Ce soir, Lucy avait la maison pour elle seule. Margareth et Ginerva accompagnaient Satine à un concert en ville, Marcus était en déplacement Dieu sait où, et Balthazar passait la nuit chez Alistair. Elle était seule, et comptait bien en profiter, c'était si rare ! Elle n'accompagnait jamais Satine à ses concerts, elle ne cherchait d'ailleurs jamais à se justifier. Elle n'aimait pas, voilà tout, et on ne l'embêtait pas avec ça. Peut être était ce du à l'ambiance, au volume trop élevé, ou bien aux gens trop différents d'elle ? Peu importait. Seule dans sa chambre, en t-shirt et culotte, Lucy sautait sur son lit en rythme. En rythme sur quoi ? Spectrum, de Florence and the Machine qui emplissait la pièce, le son monté au maximum. Elle était seule, et elle en profitait pour se comporter comme une adolescente. Elle évacuait tout simplement le stress de sa semaine. Il était rare qu'elle puisse de laisser aller, alors cette soirée était une aubaine. Une fois la chanson terminée, elle se laissa tomber sur le matelas, les yeux clos, le coeur battant la chamade. Sa vie manquait d'adrénaline en ce moment. Elle soupira, inerte. La chanson suivante se fit entendre: After Midnight de Blink 182. Décidément, l'enchaînement aléatoire d'iTunes savait bien ce dont elle avait besoin. Elle se releva et alla boire à son verre qui était posé sur le bureau. Et puis, elle se mit à chanter comme une dératée en remuant la tête. We'll stagger home after midnight, sleep arm in ar... Elle fut interrompue par un violent claquement de porte. Assez violent pour se faire entendre malgré la musique ! Assez violent, aussi, pour la faire sursauter. Elle se dépêcha d'éteindre la musique et s'immobilisa quelques secondes. Qu'est ce que cela pouvait bien être ? La porte d'entrée était fermée à clé. Peut être Balth et Alistair qui venaient faire les guignols à la maison ? Elle se hâta d'enfiler un short de pyjama et ouvrit la porte de sa chambre. Là, elle tomba nez à nez avec une rousse, l'air franchement pas jovial.

Putain Ginny, tu m'as fichu une de ces frousses ! s'exclama-t-elle, soudain soulagée.

Un autre concert de Satine. Ça allait faire du bien à Ginny de sortir ce soir, avec ses... disons... problèmes amoureux, elle était assez perdue dans ses pensées, alors changer d'air lui ferait du bien. Évidemment, depuis que Ginny avait avoué à Maxim qu'elle le trouvait à son goût, ses relations avec son voisin avaient changé d'une façon à laquelle elle ne s'était pas du tout attendue. Mais bon, même si ce dernier semble réceptif à aller plus loin avec elle, Ginny ne voulait pas aller trop vite, avec une telle réputation que celle de Maxim Daniels, elle doit faire gaffe à ne pas se laisser berner par son charme au point de ne pas réaliser qu'il profitait d'elle ou quoi que ce soit. La plupart de ses amis l'avaient mise en garde à ce sujet, mais pourtant la poussaient vers lui. C'était un peu contradictoire, mais bon, à croire qu'ils feraient un joli couple. Et puis il y avait Zain... mais ça, c'était différent. Avec lui, c'était toujours différent. Il avait dû lire l'article de Dirty Secret et ça stressait Ginny de connaître sa réaction à ce sujet. Mais justement, ce soir, elle pourrait cesser d'y penser, se laisser bercer par la musique de sa grande soeur, être près de sa mère pour une rare fois. Et puis Lucy ne venait pas, alors ça serait presque comme une sortie familiale. La rouquine alla donc souhaiter une bonne soirée à Lucy avant de suivre les autres membres de sa famille, tous habillés de façon chic - Ginny portait une robe assez moulante, oui je vous le dis! avec un chignon, en plus, et la ressemblance avec sa mère était plus qu'évidente.

[...]

Intérieurement, Ginny se demandait ce qu'elle pourrait bien raconter à Lucy pour lui expliquer son arrivée. Un problème vestimentaire? Pour cela, elle devrait couper sa robe, ce que ne serait pas ingénieux de sa part. Maladie soudaine? C'était ce qu'elle avait expliqué à sa mère et sa soeur pour quitter la soirée plus tôt. Ça pourrait être une bonne excuse alors, pour rester cohérent. Mais Ginerva réalisa qu'elle n'avait aucune envie de mentir. De un, elle était trop enragée pour réfléchir convenablement, ce qui pouvait causer problème certaines fois. Et de deux, Lucy savait, alors elle n'avait nullement besoin de lui mentir ou de lui cacher tout ça. Heureusement que Lucy était là, en fait. Sinon, elle aurait explosé beaucoup plus tôt. Arrivée au seuil de la porte, elle convint finalement de rester elle-même avec Lucy, de ne rien lui cacher comme d'habitude.
Alors elle entra en lançant un cri de rage et en fermant violemment la porte.
Ça lui faisait du bien de se lâcher une fois de temps en temps en fait, et c'est après avoir crié qu'elle le réalisa. En haut, elle entendit de la musique provenant de la chambre de Lucy. Alors c'est là qu'elle se dirigea. Elle n'eut pas le temps de répéter le même manège qu'à l'entrée - soit de claquer la porte en criant - parce que Lucy venait d'ouvrir la porte et la regardait, soulagée de la voir. Sans tenir compte de ce que sa colocataire venait de lui dire, Ginerva la poussa légèrement pour entrer et s'assied sur le lit en criant encore de rage. Elle enleva ses talons hauts - pour aller avec la robe, évidemment - qui lui faisaient mal depuis tout à l'heure et les lança à l'autre bout de la pièce. Autre cri de rage. Puis elle porta attention à la musique que Lucy écoutait lorsque les Wainwright étaient absents. La rouquine lança alors un regard désemparé à Lucy, du genre 'tu me niaises, tu écoutes vraiment ça!?' et se leva pour fermer cette musique de merde. Une fois cela fait, elle se sentait de meilleure humeur et retourna s'asseoir. Mais bon, de meilleure humeur ne voulait pas dire que Ginny était toute contente et que la vie était belle. Elle cacha son visage avec ses mains pour se calmer un peu, puis voyant que ça ne fonctionnait pas, leva la tête vers sa colocataire.

