Lorenzo se renfrogna quand la jeune femme souligna son caractère perfectionniste. Il ne l'était pas que dans le domaine culinaire, mais Lorenzo se retint de lui faire savoir. Alana n'avait pas besoin de penser que son ami frolait parfois la névrose. « J'aime juste que les choses soient faites correctement » répliqua-t-il, mimant un air forcément vexé, avant de rire de bon coeur. Au fond, elle n'avait pas tort.

Alors qu'ils patientaient devant leurs tasses de café brûlant et fumant, Alana décida de causer boulot. Lorenzo fut d'abord surpris que la jeune femme ne connaisse pas son métier. Pour lui, tout le monde le connaissait comme Lorenzo, le prof de maths du lycée. Mais elle ne fréquentait pas cet établissement, son ignorance était donc fondée et légitime. « Oh pas du tout, je suis professeur de maths au lycée ! La cuisine c'est seulement ... » Il n'eut pas l'occasion de s'étendre sur son passe temps favori, qu'Alana s'exclama, surprise, après avoir goûté le café. Il partit dans un fou rire, elle avait la tête de quelqu'un ayant découvert quelque chose de révolutionnaire, d'impressionnant. Au fond, aussi bon soit-il, c'était juste du café. « J'ai déjà fait goûter ce café à beaucoup de monde, je n'ai jamais eu une telle réaction tu sais ! » commenta-t-il en essuyant une larme de rire qui perlait au creux de son oeil. Il but sa tasse à son tour, c'est vrai qu'il était bon. « C'est le même produit, mais la cafetière ne fonctionne pas pareil. Dans les appareils industriels, le café "descend". Avec une cafetière italienne, il "monte". Quand j'étais petit, j'étais persuadé que ça tenait de la magie, un café qui monte comme ça » Il était ravi de partager toutes ces anecdotes avec la jeune femme. Peut-être parce qu'il ne pouvait plus le faire avec sa femme. « Je t'en sers une autre tasse ? » proposa-t-il en attrapant la cafetière. « Au fait, j'ai parlé de moi, mais toi, que fais-tu dans la vie ? »

Alana, qui n'avait pas prévu ce déjeuner, pensait reconsidérer ses sorties courses du Dimanche. Elle n'avait jamais aimé faire les courses, et encore moins le dimanche mati quand elle pouvait dormir. Mais si faire les courses lui permettait de rencontrer des gens aussi géniaux que Lorenzo tous les midis, elle irait volontiers ! Surtout si tous pouvaient lui faire à manger, ce serait parfait (a). Lorenzo fit une fausse moue en disant indirectement qu'il était maniaque, sisi, puis il ne put retenir un rire, auquel Alana se joignit de bon cœur.

Installés à table devant leurs tasses de café -noir sans sucre ni lait ni chocolat-, la jeune femme demanda à Lorenzo ce qu'il faisait dans la vie. Même si elle était amie avec Summer, elles ne parlaient jamais de son mari, évitant soigneusement le sujet à chaque fois. Alana en avait déduit qu'il y avait anguille sous roche, mais ne posait pas la question par pure politesse. Son ami commença à lui répondre qu'il était enseignant au lycée quand elle s'exclama à propos du café. Remarquant ensuite qu'elle l'avait coupé elle s'excusa. « Pardon je t'ai coupé dans ton élan, mais fallait que je m'exprime sur ce café ! » Faut dire qu'Alana n'avait goûté qu'aux cafés des distributeurs de l'entreprise ou ceux du Gordon, et jamais du café pur. Autrement dit, ce café là lui faisait comme une révélation : elle ne prendrait plus jamais de sucre ou de lait dans son café, et n'en boirait que de cette cafetière, qui semblait sortie tout droit de l'usine Willy Wonka. Lorenzo était alors partit dans un tel fou rire que même si Alana ne comprenait pas pourquoi, elle le suivit tellement son rire était communicatif. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu quelqu'un rigoler comme ça.

Alors que le Di Mascio se calmait de son fou rire, il essuya les larmes de rire qui avait coulé sur sa joue et expliqua à Alana pourquoi il avait rigolé. Elle ne vit toujours pas pourquoi c'était aussi drôle, m'enfin, peu importait, valait mieux rire que pleurer, même si dans ce cas Lorenzo avait fait les deux. Il lui confia alors le secret de la cafetière italienne, qui montait au lieu de descendre, et comme quoi il croyait que ça tenait à de la magie quand il était enfant. « Ah nan, mais pas besoin d'être enfant, moi aussi j'trouve ça magique ! C'est le super-café qui défie les lois de la gravité ! » rigola-t-elle. L'italien lui proposa alors une autre tasse, qu'elle refusa poliment. « Non, merci. J'ai toujours pensé que les bonnes choses se devaient d'être appréciées en petites quantités. Et puis si je bois une deuxième tasse, je vais pas dormir de toute la semaine ! » Le café avait un effet très fort sur Alana, et encore plus si elle en prenait du noir. Bon, ça ne durerait pas la semaine, mais une belle nuit blanche sûrement.

Lorenzo enchaîna alors sur le boulot d'Alana. « Ce que je fais dans la vie ? J'suis la secrétaire de Vincent Cleavers, je ne sais pas si tu le connais. C'est super, mais j'suis assez overloadée par moments ! Faut pas croire, c'pas facile d'être secrétaire. » Elle précisait ce dernier point car elle savait que le nom de secrétaire résonnait aux oreilles de tous comme le boulot de la fille sexy en tailleur qui ne fait que répondre aux appels. Mais Lorenzo devait le savoir, puisque sa femme en était une aussi.

