Nouvelle approche, nouveau drame ? - |Daren & Julian| [Terminé]

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Nouvelle approche, nouveau drame ?

Le temps passait vite par moment, mais quand rien n'allait il avait plutôt tendance à s'écouler avec une lenteur calculée, comme s'il cherchait à prendre son temps pour bien laisser à chacun le temps qu'il fallait pour souffrir en plein, prendre en pleine poire tout ce qui n'allait pas et c'est exactement ce qui se passait avec Julian King, le fils de Daren, cet homme mystérieux et devenu bien sombre et distant avec tout ceux qui l'entouraient à la mort de sa femme. Mais depuis quelques temps il était revenu sur le devant de la scène, grâce à une amie qui était près de lui depuis un peu plus d'un an maintenant, une relation forte qui commençait à se compliquer légèrement, Daren pensait avoir des sentiments naissants pour elle mais c'était compliqué, il n'oubliait pas Alicia, il aimait toujours sa défunte femme, et puis Rebecca était devenue si proche de lui et l'aider tellement qu'elle était devenue un repère dans sa vie, la seule qui avait su lui redonner le sourire et qui l'avait convaincu de faire un pas vers ses enfants.

Joy était redevenue sa princesse, du moins c'était sur la bonne voie, il passait du temps avec elle à présent, ils s'étaient retrouvés et avaient pu se parler, se comprendre et tenter de trouver une solution pour s'en sortir tous les deux et retrouver la relation si forte qui les unissait dans le passé. En revanche tout avait été plus compliqué pour Julian, bien sur Daren n'avait pas eu la même réaction avec lui, il n'avait pas non plus eut les mêmes paroles envers son fils et il s'était surement trompé de méthode pour renouer le contact avec sa descendance mâle, ce fils qu'il avait élevé avec dureté, le privant d'un amour paternel qu'il avait réservé à sa sœur... Il ne regrettait pas, pensant avoir agit dans l'intérêt de son fils et de son avenir et puis Alicia était là pour lui rappeler que son père l'aimait quoi qu'il arrive et n'agissait pas ainsi parce qu'il ne l'aimait pas, sauf qu'aujourd'hui elle était morte et Julian n'avait plus la chance d'avoir ses explications ni la présence rassurante d'Alicia près de lui...

Sa dernière discussion avec Julian s'était vraiment soldée par un échec retentissant et Daren avait été profondément blessé par les propos de son fils, il avait été dur, direct et franc, la franchise était une qualité mais ce qu'il pensait de lui n'avait pas fini de le travailler et de corrompre son jugement. Le père s'était énervé contre lui ce soir là et les deux hommes de la famille King étaient passé chacun leur tours par des émotions différentes, mais c'était l'héritier qui avait fini par prendre le dessus, peut-être sans le vouloir, sans s'en rendre compte. Daren avait pleuré ce soir là et personne ne le saurait jamais, il avait un statut à assumer, il ne pouvait pas baisser les bras maintenant, l'autre soir lors d'une sortie avec Rebecca il avait pu lui en parlé et elle l'avait convaincu d'insister et de ne pas abandonner Julian qui devait certainement se sentir bien seul, surtout s'il avait remarqué le rapprochement entre sa sœur et son père. Seulement voilà, il ne trouvait jamais le bon moment et ils ne s'adressaient carrément plus la parole, Julian faisant tout pour l'éviter, l'ignorer et rien faire en sa présence.

Il attendait dans la cuisine, entendant son fils se préparer pour sortir, il ne savait pas où il allait, comment aurait il pu le savoir puisque la communication n'existait plus entre eux. Il sortit dans le couloir pour se retrouver dans le hall d'entrée et voir Julian déjà habillé pour sortir, il se planta devant entre lui et la porte, son regard plongé dans le sien.

« Tu as deux minutes avant de sortir Julian, j'aimerais beaucoup que l'on discute de ce qui s'est passé l'autre jour ? » Deux minutes pour parler de ça ? C'était bien sur une façon de parler et il ne doutait pas que Julian n'aurait pas envie de lui dire quoi que ce soit mais Daren avait décidé d'insister aujourd'hui, cela ne pouvait plus durer, presque trois ans et voilà que la situation s'était empirée depuis leur conversation dans ce bar. Daren voulait vraiment arranger les choses mais le silence ne résoudrait rien.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

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Wendell Berry a dit : ❝ C'est nous qui définissons notre passé, on peut s'acharner à vouloir s'en écarter ou à effacer les mauvais souvenirs, mais on ne peut échapper à son passé qu'en tentant de l'améliorer. ❞

La lumière au bout du tunnel. L'odeur âpre de la vie. Les dents acérées des ténèbres qui se retirent de la chair tendre. La peur rongeant le ventre. Les viscères sournoises, serpents malins. La souffrance de la blessure à vif.

Julian était prêt. Prêt à naître, prêt à vivre. Deux ans à se noyer dans les méandres de l'enfer, à respirer l'air impur de l'oubli, à se complaire dans le silence. Et maintenant, le regard dirigé par delà les remous de cette matière noire et visqueuse, éclairé par la lueur douce du soleil, Julian voulait revenir à la vie.

