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| J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. | |
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Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Ven 22 Mar - 22:09 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ Dans ses yeux se reflétait une colère qui n'annonçait rien de très bon. Evidemment, Julian avait prévu le coup ; il savait que ses petites avances, minauderies de premières, ne satisferaient pas son ancienne petite-amie. Elle n'était pas ce genre de fille à vouloir à tout prix des mines peinées chez ses amis. En dépit de son chagrin et de sa furie, Julia était plus à se rendre sur un terrain de golf ivre pour imaginer la tête de Zachary à la place de la balle que son club venait de propulser au loin, et d'en être pleinement euphorique. Mais Julian ne s'avoua pas vaincu. Il ne répondit cependant pas, hors de question de lui donner plus de matière à s'énerver. Lorsque Julia avoua n'avoir besoin de personne, il eut l'impression qu'enfin on en venait au cœur du problème. A savoir que la jeune fille était bien trop blessée pour lui faire confiance, lui, le meilleur ami du traître. Il le fallait bien, pourtant. Julian ne s'amusait pas avec les nerfs de la Fitzgerald : il lui avait dit la vérité, ni plus ni moins. Et c'était absolument nécessaire qu'elle adhère à ses propos.
-Je ne pense rien ; je constate juste que t'es à l'ouest et qu'il est à côté de la plaque aussi. Et vous êtes mes amis, alors j'essaie de voir si je peux me rendre utile. Ça changera, pour une fois.
Aïe, mauvaise tournure de phrase. Julian s'en rendit compte dans la seconde qui suivit ses propos. Ce n'était absolument pas par obligation, ou par peur de déplaire, que le jeune homme souhaitait aider ses amis. Ni même pour leur rendre ce service. Il n'était pas du genre à se mêler des affaires des autres. A l'ordinaire, du moins. Mais pouvait-il assurer qu'il était le même que durant ces deux dernières années ? Le même enfant silencieux et dépressif les trois quart du temps, plongé corps et âme dans ses études ou dans ses regrets ? Le même salaud qui avait manqué de tuer sa petite amie ? Le même gamin perturbé qui passait de l'alcool à l'isolement, des poings aux larmes en une fraction de seconde ? Rien n'était moins sûr. Il avait changé, depuis sa rencontre avec Lucy. Il ne pouvait le nier, et cette révolution l'inquiétait énormément. D'une certaine manière, il s'était conforté dans son univers et en sortir l'effrayait. Comment agir ? Que dire, quoi faire ? Ses habitudes étaient totalement remises en question, et un tel travail sur soi ne pouvait être que dérangeant. Cependant, s'il s'autorisait de plus en plus une vie sociale, il ne comptait pas quitter son monde gris et nuageux pour autant. Il ne voulait pas oublier, jamais.
Dernière édition par Julian King le Lun 25 Mar - 19:27, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Dim 24 Mar - 21:42 | |
| Magnifique contraste qu'offraient les deux Juju. Alors que Julia sentait monter en elle une colère qui concernait aussi bien les actes de Zachary que les paroles de Julian, ce dernier restait impassible devant l'agacement plus que visible de la blonde. Et ce calme mélangé à ses belles paroles avait le don de faire empirer l'irritation de Julia. Depuis que le King avait proposé son soutien, rien de ce qu'il pourrait dire dans ce genre-là ne l'apaiserait, le garçon semblait pourtant bien parti pour continuer sur cette voie. Aussi Julia avait-elle fait comme lui deux ans plutôt, elle avait décrété n'avoir besoin de personne, si ce n'est d'elle-même. Ce n'était pas seulement une manière de cacher la blessure qu'une nuit entre deux amants avait réussi à provoquer, c'était aussi une façon de se convaincre elle-même de cette idée, alors qu'elle se rendait compte que plus le temps passait, et plus Zachary lui manquait. Elle avait beau lui en vouloir énormément, elle repensait sans cesse au garçon d'avant, l'amusant Zachary Dekker, pas toujours très à l'aise mais comique, et surtout très attachant, le Zachary Dekker qui n'aurait jamais trompé qui que ce soit comme il l'avait fait aujourd'hui. Rien que penser au temps d'avant, et même au début de leur relation suffisait à lui donner envie de pleurer. Mais si elle voulait se persuader elle-même et les autres qu'elle était totalement indépendante, elle ne devait surtout pas agir ainsi, parce qu'alors Julian comprendrait qu'il avait raison et qu'elle ne faisait que raconter des salades pour cacher la vérité.
« Mais je suis pas du tout à l'ouest ! Et tu constates très mal ! »
Et le seul moyen de défense efficace de Julia restait l'agressivité. En attendant de trouver une nouvelle réplique pour appuyer ses paroles elle avala sa limonade, le volume baissant jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, le tout faisant un horrible bruit lorsque la paille essaya d'aspirer les dernières minuscules gouttes de soda au fond du verre. Maintenant qu'ils en arrivaient à ce stade de la discussion, la Fitz prendrait bien une petite bière finalement.
