Andrew se gara en trombe sur le parking de l'hôpital, avant de sortir sa soeur et de la porter jusqu'aux urgences. Il avait l'impression d'être dans une de ces mauvaises vieilles séries, qui passent parfois à la télé à des heures incongrues. « S'il vous plaît ma soeur vient de faire un malaise je ne sais pas quoi faire » Et c'est qu'elle n'était pas toute légère, en plus. Heureusement, on lui apporta bien vite un brancard, avant de l'emmener. Il les héla alors, voulant absolument les suivre, mais ceux-ci précisèrent qu'il ne pouvait pas, et qu'il devait simplement attendre dans la salle d'attente qu'on vienne le chercher, quand Juliet serait ... il ne savait même pas comment serait sa soeur, il ne savait même pas ce qu'elle avait. Une fois seul, il s'affala dans une chaise. Il hésitait à appeler Lou, mais il ne voulait pas craquer au téléphone. Or, là, sur le coup, il avait vraiment peur. Il choisit de lui envoyer un simple sms.

Citation :

Coucou mon coeur, je suis aux urgences, Juliet vient de faire un malaise, je te préviens dès que j'en sais plus, je t'aime.

Puis il rangea son téléphone dans sa poche, il avait hésité à prévenir Adrian ... Mais s'était finalement ravisé. Mauvais ? Qu'importe, il ne voulait pas le voir ici, pas maintenant, pas sa tête qui dirait "tu fais chier de m'avoir prévenu je n'en ai rien à foutre c'est probablement parce qu'elle est dans un délire de ne rien manger en ce moment". Mais il finit par changer d'avis. Mine de rien, Juliet voudrait l'avoir avec lui.

Citation :

Juliet est à l'hôpital elle vient de faire un malaise.

Il ne savait pas quoi ajouter de plus. De toute façon, une des infirmières vint le chercher peu de temps après, et Adrian s'envola bien vite de ses pensées. On l'emmena dans une chambre ou se trouvait Juliet, un faible sourire sur les lèvres. Vite, il se précipita sur elle. « Juliet tu m'as fait peur putain ne me fais plus jamais ça ! » Il se stoppa alors. « Je peux te faire un câlin, t'es pas contagieuse ? t'es pas trop fragile ? T'as quoi ? » Il risquait de la fatiguer un peu plus, peut-être, mais il voulait mais les minutes écoulées sans savoir étaient insupportables.

Citation :

Juliet est à l'hôpital elle vient de faire un malaise.

Voilà ce que je venais de recevoir sur mon portable. Un message d'Andrew, c'était étonnant. Il ne m'écrivait jamais, j'en déduisais que la chose était très sérieuse alors. Affalé dans mon fauteuil, la tête dans les dossiers, je me relevais rapidement, me demandait ce qu'il se passait. Pourquoi avait-elle fait un malaise? Avait-elle arrêté de s'alimenter depuis notre dispute et mes aveux l'autre soir? Les yeux rivés sur le message d'Andrew, me décidais enfin à répondre:

Citation :

A l'hôpital? Qu'est ce qu'elle a? J'arrive tout de suite.

J'attrapais alors ma veste, mes clefs de voiture. Avant de partir, je passais par le bureau d'Heath, le prévenir que je devais me rendre à l'hôpital immédiatement. Je descendais ensuite les étages en courant. Etrangement, je perdais presque mon sang froid. Je me demandais bien ce qu'il avait pu lui arrivé, et étais persuadé que tout était de ma faute. Je sautais dans ma voiture, allumais le contact et me lançais en direction de l'hôpital. Il ne me fallut pas longtemps pour arriver à destination. J'avais conduit comme un pied. Je descendais de ma caisse, la fermais et pressais le pas. Une fois dans le hall d'accueil, je demandais aux hôtesses de m'indiquer l'endroit où se trouvait ma fiancée. Juliet se trouvait aux urgences. Je parcourais rapidement les couloirs de l'hôpital pour arriver aux urgences. Là, une infirmière m'arrêta dans ma course, me notifiant que je n'avais pas le droit d'accéder aux box dans l'immédiat. Agacé, stressé, je lui répondais en haussant la voix: "Vous rigolez? Non vous allez me laisser entrer. Ma femme est à l'intérieur, je ne sais pas ce qu'elle a. Alors vous allez me laisser passer ces putains de portes!". Retissante, l'infirmière me dit que ce n'était pas possible autrement. Je forçais alors un peu la route, de toute façon elle n'allait pas pouvoir me retenir bien longtemps. "Adrian O'Conell, avocat. Il vaudrait mieux pour vous que vous me laissiez entrer tout de suite.". Elle se poussa de mon chemin, sans broncher davantage, et je passais enfin les portes. Je cherchais un instant Juliet du regard, puis l'aperçu là, à quelques mètres, en compagnie de son petit frère. J'entendit Juliet dire à Andrew qu'elle avait quelque chose à lui dire. A en voir sa petite mine, je comprenais qu'il s'agissait de quelque chose de très sérieux. Mon coeur battait la chamade. J'approchais d'eux.

