Pas de nouvelles depuis Thanksgiving. Il faut dire que nous avions très mal terminé la soirée. Les révélations de DS, la confrontation avec Holden et Jay, la carafe d'eau renversée sur mon pantalon, et enfin le baisé langoureux et la déclaration de Jay à Holden... non je n'avais pas apprécié ce repas, c'est certain. Holden, mon meilleur ami... et bien même si ça me fait mal, je suis forcé d'admettre que beaucoup de chose nous opposent désormais. Sommes nous des amis, ou simplement étrangers? Je ne savais plus trop quoi penser de cette relation, que je pensais bafouée depuis longtemps maintenant. D'abord cette étrange soirée au fast-food, où Turner semblait m'ignorer... la suite en boîte où nous avions abusé de l'alcool et nous étions pris la tête au sujet de Jay et des précédentes révélations de DS... et enfin cette nuit à l'hôtel où Holden m'avait confié un lourd secret. Finalement, nous semblions plus proche en cette fin de soirée, du moins, bien plus qu'au début. Je pensais notre complicité revenue, mais la soirée de Thanksgiving m'avait prouvé le contraire.

Blessé, j'avais quitté la soirée le coeur serré, et avec l'envie de frapper Holden. Je me sentais trahis, pas parce qu'il sort avec mon ennemi de toujours, mais plutôt parce qu'il n'a pas été sincère. S'il pensait que j'avais compris la chose lorsqu'il disait flirter avec Jay, il oubliait qu'il m'avait dit que ce n'était "rien de sérieux". Oui, depuis le début, il continuait à me mentir sur la chose. Visiblement, je n'étais plus la personne a qui il parlait de tout. Finalement, je ne le connaissais plus suffisamment pour prétendre le connaitre par coeur.

Et puis je dois l'avouer, la vraie raison pour laquelle j'en veux tellement à Holden est bien le fait de le savoir, de le découvrir même, avec cet enfoiré de Jay Black. Je déteste tellement ce garçon que je ne supporte pas l'idée de les voir ensemble. Je ne sais même pas si j'ai envie de faire des efforts. Pour Holden, c'est certain. Mais accepter Black dans mon entourage proche, jamais. Et puis merde, si Holden s'interroge sur la nature de mon comportement ces derniers temps, je devrais être honnête et lui dire la vérité...

Ramasser ses tshirt qui trainaient dans ma chambre et ses nombreuses affaires oubliées lors de précédentes soirées, les lui ramener, serait avant tout un prétexte pour le voir. Par fierté, aucun de nous n'avait pris le risque d'appeler l'un ou l'autre. Je me demandais s'il avait fait une croix sur moi, et en me rendant chez lui, je voulais en avoir le coeur net. De mon côté, j'avais pensé à lui tous les jours depuis notre altercation, et m'en était encore voulu de lui avoir fait cette scène, de lui avoir dit d'aller "se faire foutre". J'arrivais devant chez lui, sortais de ma voiture. Je récupérais ses affaires dans le coffre, et me dirigeais ensuite vers sa porte. Je sonnais. Il m'ouvrit quelques instants plus tard. Je découvrais son visage, et le voir me fit mal. Mais mon égo m'obligeait à garder mes distances et employer un ton froid et direct.

"Tiens, ce sont les affaires que tu as laissé chez moi.", et sur ces mots je me mordais la lèvre inférieur, m'insultant de tous les noms, en silence.

Je planais. Personne à la maison aujourd'hui. Je m'étais fait un petit cocktail de MD et de coke. Juste pour le plaisir. Un 'ami m'en avait fourni gratis la veille, alors pourquoi ne pas en profiter? La dernière fois que j'en avais consommé c'était avec Alix. La suite je ne préférais pas y penser. cela faisait deux heures que j'avais pris mes rails et il faut dire que j'étais bien descendu à présent. J'avais repris deux cachets de MD juste pour être tranquille dans mon tripe. Aussi lorsque la sonnette retentit je me masser les tempes une minute. C'est fou comme ce bruit pouvait être atroce une fois l’ouïe décuplée. Enfin bon, je n'attendais personne à priori. Je ne pris pas la peine d'enfiler un haut descendant les escaliers avec mon seul bas de pyjama. Arrivé dans le hall près de la porte d'entrée je checkai l'écran de contrôle. Adrian. Mes yeux se déplacèrent automatiquement vers le miroir. J'avais une sale tronche. Frais, rasé, mais le regard perdu dans le vague. J'ouvrais cependant la porte. Peu m'importai ce n'étais que lui, je pouvais ouvrir à poil que c'était la même chose.

Nous nous retrouvions nez à nez. Je lui souris, appréciant en moi-même la beauté physique de mon meilleur ami. Ses yeux, ses pommettes droites, sa peau parfaite. Il me présenta un sac 'les affaires que j'avais laissées chez lui'. Mouuuuiiiih? Je me retenais d'exploser de rire tant la situation me semblait ridicule, et ne laissais glissais qu'un sourire sur mon visage.
Puis, m'adossant au montant de la porte, sans prendre mon sac je lui dis tranquillement:

- Je ne m'attendais pas à te voir débarquer Adrian.

Puis laissant couler mon regard vers sa main qui tenait fermement le sac, me laissant songeur je poursuivais aussi tranquillement:

- Apparemment tu es venu rompre, je t'en prie entre il doit y avoir des trucs à toi ici aussi...

Un sourire, et je me redressai pour retourner à l'intérieur. Sans les comprimés je ne pense pas que j'aurai eu autant d’aplomb. Une chance. S'il voulait qu'on en finisse, autant le faire en beauté. Pour ma part, j'étais plus que disposé à le séquestrer dans mon salon...

Holden m'avait ouvert la porte, en pyjama. Même dans cet accoutrement il était sacrément beau! Ses cheveux en batailles, sa tronche de mannequin, et ses yeux bleus... c'était bien mon ami. Je plongeais mon regard dans le sien, sans un mot. Je remarquait sa mine déchirée, et ne mis pas longtemps avant de comprendre qu'il venait de prendre un petit cocktail de coke. Je soupirais, puis hochait la tête. Je tenais fermement son sac d'affaire dans ma main, et lorsqu'Holden voulu le récupérer, je serrais avec force le sac comme pour lui faire comprendre que j'aurais bien voulu les garder ces affaires! Enfin bon, ce sera encore un bordel qu'il pourra laisser chez Black. Et en pensant une nouvelle fois à ce type, je m'énervais tout seul. Je lâchais alors le sac d'Holden, puis replongeais mon regard dans le sien.

Lorsqu'il me dit avec sarcasme que j'étais certainement venu rompre, et qu'il m'invita à récupérer mes propres affaires, je soupirais une nouvelle fois. Je voulais faire comme si cela ne me touchait pas, mais Holden savait comment faire mal, rien qu'en utilisant les mots. En même temps je dis ça, mais je suis le premier à vouloir lui rendre ses affaires. Comme je le disais, je me sers surtout de cela pour avoir une bonne raison de lui rendre visite et de le voir enfin. Conscient d'avoir un peu perdu les pédales à la soirée de thanksgiving, je devais au moins avoir une discussion avec Holden, quelle qu'elle soit!

Il m'invitait donc à entrer, je ne me fis pas prier. Je connaissais la maison. A peine entré, j'enlevais mes chaussures sans l'aide de mes mains, les poussais du pied dans un coin, retirais mon manteau, le jetais sur le porte manteau... oui j'étais bien décidé à rester ici un moment! Même en temps de crise, je gardais mes petites habitudes quand je débarquais ici. Holden referma la porte, puis nous avancions jusque au centre du salon. Là, je plongeais mes mains dans mes poches, et regardais tout autour de moi. Depuis deux semaines que nous nous n'étions pas vu, j'avais le plaisir et la satisfaction de remarquer que rien n'avait changé. Il y avait toujours le cadre avec une photo d'Holden et moi quand nous étions gosses, là bas sur le buffet. En silence, je me dirigeais vers l'escalier, levais la tête vers son sommet, et tendant l'oreille pour m'assurer de n'entendre personne. Une fois ceci fait, je me tournais vers Holden et dit: "T'es tout seul?", la question conne! En même temps je n'étais plus à l'abris d'une nouvelle surprise! Alors quoi de nouveau? Jay va sortir de la salle de bain, une serviette autour de la taille et me faire un signe de la main pour me saluer? Puis il va attraper mon ami et lui rouler une si grosse pelle qu'il pourrait l'étouffer? Non vraiment, je ne tiens pas à voir ça !

En fait, je crois bien que je suis jaloux, je ne vois pas autre chose. Quand Holden sortait avec des filles, je n'y voyais pas d'inconvénient, mais avec des garçons, c'est différent. J'aurais aimé être le seul garçon qu'il aime vraiment, même si ce n'est qu'entant qu'ami.