« Et en plus comment tu peux savoir s'il est à côté de la plaque puisque tu ne l'as pas vu ? Enfin, tu es censé ne pas l'avoir vu. »
HAHA ! Coincé le Julian ! Il allait enfin admettre qu'il avait parlé avec Zachary, que celui-ci lui avait demandé d'aller voir Julia et d'essayer de la raisonner. Les deux amis pensaient vraiment pouvoir la berner ainsi ? Bien sûr que non, ça sentait le mensonge à des kilomètres à la ronde, peut-être même que Julia avait des pouvoirs de divination, qui sait. Et si la jeune fille avait fait une erreur dans ses cartes et que Julian n'avait vraiment pas vu Dekker, alors il avouerait...il avouerait...il avouerait quelque chose d'autre. Qu'il ne savait pas comment les aider malgré ses promesses de soutien, par exemple. Bon, certes, la contre-attaque de Julia était carrément nulle, il ne fallait pas être magicien pour deviner que Julian connaissait les états d'âme de son meilleur ami sans même avoir besoin de le voir. Elle était déjà à deux doigts de se faire démasquer, et avec cette lamentable riposte elle augmentait les risques, mais tant pis, ce qui était dit était dit, elle se rattraperait au prochain tour. |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Lun 25 Mar - 23:49 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ Ah oui, Julian constatait mal ? Il trouvait pourtant avoir tellement bien visé, au cœur de la cible, que personne n'aurait pu faire mieux. La blonde était à totalement à côté de la plaque. Il la sentait vacillante, comme un funambule sur son fil, prête à chuter d'un côté ou de l'autre. Julian aurait pu reconnaître quiconque dans cette situation, puisqu'il vivait ainsi depuis deux ans. Le vide, il l'observait comme un ami désormais. Parfois, il mourrait d'envie de cesser la lutte et de plonger tête la première dans ce noir intense, mais la vie le rappelait à ses responsabilités. Il devait continuellement tenir sur ce fil misérable, et supporter les appels du néant sous ses pieds. Lorsque Julian avait expliqué qu'il se sentait obligé d'aider ses deux amis, il pensait que Julia utiliserait cette idée pour le confronter à ses réels désirs. Mais elle ne prit pas la perche tendue maladroitement par le King, préférant et de loin remettre en doute son honnêteté. Julian arqua un sourcil, déçu qu'elle ne le pense pas franc. Il ne savait pas mentir pour ce genre de futilités. Il était un bien piètre comédien, et ne s'aventurait jamais sur des chemins trop dangereux. Il préférait d'ailleurs éluder les questions trop personnelles qui pouvaient le mettre dans l'embarras et déranger ses petits trésors. Ses secrets devaient rester bien scellés au plus profond de son âme.
-Je ne te mens pas, Julia, avait-il lâché sans un sourire.
Disparu, le King compatissant et s'efforçant d'être agréable. Julian n'avait pas envie que la Fitzgerald ne le pense pas sincère. Il était son ami, il était son ancien petit-ami, elle le connaissait terriblement bien. Elle n'avait pas le droit de jouer à ça. Le faire passer pour un menteur, un manipulateur ? C'était blessant, et si Julian avait eu un restant de cœur outre que celui réservé à Lucy, il l'aurait certainement senti se briser.
-Je sais qu'il est à côté de la plaque parce qu'il n'aurait jamais dû coucher avec Jaylann ! Je sais pas quelle folie l'a poussé à faire ça mais ça ne lui ressemble pas. Et tu le sais aussi bien que moi ; je suis d'ailleurs certain qu'il doit s'en mordre les doigts et avoir des remords à ne plus savoir qu'en faire !
Arrivait ce que Julian craignait : il avait haussé le ton. Sans s'énerver cependant, juste pour insister sur ce qu'il pensait être la vérité. Il ne voulait pas rivaliser avec l'agressivité de la blonde : il savait qu'elle finirait vainqueur -il ne pouvait gagner qu'avec une lampe à porter de main, ce qui n'était pas le cas. Mais il fallait qu'elle comprenne que l'heure n'était plus aux jeux puérils dans la cour de l'école. Elle allait mal et il le savait. Tenter de le convaincre du contraire ne ferait que titiller son ego. Maintenant, il espérait que la blonde accepte de lui parler, sans hurler ; mais ce n'était pas gagné, surtout après sa dernière réplique.
Dernière édition par Julian King le Mer 15 Mai - 18:46, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Mar 26 Mar - 21:58 | |
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"Parfois il vaut mieux rester comme ça, à l'intérieur de soi, refermé. Car il suffit d'un regard pour vaciller, il suffit que quelqu'un tende sa main pour qu'on sente soudain combien on est fragile, vulnérable, et que tout s'écroule, comme une pyramide d'allumettes."
#No et moi. En venant à ce rendez-vous avec Julian, Julia savait parfaitement qu'ils risquaient de parler de sa rupture avec le meilleur ami du garçon, elle en était consciente mais elle avait tout de même accepté la soirée. À vrai dire, raison n°1, elle mourrait d'envie d'en discuter ou du moins de se tenir au courant sur ce qu'il faisait de ses journées à présent, comment il allait... Faute de pouvoir lui parler en face, chose qu'elle se refusait. De plus Julian était le mieux placé pour lui raconter, mais il était aussi son ami à elle depuis que Dekker avait fait en sorte de les réconcilier et il s'inquiétait pour elle, d'où leur conversation sur le moral de Julia, sujet que la jeune fille voulait justement éviter. Pourtant Julian ne semblait obnubiler que par ça, à peine les deux ex-amants commençaient-ils à parler de la vie amoureuse du King que celui-ci retournait la conversation vers celle de la Fitzgerald. Cette dernière s'en était douté, mais elle ne pensait pas que la discussion partirait dans ce sens. Soudain, alors que Julia feignait de ne pas croire ses paroles, Julian devint subitement froid. Le haussement de ton, l'aigreur dans sa voix, ses mots, tout fit frissonner la blonde. D'un coup, simplement en voyant la réaction de Julian, elle avait l'impression d'être une petite fille qui se faisait disputer après avoir fait une énorme bêtise, que tout était de sa faute et qu'elle décevait tout le monde. Elle aurait bien aimé pouvoir quitter ce café, y laisser la veste, sortir dans l'air glacé de l'hiver sans même tressaillir, et n'en avoir rien à faire de l'avis du monde, celui de Julian y compris, une réaction qu'elle aurait sans doute eu dans d'autres circonstances. Mais cette fois-ci, le fait qu'il s'agisse de Zachary, du mec qu'elle aimait encore même si elle s'obstinait à prétendre le contraire, qu'elle ait affaire à la personne qui le comprenait et le connaissait le mieux, un ami qu'ils avaient en commun, une personne qui pourrait lui tirer les bretelles pour son comportement mais peut-être aussi la guider, qui sait, bien qu'elle n'y croit pas trop, tout ça la clouait sur place. C'était Julian, il la connaissait trop pour qu'elle puisse fuir sans qu'il lui ait tiré quelques vers du nez avant qu'elle ait eu le temps de se défiler. Elle pouvait s'énerver contre lui, lui reprocher toute sorte de choses, il pouvait très bien en faire de même et là, en l'occurrence, il serait à son avantage, il l'était déjà d'ailleurs, parce que chaque mot qu'il prononçait, chaque argument qu'il apportait, la déstabilisait chaque fois un peu plus. Finalement elle n'était peut-être pas si hors d'atteinte qu'elle le pensait.