Il y avait cette fille, Lucy. Être délicat, étincelant, bijou de toute beauté. Diamant poli, prisme de mille couleurs. Un ange comme tombé du ciel, qui lui avait tendu la main. Une révélation, difficile à accepter. Julian avait lutté, pour rester avec son mal-être. Avec sa douleur qu'il pensait mériter. Ce fléau qui lui collait à la peau. Son habitude, douleur désormais sourde qui l'handicapait plus qu'elle ne le blessait réellement. Il avait pesé tous les pours, tous les contres. Fallait-il vraiment risquer de revenir à la vie, donc de se jeter dans ses bras d'épines ? Il souffrirait le martyr, à tenter de vivre.
Mais il était prêt. Deux ans que personne n'avait jamais découvert la vérité; des années plus tard, personne ne pourrait l'aider. Il était fait comme un rat, à survivre jusqu'au dernier souffle avec ses souvenirs et ses regrets. Il ne les confierait pas. Il resterait muet, ses secrets enterrés. Alors quoi ? Il ne pouvait pas tenir le coup entre se substentant uniquement de remords. Il lui fallait de la passion, du désir. Il lui fallait vivre. A nouveau.
Lucy avait été le déclencheur de sa résolution. Briser son cocon morbide et venir se régaler à la lumière du jour. Tenter de réconcilier son âme de noirceur avec la giffle cinglante de la vie. Rien ne serait facile, et Julian en avait parfaitement conscience. Les relation sociales semblaient simples pour ces gens, pour ces autres que lui, mais rien n'était plus délicat. Savoir compatir, écouter, bannir l'égocentrisme. Deux ans que Julian s'était regardé uniquement lui, et les empreintes sanglantes qu'il avait laissé sur son passé et sur sa vie. Comment réussir à chasser ce vieux démon nombriliste pour se rapprocher de l'humanité ? Julian n'avait pas la réponse, mais il sentait qu'auprès de Lucy, la transition serait moins rude, moins piquante.

Depuis une semaine que Julian et Lucy s'étaient décidés de la date et de l'heure du rendez-vous, le jeune homme ne savait plus comment agir. Il était devenu tremblant, maladroit, inefficace. L'approche de sa naissance le malmenait bien plus qu'il ne l'avait prévu. Cela faisait déjà une demie-heure que le King tournait et virait dans sa chambre. Il était prêt, tant physiquement que mentalement, à partir, à sortir, à vivre. Le décompte s'effectuait depuis au moins dix minutes quand enfin Julian s'avança dans le hall, clef de sa voiture en main. Il voyait ses doigts tressauter tant il était nerveux par l'évenement.
Dans sa tête, ses voix s'étaient tues. Il n'y avait que la réalité pour battre la mesure. Le tic-tac interminable d'une gestation enfin arrivée à terme...

La voix grave de Daren vint perturber les plans de Julian. Il sentit sa coquille fragile se renforcer en une fraction de seconde. La perspective de sa naissance disparut en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Loin de lui ses belles idées, ses beaux mensonges. Devait-il remercier son père pour l'avoir ramené à la raison ? Pour l'avoir tiré plus profond dans les abysses ? L'avoir noyé dans cette matière noire, amère de culpabilité. Histoire de ne pas oublier "ce que tu as fait". Une pointe au coeur le gêna, et Julian sentit une moue ternir sa figure si libérée.

-La dernière fois ?

Il parlait certainement de leur altercation, au café. Une troisième épaisseur de coquille fortifia un peu plus l'armuse. Désormais, il n'était plus pensable de naître. La douleur et la culpabilité étaient revenues. Les secrets traîtres souillaient la peau blanche de Julian. Les démons revinrent discuter dans sa tête. Reconstituer le puzzle de sa dernière discussion avec Daren fut plus difficile à penser qu'à faire. Ses intentions de renaissance avaient quelque peu perturbé le cours de sa vie ; et il lui semblait que cette rencontre au café datait de quelques millénaires. Il n'avait pas envie d'y penser, encore moins d'en parler. Devait-il s'excuser pour s'être éclipsé et d'avoir haï son père ? Pourquoi diable une ire si passionnée ? La raison de leur dispute apparut à sa mémoire et sur son visage en même temps.
Daren avait une nouvelle femme dans sa vie.

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Au lieu de répondre qu'il était d'accord ou bien qu'il n'avait pas le temps de lui parler il préférait continuer de feindre l'ignorance, lui demandant s'il parlait effectivement de la dernière fois dans ce café... Ce soir là Daren avait fait un pas énorme envers son fils et tout ceci sous l'impulsion d'une femme qui l'aidait depuis plus d'un an à voir la vie et l'avenir sous un angle meilleur. Tout ne s'était pas passé comme prévu et le père de famille avait peut-être été maladroit en lui parlant "de rencontre", pourtant il n'avait parlé de personne en particulier et n'avait fait qu'évoquer l'idée qu'il ne finirait peut-être pas ses jours seul dans cette maison après leur départ à tous les deux, Joy et lui. Mais Julian avait pris cette discussion comme une agression directe et un manque de respect envers sa mère, Daren avait beau eu lui rappeler ce qu'il en était vis à vis d'Alicia il ne voulait rien entendre et lui avait cracher au visage au sens figuré, usant de mots très durs pour lui faire comprendre qu'il lui en voulait.

La colère s'était emparé de Daren ce soir là, une fois devant son fils et une autre après son départ sous le regard outré et apeuré des autres clients mais au fond de lui il était blessé et en voulait à la vie de lui avoir retiré son épouse, ses enfants, sa vie... Plus rien ne pourrait être comme avant et pourtant c'était ce qu'il avait en tête ces dernières semaines, il avait fait un pas vers Joy qui en avait fait un vers elle, il avait tenté d'en faire un vers Julian, mais son garçon en avait fait deux en arrière. Jamais ils ne pourraient se rapprocher dans cette situation.