Nous étions entrés donc. J'entendis la porte se refermer et le bruit caractéristique des chaussures de Dri qui rejoignaient le mur sans plus de concessions. Je souris, ses petits gestes me raccrochaient à la réalité, à notre vécu. J’avançais tranquillement dans le salon, m'approchant du bar où je tirais deux verres en cristal avec pour simple mention à l'égard de mon ami:

- Un p'tit scotch?

Je n'attendais pas sa réponse. Quelle question, c'était notre quotidien d'hommes. Une discussion sérieuse autour d'un bon petit scotch! Je déposais son verre sur la table basse, entre les fauteuils. Je restai debout, aspirant le liquide. C'était le seul alcool qui me faisait encore se réflexe de la bouche. C'était fort, une boisson de vieux.

Adrian lui se balançait toujours d'un pied à l'autre en bas des escaliers. Je fronçais les sourcils, qu'est-ce qu'il foutait au juste? Je lui lançais avec le même amusement qu'à son arrivée:

- Hé ta besoin d'une invitation ou quoi?

Re-sourire, c'était plus fort que moi. En sa présence, même avec la raison de sa visite, je ne pouvais m'empêcher d'avoir ce sentiment joyeux en moi. Il me demandait si j'étais seul. Il pensais voir surgir qui? Un spectre? Quelle blague. Je décidais de le relancer, m'asseyant comme un prince sur le divan:

- Ne t'inquiète pas, quoi que tu me fasses il n'y aura aucun témoin ici...

Quelle tristesse de se disputer. Je ne sais même pas pourquoi il m'en voulait. Je me souvenais de sa dispute avec Jay, ou avec moi plutôt. Comment il était parti. Sans plus un regard, comment je m'étais senti mal. Seul. J'aurais du le poursuivre à cet instant. Je n'avais pas pu, je n'avais pas pu agir. Maintenant je récoltais ce que j'avais semé. Trève de plaisanterie, je demandais avec moins d'amusement:

- Alors, quoi de neuf?

J'acquiesçais lorsqu'il m'invitait à boire un scotch, avant de me diriger vers les escaliers afin de m'assurer que nous n'étions que tous les deux sous ce toit. Je remarquais qu'il m'observait faire, le sourire aux lèvres. Lorsqu'il me confirma que nous étions seuls, je revenais au centre de la pièce, en silence.

Pour la première fois, je ne me sentais pas à l'aise en venant ici. Et pourtant, la demeure des Turner était ma deuxième maison. J'y avais autant dormis que dans ma propre maison. Mais voilà, en temps de crise, j'ignorais si j'étais encore le bienvenu ici, où si ma présence dérangeait. J'ignorais également si la sympathie dont faisait preuve mon ami jusqu'alors était honnête ou non. J'osais espéré qu'il saurait me pardonner mon écart de conduite, il y a peu, en ces lieux. J'espérais également pouvoir discuter avec lui, et que nous puissions mettre les points sur les "i".

Ne pas avoir vu Holden trois semaines durant était vraiment étrange. Pour dire vrai, il m'avait manqué, même beaucoup. Je déteste être en froid avec lui, pour la simple et bonne raison qu'il est l'une des rares personnes auxquelles je tiens vraiment. Le retrouver était donc à la fois si délicat mais aussi si plaisant. Je redécouvrais son beau visage, la cadence de son souffle si prononcée, son regard si puissant... Je secouais la tête, fermais les yeux et lui tournais le dos lorsqu'il me demanda ce que j'avais de "neuf" à lui raconter. Je me dirigeais vers la fenêtre du grand livingroom, et soupirais. J'avais tant de chose à lui raconter, et je n'avais pas envie de lui mentir, moi. D'une voix calme et neutre, je me lançais: "Sasha Adamovitchest revenue... Je perds complètement la tête. Je sais même pas faire un choix ni prendre une décision. Je crois que j'ai des sentiments pour elle, mais il y a Juliet... et bref... J'aurais aimé t'en parler sur le moment, mais les derniers évènements et ma fierté de merde m'ont empêché de te fréquenter jusque là!" Puis me tournant vers lui, j'ajoutais "Et toi? Quoi de neuf de ton côté?".

Accoudé sur le divan, je le regardais me tourner le dos. Les yeux tournés vers l'extérieur, il se tenait face à la large fenêtre d'où la lumière crépusculaire entrait en cette fin d'après-midi. Tu parles d'un décor enchanteur. J'avais donc sobrement commencé notre discussion d'un 'quoi de neuf' qui m'y du temps à recevoir une réponse qui s'avérait plus longue que prévu. En trois mots: Sasha; Juliet; nous. Je restais en suspens. Mon ami n'avait donc que des problèmes de coeur. Charmant. Il venait donc pour régler la plus simple à ses yeux. Alors que ce mot traversait mon esprit, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver une légère déception, j'étais le problème le moins important. Tu parles!

Il avait évoqué sa fierté de merde, caractéristique que nous partagions, en plus pour moi de mon incroyable rancune à l'égard de la moindre chose qui m'avait ennuyé. Je n'avais pas repris contact non. Je n'avais pas surmonté l'affront qu'il m'avait fait en public, autant que l'intervention de Jay, qui ne suivait pas ma politique de rigueur du 'pas vu pas pris'. Enfin bon, c'était fait maintenant.

Il s'était ensuite tourné pour me demander qu'en était-il de mon côté. Je réfléchis, faisant tourner le liquide mordoré dans son verre en cristal. Que devais-je lui répondre? Ma vie est une marre infecte de problèmes, et j'ai choisi de me comporter comme une loque en attendant que tout daigne s'arranger? Je décidai de faire le sentimental comme lui en déclarai à sa manière:

- Je suis en couple, du coup je n'ai plus de quoi contenter ma libido ce qui fait que dans un soucis d'éthique je me bourre de pilules pour réussir à apprécier les plaisirs solitaires. Je ne voulait pas t'en parler parce que j'estime qu'en plus de ne pas te passionner ça aura la particularité de t'emmerder profondément..., Puis quittant le liquide en rotation j'ajoutais, en ce qui me concerne ma rancune qui n'a d'égale que ma fierté m'a fait ignorer ton comportement jusqu'à que tu te décides à venir récupérer ton du.

Bien qu'il tentait de recoller les morceaux, mes émotions amplifiées par la MD m’accrochaient à cette colère sourde. Après tout sa venue était aussi une provocation à mon égard, 'Monsieur décidait de couper les ponts'.

On avait tous les deux des problèmes, plus ou moins importants... mais finalement je n'étais pas venu pour parler de mes problèmes de coeur, ni pour lui demander des conseils. Il déteste Juliet, et jusqu'à ce que j'apprenne sa relation avec l'autre con de Black, Holden n'était pour moi qu'un coureur de jupons qui ne s'engage pas, parce qu'il n'est pas fait pour ça. Il cachait bien son jeu le petit. Comme quoi, parfois, les gens ont de grandes révélations. Je ne l'imaginais tout simplement pas tomber amoureux, et surtout pas d'un garçon. Et finalement, l'idée ne me choque pas quand j'y pense. Il s'amusait avec les filles, et préfère quelque chose de sérieux avec un homme, c'est souvent le cas de certain garçons bisexuels, enfin, j'imagine.

Et si je venais lui parler d'un problème de coeur, il s'agissait avant tout de nous, de notre relation désastreuse, et de ce que nous étions en train de gâcher... et c'était certainement en partie de ma faute. Bien sûr je regrettais les paroles que j'avais pu dire à Thanksgiving, et la période de boudage intense qui en suivait. Mais je restais excessivement énervé et déçu, parce qu'il ne m'avait rien dit, et surtout parce que je ne supportais pas l'idée de les savoir ensemble. En m'annonçant leur relation, Jay m'avait arraché Holden, et je ne supportais pas ça. Holden était mien, je n'acceptais pas qu'il me le prenne... surtout pas lui!