"RAAAH! J'te jure Lucy, j'te jure... tu peux pas savoir à quel point..."

Ginny n'a jamais eu à terminer ses phrases, Lucy Roberts les connaissant par coeur en raison du nombre de fois qu'elle lui répétait. La rouquine se laissa tomber sur le lit et regarda le plafond.

"J'en ai marre, Lucy! Marre de toute cette..." Avec ses mains, Ginny se montra de la tête aux pieds. "... RAAAAH!" Puis elle laissa mollement tomber ses bras à côté de son corps.

Une chose était sûre: Maxim Daniels était maintenant loin dans ses pensées. On pourrait donc dire que son but premier était réussi, non?

La furie rousse venait de faire irruption dans sa chambre en poussant des cris de rage. Elle se dirigea droit sur son lit et s'y installa. Elle en profita pour éteindre la musique. Bien sûr, du bon punk rock, ce n'était pas sa tasse de thé ! Lucy, elle, aux goûts musicaux variés, adorait ça, mais évitait d'en écouter lorsque les Wainwright étaient à la maison. Ce n'était pas vraiment le style de la famille, et c'était bien dommage parce que les sonates et autres autres machins choses à consonnances italiennes, elle en avait parfois sa claque. Elle s'approcha de son amie et tenta un sourire de réconfort. Elle n'avait pas vraiment besoin de lui demander ce qui lui arrivait, elle s'en doutait très bien. Elle se posta devant elle et prit son visage entre ses mains.

Calme toi malheureuse ! Les voisins vont croire qu'il y a un problème !

Elle ne savait pas franchement quoi lui dire, elle ne pouvait qu'être là pour elle et l'écouter se plaindre. Pas facile tous les jours d'être une Wainwright. Pas facile tous les jours d'être Ginerva Wainwright ! Elle lui tapota les joues affectueusement. Elle n'aimait pas la voir faire la moue ainsi, ni être contrariée. Elle aimait son grand sourires, ses jolies dents et ses petites fossettes. Allez Ginny, fais moi un sourire ! Mais la bonne humeur légendaire de la rouquine avait pris un aller sans retour, et il fallait composer avec.

Comment as tu fait pour rentrer ? Satine et Margareth y sont encore ?

Elle se doutait bien des réponses, mais elle avait envie de faire parler son amie, pour évacuer tout ça. Elle lacha ses joues, prit place à ses côtés et posa mollement un bras sur ses épaules. C'était sa façon de lui dire, Zen, détends toi.

Lorsque Lucy prit le visage de la rouquine dans ses mains et la regarda dans les yeux, Ginny se sentit un peu mieux: elle prit une grande respiration. La simple présence de sa colocataire réussissait à calmer la frustration accumulée de Wainwright, et elle ne la remercierait jamais assez d'être présente dans leur vie. Si elle n'avait jamais emménagé chez eux, Ginerva aurait pu atteindre un stade de colère beaucoup plus destructeur qu'il ne l'était déjà - alors que le stade où elle se trouvait était assez destructeur pour les autres et pour elle-même. Ginny laissa donc Lucy lui tenir le visage, mais lorsque cette dernière parla des voisins qui pourraient l'entendre râler, la rouquine ricana avec un sourire sarcastique et enleva les mains de Roberts qui étaient en train de lui taper les joues - c'était affectueux, certes, mais énervant, surtout après ce commentaire.

"Les voisins, Lucy, les voisins... On s'en fout des voisins! Une bande de..." Ginerva s'approcha de la fenêtre de la chambre de Lucy, l'entrouvît, poussa un "RAAAAH!" et referma la fenêtre pour revenir à sa position initiale. "Une bande de faux culs! Oui, il y a un problème Lucy! Il se trouve dans le quartier entier!"

Le problème du quartier étant leur hypocrisie. Mais sur ce point, Ginny n'avait aucune remarque à faire sur les autres, elle le savait et Lucy le savait également. Quoique l'hypocrisie du quartier était si intense qu'il atteignait toutes les maisons de Magnolia Cresent. Et parlant d'hypocrisie, la colocataire demanda à la rouquine ce qui était advenu des autres Wainwright partis au concert. Le concert, un autre endroit rempli de faux culs! Ginny roula des yeux et passa une main dans ses cheveux.

"J'ai marché avec ces foutues chaussures!" Elle pointa du menton les talons qu'elle avait lancé à l'autre bout de la chambre. "C'était long et pénible, mais j'en avais marre de tous ces hypocrites qui venaient féliciter Satine après le spectacle, ils voulaient tellement bien paraître devant elle! Et évidemment, maman et elle sont restées au concert, tu sais à quel point ma mère aime recevoir des compliments sur le talent de Satine!"

Ginerva soupira et laissa tomber sa tête sur l'épaule de Lucy lorsque cette dernière passa sa main sur les épaules de la seconde fille Wainwright. Elle regarda le mur face à elle, muette, imaginant des choses dont seule Lucy était au courant - et heureusement. Après un moment de silence, la rouquine prit la parole, le regard toujours fixé sur un point invisible au mur.

"Parfois, j'ai envie d'en finir avec cette histoire. Et d'autres fois, j'ai envie d'abandonner. Présentement, je ne sais pas ce dont j'aurais envie, mais j'aimerais ne plus avoir à m'en soucier, tu vois?"

Ginny savait qu'elle ne devait pas abandonner ni trop forcer les choses. Elle sentait qu'elle approchait petit à petit du but. Mais la patience commençait à lui manquer, et c'était dans ces moments-là que Lucy était indispensable à ses côtés: elle lui donnait la force. Ginerva enroula ses bras autour de la taille menue de sa colocataire et la serra.

