C'est la débâcle des sentiments. / Daren

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

To Daren ;

Les nuages du matin, si blancs et si cotonneux s'étaient transformés en une effroyable masse de fumée noire. Le vent s'était levé. Julian restait immobile, le visage caché dans ses mains grelottantes. Une brise glaciale giflait ses doigts meurtris par la pluie.
Depuis combien de temps était-il resté assis sur ce banc, avant de réagir ? Ses cheveux s'étaient collés à son front, et l'on confondait sa détresse avec son hypothermie. Ses vêtements gouttaient ; le froid grignotant chaque seconde une nouvelle cellule.

Julian prit son virage serré et déboula dans le centre ville. Il gara sa voiture sur un trottoir, n'ayant vu aucune place de libre. Il se hâta de l'habitacle et rejoins la foule. Le cœur tambourinant dans sa poitrine, le jeune homme allait savoir. Enfin.
Le résultat de la course. Le visage de Lucy contre son chagrin. Sa vie entière basculée dans une étreinte. Il allait savoir. Victoire ou défaite ?
L'oeil vif, Julian recensa les passants à la recherche de sa belle. Elle était là, forcément, parmi tous ces visages inconnus. Il grimpa sur une jardinière pour prendre de la hauteur. Il gardait espoir. Elle était là.

-Lucy ! Commença-t-il à crier.

Il s'attendait à entendre son prénom en retour, ou à la voir apparaître comme par magie. Mais rien. Et chaque seconde écoulée répondait un peu plus à sa question.
Julian fut pris d'un malaise, réalisant enfin une perspective terrible. Il attrapa son tee-shirt à pleine main, se griffant un peu la peau avec. Son cœur ne pouvait le lâcher maintenant. Il devait gagner ce combat, il fallait qu'il sorte vainqueur.
Julian, animé par un dernier soupçon d'espoir, fit la Gordon Street de long en large. De nombreuses fois, sans savoir quand s'arrêter. Il tourna, vira, dans des ruelles improbables, pénétra dans les magasins, cria encore, et enfin, il regarda sa montre.
Dix-sept heure trente.
Julian manqua de vomir. Il avait perdu.
Les sanglots revinrent dans sa gorge, et cette fois-ci, personne n'était là pour les contenir. Encore un peu fier, Julian s'obligea à retrouver sa voiture. Toujours sur le trottoir et décorée d'une contravention, il grimpa à l'intérieur et savoura sa peine.
Il était ridicule. Un perdant. Il avait eu sa chance, de revenir à la vie, de retrouver le sourire, une once de futur aussi. Et il avait gaspillé son temps, celui de Lucy. Il venait de voir son étoile filer.
Le cercle vicieux de s'était pas ouvert, et Julian replongerait dans ses vices. Le chagrin, l'amertume, l'abandon d'espoir.
Le jeune homme se mordit la lèvre de rage et de dégoût, puis démarra le pick-up. Il se rendit vite compte qu'il n'avait nulle part où aller. Son père l'attendait chez lui. Sa mère l'attendait au cimetière. Et il ne désirait pas être attendu. Il était tellement déçu...
Sans trop savoir comment, Julian atterrit une dizaine de mètres plus loin, assis sur un banc. Les larmes montèrent en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. L'air se glaça. Le vent devint cravache. Et la pluie acide s'ajouta à tout ce mal-être.
Redevenir un rat amoureux des étoiles lui semblait bien impossible...

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C'est la débâcle des sentiments.

To Be Continued

… Daren venait de laisser partir son fils qui avait fini par se calmer légèrement en lui demandant de prier pour lui. La famille n’étant pas tellement pratiquante il n’y voyait pas l’intérêt. Le père n’avait pas la moindre idée de sa relation avec cette Lucy mais s’il se mettait dans de tels états pour un rendez-vous loupé c’est qu’elle devait compter pour lui, il aurait voulu lui poser des questions mais le garçon semblait déjà bien assez en retard par sa faute qu’il n’aurait pas été intelligent et judicieux de sa part d’en rajouter encore un peu. Il était tout de même étonné de voir la réaction de Julian qui semblait finalement encore bien plus fragile psychologiquement qu’il le pensait… Mais cette discussion avait eu le mérite de mettre certaines choses au clair, il connaissait désormais le nom de la femme qui transformait petit à petit son père. Celui-ci en était d’ailleurs soulagé, il s’était interdit de se rapprocher de Rebecca tant que ses enfants ne seraient pas au courant, tout simplement pour ne pas leur faire de mauvaises surprises, il n’avait pas envie de leur imposer la présence de la mère Ainsworth du jour au lendemain… Surtout qu’il était peut-être attiré par elle mais il ne savait rien sur les pensées les plus profondes de la jolie mère célibataire. Quoi qu’il en soit il avait observé Julian partir au volant de son pick-up avant de retourner à l’intérieur de la maison pour vaquer à ses occupations en se promettant d’avoir une nouvelle discussion avec son fils à son retour. Cette Lucy l’intriguait et il voulait en savoir plus sur la relation qu’elle entretenait avec son héritier. En deux ans il n’avait pas vu Julian avec des filles, sa dernière relation remontait à Julia avant la mort d’Alicia et leur séparation n’avait pas vraiment été toute rose principalement à cause du père de la blondinette qui avait animé Julian d’une haine pour la famille Fitzgerald, tout comme son père…

Il entendit son téléphone sonner à l’étage inférieur et descendit pour voir le nom de Julian apparaitre, un texto pour lui signaler qu’il était arrivé à temps peut-être. Il regarda et ne vit que deux mots « sos, parc »… Ces deux petits mots eurent pour effet de faire paniquer le patriarche qui se hâta d’écrire une réponse tout aussi courte « j’arrive ». Il enfila sa veste et prit ses clés de sa voiture de sport pour filer en vitesse en direction du parc, il ignorait où il pouvait être mais eu la chance d’apercevoir sa voiture sur le trottoir, mais il n’y avait personne dedans, il releva les yeux et aperçut son fils sur un banc plus loin, il s’arrêta juste à côté grimpant lui aussi sur le trottoir avant de sortir de son véhicule pour s’approcher de son fils et s’asseoir à côté de lui, légèrement rassuré de le voir sain et sauf.

« Qu’est ce qui se passe Julian ? Tu m’as fais peur avec ton message… Où est cette Lucy tu n’as… » Il parlait assez vite et cessa de parler quand il remarqua les yeux embués de larme de son fils. « Okay je vois tu l’as loupé… » Dit il en posant sa main dans le dos du garçon avant de sortir un mouchoir de la poche de sa veste pour le lui tendre, il voulait savoir s’il avait envie d’en parler tout de suite ou bien si sa présence suffirait pour le calmer et préféra ne rien rajouter.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

La pluie s'essouffla à l'arrivée de Daren. La tempête se calmait, le vent disparut progressivement. Le manteau noir du ciel se dissipa. Un brin de soleil vint caresser la peau de Julian, mais le jeune homme sentait toujours la houle lui pourfendre l'estomac, les éclairs sévir dans son crâne, et le froid disséminé dans son corps entier.
C'était la même rengaine, défaite, défaite, défaite.
La vie le narguait, son sourire mesquin se découpant dans la pénombre. Elle s'enfuyait avec les étoiles, pendant qu'il continuerait encore bien des années à observer le ciel. Lucy, filante, reviendrait toutes les nuits, mais combien de temps aurait-il avant de pouvoir l'attraper à nouveau. Tendre la main vers la lumière et la voir disparaître aussitôt. Petit rat amoureux d'une étoile, condamné à ne jamais sortir de son obscur tunnel.
Une main se posa dans le dos de Julian, et il imagina que ce pouvait être que son père. Depuis combien de temps attendait-il là sur son banc, en bel abruti qu'il était ? Il ne savait pas. Une seconde, ou peut-être des milliers.

-Je suis qu'un imbécile fini, murmura le jeune homme dans sa barbe, pour lui-même.

Ses mains quittèrent son visage, ses doigts glissèrent dans ses cheveux humides, les tirant en arrière. Julian avait définitivement honte que son père le voit dans un tel état de détresse. Cette journée n'était vraiment pas celle où on le verrait à son avantage. Le regard perché loin dans le ciel, Julian se força à respirer normalement.
Il se redressa et soupira longuement, avant de se lever. Il se sentait glacé, humide, mais rien de toutes ces sensations futiles ne le gênaient plus que la masse de béton qu'il avait à la place du cœur. Julian fit quelques mètres avant de s'arrêter net, il se tourna vers son père.

-Pourquoi ? Je sais que je suis coupable pour l'éternité, mais... j'espérais juste. Putain ! J'avais juste envie d'être heureux aussi, un peu comme toi et Rebecca, ou Joy. Pourquoi je n'y arrive pas !