En interrogeant mon ami sur ce qu'il y avait de neuf dans sa vie, il répondit en imitant sensiblement le discours que j'avais précédemment tenu. Je bouillonnais, je n'avais qu'une envie, lui coller une sacrée gifle dans la gueule. Mais je l'écoutais tout simplement parler. L'entendre dire "Je suis en couple" me fit froid dans le dos. Je serrais les points, et aurait voulu lui dire que je détestais cette idée. Il prenait de la drogue pour se satisfaire, et ça ne m'étonnais pas. Tel que je le connais, ou que je crois le connaitre, il a toujours un peu déconné avec ça. Mais lorsqu'il me dit que je me foutais de lui, que je me foutais certainement de ce qu'il me racontait, je me mordis la lèvre, et secouais la tête en levant les yeux au ciel. "T'es une sacrée baltringue Holden, sérieusement." lançais-je sans vraiment réfléchir. Il m'énervait, il m'agaçait. Je venais récupérer mon du? Je venais surtout pour sauver les meubles même si je laissais penser que j'étais venu pour couper les ponts. Je voulais qu'il le comprenne ainsi, mais il semblait n'en faire qu'à sa tête. Et aussi fier que lui, aussi vicieux, je reprenais "Parfait! Défonce toi la gueule avec ton mec, c'est plus marrant à deux j'imagine. Quant à mes fringues, je te les laisse, ça te fera un souvenir...". Raaaah, lui dire ces choses là n'était absolument pas intelligent, et je n'en pensais pas un mot. A présent, je me traitais de tous les noms. Je serrais les poings, et prenait le risque de me retirer, pensant que n'avais peut être plus mes chances de tirer un trait sur nos querelles. J'attrapais une clope, l'allumais, et partait en direction de l'entrée, où je tentais d'enfiler mes chaussures.

Il partait. Il me quittait cette fois, il en avait fini avec nous. Moi une baltringue? C'était-il vu une seconde, repartir, tourner les talons à la moindre difficulté? Baltringue, oui. Ses pas martelaient le sol, à la même cadence que mon coeur explosait dans ma poitrine. J'eus un raté, un geste vif, puis la bouteille en cristal vient s'exploser contre la porte qu'il allait ouvrir pour s'échapper. Je restais, là, pleins de colère et d'amertume. Je lui lançais alors:

"C'est donc ça, le grand avocat!! Pas capable de défendre ce en quoi il croit??? Tu es la baltingue ici! Tu es la baltringue!!!"

Je fulminais, je ne me souvenais pas d'avoir été déjà aussi stupide, mais qu'à cela ne tienne je retirais mes savates que je lui lançais avec force en criant:

"Fous le camp de chez moi !!!"

Je tournais les talons fébrile, m'éloignant le plus possible, il connaissait le chemin de la sortie. Il l'avait toujours connu finalement. Une chaleur en moi, le début du chagrin. C'était tellement stupide tout ça.Tellement, tellement stupide. Pourquoi on se faisait ça? Pourquoi, pourquoi je ne pouvais pas revenir en arrière. Tout se cassait la gueule ces derniers temps, me faisant pour la première fois songer à quitter Magnolia, à recommencer ailleurs loin de tout ce bordel... J'étouffais oui. conscient que bientôt il n'y aurait plus rien à sauver. Et que ce serait tant mieux pour eux.
Je m'arrêtais soudain, considérant une photo parmi les nombreux cadres dans le couloir, moi et Adrian, le jour de notre diplôme... Pourquoi avions nous l'air si heureux? Je sentis à peine mes larmes monter. C'était tellement stupide... Mais la vie ne l'était-elle pas au fond?

Alors que j'enfilais mes chaussures, un grand bruit me fit sursauter. A peine croyable, Holden avait perdu son sang froid. Lui qui en temps normal resterait des plus froids et des plus sarcastique dans ce genre de situation venait de lancer une bouteille en cristal dans la porte. Je me retrouvais au milieu des éclats de verre, notamment un, qui s'était logé sur ma joue. Je passais ma main sur celle ci, retirais le minuscule bout de verre qui s'y était planté, et remarquais un léger saignement. Presque choqué par cette réaction, je faisais les grands yeux. Je me tournais vers lui, lorsqu'il me lança que j'étais la baltringue, et que j'étais incapable de défendre ce en quoi de je croyais. C'est alors qu'il me lança une chaussure et me demanda de foutre le camp. Je n'étais plus le bienvenu chez lui. Merde, quelle histoire de merde, quelle histoire ridicule. Mon comportement ne valait pas un rond, et les réactions d'Holden n'étaient pas celles que je lui connaissais. Et si j'ignorais désormais tout de lui?

"Mais... t'es complètement dingue Holden." lui lançais-je. "Qu'est ce qu'il te prend?". J'avançais de quelques pas en évitant les bouts de cristal plutôt tranchant. Il recula. "J'ai essayé de faire comme si tout allait bien, j'ai essayé de défendre ce en quoi je croyais Holden. Je savais que tu en bavais pour Black. Je suis juste jaloux Holden, et tu sais que c'est difficile pour moi de l'admettre. Et je suis tellement déçu que tu ne m'aies pas avoué clairement qu'il se passait quelque chose entre vous deux. Tu m'as laissé le découvrir à la soirée de Thanksgiving, tu m'as laissé me ridiculiser et tu n'as rien fait pour me retenir. Alors je veux bien défendre ce en quoi je crois... quand toi tu n'y crois plus du tout."

Il tourna les talons, me laissant seul dans l'entrée. Je soupirais, passais une main dans mes cheveux. J'étais triste, parce que je me rendais compte que finalement, les limites que nous nous étions fixé depuis toujours n'existaient plus. J'avais été trop loin dans les reproches, j'avais été trop dur avec lui et j'en étais conscient. Mais me lancer une bouteille en cristal dessus, puis ses chaussures... il aurait pu me faire très mal. Et je me disais que les substances qu'il ingère depuis quelques semaines maintenant ne l'aide pas à avoir l'esprit clair. Il disparu de ma vue, se dirigeant vers la salle de réception. J'enjambais les morceaux de cristal, et partais dans sa direction. J'arrivais jusqu'à lui, l'attrapa par le bras et l'attira presque contre moi. Je posa ma deuxième main sur ma nuque, pour qu'il ne bouge pas. "Je suis jaloux Holden... Je voulais être le seul mec qui avait de l'importance pour toi. Aujourd'hui je me retrouve dans une compétition stupide, avec mon ennemi, et si je ne fais rien, je me dis que je n'arriverais pas à reconquérir ton coeur... C'est stupide je sais. Tout ce que je te fais subir t'éloigne. Je suis désolé, sincèrement...". Je le tenais fermement par la nuque, non, je refusais qu'il me tourne le dos. La situation était telle que de toute façon, je ne pourrais pas quitter les lieux sans une discussion où nous mettrions tout à plat. Je plongeais mon regard dans le sien, et restait là, un instant à l'observer, silencieux.

Dingue? Oui j'étais complètement dingue. Il m'avait rendu complètement malade. Je ne savais plus ce que je faisais, ni pourquoi, seulement que je venais de le faire et que si d'autres objets étaient tombés sous ma main, c'est dans sa tête qu'ils auraient ensuite fini. Je ne prenais pas la peine d'écouter la suite, dans ma tête tout été dit. Je tournai les talons, m'éloignant rapidement de lui pour me diriger vers la salle de réception. Je ne m’arrêtais que dans le couloir pour contempler les restes d'un heureux passé. Pourquoi cela semblait si bon de vivre dans ce passé? Maintenant tout le monde me faisait souffrir. Chacun me réclamait tout en détestant les autres personnes qui faisaient partie de ma vie. Que ce soit en bien ou en mal, à cet instant mieux valait ne plus connaitre personne.

Je sentis alors sa main sur mon bras, l'arrachant presque pour me tourner vers lui. Pourquoi???? Pourquoi s'il ne voulait plus rien!!! Il me coinçait, tenant fermement mon bras et accrochant l'autre à ma nuque. Je me retrouvais presque contre lui, suffoquant. Il parlait alors me recouvrant de ses mots, de sa jalousie, j'étais à lui, je ne pouvais être à aucun autre homme. Puisque je n'avais pas de père, il est vrai que leur nombre dans ma vie était plutôt restreinte, du moins à une importante place, seulement la sienne il la partageait maintenant avec Jay. J'étais tombé amoureux comme on tombe du ciel sans plus pouvoir se rattraper. L'inverse m'aurait tué à coup sûr. Adrian avec un autre que moi, juste inconcevable. Je ne l'avais pas retenu ce soir là, j'étais resté impassible, ne sachant plus que faire, ou me mettre tant chacun d'eux me ridiculisait. Seulement la plus rien d'autre ne semblait me retenir que ce stupide espoir que tout redevienne comme avant, de pouvoir presser le bouton retour en arrière. En vain. Nous avions depuis longtemps brisé les barrières que nous nous étions fixés.

Il avait fini en s'excusant, face à son ennemi il devait reconquérir mon coeur quitte à me faire souffrir. Je souffrais, c'était stupide oui. Mais toutes leurs actions m'avaient tué. Maintenant nous restions là, si proche et pourtant si loin l'un de l'autre. J'avais envie de le retrouver oui. Mais comment retrouver nos liens, cette confiance presque inébranlable de jadis.
Je réfléchissais, ses yeux vrillés au miens comme si cela nous ferait trouver une solution. Je percevais alors un détail étrange, une fine ligne rouge légèrement plus épaisse par endroit sur sa joue. J'y portais mes doigts, comprenant de quoi il s'agissait: la bouteille. Je sentis le remord m'accablé, je me penchais alors vers lui, déposant mes lèvres sur la plaie avant de lui souffler la voix enraillée:

"Je suis tellement désolé, pardonnes-moi..."