« Oui ben, tu vois en ce moment j'ai l'impression que tout le monde me cache des choses, mais peut-être que j'ai trop d'imagination. »
Elle refusait de prendre en compte la seconde partie de ce qu'avait dit Julian, même si elle l'avait très bien entendue ; elle n'avait pas envie d'être plus influencée encore qu'elle ne l'était déjà, parce qu'elle savait que s'il continuait elle pouvait craquer d'un moment à l'autre. Elle avait déjà assez de mal à résister à la tentation de lui demander ce qu'il en savait, de comment on se tirait de ce mauvais pas, lui qui n'avait jamais réussi, et qui n'avait même pas voulu d'aide au temps où il était à sa place, ce qu'il pouvait comprendre à une fille au cœur en miettes, à cause d'un gars qui prétendait l'aimer et qui n'en ratait pas une pour aller s'amuser avec d'autres. Qu'est-ce qu'il en savait, si le garçon en question se mordait les doigts, les cheveux, ou la main entière pour ce qu'il avait fait, après tout n'était-il pas le nouvel enchanteur du quartier, celui qui surprenait par ses tours de magies pas si ravissant que ça au final ? Mais elle restait silencieuse, d'ailleurs elle osait à peine regarder Julian dans les yeux, elle se contentait de fixer son verre et d'en plier la paille, dans tous les sens, extériorisant sa détresse par des gestes minimes, qu'elle aurait voulu invisibles. |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Mar 2 Avr - 20:09 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ La réaction de Julia à ses mots rassura outre mesure le garçon. La tempête semblait être évitée. Elle ne présentait aucun symptôme d'une grosse colère à venir, et il ne fallait pas être neurologue pour s'apercevoir que la blonde était sensible à ce que lui disait le jeune homme. Il n'y avait plus qu'à deviner comment elle interprétait ses dires. Il s'efforçait de rester impassible, attendant la réaction de la Fitzgerald. Il ne voulait pas plus l'acculer, ni trop la brusquer. Mais il sentait leur nervosité commune les démanger et venir interférer dans leur conversation. Le sujet était délicat, et si Julian n'était pas personnellement touché par l'adultère, il avait l'impression d'être un minimum concerné. Tous deux, voire tous trois mais selon une autre variable, étaient ses amis. Et il éprouvait cette chose étrange, l'empathie. Cela le surprit, de reconnaître ce sentiment. Depuis deux ans, il n'avait réussi à penser plus d'une seconde aux autres. Il avait vécu reclus dans son monde de ténèbres, à se soucier uniquement de ses différents soucis personnels, à rouvrir la plaie pour ne jamais l'oublier. Voilà encore l'une des conséquences de sa rencontre avec la Roberts. Il faudrait qu'il pense à la remercier, enfin, fallait-il déjà qu'elle accepte le rendez-vous qu'il lui avait donné à la gare. Elle avait baissé d'un ton, ce qui fit presque sourire Julian. C'était donc ainsi qu'elle avait interprété ses mots ; de la plus juste manière qui soit. Et elle ne s'en était pas offusquée, jugeant même bon de revenir à une conversation posée. Elle exprima alors sa désagréable sensation d'être trompée sur la marchandise. Elle n'avait pas tort, son sentiment était tout à fait légitime. La personne qui l'aimait le plus sur cette planète était aussi source de bien des malheurs. Mensonge, trahison, elle aurait certainement du mal à faire confiance, à présent. Que ce soit à ce bougre de Zachary Dekker ou même Julian. Le jeune homme aurait voulu consoler la jeune fille, lui assurer que lui, n'irait pas lui mentir, mais ç'aurait été une promesse vaine de sens. Il savait d'ailleurs que Julia méritait mieux que de jolies tournures de phrase ; la vérité était blessante, mais elle lui seyait tellement bien.
-Ton imagination n'a rien à voir là-dedans. Tout le monde te ment, Julia. On passe notre vie à cacher nos problèmes, à embellir nos vies. Toi aussi, moi aussi. Et un jour, tout remonte à la surface.
Evidemment, ces poubelles lestées resteraient dissimulées au fond de l'océan jusqu'à ce qu'une main maligne vienne les aider à émerger. Dirty Secret était celle là. Julian avait éprouvé pour cette inconnue un certain respect, puisqu'elle semblait disposée à mettre au grand jour les secrets de ses voisins hypocrites, et à les faire souffrir au plus haut point. Maintenant qu'il se remettait peu à peu de la mort de sa mère, il commençait à appréhender le blog et à craindre l'apparition d'un article à son nom.
-Mais personnellement, je préfère de loin souffrir avec la vérité qu'être ignorant, et tout apprendre plus tard, surtout pour un sujet si grave.