Les mots de Julian sonnaient comme une écorchure dans l'air. Sa voix griffait les tympans, désespérée, languissante. Il avait mal jusque dans les cordes vocales, il avait besoin d'air, s'étouffait chaque seconde un peu plus de ce monde qui le reniait. Le regard de Julian ne s'arrêtait jamais sur Daren, il fixait tantôt le sol, tantôt le banc, tantôt le ciel. Ses bras brassaient l'air autour de lui, ses mains crispées jusqu'aux ongles.

-Je suis tellement naïf. A croire que tout allait changer, que j'allais sourire, que j'allais être heureux. Foutaises ! J'suis qu'un pommé. Un pauvre imbécile qui voudrait changer de vie. Putain... cracha-t-il avant de repasser ses mains tremblantes dans ses cheveux et de regarder le ciel. J'suis tellement désolé maman, tellement désolé.

Une larme glissa sur sa joue, à moins que ce ne soit une goutte de pluie tombée de ses cheveux. Julian ne savait plus, il avait envie de crier, de vomir, de pleurer, de vivre, de mourir et de souffrir.

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Daren ne perçut que difficilement les paroles de Julian qui se prenait pour un imbécile fini, il se passa les mains dans les cheveux et son père ne put qu’apercevoir ses yeux rougit par les larmes… Il détestait voir ses enfants tristes et voir son fils avec qui tout avait été si dur depuis plus de deux ans dans cet état était quelque chose de difficilement supportable pour le père de famille, il pensa à Alicia qui aurait surement su quoi faire, quoi lui dire pour le réconforter mais Daren se sentait perdu par cette soudaine responsabilité envers son héritier. Il le regarda se dresser et s’éloigner avant de se retourner mais sans le regarder, jamais il ne croisait le regard de son père qui lui, ne le quittait pas une seule seconde. Ses paroles étaient profondes mais terribles, il se sentait coupable mais de quoi ? C’est donc ça qui le hantait depuis tout ce temps et qui le rendait si sombre si étranger à tout ce qui l’entourait… Mais de quoi se sentait-il coupable, de la mort de sa mère ? Il n’y était pour rien, lui aussi avait cru au début qu’il était la cause de sa mort, que d’une manière ou d’une autre il avait fait quelque chose qui avait entrainé ce geste atroce mais avec le temps il s’était fait violence, il aurait peut-être pu empêcher ce drame si Alicia lui avait plus parlé, s’était plus confiée à lui mais elle n’était pas morte par sa faute et encore moins de celle de Julian.

L’entendre parler de bonheur vis-à-vis de lui et Rebecca ou même de Joy était surprenant, Daren avait le sentiment qu’il ne lui en voulait plus pour ça, il resta silencieux en l’observant avant qu’il ne prenne à nouveau la parole jusqu’à ce qu’il lève les yeux au ciel pour s’excuser auprès de sa mère, il n’en fallait pas moins pour le trader qui se leva de ce banc et s’approcha de son fils en l’attrapant par les épaules pour qu’il se retrouve bien face à lui, l’obligeant à le regarder cette fois ci, il devait plonger ses yeux dans les siens, il devait comprendre, voir la vérité se refléter dans ses pupilles, il avait vu Joy pleurer il y a quelques temps quand il était venu à elle, maintenant c’était le tour de Julian mais bizarrement il ne s’attendait pas à voir un enfant aussi triste et aussi ronger de l’intérieur.

« Regardes moi Julian !! Arrêtes de t’accabler comme ça, toi aussi tu as le droit au bonheur, à une nouvelle chance, une nouvelle vie loin de tout ce malheur !! Rien ne fera revenir ta mère mais elle restera toujours avec nous… La haut ou ici !! » Dit il en posant sa main sur le cœur de son fils, son regard était dur et à la fois extrêmement triste, il aurait du mieux s’occuper de lui, le rassurer dès les premiers instants au lieu de laisser sa colère éclater devant tout le monde quand il s’était retrouvé devant la maison des Dekkers.

« Tu n’es coupable de rien Julian, ce n’est pas ta faute si un enfoiré nous a pris maman, ta mère a toujours été fière de toi et je le suis aussi !! » Il posa sa main sur la joue de son enfant alors que la pluie recommençait à tomber lentement sur eux, cette scène était dramatique et certains passants les regardaient de loin, décidément dans ce quartier tout était propice pour observer les autres et prendre plaisir à voir le malheur chez ses voisins, une belle bande de rapace… « Sors-toi ces idées noires de la tête !! Laisses-moi t’aider… » Il prononça sa dernière phrase presque dans un murmure, comme si c’était sa dernière chance de faire céder le jeune homme.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

C'était horrible. Un peu comme si l'univers entier se jetait sur votre cœur pour l'anéantir, la dévorer, l'arracher à pleine dents. Comme si la vie s'échappait peu à peu. Julian sentait toutes ses belles volontés, ses désirs de renouveau, de renaissance, ses sentiments sulfureux, sa curiosité presque enfantine, s'envoler. En poursuite de l'étoile qu'il avait tant espéré et laissé filer. Et son âme se libérait de tous ces fardeaux, ne laissant là, qu'à portée de main, qu'une unique sensation. Qu'un souvenir. Qu'un visage. Alicia, les yeux clos, comme endormie. Laissée là en bas des escaliers. Et comment, et pourquoi, seul Julian pouvait le savoir. Du moins, seul lui croyait être dans la confidence.
Il fut surpris de se sentir tenu par les épaules. Aussitôt, il baissa les yeux, découvrant son père face à lui. Julian s'attendait presque à être secoué comme un prunier, mais rien de tel ne vint. Au contraire, préférant les mots aux gestes, Daren tenta de le raisonner. Evidemment, lui était plus ignorant qu'un enfant concernant son fils, devait-il lui en vouloir ? Qui aurait pu imaginer, qui aurait pu comprendre ?
En précisant que sa mère n'était plus et qu'elle ne reviendrait jamais, Julian se força de réprimer une moue. Il manqua d'ajouter « Par ma faute », mais préféra se taire. Lorsqu'il sentit la main de Daren tout contre son cœur tambourinant, Julian eut l'impression de cesser de respirer. Un contact si tendre, si délicat, presque étranger. Il fut pris d'une envie terrible de tomber dans les bras de son père. Mais il savait que c'aurait été mensonge, car ce geste ne lui rappelait encore qu'une seule et unique personne, sa mère. Et comme Daren le lui avait bien répété, jamais personne ne prendrait sa place. Pas même lui.
Sans un mot, Julian laissa son père le rassurer à sa manière. Malgré sa touchante attention, qui avait une seconde fait écho à Alicia, Daren n'avait pas la même approche. L'héritier King trouva son paternel presque démuni, un peu en manque de confiance. A croire qu'il n'avait pas eu la prétention de prévoir ce jour maudit. Le jour où Julian vomirait son dégoût de la vie devant lui, où il cracherait sur le destin funeste qu'on lui avait réservé.
Julian sentit sa mâchoire se contracter lorsque la main de Daren se posa sur sa joue. Mais une goutte de pluie s'écrasant sur son visage força un frisson. D'autres suivirent, et le fracas mélodieux de la tempête se répéta une nouvelle fois.
La proposition de Daren était alléchante, mais Julian ne pouvait y céder entièrement. Il y aurait toujours ce petit rien qui l'éloignerait de lui, par amour, par besoin, par vérité. Mais juste pour cette fois, pour ce jour maudit, Julian avait envie d'envoyer le destin à ses prédictions barbantes. Alors, la pluie glissant sur ses cheveux et sa nuque, le jeune homme laissa sa tête se poser sur l'épaule de son père.

-Je suis tellement fatigué...

De lutter, contre ce monde, les mensonges, la réalité, les autres, les regards, les amours, les haines, les regrets, les pardons, les sourires, les larmes, le désir, la politesse, la réussite, l'échec, la culpabilité, le temps. La vie.

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C’était très difficile pour Daren de savoir quoi faire ou quoi dire avec Julian, il voulait se rapprocher de lui mais ne savait pas comment s’y prendre tout simplement parce que le garçon refusait de s’ouvrir à lui, il refusait catégoriquement de se confier et de lui exposer ses craintes, ses angoisses, ses problèmes qui lui pourrissaient la vie. Bien sur la mort d’Alicia et la perte tragique de sa mère devait être un élément clé de sa tristesse mais comment comprendre l’étendu des dégâts s’il ne venait pas à lui. Il le sentait complètement désabusé, abattu par la situation mais sans comprendre ce qui le rongeait à ce point, il se sentait responsable de la mort de sa mère mais pourquoi ? Avait-il des choses à cacher ? Pleins de possibilités traversaient l’esprit du patriarche, il avait émit tellement d’hypothèses sur sa mort, cambriolage raté, vengeance d’un voisin, conflit avec une de ses amies, cinglé qui trainait dans le quartier… Mauvaise cible… Joy, Julian ou lui-même avaient pu être les vraies personnes visées mais le tueur avait du se débarrasser d’Alicia qui s’était retrouvé là au mauvais moment et à entendre parler son fils cette proposition ne semblait pas si irréaliste que ça. Sinon pourquoi se sentir à ce point coupable ? Mais il continuait de refuser de lui parler, il aurait voulu lui mettre une baffe pour le réveiller et le forcer à réagir mais c’était au dessus de ses forces, il n’était pas responsable de son état il était victime du destin de sa mère.

