste avant, comme quoi j'avais l'air fatiguée. Surement qu'il avait dû remarquer mon petit geste de tout à l'heure. « Oui ça va. Il faut bien. T'inquiètes pas pour ça, c'est rien, juste le manque de sommeil. » répondis-je simplement en un charmant sourire. Je n'avais pas envie de me plaindre à lui, et certainement pas envie qu'il s'inquiète pour quoi que ce soit. Je gérais parfaitement bien la situation, les problèmes financiers n'étaient plus un soucis à présent. Ce qui me préoccupait le plus l'esprit c'était mon fils. Mais ça il le savait déjà.

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } Je m'étonnais presque de lui suggérer de nouvelles activités à faire. Car moi j'en aurai été incapable il y a quelques semaines de cela. Manque de temps mais aussi surement manque de motivation ? Quoi qu'il en soit Esperanza avait eu raison de moi, elle m'aidait vraiment à évacuer, en passant par de petites choses insignifiantes à première allure mais qui me faisait réellement du bien. Elle avait cette énergie positive qu'elle véhiculait et je me disais que si elle y arrivait avec moi je devrai peut-être y arriver avec Daren non ? Je ne sais pas pourquoi j'avais à tout prix cette envie qu'il aille mieux et qu'il se ressaisisse. Après tout je n'avais jamais été très proche de cette famille... et il y a deux ans de cela je faisais même tout pour les éviter. Tellement de choses avait changées. Quand Daren évoqua sa défunte femme ça me mis mal à l'aise. Parler d'elle avec lui, ça me faisais... bizarre. Je me rappelais que je n'avais même pas pris le temps d'aller à son enterrement, ma présence n'aurait pas été requise de toute les manières. Surtout par les pipelettes de Magnolia qui se prétendaient être les amies de celle ci. Un beau monde d'hypocrites. Ne faisant pas partie de ces hypocrites, je n'avais pas estimé que cela était nécessaire d'aller à ses obsèques. Mais je n'étais pas une sans cœur non plus, malgré nos différents avec Alicia, j'avais trouvé sa disparition tragique. Tragique pour sa famille surtout qui devrait alors se reconstruire. J'avais vu cette famille s'écrouler et défaillir et quelque part ça m'avais fait un pincement au cœur. Ils n'avaient rien demandé de tout cela, et ça leur était tombé dessus comme un énorme coup de massue. Aujourd'hui, me voilà à aider l'ex mari de ma plus grande rivale, ironique. Le père de famille parlait alors de ses responsabilités vis à vis de ses enfants, je me contentais d'un hochement de tête compréhensif en le laissant terminer. Quand il évoqua son vide émotionnel je ne pu m'empêcher d'aller à son encontre, trainant la chaise avec moi. « C'est normal quand on perd un être cher, ce n'est jamais facile de se reconstruire... » dis-je en une moue quelque peu attristée. Je prenais ses mains dans les miennes et me faisais compréhensive. « Tu n'as pas à te cacher Daren. Parfois il faut laisser tout ça sortir. » J'avais tellement envie de lui dire à quel point je le comprenais. Je n'avais pas perdu le père de mon fils au sens propre mais ce vide émotionnel qu'il évoquait, je le partageais. Autant j'avais fait la connaissance de beaucoup d'hommes, autant aucun n'était réellement à la hauteur. Seul Nathan encore aujourd'hui arrivait à me faire rire et me faire me sentir bien. Le seul problème était qu'il était un homme marié, et que forcément cela faisait jaser le quartier. Comme si que j'en avais pas déjà assez avec les agissements de Clyde.

Je regardais Daren et lui souriais, j'espérais lui apporter tout le soutien qu'il méritait. Je me rendais alors compte de mon geste de tout à l'heure, tout cela m'avais semblé naturel de lui prendre les mains. Mais peut-être que j'en faisais trop ? Je relâchais mon emprise tout doucement tout en restant naturelle. Puis pour continuer la conversation je lui dis « Il ne faut pas s'arrêter de vivre pour autant. Et ce n'est pas en ayant le nez plongé dans tes travaux que tu retrouvera quelqu'un... à moins que tu ne te sentes pas encore prêt... ? » Je me faisais curieuse bizarrement, mais après ce qu'il m'avait avoué je me devais de savoir où il en était dans sa vie sentimentale. Après tout, je pourrai peut-être l'aider également là dessus ?