Julian voulut prendre un air condescendant, mais il n'y parvint pas. Il semblait juste garder sa voix neutre, un peu sèche cependant, comme pour réveiller Julia. Elle souffrait, mais aurait-elle vraiment préféré ne rien savoir, et découvrir tout des années plus tard ?
Dernière édition par Julian King le Mar 9 Avr - 16:36, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Jeu 4 Avr - 23:15 | |
| Julia ne pouvait pas contredire Julian. Ses paroles étaient dures, aussi violentes qu'un coup en pleine poitrine, mais elles étaient vraies. Or s'il y avait bien une chose que la jeune fille détestait, c'était de se voiler la face. Ainsi que le mensonge, bien sûr, mais personne n'échappe au mensonge, même en faisant vœu de vérité rien n’exclut qu'un proche se mette à mentir. C'était exactement ce qui était arrivé à Julia, elle s'était efforcée de ne pas faire ce qu'elle n'aimait pas qu'on lui fasse, autrement dit elle ne prétextait rien, n'inventait rien, se contentait de cacher ce qu'elle ne pouvait dévoiler, se consolant en se disant que ce n'était pas vraiment un mensonge mais seulement de l'omission, et voilà qu'un de ses plus proche ami l'avait trompée, dans tous les sens du terme. Oui tout le monde mentait, tout le monde lui mentait, elle le savait et pourtant, dieu ce que cela pouvait faire mal quand elle s'en rendait une fois de plus compte ! Elle aussi mentait, ou plutôt préférait-elle dire qu'elle cachait des choses ; elle aussi n'avait pas tout dit à tout le monde, même à la personne la plus proche d'elle. Mais elle considérait qu'entre ce qu'il avait fait et ce qui lui était arrivé, il y avait une marge de différence. Aux derniers mots de Julian, elle se contenta de hausser les épaules, comme si elle ignorait que répondre à ça. Elle savait cependant ce qu'elle préférait, être ignorante ou avertie, c'était bien sûr la seconde option, mais elle n'avait pas envie de s'étaler sur la question, de s'expliquer. Ça ne servait à rien, elle n'avait pas eu le choix et avait été mise au courant du pécher, en même temps que tout le quartier d'ailleurs. Il ne faisait aucun doute qu'elle en aurait encore plus voulu à Zachary s'il lui avait caché pendant plus de temps encore ce qu'il avait fait. C'était d'ailleurs ainsi qu'elle en était venue à la conclusion qu'il ne lui aurait rien dit, s'il avait pu, peut-être même n'assumait-il toujours pas : elle était venue le voir, après cette fameuse nuit où elle avait cédé à sa colère et l'avait lâchement largué. Et il n'avait pas bronché, il n'avait jamais été question de Jaylann, c'était juste lui, et elle – Julia. Et pendant des jours, trois bonnes semaines, peut-être plus, il ne lui avait rien dit, pas un seul petit indice n'avait été mis sur son chemin, elle n'avait même pas remarqué une quelconque hésitation sur son visage. Et boum, du jour au lendemain elle apprenait qu'il avait couché avec sa soeur. Et boum, d'une seconde à l'autre il était devant elle, livide, comme s'il commençait tout juste à regretter, et il essayait de s'excuser, et elle essayait de comprendre au-delà de ce que son impulsivité lui soufflait.
« Tu crois qu'il me l'aurait dit ? Si mentir "embellissait sa vie" et que personne, à part lui, ne pouvait me mettre au courant. »
Si elle ne doutait pas de la réelle personnalité de Zachary, elle aurait elle-même répondu oui. Tel qu'elle le connaissait avant toute cette histoire, il était incapable de s'abandonner seul à la culpabilité – si tant est qu'il culpabilisait, ce dont la Fitz n'était pas sûre – et de laisser dans l'ignorance des choses qu'il connaissait les gens qu'il appréciait. Mais Julia n'était à présent plus certaine de rien, à vrai dire tout était mélangé dans sa tête et elle n'arrivait même pas à reprendre un par un les récents évènements pour se repérer dans ce labyrinthe. Aussi, bien qu'elle pensait déjà connaître la réponse, elle questionna Julian. Avec une très légère brutalité dans la voix, presque inexistante, et un étrange calme, plus flagrant, qu'elle ne se connaissait pas. À vrai dire sa réponse était tout à fait calculée, elle voulait voir ce que Julian pouvait dire d'autre de la situation et, bien sûr, un rien pouvait provoquer la colère de Julia, rompre cette sérénité ; tout était excuse à s'énerver et à crier.
Dernière édition par Julia Fitzgerald le Mar 9 Avr - 18:15, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Mar 9 Avr - 16:37 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ La réaction de Julia fit sourire l'égo de Julian, au plus secret de lui-même. En surface, rien ne changea. Il restait immobile, sévère dans son regard, prêt à en découdre si la situation l'y amenait. Le King n'était pas stupide, il savait que peu importaient les explications qu'il pourrait donner à la blonde, ou bien les expériences qu'il serait gré de lui partager, rien dans sa douleur ne changerait. Elle avait été trompée, trahie et humiliée, mise à nue, spectacle imprévu, devant tous les habitants de Magnolia. Le pire dans cette histoire, n'était pas qu'elle l'avait appris d'une autre personne que celle concernée, c'était plutôt que chacun devant son PC avait pu se délecter de cet adultère si bien dissimulé. Si Julian appréciait Dirty Secret et les intentions qui l'animaient, il était déçu qu'elle soit créatrice de tant de pervers. Enfin, créatrice, non, révélatrice plutôt. Car un blog ne pouvait changer une personne, seulement éveiller les véritables vices qui sommeillaient en elle. Alors, absolument pas dupe, Julian espérait que ses idées feraient leur bout de chemin dans la tête de la Fitzgerald pour, peut-être, que la haine, à défaut du chagrin, la quitte. Elle ne réussirait à rien, en se laissant dévorer par la ire sans la laisser agir, tout comme sa peine ne s'apaiserait jamais si elle gardait le silence sans l'exprimer. Cependant, Julia réussit à tirer profit du seul point faible de la phrase du King. A savoir que certes, elle préférait savoir, mais que le temps avait passé entre les actes et la découverte, et que Zachary n'avait parlé. Il s'était tu, petit enfant qui préfère garder ses échecs pour lui afin de ne pas se faire disputer. Affligeant. Et de son côté, Julian ne pouvait assurer à la blonde que leur ami allait finir par parler.