Prise d'un élan de folie, Ginny repoussa Lucy pour aller crier à la fenêtre. De mieux en mieux ! A l'extérieur, on allait vraiment finir par se poser des questions. Elle se mit à cracher - au sens figuré, évidemment - sur ce quartier rempli d'hypocrites. Lucy prit place à côté de sa colocataire, cherchant quoi lui dire. Elle avait raison, bien sûr. Bien que Lucy n'habitait pas ici depuis toujours, elle s'en était parfaitement rendue compte. C'est pourquoi elle cherchait à se faire la plus discrète possible. Et puis, Ginny lui raconta le spectacle et son périple pour rentrer depuis la salle de spectacle. A pieds ! Une vraie cinglée ! Bien sûr, Satine et Margareth allaient rentrer plus tard. Lucy imaginait parfaitement la scène qui devait s'y dérouler. Les applaudissements, les sourires, les courbettes, les fleurs, et les compliments. Ginny n'en pouvait plus. Lucy tapota son épaule en silence. Elle savait parfaitement ce qui trottait dans sa petite tête.

Je sais... Je sais... Il n'y a pas quarante solutions. Il faut que tu restes forte.

Ginny connaissait le soutien de Lucy. Cette dernière faisait ce qu'elle pouvait pour être là pour elle. Ce n'était pas toujours facile. La situation était loin d'être facile. Il fallait tenir bon. Lucy glissa sa main dans les cheveux de Ginny, pour qu'elle sa calme et se laisse un peu aller. Elle savait qu'elle avait tendance à craquer parfois. Jamais elle ne l'avait vue pleurer, mais s'énerver ça oui ! Elle n'avait pas l'air comme ça, avec son grand sourire et ses tâches de rousseur, mais en elle sommeillait une tigresse ! Et parfois, contre toute attente, cette tigresse se réveillait.

Ta mère sait que tu es rentrée au moins ? Qu'est ce que tu vas faire ?

Connaissant la mère Wainwright, on allait en entendre parler de cette histoire ! Malgré tout ce que pouvait dire Ginny, Lucy savait que Margareth se souciait de sa fille. Certes, toute son attention était sans cesse braquée sur Satine, telle des projecteurs. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle en oubliant complêtement Ginny.

Crier sa rage et cracher sur ce quartier d'hypocrites avait comme avantage immédiat de calmer Ginerva. Libérer une rage enfouie trop longtemps était vraiment libérateur. Mais épuisant. Ginny utilisa donc l'épaule de Lucy comme soutien pour sa tête; sa seule présence lui était bénéfique, surtout lors de moments comme celui-là. Elle se permettait de se lâcher vraiment à ses côtés. Lucy l'encouragea et passa sa main dans sa chevelure rousse. Un sourire commençait à apparaître sur le visage de Ginny. Tôt ou tard, il allait refaire surface, elle le savait. Chassez le naturel et il revient au galop, comme on dit. Puis Roberts lui parla de sa mère. Un léger ricanement sortit de la bouche de Wainwright, comme à chaque fois qu'elle entendait parler de sa mère. La tête toujours collée à l'épaule de sa colocataire, la rouquine fit un geste avec sa main; un revers de la main, signe que cette question n'était pas importante.

"J'ai dit à ma mère que je ne me sentais pas bien, elle doit donc s'imaginer que j'ai pris un taxi et que je dois être en train de dormir en pyjama dans ma chambre depuis un moment." La rouquine n'avait pas voulu prendre un taxi; elle voulait marcher, réfléchir. C'était donc ce qu'elle avait fait. "Ne t'inquiètes pas pour ma mère, elle va rentrer et aller directement se coucher sans se poser de questions."

Ginny n'avait jamais vue sa mère faire autrement, de toute façon. Elle finit par lâcher sa colocataire et se leva. La seconde fille Wainwright devait retrouver son énergie, son entrain avant de passer à autre chose; ses idées étaient beaucoup trop sombres, elle avait besoin de légèreté. Son regard se posa sur l'ordinateur de Lucy, d'où émanait de la musique moche tout à l'heure. Un sourire apparut immédiatement sur son visage.

"Tu peux mettre de la musique? J'ai besoin de danser, de me défouler."

Après tout, Ginny venait d'une famille de mélomane. Sauf qu'elle n'avait que 20 ans: de la musique pop ou de danse était bien aussi, mais à petite dose dans son cas. Comme défouloir, du Ke$ha était meilleur que du Bach. Mais pour le reste, la pop était de la musique bas-de-gamme comparé à la grâce et à l'intensité de la musique classique. Ginerva tourna sur elle-même deux fois, faisant virevolter sa jolie robe chic, puis regarda Lucy avec un regard que cette dernière connaissait bien, le regard complice qu'elles se lançaient souvent lorsqu'elles ne pouvaient pas parler de certains sujets délicats. Sauf que ce soir, elles pourraient en toute liberté.

Peu à peu, Ginny se calmait et redevenait la fille adorable et joyeuse que tout le monde connaissait. Il en fallait parfois peu pour la faire sortir de ses gonds. A vrai dire, ce soir là, il s'agissait d'une accumulation de frustrations et l'orage ne pouvait qu'éclater. Son amie laissa tomber sa tête sur son épaule, tout en lui parlant de sa mère. Bon, aucun raison de s'en faire alors, et tant mieux. Lucy craignait le courroux de la Reine des Roux. Quant au calme de Ginny, il ne fut que de courte durée. Elle se mit sur ses pieds et tourna sur elle même. Elle réclamait de la musique. Elle voulait danser. Cela tombait bien, puisque Lucy était en pleine séance de défoulement avant que Ginny ne vienne l'interrompre. Elle prit son ordinateur sur ses genoux et chercha une musique qui pourrait lui plaire. Pas de classique, non, ça ne collerait pas avec l'ambiance, ni de punk rock donc, puisqu'elle semblait ne pas apprécier ça. Elle lança Hall of fame, de The Script & Will.i.am. Du coin de l'oeil elle guetta la réaction de Ginny. Que c'était fatigant de vivre avec des musiciens ! On n'était jamais tranquille.

