Andrew n'avait jamais été un grand fan de patinoire. Et pour cause, son premier essai sur la glace n'appartenait pas à la catégories "bons souvenirs". Quand la patinoire fut installée en ville, Andrew devait avoir 9 ou 10 ans. Il n'avait encore jamais patiné de sa vie et mourrait d'envie d'y aller. Seulement, il attendit que son père rentre à la maison, celui-ci lui avait promis de lui apprendre. Andrew barrait les jours un à un sur son calendrier, attendant avec une impatience folle le dimanche fatidique. Les Davies n'étaient jamais présents à la maison, et Andrew ne comprenait jamais pourquoi son père remarquait que les cheveux de Juliet avaient poussé, quand qu'elle sortait de chez le coiffeur. Il ne comprenait pas non plus pourquoi sa mère lui demandait à lui où étaient rangées les assiettes. Ni pourquoi il voyait plus souvent la madame qui faisait le ménage et s'occupait de lui, plutôt que ses parents. Mais son père lui avait promis, ils iraient à la patinoire et Andrew deviendrait un champion sur ses patins.

Le jour fatidique, Andrew fut debout à 7h pétantes, heure à laquelle ses parents rentraient. D'habitude, il dormait deux bonnes heures de plus, minimum, mais aujourd'hui était un jour spécial. Il se lava, s'habilla et se prépara en quatrième vitesse. Dans les escaliers, il manqua de se casser la figure, tant il les dévala vite. Il entendait déjà la voix grondante de sa mère, qui le sommait de ne pas courir ... Mais rien ne se fit entendre. Aucune valise devant la porte, personne en train de boire le café dans la cuisine. Il les chercha dans chaque pièce, aucune trace des époux Davies. Après quelques minutes, Juliet apparut en haut de l'escalier. Il la regarda, elle posa sur lui son regard désolé. Pas la peine de parler, il avait compris. Il s'apprêtait à retourner dans sa chambre, dégoûté, mais Juliet le prit par la main : ils avaient une patinoire à essayer. Il lui sourit, elle était trop gentille. Il aurait tant voulu que ce soit son père, mais ils étaient toujours à deux : Andrew et Juliet. Alors ils se rendirent à la patinoire, Juliet apprit tant bien que mal à son frère à glisser sur les patins. Vif, il réussit rapidement ... Mais rares furent les occasions où il retourna dans ce lieu lourd en mauvais souvenirs.

La patinoire était un peu devenue un endroit maudit, malgré elle. Andrew l'évitait, pire que la peste. Pourtant, quand Lou insista pour s'y rendre, il fut incapable de dire non. Il essaya, bien sûr, de suggérer d'autres activités, mais rien à faire. Lou était aussi têtue que lui, il était d'ailleurs incapable de dire qui, d'elle ou de lui, gagnerait la coupe du monde des têtus, si jamais ce défaut devenait un sport reconnu, un jour. Qu'importe, pour l'heure, il devait rechausser les patins. Naturellement, l'endroit était bien différent des souvenirs du jeune homme. Il avait prévenu sa petite amie qu'il ne brillerait pas sur la glace, n'ayant pas chaussé de patins depuis longtemps. Mais ils n'y allaient pas pour admirer les prouesses du jeune homme, juste pour passer un moment amoureux et niais. Et c'était dans les cordes du jeune homme. « En piste ma belle ? » Il se sentait idiot, avec ses patins aux pieds, mais tout le monde était dans son cas. Il tendit la main à Lou, pour l'aider à se lever et, ensemble, ils entrèrent sur la piste. Premier pas, Andrew faillit tomber, ce n'était pas gagné. Patiemment, il commença à faire glisser ses pieds, comme Juliet lui avait appris. Mais surtout, il ne lâchait pas la main de Lou, qu'il serrait d'ailleurs un peu trop fort. Quelle honte. « Ne me lâche pas, je ne suis pas à l'aise sur la glace » Ou comment dire joliment qu'il flippait.

L’automne se faisait de plus en plus froid, et tout doucement l’hiver s’installait sur Magnolia. Cela signifiait donc que la patinoire de Magnolia allait rouvrir au public ! Heureuse, Lou avait une folle envie de s’y rendre depuis maintenant quelques semaines. Elle avait tanné Andrew d’y aller, à force de persuasion elle réussit enfin à planifier une soirée à la patinoire. Au pire ils pourraient juste faire quelques tours de piste et se poser ensuite dans un coin tranquille. Bizarrement convaincre Andrew de venir à la patinoire avait été bien plus difficile que ce que Lou avait cru penser. Elle le savait un peu flemmard sur les bords, préférant traîner dans sa maison plutôt que de faire des activités au grand air, pourtant en général il suffisait simplement d’un petit bisou et d’un grand sourire pour que Andrew abdique. Néanmoins, elle avait réussi à l’emmener là. Il fut un temps où Lou avait passé beaucoup de temps à la patinoire. Quand elle s’était blessée au genou et avait dû arrêter la gym, elle avait commencé à faire du patin, pour le plaisir, et simplement pour se garder en forme physiquement (sisi, j’espère que tu connais bien la bio de Lou !!). Malheureusement elle avait arrêté à la mort de son père. Cet événement avait vraiment scellé un changement chez la jeune femme. Les habitudes quotidiennes de Lou avait changé, radicalement. Elle n’y avait plus mis les pieds, ou simplement pour sortir entre amis. Et encore, cela n’arrivait vraiment pas souvent. Pourtant cette année, elle avait voulu y aller. Renouer avec les choses qui lui faisaient plaisir. Etant donné qu’elle se sentait bien en compagnie d’Andrew, elle voulait tester un tas de nouveaux trucs, avec lui bien évidemment. Tant pis si lui préférait traîner en pyjama chez lui ! Il fallait bien qu’ils profitent de la vie.

Lou était donc une gamine quand elle enfila ses patins. Elle avait toujours regretté de ne pas avoir persister dans la voie du patinage artistique, même si on genou l’aurait sans doute empêché d’en faire à haut niveau. Mais elle aimait bien la sensation de glisser, et puis elle avait toujours trouvé ce sport si beau. Elle attrapa la main d’Andrew qui l’invitait à aller sur la glace. Doucement, ils commencèrent à patiner, et Lou fut surprise de voir qu’elle avait conservé de bons réflexes… Andrew c’était une autre histoire. Mais Lou aimait bien le voir évoluer d’un pas mal à l’aise. Il lui tenait la main fermement, il avait peur. C’était tellement chou. « Mais non ne t’inquiète pas ! » fit-elle en accélérant une petit peu juste pour voir la réaction qu’aurait son amoureux. « Comment tu feras sans moi en Europe hein ! » dit-elle pour le taquiner. Mais en fait elle cherchait aussi le moyen d’aborder le sujet, et peut-être même la blondasse qu’elle avait trouvé un peu trop collante, sa soi disant ex dont il n’avait jamais parlé et qui se la pétait légèrement. Mais chaque chose en son temps.

Andrew était prêt à braver ses peurs pour Lou. Il était prêt à n'importe quoi pour Lou : décrocher la lune, se teindre en blonde, retourner à la patinoire. Avec elle, il se sentait plus fort. Il lui suffisait de la regarder droit dans les yeux pour sourire niaisement et être heureux. Oui, c'était ça le bonheur. Même s'il avait d'horribles patins aux pieds, qu'il oscillait à chaque mouvement, et que le froid s’engouffrait sous ses vêtements. « En fait je fais semblant, je fais croire que j'ai peur pour pouvoir garder ta main dans la mienne, mais tu le savais bien sûr » Lui susurra-t-il à l'oreille. C'était un bien gros mensonge auquel elle ne croirait pas une seconde, mais qu'importe. il savait qu'elle en aurait un petit sourire aux lèvres, amusée. Peut-être même qu'un petit rire lui échapperait-il.