"Juliet? Qu'est-ce qu'il s'est passé?" et me tournant vers Andrew "Qu'est ce qu'elle a bordel?"

Sa soeur n'avait rien de grave, il fut déjà rassuré, et la prit dans ses bras avant toute autre explication. Il s'en fichait du reste, du moment qu'elle allait bien. Il n'était pas très responsable, mais toute cette aventure lui avait fait réaliser que sa soeur comptait beaucoup pour lui. Mais aussi qu'ils n'étaient pas invincibles. Malheureusement, sa joie fut de courte durée. A peine la libéra-t-il de son étreinte que le ton de Juliet changea, devint plus mystérieux, plus douteux, semant appréhension et crainte dans l'esprit de son petit frère. Avant qu'il ait pu la questionner, la sommer de mettre fin à ce suspense insupportable, la voix de son détesté beau-frère se fit entendre dans le couloir. Il était donc venu ... Andrew était partagé, agacé par sa présence, il devait reconnaître qu'il n'avait pas forcé Adrian, que ce dernier était venu de son plein gré, parce qu'il le voulait ... Néanmoins, il ne put s'empêcher de continuer à le détester. « J'aimerais bien savoir ce qu'elle a, seulement tu arrives comme ça, tu fais un boucan d'enfer et tu l'empêches de me raconter ! » Il fit de grands gestes avec ses bras, avant de se tourner vers sa soeur. « Ne fais pas attention à ce grand méchant Juju, vas y dis moi ce que tu as alors, tu m'inquiètes ... » Provoquer Adrian devant Juliet était sûrement la moins bonnes des idées, pourtant Andrew ne put s'en empêcher. C'était plus fort que lui.

Andrew me remballait... Ca ne m'étonnait pas trop. Il faut croire qu'à ses yeux je n'étai pas le bienvenu, comme toujours d'ailleurs. Mais peu importe, son attitude d'enfant n'allait pas me faire sortir de cet hôpital. La dernière fois que j'avais eu à le croiser et à échanger quelques paroles avec lui, j'avais perdu mon sang froid et j'étais devenu très agressif. J'avais presque songé à lui en coller une pour qu'il la ferme... Je décidais de l'ignorer, levait les yeux au ciel, et reportait mon attention sur Juliet.

A voir son visage, je ne présageais rien de bon. Je voyais aussi qu'elle ne s'attendait peut être pas à ce que je vienne la voir, et je remarquais également qu'elle n'avait pas non plus envie de me voir. Normal, ce que je lui avais révélé quelques jours plus tôt ne pouvait pas la rendre très heureuse, et elle m'en voulait encore terriblement. J'avais été honnête, mais avec ce genre de révélation, je ne pouvais pas m'attendre à mieux. Bref, j'étais là, il faudrait bien qu'elle me parle. Elle me demandait de ne pas m'inquiéter, puis elle supplia Andrew de ne pas faire un scandale maintenant... Je jubilais, pour une fois elle lui demandait de se taire.