Son regard dévia sur les clés de son fils, avant de se reporter sur son visage, il n'y voyait pas grand chose à part peut-être un début de mépris, il ne voulait pas lui parler et cela se voyait vraiment mais le père King avait besoin de clarifier les choses avec lui, dans un sens il comprenait sa réaction mais d'un autre côté il le trouvait parfaitement égoïste de réagir ainsi.

« Je t'ai laissé du temps pour réfléchir Julian, peut-être qu'aujourd'hui nous pourrions avoir une discussion plus calme et plus posé que la dernière fois... » Il ne lâchait pas son regard, tentant de percevoir quelque chose, ne serait-ce qu'une once d'acceptation, d'accord de sa part pour une nouvelle tentative de rapprochement. Il était prêt à répondre à toutes ses questions s'il le souhaitait, à faire de nombreuses concessions pour lui mais à l'heure actuelle c'était impossible. Son fils se fermait à lui, même avant la mort de sa mère ils n'étaient pas très proche. Bien sur ils s'aimaient mutuellement et bien plus que Julian ne pouvait le penser mais Daren ne lui démontrait pas de la même manière que sa sœur et aujourd'hui sans le regretter pleinement, il s'en voulait de cette distance qu'il avait imposé entre eux pour le voir briller et chercher à atteindre l'excellence pour le rendre fier...

« Viens t'asseoir Julian. » Cela pouvait ressembler à un ordre mais le ton utilisé par Daren n'était pas fort ni même agressif, il l'invitait à aller s'asseoir à la table du salon, il avait besoin de lui parler et surtout d'entendre le son de sa voix, le mépris était quelque chose de violent et suite aux dernières paroles de Julian l'autre jour, le Trader avait du mal à ne pas avaler de travers à chaque fois qu'il y repensait.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Wendell Berry a dit : ❝ C'est nous qui définissons notre passé, on peut s'acharner à vouloir s'en écarter ou à effacer les mauvais souvenirs, mais on ne peut échapper à son passé qu'en tentant de l'améliorer. ❞

Une nouvelle femme. Comment avait-il osé ?
Julian se sentait trahi. L'assassin d'Alicia courrait toujours, brave furet qui s'échappe et se cache; et lui, Daren, préférait se trouver quelqu'un d'autre. Histoire de dire à ce salaud, « regarde, la mort de ma femme ne m'atteint plus ». Vraiment, Julian ne supportait pas cette idée. On ne pouvait pas oublier sa mère. C'était interdit. D'autant plus pour son mari.
Finalement, Julian était heureux de la présence de Dirty-Secret à Magnolia. Même si cela le mettait fortement en danger, qu'il risquait à tout moment d'être la cible de cette folle et d'être envoyé en prison, il jouissait de sa présence. Parce qu'à chaque apparition, à chaque mot, à chaque article publié sur son blog, les gens avaient un souvenir pour Alicia. Pour sa mère. Et même si ce n'était que rarement en bien, on ne l'oubliait pas.
Évidemment, nul ne connaissait le véritable visage de ma mère. Pour tous ces inconnus, elle était la femme commère par excellence, celle qui sait tout, voit tout, note tout peut-être. Celle qui vit dans l'aise d'un mari qui gagne bien sa vie, et qui a deux beaux enfants pour assurer sa retraite. Mais qui pouvait comprendre Julian ? Lui qui sentait bien plus qu'une surface, qui palpait l'amour sous les mains chaudes d'Alicia ? Qui dégustait chacun de ses mots tendres, qui était en sécurité dans les bras de sa mère ? A part Daren et Joy, qui pouvait bien imaginer la douleur dans sa poitrine de perdre autant si brutalement ? Personne. Et voilà que même son père venait à se libérer de ce poids. S'il entraînait Joy dans sa remontée vers la surface, alors Julian finirait seul avec son chagrin. Seul avec ses souvenirs d'horreurs. Seul avec la vérité.
Le jeune homme revint à lui lorsque Daren prétexta qu'ils devaient poursuivre cette conversation, et plus au calme. Julian acquiesça. Il était vrai que le spectacle que père et fils avaient donné au café n'était pas des plus glorieux. L'un qui menace d'exploser la table, et l'autre de la renverser. Leur passage n'avait été que tornade de désespoir et de rancœur, ce qui n'arrangeait rien à leur relation déjà conflictuelle. Or, depuis cet évènement, de nombreuses choses avaient changé pour Julian. D'un, il avait retrouvé Lucy, qui avait sans le vouloir fait palpiter ce qu'il lui restait de cœur. Et ensuite, ils s'étaient donnés rendez-vous. Finalement, il avait même cessé d'en vouloir à son père. Si lui aussi, commençait à ressentir le besoin de vivre à nouveau, pourquoi l'interdirait-il à son paternel ? Après tout, ce n'était pas de l'oubli, c'était du « vivre avec ». Mais malgré ces bonnes intentions, Julian gardait un peu de méfiance vis-à-vis de cette annonce, c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait aussi besoin d'en parler avec Daren.
Son regard s'adoucit un instant, et Julian, l'air subitement nerveux, lâcha ses clefs sur le buffet de l'entrée. Il savait pertinemment que cette discussion était inévitable et qu'elle devait avoir lieu. Mais comment concilier son père et le rendez-vous qu'il avait avec Lucy ? Dans son crâne, les résolutions du problème se mélangeaient, se bousculaient. La panique le gagnant, ne voulant pas annuler le rendez-vous, Julian se jura d'y aller sitôt l'entrevue avec Daren close. Il soupira, victime de sa nervosité et vint s'asseoir dans la cuisine.