Son regard d'enfant, son souffle si prononcé... il me rendait dingue. Je tenais à lui, et je le savais. Il est mon plus grand ami, le plus important de tous. Et je me risquais à tout gâcher, comme toujours, à cause de conneries. Ca suffisait, il fallait que je cesse d'être autant égoïste. Quel ami suis-je pour lui faire subir toutes ces peines? Un ami en carton... Quel homme suis-je pour l'empêcher d'être heureux? Un homme mauvais. Je fermais mes yeux, et laisser échapper un profond soupire. Je tournais la tête, ouvrais alors mes paupières et remarquais cette photo de nous, quelques années plus tôt, le jour de notre graduation. Nous étions si fière, et si heureux. Nous étions si loin de nos problèmes actuels.

Je tenais toujours fermement sa nuque, et j'évitais à présent son regard, celui qui pousse à me rendre compte de ma bêtise, celui qui me hurle "Connard, regarde à quel point tu fais du mal à ton ami.", son regard à lui, qui veut dire bien des choses. Je baissais donc la tête, fixant mon pull et la pointe de mes chaussures. Dans un silence pesant, je senti le visage d'Holden se rapprocher du mien et ses lèvres se poser sur ma joue, à l'endroit même où l'infime morceau de cristal était venu entailler ma peau. "Je suis tellement désolé, pardonnes-moi..." glissa t'il dans mon oreille. J'avalais ma salive et releva le regard vers lui. Je ressentais l’irrésistible envie de le serrer contre moi, comme bien souvent lorsque l'on se dispute. Nos embrassades marquent en cet instant la fin de la guerre, cette prise de conscience soudaine que nous allions trop loin et qu'il était temps de se retrouver, enfin. Je l'attirais sans pudeur vers moi, le gardant blotti contre mon torse quelques instants. Je lui dis alors: "Arrête, tu n'as rien fait de mal Holden... je le sais. J'ai juste été stupide, et égoïste, et de mauvaise fois. C'est trop facile et tellement injuste de tout te mettre sur le dos quand ma vie par en couille... C'est à moi de te demander pardon, vraiment.". Comme ce soir là où nous avions fini à l'hôtel, après s'être disputer encore au sujet de Jay Black, je l'avais pris dans mes bras, et lui avais demandé de ne pas me tourner le dos. Mais je me plantais dans tout ce que je faisais, et tout ce que je faisais ne pouvait l'encourager qu'à me fuir, qu'à me tourner le dos pour de bon. Et je réalisais à quel point j'étais injuste, et con. Alors je le gardais encore quelques instants contre moi, et passais ma main dans ses cheveux, silencieux et coupable. Mon autre main glissa jusqu'au niveau des poches de son jogging. Là, je senti cette petite boîte, qui contenait certainement toutes les merdes qu'il prenait, car vu son état, je savais qu'il n'avait pas le sang pure. Il me laissa plonger ma main jusque dans le fond de sa poche pour y récupérer le fameux contenant. Je l'extirpais donc de cette poche, et le serra dans ma main. Je me détachais légère d'Holden, et je n'eu pas besoin de parler pour qu'il comprenne ce que je pensais de ces merdes. C'était comme la "C" que nous prenions quelques mois, quelques années plus tôt lorsque nous sortions, c'était comme ces joints de cracks que l'on s'enfilait pour se retourner le cerveaux, c'était plus mauvais que toutes nos disputes... et s'en était assez. Mon regard dans le sien, toujours silencieux, je savais ce qu'il avait envie de me répondre, je savais qu'il voulait se justifier sur la chose, mais je ne le jugeais pas. Je me contentais alors de le rassurer en lui soufflant: "Je sais...". Oui je sais, je sais pourquoi il prend ses merdes, je sais pourquoi il ne peut pas s'en passer, je le sais parce que je le connais... ma tête de chips.

A quoi tenait une relation? A la dose de souffrance qu'on était capable de s'infliger sans se séparer? Je l'avais blessé, je me comportais comme un vrai con avec tout le monde ces derniers temps, au point de ne plus me reconnaître moi-même. Pourquoi nous nous retrouvions là alors, l'un contre l'autre? Pourquoi ramenait-il la faute encore à lui? J'avais sans doute la plus grosse part de responsabilité là-dedans. Pourtant ses excuses me faisait du bien. Je me sentais bercé dans un cocon de douceur, l'enfant que l'on rassurait quand l'orage grondait dans le ciel. Je n'avais plus envie de rien, je me sentais juste vidé. Je voulais rester contre lui, ne plus bouger, pendant des heures, juste savourer sa présence, qui se suffisait à elle-même. Nous n'avions pas besoin de parler, nous savions juste que nous avions besoin de l'autre quoi qu'il arrive, et que notre amour l'un pour l'autre était aussi fort qu'inconditionnel.

Je m'accrochais à lui, me laissant emprisonner dans ses bras. Je sentis alors sa main se faufiler vers ma poche, il savait ce qu'elle contenait, je le laissais s'en saisir, de ce petit sachet de confetti, cette petite bouée de sauvetage qui ne faisait que me donner l'impression de flotter alors que je disparaissais en fait sous la surface, dans les immenses profondeurs. Je me sentis à la fois vide et léger sans ce poids sur moi. Mes seules consolation depuis l'été dernier. Elle était entrée seule dans ma vie, sans que je m'en aperçoive. Était-ce le moment de leur dire au revoir? Voulais-je vraiment m'en débarrasser? Quitter ce faux ami pourtant si fidèle? Je me séparais lentement d'Adrian, il allait me prendre pour un camé à cause de ça. Je ne voulais pas, je devais reprendre le sachet, pour ne pas qu'il voit, ce n'était pas ce qu'il pensait...!

Il me souffla alors doucement qu'il savait. Juste ça, il savait. Je ne bougeais plus, le regardant. Il savait, il savait, il restait? Il ne me laissait pas, il n'abandonnait pas un fou comme moi? Je ne savais pas si je devais juste accepté ou me poser davantage de question. Je pouvais juste accepter, le laisser me porter, me supporter, m'élever. Je serrais finalement son faut entre mes doigts, m'appuyant contre lui. Je fermais les yeux, c'était trop d'un coup. Je ne pouvais plus me battre seul:

- Je suis fatigué, j'aimerai me reposer...

Je regardais cette petite boîte de comprimés, et soupirais. Je fini par la ranger au fond de ma poche, sans qu'Holden ne s'y oppose. Je soupirais. J'avais encore du mal à comprendre pourquoi il s'entêtait à vouloir arranger ses problèmes en prenant ses pilules de merde. C'était facile, trop facile et tellement mauvais pour sa santé. Nous avions trop pris de ces merdes lorsque nous étions plus jeunes, et nous cherchions juste à nous amuser... aujourd'hui, s'en était arrivé à un stade dangereux, et je craignais qu'Holden ne puisse désormais s'en passer. Mon ami me laissa donc faire, et me dit alors qu'il avait besoin de se reposer à présent. J'acquiesçais d'un hochement de tête: "Oui, ce serait peut être mieux que tu ailles t'allonger un peu Holden.". Je jetais un regard vers la porte d'entrée, et constatais l'ampleur de dégâts. Je finirais par ramasser tout ce cristal avant de m'en aller.

J'entrainais par la main mon meilleur ami jusque dans les escaliers, puis jusqu'à sa chambre. Nous rentrions, et je m'étonnais de découvrir sa piaule dans un si grand bordel. Je soupirais, puis accompagnais mon ami jusque sur son lit. Il s'allongea, et je pris place à côté de lui, un instant en m'asseyant juste au bord du lit. Silencieux, je passais ma main dans ses cheveux, histoire de l'apaiser un peu. Il semblait ne pas être bien du tout, pas étonnant vu ce qu'il prenait depuis plusieurs jours à présent. D'une voix calme, je lui demandais alors: "Y en a autre part Holden?" en désignant les pilules. Si j'en trouvais d'autre sous ce toit, je devrais lui confisquer, quitte à ce qu'il soit mécontent.