Nianiania hall of fame, YEAH, and the world's gonna know your naaame ! se mit à chanter la petite brune, les yeux fermés, le poing serré à la Lara Fabian avec un air faussement sérieux.

La chanson eut l'air de plaire à Ginny. Elle ferma les yeux et se mit à danser en rythme avec la musique. Lucy se tut et la regarda. Elle semblait être partie dans un autre monde, et c'était à la fois beau et émouvant à voir. Elle tournait sur elle même lentement, et sa tête faisait de petits mouvements à gauche puis à droite. Lorsque la chanson prit fin, elle la relança illico. Au fond, Lucy était fière d'avoir trouvé une chanson qui plaisait à la rouquine. C'était parfois difficile de deviner les goûts de quelqu'un qui a été élevé au biberon de la musique classique ! Elle attrapa les mains de la brunette qui se leva et dansa en sa compagnie. C'est vrai qu'elle était chouette cette chanson ! Une fois la deuxième écoute à nouveau finie, les deux amies se réinstallèrent sur le lit. Ginny attrapa le PC portable et y tapa quelque chose qu'elle montra à Lucy. Celle ci lut ce qui était affiché puis la regarda, avec un immense sourire collé au visage. Elle hocha vigoureusement la tête, très enthousiaste.

Oui c'est une excellente idée !

A son tour elle prit le PC et tapa quelque chose, sans dire un mot. Elle sourit de plus belle à Ginny, fière d'elle, et fière de leur complicité. C'était d'autant plus excitant qu'elles ne pouvaient pas en parler à voix haute. C'était leur petite secret à toutes les deux !

La complicité qu'elle avait avec Lucy était spéciale et rafraîchissante. Ginny avait plusieurs amies à qui se confier et ne se gênait pas de raconter sa vie à tout le monde, mais ce petit quelque chose qu'elle partageait avec sa colocataire était quelque chose qu'elle ne trouverait nulle part ailleurs. Car après tout ce que Ginny lui avait raconté, Lucy ne la jugeait toujours pas. Elle pourrait aisément lui raconter de la psychologie à deux balles et lui dire que ce qu'elle faisait était malsain, méchant, barbare, tous les mots péjoratifs pouvant exister, mais non. Lucy l'écoutait, la conseillait. La comprenait. Chose que personne dans le quartier ne pourrait faire. Ginny se doutait bien que si les habitants le découvrait, ils se contenteraient de la juger. Roberts était une oreille attentive parmi tous ces égoïstes hypocrites: un trésor. Celle-ci lut d'ailleurs ce que Ginny avait écrit sur son ordinateur et son sourire encourageant faisait plaisir à la rouquine. Le sourire de la brunette fut suivi d'un encouragement et d'un commentaire inscrit sur son ordinateur.

"Contente d'avoir ton approbation alors!"

Ginerva prit l'ordinateur et alla écrire autre chose sur le clavier, mais un détail occupait ses pensées depuis un moment. Pas que c'était capital et que ça l'obsédait, mais c'était quand même une question que la rouquine se posait de temps en temps.

"Dis Lucy... pourquoi tu fais ça? Je veux dire... j'apprécie ce que tu fais pour moi et tout ça, mais pourquoi? Tu pourrais aisément me dénoncer ou me traiter de cinglée ou me lyncher sur la place publique, bref, ce que tu veux!"

La rouquine sourit un peu lorsqu'elle parla de son idée de lynchage, mais son sourire était jaune. Ginny réalisait soudainement qu'elle était à la merci de Lucy et ce sentiment ne lui plaisait pas trop. Heureusement, la rouquine lui faisait confiance et ne s'inquiétait pas: Lucy ne la trahirait jamais.

Ginerva et Lucy étaient sur la même longueur d'onde. Cette dernière apportait un soutien sans faille à son amie et colocataire. Elle l'écoutait toujours sans émettre de jugement, elle la conseillait même sur ses agissements. Ginny semblait apprécier cela, mais aujourd'hui, elle se posait des questions sur les motivations de son amie. Lucy aurait voulu lui dire que c'était dans sa nature de se montrer supportive et réconfortante, que même en cas d'accident de train, elle serait prête à être réduite en bouillie plutôt que d'abandonner son amie, mais c'était plus profond que cela. Ginny commençait certainement à le réaliser. Si la rouquine parvenait à se confier à elle sans peine, ce n'était pas encore le cas de Lucy. Celle ci se montrait plus prudente. Elle haussa les épaules et lui sourit.

Je ne sais pas Ginny, ça ne me dérange pas...

D'un point de vue moral, Lucy comme Ginny devraient être prises de remords. Mais il fallait croire que dans cette ville, la moralité n'était pas la préoccupation première des habitants... on l'avait envoyé se faire voir sur Neptune. Lucy eut envie de lui dire que cela lui faisait même du bien, mais elle n'avait pas envie de susciter encore plus de curiosité. Elle préférait fuir cette discussion qui n'apporterait rien de bon. Elle n'était de toute façon pas en mesure de lui apporter les réponses qu'elle voulait. La solution était certainement purement psychologique, et Lucy ne pouvait la trouver toute seule. La brunette, prise d'une montée de stress soudaine se leva de son lit et marcha jusqu'à la fenêtre. Elle aperçut les Wainwright devant la maison.

Tiens, ils sont de retour, dit elle à voix basse, plus pour elle même que pour Ginny.

Satine était trop nase, elle n'en pouvait plus, tout ce dont elle rêvait était d'une douche brulante, de son pyjama et de sa couette pour en finir de cette journée. Le plus épuisant n'avait pas été sa prestation, mais ce qui suivait. Parler avec les gens, les écouter dire quel pianiste remarquable vous êtes devenu et ensuite les remercier encore et encore, le tout avec le sourire naturellement. Satine massa ses joue en entrant dans la maison, elle avait encore mal à force de sourire. Sa mère traînait derrière, elle traînait toujours d'ailleurs, car si ça ne tenait qu'à elle Satine serait rentrée au bout de trois remerciements et pas jusqu'à la fermeture de la salle. Mais bon si cela devait être l'inconvénient du métier Satine apprendrait à faire avec elle était encore jeune et sa mère avait surement beaucoup à lui apprendre sur le métier de pianiste professionnel.