-Je suis désolé de m'être emporté mais... je vais avoir du mal avec ça encore quelques temps et j'ai eu peur que tu rayes maman de ta vie. Or, je sais aujourd'hui que c'est faux, mais je ne supporterai pas d'être le seul à encore penser à elle. Mais je t'interdis de faire quoique ce soit qui pourrait me nuire, à moi ou à Joy d'ailleurs ! Alors ne me présente pas cette fille, et ne l'amène pas ici. Ici, c'est chez maman avant tout. Si tu veux faire des... trucs avec elle, va chez elle, prends un hôtel, mais ici : interdit.

Julian avait utilisé du haut-débit pour dire ce qu'il avait à dire. Sa voix tremblait un peu et il semblait hésitant. Mais il ne savait pas comment le dire autrement, et puis, il fallait qu'il fasse vite pour retrouver Lucy après. Il n'avait pas levé les yeux vers son père, par crainte, comme toujours, de voir une chose qui lui déplaise. Mais il était persuadé que comparé à son refus catégorique du mois dernier et à son approbation partielle, Daren serait content. Cependant, il ne pouvait rien prévoir vraiment sans entendre sa réponse. Il ne tut donc, les jambes agitées, et attendit son père.

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Julian avait mal interprété les paroles de son père l’autre jour, bien sur Daren n’avait pas été totalement franc avec son fils… Il n’avait fait que mentionner la possibilité de rencontrer quelqu’un d’autre pour préparer le terrain mais n’avait jamais mentionné le nom de Rebecca… Si il l’avait fait mais le garçon n’avait pas fait le lien ce soir là, mais il y a quelques temps le père de famille avait pris la défense de la mère Ainsworth sur ce site d’échanges et de partage sur lequel il s’était inscrit, convaincu par son entourage le plus proche et finalement il y avait pris goût, cela lui permettait de suivre l’actualité de ses enfants tout en trouvant un moyen de parler toujours un peu plus avec Rebecca, eux qui avaient du mal à dormir le soir, ils leur arrivaient de se retrouver tard dans la nuit à discuter sur facebook. Alors oui Julian avait tout de suite compris que dans l’esprit de Daren il avait déjà quelqu’un en vu et pourtant il n’y avait rien entre lui et son amie, il avait juste voulu dégager le terrain pour éviter à son fils un choc trop rude s’il devait apprendre du jour au lendemain que son père avait trouvé une nouvelle compagne, mais il n’en était pas là, il en était même bien loin, ce qu’il pensait être de l’attirance était peut-être juste un moyen de combler le manque affectif qui durait depuis plus de deux ans chez le Trader, il n’en savait rien et n’osait pas prendre de risques, principalement vis-à-vis de ses enfants, pourtant Rebecca lui avait conseillé l’autre jour d’aller de l’avant et de ne pas fermer la porte à une nouvelle rencontre.

Julian semblait nettement plus calme cette fois ci et il le vit acquiescer d’un signe de tête avant de déposer ses clés à l’entrée pour le suivre dans la cuisine et s’y installer face à son père. La nervosité était néanmoins palpable et quand son fils prit la parole il ne daigna pas lever les yeux pour affronter le regard de son paternel qui l’écouta avec attention. Il était partagé entre le plaisir de voir qu’il était moins catégorique que la dernière fois et surtout de voir qu’il s’excusait pour son comportement mais il n’aimait tout de même pas tellement sa façon de présenter les choses quand au mal qu’il pourrait leur faire à lui et sa sœur ainsi qu’au fait qu’il ne voulait pas lui laisser la possibilité de lui présenter qui que ce soit ni de l’amener ici dans sa propre maison… Il avait un peu de mal à l’encaisser mais devait se montrer intelligent sur ce coup là pour ne pas braquer à nouveau son héritier.

« Je te remercie pour tes excuses Julian. » Il avait commencé sa réplique par quelque chose de simple, ce qu’il allait dire par la suite était beaucoup plus conséquent et il voulait d’abord que le garçon comprenne qu’il appréciait le voir réagir en adulte.

« Je suis également content que tu ais finis par comprendre que personne dans cette maison n’a l’intention d’oublier ta mère, elle sera toujours présente pour nous… Par contre je n’ai personne à te présenter Julian, je n’ai personne dans ma vie… Enfin… je te mentirais si je disais que je ne pensais pas à quelqu’un c’est vrai je le reconnais mais il n’en ait rien pour le moment. » Il fixait son fils sans le lâcher des yeux alors que celui-ci gardait la tête baissée pour le moment, ce qu’il était entrain de lui dire n’était surement pas facile à avaler et il craignait que le garçon, très intelligent, ne comprenne de qui il parlait. Même si tout n’était pas facile dans leur vie, Julian savait très bien que les relations de son père se limitaient à un très petit nombre de personnes, la famille Spencer principalement et quelques voisins par ci par là, mais celle qui revenait le plus souvent c’était bel et bien Rebecca Ainsworth et cela n’avait pas pu échapper au jeune homme, il aurait voulu lui dire, lui expliquer pourquoi, ce qu’il ressentait mais cela aurait été maladroit de le faire en pareil circonstances, il fallait se montrer plus diplomatique.