Mais ce plaisir fut de courte durée. Les derniers mots qui sortirent de sa bouche me figèrent sur place. J'avalais avec difficulté ma salive, tentant de comprendre. Je suis enceinte... je suis enceinte... C'était dit si naturellement que je songeais d'abord à une blague. Je baissais la tête, tentait de reprendre mes esprits, et me souvint que nous étions dans un hôpital, que Juliet avait fait un malaise quelques heures plus tôt, et qu'il n'y avait rien de plus sérieux que cette annonce. Je tentais de reprendre ma respiration, mais ce n'était sans difficulté. Je relevais la tête, et apeuré, intrigué, je demandais: "Tu es... enceinte?". Je la regardais avec de grands yeux. Elle se contenta d'hocher la tête un instant, et je lançais: "Putain, c'est pas possible." Je regardais alors Juliet droit dans les yeux, perdu. Je me mordis la lèvre inférieure avant de prendre mon visage entre mes deux mains. "Putain de merde... C'est quoi ce plan?"

Je jetais alors un regard en direction d'Andrew, m'attendant à tout de sa part sauf à un cri de joie. J'ignorais qu'elle serait sa réaction. De mon côté, je commençais peu à peu à réaliser ce que je venais d'entendre, et je me trouvais désormais au fond d'un très profond gouffre...

Il ne savait pas ce que sa soeur pourrait lui annoncer. Qu'elle avait chopé une MST, peut-être. Connaissant Adrian-qui-trempait-probablement-son-biscuit-dans-d'autres-tasses-à-café, c'était tout à fait possible, même si Andrew espérait se tromper ... jusqu'à ce que Juliet annonce son "problème". « TU ES QUOI ? » sa répons fut automatique, irréfléchie. Puis il se tut, encaissant la nouvelle, et toutes les conséquences qui en découlaient. A côté de lui, il voyait Adrian qui s'agitait, mais il ne l'entendait pas. Il restait dans sa bulle, honteux d'avoir échoué. Sa soeur allait avoir un bébé O'Conell, un monstrueux rejeton de cette mauvaise clique poussait dans son ventre. A peine 25 ans, et la voilà déjà condamnée. Le malheureux quotidien que lui imposait Adrian allait s'intensifier. Connaissaient leurs familles, ils devraient se marier. Et il risquait de lui faire payer, chaque jour durant, cette prison dorée dans lequel ce petit bébé allait les enfermer. Comme si au final, Juliet était la seule fautive. Il le sous entendait déjà, demandant quel était ce plan. Comme si un bébé se faisait seule, et que Juliet lui avait fait dans son dos, sans prévenir. Il l'agaçait, à s'agiter ainsi, prenant à tort le rôle de la victime. Et ce pauvre gosse qui allait naître, dans une famille de fous avec un père si peu recommandable. En d'autres circonstances, Andrew aurait été ravi d'être tonton, d'avoir un bébé à la maison ... Mais ce gosse était simplement maudit. « Comment ça c'est quoi ce plan, ton père t'a jamais appris comment on faisait les bébés ? Quand tu plantes ta petite graine neuf mois plus tard surprise ! Le petit oiseau sort ! » Le ton était mauvais, moqueur et énervé. Il mourrait d'envie de bondir sur Adrian pour lui faire payer, ce qu'il infligeait à sa soeur et à son neveu pas encore né qu'il adoptait déjà. « Et arrête de jurer comme ça, franchement mec, tu vas être papa » Il restait calme à l'intérieur mais, au fond, il espérait que Adrian perde le contrôle. Ou pas, en y réfléchissant. Depuis 10 ans, il espérait que sa soeur se réveille un matin et réalise quel monstre son petit ami était. Qu'elle se sauve de cette relation tant qu'elle le pouvait encore. Mais depuis cette triste annonce, il était trop tard. Elle était condamnée, désormais. Alors, tout ce qu'il pouvait espérer, maintenant, c'est que Adrian soit transformé en gentil garçon avec l'arrivée du bébé. Ou alors qu'il disparaisse dans un accident de voiture. Ou alors que les docteurs se soient trompés et que Juliet ne soit pas enceinte en réalité. Tant de possibilités si peu réalisables, il avait tant de peine pour sa soeur. « Et d'ailleurs, c'est pour quand ? Moi je suis prêt à être tonton, mais lui là, il va lui falloir du temps pour apprendre à être papa »