Mais Lou n'était pas d'humeur légère. Quand elle évoqua l'Europe, Andrew savait pertinemment qu'elle était sérieuse, son air grave en témoignait malgré elle. Pas une seconde il n'osa plaisanter sur le sujet, Lou risquait de se vexer. Il en était conscient car il partageait les mêmes sentiments : il serait fichu sans elle, en Europe, pendant une semaine, c'était évident. Depuis dix mois, il ne passait pas un seul jour sans la voir. Si jamais ils avaient une journée chargée et ne se croisaient pas à l'université, ils se faisaient coucou le soir par la fenêtre avant de se coucher. Il avait ce besoin vital de la voir, besoin qui allait être mis à rude épreuve. Elle était un peu sa nouvelle drogue, et il appréhendait la sensation de manque, cette bonne vieille copine qui lui avait fait vivre bien des enfers. « Je t'appellerai dès que j'ai besoin et tu me diras quoi faire ! » Il marqua une pause, c'était si mélodramatique. « Et briefe bien Scarlett à mon sujet ! » Lui dire de vérifier qu'il se lave bien les dents avant de se coucher, qu'il ne touche pas à une seule goutte d'alcool, même pas un baba au rhum, qu'il ne blasphème pas, même sous le coup de l'énervement. Et surtout qu'il ne laisse aucune fille s'approcher de lui, mais il savait que Lou y penserait seule. Ils n'osaient pas évoquer ce sujet, mais chacun connaissait l'opinion de l'autre : Lou avait peur que le jeune homme voit d'autres filles ; Andrew avait peur que Lou voit d'autres garçons. Andrew pensait que pour lui, c'était même pire, car c'était certain que Maxim vienne la voir durant son absence. Lou, elle, restait dans l'hypothèse hypothétique (pléonasme pour marquer à quel point c'est pas sûr) que son petit ami croise des aguicheuses. Quoi qu'il en soit, ils se prenaient la tête sans en parler, c'était encore pire. « Bébé, je ne veux pas qu'on parle de ça, ce sont nos derniers jours ensemble on devrait plutôt en profiter ! » Il fit une petite grimace désolée, il fuyait les sujets difficiles, comme à son habitude. Pire, il allait même orienter la conversation vers d'autres contrées, pour que Lou n'ait pas l'occasion de repartir sur son voyage. C'était mesquin. Mais il voulait seulement que leur patinage se passe bien. « Tu sais pourquoi je déteste la patinoire ? Parce que quand j'étais petit, mon père m'avait promis de m'apprendre. Mais le jour où il m'avait promis de le faire, il n'est pas rentré de son voyage, alors c'est Juliet qui m'a appris. » Sa voix se fit plus faible sur les derniers mots. Mais il n'était pas triste, ni dégoûté. C'était un des souvenirs de son enfance qui avait forgé son caractère, et sa haine envers ses parents. « Qui t'as appris à toi ? » demanda-t-il en regrettant aussitôt. Il y avait de fortes chances pour que ce soit son défunt père qui lui fit découvrir le patinage, et Andrew ne voulait pas réveiller ces vieux souvenirs douloureux. Tous deux parlaient peu de M. Huntington, il n'osait pas aborder le sujet. Comme Lou n'osait pas aborder les sujets avenir et parents avec Andrew. Quelques tabous subsistaient malheureusement dans leur couple, mais le warrior était déterminé à les faire tomber un à un. Lui, en tout cas, était toujours debout. Il avait déjà fait deux ou trois tours de la piste, et il avait désormais desserré sa main, laissant respirer celle de sa petite amie. Avec elle, il était en confiance.

Andrew avouer qu’il avait peur de se casser la figure ? Et bien non. Evidemment, le jeune homme se sentit obligé de préciser que s’il voulait tenir la main de Lou c’était uniquement parce qu’il avait envie de garder la main de sa petite amie dans la sienne. Néanmoins le fait qu’il lui glisse cela à l’oreille lui garda bien l’envie de répliquer quelque chose pour le taquiner et l’embêter un peu. Au lieu de ça, elle rit, ou plutôt gloussa comme une dinde. Elle était stupide, et le pire c’est qu’elle aimait ça. Continuant à avancer la main dans la main, Lou essayait de ne pas trop brusquer son petit ami. Pourtant elle aurait bien tenté une petite accélération, histoire d’augmenter un peu l’adrénaline, mais elle avait promis à Andrew de ne pas le lâcher jusqu’à ce qu’il soit plus en confiance du moins. Pour le moment elle venait de lui dire de façon très subtile qu’il serait totalement perdu quand il partirait se la couler douce avec Scarlett. Et non, depuis qu’elle avait appris la nouvelle ; Lou n’arrivait vraiment pas à s’y faire. Elle se demandait bien comment elle allait supporter cette semaine sans pouvoir lui parler. L’Europe n’était pas la porte à côté, et le coût d’une communication… monstrueuse, car oui, Lou avait déjà fait quelques petites recherches. « Tu sais combien ça coûte ? » répondit-elle amèrement. Elle savait bien qu’elle n’avait aucun droit d’être déçue, mais pourtant… Alors elle s’efforçait vraiment d’être altruiste et de ne pas penser à sa gueule avant, mais aussi et surtout au bonheur d’Andrew. Alors, elle allait simplement lui dire qu’il pourrait se passer d’elle, et que de toute façon elle voulait qu’il s’amuse, mais il reprit la parole avant. Il n’avait pas envie d’évoquer le sujet maintenant. Il voulait que leurs derniers jours soient parfaits.

Elle se sentit alors un peu coupable, surtout qu’elle n’avait pas vraiment fini de l’embêter, elle voulait vraiment parler de cette Jules. Bon, elle saurait l’amener plus tard. Pour ce faire, il décida de changer de sujet. Il voulait se la jouer confidence. Avec une histoire triste en plus, le filou. Elle se sentit désolée pour le petit garçon qu’il était ; et aurait bien voulu que sa famille se soucie un peu plus de lui. « C’est triste. Vous étiez vraiment obligé de vous serrer les coudes avec Juliet. » constat-t-elle simplement. Et pourtant ils n’étaient pas proches. Lou ne comprenait pas vraiment. Mais elle savait bien que la famille n’était pas quelque chose de facile. C’était même plutôt compliqué. Quand il lui retourna la question, Lou ne sut pas vraiment quoi répondre. Personne ne lui avait jamais promis de lui apprendre à patiner. Elle y allait souvent avec sa mère étant petite fille, puis elle avait repris après avoir arrêté la gym. Elle haussa les épaules. « On en faisait souvent en famille. » peut-être s’attendait-il à une réponse plus développée. Mais non aucun événement marquant ne lui venait à l’esprit. « Et puis, j’y allais souvent pour me défouler à un moment. Ça doit te paraître légèrement bizarre, mais ça faisait du bien. » la plupart des gens faisaient du jogging, et bien Lou préférait chausser ses patins et faire une trentaine de tour de piste.

Andrew se fichait pertinemment du coût des communications. Que ce soit un ou mille euros, il aurait payé, même si ce n'était que pour quelques minutes à l'entendre. Il avait besoin de sa dose de Lou, elle était son héroïne (Twiliiiiiiiight rpz). Doucement mais sûrement, il s’arrêta, se tourna en marchant tel un crabe pour se retrouver face à Lou, et la regarda droit dans les yeux, d'un air décidé. « Lou, soleil de mes jours, amour de ma vie, je m'en fous du prix, du moment que je peux t'entendre. » Il lui sourit tendrement, il pensait réellement ce qu'il disait, même s'il avait l'air niais et qu'il se sentait totalement vulnérable. Lou possédait son coeur, elle pouvait en faire ce qu'elle souhaiter : le choyer, ou le réduire en bouillie. Mais il s'était suffisamment mis à nue pour l'heure, et préféra reprendre la main de Lou dans la sienne, et recommencer à patiner.