« Si j’ai tenu à t’en parler c’est pour te préserver Julian, nous avons tous le droit à une nouvelle chance, une nouvelle vie qui ne nous empêche pas de penser à l’ancienne, mais quoi qu’il arrive c’est ensemble que nous devons la vivre, toi, ta sœur et moi… Je ne vais pas te redire tout ce que j’ai déjà pu t’expliquer l’autre jour Julian, mais il est temps pour nous de revenir sur le devant de la scène, mais j’ai besoin que tu me parles si je veux pouvoir comprendre ce dont tu as besoin… Tu comprends ? » Il ne pouvait pas être plus sincère que ça, il espérait que ses paroles avaient réellement atteint le jeune homme qui finirait petit à petit par s’ouvrir à son paternel, celui-ci en avait besoin pour prendre la place de sa mère dans sa vie, il ne pouvait pas reprendre sa vie d’avant, avec Joy tout était plus simple, mais avec lui… Il se devait de changer pour Julian.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Wendell Berry a dit : ❝ C'est nous qui définissons notre passé, on peut s'acharner à vouloir s'en écarter ou à effacer les mauvais souvenirs, mais on ne peut échapper à son passé qu'en tentant de l'améliorer. ❞

Daren semblait ravi d'entendre son fils accepter un tant soit peu sa motivation à commencer une nouvelle vie. Oui, effectivement, Julian avait moins de mal à comprendre cette envie, surtout depuis qu'il avait revu Lucy. Cependant, rien n'était encore très évident et très facile pour le jeune homme. Et de là à être prêt pour rencontrer, voir, ou matérialiser ce genre de projet ? Non, pas tout à fait. Pour le fils King, son père était consacré jusqu'à son dernier souffle à sa mère. Il ne pouvait l'imaginer au bras d'une tierce personne. C'était bien trop... dérangeant.
Alors quand Julian eut cette réponse claire, sournoise, qui le piqua à vif dans sa patience, il ne put s'empêcher de relever la tête.
« Je te mentirais si je disais que je ne pensais pas à quelqu’un c’est vrai, je le reconnais, mais il n’en est rien pour le moment. » C'était l'annonce de son père. Dans sa tirade, son discours, son blabla méli-mélo, c'était la phrase qui était importante. Parce que pour Julian, tout était on-ne-peut-plus claire. Il connaissait son père. Certes, ils n'étaient pas meilleurs amis, ne partageaient rien de précis, pas même un repas calme, mais il le connaissait. Il savait quelles petites manies il prenait inconsciemment pour traduire ses craintes, il se rappelait son besoin d'être parfait sur tous les tableaux, d'être le meilleur, il subissait chaque jour son contrôle et son sérieux. Il voyait en lui certains détails qui paraissaient anodins pour les autres. Peu importait leur relation actuelle, Julian connaissait son père. Vingt-deux ans d'une vie pour savoir, mieux que quiconque, que son père était un homme de confiance. Confiance. Tout menait à ce mot. Son besoin d'être en haut de la pyramide, de contrôler, d'avoir une vision globale, il lui fallait des personnes de confiance. Ses proches n'étaient pas nombreux, et faute d'être méfiant et de garder sa confiance uniquement pour les plus fidèles. Il était respecté pour son travail, pour sa réussite, pour son charisme, mais ce n'était pas avec des flatteries que Daren pouvait être berné. Cette confiance qu'il n'avait donné qu'à si peu de personne, c'était un trésor, dont il gardait la clé dans un coffre sous haute-sécurité. Et savoir cela répondait à bien des questions.
Julian avait une vue bien plus précise sur la situation. Sa lame était aiguisée comme un scalpel, prête à sonder les figurants dans la scène. Le jeune homme fit un bref recensement de toutes ces femmes qui tournaient autour de son père, de toutes celles qu'il avait pu rencontrer, par le biais de son travail, de ses amitiés, de la vie quotidienne. Il avait directement ôté la perspective homme parce qu'il savait que son père ne se serait pas risqué à un tel aveu. Sa confusion aurait été telle qu'il n'aurait même pas envisagé parler de cela avec ses enfants. Puis, il continua son entreprise, rayant de la liste les femmes qu'il n'avait que peu rencontré. Il avait en tête une personne que son père avait rencontré à maintes reprises. Certainement quelqu'un qui connaissait son nom, sa personne, et qui savait que son épouse était décédée. Julian pensa soudainement à une mère. Cela pouvait répondre à grand nombre de points confus. Par exemple le fait qu'il lui ait fait confiance pour réapparaître dans la vie de ses enfants. C'était certainement cette même-femme qui l'avait motivé à sortir de sa torpeur.
Une amie, une mère. Julian se répétait cela en tête. Quelques noms vinrent effleurer son esprit. La femme à laquelle pensait Daren portait l'un de ces noms. Pendant sa réflexion, Julian s'obligea à paraître intéressé par les propos de son père. Mais sur l'instant, rien n'avait plus d'importance que son investigation.
Et puis, un fragment de quelque chose apparut dans la tête de Julian. Une conversation, suite à une photo postée sur Facebook. Une photo postée par Rebecca Ainsworth, à laquelle il s'était un peu attaqué, c'est vrai. Mais de mémoire, Daren avait protégé cette femme, et l'avait défendue. Elle avait obtenu un soupçon de sa confiance. Et puis, ce n'avait pas été la dernière fois que madame était réapparue dans la conversation.
Rebecca Ainsworth. Julian se rappela soudainement les mots répétés quelques secondes auparavant. Une amie, une mère. Il venait de trouver la femme dont parlait son père.

-Rebecca... laissa échapper Julian alors que Daren venait juste de terminer sa phrase.