Désormais face à une réalité fort déroutante, je n'avais plus le choix. Je ne pouvais pas fuir, car ceci ne faisait pas partie de mes principes ni de mon éducation. Non, je devais accepter, puis assumer surtout. J'allais être père, et je devrais prendre soin de cet enfant, l'aider à grandir le mieux possible. Sauf que je ne m'étais jamais projeté dans l'avenir aussi loin. L'idée d'être un jour père ne m'étais pas venu à l'esprit, bien trop découragé par mon père à moi. Et puis j'étais aussi à des années lumières de m'imaginer avoir un enfant avec Juliet. Je ne voulais pas d'enfant, pas à mon âge. Mais la question ne serait plus de savoir si je désirais cet enfant, à présent je devrais assumer le rôle d'un père. Cette nouvelle me laissait complètement perdu. Je ne savais plus comment réagir, et surtout, je ne savais pas ce que nous réservait l'avenir. Je ne croyais même plus en mon couple alors comment peut on s'imaginer avec un enfant qui grandit au sein d'un foyer qui se déchire? Je découvrais cette nouvelle sensation, celle de n'être plus qu'un pauvre type, au pied du mur.

Andrew tourna la tête vers moi, me laissant déguster amèrement sa réponse remplie de sarcasme et de haine. J'encaissais, avec difficulté. J'aurais alors souhaité lui coller mon poing entre les deux yeux pour le faire taire enfin, mais l'endroit n'était pas adéquat. "Ferme la Davies..." me contentais-je de répondre à sa réflexion déplaisante. Juliet lui demanda à nouveau de ne pas faire d'histoire, mais elle n'arrivera jamais a lui faire fermer son clapet pour de bon!

Je sentais que je n'étais pas le bienvenu, et je ne m'attendais pas à mieux de toute façon. Mais lorsque Juliet entama son discours au sujet de garder ou non l'enfant, interprétant ma réaction comme un rejet total de l'éventualité d'une grossesse, je la fusillais du regard... D'où se permettait elle de prendre seule la décision de garder ou non l'enfant? Et a quoi s'attendait elle en nous annonçant cette grossesse imprévue? A une danse du ventre mêlée d'un salto arrière et de pas de claquettes? Je piquais la mouche:

Tu t'attendais à quelle réaction Juliet, sérieusement? Et puis je pense avoir mon mot à dire. Peut être que chez les Davies ça ne marche pas comme ça, mais chez les O'Conell, assumer ses erreurs et leurs conséquences, c'est un principe... Consulte moi en privé avant de tirer des conclusions aussi hâtives."

Je m'écartais, et allais m'assoir sur une chaise près du lit. Je plongeais ma tête entre mes mains, pensant que peut être j'étais en train de cauchemarder!

Même Juliet lui demandait de ne pas en rajouter, ce qui eut le don d'énerver le jeune homme. Il fit un effort surhumain pour se calmer car, mine de rien, sa soeur était enceinte. Elle devait rester calme, pour le bébé. Surtout avec deux parents comme Juliet et Adrian, ce gosse aurait bien besoin du renfort de son tonton trop génial. Cependant, il ne put rester silencieux quand Juliet suggéra de ne pas garder l'enfant. PARDON ? « Comment ça pas sûr de le vouloir ? Tu veux en faire quoi ? Ce n'est pas un poisson rouge Ju, ou une peluche, c'est un être humain que tu as dans ton ventre, et vous en êtes ses parents ! Si tu ne voulais pas d'enfant il fallait y penser avant » Il n'en revenait pas, c'était lui qui jouait l'adulte et sermonnait ces deux idiots, c'était le monde à l'envers. « Et Juliet tu ne devrais pas t'énerver comme ça d'ailleurs, ce n'est pas bon pour le bébé ! On ne vous a rien appris franchement. » Il leur lança un regard plein de reproches. On aurait pu dire que cette discussion de couple ne le concernait pas, mais il y avait un petit bébé innocent en jeu, et Adrian comme Juliet semblaient l'oublier.

Mon regard jonglait entre Juliet, puis Andrew. On se serait cru dans un mauvais film. De mon côté, assis sur une chaise, j'essayais de digérer cette nouvelle comme je pouvais. Et tout me passait par la tête, je me demandais même si Juliet ne le savait pas avant, et n'avais pas voulu en parler, ou avait niée la chose. En tout cas je n'avais rien remarqué.