Se serrer les coudes, Andrew n'aurait pas utilisé cette expression. Car en y réfléchissant bien, il n'avait jamais fait grand chose pour elle. C'était surtout Juliet, qui s'occupait de lui. Lui, avait juste critiqué son petit ami sans relâche, depuis une dizaine d'années. Il était d'une piètre aide. « Elle m'a un peu élevé, en fait. Même si nous sommes très différents aujourd'hui » En commun, ils avaient surtout leur nom de famille, leur maison, et c'était presque tout. Et surtout, un besoin de protéger l'autre. Même si, en cas de coup de blues, il n'irait sûrement pas voir sa soeur pour se confier. Et vice versa. Et ça devait être la même chose pour Lou. Il ne l'imaginait pas aller voir Jeremy pour parler, peut-être Mike. Ils parlaient peu de leurs relations familiales respectives, en fait. Et pour cause, son défunt père était un sujet tabou. Il s'en voulait un peu de ne pas faire le premier pas, car Lou avait peut-être envie de lui en parlait pas n'osait pas aborder un sujet si difficile. Après tout, le warrior était connu pour ne jamais être sérieux. Il se demanda alors si Lou viendrait le voir, lui, si elle avait un coup de blues. Probablement pas s'il était la cause de son malheur. Mais autrement, elle ne viendrait peut-être pas se confier à lui pour autant. Il ne savait que rire, c'était un fait indéniable, et lui avait déjà prouver qu'il n'était pas capable de garder son sérieux bien longtemps. « Te défouler ? Tu étais énervé contre quoi ? Et tu as raison, je ne comprends pas en quoi glisser sur la glace ça défoule. » Il rit gentiment, il ne voulait pas se moquer d'elle, mais il n'avait pas envie d'être un de ces couples mielleux qui dit Amen à tout ce que dit l'autre.

Évidemment, Andrew refusait d’admettre qu’ils ne pourraient pas vraiment se parler durant la semaine. Lou avait envie de croire qu’elle pourrait lui téléphoner tous les soirs et s’endormir en lui parlant, mais elle se doutait bien que ça serait fort compliqué. Même si Andrew en avait envie quand aurait-il le temps ? Il ne devait pas perdre une seule seconde de son voyage ! Matin, midi, soir, nuit ; il devait visiter, arpenter la ville de fond en comble, sortir, s’amuser ! Et pas rester dans sa chambre d’hôtel, au téléphone avec Lou qui n’allait sûrement rien avoir à lui raconter. Et comme ça à son retour, Lou l’écouterait parler toute la nuit de ce qu’il avait fait, elle l’admirerait, ne serait jamais lassée tant il lui aura manqué. « On verra. » se contenta-t-elle de répondre. Elle n’avait pas envie d’en parler, elle ne voulait pas passer pour cette fille psychotique, qui désirait plus que tout contrôler les moindres mouvements de son petit ami. Alors, elle allait suivre sa bonne résolution, et s’acclimater au changement de sujet.

Andrew venait de lui révéler l’histoire qui faisait qu’il n’aimait pas venir ici. Ça lui rappelait trop de déception, et trop de tristesse. Lou en fut désolée, vraiment. Elle venait de se rendre compte qu’Andrew et Juliet avaient grandis seuls, sans repère, sans parents, sans modèles. Pourtant ils n’étaient pas unis. Andrew semblait l’expliquer du fait de leurs caractères trop différents. Lou ralentit un peu la cadence de ses patins, cela se joignait à sa pensée ; elle réfléchissait. « C’est pour ça que tu te montres aussi protecteur avec elle aujourd’hui alors ? » fit-elle pensive. Elle aimait bien qu’Andrew se livre. Elle voulait tout savoir de lui, de son enfance, de ses peurs, de ses doutes. Etre un couple ce n’était pas vivre ensemble que les bons côtés. Andrew semblait aussi de son côté s’intéresser aux jeunes années de Lou. Elle n’aimait pas en parler, mais elle pourrait faire un effort. « J’essayais juste de pratiquer une nouvelle activité physique en fait. Je venais juste de me blesser le genou, et je ne pouvais plus faire de gym. » elle ne savait même pas si Andrew était au courant de cet épisode de sa vie. Mais durant son enfance Lou avait pratiqué la gym avant de devoir arrêter à cause d’une mauvaise blessure. « A cette allure là, c’est normal que tu ne comprennes pas comment ça peut-être défoulant ! » lança-t-elle pour le taquiner. En effet depuis le début, Lou se contentait d’avancer doucement, uniquement pour qu’Andrew se sente en confiance. Elle se tourna vers lui et lui tira la langue. Elle se doutait bien qu’il allait être vexé, mais elle aimait tellement son air de petit garçon tout triste. Rien que pour le consoler ensuite d’ailleurs.

Ces derniers temps, Andrew était enclin aux confessions. Sans savoir pourquoi, sans comprendre comment, il ne se passait plus un jour sans que Lou en apprenne un peu plus sur la vie tumultueuse d'Andrew Davies. Alors, quand il lui conta ce triste épisode de son enfance, elle en déduit que ces souvenirs du passé avaient renforcé leur lien fraternel. Il fut touché par sa question, elle témoignait du véritable intérêt que Lou lui portait. Quand il lui parlait de lui, elle l'écoutait donc sincèrement, d'une oreille attentive, et ne se contentait pas de hocher la tête en pensant au vernis qu'elle poserait sur ses ongles l'après midi. Il sourit comme un benêt, ne la lâchant pas du regard. Présentement, il fondait sur place, se transformant en grosse guimauve niaise. Il devait se ressaisir, il ne pouvait pas se liquéfier ainsi en public. « Peut-être, je ne me suis jamais posé la question. Mais avant, je n'en faisais qu'à ma tête, elle devait tout gérer seule ... Et maintenant elle se retrouve fiancé à quelqu'un qui ne s'occupe pas d'elle, et elle est toute seule » Il ne voulait pas repartir sur ce sujet avec Lou, source de conflits dans leur couple. Il l'acceptait (plus ou moins) Lou appréciait Adrian. Bien sûr, ce n'est pas parce qu'il était sentimentalement un connard qu'il ne pouvait pas s'avérer sympathique. Mais Juliet était trop mal en point pour que Andrew le voit un jour comme un jeune homme amical. En plus, grâce à Adrian, il connaissait plus ou moins les O'Conell. Au début de leur relation, les deux familles se réunissaient de temps à autres, et Andrew en avait retenu une chose : le père O'Conell avait une sacrée touquette (alors oui touquette ne désigne pas seulement un bol de chocolat avec des tartines beurrées en guise de diner, c'est aussi avoir un grain, une case en moins. Je note de chercher le lien plus tard sur internet). Il était assoiffé par le pouvoir, et voyait la relation d'Adrian et de Juliet d'un bon oeil uniquement parce que Davies était un nom réputé dans le monde de la Bourse. D'ailleurs, leurs parents faisaient de même. Quoi qu'il en soit, Andrew était certain qu'Adrian était une copie de son père. Vénal, sans coeur, sans pitié. Pauvre Juliet ... Mais l'expliquer à Lou était vain. Alors, il préférait se concentrer sur sa soeur. « Chérie, je ne veux pas qu'on se dispute encore. Mais c'est vrai, je le vois : Juliet ne sort jamais, personne ne vient la voir à part Adrian ... elle est toute seule ! »

Mais s'attarder sur la situation de sa soeur n'était pas l'activité favorite du jeune homme. Il culpabilisait rarement pas, avec Juliet, il s'en voulait de ne pas avoir été plus présent pour elle. Si elle n'avait pas eu à gérer la maison, peut-être que sa vie aurait été autrement. Seulement le passé n'était pas changeable, il devait l'accepter. En parlant de passé, il fut fier de lui quand évoqua la gymnastique et qu'il sut de quoi elle parlait. Enfants, Lou Christian et lui étaient bons amis, ils avaient même fêté leur 10 ans ensemble, étant nés à quelques jours d'intervalle. Et une fois, avec Christian, ils étaient allés la voir à une compétition, ou un spectacle, il ne savait plus. Ils s'étaient même bien fait chier, mais comme Lou fut contente de leur présence, ils se contentèrent de dire qu'elle faisait très bien de la gym. « Ah oui je m'en souviens de ta période gym, on était même venu te voir avec Christian ... Et à l'époque on avait trouvé ça chiant mais ne me tape pas ! » Il rit gentiment, conscient que Lou s'énerverait un peu. Mais il y avait prescription désormais, et Christian ... Il déglutit en réalisant qu'il pensait à son ancien meilleur ami depuis plusieurs minutes maintenant. Peut-être que Lou s'en rendit compte. Peut-être est-ce pour cette raison qu'elle décida de le charrier, pour qu'il arrête de penser à son ami perdu. En tout cas, elle le toucha au vif, et il se força à reléguer Christian à l'arrière plan de ses pensées. « Tu vas voir ! » Là, il lâcha sa main, et prit de la vitesse. Lou, surprise, mit quelques secondes avant de comprendre qu'il faisait une course. Heureusement d'ailleurs, car Andrew ne serait certainement pas capable de tenir la distance très longtemps. « Allez vas-y, attrape moi si tu peux ! »