Sans dire un mot Satine fila en haut, elle s'apprêtait à rentrer dans sa chambre quant au passage elle aperçut Lucy et Ginny dans la chambre de la brunette, elle s'arrêtait alors à l'encadrement de la porte pour passer le faire coucou. « Hey les filles ça va bien ? Rien de grave Ginny ? Maman n'a pas exactement dit ce que tu avais. » Elle lui sourit doucement, elle comprenait que Ginny ne pouvait plus supporter tous ces chichis à la fin des concerts, elle-même elle ne les supportait moins en moins. Satine surveilla le couloir pour voir si personne était derrière elle et l'entendrait. « Vous me faites une petite place ? » Elle avait envie de partager un petit moment avec sa soeur et Lucy, il n'y avait après tout rien de plus reposant que d'oublier le piano et de papoter avec elles.

La réponse de Lucy était vague. Vague et peu précise. Mais cette réponse satisfaisait Ginny, qui lui sourit et se pencha à nouveau vers l'ordinateur. Elle faisait confiance à Roberts et savait pertinemment qu'elle ne ferait pas mauvais usage de toutes les choses qu'elle savait de la rouquine. Enfin, elle l'espérait. La rouquine partageait une part de sa vie entière avec Lucy qui était assez compromettant pour gâcher son existence. Mais si ça fonctionnait, elle serait tellement heureuse par la suite. Un bruit à l'extérieur intrigua Lucy et alors que Ginny était occupée à écrire un second commentaire, sa colocataire murmura que les Wainwright étaient revenus. Paniquée, la rouquine tourna la tête vers la fenêtre et put entrevoir la voiture familiale se stationner à l'avant de la maison 42. Ginerva soupira: sa soirée sympathique avec Lucy venait de tomber à l'eau. La rouquine entendit la porte d'entrée s'ouvrir au rez-de-chaussée et rapidement, des pas se firent entendre dans les escaliers. La tête rousse de sa soeur, Satine Wainwright, apparut devant la porte de la chambre de Lucy. Elle semblait inquiète et exténuée en même temps: étrange mélange. Dès que Ginny aperçut sa soeur, elle baissa l'écran de l'ordinateur portable de Roberts pour le fermer. Elle le ferma peut-être un peu trop violemment à cause de la surprise, mais elle ne semblait pas l'avoir brisé, c'était déjà ça.

"Ça va, c'est juste que je ne me suis pas sentie très bien, les talons et moi ne faisons définitivement pas bon ménage! J'avais l'impression de suffoquer avec toutes ces personnes autour de moi, mais maintenant je vais mieux."

Ou comment mentir en plein visage de sa soeur aînée. Mais le mensonge était monnaie courante dans le quartier, d'après les dires de Dirty Secret du moins. Satine proposa ensuite de s'installer avec elles pour discuter. Ginerva lui sourit et se déplaça vers Lucy pour faire une place au bout du lit, l'ordinateur toujours sur ses genoux.

"Bien sûr! Installe-toi." Puis, une fois sa soeur installée: "Alors, qu'est-ce que j'ai manqué?" Ginny savait qu'elle ne devait avoir rien manqué du tout, mais c'était une question purement rhétorique.

Peu de temps après que les portières aient claqué, Satine apparaissait dans la chambre de Lucy. Elle semblait un peu fatiguée et ce n'était pas étonnant vu l'heure qu'il était. Ginny et Lucy lui laissèrent une place sur le lit. Les deux soeurs se mirent à parler du petit incident qui avait causé le départ de la plus jeune des deux. Celle ci s'en expliqua: elle s'était sentie mal et avait préféré rentrer. Heureusement pour elle, elle ne précisa pas qu'elle était rentrée à pieds ! Lucy se tourna vers Satine et lui sourit.

Alors, ce concert ? Ca s'est bien passé ?

La question était superflue: cela s'était forcément bien passé ! Depuis qu'elle vivait sous ce toit, Lucy n'avait jamais assisté à un échec de la part de la jeune prodige. Comment si elle était venue au monde un piano à la main. Pour ceux que cela n'agaçait pas, c'était très impressionnant. A croire qu'elle n'avait jamais été une de ces débutantes pétrifiées d'angoisse et aux doigts qui tremblent lors d'une première compétition. Non, Satine Wainwright ne faisait pas partie de cette catégorie là: elle faisait partie des meilleures. Pourtant, assise au bord de ce lit, avec ses petits yeux et ses cheveux qui s'échappaient de sa barette, Satine ressemblait à une jeune fille normale. A une jeune fille banale, démunie de tout don extraordinaire. C'était comme si la fatigue, ou la lassitude peut être, lui avait ôté son aura d'excellence et de mystère habituelle.

Ginny ne se sentait pas bien, c'était pour cela qu'elle serait partie plus tôt du concert. Le monde, l'oppression, ces personnes qui aiment se balader dans ce genre d'endroit seulement pour ce faire voir et qui patientait pour la plupart pour glisser un mot ou deux à Satine et sa mère. Elle comprenait que sa soeur est fuit, si elle-même elle le pouvait elle l'aurait fait avec joie. Elle aurait enlevé ses chaussures qui lui écrasent les oreilles et qu'elle ne porte qu'après les concerts pour faire plaisir à sa mère, car ce genre de chaussure n'est pas compatible avec les pédales du piano. Elle aurait ensuite courus rejoindre sa soeur pour rentrer à la maison, boire un chocolat chaud avec des guimauves et parler de trucs de filles avec Ginny et Lucy. Elle avait toujours cette petite impression de louper quelque chose, comme s'il y avait un truc qu'elles ne lui disaient, mais elle chassait l'idée de sa tête en se disant qu'avec le temps qu'elle passe devant son piano il était logique qu'elles se disent des choses que Satine ignorait, elles passaient beaucoup plus de temps ensemble après tout. Un peu comme cette histoire d'écran d'ordinateur, ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ce geste, mais elle comprenait que les filles soient aussi proches lui de l'autre. Si elle n'avait pas tant de travail elle l'aurait surement été elle aussi... Du moins c'est ce qu'elle pensait.