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } J’essayais de me faire rassurante auprès du père de famille. Je n’avais peut-être pas perdu un être cher comme lui mais je savais à quoi pouvait ressembler l’abandon et surtout la solitude. Je me basais donc sur ma vie de mère célibataire pour lui redonner un peu d’espoir, j’avais peut-être faux sur toute la ligne mais je n’avais que ça en poche. Et c’est principalement parce que que mon vécu ressemblait étrangement au sien à présent que j'agissais de la sorte. C’était quelque chose qui nous poussait à nous rapprocher et à nous entre-aider. J’aimais la façon dont notre relation avait évolué car malgré tous les aprioris que j’avais pu avoir sur cette famille, j’ai pu avoir la chance de faire la connaissance d’un homme aimant avec de vraies de valeurs. Cet homme était devenu un ami pour lequel j’accorde énormément d’importance. Je le voyais sur cette table encore un peu perdu dans ses pensées et intérieurement triste. Même s’il essayait de le cacher, c’était le genre de sentiment impossible à dissimiler, et cela se confirmait à longueur qu’il parlait. C’était donc tout naturellement que j’avais approché ma chaise de la sienne afin de lui apporter tout le réconfort dont il avait besoin. Pour sûr du réconfort j’en avais à revendre. Depuis que la fissure avec Clyde s’était crée, je n’avais plus eu l’occasion d’apporter mon affection à quelqu’un. Ma vie amoureuse ne ressemblait déjà à rien avant mais depuis c’était encore pire. Je fus obligée de me rabattre sur les peu d’amis que j’avais en ma possession, et leur soutien a vraiment été essentiel pour moi. Je pense surtout à Leeda ou encore Esperanza qui sont pour moi des personnes sur qui je peux véritablement compter. Ensuite il y avait Nathan qui me redonnait le sourire juste en arquant les sourcils, il était d’une fraicheur nécessaire à ma vie, malgré le fait qu’il me fasse un peu trop de rentre dedans. Mais je ne le prends pas en mal au contraire je dois avouer que ça me flatte particulièrement. Il a juste oublié un petit détail et de taille en plus : il était marié. Je ne marchais pas du tout sur cette plate borne là, j’avais déjà assez de problème dans ma vie pour en rajouter une autre couche. Et puis pour finir il y avait Daren, le plus récent de mes amis mais pas le moindre. Son histoire me touche même si je n’ai jamais été la plus clémente envers sa défunte femme. Il ne s’agissait plus d’Alicia mais de lui, ce moment où j’apprenais à le connaitre et voir la personne qu’il était vraiment. J’avais envie de le voir avancer, non pas à reculons comme il le faisait si bien depuis ces dernières années. J’avais envie de le voir vivre tout simplement. Ses mains dans les miennes, je l’invitais à dire ce qu’il avait sur le cœur, alors je l’écoutais avec beaucoup d’intérêt. Même si le début partait sur un pied cassé, il avait su se rattraper vers la fin de son discours. C’était tout ce dont j’avais envie d’entendre de sa part. Mon regard ne quittais pas le sien et sur un fin sourire je disais « Tu as raison, c’est comme ça qu’il faut réagir. » J’avais peut-être l’air d’une psy à me comporter ainsi mais contrairement à ce genre de professionnel je le faisais uniquement dans un but humain et non pour leur portefeuille. Je me découvrais des facettes, c’était assez drôle, peut-être devrais-je songer à me reconvertir ? Me rendant compte de la stupidité de la chose je me reconcentrais sur lui tout en détachant doucement mes mains des siennes, étant donné que le débat était clos. D’ailleurs cette fois ci c’était moi qui avais entrepris ce contact sans vraiment y faire attention, j’avais vu le regard de Daren face à ce geste et je n’avais pas envie qu’il croit que je lui faisais un numéro de charme dissimulé car ce n’était pas du tout mon but. Et puis j’étais assez gênée après coup, c’était la première fois qu’on se « rapprochait » pour ainsi dire. C’était idiot de penser comme cela je le savais, car après tout il n’y avait absolument aucun mal à prendre les mains d’un ami dans les siennes. Néanmoins ça me faisais me sentir... mal, sachant ma position. Je repensais à ce qu’il venait de dire plus tôt par rapportt. Il pensait encore à elle... Elle devait se retourner dans sa tombe en me voyant ainsi proche de lui. Non pas que ça m’aurait déplu de la faire enrager mais j’étais plus pour le repos des âmes en paix. Le veuf me posa alors une question que je pris le temps de réfléchir avant de répondre. « Oui, je pense... j'espère. En tout cas j’essaye de ne pas me mettre de barrières par rapport à ça. Je me dis que ça arrivera à un moment ou un autre... » Je lui souriais à demi avant de me rendre compte que ce que je venais de dire et ce que je vivais à l’instant était carrément à l'opposé. Ne pas me mettre de barrières, c’était pourtant ce que je faisais, non ? Mais Daren était un ami, rien d'autre, il fallait remettre chaque chose à sa place. Je n’envisagerai quand même pas de... avec... ? Oh non, ce n’était pas une bonne idée tout ça, il fallait que je me calme. Je m'embrouillais à l’intérieur. Je ne savais pas ce qui me prenais d’un coup mais je commençais à faire face à la réalité des choses. Je me voilais la face alors que oui j’étais clairement attirée par Daren, seulement c’était quelque chose qui devait vite disparaitre de mon esprit. Ce n’était tout bonnement pas possible, oh ça non. N'arrivant plus à affronter son regard, je baladais ce dernier autour de nous. Il n'y avait aucun doute, c'était un homme parfait, il n'y avait pas un seul truc de travers. Tout était parfaitement rangé à sa place et nettoyé. Tout était fait en sorte pour que je cède ou c'était juste moi qui devenais folle ?