Lou ne s’était jamais vraiment posée la question de savoir quelle avait été l’enfance d’Andrew. A vrai dire, elle pensait qu’elle avait été à son image c’est-à-dire insouciante et bonne vivante. Elle réalisait seulement maintenant qu’en fait tout n’avait pas été rose pour lui. Et surtout pour Juliet qui avait dû endosser le rôle de parents et de grande sœur, tout ça en même temps. Quand elle repensait à cette époque-là de sa vie, Lou revoyait en Andrew un petit garçon hyperactif, qui faisait les quatre cents coups avec Christian. Jamais elle n’avait soupçonné qu’une partie de son enfance lui avait été enlevée du fait de l’absence de ses parents. Maintenant elle visualisait un peu mieux pourquoi il était devenu la personne qu’il était aujourd’hui. Ça la réjouissait d’en connaître un peu plus sur lui. Toutefois ils en arrivaient toujours au même point quand ils parlaient de Juliet : Adrian. Lou ne savait pas quoi répondre ; leur discussion devenait stérile. « Et maintenant tu n’en fait plus qu’à ta tête peut-être ? » répliqua-t-elle préférant donner à leur discussion un ton plus léger. L’atmosphère de la patinoire était déjà assez glaciale comme ça, pas besoin d’en rajouter. Andrew semblait d’accord avec elle, il ne voulait pas commencer une dispute. Toutefois il ne changeait pas de sujet, il appuyait ses dires. Ou comment prendre un ethos de petit ami parfait pour ne pas que Lou lui en veuille :roll : (oui, mes cours de rhétorique déteignent). « Tu as raison, je ne veux pas en parler. Et je n’ai surtout pas à les juger. » préféra-t-elle répondre en ne donnant pas son opinion intentionnellement.

Lou préférait lui raconter la petite anecdote qui l’avait poussée à aller à la patinoire de temps en temps. La gym avait été sa passion durant quelques années, et quand elle pensait qu’elle avait du y renoncer, elle avait toujours ce pincement au cœur. L’évoquer ici n’échappait donc pas à la règle. Andrew lui rappela même qu’il était venu la voir une fois, avec son meilleur ami. Lou sourit à cette évocation ; elle se souvenait à peu près de ce jour-là. « Chiant ? Tu pouvais pourtant mater des filles en justaucorps. » répondit-elle en levant les yeux au ciel. Elle aurait aimé rajouter qu’il était peut-être trop occupé avec Christian, mais elle se ravisa bien vite, consciente qu’elle ne pouvait désormais plus faire ce genre de blagues. Et oui, ils n’étaient toujours pas redevenus amis. Et surtout Lou n’osait pas lui demander si Christian lui manquait. Elle se doutait de sa réponse ; "mais oui je suis un warrior bébé", qui voulait en fait dire "oui, terriblement". Au lieu de partir dans des conjectures désagréables, Lou se permit de provoquer un peu son amoureux ; elle lui lançait implicitement un défi. Bien sûr, Andrew marchait, il courait même, puisqu’il venait de lâcher la main de Lou pour s’élancer sur la piste. Elle le regarda d’abord, n’osant pas réagir et ayant surtout peur qu’il se casse la figure. Cependant il se débrouillait bien. Elle décida donc de se lancer à sa poursuite, bien évidemment elle arriva très vite à sa hauteur et s’accrocha derrière lui. « J’ai gagné » lui glissa-t-elle à l’oreille.

Quand elle le taquina à propos de son comportement plus ou moins sage et convenable, il lui répondit en tirant la langue. C'était gratuit certes, mais gentil et mignon. Il appréciait ces moments de complicité, même s'il se sentait complétement niais. Au fond, ils pouvaient tout se dire et tout partager, ou presque. Mais en somme, Adrian n'était que l'exception qui confirmait la règle. A part lui, ils pouvaient aborder n'importe quel sujet. Sûrement parce que le reste était bien moins important. Mais le bonheur de sa soeur restait primordial pour le garçon. Et il se promettait qu'un jour, elle aurait la vie qu'elle mérite. Avec ou sans son petit ami en carton qui n'envoyait pas de pâté du tout.

De toute façon, il ne pouvait pas parler de Juliet et Adrian avec Lou plus longtemps. Il avait dû accepter - contre son gré - qu'il existait un point sur lequel ils ne seraient pas d'accord. Adrian le faisait vraiment ch*er tout le temps. Lou et Andrew ne partageaient pas toujours les mêmes opinions non, mais habituellement, ils pouvaient partager leurs idées différentes, en discuter, se chamailler gentiment. Mais là, la discussion était tendue et n'avait rien de "gentil". Jamais il ne comprendrait qu'elle apprécie Adrian, alors qu'il pouvait accepter qu'elle fasse de la boxe et ait parfois les cheveux bicolores. Alors, il était préférable d'aborder des sujets plus légers, légers comme la jupette d'un justaucorps. « Non mais oh, nous avions dix ans, nous étions encore innocents à l'époque ! » Il mima un visage mi choqué mi déçu, sa petite amie ne pouvait pas avoir une telle image de lui. Mais bien vite, il eut envie de rire, de l'embêter un peu. Alors, il décida de faire la course. Il devait prendre beaucoup d'avance dès le début, car Lou n'allait pas tarder à le rattraper. Il glissait avec précaution sur la glace. Même si Lou n'était pas moqueuse, il mourrait de honte s'il tombait devant elle. Lui et sa fierté légendaire, que la jeune fille avait patiemment domptée. Comme chacun de ses petits défauts. Au bout de dix mois de relation, chacun connaissait l'autre par coeur, devinait à l'avance chacune de ses réactions. Ainsi, si Lou voulait provoquer le jeune homme, elle savait qu'elle devait remettre en doute ses capacités. Si Andrew souhaitait titiller sa petite amie, il devait rappeler quelle catastrophe culinaire elle était. Et surtout, s'il voulait la faire fondre, il devait l'embrasser dans le coup, avant de lui murmurer un "je t'aime" à l'oreille. Et s'il voulait lui faire plaisir, il devait simplement la laisser gagner. Alors, délibérément - et surtout pour ne pas tomber - il ralentit le pas. Et comme il l'avait deviné, il sentit bien vite Lou s'accrocher à lui. Il s'arrêta alors et se tourna pour lui faire face. Il passa ses bras autour d'elle, ses yeux avidement plongés dans les siens. « J'ai l'amoureuse la plus forte du monde ! » Il déposa un petit baiser sur ses lèvres, et eut alors une drôle d'idée. « Puisque tu as gagné, je fais ce que tu veux jusqu'à la fin de la journée ! » Il se savait un peu maso sur le coup, cette coquine de Lou en profiterait certainement pour s'amuser avec lui. Mais au fond, ça lui faisait plaisir de la voir sourire ainsi, et surtout de lui donner de beaux souvenirs dans cette patinoire, autres que ceux de son enfance.