-Non, je ne pense pas. Zach est quelqu'un de plus protecteur qu'il n'est franc. Enfin, il aurait, et de loin, préféré se taire et te voir sourire innocemment plutôt que tout te dire et te voir pleurer. Je crois que beaucoup ont et feront comme lui mais...
Zachary était tout sauf un salaud, en temps normal. Il était d'ailleurs plus du genre à penser à autrui plutôt qu'à lui-même. Il aimait profondément les gens, et se mettait parfois dans des situations peu reluisantes pour les satisfaire. Entre autres, mentir et risquer son intégrité pour ne pas blesser sa petite-amie. C'était d'une certaine manière ce que Julian passait sa vie à faire. Il se fichait d'être haï, incompris, du moment qu'il ne causait pas de torts à ses proches. C'était son jeu de rôle grandeur nature, il était le méchant, contre tous les autres, si ça pouvait faire gagner ceux qu'il aimait. Alors Julian ne pouvait réellement affirmer qu'il aurait agi différemment. Mais il avait moyen de laisser Julia y croire.
-Ces gens-là ne réalisent pas comme leur relation est basée sur des guimauves. Rien ne tient droit lorsque le mensonge s'immisce. Et d'autant plus qu'en gardant un tel secret, Zachary t'a manqué de respect. Je suis sûr que c'est ça qui te blesse autant que le reste, et malheureusement, je suis sûr aussi qu'il n'y a pas pensé une seule seconde.
Et oui, mentir, c'était trahir. Trahir, c'était cracher sur un autre. Et ça, c'était tout simplement se croire plus important qu'on ne l'est. En dissimulant la nuit passée avec Jaylann, Zachary avait méprisé Julia, et si un jour elle venait à pardonner le geste, pour quelque raison que ce soit, elle n'oublierait jamais. Jusque dans ses os, jusque dans son sang, elle se souviendrait du jour où cet homme pour qui elle avait eu de tendres sentiment l'avait piétinée.
Dernière édition par Julian King le Dim 14 Avr - 19:24, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Sam 13 Avr - 23:09 | |
| Te voir sourire innocemment plutôt que te voir pleurer. Julian schématisait bien la situation, puisque Zachary n'avait rien dit de lui-même c'était sûrement ça qu'il voulait, manque de bol pour lui Julia ne partageait pas du tout ce point de vue et avait désormais une raison de plus de lui en vouloir à mort. Par ricochet Julian résumait aussi le caractère de Dekker, qu'il connaissait mieux que quiconque, peut-être même mieux que Julia qui ne savait plus comment était Zachary depuis la révélation de DS. Julian le connaissait depuis toujours, ce qu'il disait était donc forcément vrai, alors que Julia ne le connaissait que depuis deux ans à peine, bien qu'elle ait vaguement entendu son nom dans la bouche du King en tant que meilleur ami, le reste s'était fait en soirée. Mais trois ans et une relation amoureuse était-ce assez pour définir la façon d'être de quelqu'un ? Julia le pensait, assurément, mais maintenant elle ne savait plus très bien. Penser que Julian, en tant que meilleur ami, saurait lui dire comment était exactement Zachary aidait la Fitz à croire en ses paroles, qui par leur sens mettait Julian de son côté. Soulagement. Elle n'avait pas envie qu'un conflit, qui d'ailleurs ne concernait qu'elle, les éloigne encore l'un de l'autre, alors qu'ils s'étaient depuis peu réconciliés. Perdue dans ses pensées la jeune fille ne répondit pas, méditant sur ce qu'elle venait d'entendre. En fait, Julian avait tellement raison qu'elle ne savait pas quoi rétorquer. Même pour la préférence de Zachary à la voir sourire avec naïveté plutôt que pleurer, elle ne pouvait le contredire, revoyant le jour où elle avait appris ce qu'il avait fait et où il avait aussitôt débarquer chez elle pour s'expliquer, où ils avaient pleuré tous les deux et où il s'était efforcé de s'excuser, debout, puis à genoux, tremblant, devant elle.