Andrew fit remarquer à Juliet que l'on abandonnait pas un enfant comme ça, que la décision ne se prenait pas à la légère. Son discours me laissait penser qu'il n'avait pas tord, et que quelque part, malgré le fait qu'il me déteste, il m'accordait le droit de décider aussi de la suite des évènements. Ses mots me surprenaient alors, je m'attendais plutôt à ce qu'il partage l'opinion de Juliet, qu'il lui conseil d'avorter... D'ailleurs, n'était-il pas trop tard pour cela? Je laissais mon regard croiser celui d'Andrew avant d'hocher la tête et soupirer. Le jeune gars n'était pas si con que ça finalement !

Je ne réalisais pas encore, j'hésitais entre rire ou pleurer pour le coup. Quand Juliet me demandait si l'enfant allait être heureux au sein de cette famille, je me posais bien des questions. Il fallait qu'il le soit. Car si nous poussions notre couple à l'échec, l'enfant de ne devait pas en pâtir. J'ignorais la manière dont on élève et on s'occupe d'un enfant. Mon père n'est d'ailleurs pas un modèle à suivre, sauf si l'on veut rendre son enfant frustré, névrosé, et malheureux. Je devrais apprendre, c'est tout. Je me relevais de ma chaise, plongeais mes mains dans mes poches, et répondais:

"Je ne sais pas Juliet. Mais on a pas le choix. Si on a cet enfant, il faudra faire en sorte qu'il soit heureux et qu'il grandisse bien... Il faut prendre le temps d'y réfléchir Juliet."

Je plongeais mon regard dans le sien, perdu. Je voyais dans ses yeux la peur, l'inquiétude quant à l'idée même d'avoir un enfant, un enfant avec moi. Notre relation n'était pas stable, et je ne pouvais pas lui laisser entendre que même avec un enfant à charge, nous irions mieux. Je soupirais une nouvelle fois, puis me tournais vers Andrew. "Qu'est ce que t'en penses Andrew?"

Andrew les regardait, abasourdi. Il n'avait jamais imaginé cette scène auparavant, ne voulant pas se faire du mal pour rien. Mais s'il l'avait fait, jamais il n'aurait vu Juliet dans le rôle du parent refusant l'enfant, et Adrian dans celui du parent décidant de faire des efforts pour assurer à cet enfant un avenir convenable. Quel était le fuck ? Avaient-ils échangé leurs personnalités durant la nuit ? Son regard allait et venait de l'un à l'autre, attends impatiemment que l'un d'eux s'arrête pour hurler surprise et révéler la mauvaise blague. Mais ils continuaient, sérieux, et Andrew les regardait, silencieux ... Jusqu'à ce que Adrian lui demande son avis, ce qui fit monter la situation d'un cran sur l'échelle du WTF. Adrian Connard O'Conell voulait connaître son avis à lui, Andrew Warrior Davies ? « Attends, tu me demandes mon avis à moi ? » Il tourna la tête pour scruter la pièce, et chercher un éventuel second Andrew, mais il était bien le seul. Alors, il inspira un grand coup, avant de se lancer dans sa réponse. « Je pense que Juliet a raison, il faut de bonnes conditions pour cet enfant, des parents aimants. Si vous le gardez mais que votre relation reste aussi merdique, vous allez finir par le reprocher indirectement à ce pauvre gosse, sans le vouloir. » Il s'arrêta, il s'étonnait lui même d'être si raisonnable dans ses paroles. Aucun pique particulier lancé à Adrian, juste un bilan extérieur de leur situation. « Mais en même temps, vous allez avoir un petit bébé ! » Ses yeux se mirent alors à briller. « Un petit bout de chou tout mignon, vous serez son papa et sa maman, c'est pas génial ça ? » Il s'exclamait en souriant, cette idée le remplissait de joie. « Franchement un enfant c'est trop génial, et si c'est un garçon je lui apprendrai à draguer les filles, et si c'est une fille je pourrai cuisiner avec elle, et lui dire comment se méfier des garçons, je vais être tonton ! » Il ressemblait à Raiponce, la première fois que celle-ci foulait le sol du monde extérieur. « Enfin, c'est à vous de voir si 1. vous allez bien vous occuper du bébé, et 2. si ce petit bout ne peut pas arranger les choses dans votre couple en carton ! » Il se força à se calmer. Après tout, d'ici quelques minutes, le couple allait peut-être décider de ne pas garder l'enfant, de procéder à un avortement si c'était encore possible, ou de le faire adopter. Tout cela, en tout cas, lui donnait hâte d'être papa. La garderie, c'était bien gentil, mais tous les soirs les enfants repartaient chez eux.