Clore le sujet Adrian/Juliet était la meilleure chose à faire. Lou n’avait pas envie de créer des tensions dans son couple à cause d’un autre couple. Elle trouvait cela paradoxal d’ailleurs. Ce n’était pas tant un problème entre Andrew et Lou, mais plutôt entre Andrew et Adrian qui retombait sur tout le monde. Lou se demandait comment Juliet gérait la situation, elle se retrouvait au milieu de tout ça ; peut-être que cette ambiance un peu pesante la faisait se renfermer sur elle-même comme Andrew l’avait souligné quelques minutes plus tôt. Néanmoins, le jeune couple parlait désormais de leur enfance. Une période somme toute heureuse pour Lou et qu’elle dont elle aimait bien parler. Du moins jusqu’à ses 11 ans (ou 10 ans en fait, je ne sais plus, et j’ai pas ma bio sous la main). Ensuite, c’était un peu plus compliqué, et Lou n’aimait pas trop s’épancher sur le début de son adolescence. Ceci expliquait aussi pourquoi elle prenait tout sur le ton de la rigolade, histoire de vraiment dédramatiser le tout et qu’Andrew n’insiste pas forcément sur les points où ça faisait mal. Elle avait beau l’aimer très fort, il restait certains points de sa vie qu’elle n’avait pas envie d’évoquer, ou du moins pas quand ils étaient à la patinoire, lieu peu amène à une intimité quelconque.

Quand Andrew évoqua sa prétendue innocence, Lou éclata de rire : elle doutait que jamais Andrew et Christian aient pu être innocents. Et d’ailleurs le coquin profita de cet instant de distraction pour proposer de faire la course, et s’élança sur la piste. Évidemment, Lou le rattrapa bien vite. Il ne faisait pas encore le poids contre elle sur ce terrain-là. Elle s’accrocha derrière lui et le jeune homme se retourna pour lui faire face, il la prit ensuite dans ses bras, et lui lança la phrase la plus niaise mignonne du monde. Elle serait toujours étonnée de cet aspect de sa personnalité ; le petit ami attentionné. Après avoir déposé un léger baiser sur ses lèvres, Andrew décréta en récompense de sa victoire Lou pourrait lui demander ce qu’elle voulait aujourd’hui. « Vraiment tout ? » demanda-t-elle surprise. Le pire, c’est qu’avec autant de liberté Lou n’avait aucune idée de ce qu’elle avait envie de lui faire faire. « Si je te demande de faire un triple axel tu t’exécutes tout de suite ? » nouvelle question, nouvelle débilité. Andrew tenait à peine sur ses patins, lui demander une telle chose c’était presque comme signer son arrêt de mort. Malheureusement les idées de Lou frôlaient les pâquerettes. Elle avait bien des idées en fait, mais rien n’était approprié pour la situation. Elle avait bien des tonnes de questions à lui poser – qui le concernaient personnellement – mais Lou n’avait vraiment pas envie de les amener sur le tapis maintenant. Finalement elle resta un moment dans ses pensées. « Je retiens la proposition, mais pour l’instant estime toi heureux, je te laisse tranquille. »

Quand Andrew vit le regard malicieux de Lou, après qu'il ait annoncé qu'elle pouvait lui demander ce qu'elle souhaitait, il prit peur. Cette idée n'était peut-être pas si bonne, et sa coquine de copine pouvait utiliser ce bon à mauvais hessien (il aurait dû mettre une date limite dessus voilà). Au pire, il invoquerait un joker et passerait pour une fillette. Mais pour l'heure, il la laissait parler d'abord. Après tout, un défi difficile selon Lou pouvait s'avérer être une partie de rigolade pour le jeune homme. Un instant, il se demanda ce qu'il demanderait à sa petite amie, si les rôles étaient inversés. N'ayant stipulé aucune règle, toutes les questions étaient envisageables, des plus coquines aux plus sérieuses, en passant par les troublantes et les privées. Aussitôt, un flot de questions envahit son esprit. Serait-elle capable d'accepter Anaïs, un jour ? Pleurait-elle encore à cause du décès de son père ? avait-elle déjà testé les plans à 3 ? les objets ? Aimait-elle sincèrement sa cuisine ? trouvait-elle qu'il ressemblait à un gamin avec ses chemises de bûcheron et ses converse ? Plus que des questions, des défis à lui lancer se profilaient aussi timidement. Lui refaire un strip tease, mais un vrai avec de la musique. Ranger sa chambre (à lui hein). Passer une journée à Sunny Side pour s'occuper d'Anaïs ... Sur le coup, il fut vraiment déçu de ne pas avoir gagné.

Surtout que Lou lui lança un défi assez improbable. Elle venait de lui parler chinois (et pas pour lui demander où était le tram) et il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait. « Désolé ma chérie mais je ne connais pas ce Axel ! » Il haussa les épaules, impuissant face à ce défi. Mais elle précisa alors qu'elle n'était pas sérieuse et le laissait tranquille pour le moment. Il ne cacha pas sa surprise, lui qui avait eu mille et une idées en tête, en l'espace de quelques secondes. « Vraiment ? Y'a rien que tu aies envie de me demander là ? Bah ... c'est cool ça ! » Il le prenait comme un compliment, celui d'être un petit ami honnête et digne de confiance, puisque Lou n'était taraudée d'aucune question. Bien sûr, elle pourrait lui lancer un défi plus tard (coquin ou non) mais au moins, elle n'était démangée par aucun soupçon. « On fait un autre tour de piste en allant plus vite cette fois ? » Maintenant qu'il avait pris le rythme, il était capable d’accélérer son pas sans risquer de glisser. Du moins il l'espérait. De toute façon, il n'avait pas le choix, Lou serait capable de le qualifier de poule mouillée autrement. Or, son égo ne le supporterait pas. Il mit donc fin à leur étreinte avec regret, et bien sûr il attrapa vite sa main à nouveau. On ne sait jamais, des fois qu'elle s'échapperait.

« Et en Patinage, tu as fait aussi des compétitions, comme un gym ? » Sur le coup, il était un peu honteux. Il afficha un regard penaud qu'il baissa bien vite pour admirer ses patins. Il n'avait jamais pratiqué de sport, ne s'était jamais autant investi que Lou en tout cas. Bien sûr, il pratiquait quelques activités pour le plaisir : basket, monopoly ... Mais il ne les vivait pas avec passion, pas comme Lou. Alors oui, il y avait la pâtisserie, ce cas à part : il ne pouvait pas oublier qu'elle remplaçait son addiction aux drogues. Même s'il adorait ça, ce passe temps ne lui était pas venu naturellement. Il ne se sentait pas vraiment forcé, enfin en tout cas plus maintenant. Mais au début, ce fut une autre histoire.

Lou n’était pas imaginative aujourd’hui, si bien qu’elle ne fut pas capable de donner un défi digne de ce nom à Andrew. Pour rire, elle lui avait demandé de faire un triple axel, c’est-à-dire une figure emblématique du patinage artistique féminin. Malheureusement, Andrew se dit incapable de la faire. Enfin plus précisément, il fit une blague que Lou ne soupçonnait pas d’être une vraie blague. Il ne devait de toute façon même pas savoir ce qu’un axel était. Préférant ne pas avoir à se lancer dans une explication compliquée (pire que celle des mecs pour t’expliquer un hors jeu), Lou préféra laisser tomber. Pour le moment. Andrew semblait soulager. Pire, il était surpris que Lou n’en ait pas profité pour lui poser des tas de questions embarrassantes, gênantes ou autres. Pour qui la prenait-il franchement ? Certes certaines questions lui brûlaient les lèvres ; comme par exemple le détail de TOUT son séjour à Londres, mais Lou ne se sentait pas vraiment de lui parler de tout ça au milieu de la patinoire. Ce n’était pas le moment le plus propice pour se livrer. Un instant elle réfléchit. Elle avait encore l’occasion de poser une question n’importe laquelle. Elle ne voulait pas dire n’importe quoi, ou poser une question qui risquait de vexer son amoureux, il fallait faire attention à la façon de la formuler, tout ça tout ça, mais déjà Andrew se proposait de faire un autre tour de piste. Mince, Lou avait clairement laissé passé sa chance pour le moment. Il l’attrapa par la main, et ils commencèrent à patiner, cette fois un peu plus vite. Toujours dans ses pensées la jeune femme ne pensa pas un seul instant que c’était peut-être le moment idéal pour elle d’aborder les sujets dont elle avait envie de discuter. Mais, une fois de plus, Andrew fut plus rapide qu’elle à reprendre la parole. Il s’intéressait encore à sa très courte carrière de patineuse. « Non, je vais ici juste pour faire quelques tours de pistes. Rien de plus. » elle haussa les épaules. Le patinage en compétition revenait au même que la gym en compétition au final. Or, Lou ne pouvait plus prétendre à aucun sport de haut niveau avec son genou blessé.