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toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } Je me ressaisissais en me raclant légèrement la gorge et en pointant mon regard sur l'homme assied en face de moi. Sa voix m'avait sortit de mes délires précédents cependant le manque de nicotine commençait à me titiller. Je sortais donc mon paquet de clopes de mon sac quand ses mots, atteignant mon cerveau, me stoppèrent net. Ça paraissait surement anodin pour lui de dire ça mais pour moi ça avait comme un tout autre impact. C'était toujours agréable d'entendre de si jolies choses de la part de quelqu'un que l'on apprécie, d'autant plus à ce moment précis où mes pensées semblaient faire compet' sur du gangnam style. « Waw, c'est... gentil. Et pour les muffins tu n'auras pas à t'en faire. » Je marquais une pose, lui offrant un sincère sourire avant de reprendre « Je ne peux que te souhaiter la même chose. Tu mérites sincèrement un second souffle. Même si je vois que tu te débrouilles très bien tout seul... » A ces mots je balayais la pièce du regard en riant un peu. Daren était le genre d'homme dont toutes les femmes désiraient, il avait tout pour plaire... Je ne m'en faisais pas trop pour lui, s'il suivait mes conseils il n'y avait aucune raison qu'il ne trouve pas quelqu'un. « On devrait peut-être essayer l'agence de rencontre des Greene, qu'est-ce que t'en penses ? » en rajoutais-je. Je blaguais bien sûr, j'avais déjà eu -comme beaucoup de personnes- ma période "site de rencontre" et ça n'avait jamais rien donné de concluant. Et puis à mon âge maintenant, je trouvais cela désespérant d'en arriver là. J'étais peut-être désespérée mais pas encore à ce point. Tout en reprenant mon sérieux je me levais tout doucement pour aller fumer et détendre mes nerfs. Daren se leva également et peut-être croyait t-il que je prévoyais de partir étant donné qu'il me proposa un autre café en me disant être ravi que je sois passée. Je n'allais surement pas tarder mais un dernier café pour la route ne serait pas de refus. « Avec plaisir. » dis-je pour le café. Puis poliment je demandais « Je peux ? » tout en mimant le paquet de cigarette et la fenêtre juste à côté. Je n'aimais pas particulièrement fumer dans l'enceinte d'une maison autre que la mienne mais là je ne tenais plus. J'avais eu des pensées assez étranges plus tôt, il fallait nécessairement que je me change les idées. Et puis comme je n'avais pas encore envie de le quitter de suite, il fallait bien trouver un équilibre. Comme cela ne semblait pas poser problème je m'en allais près de la fenêtre de la cuisine et demandais tout de même. « Tu en veux une ? » Je ne l'avais jamais vu fumer, et à vrai dire je n'avais strictement aucune idée de si il fumait ou non alors je demandais, curieuse. Pour ma part j'avais depuis peu réduit ma consommation, non seulement pour ma santé mais aussi parce que cela coutait une fortune. Et comme tout le monde le savait si bien, je ne roulais pas sur l'or. Bon j'avoue que c'était essentiellement pour des questions de santé que je m'étais résolue. Passé la quarantaine je devais faire attention à ce que je faisais, c'était important. Malheureusement, le travail et ma situation familiale étaient des moteurs à stress, alors arrêter de tout au tout, ça j'en serai incapable.

