Convaincre Jérémy était une tâche facile et pas seulement pour Ginny. Ne voulant pas vexé ou blessé une personne, il préfère accepter tout ce qu'on lui demande ou offre. Donc, si la rouquine avait vraiment envie de regarder son film de fille, pourquoi lui dire non? Ça lui faisait plaisir, c'était tout ce qui comptait pour lui. Par contre, Carl n'était pas du même avis que le jeune Huntington et sa façon de le démontrer fut plutôt drôle, même si son cri fit sursauter ce dernier. Ce n'était qu'un film après tout. L'important était de passer du temps ensemble, non? M'enfin, Spencer voulait Harry Potter, mais à deux contre un, il n'avait plus trop le choix. « Et puis, c'est long Harry Potter. Je n'ai pas envie de passer la nuit à regarder le film quand même. » C'était le seul désavantage de ce film, la durée. Pour une soirée entre pote improvisé, ce n'était pas le film à regarder, à moins que c'est une soirée film, mais Jérémy espérait faire autre chose après. Bref, une fois le film dans le lecteur DVD, la première scène se mit à jouer et les trois jeunes étaient attentifs - enfin, peut-être pas Carl. Tout en regardant, Jérémy fit un commentaire sans vraiment y penser sur ce qui se passait dans le film. Il ne pensait pas que son ami allait le prendre sérieusement et envisager faire de même. Aussi loufoque que sa proposition pouvait être, Jérem' se mit à rire. Mais bon, c'était quand même une bonne idée (Celle d'enterrer des trucs, pas les vendre). De plus, ça évitait de torturer le jeune Spencer en lui imposant Britney à l'écran.

Dehors, dans la cour des Huntington, le trio était allé chercher une boîte et une pelle dans la remise. Jérémy n'avait rien trouvé de mieux comme boîte à lunch. Oui, ça faisait gamin, mais c'était la première qui lui était tombé sous la main. Et puis comme toujours, Ginny avait sa tête de « Judging you! » en la regardant. Roh, mais on a tout été gosse! Ce n'est pas comme s'il se promenait vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec! Suite au commentaire de Carl, Jérémy fronça les sourcils. « Je sais très bien qu'on ne va pas l'enterrer vide! Je m'informais c'est tout. » rétorqua-t-il sur la défensive. Il savait que son ami n'avait pas dit ça pour être méchant ou pour le faire passer pour un con, mais lui se sentait vexé. Bref, il se mit à réfléchir sur quoi mettre dans la boîte. La rousse énuméra quelques idées pas trop bête. « Un objet précieux avec une lettre à nous-mêmes? » Il prévoyait ce qu'il allait mettre comme objet, étant donné qu'il y avait tellement de trucs précieux. Il ne voulait quand même pas mettre quelque chose à quoi il tenait pour le perdre pendant dix ans. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver aussi. Peut-être que quelqu'un trouvera la boîte et volera le contenu. Et puis, pour la lettre c'était simple. « Pas besoin d'y laisser nos secrets, on se dit déjà tout et je suis sûr que ce sera la même dans dix ans. » Le petit garçon n'aimait pas cacher des choses à ses deux amis, c'est pourquoi il partageait tout avec eux, pourquoi ça changerait? À la vie, à la mort, pour toujours et à jamais, non?

Un grand sourire franc naquit sur le visage du petit Carl. Même si l'idée paraissait très cucul la praline, au fond de lui il était heureux de pouvoir partager ça avec ses meilleurs amis. Et au moins ils étaient gentils ! Ok, ils se taquinaient toujours, mais c'était sympathique et ils ne persécutaient pas méchamment. D'autant plus que ça le faisait sortir de chez lui, où tout le monde était trop sérieux, à parler de mots qu'il ne connaissait pas, comme néocolonialisme, ou congruent. Pour lui, c'était juste quelque chose de gluant quoi, non ? Son père en colère avait même une fois appelé un de ses collègues un propre-à-rien. Maintenant c'était une insulte d'être propre ? Carl haussa les épaules. Il ne comprenait rien au monde des grands ! Heureusement, Jérémy et Ginny étaient là pour vivre avec lui son enfance, et c'était tout ce qui comptait.

La rousse proposa d'écrire une lettre à soi-même, et Jérémy ajouta de mettre un objet précieux. « Je suis d'accord ! Je vais chercher des feuilles et des crayons ! » s'exclama Carl, lâchant la pelle pour courir dans la maison. Il revint cinq minutes plus tard, muni d'une trousse de feutres et d'un bloc de feuilles. Il s'assit par-terre en grand fracas, étalant ce qu'il avait dans les mains devant lui, répartissant le bloc en trois, et la trousse au milieu. « Voilà ! Asseyez-vous avec moi, on va écrire ensemble ! » ordonna-t-il gentiment à ses amis. Et soudain une idée le frappa. Son sourire s'élargit et il regarda Jérémy et Ginny tour à tour. « Hé, hé ! Et si au lieu d'écrire une lettre pour nous, on écrivait une lettre pour les deux autres ? Et on les lira dans 10 ans ! C'est beaucoup mieux ! » Carl était fier de son idée, et il espérait que les deux autres le seraient aussi. Fouillant dans la trousse, il trouva rapidement un feutre rouge, et il enleva le bouchon, prêt à écrire. Il savait déjà ce qu'il allait marquer.