Ginny l'invita à les rejoindre. « J'arrive deux secondes » Au cas où Satine se retourna vers la porte de sa chambre elle lacha un « Bonne nuit maman ! » de loin avant de l'entendre lui répondre à son tour, elle alluma la lampe de chevet de sa chambre avant d'en sortir et de fermer la porte. En dessous on pouvait alors voir cette petite lumière sortir de la porte. Parfait, normalement à ce stade sa mère ne viendrait pas l'embêter elle retourna alors rejoindre Lucy et Ginny et la rouquine lui demanda ce qu'elle avait pu louper et Lucy demanda des détails sur le concert, Satine compta alors à voix haute sur ses doigts. « Les hypocrites tu les as vus, les bourgeois qui viennent pour se faire voir je pense que tu les as vus aussi. Oh il y avait encore ce couple échangiste ! Ah et un homme d'affaire à parler longuement avec maman pour me faire jouer lors d'une soirée qu'il organise. Maman voulait qu'il y mette le prix, elle m'a vendu pour 3 000 $ le concert... Je devrais signer les papiers bientôt... Sinon ouais pas grand-chose. » Satine retira les objets de torture qu'elle avait aux pieds, là elle était mieux, elle était avec Lucy et sa petite soeur, c'était la fin d'une dure soirée et rien que leurs présences suffisaient à la reposer.

Ginny regarda sa soeur faire son petit manège pour éviter la mère Wainwright, amusée. Il fallait avouer que Margareth croyait que Satine était un petit bébé, même si elle avait 22 ans: elle était aux petits soins avec sa protégée, la bordait presque, lui donnait de la constante attention. Margareth l'avait à l'oeil, pourtant que pourrait-il arriver aux doigts de Satine dans son sommeil? Ce qu'elle était protectrice, lorsqu'elle le voulait. Mais l'était-elle avec les autres enfants Wainwright? Du tout. Satine revint après avoir fait croire à Margareth qu'elle dormait et vint s'installer aux côtés de Ginerva. Heureusement, sa colère de départ s'était dissipée avec l'aide de Lucy et elle avait retrouvé son sourire habituel, le fameux sourire de Ginny Wainwright. Même dans la situation actuelle, où les deux soeurs avaient passé une soirée ennuyante et exténuante, la rouquine souriait. Mais il s'agissait davantage d'un sourire compatissant, réconfortant. Montrer à Satine qu'elle la comprenait. Mais la rouquine perdit rapidement le sourire à mesure que l'aînée racontait sa soirée brièvement. Les hypocrites et les bourgeois, Gin' les avait effectivement vus. Le genre de personne à manger des sushis et à jouer au golf seulement dans le but de bien paraître. C'était pathétique. Mais ce qui choqua le plus la Wainwright fut la vente des talents de sa grande soeur pour 3000$. 3000... La rouquine se demanda pour le plaisir combien sa mère la vendrait pour un évènement similaire. Pas plus de 300$, peut-être. Et Balthazar ne vaudrait pas plus de 3$... Une autre preuve que sa mère avait une forte préférence pour l'aînée, et c'était cette autre preuve qui fit perdre le sourire à Ginerva. Elle s'en fichait de ne pas avoir une carrière et un horaire semblable à celui de Satine, mais elle savait que les actes de sa mère blessaient Balt. C'était ça le pire.

"3000$!? Maman ne va pas faire faillite de sitôt avec de tels montants! Tu reçois une part?" Ginny roula des yeux en souriant, puis continua. "Il ne faudrait pas que Balt soit au courant, déjà que Maman le regarde à peine.... tiens, parlant de Balthazar, j'ai faim. Je reviens!"

Et aussitôt, Ginerva se leva et partit à la course dans la cuisine. Elle prit le pot de crème glaçée au chocolat qui se trouvait dans le congélateur, prit trois cuillères et revint tout aussi rapidement. Par chance, elle n'avait pas croisé sa mère. Arrivée dans la chambre de Lucy, Ginerva s'assied entre les deux jeunes femmes et plaça le pot sur ses cuisses en piquant les trois cuillères dans la crème glacée.

"Allez, on ne se gêne pas!" Pour montrer l'exemple, Ginny prit une cuillère, se servit une grosse boule de crème glacée et la mangea. "Et sinon, pas de mecs en vue les filles?" La Ginerva Wainwright habituelle était de retour.

Satine partit quelques instants faire croire à sa mère qu'elle était allée se coucher. Cela amusa la brune, qui la voyait agir comme une adolescente. Et puis les soeurs Wainwright se mirent à discuter du concert de Satine. Lucy, elle, se contentait d'écouter. Ginny, comme bien souvent, s'insurgeait. Quoi ?! 3000$ pour un concert ?! C'était donc là la valeur de Satine que sa mère marchandait à tout prix ? La rousse, la plus jeune, était révoltée, et sa soeur, elle, résignée. L'habitude, et la lassitude peut être, avaient eu gain de cause. Ginny demanda à sa soeur si elle en recevrait une partie au moins. Tout comme elle, Lucy l'espérait. Elle n'avait jamais pensé que Margareth se servait de Satine pour gagner de l'argent... Cela ne lui ressemblait pas: elle était généreuse et éperdument fière de sa fille. Lucy s'était toujours dit que Satine avait un compte en banque quelque part, sur lequel sa mère déposait les bénéfices de ses concerts. Cela lui semblait normal. Ensuite, Ginny affirma qu'il ne fallait pas en parler à Balthazar: plus qu'une demande, c'était un ordre. Lucy avait toujours admiré le sentiment protecteur - voire maternel - de Ginny à l'égard de son petit frère. Elle se disait que certainement, il en serait de même pour elle envers son frère Ethan si sa mère ne se montrait pas à la hauteur. Car il fallait pas se voiler la face: Margareth n'avait jamais été à la hauteur avec Balthazar, et il avait fallu peu de temps à la Roberts pour s'en rendre compte. Ginny se leva subitement et partit chercher de la glace. Elle revint bien vite avec un pote de glace au chocolat et trois cuillères. Elle s'assit entre les deux filles et attaqua la première la glace.