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Comme il s’y attendait un peu Julian redressa la tête vers son père quand celui-ci lui dit qu’il pensait effectivement à quelqu’un en ce moment, il n’avait pas envie de le cacher à son fils même s’il faisait tout pour garder secret le nom de cette femme le plus longtemps possible. Quoi qu’il arrive il allait lui annoncer un jour ou l’autre, mais il ne le sentait pas encore prêt et il voulait le préserver. Tout n’était pas simple entre eux, mais personne ne pouvait comprendre la relation qu’il entretenait avec Julian King. Son fils, son garçon dans lequel coulait son sang, le sang des King. Il voulait le meilleur pour elle et l’avait privé d’un amour trop fréquent, certes il lui arrivait d’être proche de lui et de lui démontrer ce qu’il ressentait pour lui mais en règle général il le poussait toujours vers le haut, encore, encore et encore pour qu’il donne le meilleur de lui-même et le seul lien important qui existait entre eux c’était Alicia King, sa mère chérie qui pouvait lui parler et lui expliquer pourquoi Daren agissait ainsi avec lui, sans elle tout aurait pu être bien plus compliqué entre le père et le fils mais heureusement elle avait toujours les bonnes paroles pour apaiser leur enfant qui avait compris puisqu’il en avait dans la tête.

Depuis Février 2010 rien n’était comme il l’avait prévu, sa vie de famille avait volé en éclat et il était impensable que la situation dure plus longtemps, il détestait n’être plus rien, qu’un père sans âme, vidé de tout ce qui faisait sa joie, sa fierté et sa gloire personnelle. Heureusement Rebecca avait été là pour lui au meilleur des moments et finalement elle était devenue le « morceau de bois » auquel se raccrocher pour ne pas couler. Cette image pouvait être légèrement dévalorisante pour la mère Ainsworth mais elle reflétait pourtant la réalité. Un morceau de bois qui le tenait hors de l’eau et qui allait l’accompagner jusqu’au bord de la rive pour qu’il puisse remettre pied à terre et recommencer à marcher de l’avant. Daren continua de parler pour expliquer ce qu’il attendait de Julian mais il se rendit compte qu’il ne l’écoutait pas vraiment quand il entendit un prénom sortir de sa bouche… Il le regardait à ce moment et compris qu’il cherchait depuis tout à l’heure à faire le lien entre les paroles de son père et ce qui pouvait se passer dans son quotidien. Le père King continua de le fixer sans sourire, sans aucune expression sur le visage, pourquoi avoir mis au monde un garçon aussi intelligent, il était difficile de garder le suspense avec lui.

« J’aurais préféré que tu écoutes ce que j’étais entrain de te dire Julian, mais au moins tu connais son nom à présent… » Dit-il avant de se pencher sur la table en direction de son fils, posant une main à plat sur celle-ci avant de pointer l’autre main en direction de Julian. « Mais j’aimerais bien que tu comprennes pourquoi je voulais prendre mon temps avant de t’annoncer quoi que ce soit Julian, il n’y a rien de plus qu’une amitié entre elle et moi et… Et je ne suis sur de rien c’est bien trop compliqué dans ma tête pour que je puisse prendre acte de n’importe quelle décision la concernant et vous concernant vous. »

Sincèrement, comment pouvait-il expliquer cela à son enfant ? C’était presque inconcevable et pourtant Julian était assez intelligent pour comprendre ce que son père ressentait. Il pensait encore à Alicia et ne l’oublierait jamais et au fond de lui il avait l’impression de l’oublier trop vite, de vouloir passer à autre chose pour tenter d’effacer de son esprit qu’il souffrait de son absence… Alicia lui manquait terriblement et tout ce qu’ils pouvaient partager ensemble avant le drame n’existait plus, seulement des souvenirs qui le faisaient sourire mais en même temps souffrir. Pourtant Rebecca lui plaisait sur énormément de points. Elle était charmante, élégante et avait une touche de sexy qui ne laissait pas indifférent le trader. Et puis tout ce temps à parler avec elle, à la découvrir, apprendre à la connaitre, se confier à elle, il aimait beaucoup cette femme que ce soit physiquement ou mentalement parlant, mais il ne voulait surtout pas que son esprit lui joue un mauvais tour et qu’il ne cherche à se rapprocher d’elle uniquement par « dépit » de se retrouver sans l’amour de sa femme.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Wendell Berry a dit : ❝ C'est nous qui définissons notre passé, on peut s'acharner à vouloir s'en écarter ou à effacer les mauvais souvenirs, mais on ne peut échapper à son passé qu'en tentant de l'améliorer. ❞

L'expression de Daren confirma l'hypothèse de son fils. Il semblait dépité de ne pouvoir cacher l'identité d'une femme à sa progéniture, mais c'était là les conséquences directes de son éducation stricte dans le but d'atteindre la perfection. L'esprit de Julian avait toujours été stimulé pour l'analyse et la critique de l'environnement et des âmes qui l'entouraient. Il ne fallait pas que l'aîné des King se fasse berner par le premier vendeur de tapis sur le pas de la porte ! C'aurait été d'une inconvenance. Alors oui, à rechercher le meilleur, à élever son fils mentalement, Daren avait été à l'origine d'une machine plutôt bien rodée qui venait de lui desservir. Parce qu'il n'y avait aucun secret pour Julian. Chaque phrase formulée par son paternel subissait une analyse détaillée et il en tirait chaque fois un indice. Voilà comment agissait Julian, et ce n'était pas ses études de psychologie qui l'handicapaient dans cette entreprise fastidieuse.

-Je sais.