Ce qui se passa par la suite Daren l’attendait avec impatience mais en même temps il n’y était pas préparé car il pensait ce moment impossible, improbable, sortant tout droit de son imaginaire. Le fils prodigue déposant sa tête contre l’épaule de son père qui hésita un instant avant de passer son bras gauche autour du corps de Julian tandis que l’autre glissait de sa joue à sa tête pour le rapprocher encore un peu plus de lui… « Je suis tellement fatigué »… Ces quelques mots résonnaient dans la tête du quarantenaire, il était à la fois profondément triste de se voir impuissant devant son enfant et en même temps emplit de joie de pouvoir l’avoir contre lui qu’il ne put s’empêcher de faire ce qu’il aurait du faire il y a deux ans le jour de la mort de sa femme, il approcha ses lèvres de la tête brune de son fils et l’embrassa sur le haut du front… Un geste qu’il faisait pour la première fois avec lui, il l’avait déjà embrassé à de rares occasions quand il était plus jeune mais chez les King le père donnait son attention à la fille et la mère au fils. Quoi qu’il en soit il se sentait pris entre deux eaux… Son geste bien qu’affectif le mettait à la fois mal à l’aise tant il n’était pas naturel chez eux de se comporter de la sorte mais à la fois le rendait heureux…

« Tu n’es pas seul Julian… Tu n'es plus seul... » Une façon de lui signifier une fois de plus qu'il pouvait compter sur son père quoi qu'il arrive. Son épaule était à sa disposition si le poids de toute une vie ne tenait plus sur les siennes, le corps musclé du père King pouvait endurait les craintes de ses enfants, il s'était muré dans le silence pendant deux années qui l'avait endurcit encore un peu plus, le maître de sa vie c'était lui et il emmerdait le destin.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

« Tu n'es pas seul, Julian... Tu n'es plus seul. » Les mots battaient le crâne de Julian comme la pluie fracassait les vitres de la voiture de Daren. Julian gardait le regard tourné vers l'extérieur, figé sur le paysage défilant. En réalité, il ne voyait rien, tout était avalé par le rideau grisâtre. Mais c'était bien trop difficile pour lui de poser les yeux sur son père. Non pas qu'il n'en eusse pas envie, loin de lui cette idée, mais il se sentait gêné. Deux ans qu'il était resté sur la défensive, à reculer bien plus que de nécessaire, et là, il avait fait un pas en avant. Un pas minuscule, certes, mais c'était l'intention qui le dérangeait. Il avait flanché, et d'une certaine manière, c'était un si mauvais présage...
Bientôt, le véhicule vira dans l'allée du numéro un. Le trajet s'était déroulé en silence, comme à l'habitude. Julian avait bien fait un effort, mais toutes les volontés du monde ne suffisaient pas à le changer du tout au tout. Il était et restait réservé, être penseur plutôt qu'ara bavard. Aussi, malgré la pluie battante, Julian n'hésita pas une seconde avant de s'extirper de la voiture de Daren. Il ne songeait qu'à se blottir sous un plaid dans le canapé. Au préalable, le jeune homme n'aurait pas oublié de se préparer un chocolat chaud, parfait pour les mauvais jours, dixit Alicia. Rituels pour une survie douloureuse. Mais Julian, durant ces trois ans qui avaient suivi le décès de sa mère, n'avait trouvé une autre solution. Il avait trop mal, était trop déçu. S'il ne se libérait de ses secrets, alors ils vivraient avec pour l'éternité. Et cette perspective l'avait obligé à agir en conséquence. Pas de regard, pas de confiance. Une simple cohabitation avec son père et sa sœur. Sauf que le temps avait passé, et que le soleil avait de nouveau fait irruption dans leur vie. Joy s'était relevée grâce au soutien de Maxim. Son père à celui de Rebecca. Et lui,... ne plus songer à Lucy. Il avait cru à la lumière et finalement voué à se fracasser le crâne sur un mur d'ombre. Et puis, il avait cédé, il avait parlé, il avait exprimé son mal devant son père. Chose qui le démangeait depuis des mois et des mois, sans qu'il n'assouvisse ce désir enfoui. Et maintenant que le mal était fait, il fallait aussi agir en conséquence. Il ne pouvait avoir avancé un pied pour le reculer aussitôt. Julian le savait : il avait besoin de son père, de sa présence, de ses conseils, et même si celui-ci était ignorant de tous les maux qui le hantaient.
Le jeune homme se faufila dans le foyer avant de s'écrouler directement dans le canapé. Au diable le chocolat chaud, l'heure était au changement. Il laissa sa tête tomber sur ses mains, le dos courbé. Il ne savait comment agir autrement, la douleur le flagellait chaque seconde un peu plus, et il se sentait vide. L'espoir avait abandonné le navire bien avant les rats. Il ne croyait plus à cette renaissance qu'il avait tant envisagée, et qu'il voyait se profiler chez son père et sa sœur. Pour lui, c'en était fini, et d'une certaine manière, cela n'était qu'un retour à la normale. Les gens comme lui n'avaient pas à vivre comme tous les autres...

-Lucy Roberts, c'est son nom, annonça Julian dès qu'il eut entendu la porte se fermer.

Il n'avait pas levé les yeux, contemplant ses chaussures humides et son jean condensé par la pluie. Daren n'était pas son père sans raison. Et en l'absence d'Alicia, Julian avait compris qu'il pouvait se reposer sur ses épaules. Alors compte-tenu des quelques pas que Julian avait fait en sa direction, effort quasi-surhumain, le jeune homme s'obligea à poursuivre la conversation. Du moins, à clarifier la situation. Que son père comprenne pourquoi les larmes, pourquoi le désespoir, pourquoi la déception. Ce n'était qu'un semblant de vérité, mais cela pouvait déjà répondre à bien des questions.

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Ce moment de rapprochement avec son fils avait semblé duré une éternité entre les deux hommes, Daren avait senti que le garçon n’en pouvait plus et qu’il avait réellement besoin de lui-même s’il ne parvenait pas à l’admettre, à l’avouer, à lui demander… Mais ils e devait d’être là quoi qu’il arrive, toujours présent jusqu’au bout peu importe les réactions de Julian. Ils avaient finit par quitter ce lieu et cette pluie fracassante pour rentrer chez eux laissant quand même la voiture de Julian là où elle était c'est-à-dire garer n’importe où avec déjà une contravention, il ne serait pas étonné de la voir finir à la fourrière dès la fin de journée mais ce n’était pas vraiment un problème, il n’avait pu se résoudre à le laisser rentrer seul, un silence assourdissant s’était installé pendant le trajet avant qu’ils n’arrivent devant la maison, s’engageant dans son allée il coupa le moteur tandis que Julian rejoignait rapidement la chaleur du foyer familial… Le père resta quelques secondes de plus au volant de sa voiture se demandant où tout ça finirait, il avait mal, son cœur souffrait de voir son fils dans un tel état sans parvenir à l’en sortir, que pouvait il se passer de si dramatique dans son esprit pour qu’il se sente responsable de la mort de sa mère, après tout il n’en était pas responsable… Il imagina ne serait-ce que quelques secondes son fils coupable et meurtrier mais c’était impossible, Julian n’était pas un tueur, encore moins capable d’ôter la vie de sa propre mère, celle qui avait toujours été là pour lui, il ne comprenait pas et ressentait un profond malaise dans cette situation d’incompréhension, le seul qui pouvait l’éclairer était ce garçon silencieux qui ne voulait pas parler.

Il finit par sortir à son tour et ferma la porte derrière lui avant de retirer son manteau pour l’accrocher à l’entrée avant d’entendre la voix de son fils en provenance du salon. Il s’approcha alors et vit son fils, tête entre ses mains abattu sur le canapé. Il voyait enfin de qui il avait parlé tout à l’heure, à l’entente de son nom de famille il avait pu faire le rapprochement. Certes il n’était pas très proche de ses voisins mais Daren se tenait quand même au courant de ce qui se passait dans le quartier depuis toutes ces années et il avait déjà entendu parler de cette européenne qui était venu vivre dans le quartier.