Voilà cette fois c'était fini. Je pouvais tourner la page? Changer d'air? Adri me raccompagnait jusqu'à ma chambre. Je m'étendais sur mon lit, j'étais une vraie loque. Un sentiment de révulsion naissait en moi. Comment je pouvais en être vraiment arrivé là? Ce n'était pas moi! Non! Moi, le grand Holden Turner! Je ne pouvais pas être ça!
J'avais envie de tout détruire. De blesser tout le monde, tous ces gens qui m'avait fait devenir ça. Adrian commença à caresser mes cheveux. Je restais immobile, plus capable de la moindre pensée. Sa voix s'imposa alors trouvant une sorte d'écho dans la large pièce qu'était ma chambre:

"Y en a autre part Holden?"

Je ne bougeais pas. D'autres...? Oui, sans doute. J'avais toujours aimé grignoter et partout dans la maison se trouver des confiseries à plus fortes raisons dans ma chambre, me permettant d'en attraper une en entrant ou sortant de ma chambre, en passant à la salle de bain attenante à ma chambre lorsque je passais au dressing aussi. Depuis quand le sucre avait été remplacé? Il n'y en avait plus dans ma chambre. Les trois raviers débordaient d'autres bonbons à présent. C'est d'ailleurs la raison du bordel qu'était de venu ma chambre. Les employés de ménage n'avait plus le droit de venir dans ma chambre. Je leur en avais interdit l'accès pour ne pas qu'ils tombent dessus. Je soufflais alors à mon ami:

- Dans mes bocaux à bonbons. J'aimerais garder les bocaux. Fais ce que tu veux du reste.

Je reposais mes bras croisés sur mon visage, attendant. Le laissant faire ce qu'il avait à faire. Je devais retrouver de la lumière, même être dans ma chambre devenait oppressant. J'avais juste envie de changer d'air.

Le calme semblait être revenu, du moins Holden, allongé sur son lit, se laissait aller à un peu de repos. Je le regardais un instant sans parler, j'observais les traits de son visage, sa mine fatiguée, et me rendais compte que j'avais du soucis à me faire pour le blondinet. Je me refusais d'être là et ne pouvoir rien faire pour l'aider. S'il lui arrivait quelque chose, je ne pourrais me le pardonner.

S'il aimait Jay, alors je devais l'accepter. Je me demandais de plus en plus s'il n'était pas venu le temps de tirer un trait sur cette guerre inutile, me rendant compte que nos querelles faisaient beaucoup plus de mal à ceux qui nous entourent qu'à nous même. Mais ma fierté m'empêche de faire le premier pas, c'est comme ça. Peut être que je finirai par mettre mon égaux de côté et que les choses pourraient changer... peut être. En attendant, j'étais jaloux de Black, vraiment. Je refusais l'idée même de ne plus être "l'homme" d'Holden. C'était étrange, mais je ne voulais pas qu'il l'éloigne de moi, définitivement.

"Dans mes bocaux à bonbons. J'aimerais garder les bocaux. Fais ce que tu veux du reste." dit-il. Je savais où les trouver, et j'étais bien le seul à connaitre toutes les cachettes d'Holden. Je me levais du lit, me dirigeais vers son armoire, et en récupérais les fameux bocaux. Je prenais ensuite la direction de sa salle de bain personnelle, ouvrais les bocaux un à un, et les vidais dans toilettes. Je tirais la chasse à plusieurs reprises, et quand le tout disparu, je refermais les bocaux, partais les ranger dans l'armoire, et revint vers Holden. Je m'allongeais juste à côté de lui sur son lit, et me mis de côté. Je posais ma main sur son front, il était chaud, presque fiévreux. Ma culpabilité refis surface lorsque je pensais au cauchemar que je lui avais fait vivre ses dernières semaines, et mon incapacité à l'aider, alors que c'est aussi mon rôle dans cette amitié, prendre soin de lui, veiller sur lui, comme un frère. Il tourna ensuite sa tête vers moi, et je plongeais mon regard dans ses beaux yeux. A voix basse, je lui confiais: "Je t'avais demandé de ne pas me tourner le dos... mais c'est exactement ce que j'ai fait. Je m'en veux terriblement Holden.". Je soupirais, et restais là, dans ses yeux, un instant sans rien dire. Bizarrement, je me sentais rassuré, et apaisé, comme à chaque fois que nous nous retrouvions seuls, tous les deux, dans un moment calme comme celui ci. Je laissais ma main se poser doucement sur la sienne, elle même posée sur son torse.

Le bruit de la chasse d'eau résonna plusieurs fois dans la pièce avant qu'Adrian ne revienne. Voilà c'était fini, ils s'en étaient allés loin de moi. Terminée cette douce consolation que je m'accordais parce que la réalité était justement, ou injustement, la réalité. A présent j'attendais, j'attendais qu'il vienne me supporter, changer cette réalité amère...

Mon ami ne tarda pas a me rejoindre. Je sentis le poids de son corps alors qu'il s'allongeait. Il fallait que je fasse le ménage dans l'entrée avant que quelqu'un n'entre.. Je frissonnais. Sa main venait de se poser sur mon front. J'abaissais mes bras doucement, laissant mes mains reposer sur mon torse brûlant. Il était tourné vers moi. Je sentais son souffle sur mon épaule. Il me disait alors que finalement c'était lui qui m'avait tourné le dos. Je tournais lentement ma tête vers lui, observant son visage dans la pénombre de mes volets fermés. Je lisais une sorte d'anxiété sur celui-ci juste une seconde avant que sa main se pose sur la mienne. Je suivais rapidement le geste des yeux avant de recouvrir la sienne de ma main valide.

Tout ça uniquement parce que je sortais avec Jay. Cette jalousie qu'il avait évoqué plus tôt, celle la même - j'en étais persuadé - celle la même que j'aurai ressentie a sa place. Seulement je ne pouvais juste pas l'avouer. Et puis quoi? J'aimais les hommes comme les femmes. Lui n'était pas de ce bord. Alors a quoi bon cette jalousie? Je décidais de le tester un peu: je me tournais sur le coté, face a lui avant de lui répondre:

- Tu m'as tourné le dos oui..mais parce qu'il y a Jay maintenant non? Tu t'en veux d'accord. Mais pour quelles raisons? Tu t'en veux de quoi? De ne pas supporter que je sois en couple avec lui ou de me tourner le dos? Est-ce que moi je t'ai tourné le dos parcequ'il y a Juliet?

Je laissais ma phrase planais dans la pièce, ne bougeant pas, sa main toujours contre moi la mienne recouvrant le tout. S'il ne réagissait pas à ça..eh bien je ne sais pas à quoi il pouvait bien réagir, j'avais cité nos principaux problèmes c'était à lui de m'éclairer à présent.

Tous deux allongés, dans le plus grand des silences... C'était étrange, et pourtant apaisant. Après la bouteille de cristal en pleine tête, les cris, les émotions... Me retrouver à ses côtés semblait vouloir dire que nous avions toujours le contrôle de tout, et cette amitié était vraie, elle ne disparaissait pas comme cela. Elle savait résister au vent, aux tempêtes, elle était aussi forte même si nous en doutions de plus en plus. Holden m'avait laissé le débarrasser de ses foutues pilules, sans montrer la moindre résistance, réticence... Trop faible pour réagir, ou réelle confiance?

Il n'y eut pas un jour pendant notre éloignement où je n'ai pas pensé à lui, à son visage, à son état. Pas un seul jour sans m'inquiéter pour lui, et pourtant j'ai été si égoïste. Non, pas un seul jour où je n'ai cessé de me dire que j'avais été con, que ma réaction avait été excessive, ni même un seul moment à attendre qu'il m'appel alors que je n'avais pas le courage de le faire.

Sa tête penchée, son regard dans le mien, les mots qui sortirent de sa bouche eurent l'effet d'une douche froide. Ils posaient des questions dont j'ignorais toujours les réponses, ces mêmes questions qui m'avaient pesé lourdement sur la conscience. Le son de sa voix, faible, me culpabilisais... Je me rendais compte que je l'avais peut être trop épuisé. Je me disais qu'au fond, il finirait peut être par pardonner ma conduite, ou peut être alors s'était-il vraiment lassé de moi. Je refusais de l'entendre, intimement convaincu que j'étais tout à fait capable de répondre à ses interrogations , et lui prouver que j'étais soucieux de nous... Qu'il comptait surtout, car pour moi, il ne pouvait plus sortir de ma vie, du moins pas à cause d'une divergence d'opinion, ni de ma jalousie excessive. D'une voix posée, calme, je lui répondais donc:

"On a commencé à moins se voir... Et puis j'ai compris que j'avais manqué des épisodes de ta vie. Je sentais que tu me cachais quelque chose, et j'ai essayé de savoir quoi... J'ai pensé à plusieurs choses, des choses dont je ne t'ai jamais parlé, comme un de tes tshirts retrouvée sous le lit de ma soeur, tu ne m'as jamais dis qu'il y avait eu quelque chose entre vous mais soit, au fond je m'en fiche... Je savais juste que tu étais capable de te taire quand il s'agissait de me protéger... ou te protéger. Puis tu m'as parlé d'un flirt avec Black, sans jamais mentionner l'état réel de votre relation. J'ai découvert à Thanksgiving votre union, et j'ai encaissé... En fuyant. Le problème, c'était Black, puis le fait que tu n'aies rien osé dire. Ce n'était même pas ta bisexualité, je la connaissais déjà... Je me rend colpte que si ça avait été un autre homme, j'aurais été tout aussi jaloux. Difficile pour moi de te laisser aimer autant un autre homme que moi, et surtout, la crainte de ne jamais plus pouvoir être à la hauteur. Alors je t'en ai voulu, vraiment. En prenant du recul, ce fut à moi que j'en voulais finalement. Je m'en voulais de ne pas te soutenir, de t'exclure de ma vie parce que tu me "trompais" avec mon ennemi.. Si j'avais su être un ami, j'aurais du comprendre que tu ne faisais pas cela pour me blesser ni m'éloigner, mais parce que l'amour pour une personne est imprévisible et incontrôlable. Je m'en veux de détester autant Black, parce que nos querelles de toujours te font du mal à toi, pas à nous. Alors je t'ai tourné le dos, c'est vrai... Pendant un temps j'ai baissé les bras. Et je me suis souvenu justement que tu n'aimais pas Juliet, et que tu avais toujours fait des efforts... Et cette crainte de ne pas être à la hauteur s'est finalement justifiée, quand je me suis rendu compte que je ne l'étais vraiment pas. Je veux que tu puisses être heureux, et si c'est avec Jay, peut importe et tant mieux, je n'ai rien à dire, je ne m'oppose plus.. Je fermais les yeux, et attendais sa réponse. Doucement, je laissais mon souffle aller à la même cadence que le sien, préférant savourer cet instant de calme, avant que tout ne bascule, encore une fois.

Nous étions tranquillement allongés, si près l'un de l'autre, pourtant je le mettais une fois de plus au défi. Je voulais qu'il me donne des réponses. Bien qu'au fond je pensais les connaître. Je voulais qu'il le confirme, qu'il se l'avoue. Seulement le peu de mots que j'avais prononcé me renvoya un vrai discours essayons de restructurer causes à effets:

- Tu m'as tourné le dos oui..mais parce qu'il y a Jay maintenant non?On a commencé à moins se voir... Et puis j'ai compris que j'avais manqué des épisodes de ta vie. Je sentais que tu me cachais quelque chose, et j'ai essayé de savoir quoi... J'ai pensé à plusieurs choses, des choses dont je ne t'ai jamais parlé, comme un de tes tshirts retrouvée sous le lit de ma soeur, tu ne m'as jamais dis qu'il y avait eu quelque chose entre vous mais soit, au fond je m'en fiche... Je savais juste que tu étais capable de te taire quand il s'agissait de me protéger... ou te protéger. Puis tu m'as parlé d'un flirt avec Black, sans jamais mentionner l'état réel de votre relation. J'ai découvert à Thanksgiving votre union, et j'ai encaissé... En fuyant. Le problème, c'était Black, puis le fait que tu n'aies rien osé dire. Ce n'était même pas ta bisexualité, je la connaissais déjà... Je me rend compte que si ça avait été un autre homme, j'aurais été tout aussi jaloux. Difficile pour moi de te laisser aimer autant un autre homme que moi, et surtout, la crainte de ne jamais plus pouvoir être à la hauteur. Alors je t'en ai voulu, vraiment. Réponse OUI

Tu t'en veux d'accord. Mais pour quelles raisons? De ne pas supporter que je sois en couple avec lui ou de me tourner le dos? En prenant du recul, ce fut à moi que j'en voulais finalement. Je m'en voulais de ne pas te soutenir, de t'exclure de ma vie parce que tu me "trompais" avec mon ennemi.. Si j'avais su être un ami, j'aurais du comprendre que tu ne faisais pas cela pour me blesser ni m'éloigner, mais parce que l'amour pour une personne est imprévisible et incontrôlable. Je m'en veux de détester autant Black, parce que nos querelles de toujours te font du mal à toi, pas à nous. Alors je t'ai tourné le dos, c'est vrai...

Est-ce que moi je t'ai tourné le dos parcequ'il y a Juliet? Pendant un temps j'ai baissé les bras. Et je me suis souvenu justement que tu n'aimais pas Juliet, et que tu avais toujours fait des efforts... Et cette crainte de ne pas être à la hauteur s'est finalement justifiée, quand je me suis rendu compte que je ne l'étais vraiment pas. Je veux que tu puisses être heureux, et si c'est avec Jay, peut importe et tant mieux, je n'ai rien à dire, je ne m'oppose plus.. Réponse NON

Bilan: Le problème est que je suis avec Jay il ne peut le supporter et il n'a pas clairement dit ce que je voulais l'entendre dire.

Je me retrouvais donc à la case départ. Je n'avais pas été assez clair donc ou lui pas assez sincère. Je le relançais donc:

- Ok. Si je te suis bien ça te pose un problème que je sois avec Jay. T'as pas vraiment répondu à mes questions c'est quoi le délire? Y a une raison non? Pourquoi toutes les fois où je suis sorti avec d'autres personnes ça t'as pas dérangé dans ce cas?

Je parlais plus fort, j'avais complètement basculé sur le côté pour être vraiment face à lui. Je reprenais du poil de la tête alors que lui seul occupait mon esprit à présent. Je ne stoppais pas mon assaut reprenant avec un sourire en coin:

- Ou alors j'ai tout faux. Tu dis que c'est ton ennemi mais au dire de DS tu l'aurais plus embrassé que moi. Tu aurais donc peur que je te le pique c'est ça? Tu veux le garder pour faire vos cochonneries?

Comme pour appuyais mon discours je lui pockais la lèvres avec mon index. Ils c'étaient embrassés. Il n'y avait rien à dire sinon que l'un ou l'autre se foutait de ma gueule...

"Ok. Si je te suis bien ça te pose un problème que je sois avec Jay. T'as pas vraiment répondu à mes questions c'est quoi le délire? Y a une raison non? Pourquoi toutes les fois où je suis sorti avec d'autres personnes ça t'as pas dérangé dans ce cas?" . Etait-il sérieux? Il connaissait déjà la réponse, et j'avais encore besoin de me justifier? De m'expliquer sur la chose alors que tout était pourtant clair, j'avais été clair. Je ne voyais pas comment être plus claire que cela. "Ou alors j'ai tout faux. Tu dis que c'est ton ennemi mais au dire de DS tu l'aurais plus embrassé que moi. Tu aurais donc peur que je te le pique c'est ça? Tu veux le garder pour faire vos cochonneries?"J'arquais un sourcil, l'écoutant jusqu'au bout. Il me parla alors du baiser dans le parc, baiser dont il avait pris connaissance dans un article de DS, et qui avait créé de sacrée embrouilles à Thanksgiving entre nous, mais aussi entre Heathcliff et moi. Il pencha la tête, et je soupirais.

Il ne me regardais plus dans les yeux, même s'il était bien face à moi. Je n'avais peut être pas été convainquant, et je ne savais pas comment faire plus. Peut être attendait-il d'autres réponses que je n'étais pas capable de lui donner, parce qu'il n'y avait peut être rien d'autre à dire aussi. Il affichait un sourire en coin, il faisait preuve de sarcasme, et il me rendait dingue. Il se comportait exactement comme moi et parfois, je le détestais quand il faisait ça... pas avec moi Holden, pas avec moi. Et lorsqu'il vint pocker ma lèvre avec son index, j'attrapais sa main et la retirait immédiatement. Jusque là Holden s'exprimait calmement, mais ses paroles me rendaient agressif. Alors sèchement, je lui répondais: " Quand tu sortais avec d'autres, ça ne me dérangeait pas, parce que ce n'était pas de Black dont il s'agissait, c'est tout." Mon ami ne semblait pas vouloir comprendre. Je reprenais: "Forcément, tu sors avec mon ennemi, si tu veux je l'ai un peu mauvaise. Enfin je l'avais puisque j'ai compris que je devais te laisser faire, que je n'avais pas le droit de te l'interdire, c'est tout... Qu'est ce que tu essayes de me faire dire au juste?" demandais-je de manière agressive. Et je ne le laissait même pas répondre: "Tu me parle de ce baiser, mais t'es sérieux Holden? Tu sais très bien ce qu'il s'est passé dans le parc, tu sais très bien pourquoi Jay m'a embrassé, tu connais le contexte dans lequel tout ça s'est inscrit. Mais visiblement tu as besoin que je te rafraîchisse la mémoire... Je ne supportais pas que Jay traîne avec mon frère. J'ai tenté de lui donner de la tune pour qu'il arrête de le fréquenter. Ca l'a agacé, et plutôt que de m'en mettre une, il m'a embrassé... Il savait que je ne m'y attendrais pas, et que ça me mettrait encore plus en rogne. Et tu viens me dire que j'ai envie de me taper ton mec? Pour qui tu me prends? J'ai peut être été un gros connard avec toi Holden, mais regarde, je suis honnête." Je fronçais les sourcils, il m'énervait. J'avais juste envie de le secouer, ou lui mettre une bonne calotte pour qu'il puisse vraiment croire en mes avoeux. Pourtant il connaissait l'histoire qui nous liait Jay et moi, et ce depuis le début. Le procès où j'avais défendu Julian et les autres victimes du chanteur, le passage en psy', la sortie de Jay et ses menaces de mort. J'avais toujours tout raconté à Holden, et face à ses mots, j'avais l'impression que mon meilleur copain avait déjà tout oublié.