« Mais dis moi, tu n’as jamais pratiqué aucun sport toi ? » demanda-t-elle choquée. En fait, ce n’était pas tant la constatation qui la faisait halluciner, mais tout simplement le fait de ne pas savoir quel était le sport préféré d’Andrew. Au lycée, il ne se classait pas parmi les plus sportifs, ça elle s’en souvenait très bien. Subitement elle se dit qu’elle ne le connaissait pas aussi bien qu’elle le prétendait. D’un autre côté elle était rassurée, il y avait encore des choses qu’ils ignoraient l’un sur l’autre. Qu’il subsiste une part de mystère entre deux personnes était quelque chose de positif pour Lou, au moins ils auraient toujours l’occasion de se surprendre l’un l’autre. « Et dormir ne compte pas. » finit-elle par dire pour taquiner.

Quelque part, ça rassurait le jeune homme que sa petite amie ne soit pas une championne de patinage, capable d'enchaîner les saltos et autres figures acrobatiques aux noms compliqués. Il l'aimait fort, mais il avait toujours besoin d'être le mâle dominant, et n'appréciait pas que Lou le surpasse, même s'il était fier d'elle dans ces moments-là. C'était une sensation bizarre, en fait, peut-être un peu maso, de ne pas aimer être moins bon mais d'aimer quand même avoir une petite amie si impressionnante. « Ah d'accord » se contenta-t-il de répondre, ne voulant pas ressasser plus longtemps les souvenirs douloureux.

C'est alors que la jeune femme s'inquiéta de savoir si lui aussi pratiquait des sports. Il tira la langue à sa petite blague. S'il lui répondait que oui, Lou risquait de faire une crise cardiaque sous le coup de la surprise, tant c'était exceptionnel. Mais ce n'était pas le cas, Andrew n'avait jamais pratiqué de sport, du moins il n'avait jamais été inscrit dans un club ou à une quelconque activité. Par contre, il avait toujours aimé le basket. Avec Christian, quand ils ne fumaient pas des joints, ils y jouaient, avec Jeremy aussi parfois. Il avait par contre plus de mal à admettre que Adrian l'avait aidé à s'améliorer. Quand il commença à sortir avec Juliet, Andrew n'avait qu'une dizaine d'années, alors il avait vu dans ce beau frère un compagnon, un mentor, le grand frère qu'il n'avait jamais eu. Mais bien vite, quand il grandit, il déchanta, et arrêta de jouer au basket avec Adrian. Mais il choisit de taire ce chapitre à Lou, pour l'instant. « Je faisais souvent du basket, je ne sais pas si tu as déjà vu il y a un panier accroché chez moi, au dessus du garage. Mais je n'en ai jamais fait en club, je jouais juste avec des potes à l'occasion, ou tout seul aussi parfois. Rien d'intensif comme toi avec la gymnastique ! » confia-t-il à sa petite amie. Il n'avait pas particulièrement honte, c'était un chapitre de sa vie. Il aurait pu en pratiquer au basket, mais cela signifiait se rendre à des entraînements régulièrement et à des horaires précis, il n'en était pas capable, alors n'avait même pas tenté d'intégrer dans l'équipe. « Et puis j'ai la cuisine aussi maintenant, depuis Londres. » Il se tourna alors vers elle pour la regarder. « Ça compte comme un sport ? » Il rit légèrement, la réponse de Lou serait probablement négative. Mais dans le sens où la cuisine était sa nouvelle "drogue", il la voyait un peu comme un sport. Après tout, au centre, d'autres avaient plutôt choisi le football - qui était un sport en vogue à Londres. On lui avait donc naturellement suggéré le basket ball, mais il fut incapable de s'y remettre, de tenir le coup avec un ballon à la main : ça lui rappelait tout simplement trop Londres, ses amis, et ça lui manquait vraiment trop, dans cette prison. Alors, il avait choisi un occupation inconnue, nouvelle, détachée de toute connotation, et s'était retrouvé aux fourneaux.

Après quelques autres tours de piste, Andrew remarqua qu'il commençait à frissonner. La météo n'était pas clémente dans le quartier ces derniers temps, et malgré son duffle coat (Andrew est un garçon hype), il avait un peu froid. Il observa alors la jeune femme, pour voir si elle était dans le même cas. Il ne voulait pas gâcher son plaisir et interrompre leur patinage. Mais se blottir sous la couette avec un chocolat chaud le tentait pas mal (toute ressemblance avec un rp précédent est totalement fortuite).

Pourquoi parlaient-il de sport déjà ? Ah oui, Andrew s’était demandé si Lou pratiquait le patinage en compétition. C’était bizarre de parler de tout ça, parce que dans le fond ça appartenait au passé et Lou n’avait pas l’occasion de se le remémorer très souvent. Avec Andrew ils apparentaient toujours à se connaître, ils avaient toujours des nouvelles choses à apprendre l’un sur l’autre, et Lou aimait bien ça. Ainsi, elle aussi s’intéressait à lui ; peut-être que durant son enfance il avait aussi eu une passion dont Lou ignorait encore l’existence. Même s’ils se connaissaient depuis tout petits, Andrew et Lou n’étaient pas des amis d’enfance au sens strict du terme. C’était au fur et à mesure des années qu’ils avaient commencé à se rapprocher et plus par la force des choses que parce qu’ils sentaient qu’ils allaient se kiffer à mort et pour toujours. Et oui, c’était en fait grâce à Christian qu’ils avaient commencé à vraiment traîner ensemble. Toutefois Andrew avait toujours été aux yeux de Lou le meilleur ami un peu frimeur de Christian. Il avait fallu qu’ils se rapprochent lorsque Andrew était revenu de Londres. Peut-être qu’il avait changé là-bas, oui bien que c’était Lou qui avait changé. En tout cas leur relation avait pris une bien étrange tournure que Lou n’arrivait même pas à comprendre. Tout ça pour dire que Lou ne connaissait pas si bien l’enfance de son petit ami bien qu’il habitait à deux pas de chez elle. A l’évocation de son panier de basket, Lou ne put s’empêcher de rire. Si elle avait remarqué ? Avait-il oublié qu’elle habitait la maison d’en face ? « Bien sur que je sais que tu as un panier ! Combien de fois je t’ai maté. Ah si tu savais ! » dit-elle en levant les yeux au ciel. Evidemment elle blaguait. Comme je l’ai précisé un peu plus haut, oui oui faut être attentif, Lou ne s’était pas vraiment intéressée à Andrew avant son départ à Londres. Avant, elle n’avait donc aucune raison de la mater, alors oui elle se rappelait bien des quelques parties qu’il avait faites avec Jérémy, mais sinon rien de plus. Plus sérieusement il évoqua ensuite la cuisine, passion dont ils avaient déjà parlé. Andrew kiffait vraiment, et Lou était toujours surprise de voir qu’il en parlait sérieusement. « Ça compte comme un sport si tu me fais de bon petits plats oui. » elle lui fit un grand sourire. Ils étaient complémentaires en plus, rien ne pouvait être plus parfait

Après avoir fait quelques tours de pistes, Andrew semblait en avoir un peu marre puisqu’il se mit sur le côté. Lou remarqua qu’il frissonnait un peu. Elle, au contraire était bien. Elle se rapprocha de lui et lui frotta les bras (de façon mignonne hein !) pour le réchauffer un peu. « Tu veux qu’on rentre ? » elle ne voulait pas qu’il attrape froid, qu’il ait mal à la tête, à la gorge, au nez (non je ne parle pas de toi (a)). Après elle serait obligée de s’en occuper et c’est bien connu quand les hommes sont malades c’est pire que s’ils avaient attrapé la peste.