« C’est la fille qui habite chez les Wainwright c’est ça. » Dit il dans un premier temps, ce n’étais pas une question, du moins plutôt une affirmation déguisée avant qu’il n’enchaine à nouveau. « Tu lui as envoyé un message non pour lui expliquer que tu serais en retard ? Tu n’as pas eu de réponses ? » Demanda t-il alors avant de passer sa main dans ses cheveux pour les tirer en arrière alors qu’ils étaient bien trempés par cette pluie terrible qui s’était abattue sur eux tout à l’heure dans le parc. Il s’éloigna dans le couloir pendant que Julian gardait le silence avant de revenir avec une serviette dans les mains qu’il tendit à son fils en s’asseyant à côté de lui. Il aurait voulu lui proposer quelque chose à boire, un café, un chocolat chaud, la marque de fabrique des King, il repensa à l’autre soir quand Joy lui avait demandé de lui préparé ce fameux chocolat si spécial qu’il avait l’habitude de lui faire par le passé, peut-être que Julian voudrait en profiter lui aussi… Mais pour Daren un bon verre de whisky ferait l’affaire, il avait besoin de quelque chose de fort pour se remettre des déclarations de son enfant qui résonnaient encore dans son esprit comme des coups de marteaux affreusement douloureux, voir sa propre progéniture souffrir était une chose, mais en ignorer toutes les causes était encore pire.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

-Oui, c'est elle.

En réalité, Julian savait qu'il n'avait pas à répondre. Ce n'était pas une question qu'avait formulé son père, plutôt une affirmation. Lucy était connue en tant que jeune fille au pair chez les Wainwright, c'était ce qui faisait sa gloire dans le quartier. En dehors de ce titre, Lucy n'était rien qu'une étudiante banale aux yeux des gens. Julian n'en avait que faire de ce que ses voisins pensaient de la brunette. Il s'était juré il y a bien longtemps de ne tenir compte de l'opinion de ces hypocrites. Et de toute façon, il n'avait besoin d'eux pour sentir son cœur battre et pour être déchiré.
Les quelques questions de Daren vinrent le meurtrir un peu plus. Ses erreurs étaient tellement naïves, tellement innocentes, tellement stupides. Pourquoi n'avait-il pas pensé à l'avertir de ce contre-temps ? Un texto aurait suffi. Lucy n'aurait pas attendu, n'aurait pas espéré. Elle se serait faite à l'idée de patienter quelques minutes avant de le voir, et il l'aurait trouvée comme promis au lieu du rendez-vous.
Julian souffrait rien qu'à y penser. C'était cet oubli qui l'avait tué, poussé aux enfers. Si seulement sa maudite tête d'abruti fini n'avait pas mis de côté une chose aussi importante ! C'était horrible, mais le jeune homme savait qu'il ne devait sa douleur qu'à lui-même. Il était unique responsable de son échec sentimental, et s'il sentait son cœur exploser, alors qu'il s'en veuille jusqu'à la mort.
Sa mâchoire serrée à l'en blesser, Julian préféra se terrer dans le silence. Il se savait bien plus éloquent dans ce domaine, et son père n'avait pas toujours besoin de mots pour le comprendre. Enfin, parfois. Cette fois-là, Daren jugea bon de s'éclipser un instant pour se munir d'une serviette. En revenant, il en fit profiter Julian qui n'eut aucun réflexe et dut attraper le chiffon à même le sol. Il le jeta sur ses cheveux humides et se laissa mourir à nouveau, sans même prendre la peine de les sécher. Et caché dans l'ombre du tissu, enfin Julian se décida à répondre :

-J'ai trop attendu. Je l'ai laissée poireauter vingt minutes avant de réagir. Je suis un imbécile profond.

Julian restait immobile, yeux rivés et figés sur le tapis du salon. Ses bras semblaient vides et las, comme le reste de son corps (x). D'une certaine manière, le jeune King n'avait qu'une envie : ne sentir que cette plaie béante qui lacérait son cœur, purulente à souhait, le déchirant lentement. Morsure délicate d'une chair sanglante, muscle amoureux et palpitant comme un petit oiseau. Il n'avait besoin que de ce mal, tendre et sournois, qui s'insinuait dans ses veines. C'était morbide, mais c'était la meilleure manière d'affronter la réalité et le futur qui l'attendait. Car s'il ne trouvait pas de solution pour revoir cette étoile volée, alors Julian le savait : il pourrait définitivement dire adieu aux lendemains. Sa vie ne serait alors jonchées que de passés déroutants, d'échecs sombres et de sanglots amers.

-Je ne sais pas quoi faire... lâcha-t-il presque en un soupir. J'ai tant besoin d'elle.

Puis, une once d'espoir força le fils à lever les yeux vers Daren. Il cherchait un soutien, il cherchait une idée, il cherchait un miracle. Mais même cette perspective paraissait irréelle. Julian ne connaissait rien à l'amour, rien à la vie. Et pour cela, il avait encore besoin de ce modèle qu'était son père.

-Tu penses que je dois abandonner ?

Même si son corps entier criait à la défaite, même s'il saignait de rage et de haine à son propre égard, Julian espérait que son père lui interdisse. « Non », c'était le mot qu'il désirait plus que tout au monde.

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Julian confirma les paroles de Daren même si celles-ci n’avaient pas réellement besoin de réponse, il n’y avait pas beaucoup de Lucy dans le quartier… Il n’y avait qu’elle en fait, mais le père de famille ne la connaissait pas, il l’avait surement déjà croisé dans les rues sans forcément s’en rendre compte mais Julian semblait être proche de la jeune femme, comment aurait-il pu le savoir, sa relation avec son fils n’était pas la meilleure qu’il soit et il avait besoin qu’il fasse un pas vers lui pour pouvoir cet était de fait et c’est exactement ce qui s’était produit aujourd’hui, entre leur discussion avant son départ et leurs retrouvailles au parc où il avait pu prendre son enfant dans ses bras pour la première fois depuis très longtemps… Il n’arrivait même plus à se souvenir tant l’eau avait coulé sous les ponts depuis cette époque lointaine, oubliée et enfouie au plus profond de son âme. Malgré tous les différents qui le séparait de Julian, ils étaient pareils sur de nombreux points, il l’avait éduqué de manière relativement sévère dans le sens où il l’avait trop privé de son affection pourtant réelle, mais il était devenu un jeune homme intelligent, ambitieux et proche de lui sur certains points du caractère. Il était certain que Julian n’appréciait pas ses voisins, qu’il détestait devoir en côtoyer pour la plupart et ressentir leur hypocrisie qui empestait l’air ambiant quand ils sortaient ou ouvraient la bouche, c’est exactement ce que ressentait Daren… Tous des menteurs qui prétendaient faire partie des amis de la famille King mais qui dans le fond n’en avait rien à foutre et se contentaient de cacher des informations qui pourraient leur permettre de trouver le responsable de leur malheur. Il y avait pensé quelques fois et savait que s’il n’avait pas rencontré Rebecca il y a un peu plus d’un an il aurait surement fait une bêtise… Il se serait encore plus renfermé sur lui-même et aurait sombrer totalement avant de commettre l’irréparable, la colère était toujours présente en lui et la seule qui parvenait à le calmer c’était Alicia, elle n’était plus là et il avait du trouver quelqu’un d’autre pour concentrer son esprit ailleurs et la mère Ainsworth était apparue à ce moment critique et s’était démenée pour lui faire sortir la tête de l’eau, sans elle ce rapprochement entre père et fils n’aurait jamais pu avoir lieu.

Il se cacha le visage avec la serviette avant de parler en précisant qu’il avait trop attendu et qu’elle l’avait attendu pour rien, sans qu’il ne la prévienne, il ne ressemblait plus à rien à part une loque humaine sans vie, sans âme, sans une seule lueur de bonheur… Il rajouta qu’il ne savait pas quoi faire et qu’il avait besoin d’elle, visiblement leur relation était peut-être bien plus qu’amicale comme il l’avait pensé tout à l’heure, il aperçut alors enfin son regard, ses yeux toujours rougit et cette tristesse… Il déstabilisa un moment le père de famille qui avait l’impression de se voir dans le miroir, des souvenirs entier lui revinrent en mémoire, cette douleur, ce coup d’épée qui l’avait transpercé quand il avait comprit que sa femme n’était plus… Il avait l’impression de partir, de ne plus être dans ce salon avec son fils, d’être à nouveau dans cette ambulance, à genoux à côté du brancard sur lequel était posée Alicia, cette tristesse, l’effet d’être seul, abandonné de tous et de perdre une partie de soi même, il pouvait le lire dans l’âme de son enfant et cela lui faisait mal, son cœur se contractait, son estomac se nouait, la question de Julian le fit revenir à le réalité, son regard vira à la surprise et il se sentait presque outré d’entendre de tels propos de la bouche de son fils.