Oui je lui demandais son avis à lui. C'est vrai, au final, il découvrait sa soeur enceinte, tout comme moi, et contrairement à ce que j'aurais souhaité en temps normal, j'avais ce besoin de me sentir épaulé dans cette épreuve. J'étais encore abasourdi par la nouvelle, et s'il y avait une personne qui pouvait avoir un regard extérieur dans cette pièce, c'était bien Andrew. "Oui... qu'en penses-tu?". Il ne tarda pas à réponse, nous confiant qu'il était d'accord avec Juliet. L'enfant devait grandir dans une bonne atmosphère familiale et c'était loin d'être le cas ces derniers temps. Mais à l'aube de devenir un père responsable, il fallait que je me remète en question, que je mette de côté ces différents avec Juliet pour assurer à cet enfant un bon développement, une bonne éducation, en sommes le voir grandir le mieux possible. Mais à cette heure-ci, j'ignorais complètement si j'avais réellement les compétences et la force de devenir père. La question même ne se posait plus, si l'enfant naissait, il faudrait que je soi à la hauteur. J'acquiessais d'un hauchement de tête aux paroles d'Andrew, puis il ajouta qu'avoir un enfant était quelque chose de génial, et s'extasiait à l'idée d'être tonton. Je soupirais, me demandant qu'allais bien pouvoir être nos vies à présent. Si Andrew était si content, je n'en étais pas de même. Un sentiment de peur et de frustration avait envahi mon esprit depuis l'annonce de Juliet. Je me posais un tas de question, et j'avais besoin de me retrouver seul pour pouvoir faire le point. Andrew fini par nous dire qu'il fallait qu'on fasse un choix. Prendrions-nous nos responsabilités au sérieux? Est ce que le bébé allait arranger notre relation? Je doutais de tout, et à la fois, je ne savais pas quoi répondre. Mais j'étais convaincu qu'Andrew détenait la vérité. Pour une fois, j'écoutais attentivement ses remarques, chose qui me semblait inconcevable quelques heures plus tôt.

"Oui, tu as probablement raison. On doit le faire, assumer cet enfant... On doit le faire, je ne me vois pas prendre autre décision que celle-ci..." et me tournant vers Juliet "Si tu es de cet avis bien sûr."

Juliet demanda à Andrew ne bien vouloir nous laisser seul un instant. Comme elle le disait, nous avions des choses à nous dire. A vrai dire, j'avais un peu peur de me retrouver seul face à elle. Une question me vint à l'esprit, depuis combien de temps était-elle enceinte, et pourquoi n'avions nous pas venir la chose? Elle continuait pourtant à avoir ses règles tous les mois, et ce malaise... J'attendais donc qu'elle puisse m'expliquer tout ça en tête à tête.

Andrew n'avait aucune envie de les laisser. Il avait beau être le plus jeune dans cette pièce, ces deux irresponsables lui donnait l'impression d'être un adulte, devant deux grands enfants. Ils étaient si facilement capables de prendre une mauvaise décision, Andrew s'inquiétait pour ce gosse. Il avait beau être un gosse, inconscient de première, il avait gardé son âme d'enfant. Et c'était peut-être pour ça, qu'il les adorait tant. Quand il s'occupait des enfants à la garderie, il retombait en enfance, ne se souciait de rien, était comme eux, et en même temps si responsable. Mais avec eux, c'était si naturel. Alors que, quand il s'agissait de sa vie à lui, il désertait en deux temps trois mouvements.

« Vous laisser seuls ? Evitez de martyriser ce bébé avant même qu'il soit né alors »

Eclair de raison, il se résigna et se dirigea vers la porte. Avant toute chose, il devait laisser un dernier message, pour être sûr, au cas où.

« Bien entendu, je serai parrain hein »

Et sur ce, il ferma la porte, direction : la maison de Lou. Vite, il devait lui raconter l'après-midi WTF qu'il venait de vivre, et surtout lui annoncer la grande nouvelle ! Qui sait, cela donnerait peut-être des idées à la jeune fille.