Julian n'avait rien d'autre à dire, rien à répondre. Il savait pertinemment que son père ne lui mentait pas en avançant qu'il n'y avait rien entre Rebecca et lui. D'un parce que Daren n'était pas du genre à se cacher derrière des mensonges, et de deux parce qu'il l'aurait ressenti dans la seconde, si telle n'avait pas été la vérité.
Il s'efforça de sourire un peu, afin de paraître à l'aise. Mais c'était tout le contraire. Il venait de trouver le nom de la femme qui occupait l'esprit de son père, et ne savait comment réagir. La théorie de la réciprocité évoquait la nécessité pour l'homme de rendre un service lorsqu'on en reçoit un. Or, Julian avait la nette impression que sa découverte était un pas vers lui, et qu'il devait en faire un vers le patriarche. Ce n'était pas qu'il n'avait rien à lui dire, juste qu'il n'y parvenait pas. Daren n'était pas son confident. Devait-il lui parler de Lucy, afin qu'il ne culpabilise pas de penser à refaire sa vie ?
La pensée vers Lucy le ramena à une réalité plus qu'effrayante. Julian sentit la panique bouillir en lui. Il jeta un coup d'oeil à sa montre : il était en retard, et d'une vingtaine de minutes. Il se leva d'un bond, ne sachant où donner de la tête. Il regarda plusieurs fois son manteau sans pour autant se décider à quitter le domicile familial, puis ses clefs de voiture, et s'épuisait sans but. Le spectacle qu'il offrait à Daren n'était pas digne de son calme habituel, mais c'était un véritable volcan de nervosité qui explosait dans son corps. Il imaginait Lucy, qui l'attendait, seule, là où ils s'étaient donnés rendez-vous. Il ne l'avait pas prévenue de l'empêchement qui l'avait contraint à rester avec son père. Cette discussion nécessaire suite à leur dispute dans le café. Et désormais, Julian avait même envie de pleurer. Lucy représentait bien des choses pour lui, et il venait de lui planter un poignard dans le dos. De lui faire faux-bond. Un beau salaud, il aurait au moins pu la prévenir. Il attrapa son téléphone dans sa poche mais ses mains tremblaient trop pour envoyer un message.
S'efforçant de ne pas céder aux larmes, bien assez victime de sa panique, Julian adressa un regard perdu à son père. Etrangement, il sentait que Daren avait assez de sang-froid et d'expérience pour lui témoigner un conseil avisé.

-Je suis en train de poser un lapin à Lucy. Je ne sais pas quoi faire !

C'était sans dire que n'ayant aucune information, Daren ne pouvait comprendre. Néanmoins, l'expression défaite de son fils ne pouvait que le stimuler à trouver une solution à son problème. C'était le moment idéal pour redevenir père.

Invité

En y réfléchissant bien Daren était soulagé de ne plus avoir à cacher le nom de la femme qui occupait son esprit, Julian l’aurait compris tôt ou tard et sa réponse était éloquente même s’il ne disait pas grand-chose. Au moins il acquiesçait et le père de famille ne pouvait que penser que son fils avait comprit ce qu’il avait fait vis-à-vis de lui. Il remarqua même un léger sourire se dessiner sur le visage de Julian ce qui était surprenant, il avait du se passer quelque chose dans la vie du garçon pour qu’il agisse à ce point différemment aujourd’hui mais Daren n’avait malheureusement pas la moindre idée du pourquoi du comment. Il avait peut-être pu discuter avec Joy ? Ou alors un évènement dans sa vie l’avait rendu plus joyeux ou plutôt moins bloqué vis-à-vis de son père et d’un possible changement de vie. Les deux hommes n’étaient pas du genre à se confier l’un à l’autre, il le faisait avec sa mère et Joy avec son père mais aujourd’hui Julian n’avait plus cette oreille attentive et Daren savait qu’Alicia aurait voulu qu’il se rapproche de son fils et qu’il change sa façon d’être avec lui. Au temps de son vivant elle avait comprit sa façon de faire mais le poussait par moment à se montrer plus flexible avec leur enfant et Daren cédait parfois aux demandes de son épouse en félicitant de façon plus prononcé les réussites de Julian.

Le Trader remarqua alors le regard inquiet de son enfant sur sa montre avant qu’il ne se lève précipitamment. Ce n’était pas dans ses habitudes de fonctionner ainsi, son regard semblait perdu comme s’il cherchait quelque chose sans savoir ce que c’était, Daren gardait son calme et l’observait faire un instant et le vit prendre son téléphone en tremblant… Il savait que Julian était devenu très fragile mentalement depuis la mort d’Alicia mais c’était la première fois qu’il le voyait dans un tel état de panique qu’il ne parvenait pas à gérer ni même à cacher à son paternel et il vit son regard suppliant avant qu’il ne parle d’un lapin qu’il posait à une fille dénommée Lucy, il n’avait pas la moindre idée de qui il s’agissait même si ce nom lui rappelait vaguement quelqu’un dans le quartier, surement une voisine, Daren se leva et s’approcha de lui pour lui prendre le téléphone des mains et le poser sur la table tandis que son autre main restait sur celle de son fils, un contact qui n’avait pas eu lieu depuis bien des lustres, il s’étonnait même de ce qu’il faisait mais il n’allait pas le laisser se faire envahir par l’angoisse sans réagir.