« Abandonner ?? Je t’interdis de prononcer ce mot Julian, tu n’as pas le droit de laisser tomber aussi facilement !! Tu es un King, tu dois te battre pour obtenir ce que tu veux et ce que tu désires !! » Dit-il en lui prenant la main pour la serrer et ne former qu’un seul poing qu’il leva légèrement pour lui faire comprendre. « Je ne sais rien sur elle mais tu as l’air de beaucoup tenir à elle, tu veux vraiment la laisser partir et t’échapper ? J’ai ressenti ta tristesse Julian, j’ai vu ton désarroi quand tu t’es rendu compte de ton erreur… Tu ne peux pas lâcher prise pour un simple rendez-vous raté, si elle est si importante à tes yeux je suis certain qu’elle le mérite amplement et elle est capable de comprendre pourquoi tu ne l’as pas prévenu et pourquoi tu étais en retard, elle ne peut pas t’en vouloir autant et si tu veux rejeter la faute sur moi n’hésites pas, après tout c’est moi qui t’ai mis en retard, si cela peut te réconcilier avec elle fais le. » Rajouta t-il pour compléter sa tirade et tenter de convaincre son propre sang de ne pas se comporter comme les autres et d’aller jusqu’au bout, un King n’avait pas le droit de se laisser aller, cela faisait trop longtemps qu’un silence assourdissant détruisait les murs de cette maison, le vase était plein et Daren ferait tout pour que Joy et Julian aillent de l’avant sans regarder en arrière, l'important c'était leur bonheur et tous les sacrifices seraient acceptables pour se faire.

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

Ce n'était pas un « non », clair, précis et concis que Julian obtint. Mais bien une interdiction et il en remercia plus que de raison son père. Il l'obligea à honorer son sang, sa famille, sa mère aussi, en s'assurant de tout faire pour atteindre son but. Et l'objectif de Julian, si étrange pouvait-il paraître, était de se relever, de sortir du noir, quitter l'horreur, naître à nouveau, aimer aussi, oublier, avancer. Et ce, il le savait, n'était envisageable et possible qu'en présence de Lucy.
Pour clarifier ses mots, même si c'était en réalité inutile, Daren jugea bon de gestualiser sa conviction. Il s'approcha de son fils et unifia son poing avec le sien. Julian fixa longuement leurs deux mains liées et comprit à quel point son père s'investissait dans son mal. Contrairement aux deux années qui avaient passé, à leurs silences, leurs incompréhensions, leurs désarrois, leurs haines, leurs sanglots qui n'avaient fait que creuser un peu plus le fossé entre eux..., en dépit de tout ce drame, ils s'étaient enfin rejoints. Et en sentant la chaleur provenant de cette main presque étrangère, Julian eut l'intuition qu'il était enfin soutenu par un homme. Par Daren. Par son père.
Julian ne parvint à sourire même si ce fut son intention première. De plus, il ne put en placer une avant la tirade de son père, qu'il écouta avec plus ou moins d'attention. Les trop longues phrases de son père étaient déformées par les complaintes dans la tête de Julian, les questions incessantes, les dévalorisations martelées à coup d'insultes à l'égard de lui-même, mais il réussit tout de même à en comprendre le sens. La dernière phrase, cependant, le dérangea. Son père l'autorisait à le rendre responsable de son retard et donc de son échec. Cette option était lâche : il était l'unique coupable dans cette sordide affaire. Ni son père ni personne d'autre que lui n'avait à porter ce chapeau. Aussi, il n'hésita pas à répondre presque du tac-au-tac pour remettre les choses au clair.

-Jamais ! Je suis un King, tu viens de le dire. Te rendre coupable de mon erreur serait lâche, et aucun King n'est lâche ! Corrigea Julian sèchement avant de reprendre plus bas, en théorie, du moins...

Oui, car le mensonge n'était pas une forme de gloire. C'était bien une forme de lâcheté. L'honnêteté se gagne et si chaque membre de la famille King méritait d'obtenir la vérité, Julian n'était pas de cet avis. Ses secrets bien gardés faisaient de ce monde un univers meilleur, et de sa famille un foyer protégé. Et même si parfois, le poids d'une telle réalité devenait très lourd à porter sur ses épaules de gamin, il ne se voyait faire autrement. Avec l'annonce de son secret, quel serait le futur de la famille King ? Le sien, il le connaissait : case prison pour terminer sur la chaise. Mais celui de Joy, celui de Daren ? Souffrances bien plus terribles encore que ce qu'ils avaient toujours connu. Et cela, Julian se refusait de leur infliger. Un drame suffisait amplement, et s'il réussissait à contrôler le monstre qu'il était, alors tout irait pour le mieux. Et dans l'optique de garder jusqu'au dernier jour ses connaissances et ses mystères, Julian devait penser à survivre. Alors il avait songé à renaître, et plus qu'une simple pensée : il en avait eu besoin, puis envie. Face à Lucy, à cette étoile rayonnante, Julian avait vu la vérité, avait vu sa future vie. Et d'une certaine manière, il avait perçu la compréhension, une sorte de réflexion. Il s'était reconnu en elle, et sentait qu'elle pouvait le comprendre. C'était elle, et nulle autre.

-Je dois prendre mes responsabilités, je dois m'excuser, je dois l'obliger à me pardonner... commença le jeune homme avant de soupirer. Mais comment ?

Julian se cacha à nouveau sous sa serviette. Il savait ce qu'il avait à faire, à dire, mais n'était pas dupe. Si Lucy lui en voulait, elle n'irait pas lui obtenir de rendez-vous. Il devait frapper un grand coup. Fort et juste, en plein milieu de la cible. C'était son dernier espoir.

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Julian resta un moment interdit sur le poing que formait leurs deux mains réunis, en une seule après-midi, très courte, les deux hommes s’étaient fortement rapprochés et Daren ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin, maintenant que son fils avait fait un pas vers lui il allait s’en servir pour compléter la marche en avant, il ne lui laisserait que faire le tout derniers pas, celui qui les réconcilierait, qui les unirais pour faire face et qui permettrait aux King de montrer à tous ces hypocrites de voisin qui ils étaient et qu’ils n’allaient pas se laisser mourir chacun leur tour pour retrouver Alicia plus vite… Julian ne parlait pas beaucoup mais depuis aujourd’hui il avait déjà bien plus parlé en plus de deux ans de vie commune sous le même toit, ce constat était d’ailleurs affligeant. Le garçon finit par réagir à toutes les paroles de son père de façon assez virulente, il refusait de le rendre coupable de ce retard et de ce lapin posé en bonne et due forme, pourtant il l’était plus ou moins. S’il ne l’avait pas interrompu alors qu’il s’apprêtait à sortir il aurait pu être à l’heure, mais son fils ne lui avait rien dit, d’ailleurs il s’en étonnait, elle semblait très importante à ses yeux et il l’avait complètement zappé pour se concentrer sur son père, à y réfléchir les deux mâles King étaient responsable de l’absence de Lucy dans ce parc. Il le regardait avec un air surprit à son tour à l’écoute de ses paroles, surtout de la fin de sa phrase, en pratique il y avait des King lâches ? De quoi parlait-il…

« Soit, si tu préfères tout assumer c’est ton choix Julian, mais je suis aussi fautif, tu étais prêt à sortir la rejoindre et je t’en ai empêché, mais tu as raison, tu n’es pas un lâche. » Dit-il avant de lâcher la main de son rejeton qui lui expliqua qu’il devait prendre ses responsabilités, qu’il devait s’excuser et l’obliger à lui pardonner mais sans savoir comment faire tout ceci, il le vit à nouveau s’engouffrer sous sa serviette ce qui fit sourire le père de famille, il avait l’impression d’avoir son petit garçon à côté de lui, celui qu’il avait il y a plus de dix ans, ce gentil petit garçon qui se cachait dès qu’il savait qu’il avait fait une bêtise, cette fois ci il n’avait pas sa mère pour se protéger mais bien un père qui pouvait le pousser vers la lumière et de toute évidence cette lumière portait le prénom de Lucy. Daren avait plus d’expériences que son fils dans ce domaine mais le problème était qu’il ne connaissait rien de cette jeune femme et il ignorait si Julian était prêt à lui en dire un peu plus, il ne savait pas pourquoi mais le voir dans cet état, amoureux au possible et attendant une aide de sa part était quelque chose qui créait un sentiment étrange au fond de lui, il se sentait revivre, il se sentait enfin père avec son fils, l’homme mur d’expérience qui pourrait l’aider et le conseiller.