Il ne put s'empêcher de rire, quand Lou avoua qu'elle le mattait étant plus jeune. Un instant, il l'imagina, à sa fenêtre, admirant le jeune homme tout musclé qui jouait avec son ballon devant la maison d'en face, le corps ruisselant de sueur et étincelant sous le soleil (ce garçon c'est Andrew hein, au cas où tu l'as pas compris). « J'avais une groupie secrète et je ne le savais même pas ! » Il serra un peu plus fort sa main, en bon amoureux transi qu'il était. « On jouera à deux un jour ? » Il accompagna sa demande d'une petite moue mignonne, le chat Potté n'aurait pas fait mieux. Il espérait la faire craquer oui, et était sincèrement persuadé que ça marcherait.

Il fut sincèrement étonné que Lou ne lui pose pas plus de questions sur la cuisine. Surtout qu'il avait bien précisé qu'il tenait cette passion de Londres, or Lou essayait depuis bien longtemps d'en savoir un peu plus sur son séjour là bas. Dès qu'il évoquait de près ou de loin la capitale britannique, Lou posait quelques questions légères qui étaient lourdes de sens. Bien sûr, déjà, elle savait qu'il avait collectionné les aventures là bas. Il regrettait amèrement de s'en être vanté auprès d'Annie, lors de son retour. Il n'avait pas pensé, à l'époque, que l'histoire serait répétée dans le quartier, après un an loin de Magnolia il avait oublié comme les ragots - même inutiles - se colportaient vite. A l'époque, il avait seulement voulu lui clouer le clapet car elle l'enquiquinait vraiment. « Pourquoi ? Parce que tu es très difficile ? » suggéra-t-il en se moquant gentiment de sa douce. « J'ai découvert assez de techniques à Londres pour te faire des petits plats pendant un moment je pense, enfin j'espère ! » Si cela était satisfaisant pour Lou, il s'y donnerait à coeur joie ! Il pourrait ainsi réunir deux passions : cuisiner et rendre sa belle heureuse, si c'était pas génial (niaiserie du jour bonjour ).

Mais déjà, Lou proposait de rentrer, et Andrew n'était pas complétement contre. « Ça se voit tant que ça que j'ai froid, c'est ça ? » demanda-t-il en riant. « C'est comme tu veux, je peux encore supporter quelques tours de piste » Il dressa le torse, fier et warrior. « En plus, plus j'ai froid plus tu me réchauffes c'est ça ? » Il lui fit un grand sourire colgate, innocent, alors que bien des pensées tendancieuses se promenaient dans sa tête.

Lou avait voulu taquiner son amoureux, non, elle ne faisait pas partie de ces filles qui pouvaient mater les garçons toute la journée quand ils faisaient du sport. Ça la faisait plutôt chier de devoir regarder un match quelconque même si c’était son homme sur le terrain. Par chance, aucun de ses ex n’étaient de sportifs accomplis, ainsi, elle n’avait pas eu à supporter quelqu’un et feindre de s’intéresser à un sport débile type football. En revanche, elle admettait avoir déjà jeter un œil par la fenêtre quand Andrew jouait. Mais elle n’était pas du genre à baver dès qu’il enlevait sa chemise Alors quand Andrew proposa de jouer à deux, Lou lui lança un regard à la fois apeuré et interloquée. Lou = fille qui mesure 1 mètre 57. Lou = fille qui n’avait fait que des sports de naines c’est-à-dire gymnastique et patinage (entre autres). Il devait se foutre d’elle, impossible autrement. Comment voulait-il qu’elle puisse sincèrement jouer sans paraître totalement ridicule. « T’es pas sérieux ? Moi ? Jouer au basket, non mais tu m’as vue ? » demanda-t-elle presque choquée. Lou n’avait jamais été du genre à complexer sur sa taille, mais elle allait se poser des questions si Andrew était en train de la charrier. En général, elle portait d’ailleurs toujours des talons pour au moins atteindre le mètre 60. Même si la moue adorable qu’avait faite son amoureux la faisait fondre intérieurement, Lou avait dû illico presto remettre les idées d’Andrew à sa place.

La cuisine était donc le sport désormais pratiqué par son warrior de petit copain. Très bien, à celui là, Lou pouvait jouer avec plaisir. Même si elle ne devait que déguster, ça lui allait aussi parfaitement. Une nouvelle fois il insista sur le fait que Londres lui avait fourni un endroit propice à sa nouvelle passion. « Londres t’as appris beaucoup de choses on dirait. » dit-elle sur un ton angélique. Comment ça Lou n’était pas très subtile ? Pourtant elle faisait de gros efforts pour ne pas péter un câble et demande à Andrew de tout lui raconter dans les moindres détails concernant sa cure de désintox premier et deuxième chapitre. Mais, Andrew avait froid. Lou était un peu déçue que leur après midi romantique prenne déjà fin. Monsieur faisait déjà des allusions un peu coquines. Il voulait que Lou le réchauffe. Elle leva les yeux eu ciel, faisant genre tu m’agaces pour ne pas lui dire je te kiffe trop. « Un dernier tour alors ? » ce n’était pas vraiment une question en fait parce que Lou avait déjà attrapé la main d’Andrew et glissait à petit pas sur la glace, histoire de faire durer un peu le plaisir. « Promis, une fois à la maison je te réchaufferai. » elle lui fit un sourire avant de se rendre compte de sa bêtise et de sa maladresse. « Enfin, chez toi. » elle regarda vite fait ailleurs avant de reprendre, se sentant obligée de se justifier. « Tu m’as comprise quoi. » elle accéléra le pas, un peu mal à l’aise.

Imaginant la scène un instant, Andrew éclata de rire. Sa petite amie, en tenue de basketteur, un ballon à la main, driblant vers le panier, avant d'envoyer le ballon dans le filet ... Magnifique. Mais non réalisable. Elle n'avait pas tort, il sortait avec une naine. Il laissa aller sa réflexion fantastique, espérant trouver une solution à leur problème. Il aurait pu cuisiner de la soupe, pour Lou, mais sa croissance était d'ores et déjà terminée. A regret, il allait renoncer à son idée d'une partie de basket entre amoureux, où pour lui piquer la balle il l'aurait chatouillée, où il aurait fait exprès de laisser filer le ballon pour la laisser gagner ... Mais une idée de génie traversa alors son esprit. « Je sais ! » s'exclama-t-il en souriant. « Quand tu seras arrivée devant le panier pour marquer, je te porterai ! On fait comme ça ? » Sa question se voulait rhétorique, il était évident, qu'ils joueraient ainsi. Andrew avait, après tout, chaussé les patins pour sa belle, elle aussi pouvait se plier à ses sports. Il avait déjà tenté en vain de la convertir aux jeux vidéos, mais elle n'était même pas fichue de trouver les pokemon mignons. Elle ne pouvait pas dire non au basket, ce serait reconnaître qu'elle ne voulait faire aucun effort pour découvrir la vie de son petit ami. Apprécier ses passions ne signifiait pas uniquement goûter tous ses petits plats ! Surtout qu'à manger autant, elle allait bientôt avoir besoin de plusieurs séances de ce fameux basket ball ... Sa passion pour la cuisine n'était peut-être pas un complet avantage, en fin de compte. Quand il avait commencé à passer derrière les fourneaux, au centre, il était resté dubitatif. Agissant d'abord machinalement - et parce que c'était soit ça, soit le football ou la mécanique, et Andrew n'avait jamais été très branché voitures - il avait finalement réalisé que cuisiner quelque chose avant de le manger, c'était très appréciable. « Non, Londres ne m'a pas appris beaucoup de choses, comme tu dis. Londres m'a appris à remplacer mon addiction par une autre, plus facilement contrôlable. » Il sentait dans sa phrase une pointe de sarcasme qui lui restait en travers de la gorge. C'était comme si - pour elle - Andrew était parti à Londres pour une petite promenade de santé, que là bas c'était le belle vie, qu'il se la coulait douce. Avait-elle oublié un petit détail important, à savoir son alcoolisme ? Avait-elle oublié la catastrophe du bal de promo l'année dernière ? Il ne pouvait pas croire qu'elle était ainsi mauvaise.

