Cela faisait déjà une semaine que j'étais rentrée et je m'habituais bien au climat. A vrai dire, c'était le même depuis les 20 dernières années que j'avais passé ici, rien ne changeait à croire... Puis, pire, un tueur trainait dans les rues de Magnolia depuis la mort d'Alicia King. A croire que j'aurais mieux fait de rester à Los Angeles pour continuer... Mais une personne en particulier m'avait rappelé à l'ordre et m'avait fait revenir ici. Adrian. Oui, ce fameux O'Conell. Cette amitié qui me tenait à coeur, enfin à mes yeux ça a été plus le jour où j'ai commencé à passer mes journées entières avec lui.. le jour où il a compris qui j'étais vraiment. Il a toujours été là pour moi et c'est ça que j'aime chez lui, sa prestance qui ne fait que de me rendre heureuse, surtout depuis une semaine. J'avais pu le recroiser à notre entre préféré, le skatepark, et j'avais pu lui annoncer que j'avais répondu à sa lettre. D'ailleurs, je la prenais toujours sur moi pour ne pas pas la perdre et pour ne pas qu'elle tombe entre les mains de personnes non désirées. Bref, le fait de le revoir, de l'avoir près de moi à nouveau me rendait contente. Heureuse également, car je pouvais de nouveau profiter de mes journées avec lui, même s'il était avec Juliet, ça ne m'empêchait pas de l'avoir... tout près de moi. Alors oui, j'étais revenue pour lui, rien que pour lui. Peut être pour ma famille aussi, mais surtout pour lui...

Cela faisait un moment que j'étais assise sur ma chaise en face de cette lettre. Lettre que je n'avais pas eu le courage de déposer en partant à Standfort. Lettre qui voulait dire tant de chose pour moi comme pour lui. Mais je relisais cette lettre encore et encore, les mots résonnaient dans ma tête comme si je venais de les écrire alors que ça faisait cinq ans, ça n'avait pas changé... Soupirant, je posai la lettre sur le coin de mon bureau et me levai pour aller me faire un café. Mon père venait de partir pour déjeuner, je me retrouvai donc seule pendant une petite heure trente le temps de manger et de décompresser. Je pris donc un café et retournai à mon bureau pour remplir la paperasse habituelle pour les factures et tout ça. Je regardai mon écran d'un regard vide. Cette matinée m'avait vidée et puis relire cette lettre n'avait rien arrangé.
Je patientai donc le temps que la pause soit fini pour reprendre le travail et ne plus penser à cette lettre. Pourquoi je l'avais ressortie ? Peut-être parce que cette lettre devenait de plus en plus vraie dans ce qu'elle racontait ? Sûrement... Tellement plongée dans mes pensées à regarder ce morceau de papier avec mon café, je n'entendis personne entrer dans le locale. C'est quand j'entendis un "bonjour Sasha" devant moi que je sursautai et rangeai le morceau de papier plus vite que je ne l'avais sortit. Je regardais Adrian avec un sourire. "Alors, je te manquais tant que ça que tu es venu me voir, Adri' ?" Je me levais et alla le prendre dans mes bras avant de lui déposer un bisou sur sa joue et de rester en face de lui. "Alors, qu'est-ce-qui t'amène ?" Je mis ma main dans ma poche histoire d'être sûre que la lettre ne dépassait pas et qu'elle n'allait pas sortir et tomber entre ses mains, en attendant du moins. Je lui fis un sourire et allai lui chercher une tasse de café en attendant qu'il me réponde.

Ah, peut être aurais-je dû fermer ma porte à clé pour ne pas être interrompue par un certain monsieur... Non, à vrai dire j'étais contente de le voir ici, dans mon bureau. Ca me montrait que je ne passais pas tellement après les autres et qu'il pensait à moi aussi. Ah... Il m'avait manqué ce petit O'Conell mais ça, il le savait alors je n'avais pas besoin de le lui rappeler ! Puis, il fallait que je lui donne cette lettre aussi. Mais quand ? Tout de suite ? Après ? Plus tard ? un autre jour ? Non, je lui donnerai aujourd'hui mais quand ? Bonne question, quand ma pulsion de lui donner sera là ! En tout cas ! Ca me faisait grand plaisir qu'il soit à mes côtés pour manger, je me sentirai moins seule et puis en bonne compagnie en plus. "Tu as bien fait ! Je meurs de faim !" Je regardais Adrian déballer ses petites amplettes sur mon bureau, d'ailleurs, je poussai le tas de feuille et mon ordi portable dans le coin du bureau pour qu'il ait plus de place et regardai avec attention ce que j'allais bientôt dégusté. Mon dieu, j'en avais l'eau à la bouche. "Donne moi tout ça ! Je vais m'en occuper ! Tu as bien trouvé et tu connais toujours aussi bien mes goûts au passage." Elle lui tira la langue à sa tour et pris ce qu'il y avait à mettre au micro onde dans ses bras.