Hmmmm, miam miam miam, dit Lucy, oubliant subitement qu'elle s'exprimait en français.

Un sourire apparut sur son visage et elle prit une première cuillérée de glace qu'elle fourra bien vite dans sa bouche. Le froid lui piquait les joues, la langue, mais surtout les gencives. C'était délicieux. Et là, Ginny posa la question qui tue: Et sinon, pas de mecs en vue les filles ? Lucy rit un peu. Depuis quelques temps, et grâce à Dirty Secret, tout le monde connaissait son coup de coeur pour Julian. D'ailleurs, Ginny était bien la première à l'embêter avec ça. Elle avait même été complice de son rendez vous surprise avec le King !

Oh, j'ai dépassé le stade de garçon en vue moi ma petite ! répondit Lucy en plaisantant.

Ginny et elle n'avaient pas eu le temps de beaucoup parler du rencard auquel était allée Lucy, mais elle était au courant. Et lorsqu'elle disait qu'elle avait dépassé ce stade, elle voulait tout simplement dire que Julian et elle étaient désormais plus ou moins ensemble.

C'est plutôt à l'aînée Wainwright qu'il faut poser cette question ! rétorqua-t-elle. Ainsi qu'à la cadette !

Son regard se posa sur Satine, puis sur Ginny, amusée par la situation.

Le prix de la prestation de Satine hallucinait les filles, ceux à quoi les deux se demandaient si Satine avait une part de cet argent et heureusement pour l'ainée, oui. C'était rare de tel concert et Margareth savait comment il fallait se vendre et à qui. Hors ce soir c'était une famille très selecte, style upper east side de New York qui cherchait quelqu'un pour un dîné important et qui voulait impressionner leurs amis riches avec une petite touche de chic. Enfin c'était ce que Satine en avait compris.

« Oui oui maman met tous les chèques à mon nom et cela finit sur mon compte bancaire. » Ginny s'inquiétait de Balt, s'il savait ... Elle ne s'en voudrait d'être en partie la cause d'un certain mal-être. C'était tout ce qu'elle voulait éviter pour son petit frère, elle croyait en lui et son talent de musicien, il n'était pas pianiste et alors ? Il savait caresser mélodieusement les cordes d'une guitare quand même !

Ginny avait filé, une idée farfelue surement. Pas manqué, à son retour Ginny avait entre les mains un immense pot de crème glacée au chocolat. Satine la regarda s'installer de nouveau avec elles des étoiles pleins les yeux. Qu'est-ce qu'elle était géniale Ginny ! Elle se servi pour inciter les deux autres à suivre. Ce que Lucy ne tarda pas à faire non plus. Amusé Satine les imita. Mmm. Lucy avait raison, elle n'avait pas vraiment compris, mais sa réaction ressemblait beaucoup à celle d'une personne qui trouvait cette glace délicieuse !

Un nouveau sujet vint alors, celui des garçons, lancé par Ginny. C'est Lucy qui prit la parole la première rétorquant qu'elle avait passé ce stade. Rah, au fond Satine ne pouvait s'empêcher de l'envier, même si les occasions ne venaient pas, elle aussi aurait voulus avoir un amoureux. Ici on se doutait tous de ce qu'il se passait entre Lucy et Julian, mais cette dernière détourna la situation vers Satine et Ginny. « Oh il ne se passe rien dans ma vie moi tu le sais bien. Les rares fois où je croise des garçons il se passe des catastrophes ! Racontes nous tes histoires toi ! » C'est vrai, ces derniers temps elle avait foutu un vent à Maxim n'ayant pas eu le courage de le revoir une deuxième fois et pousser Aaron Hamilton dans la haie des voisins. Il y avait mieux comme histoire de garçons à raconter !

Trois mille dollars pour un concert de piano, ce n'était pas donné. Pourtant, certaines personnes semblaient prêtes à y mettre le prix, d'après les dires de son aînée. Heureusement, cette dernière recevra les profits et non Margareth, ce qui serait aberrant puisque ce n'était pas elle qui faisait le spectacle. Ginny hocha la tête, rassurée par les paroles de Satine - se faire arnaquer par sa propre mère, ça serait horrible! - et courut chercher de la crème glacée. Ginny était un véritable estomac sur pattes! Mais elle était si énergique que la moindre nourriture qui entrait était aussitôt brûlée par son système, alors elle avait constamment besoin de manger. Pourtant, la rouquine avait toujours une silhouette qui ferait concurrence à une tige de plante. Formes en plus.

Une fois la crème glacée et les cuillères en main, la rouquine alla rejoindre Lucy et Satine et se mit à aborder le sujet des mecs. Sisi, la crème glacée était une diversion! Ginerva leur laissa même prendre une bouchée de glace avant de mettre le sujet sur la table. Aussitôt, Lucy passa son tour, plaidant qu'elle n'en était plus à ce stade. Pff, si elle pensait s'en tirer comme ça! Satine se défila également, prétextant sa malchance habituelle. Ginny était décidément entourée de lâcheuses! Elle soupira et leva les yeux au ciel. "C'est bon, j'ai compris le message! Je parle et après je veux entendre le récit de miss Roberts avec Julian!" La rouquine sourit à la concernée et se racla la gorge. "Alors! À la Saint-Valentin je suis allée au speed-dating masqué et la personne avec qui on m'a jumelée était Lukas. Voilà! Sinon il ne se passe rien dans la vie amoureuse de Ginny Wainwright, on passe à un autre appel: LUCY! Vous avez fait quoi? Il est romantique? Il embrasse bien?" Ginny voulait tout savoir! Quoique non, pas dans les moindres détails: la rouquine ne voulait pas savoir si Julian King avait fécondé sa colocataire, quand même. Elle avait bien droit à son intimité!