« Je ne connais pas Lucy et il serait profitable que tu m’en parles un peu si tu veux que je t’aide Julian. » Dit-il en posant sa main puissante sur le genou de son fils avant de reprendre aussitôt la parole. « Mais la première chose à faire est de lui expliquer la situation telle qu’elle est vraiment sans en omettre le moindre détail, de là tu verras sa réaction, alors je ne suis pas sur qu’elle accepte de te parler, tu peux donc lui envoyer un message si elle reste muette à tes appels… » Rajouta t-il pour lui donner sa façon de procéder, il ferait ce qu’il voudrait de ses conseils mais au moins il ne serait pas resté les bras croisé à le laisser se démerder, si cette fille pouvait rendre Julian heureux et le faire se réconcilier avec la vie, il fallait qu’il se démène pour que cette histoire soit la bonne, il pensa alors à Joy et à l’idée de lui trouver quelqu’un à elle aussi… Il y penserait plus tard.

« Il y a de fortes chances pour qu’elle n’accepte pas tes explications, les filles ont souvent un trop fort caractère à ce sujet… Alors tu devras insister et la surprendre, créer l’étonnement chez elle pour qu’elle se rende compte que tu es différent et que tu regrettes amèrement ce qui s’est passé aujourd’hui. » Précisa t-il une nouvelle fois avant de se taire pour laisser Julian accepter ce qu’il venait de dire et réagir à ce sujet, il n’y avait pas cinquante solutions possible, la sincérité devait être la clé de voute de sa rédemption, ce constat était contradictoire par rapport à la proposition de s’accuser soi même ? Non pas vraiment puisque Daren se tenait pour responsable du malheur de son fils et pas que pour aujourd’hui, mais depuis le 10 Mai 2010…

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

Vient un temps où tout change. Où le noir se transforme en blanc et où les morts reviennent à la vie. Où le souvenir se confond avec la réalité et où l'on rêve éveillé. Etait-ce ce malaise ? Cette sensation dérangeante d'une dimension qui se distord et qui maltraite les cœurs et les corps, les vérités et les pensées ? Qui plonge tous ces ingrédients et les mélange pour obtenir un liquide visqueux et innommable ? Julian ne savait pas, mais son corps en entier ne comprenait plus la situation. Les quelques soupçons de réalités le faisaient cependant bien souffrir. Lucy, elle s'en était allée. Il l'avait trahie, elle était partie. Douce logique pourtant tragique. Et le cœur ouvert, plaie à vif, fissure mortelle, Julian attendait les conseils de son père. De cet homme qui acceptait de lui parler et de l'écouter, malgré les deux années de silence qui venaient de s'écouler. Comment ce changement soudain pouvait-il s'expliquer ? Nul ne pouvait répondre à cette question, mais une chose était sûre : ni Daren, ni Julian ne souhaitaient trouver de raisons. Car les deux rois méritaient de rattraper le temps perdu. De parler comme jamais ils ne l'avaient fait. D'être honnêtes. De se confier les peines qui alourdissaient leurs épaules et leur cœur. Pour cela, Daren quémanda des informations sur Lucy. Son fils n'osa même pas bouger : il ne savait rien. Strictement rien d'utile. Rien de récent, ni de fatalement personnel. Et pourtant, il sentait, au plus secret de lui, que la réponse était là, simple comme bonjour, évidente et calligraphiée noir sur blanc.
Daren semblait, comme l'avait pensé Julian, très sûr de lui en la matière. Il n'hésita pas avant de pronostiquer les réactions futures de la jeune fille. Finalement, cela n'était pas utile que Julian lui parle de Lucy. Du moins, si elle avait pour habitude d'agir comme les autres demoiselles. Mais rien n'était moins sûr, car si quelqu'un pouvait s'amouracher de l'héritier, ce n'était certainement pas une personne ordinaire. Ses airs de romantique et sage gamine dissimulaient sans nul doute une profondeur bien plus dérangeante. Le genre à se sentir à l'aise avec un garçon asocial et longtemps soupçonné d'avoir tué sa mère. Il n'y avait que les naïfs et les simples d'esprit pour croire à un amour désintéressé. Mais si Julian n'était pas de ceux-là, il évitait de se poser trop de questions. Lucy était celle pour qui il se sentait prêt à décrocher la lune ou presque. Elle l'éclairait parcimonieusement d'une douceur délicieuse, et il savait mieux que quiconque qu'il n'y aurait qu'elle pour donner le calme à son cœur houleux.
« Alors tu devras insister et la surprendre, créer l’étonnement chez elle pour qu’elle se rende compte que tu es différent et que tu regrettes amèrement ce qui s’est passé aujourd’hui. » Julian leva subitement la tête, la serviette glissant nonchalamment sur ses épaules. Quelle drôle d'idée ! Surprendre Lucy ? Il ne voulait pas bien comment s'y prendre, mais se sentait stupide de poser la question. La seule idée qui lui vint en tête fut de lui offrir des fleurs. Ca, c'était une sacrée surprise, ne pensez-vous pas ? Venant de Julian, ça pouvait paraître réellement incroyable, mais c'était aussi se limiter à l'humanité entière. Et le jeune homme n'était pas prêt à se mêler à nouveau à cette foule de testostérones. Il se sentait encore à part, dans un monde bien à lui, où le passé et les regrets s'entremêlaient dans une mélasse de chagrin.

-La surprendre ? Je n'ai aucune idée de comment faire ça. Le jeune homme soupira douloureusement, tu vois, je la vois bien adorer les couples qui s'embrassent sous le gui, ou les nuits romantiques sur une plage déserte, les trucs que l'on ne voit que dans les films !

Sous-entendu qu'il n'était pas du tout capable de réaliser un tel projet. L'idée même d'avoir un rendez-vous lui était difficilement concevable, en dépit des bons sentiments qui l'animaient et de l'envie furieuse qui ravageait son être entier. Alors sortir des chemins débroussaillés pour plonger nez le premier dans les ronces, Julian ne possédait pas une telle hardiesse. Mais une voix lui soufflait qu'il n'y avait cependant aucun autre choix.

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Daren parvint à la force de ses mots à créer l’intérêt chez son fils, celui-ci toujours avachis dans le divan releva la tête, dégageant ainsi son visage de sous cette serviette qui termina sa légère course sur ses épaules. Il ne voyait malheureusement pas comment s’y prendre avec elle, il se mit à soupirer avant d’émettre une hypothèse sur les goûts de Lucy, d’après lui elle était du genre très romantique, fan des romans à l’eau de rose et des rebondissements débordants d’amour et de clichés. Malgré ces deux années de silence et toute cette enfance à élever son garçon d’une certaine manière, Daren connaissait Julian et savait qu’il n’était pas comme les autres, qu’il n’avait pas la même conception du présent et de l’avenir, celui-ci voyait bien sur tout en noir depuis la perte de sa mère, mais si on mettait de côté ce drame terrible, Julian restait quelqu’un d’original, cela ne plaisait peut-être pas à tout le monde mais Lucy semblait intéressée ou du moins intriguée par le garçon. Le père King resta silencieux un moment, observant le visage décomposé de Julian qui semblait perdu dans ses pensées, il voyait bien qu’il savait ce qu’il devait faire s’il voulait avoir une chance d’avoir le pardon de sa belle. Pour Daren, l’idée que son fils se soit amouraché d’une fille signifiait son retour dans le monde des vivants, il pensait qu’il serait difficile de reconstruire sa famille, que Joy et lui allaient devoir se démener pour faire en sorte que son grand frère reprenne goût à la vie à leurs côtés mais la solution était là, juste devant lui, c’était ce doute, ce doute insistant qui venait d’envahir le visage de Julian, qui devait parsemer l’esprit du fils prodigue. Cette fois ci il n’était plus catégorique sur sa situation, il était pensif.

« Tu vois que tu es capable de trouver tout seul comment la surprendre Julian, si tu tiens à elle c’est que tu la connais, tu sais qui elle est et ce qu’elle peut t’apporter non ? Arrêtes d’hésiter, prends les choses en main, la plage c’est une excellente idée, il ne fait pas très bon en ce moment mais peu importe, le lieu reste romantique et plutôt classique, la simplicité avant tout Julian… » Dit-il en posant sa main sur l’épaule de son fils, il souhaitait réellement de tout son cœur que quelque chose de sincère puisse se passer entre eux deux, il en avait besoin, Daren aussi avait besoin que son fils se sente mieux, l’abcès était crevé entre eux à présent, il savait qu’une femme occupait ses pensée, il savait même de qui il s’agissait et finalement il avait accepté l’idée non sans difficulté. L’avis et l’opinion de ses enfants lui importait énormément, il savait ce qu’il ressentait pour Rebecca, tout comme Julian pour la fille Roberts. Mais il n’hésiterait pas à lui faire comprendre ni à lui avouer, Daren n’était plus un adolescent, il n’avait plus le temps de prendre celui-ci, il attendait juste que ses enfants soient au courant, le reste se ferait de manière naturelle, il espérait juste que tout soit réciproque afin d’éviter une déception, mais le King était sûr de lui, il avait confiance en l’avenir à présent grâce à elle, grâce à Rebecca, sans elle il ne serait pas en ce moment entrain d’aider son fils à y voir clair.