Je m'occupai donc de prendre le déjeuner qu'avait soigneusement choisi Adrian et le rejoignis par la suite en souriant. Ah... Il me faisait fondre dans son corps de rêve... Et mes sentiments pour lui ne faisait que de croître de jour en jour mais Juliet faisait obstacle et je n'étais pas sûre qu'il veuille de moi. Pourtant, j'avais des envies, des envies comme l'embrasser, lui tenir la main, l'avoir contre moi le soir, toutes ces petites choses qui me rendraient heureuses et me rassureraient. Mais je ne pouvais pas, on ne pouvait pas, c'était contre nous et nous le savions très bien... Pourtant, je tenais cette lettre entre mes mains, cette lettre qui révélait tout ce que j'avais à lui dire. Cette lettre que je tenais dans ma poche et que j'effleurais du bout des doigts. Mais... le "ding" du micro onde me rappela à l'ordre et je retournai, sans avoir décroché un mot, devant ce fameux objet électronique. Je sortis les nouilles chinoises et en tendis un pot à Adrian avant d'aller m'asseoir à mon bureau à côté de monsieur O'Conell. "Bon appétit monsieur O'Conell. Ce plat fait par vous me semble délicieux." Je pensais toujours à cette lettre, je n'arrivais pas à ne pas y penser. Je foirai tout du déjeuner qu'avait prévu Adrian pour surprise. Je finis par attraper mes nouilles avec les baguettes chinoises mais je n'étais pas très douée, je dus prendre avec les deux mains ces fichues baguettes pour manger tranquillement. Adrian se foutait de moi et je ne pus que rigoler également. "Fallait prévoir les fourchettes, hein !" J'étais tellement nulle pour manger avec ce genre de truc.

Je ne savais pas quoi dire... Cette situation me mettait mal à l'aise et cette fichue lettre brûlait dans ma poche. Regardant Adrian, je soupirais et sortis cette fameuse lettre et la posai devant lui. La regardant elle et non lui, je commençais à lui parler. "Cette lettre. Elle est pour toi, ça fait cinq ans qu'elle me suit partout... d'où l'usure. Je veux juste que tu saches, que tout ce qui est écrit dedans... ça l'est toujours et ça le restera, vrai." Soufflant, je relevai la tête vers lui et fis un demi sourire avant de me lever pour aller regarder autre part. Cette lettre, s'il voulait la lire, qu'il le fasse, s'il ne voulait pas qu'il ne le fasse pas. Ca pouvait attendre, je ne me sentais pas tellement à l'aise mais elle me pesait lourd dans les poches et cacher cela me rendait mal. Maintenant ? j'étais libérée. Libérée d'un poids...

Citation :

Adrian,
Je ne compte pas t'oublier, je compte penser à toi pendant les cinq années qui vont me séparer de toi sans nouvelles. Ce celui comme tu dis, restera intact à mon retour. Je pense que ce "celui" nous l'avons trouvé l'un comme l'autre et que jamais il ne nous lâchera. Ce "celui" je le garderai au plus profond de mon âme pour quand je reviendrai, pouvoir te le dire en face. Un jour, tu sauras ce que je ressens pour toi, un jour j'y arriverai et un jour je pourrai être fière de partager ce celui avec toi car je compte bien le partager avec toi, et personne d'autre. T'oublier toi et ce celui serait la plus grave de toutes mes erreurs que j'ai pu faire ! Je ne peux pas t'oublier car tu es le seul ami que j'ai eu ici, tu es le seul qui me comprenne et tu es le seul avec qui je veux partager ce "celui" comme tu dis. Je reviendrai pour toi Adrian, je te l'ai promis, et ce sentiment restera le même comme aujourd'hui quand tu liras cette lettre.
Toi, ne m'oublie pas.
Sasha ♥