Je pensais me retrouver là d'un coup en le harcelant de questions. Je m'imposais face à lui, j'avais cessé de disparaître derrière mes cachets. Je questionnais, questionnais, mais les réponses ne me convenaient pas. Il ne comprenait pas, il ne voyait pas ce que je lui demandait. Je m'étais retranchais jusqu'à présent, j'avais juste besoin de preuve. Je voulais y croire, je pensais y croire, mais il me manquait une chose qui me dirait que j'avais eu raison de lui faire confiance.

J'avais réussi à récupérer un repère, à me retrouver dans ma manière de le brusquer. Je pensais que pouvoir contrôler ça au moins me ramènerait dans ce que nous étions. C'est alors qu'il me désarçonna. Alors que je l'acculais en le touchant, il attrapa brusquement ma main la rejetant. Je restais là coi avant de subir une rafale.

Quand tu sortais avec d'autres, ça ne me dérangeait pas, parce que ce n'était pas de Black dont il s'agissait, c'est tout. Forcément, tu sors avec mon ennemi, si tu veux je l'ai un peu mauvaise. Enfin je l'avais puisque j'ai compris que je devais te laisser faire, que je n'avais pas le droit de te l'interdire, c'est tout... Qu'est ce que tu essayes de me faire dire au juste? Tu me parle de ce baiser, mais t'es sérieux Holden? Tu sais très bien ce qu'il s'est passé dans le parc, tu sais très bien pourquoi Jay m'a embrassé, tu connais le contexte dans lequel tout ça s'est inscrit. Mais visiblement tu as besoin que je te rafraîchisse la mémoire... Je ne supportais pas que Jay traîne avec mon frère. J'ai tenté de lui donner de la tune pour qu'il arrête de le fréquenter. Ça l'a agacé, et plutôt que de m'en mettre une, il m'a embrassé... Il savait que je ne m'y attendrais pas, et que ça me mettrait encore plus en rogne. Et tu viens me dire que j'ai envie de me taper ton mec? Pour qui tu me prends? J'ai peut être été un gros connard avec toi Holden, mais regarde, je suis honnête."

Il me tuait. Non il me torturait. Je le voyais détruire le peu auquel je me raccrochait. Je n'aurais pas du lui faire confiance. Je lui avais fais sentir, il savait que j'en avais besoin, et il me tuait. Je restais amer. Sentant mes tempes battre sous l'afflux du sang. Doucement je me redressais, sentant mon visage s'étirer de mal, je fixais les siens de mes yeux presque fou:

- Tu-me-tues...

Je détournais le regard me redressant totalement, j'entourais mes jambes de mes bras, me recentrant sur moi-même, les yeux perdus dans le vague:

- ça-ne-rime-à-rien,-qu'est-ce-que-je-peux-attendre-de-lui-de-toute-façon...

D'un coup un bruit me traversa la mémoire, la chasse d'eau. Tout n'était peut-être pas parti! Je me levais sans plus penser à quoi que ce soit me précipitant dans l'obscurité vers la salle de bain je titubais dans la pénombre bleuté de ma salle de bain me redressant à moitié à quatre pattes la cuvette n'était qu'à un petit mètre!...

"Tu-me-tues...". Ces quelques mots, aussi tranchant qu'une lame de rasoir, venaient s'abattre sur mon esprit, heurtant de plein fouet mon coeur. Je le tuais, de la même façon qu'il me tuait, c'était dur. Je le connais si bien, depuis toujours même, et il ne m'avait jamais dit ça. J'étais dans l'échec complet. J'avais haussé le ton, avais piqué la mouche, parce qu'il savait si bien comment me rendre fou. Il savait quel ton employer pour me faire péter un plomb et tenir un discours agressif, virulent. Il savait s'y prendre, même si c'était la dernière chose qu'il attendait de moi. Et je savais très bien ce qu'il voulait, je savais ce qu'il attendait que je fasse, il en avait besoin. Mais j'avais peur, je me demandais s'il restait encore des choses à dire, des choses à expliquer, et temps que tout ne serait pas sorti alors... non je ne pourrai pas.

Il se redressa, entourant ses jambes pliées de ses bras, et plongeant sa tête dans ceux-ci. Je soupirais, incapable de le rassurer, j'étais bien trop énervé. Qu'il détourne son regard, qu'il m'oublie quelques secondes suffisaient bien généralement à me calmer, même si à l'intérieur je n'avais qu'une envie, chialer ma race et m'enfuir en courant.

Holden est ce garçon qui en toutes circonstances garde son calme, du moins lordqu'il n'est pas sous l'influence de drogues ou autres merdes. Contrairement à lui, j'ai toujours été très impulsif, et j'ai compris d'où venait mon caractère, j'ai compris pourquoi j'avais un beau jour fini par me fermer complètement, pourquoi je ne voulais pas montrer une bonne image de moi au gens, pourquoi je refusais d'être aimé par quelqu'un... Holden avait réussi à le découvrir avant moi, il a compris bien avant tout le monde. La mort de ma mère m'a complètement changé. On ne se connaissait pas avant, mais il savait d'où cette névrose avait pris sa source. Et ainsi, depuis toujours, il était le seul que j'avais laissé pénétrer dans mon intimité, que j'avais laissé tout découvrir de moi, sans aucune pudeur ni retenue. Il était le seul garçon que j'avais osé embrassé par exemple, et volontairement, alors que je ne suis pas attiré par les garçons. C'était étrange, il y avait cette alchimie, et cette proximité qui nous unissait, cette relation ultra fusionnelle dont il était bien souvent difficile de se détacher. Nous étions presque un couple, un couple avec des limites. Si je devais qualifier notre relation, je ne dirais pas qu'elle est simplement amitié, elle est avant tout amour, avec un certain nombre de barrières.

Je me redressais à mon tour, le scrutant du regard. A voix basse, je lui soufflais: "Pardon Holden..." Il finit par se lever du lit, se dirigea vers les toilettes et sans un mot, je le regardais faire. Je soupirais longuement avant de me lever à mon tour pour le suivre. J'arrivais au niveau de la salle de bain, il y était entrer sans même allumer la lumière. J'actionnais l'interrupteur, et le découvrait là, à quatre patte, la tête baissé, observant le fond de la cuvette. Je me mordais la lèvre, et m'approchait de lui, passant ma main sur sa petite tête blonde et déclarait: "Arrête Holden, il n'y a plus rien..."

L'email blanc, la brûlure du chauffage au sol, le vide de la cuvette. Je fulminais. Sa main se posa sur mes cheveux pour me les caresser, je restais là tête basse "Arrête Holden, il n'y a plus rien..." Arrête. Ce contact dégoûtant sur ma tête me rabaissant comme si je ne valait pas mieux qu'un sale chien. Je repoussais brutalement sa main. Me redressant d'office avant de m'écriais:

"Arrête! Arrête! Holden il n'y a plus rien!!! Rien bordel!! Mais qu'est-ce que tu me donnes de plus là toi!!! Tu comprend que dalle!!"

Je lui jetais un regard noir, passant devant lui avant de rejoindre ma chambre, j'attrapais le téléphone tapant rapide le numéro de mon fournisseur qui décrocha dès la première sonnerie:

"Oui C'est moi, non non ça va. J'aimerais qu'on se voit, pour un petit cocktail. Payé en..? Oui Oui si tu veux, ça tombe bien j'ai pas baisé depuis ouah trop longtemps j'ai bien besoin de ça là. Ouais, on se retrouve où...?"

Je réfléchissais à toute vitesse, je pensais que je pouvais changer avec Adrian, pourtant il ne me donnait qu'une impression de pitié, une grosse pitié de merde comme si moi j'en étais une grosse! Allez amitié à deux balles, il me remballait dès la moindre occasion pour me consoler pauvre petit enfant que j'étais. Savait-il au moins que j'étais quelqu'un?? J'allais lui montrer moi!