Les garçons, ce sujet inépuisable. Et vivre avec deux filles de son âge rendait ce sujet dix fois plus intéressant, au moins ! Lucy crut s'en sortir bien vite et expédia la question de Ginny. Satine, elle, clama qu'il ne se passait rien dans sa vie sentimentale. Et Ginny raconta son speed dating de la Saint Valentin, rien de plus. Lucy évita par là même d'aborder le fait que son Valentin cette fois ci était Shawn. Elle considérait le garçon comme un très bon ami, mais elle ne pensait pas qu'ils soient... emboîtables si on veut. Cependant Ginny me démordit pas: elle voulait tout savoir sur le rendez vous de Julian et Lucy ! Cette dernière eut un petit rire nerveux.

Alors, alors... c'était vraiment super mignon de sa part ! J'étais très intimidée au départ, on ne s'était encore jamais clairement avoué ce qu'on ressentait, vous voyez ? On a pris le train pour Atlantic City, on s'est baladé sur la plage, on a passé la nuit dans un hôtel 4 étoiles ! énonça-t-elle, toute souriante à ces souvenirs. Et pour ta gouverne Ginny, oui il embrasse bien, et non il ne s'est rien passé de plus !

Le regard que lui lançait Ginny était bien plus parlant que les mots, ce qui faisait rire Lucy. Cette soirée à Atlantic City avait été parfaite. Une dose de stress effrayante, certes, mais parfaite au final.

Désormais on est ensemble ! poursuivit-elle. Par contre, il vient de me dire qu'il part les deux mois d'été à 5 heures d'ici... elle fit la moue. Mais bref ! Satine j'ai pensé à un truc pour toi: Ginny et moi allons t'organiser un rencard, hein Ginny ? Fais nous confiance, le garçon est vraiment chouette.

Lucy fit un immense sourire à Satine puis lança un clin d'oeil à Ginny. Elle avait un plan et comptait bien le mettre en oeuvre.

Les garçons, c'était bien un sujet de filles ça. Bien que Ginny et Lucy avait nettement plus d'expérience que Satine, l'ainée avait comme sa soeur très envie d'aborder le sujet pour une raison particulière. En savoir plus sur Lucy et Julian ! La curiosité de sa petite soeur l'a fit sourire, c'était exactement ce qu'elle se demandait, sauf qu'elle n'osait pas le dire, où elle attendait le bon moment. Au moins avec Ginny on ne perd pas de temps et intérieurement elle l'a remercia d'être si directe. Qu'en était-il alors du nouveau petit couple de Magnolia ?

Lucy leur raconta alors leur week-end sous les oreilles attentives des filles Wainwright. Satine en bavait presque tellement Lucy avait vécu un week end de rêve. La cerise sur le gâteau il embrassait bien. Quel chanceuse cette Lucy vraiment. ! Oh oui au fond Satine l'enviait un peu. Même si ce dernier part bientôt deux mois loin de la douce.

Bien que Satine enviait la vie de Lucy en ce moment, elle était loin de penser à se mettre en couple. Surtout que maintenant sa carrière avançait. Lucy lui proposa tout de même un rencard auquel elle ne s'attendait pas. Naturellement pas un rencard avec elle ... mais avec un garçon. Une sorte d'organisation bien réglée qui lui ressemblait bien. La fin de sa phrase l'interpella « le garçon est vraiment chouette » elle savait déjà qui elle voulait lui présenter ! Satine ravala sa salive mal à l'aise. « Moi ? Avec un garçon ? C'est qui d'abord ? Vous allez me laisser toute seule avec un garçon ? » Elle avait l'air terrifié par cette idée. Elle regardait Ginny et Lucyç tour de rôle cherchant de l'aide histoire qu'on l'a rassure et qu'on réponde enfin à ses questions.

Depuis le temps que Lucy vivait chez les Wainwright, Ginny commençait à bien la cerner. Elle était du genre discrète, à ne pas raconter sa vie et encore moins sa vie amoureuse - trop indiscret de parler de ça! Mais la rouquine savait qu'en insistant un peu, Roberts finissait par parler. En même temps, elles s'étaient rapprochées et se confiaient certaines choses entre filles. Donc Lucy parla enfin de son rendez-vous avec le mystérieux Julian King, rendez-vous qui était digne d'un conte de fées selon les dires de sa colocataire. À en baver! Mais, connaissant Lucy, celle-ci changea rapidement de sujet pour parler de quelqu'un d'autre: Satine, en l'occurence.

Voir le visage de la principale intéressée changer d'expression valait tout l'or du monde et la rouquine ne put s'empêcher de s'esclaffer, au point où elle fit tomber le pot de crème glacée au sol. Et merde! À peine quelques secondes plus tard, la voix de Margareth se fit entendre: "Les filles!? Vous ne dormez pas?" Les voilà grillées! Ginerva s'empressa de prendre le pot de crème glacée au sol - en laissant la crème glacée qui s'était échappée du pot sur le sol, Lucy saurait s'en charger pour cacher les preuves (a) - et, avant de quitter la pièce, murmura à sa soeur aînée: "C'est mieux de te laisser la surprise voyons! Tu le sauras le moment venu. Maintenant cours avant que maman ne te prenne!" Savoir que sa fille prodigue veillait tard frustrerait la mère Wainwright, et elle se vengerait sans hésiter sur Ginny & Lucy. La rouquine courut remettre la crème glacée dans le congélateur et s'enferma dans sa chambre. Demain, elle aura probablement droit à un interrogatoire musclé, mais demain était un autre jour.