Alana refusa poliment une seconde tasse de café. Lorenzo, lui, choisit de s'en verser une, la dernière avant de partir. Car il commençait à se faire tard, du moins pour un déjeuner. L'après-midi était déjà bien entamé, mais Lorenzo ne regrettait pas une seconde ce temps passé chez sa nouvelle amie. « Oui je comprends, si tu t'en fais seule, tu peux mettre moins de café dans le filtre, afin qu'il soit moins fort. » conseilla-t-il tout en buvant sa dernière tasse.

Après les interrogations sur le travail de Lorenzo, c'était au tour d'Alana de se présenter plus amplement. Il nota, amusé, que la jeune femme défendait bien le métier de secrétaire, probablement trop décrié, et considéré comme un emploi à la portée de tous. Pourtant, Lorenzo voyait jour après jour que sa femme ne s'amusait pas. « Non, je ne le connais pas, mais je veux bien te croire, Summer aussi a toujours un milliard de choses à gérer. » affirma-t-il pour soutenir ses propos. Lorenzo n'avait jamais pensé qu'il existait de sots métiers, ou que certains prévalaient sur les autres. En tant que professeur, il encourageait toujours ses élèves à suivre les voies qui leur plaisaient, mais surtout à réaliser leur rêve, qu'importe que ce soit sportif de haut niveau ou jardinier. L'important est d'aimer ce que l'on fait. Et dire que, lui, aimait de moins en moins l'enseignement, mais c'était une autre histoire, à réserver pour un autre jour. En effet, sa tasse de café vide, il était temps de libérer son hôte de toute obligation. Il se leva, attrapa les tasses et la cafetière, pour la ramener à la cuisine. « Je vais t'ouvrir la cafetière et la rincer, j'ai parfois l'habitude de serrer un peu fort » Il s'exécuta puis posa les différents éléments à côté de l'évier, les laissant égoutter. « Et si tu as des doutes sur le fonctionnement, n'hésite pas à m'appeler, Jenn doit avoir oublié depuis le temps ! » proposa-t-il sérieusement.

Enfin, plus rien ne le retenant, il se tourna vers la jeune femme. « Eh bien, il est temps pour moi de prendre congé » Il gagna le hall d'entrée et attrapa son manteau sur le porte-manteau (je ne sais plus s'il en avait un, on va dire oui car il fait froid. Oui je pourrais aller relire le début du rp, mais c'est cool de faire planer le doute, ça met du suspense). « A bientôt alors, j'espère, je n'oublie pas la soirée danse et karaoké ! » dit-il en souriant. Puis, il ouvrit finalement la porte et disparut dans la rue, réfléchissant déjà au récit qu'il tiendrait à sa femme, pour qu'elle ne se fasse pas mille et une idées fausses.

Tandis que Lorenzo se resservit une tasse de café, il conseilla à Alana de mettre moins de café dans le filtre si elle le voulait moins fort. Elle hocha alors la tête en signe de remerciement, appréciant le geste. C'est sur que si elle prenait aussi fort -même s'il était délicieux- tous les jours, elle passerait des nuits blanches et serait surexcitée. Sans compter qu'elle finirait sûrement droguée au café.. Il lui était arrivé de voir des gens comme ça, qui ne pouvait réellement pas se passer de café. Déjà qu'elle, en n'en prenant qu'un ou deux dans la journée, avait du mal à ne pas en prendre, alors elle n'imaginait pas ceux qui en buvait quatre purs..

Après avoir expliqué son travail, tout en indiquant indirectement que ce n'était pas le métier qu'on croyait, Lorenzo acquiesça ses propos, voyant bien que sa femme, secrétaire elle aussi, n'était pas en manque de boulot tous les soirs. Mine de rien, cela fit plaisir à Alana de voir que son métier était reconnu par son ami. Elle se disait que si ses amis ne la jugeaient pas, alors ça allait. Bien sûr, c'était à elle d'aimer son travail, pas ses amis, mais elle vivait mieux en sachant que rien ne se disait dans son dos. A ce qu'elle en savait bien sûr.

Son ami cuistot se leva alors pour débarrasser la table et aider à ouvrir la cafetière. Vu que c'était lui qui l'avait fermée, Alana aurait eu du mal à surpasser sa force de vissage. Le remerciant, la Kauffman replaça ce qui était sur la table à sa place puis revint vers Lorenzo, qui avait finit de tout rincer. « Oh tu n'étais pas obligé, j'aurais pu laver ! » fit-elle en voyant que tout était fait. « Mais merci, c'est adorable. Et oui je t'appellerais, sans aucun doute ! » fit-elle avec un sourire. Maintenant qu'elle connaissait mieux ses voisins, il était temps, elle ne se gênerait pas pour aller leur faire une petit coucou de temps en temps. Lorenzo prit le chemin de l'entrée après avoir déclaré qu'il devait rentré. Alana regarda vite fait l'heure, oui en effet, il était déjà tard pour une fin de déjeuner. Elle espérait que Summer n'attendait pas son mari pour déjeuner .. ! Il récupéra son manteau (qui s'y était posé magiquement xD), puis passa la porte d'entrée, jetant un dernier coup d'oeil à la jeune femme en lui disant qu'il n'avait pas oublié la soirée danse-karaoké. Un sourire s'étira sur les lèvres de la Kauffman. « Moi non plus, on fera ça bientôt ! » Lorenzo partit elle ferma la porte, frissonnant du courant d'air qui venait de passer. Revenant dans la cuisine, elle remarqua la glacière du DiMascio. Zut, il l'avait oublié. Bah, cela fera une raison de plus pour lui dire bonjour, à l'occasion.