« J'ai frappé Jaylann. »
La phrase était sortie sans qu'elle s'en rende vraiment compte, alors qu'elle repensait au soir où elle l'avait coincée dans une petite rue de Madison Avenue et qu'elle avait finalement laissé sa colère la dépasser. Si elle repensait à elle ce n'était pas seulement parce que sa sœur était désormais liée par les liens charnels à Zachary, mais aussi parce qu'elle remarquait le contraste entre ses retrouvailles avec Dekker, et celles avec sa sœur. Dans les deux cas elle s'était énervée, et avait crié, aussi fort que possible, pour tous les tirer de ce mauvais rêve qui portait le nom de réalité. Mais dans l'un elle s'était mise à pleurer, et dans l'autre à frapper. Comme incapable de faire autre chose que ne pas réussir à cacher sa faiblesse devant le garçon qu'elle aimait. Comme incapable de faire autre chose que ne pas réussir à cacher sa haine devant la fille qu'elle détestait. Les yeux dans le vague Julia semblait partie pour un autre monde, se fichant bien des conséquences de ses mots et de ses actes, oubliant que Julian était toujours face à elle, à l'observer de son regard sévère, prêt à la réprimander. Qu'il le fasse, ça n'enlèverait pas le petit sourire qui était apparu sur le visage de la blonde, ça n'enlèverait pas sa satisfaction de s'être vengée par un coup en pleine figure de celle qui lui avait porté un coup en plein cœur. |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Dim 14 Avr - 19:30 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ « J'ai frappé Jaylann. », lâcha Julia après quelques longues secondes de silence. Julian leva les yeux doucement. Il n'y avait aucune surprise, aucune crainte, aucun doute dans son regard. Il n'était pas de ceux qui s'offusquerait d'un tel aveu, ni même qui ferait tout pour abolir le règne de la colère. La haine l'avait forgé, consumé même, et c'était une force qu'il ne pouvait ignorer. Une force effrayante, si puissante, face à laquelle l'homme s'asservissait volontiers. Julian appartenait à la colère, il lui avait dédiée deux années, et elle l'avait possédé chaque seconde depuis ce jour. Il avait lutté, regrettant les actes que la ire l'obligeait à faire, puis, avait concédé à ses baisers. Julia avait été la victime de cette colère, et la jeune fille lui en avait voulu, elle avait même été effrayée et scandalisée parce que le King était allé bien trop loin. Et puis, finalement, la voilà à son tour contrôlée par la haine. Elle avait frappé Jaylann. Julian n'était pas surpris, pas inquiet, pas ravi non plus. Juste soulagé : il partagerait son fardeau avec la blonde. Les coups qu'il avait donné, les larmes qu'il avait fait couler, les risques qu'il avait pris, elle vivrait la même chose. Et comme en réponse à son horrible découverte, un sourire vint étirer les lèvres de la jeune fille.
-Tu vois ? Demanda-t-il, intéressé, un rictus à peine descriptible, Tu vois comme la colère peut faire du bien ?
Oui, si elle n'avait aucun remords, elle n'avait pas à s'en vouloir. Parfois, donner matière à sa haine, l'exprimer, pouvait procurer un sentiment de puissance et de force totalement jouissif. Julian ne pouvait ignorer ce poison dans ses veines, mais il appréciait néanmoins l'importance dont il se sentait investi. L'effroi dans les yeux de ces gens qui le savaient capable du pire, capable de laisser libre court à sa haine. Ce regard, Julia l'avait eu, avant, mais désormais, elle partageait son podium, en parfait esclave de la colère.
-C'est terrible, hein... mais la haine qui coule dans nos veines doit y rester.
Il n'avait pas laissé à Julia le temps de s'étendre sur combien frapper sa sœur lui avait fait plaisir. Il ne voulait pas la condamner à cela. Parler à voix-haute rendait les choses plus réelles. « J'ai aimé la battre », ces cinq mots pouvaient tuer une innocence. Et Julian aimait trop la blonde pour la risquer à un telle ineptie. Il ne voulait pas qu'elle vive avec cette ombre noire au fond de lui, cette vague silencieuse et bouillonnante. C'était décidé, il n'encouragerait pas Julia à devenir... comme lui. Son sourire disparut à contre-coeur, et une moue frustrée vint prendre sa place. Julian venait de penser à Jaylann. Quand ils s'étaient croisés, ce soir-là, cette trace de sang sur sa joue gonflée. C'était Julia ? C'était Julia qui lui avait fait ça ? La moue se transforma à nouveau en sourire. |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Dim 5 Mai - 11:48 | |
| Avant, elle ne l'avait dit à personne. Personne n'était au courant, hormis elle, et Jaylann. Et puis peut-être Dirty-Secret, puisque cette bitch savait tout, parait-il. Et puis soudain, comme si elle avait besoin de prouver à Julian et elle-même qu'elle était plus forte que ce qu'il n'y paraissait, elle l'avait dit. J'ai frappé Jaylann. Et elle avait sourit, fière d'elle. C'est ce qu'elle était, elle ne regrettait rien et ne souhaitait pas le moins du monde revenir en arrière pour ne pas amocher ce joli visage d'ange qui lui servait de démoniaque soeur. Mais elle ne l'avait pas fait dans le but de se vanter plus tard. D'ailleurs, elle pensait que Julian allait lui dire que ce n'était pas cool, pas « raisonnable », qu'il y avait d'autres moyens que la violence pour régler cette histoire. Au lieu de quoi, il sourit à son tour, et prit son parti. La colère, ça fait du bien. La haine qui coule dans nos veines doit y rester. Le sourire de Julia s'effaça lentement. Pourquoi devait-il forcément parler comme ça, pourquoi devait-il s'exprimer comme une espèce de poète satanique. Oui, elle était contente d'avoir frappé Jaylann, oui, ça lui avait fait du bien. Non, sa haine envers sa sœur ne disparaitrait jamais, si elle l'avait aimé au début de sa vie, ou du moins apprécié, ce n'était plus le cas aujourd'hui et après ce qu'il s'était passé ça ne risquait pas de l'être un jour. Mais pourquoi Julian devait-il dire des choses pareilles qui lui rappelleraient leur rupture, ne pouvait-il pas la gronder (grondin (a)), ça aurait été plus simple et plus rapide.
« Ouais. Mais dis pas ça comme ça, c'est... »
Flippant. La petite joie de Julia, particulièrement lunatique ce soir-là, avait totalement disparu et elle traduisait maintenant les paroles du King à sa façon. La colère peut faire du bien, c'était comme s'il avait dit : quand j'étais en colère et que je t'ai balancé une lampe à la figure, ça m'a fait du bien. Julian souriait, inconscient des pensées de la blonde, qui passait maintenant à sa seconde phrase qui n'en était pas moins effrayante que la première. La haine coulant dans nos veines doit y rester ; j'ai encore cette rage, qui m'a donné la force de te menacer d'une lampe de chevet. Elle fronça les sourcils, bien sûr que non elle n'y croyait pas, ce n'était pas forcément ce qu'il avait voulu dire et puis le Julian d'aujourd'hui était totalement différent de celui de 2010, une fois encore il avait changé – en bien cette fois-ci. Et puis finalement le doute s’immisça en Julia, qui devait-elle croire ? Les mots de Julian, ou son comportement ? L'un comme l'autre ne disait pas la même chose et pouvait changer toute la donne.