« Calmes toi Julian, ne te mets pas dans des états pareils, regardes moi ça tu trembles comme une feuille… Tu aurais du me dire que tu avais un rendez-vous je t’aurais proposé de discuter une autre fois, tu as peut-être encore le temps d’y aller non ? Si tu dépêches tu pourras lui expliquer ton retard, elle comprendra, allez vas’y mais calmes toi avant sinon je ne te laisse pas prendre le volant… » Dit-il avec un regard calme et compatissant pour tenter d’apaiser son fils, il lui lâcha la main et la posa dans son dos pour le pousser vers le hall d’entrée afin qu’il se prépare pour sortir, mais il avait même envie de lui proposer de l’emmener, son corps tremblait encore et son regard paniqué l’inquiétait un peu, et ils iraient plus vite avec sa voiture à lui, mais Julian avait la capacité de se reprendre, la force mentale des King ne datait pas d’hier.

« Tu crois que tu vas pouvoir conduire ? » Demanda t-il pour se rassurer lui-même, ce n’était vraiment pas le moment de prendre des risques en voiture juste pour un rendez-vous, il ignorait qui était Lucy mais elle pourrait comprendre que son fils était en retard par sa faute et une discussion familiale indispensable pour les deux hommes qui finalement avait été courte mais s’était relativement bien passé ce qui donnait confiance pour l’avenir entre eux deux. Il avait retrouvé Joy et voulait retrouvé Julian avant de lui proposer quelque chose de nouveau pour leur relation.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Wendell Berry a dit : ❝ C'est nous qui définissons notre passé, on peut s'acharner à vouloir s'en écarter ou à effacer les mauvais souvenirs, mais on ne peut échapper à son passé qu'en tentant de l'améliorer. ❞

Les yeux embrumés par quelques larmes bornées, Julian dut se faire violence pour repousser Neptune et sa vague salée. Il sentit le portable lui échapper des mains, et la chaleur d'une paume étrangère. Julian releva le regard pour trouver le visage sérieux de son père. Il instaurait une pression étrangement rassurante qui détendait doucement Julian. Chose qui n'avait eu aucun effet sur le jeune homme pendant deux ans, voilà qu'il se sentait soutenu par son père. Julian n'osa y croire premièrement, mais il n'inventait pas l'aura sereine de Daren tout près de lui.
Optimiste, Daren avait tout intérêt à l'être. Même s'il était totalement ignorant de la situation et du contexte dans lequel se trouvait Julian, avec ce premier rendez-vous, vingt minutes n'étaient pas une fatalité. Aussi, il conseilla à son fils de partir au plus vite rejoindre la jeune fille, ce que le jeune homme approuvait. Cependant, Daren semblait légèrement inquiet de voir sa progéniture. Voilà une bonne idée, après tout, si Julian n'était pas apte à écrire un texto, saurait-il mener son véhicule jusqu'au centre ville ? Peut-être bien, mais combien de vies ôtées, de trottoirs défoncés, de chats à peine évités ? Non, ce n'était pas raisonnable de conduire avec autant de tensions et de tremblements mêlés. Julian s'obligea à souffler doucement. La sophrologie n'avait jamais été à même de faire ses preuves sur lui, alors il préféra songer que c'était la présence de son père qui le calmait.
Une fois qu'il eut réussi à reprendre le contrôle de ses tremblements, Julian saisit son portable et envoya un message à Lucy. Pourquoi diable n'avait-il pas pensé à le faire plus tôt ? Elle se serait abritée, elle n'aurait pas été surprise, elle aurait compris et pardonné. Désormais, rien n'était moins sûr. Il pianota une seconde pour l'informer qu'il partait juste et qu'il arrivait.

-Prie pour moi.

C'était vraiment stupide, Dieu n'avait jamais été d'une aide convaincante. En était de la situation actuelle de la famille King. Une mère six pieds sous terre et une famille à peine déchirée. Cependant, Julian avait cette conviction que peut-être il y avait une chance d'émouvoir une autorité divine. Et si cela était possible, alors qu'elle agisse et sauve son futur.
Ses clefs en main, Julian enfila son manteau. Il avait ravalé son chagrin, et était animé d'une détermination nouvelle. Il n'avait plus une seconde à perdre.
Deux ans délibérément anéantis, oubliés, saccagés. Le cœur meurtri, le cœur brisé, la tête en feu, en sang, en remords et haine jusqu'à l'impossible. Julian avait décidé que son auto-destruction s'arrêterait avec Lucy. Elle était son étoile. Sa survie. Mais il ne pouvait la laisser filer.
Julian grimpa dans sa voiture et démarra en trombe. Il n'osa regarder son père, même s'il savait que ce dernier ne l'avait pas quitté des yeux. Le compteur tournait silencieusement. Le temps s'échappait entre les rotors du moteur. La vie entière fuyait, et il fallait la rattraper. C'était une course contre la montre. Et Julian n'avait pas le droit de perdre, pas cette fois.
Il fallait qu'elle soit là. Pour lui. Pour eux. Pour en terminer avec son deuil. Pour sortir de son amertume. C'était maintenant, c'était le changement.
Julian prit son virage serré et déboula dans le centre ville. Il gara sa voiture sur un trottoir, n'ayant vu aucune place de libre. Il se hâta de l'habitacle et rejoins la foule. Le cœur tambourinant dans sa poitrine, le jeune homme allait savoir. Enfin.
Le résultat de la course. Le visage de Lucy contre son chagrin. Sa vie entière basculée dans une étreinte. Il allait savoir. Victoire ou défaite ?

A suivre...

» Il est temps d'oublier - |Daren & Julian| [Terminé]
» Deux ans pour s'en remettre - |Daren & Joy [Terminé]
» Looking for freedom | Julian- Terminé
» We are young, we are ill ∞ Zach & Julian [Terminé]
» You're gonna miss me when I'm gone / Julian & Lucy (terminé)

Nouvelle approche, nouveau drame ? - |Daren & Julian| [Terminé]

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