J’étais confuse, je ne savais plus quoi faire. J’étais dans une situation délicate et je ne pouvais pas le nier, Adrian m’attirait encore comme il y a cinq ans. Je savais que c’était pareil pour lui, mais le jeune O’Conell était réputé pour être un connard et j’avais bien peur qu’il le soit avec moi enfin… plus avec Juliet. Mais je n’allais pas m’en plaindre, je voulais être avec Adri’ et j’y réussirai tôt ou tard un jour Adrian O’Conell sera mien. Oui, c’est vite dit comme ça mais en attendant je dois patienter, attendre, attendre que sa Juliet arrête de le coller et surtout… qu’il la lâche pour venir avec moi, mais ça c’était encore une autre histoire. Bref ! Je devais arrêter de penser à ça car ça me fait étrangement souffrir et je ne supporte plus trop de savoir ses histoires avec sa fiancée. Oui, ça ne fait qu’une semaine que je suis rentrée mais ça fait cinq ans que j’attends de pouvoir lui donner cette lettre et savoir que rien a changé alors oui ça me réconforte et me donne un léger espoir pour qu’un jour je puisse enfin avouer réellement ce que je ressens pour ce beau brun qui se trouve en face de moi.

Enfin, nous mangions maintenant et à vrai dire ça me plaisait bien de passer un moment comme ça avec lui, au moins ça nous rapprochait. D’ailleurs, Monsieur O’Conell se vantait de mieux cuisiner que ça ! Ahah. Je rigolai et lui déclarai en pointant ma fourchette vers lui. « Mmh, je te mets au défi de me préparer un dîner à la façon Adrian. Et tu n’as pas le choix, il ne fallait pas se vanter. » Souriante, je plantai ma fourchette dans mes nouilles chinoises et mangeai avec plus de facilité que ces fichues baguettes. J’avais déjà bien mangé un peu plus de la moitié et je me sentais… énorme et grosse. Je soupirai et posai mes mains sur mon ventre tout en réfléchissant encore à cette lettre qui se trouvait dans ma poche et qui finalement se retrouva entre ses mains. Je ne pouvais pas la garder plus longtemps, elle me brûlait à chaque fois que je la touchais. Une fois la lettre donnée, je le laissai seul avec en allant un peu plus loin. Je me souvenais de chaque mots écrits, de chaque phrase et je les pensais toujours autant. Cependant, je ne pouvais pas le regarder dans les yeux car c’était mal de ma part. Je ne devais pas faire ça, il devait se marier avec Juliet, devait faire sa vie avec et moi je lui donnais cette lettre et j’allais peut être foutre sa vie en l’air ! Je ne pouvais pas le regarder car j’avais honte de ce que je faisais mais en même temps je ne pouvais plus nier l’attirance que j’éprouvais pour Adrian et c’était ainsi. Oui, on pouvait me prendre pour la fille qui n’est revenue que pour lui et oui c’est le cas mais aussi pour ma compagnie, mais je m’en fichais du regard des autres… Puis le vrai amour ne s’estompe pas comme ça même avec cinq ans sans nouvelles. Mais là, pour le coup entre Adrian et moi c’était moi la plus connasse des deux.

Puis, il me rejoignit et se posta derrière moi tout en regardant par la fenêtre aussi. Je me tournai vers lui et lui fis un sourire avant de le prendre dans mes bras oubliant complètement mes pensées pour Juliet et le serrai aussi fort que je le pouvais. Il m’avait manqué et je comptais bien rattraper le temps perdu avec lui ! « Bientôt, mais tu dois penser à Juliet quand même… » C’était cependant plus fort que moi, je m’écartai de lui pour sourire légèrement et l’embrassai sur la joue puis la caressai instinctivement après. « Je t’attendrai en tout cas. » Je savais qu’il ferait quelque chose pour qu’on se retrouve enfin, et je savais qu’il saurait quoi faire. Je ne m’inquiétais pas pour ça mais je voulais à tout prix qu’il règle son problème avec sa fiancée avant tout et sinon… tant pis, je ne me priverai pas d’être heureuse avec lui malgré les limites pour notre relation. Je lui souris et retournai à mon bureau pour aller m’asseoir et sortir les desserts. Il ne fallait pas qu’on reste sur cette histoire sinon nous n’allions pas pouvoir manger ce dessert. « Aller O’Conellichou reviens, j’ai faim et puis tu sais que j’aime manger ce dessert en ta compagnie. » Lui faisant un grand sourire, je l’attendis et lui tendis son dessert et toujours en souriant je pris une première bouchée de ce fameux dessert. « C’est dingue comment un dessert peu faire oublier tous nos soucis, n’est-ce-pas Adrian ? » Je lui tirai la langue et repris une bouchée tout en continuant de savourer ce fondant au chocolat aux noix de pécans.