« Je suis vraiment désolé que tu ais loupé ton rendez-vous par ma faute Julian et j’espère sincèrement que tu vas pouvoir rattrapé cette erreur, il y a longtemps que je ne t’avais pas vu aussi investi dans quelque chose portant sur le futur… » Dit-il avec un petit sourire au coin des lèvres, sa main droite toujours posée sur son épaule faisait des petits mouvements, une manière comme une autre d’imposer sa présence de façon subtile, il était content de cette journée, certes elle n’avait pas été simple, au contraire plutôt catastrophique pour l’enfant mais en fin de compte elle leur avait permis de se rapprocher à nouveau et de manière plus significative que dans le passé, était-ce là l’annonce d’une nouvelle ère ? Un renouveau tant attendu qui allait voir la renaissance de la famille King ? Il le souhaitait…

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

Leurs regards se croisèrent enfin. Mais Julian paniqua car il ne voyait nulle crainte dans les yeux de son père : juste une grande fierté et une étrange confiance que le fils ne partageait pas. Qu'il cesse ! Cria le garçon pour lui-même, Qu'il cesse d'avoir foi en moi ! Mais aucun mot audible ne traduisit l'immensité de son désarroi. Il sentait cette grande main protectrice sur son épaule et avait envie de vomir. On ne pouvait trouver pire enfant en ce monde. Lâche, menteur et cherchant malgré tout l'amour autour de lui. Non, il n'avait la le droit d'espérer un tel sentiment. Il ne pouvait désirer tout ça. Interdit, prohibé. Il était condamné à voir les autres s'épanouir sans jamais partager leur allégresse. Si certains s'évertuaient à croire à un possible futur pour lui, ils se leurraient. Même ses études, sa belle psychologie et tout ce travail qu'il fournissait, étaient vains. A travers ces heures passées à bouquiner, Julian ne cherchait pas à construire son avenir. Désormais, ce qu'il désirait ardemment, c'était une réponse. Et plus qu'une réponse parmi tant d'autres, il voulait comprendre pourquoi lui. Comment était-il devenu une telle aberration ? Ce monstre qui sommeillait en lui, gueule ouverte, précipice béant, avide de sang et de larmes.
Toi, le Monstre, qui es-tu ?
Daren semblait avoir confiance en Julian, mais le fils se sentait terriblement désarmé. Surprendre Lucy lui paraissait bien impossible. Il se heurtait à un mur incroyablement haut et tellement épais, incassable. Et face à cette paroi glissante, Julian sentait le courage lui manquer. Mais il se refusait à témoigner ses appréhensions à voix haute : ne pas le décevoir plus encore, se répétait-il en exorcisme convivial à l'intérieur de lui même. Alors, pour toute réponse, l'héritier dévoila un mince sourire. Il avait tout noté, chaque mot prononcé par son père. Il savait quoi faire, mais comment ? C'était alors une autre histoire. Il tendit ses mains droit devant lui, et s'étira. Il leva les yeux au ciel, pendant que son père s'excusait de ce rendez-vous foireux. Investi pour le futur ? Julian manqua de s'étouffer avec un rire. Il n'était pas investi, loin de là. Sinon, il aurait pensé à prévenir Lucy, ou à lui téléphoner pour ne pas la laisser poireauter des années. Il aurait refusé la discussion avec son père, la repoussant de quelques misérables heures. Mais n'ayant rien fait de tout cela, Julian ne pouvait se dire investi. Intéressé, intrigué, volontaire un peu, mais certainement pas investi. Cependant, encore une fois, il n'osa contredire son paternel. Qu'il croie ce qu'il veut, si ça peut le rendre un tant soit peu heureux.

-J'écrirais une lettre pour la Saint-Valentin, proposa-t-il.

L'idée lui était apparue en lettres d'or et majuscules dans son esprit. Il s'en sentait bien plus capable que l'organisation d'un rendez-vous romantique. Et compte-tenu de son très récent échec dans le domaine, il était encore plus désemparé pour une rencontre physique. Si Lucy venait à lui cracher à la figure comme elle était en droit de le faire, il ne saurait comment réagir. Et si... il finissait par s'énerver, à lâcher le fauve ? S'il trouvait une lampe, une pierre, qu'importe du moment que ça pouvait blesser ? S'il jouait de ses poings ? S'il venait à la dévorer vivante, à la laisser exsangue sur le bas côté d'une route principale ?
Le monstre était là, grognant, rappelant sans cesse sa présence dérangeante. Et Julian ne savait comment l'empêcher d'agir. Jusqu'à maintenant, l'ombre avait été sa thérapie. Mais Lucy... pouvait-elle lui offrir le calme qu'il désirait plus que tout au monde ? Qu'elles se taisent ! Ses réminiscences du passé, ses envies noires ; il voulait vivre et avec tous les risques qu'il prendrait. Il était contradictoire ; mais il était humain.
Toi, l'Homme, qui es-tu ?

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Daren sentait que quelque chose était entrain de se passer aujourd’hui, que tous ces évènements laisseraient des traces chez le père comme chez le fils, mais pourtant il ressentait encore un malaise, un malaise sur lequel il n’arrivait pas à mettre d’explications. Julian l’écoutait, réclamait son attention et demandait son aide à ce père absent depuis deux ans qui avait décidé de remonter sur le devant de la scène. Il était réceptif à ses paroles et pourtant… Julian restait relativement silencieux, comme plongé dans ses pensées, des pensées dont il était le seul maître, le seul capable d’en connaître les moindres recoins, laissant tous les autres dans le doute le plus total. Le père ne comprenait pas le fils et ne voyait pas pourquoi tout était noir dans sa vision, il avait donc tenté une approche plus direct en lui parlant d’avenir mais Julian ne répondit rien et ce silence en disait bien plus long qu’un discours pompeux et barbant. Il ne partageait pas son avis sur la question mais refusait le dialogue à ce sujet, Daren n’avait pas envie de le brusquer, ils en resteraient donc là pour aujourd’hui, c’était déjà une belle avancée et Alicia serait surement contente de savoir que Daren avait finit par accepter sa disparition et reprenait petit à petit les choses en main. La route risquait d’être longue entre les deux mâles de la famille King, mais aujourd’hui, pour la première fois depuis le décès de sa mère, quelque chose pouvait être envisagé pour la suite.

Une lettre pour la Saint Valentin, c’était une idée originale, après tout cette fête des amoureux était le moment idéal pour avouer ses sentiments, il pensa soudainement à Rebecca et songea à l’inviter au restaurant ce jour là mais cela ferait surement un peu trop cliché de base pour un homme de son âge, autant resté dans le plus simple en l’invitant simplement un soir de semaine comme il lui avait proposé l’autre jour. De toute façon il n’allait pas lui avouer de but en blanc son affection et son attirance, tout devait être amené à ce qu’elle puisse s’en rendre compte toute seule, la peur du refus était toujours présente dans son esprit et cela malgré les discussions qu’il avait pu avoir avec elle ou même Esperanza qui suggérait qu’il comptait beaucoup pour la mère Ainsworth à son tour.

« C’est une bonne idée oui, tu as toujours été doué avec les mots, tu sauras sans doute trouver les bons pour lui faire comprendre tout ça. » Dit-il simplement en se levant et en posant sa main sur la tête de son fils avec beaucoup de délicatesse, comme une caresse pour continuer de le rassurer et de lui montrer que lui, Daren King, le père inexistant depuis trop longtemps était bien là, présent pour lui, avec lui et qu’il pouvait lui faire confiance. Une confiance qu’il espérait retrouver ou trouver tout simplement mais qui mettrait du temps à venir, il voulait que Julian lui parle, s’ouvre à lui et lui explique son mal être, mais c’était surement un peu trop tôt pour espérer quoi que ce soit de plus. Se retrouver seul pour élever deux enfants, deux jeunes adultes même, n’était pas une chose facile, surtout au vu de la situation familiale des King. Daren s’approcha alors d’une des fenêtres pour constater que la pluie continuait de tomber avec abondance. Il ne savait pas quoi dire de plus à son fils, il craignait de trop en faire et de se montrer trop présent d’un coup à ses côtés. Il ne voulait pas que Julian prenne son amour pour lui pour de la pitié face au désespoir de son enfant…

Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...