« ... bizarre. »
Elle préférait aller au fond de sa pensée, mais sans utiliser le premier mot qui lui avait traversé l'esprit ; elle ne voulait pas laisser à penser à Julian qu'elle pouvait encore le craindre, ou craindre ce qui était en lui – ce qui n'était pas le cas, elle en était persuadée ; à l'instant présent elle ne doutait pas d'elle-même mais de Julian. Si devant ses paroles, elle se doutait qu'il avait gardé sa rage depuis tout ce temps, elle n'était plus très sûre du comportement à adopter en sa présence.
« Et t'en fais quoi de ta colère, toi ? »
Cash, directe. Elle ne voulait pas y aller par quatre chemins, ça faisait maintenant plusieurs mois qu'ils étaient réconciliés et elle n'avait rien remis sur le tapis, elle n'avait posé aucune question de ce genre pour abreuver sa soif de savoir, mais aujourd'hui la situation était trop étrange pour qu'elle s'empêche de parler. Après tout, après deux ans de silence complet, de regards noirs et fuyants, d'esquives à la moindre possibilité de se croiser, elle n'avait jamais su ce qu'il faisait de ses journées et à vrai dire, n'avait jamais voulu savoir, jusqu'à maintenant. Est-ce qu'il était encore du genre à balancer ses affaires aux visages de ses amis ? Ou plutôt à passer une nuit blanche pour avancer dans son mémoire ?
Dernière édition par Julia Fitzgerald le Ven 23 Aoû - 1:05, édité 1 fois |
| | | Je n'ai plus aucun secret pour personne, enfin presque...
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Mer 15 Mai - 18:48 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ C'était une lutte acharnée qui sévissait en Julian. En soi, cela n'avait rien d'extraordinaire, vu qu'il combattait chaque jour, chaque seconde, chaque instant de sa vie contre ses idées et pulsions si noires qui l'inquiétaient outre mesure. Il avait appris à ne pas s'accepter pleinement, mais à toujours être à l'écoute. Il voulait se comprendre, pour trouver des réponses. Et c'était pour assouvir cet objectif qu'il se muselait nuit et jour et se bornait à ne jamais laisser ses sentiments agir contre sa raison. Il s'était muré dans une existence contrôlée, et pour un soit disant technophile de première classe, il avait réglé sa vie comme un programme informatique impossible à pirater. Et cet effort lui coûtait tellement que parfois, il réalisait que son envie de tout envoyer en l'air était un véritable danger. Sa colère risquait chaque seconde de détruire son château de carte, comme une brise mesquine, et d'instaurer un conflit non plus intérieur, mais extérieur. Un conflit entre Julian et le reste du monde. La colère procurait cette rage gonflante qu'il était si jouissif d'évacuer, mais qui causait des dommages collatéraux regrettables. Mais le pire n'était pas de se risquer une fois, sous l'impulsion humaine qui coulait dans les veines des humains normaux, d'extérioriser sa ire ; c'était plutôt d'apprécier les dommages et conséquences désastreuses. Autant les ecchymoses sur les visages des victimes que la sensation de plaisir qui pouvait s'y associer. Et si Julian se savait capable d'aimer cette noirceur en lui, c'était également cette connaissance intrinsèque qui l'obligeait à se raisonner et à contrôler ses envies. Continuum de survie et de combat contre une colère qui vainquit une fois, une fois de trop. Mais c'était également pour éviter à la Fitzgerald cette joute qu'il revint sur ses paroles. Oui, il ne fallait pas laisser libre cours à la colère, sans quoi la chute jusqu'aux Enfers serait bien longue et douloureuse. Julia avait cependant dû trouver les phrases du King un peu étranges, puisqu'elle qualifia ses affirmations de « bizarres ». Il y avait de quoi, et Julian s'en rendit compte un peu tardivement. Il avait parfois de quoi passer pour le détraqué de service, avec ses débats intérieurs et ses lancées philosophiques sur la colère. Mais il ne comptait pas expliquer ses dires ; ses justifications n'avanceraient à rien, sinon à faire cogiter Julia un peu plus. Alors, il se concentra sur ce qu'elle avait à dire ensuite... Etait-ce seulement une bonne idée ? La question de Julia fit déglutir le brun spontanément. Réponse défensive à une attaque implicite qui le touchait au plus secret de lui. Il aurait pu répondre en quatre mots. Quatre simples mots pouvaient amplement suffire à expliquer à la blonde comment il se débarrassait de sa colère. Mais comme il ne se sentait pas réellement coupable, enfin, qu'il ne préférait pas l'avouer entièrement, il choisit le chemin dérobé qui se proposa à lui.
-Et bien, répondit-il aussitôt avant de laisser un temps à sa réflexion pour bien penser sa syntaxe, quand ma mère est morte, j'ai été très en colère. J'ai pensé qu'il ne fallait pas... lutter, tu vois. Qu'elle était mon alliée, et j'ai merdé. Je suis désolé Julia, mais maintenant, je contrôle !
Son regard se déroba une seconde en pensant à cette lampe qui était venue s'écraser si près du visage diaphane de la Fitzgerald. Il s'en voulait tellement.