there's just one life to live
and there's no time to wait, to waste

toc-toc-toc c'est la bonté qui frappe à ta porte } Ce qui était agréable avec Daren c'est que je me sentais libre de plaisanter, parler de tout et de rien, me confier... Il était un tout, surement indispensable à ma vie. Je le voyais s'ouvrir de plus en plus et reprendre gout à la vie. Je le voyais comme je ne l'avais jamais vu auparavant, ou du moins depuis que nous nous fréquentions. Je ne pouvais imaginer ce qu'il avait vécu... ce drame avait bouleversé tout le quartier. Mais dans la vie la plus belle revanche qu'on pouvait avoir est de savoir se relever, et c'est ce que j'essayais de lui faire comprendre. Ça fonctionnait plutôt bien, puisqu'il ne manquait pas une occasion pour montrer sa gratitude envers moi. Portant de nouveau la tasse à mes lèvres je finissais le café qu'il m'avait gentiment resservi. Nous en venions à nos périples amoureux ainsi qu'à la nouvelle mode des rencontres amoureuses. Il blagua à son tour sur notre âge et nos chances de trouver un partenaire dans ce genre de circuit, chose qui me fit rire jaune. D'un geste élégant je passais ma main dans mes cheveux en repensant à ce qu'il venait de dire. C'était à la fois triste et drôle de se dire que peut-être personne ne voulait de nous. Et puis je commençais à me demander si sa phrase était porteuse de message. Pour sortir de l'impasse je lui demandais si je pouvais aller fumer à la fenêtre, chose qu'il accepta aisément. J’espérais ne pas avoir trop interrompu les choses en mettant un hors sujet dans la conversation. Une fois à la fenêtre j'allumais ma cigarette, tout en jetant mon regard sur le quartier. Il semblait bien calme. Je tirais une bouffée de ma cigarette et lui en proposais une. J'écoutais sa réponse tout en lui souriant. Apparemment monsieur était plus cigares, qui plus est des cigares importés de Cuba. Je l'imaginais bien un cigare à la main, tout à fait ce style d'hommes. Il avait des goûts de luxe, mais en même temps il pouvait se le permettre et c'était tout à son honneur. Sa proposition m'enchantait car je n'avais jamais vraiment eu l'occasion d'y gouter, surtout de cette qualité. « Ça serait avec plaisir. Tu as de bons contacts dis-moi. » Je lui rendais son sourire tout en détournant assez vite mon regard de lui. Impossible de planter mon regard trop longtemps dans le sien, c'était une sensation bizarre. Comme si qu'il m'intimidait tout à coup. La proximité de tout à l'heure avait dû provoquer chez moi quelque chose de nouveau. C'était comme si je le découvrais d'un nouvel œil et ce n'était pas pour me déplaire. Sans que je m'y attende il reprit la parole pour m'inviter au restaurant, le tout en prenant le temps de justifier sa démarche. Comme si qu'il n'avait pas envie que ce soit mal interprété. Peut-être le voulait-il vraiment, et que tout cela était purement amical. Néanmoins, j'avais quelques doutes et il m'était difficile de déceler le vrai du faux. S'il voulait un véritable rencard, il ne l'aurait quand même pas dissimulé, si ? J'étais perdue entre ce que j'avais envie de comprendre et sa véritable interprétation. Quoi qu'il en soit je ne perdis pas de temps pour donner ma réponse, j'en étais même très enchantée. « C'est gentil de ta part Daren... » J'écrasais ma clope que je jetais à la poubelle juste à côté pour plus de civisme. Cette petite pause cigarette m'avait assez détendue même si cette annonce venait à son tour me chambouler. Je retournais à ma place en reprenant la parole. « Et c'est avec joie que j'accepte. Le vendredi je suis de repos le matin alors que dis-tu de jeudi soir ? » Je rangeais mon paquet dans mon sac avant de poser mon regard dans le sien. Il avait toujours été très gentleman avec moi, c'était quelque chose que j'appréciais énormément. Sa proposition avait eu fait l'effet d'une bombe en moi, je contenais mon enthousiasme ainsi que mon anxiété dû à mes scénarios probablement imaginaires pour paraitre détendue. Avec tous les quiproquos de ce début de matinée, j'avais comme l'impression que ce diner pourrait signifier autre chose. Mais comment en avoir le cœur net ? Fallait- t' il percer à jour le mystère ou tout simplement laisser les choses se dérouler ?