J'étais tellement frustré physiquement, moralement, sexuellement! Je manquais de tout et là de pilules plus que tout. Je restais tranquillement en ligne ne faisant plus cas d'Adrian il allait retrouver sa Juliet il se marieraient et il me foutrait la paix.
Je clôturais la conversation:

"Oui je peux être là dans 10 minutes je te rejoins."

"Arrête! Arrête! Holden il n'y a plus rien!!! Rien bordel!! Mais qu'est-ce que tu me donnes de plus là toi!!! Tu comprend que dalle!!". Il m'écrasait, comme une vulgaire clope consumée, et je prenais en pleine gueule sa colère associée à son manque de sa grosse dose quotidienne. Mais que faisait-il? Pourquoi y tenait il temps. Qu'est ce qu'il lui manquait autant pour ne pas pouvoir se passer de ces merdes? Il s'était relevé d'un seul coup, et s'était emporté comme jamais. Je m'écartais, reculais de quelques pas pour éviter un coup qui pourrait bien partir sous la colère. Je le regardais, muet, incapable de pouvoir dire quelque chose. Son visage était pâle, la lumière de la pièce laissait distinguer la sueur sur son front, et ses yeux étaient rouges, comme s'il avait pleurer. Je reprenais mon souffle. Je comprenais que dalle? Mais qu'est ce que je devais comprendre? S'il ne m'éclairait pas, je ne pouvais pas savoir ce qu'il voulait, ce qu'il attendait réellement de moi.

Il défila devant moi, attrapant son téléphone posé sur son lit. Je le suivais, doucement, et l'observait. Il composait un numéro de téléphone, et la conversation qui suivit me laissa devenir qui était à l'autre bout du fil. J'écarquillais les yeux. Comment pouvait-il faire sa sous mon nez? Ni une ni deux, je courrais presque jusqu'à lui, je devais lui arracher ce téléphone des oreilles. "Putain Holden, donne moi ce téléphone... DONNE MOI CE TELEPHONE BORDEL!" hurlais-je, lui tendant la main pour qu'il me donne ce foutu téléphone. Il ne m'écoutait pas, continuait tranquillement sa petite conversation avec son dealer, très certainement. Je m'approchais un peu plus de lui, furieux. Il tenait à peine debout, il n'allait pas rejoindre ce mec, c'était hors de question. Je n'allais pas le laisser faire. Il clôtura son appel, et furieux, je le poussais sur le lit. Il s'écrasa de tout son poids sur le matelas. Je me mis au dessus de lui, tenant fermement son poing contre le lit, son poing qui lui enlaçait son téléphone. "LÂCHE LE, LÂCHE LE!" hurlais-je une nouvelle fois. "TU NE SORS PAS D'ICI, TU M'ENTENDS?"... Mes yeux fatigués rencontraient son regard furieux, je tremblais. Il me faisait trop de mal, avoir à regardé cette mine furieuse, lire sur son visage cette haine qu'il avait pour moi, c'était douloureux. Et pour la première fois, je craquais face à lui. J'avais toujours été le plus fort des deux, mais cette fois-ci, je n'étais plus qu'une pauvre merde, dont il avait trouvé le point sensible. Exténué, nerveux, les larmes roulèrent sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Et la voix éraillée, je lui criais une nouvelle fois: "QU'EST CE QUE TU VEUX HOLDEN? QU'EST CE QUE TU ATTENDS DE MOI PUTAIN?". Je le tenais toujours aussi fermement plaqué contre ce lit, mon corps chevauchant le sien, l'empêchant de bouger.

J'avais quitté furieusement la salle de bain pour attraper mon téléphone. Je passais mon coup de fil et il hurlait. Lui donner mon téléphone? Je jubilais, l'air saturé de sa fureur, je me sentais vivant. C'était tellement bon, le voir dans un état pareil alors qu'il venait de me faire un peu plus souffrir!

Je restais tranquille savourant ce contact de l'air sans plus me préoccuper de lui. Alors que je raccrochais il se jetait sur moi. Je basculais sur mon lit, avant que son corps ne s'écrase sur le mien. "LÂCHE LE, LÂCHE LE!" Il emprisonna mon poignet; tentant de m'arracher le téléphone. Je me débattais. Le corps brulant. La haine dans les yeux. Je brûlais au moindre contact entre nous. "TU NE SORS PAS D'ICI, TU M'ENTENDS?" Je fulminais en même temps que sa voix me vrillait les tympans. Je tirai sur mon poignet, qu'il lâche prise! Il serrait les poing comme moi les dents "LÂCHE MOI BORDEL!!!" J'exultais repoussant son corps du mien en même temps que lui dans l'autre sens, nous nous rentrions dedans, nous bousculions sans que je ne puisse m'extraire de lui ou que lui ne parvienne à me maintenir. Je mourrais, de chaud, de fatigue, ses larmes de rage perlaient sur mon visage m’arrachant de nouvelles brûlures. Sa voix enraillée s'éleva à nouveau comme un coup de tonnerre"QU'EST CE QUE TU VEUX HOLDEN? QU'EST CE QUE TU ATTENDS DE MOI PUTAIN?" Je respirais bruyamment, arrêtant de me débattre directement sans pour autant défaire la pression pour qu'il me lâche. Je le regardais, avec ce regard de fatigue, de ras le bol, d'envie et de haine, ce regard d'ami. Il fallait que je crie, que je réponde, que j’exulte bordel!!!!

Je soupirai profondément, fermant les yeux, conscient du poids de son corps sur le mien. Je rabaissais doucement la pression sur mes bras les ramenant lentement derrière sa nuque si bien que ses mains glissèrent d'elle même jusqu'à mes coudes. Je laissais mes veines pulser un peu avant de les rouvrir pour laisser échapper d'un coup:

"Je ne veux pas regretter de te faire confiance. Je veux que tu me prouves que tu es là pour moi maintenant!! Je veux que tu me montres que tu m'aimes!!!"

Je criais, resserrant ma prise autour de sa nuque dans un geste lancé, en même temps que j'accrochais mes yeux pleins d'attentes aux siens.

Il me faisait mal, mal, et je pleurais comme un gamin, comme si je perdais une deuxième fois ma mère. J'avais juste l'impression que je le perdais lui, et je m'imaginais déjà devoir enterrer notre amitié. C'était horrible, comme sensation, celle de ne plus être capable de contrôler, le contrôler. J'aurais voulu qu'il lâche prise, mais ce corps si frêle renfermait une force monstre que j'ignorais. Il se débattait, me faisant presque perdre l'équilibre. Il me tuais, littéralement. J'étais épuisé à son contact, je n'avais qu'une envie, venir m'écraser à mon tour sur le matelas, et lâcher prise... complètement. Mais je ne voulais pas abandonné, je l'avais entre mes mains, et temps que je le retiendrais, il ne partirait nul part, il n'irait pas rejoindre son connard de dealer, il ne se défoncerait pas encore une fois la gueule à coup de "diamant". Le larmes déferlaient sur mon visage, et glissaient jusque sur mes lèvres. Il m'hurlait de le lâcher, et je ne pouvais pas, je ne devais pas. Je le laissais crier, se débattre, et silencieux, je le plaquais de plus belle contre son lit. Puis je baissais la pression sur ses bras, lorsqu'il se calma. Il agrippa alors ma nuque, tandis que j'essuyais mes joues trempées. Il me dit alors: "Je ne veux pas regretter de te faire confiance. Je veux que tu me prouves que tu es là pour moi maintenant!! Je veux que tu me montres que tu m'aimes!!!".

J'acquiesçais furtivement, baissant la tête, et clignant des yeux. Mon visage était crispé, rouge,le flux de sang dans mes tempes me faisait mal. Je savais très bien ce qu'il voulait. Il voulait que je le rassure, et il n'y avait qu'un seul moyen... Le seul moyen oui, de l'apaiser, et nous savions tous les deux de quoi il s'agissait, nous savions parfaitement de quelle manière nous y prendre. "D'accord." Alors sans hésité, je me penchais vers son visage. Mes larmes, qui coulaient de plus belle, venaient à présent s'écraser sur son visage. Je déposais volontairement sur ses lèvres un baiser, ce baiser qu'il attendait depuis le début pour se sentir apaisé. Ce n'était pas un baiser comme un autre, ce n'était pas un baiser d'amoureux... C'était NOTRE seule façon de nous montrer notre confiance l'un pour l'autre, de nous montrer l'amour fraternelle que nous ressentions l'un pour l'autre. Je restais là un instant, contre ses lèvres, pleurant comme un bébé. Et je sentais qu'il se calmait, doucement, peu à peu...