Pourtant, au fond, il ne pouvait pas lui en tenir rigueur bien longtemps. Les rumeurs sur ses conquêtes londoniennes avaient fait le tour du quartier. Tout le monde était au courant qu'il avait trempé son biscuit dans toutes les tasses de Londres, avant de savoir qu'il était de retour à Magnolia. Mais cela ne signifiait rien, et il ne préférait pas connaître ses sous entendus, même s'il les devinait sans peine. Il préférait se concentrer sur l'instant présent, par définition le passé appartenait au passé. Il était révolu, terminé. Et surtout sans incidence sur son présent. Un présent que Lou s'amusait à compliqué. Il releva bien sûr sa petite expression, puisque Lou prit même soin de s’emmêler les pinceaux. Il lui lança un regard interrogateur, se demandant au fond si ce lapsus ne signifiait pas quelque chose. Un instant, bien sûr, l'idée de lui reproposer d’emménager chez lui traversa son esprit. Mais il ne voulait pas revivre la même situation embarrassante une nouvelle fois. Encore moins en public. « Oui oui j'ai compris, pas la peine de t'embrouiller ainsi » Il lui caressa la joue, l'incitant à se détendre. « Et puis chez toi, c'est aussi chez moi tu le sais bien » Puis il rapprocha son visage du sien, pour lui chuchoter à l'oreille. « Va pour le dernier tour, mais compte sur moi pour retenir ta proposition. » Il lui fit un clin d'oeil et ils glissèrent ensemble pour un dernier tour de piste.

Jouer au basket avec Lou sur ses épaules ? Encore une bêtise que seul Andrew pouvait dire. Ce n’était physiquement impossible, et pas très commode à réaliser. En gros, il se fichait d’elle pour changer un peu. Le pire était qu’il semblait sincèrement convaincu, et comme d’habitude, Lou ne savait pas si elle devait être agacé ou attendrie. Niaise, comme elle était, elle était souvent en mode des étoiles pleins les yeux devant les absurdités de son copain, qu’il prononçait en fait que parce qu’il se souciait d’elle. En effet, il avait envie de jouer au basket avec elle pour partager un truc qu’il aimait avec celle qu’il aimait. Elle le regarda un instant, silencieuse et finit par lui donner un petit coup de poing dans son épaule avant de rire. « T’es bête. » finit-elle par dire totalement consciente que son t’es bête sonnait plutôt comme un "je t’aime" qu’autre chose. Toutefois l’ambiance bonne enfant qui venait de se créer ne resta pas ainsi bien longtemps. Inopinément (d’ailleurs tu le dis plus lui :o), le sujet Londres s’était glissé dans la conversation. Sujet tabou, Lou ne savait pas comment aborder les choses. Donc, elle le fit un peu de façon légère, histoire de ne pas blesser son amoureux. Bien entendu à trop bien vouloir faire, on finit par mal faire puisqu’Andrew lui répondit amèrement. Elle ne comprenait pas ce qu’elle avait bien pu dire et d’un coup ça l’avait refroidie. Lou n’était pas totalement débile. Elle se doutait bien que durant son séjour à Londres il n’avait pas passé ses journées à faire du shopping chez Marc & Spencer où à visiter le musée de Madame Tussaud. « Je sais. » répondit-elle du tac à tac. Il venait de la blesser dans un sens, elle ne prenait pas du tout à la léger son addiction à l’alcool. « Je ne suis totalement débile. » et faillit rajouter qu’elle n’avait pas pu prendre pleinement conscience de l’ampleur de sa maladie puisqu’il n’avait jamais souhaité en parler avec elle. Elle se retint néanmoins. Le sujet Londres était peut-être à aborder ailleurs qu’en plein milieu de la patinoire.

Ils avaient donc décidé de repartir pour un tour de piste avant de reprendre le chemin du quartier. Brillamment, la jeune étudiante s’était emmêlée les pinceaux confondant, chez lui, chez elle, chez eux. Elle eut peur de la réaction d’Andrew, mais heureusement il réagit avec beaucoup de maturité. Elle eut même le droit à une caresse sur la joue, signe réconfortant. Il ne lui en voulait pas. Ouf. Elle se détendit un peu, elle eut peur qu’une nouvelle fois la discussion prenne une tournure désagréable. Après lui avoir chuchoté à l’oreille qu’il retenait sa promesse de le réchauffer plus tard, ils glissèrent, pour un dernier et unique tour. « Bon, je ne vais pas te torturer plus longtemps. » ils venaient tout juste de finir leur tour de piste. Ils se tenaient toujours par la main, de peur que l’un pourrait s’échapper. Lou prit ensuite Andrew dans ses bras pour l’enlacer. Elle le serra très fort, heureuse d’être venue avec lui aujourd’hui. « Merci d’avoir bien voulu venir avec moi. » elle l’embrassa ensuite durant de longues secondes.

Lui même riait de sa blague, c'était totalement idiot. S'imaginer en train de porter Lou pour faire du basket était une scène bien cocasse. Oui, Andrew était du genre à rire de ses blagues, après tout quand on se décide à dire une blague à voix haute, c'est bien parce qu'on la trouve drôle. Et le coup que Lou lui mit à l'épaule ne le calma pas. « Ou sinon si tu veux, dans la salle de jeux il y a un panier pour enfants, il doit mesurer un mètre cinquante ou un truc comme ça, ça pourrait aller ? C'est peut-être un peu trop grand encore, non ? » Il n'allait pas tarder à se faire frapper, encore une fois. Pourtant non, il n'était pas maso. On dit souvent que qui aime bien chatie bien. Or ces deux là s'aimaient trop fort, tout simplement. Alors parfois ils se faisaient mal, vraiment. Parfois pour des raisons idiotes, de la jalousie déplacée ou une parole mal intérprétée, ils pouvaient ressentir le besoin de blesser l'autre, le besoin de se venger car on ressent des sentiments trop forts pour l'être aimé, fort à en faire mal au creux de la poitrine. Et parfois, les chatiments étaient gentils, doux comme un duvet, des chatiments qui voulaient surtout dire "putain ce que je t'aime". Alors même si Lou fut maladroite à propos de Londres, Andrew ne lui en tint pas rigueur, et choisit de la châtier avec amour. « Un petit peu bêbête quand même un petit peu parfois hein ... » dit-il en affichant une moue faussement désolé, qui laissa vite la place à un nouvel éclat de rire. Le visage de Lou indignée, qui mimait l'énervement, ça n'avait pas de prix.

Il ne pouvait pas le nier, cet après midi à la patinoire s'était agréablement bien passé, pourtant Andrew avait eu bien des a priori en venant ici. Mais avec Lou, il apprenait doucement à occuper ses journées, autrement qu'en traînant dans son lit ou dans le canapé. Bien sûr, il trouvait toujours cette sentation nouvelle et bizarre, mais pas désagréable. Dire qu'avant il glandait toujours avec son meilleur ami. Sans lui désormais, il devait bien apprendre à modifier ses habitudes. Il se demanda si Katya aussi, sortait ainsi son copain comme on sort un petit chien. Mais il préféra rayer Christian de ses pensées. Son bro lui manquait toujours, même si officiellement il jouait le dur qui n'en avait que faire. Le problème était qu'il ne pouvait le dire devant Lou. Il la connaissait, elle culpabiliserait aussi tôt. Alors qu'au fond, ce n'était en rien sa faute. C'étaient juste les circonstances ...

« Bon, je l'admets, j'ai passé un bon après midi » avoua-t-il quand ses lèvres quittèrent celle de sa douce. Il serait bien resté là, dans ses bras, mais il commençait à avoir froid. Ils quittèrent la piste, otèrent leurs patins (Andrew ne fut pas mécontent de retrouver ses converses (tu sais que à chaque fois j'écris conserve au lieu de converse ?)) puis rentrèrent chez Andrew, main dans la main. Amoureux. Niais. Scotchés.