Buddha a dit : ❝ Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. Si il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri. Mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin. ❞

Doué avec les mots. C'était ainsi qu'il était perçu par son père. Oh, cela ne décevait pas Julian, pas du tout ! Il préférait -et de loin-, être un homme à livres qu'un homme à problèmes mathématiques, et ce même s'il était doué aussi pour l'algèbre. Seulement, les chiffres ne lui racontaient jamais aucune histoire, et c'en était désolant. Pouvait-il cependant dire qu'il savait manier le dictionnaire avec aisance ? Il avait toujours eu des compliments sur ses rédactions et autres comptes-rendu, et jamais ses professeurs ne s'étaient plains de sa grammaire ou de son orthographe, mais cela suffisait-il pour écrire une lettre de Saint-Valentin incroyable ? Plus qu'incroyable d'ailleurs, Julian devait réussir à reconquérir Lucy et à la convaincre de lui pardonner. Saurait-il rédiger une telle missive ? Rien n'était moins sûr, mais Julian n'avait pas le droit d'abandonner. Il le savait au plus secret de lui : la brune était sa rédemption, et sans elle, il élirait domicile à jamais dans le goudron noir qui tapissait son âme. Julian devait tout donner pour elle, sa plus grande franchise et aussi sa plus grande poésie. Lucy était ce genre de fille un peu fleur bleue certainement émue par des détails, un joli papier à lettre, une jolie écriture, une jolie syntaxe. Il faudrait qu'il lui offre une perfection délicate et alors il pourrait espérer la faire oublier ce rendez-vous foireux. Que de pression ! Mais travailler ainsi, Julian en avait l'habitude, et généralement, il gérait mieux la situation avec un coup de sang plutôt qu'en étant détendu.
Daren semblait ravi que son fils ait trouvé une solution à ce problème qu'il pensait avoir un tant soit peu causé. Il se leva doucement pour venir poser sa main sur le crâne humide du jeune homme. Celui-ci s'interdit la moindre réaction, craignant de se tromper dans le choix qu'il pourrait faire. Il garda la tête basse, le regard figé sur ses pieds gelés, la sensation de cette grande main chaude tout contre sa tête. Son père était là. Et cette présence lui procurait autant de terreur que de liesse. Car si Julian sentait son cœur retrouver une forme normale après s'être brisé en mille morceaux, et ce grâce à la reconnaissance qu'avait eu cet homme à son égard, et que cela le réjouissait, il se méfiait de peut-être le voir à nouveau disparaître. L'ombre noire hagarde dans la cuisine, dans la maison, ce mâle sévère et pourtant si désespéré suite au décès de son épouse, Julian ne pourrait l'oublier si rapidement. Et il le croyait encore bien fragile, comme un petit animal blessé qui se relevait péniblement d'une convalescence abusive.
Julian ne savait plus très bien comment se positionner par rapport à Daren, et résultant de son hésitation, un silence prolongé et une immobilité impeccable jusqu'à ce que le patriarche ôte sa main. Quand enfin il ne perçut plus la pression de la paume du King sur sa tête, le garçon redressa la tête et recoiffa ses cheveux. Il ne savait plus tout à fait quoi faire ; ses questions avaient trouvé des réponses, et son cœur avait entamé sa longue réparation. Quoi dire de plus ?

-Je... vais lire un peu, et prendre une douche, et ensuite, j'écrirai à Lucy, détailla Julian sans trop savoir pourquoi.

Il avait voulu sourire mais seule une commissure lui avait obéi, étirant ses lèvres en un sourire un coin un peu gêné. Puis, Julian s'était levé, avait lissé son jean et était resté là, planté comme un i mouillé, sans décider de partir. Le ridicule ne tuait pas, mais l'héritier des King sentait bien que ce sentiment l'enveloppait, et finalement, tourna les talons et fit quelques pas en direction de l'escalier. En touchant la rambarde, en comprenant que la complicité tendue qu'il venait d'avoir avec son père était sur le point de se rompre, Julian eut le cœur serré. Et si tout ceci n'était qu'un rêve ? Et si demain, tout recommençait comme avant, leurs deux ombres brisées par le chagrin qui se croisaient sans se rencontrer ? C'était un risque, et Julian était obligé de le prendre.

-Merci, papa, souffla-t-il avant de jeter un regard par dessus son épaule.

Son visage témoignait toute l'affection dont il était capable. Car malgré le chagrin et la mort, malgré la détresse, le sang restait le sang. Et Julian avait pu haïr cet homme, mais il ne pouvait oublier que cet homme était son père.

Invité

Julian ne réagit pas quand son père déposa sa main sur sa tête avant de s’éloigner pour rejoindre une des fenêtres du salon afin d’observer la pluie tomber encore et encore en cette triste après midi qui avait cependant vu deux êtres déchirés de l’intérieur se parler et s’aider mutuellement pour y voir plus clair et faire les bons choix pour l’avenir. C’était peut-être encore présomptueux de penser que tout allait s’arranger mais tout ce qui venait de se passer était tellement unique, presque inattendu que cela ne pouvait pas être une goutte d’eau dans l’océan de tristesse qui s’était abattu sur cette famille, il y avait forcément là quelque chose de sincère qui leur promettait des jours meilleurs. Daren ne savait plus quoi dire de plus à son fils, il espérait que tout s’arrangerait pour lui, cette Lucy dont il ne savait pas grand-chose finalement semblait être au centre de ses priorités et le King ne pouvait qu’être heureux pour lui. Il entendit alors la voix de Julian derrière lui qui précisait qu’il allait prendre une douche avant d’écrire à la jeune femme. Il était rare qu’il précise de cette manière son programme mais Daren ne s’en étonna pas, il tourna la tête vers lui avec un léger sourire conciliant.

« D’accord, prends ton temps pour le faire. » Suggéra t-il simplement comme dernier conseil à lui donner pour aujourd’hui. Il le regarda partir en direction des escaliers alors que lui se retournait vers la vitre pour se concentrer sur les gouttes qui glissaient lentement sur celle-ci, une progression lente au départ qui accélérait plus le rebord de la fenêtre se rapprochait… Qui grossissait et prenait plus d’ampleur au contact d’autres gouttelettes… C’était idiot mais il comparait ce processus à la famille King, seul il allait mettre du temps à reconstruire quelque chose avec ses enfants mais avec eux tout irait plus vite et le bout du tunnel leur semblerait rapidement moins lointain. Il avait foi en l’avenir, d’autres familles étaient passées par là, la tragédie de perdre un être cher qui faisait parti de notre quotidien et la plupart s’étaient redressés, il faudrait sans doute encore du temps pour eux mais Daren se devait de se montrer à la hauteur, il souffrait encore de la disparition brutale d’Alicia mais cela faisait bientôt trois ans… Le père devait agir pour son bien et celui de ses enfants, Joy et Julian n’avaient pas mérité de tout perdre ce jour là.

Il entendit alors une nouvelle fois la voix de son fils et tourna la tête avec un peu de surprise dans le regard, le sien croisa celui de Julian et un léger sourire satisfait et compatissant apparut sur le visage du Trader, il y avait dans le ton de Julian quelque chose de différent, comme si ces deux mots avaient perdu leurs sens au fil des années, du moins quand ils étaient associés. Son fils n’était pas un grand bavard et faisait tout pour cacher ses émotions mais aujourd’hui il avait accepté d’allé vers lui et venait encore une fois de le prouver. Daren fit un léger signe de la tête pour accepter ses remerciements mais ne pu rien dire de plus, il sentait que quelque chose venait de se passer alors que Julian reprenait sa marche en avant pour grimper les marches. Daren tourna à nouveau la tête et fixa le ciel gris dehors…

« Tu vois, j’ai respecté ma parole… Je n’ai pas abandonné ton fils… » Dit-il légèrement comme s’il s’adressait réellement à quelqu’un. « Tu n’es plus là pour lui rappeler que je suis son père et que je l’aime mais tu avais encore une fois raison Alicia… » Rajouta t-il en souriant avant de lâcher un petit rictus en secouant la tête de droite à gauche, son ex-femme lui avait plusieurs fois demandé de se montrer plus attentionné envers Julian mais Daren avait toujours refusé pour ne pas briser ce qu’il avait voulu créer en lui, aujourd’hui il regrettait mais savait qu’Alicia veillait sur eux.

Terminé...

» Help! I need somebody! (Daren King)
» Du temps | Daren King
» Another brick in the wall | Daren
» the end of a queen ; Zachary & Daren (FLASHBACK !)
» "Je fais juste mon Job" ft. Daren King

C'est la débâcle des sentiments. / Daren

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