-Maintenant, je tente de canaliser tout ça. C'est pas évident, j'ai souvent l'impression d'être à deux doigts de la rupture, mais je préfère me concentrer dans d'autres choses.
Les études, notamment. On parle des veufs ou des divorcés qui se noient dans le travail, mais Julian avait pu noter que c'était un excellent moyen d'oublier sa vie quotidienne. Et il craignait de voir ses études prendre fin. Que ferait-il lorsqu'il n'aurait rien pour tuer le temps ?
Dernière édition par Julian King le Mer 26 Juin - 12:50, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Sam 15 Juin - 13:54 | |
| Elle avait donc perturbé Julian avec sa question. C'était un signe. Un signe qu'il avait retrouvé un peu d'intérêt pour ce qui l'entourait, ou un signe qu'il paniquait juste à l'idée qu'elle découvre qu'il était toujours le même homme ? Elle n'arrivait pas à savoir, ni même à comprendre le comportement de Julian. Il était si contradictoire...et ses paroles n'aidaient pas. Un coup il pensait à voix haute des idées sur la colère vraiment étranges, un coup il parlait de sa mère sans qu'elle ne lui ait rien demandé, chose qu'il n'aurait jamais faite deux ans plutôt. Non, à ce moment-là il était plutôt du genre à devenir aussi froid qu'un glaçon dès qu'il entendait quelque chose qui se rapportait à sa mère et à sa mort, et on pouvait être sûr de se faire descendre dans les minutes qui suivaient. Combien de fois Julia avait-elle essayé vainement de changer de sujet, gaffeuse qu'elle était, après avoir laissé échapper deux ou trois mots vis à vis de la défunte. Combien de fois avait-elle pris ses précautions en s'approchant de Julian, craignant sa réaction ? Trop de fois en un si court laps de temps. Et maintenant voilà qu'il associait les mots « mort », « mère » et « colère » dans une même phrase. N'était-ce pas des indices ? Des indices de son changement ? Au moins ne devenait-il plus rouge de haine à la seule approche d'un pareil sujet, mais peut-être que la véritable rage se cachait à l'intérieur. Peut-être qu'elle n'attendait que le bon moment pour sortir, peut-être qu'elle attendait de pouvoir échapper à sa surveillance. Peut-être, peut-être. Peut-être aussi que Julia devenait trop paranoïaque ?
« Ah ouais.. »
C'était un « ah ouais » sans réelle conviction, juste un petit bruit pour lui faire savoir qu'elle l'avait entendu. Mais maintenant qu'ils étaient entrés dans ce sujet, elle voulait poursuivre. Elle voulait savoir, comme l'impatiente curieuse qu'elle avait toujours été, elle voulait des réponses aux questions qu'elle s'était interdit de poser pendant ces quelques mois de réconciliation, de peur de retomber dans ces violentes disputes qui animaient leur quotidien autrefois. Elle voulait savoir pourquoi elle, elle, avait dû passer par la case petit copain violent et traumatisé, au point de se faire la frayeur de sa vie et de lui en vouloir, longtemps. Alors que d'autres, tout aussi proches de lui qu'elle ne l'avait été en quelques mois de liaisons, étaient restés. Ils avaient, certes, vu les dégâts que la mort pouvait causer, mais ils ne l'avaient certainement jamais vu aussi violent qu'elle avait pu le voir. Sinon personne ne se serait arrangé pour qu'ils renouent, personne ne lui aurait dit, regarde il est calme il est normal, tu n'as aucune raison de te méfier. Elle voulait savoir si ce qui leur était arrivé venait d'elle, si c'était sa faute. Et à ce moment-là elle se fichait totalement de risquer, encore une fois, de s'embrouiller avec Julian.
« Dis-moi, franchement, pourquoi ça n'a pas changé avec certaines personnes ? Pourquoi y'en a qui sont restés, avec toi ? »
Elle s'exprimait mal, elle le savait, mais elle n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qu'elle voulait dire. Elle ne lui demandait pas pourquoi il était en colère, elle ne pouvait tout simplement pas poser cette question parce qu'elle-même se trouvait emprisonnée dans cette rage dévorante qui donnait envie de tout, tout faire, sauf rester à contempler la scène.
« Pourquoi moi je suis partie ? Et pourquoi on a eu besoin de quelqu'un pour passer à autre chose ? »
Elle voulait qu'il lui dise que ce n'était qu'un hasard, qu'il n'avait pas agi comme il aurait dû, que le problème ne venait pas d'elle. Que cette difficulté à pardonner était tout à fait normal et que ça aurait pu arriver à n'importe qui. Elle aurait même aimé qu'il trouve une explication rationnelle à toute cette haine qui l'habitait, mais elle préférait ne pas trop espérer. Mais elle craignait l'autre réponse, la réponse qui voudrait dire, regarde comme tu peux être faible comparé aux autres personnes, regarde comme, sous tes airs de rebelle punk tu peux être toute petite, te poser une centaine de questions et ne même pas trouver un quart de réponses. Regarde comme tu es ridicule, et comme tu es incapable de mener une vie normale.
Dernière édition par Julia Fitzgerald le Ven 23 Aoû - 1:05, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. Mer 26 Juin - 14:08 | |
| Sir Peter Ustinov a dit un jour : ❝ Une surabondance de rêves s'accompagne malheureusement d'un nombre croissant de cauchemars. ❞ Certains souvenirs sont impérissables. Qui cherche à oublier de tout son cœur ne finit que par réveiller cette flamme froide dans sa mémoire. Qui supplie le Ciel de l'épargner se voit tout de même dévoré avec avidité. Qui cherche à comprendre se retrouve lacéré par la vérité. Et Julian avait toujours essayé de protéger ces proches des réponses qu'ils cherchaient tous. Ils pensaient bien faire, ils pensaient l'aider. Mais ils ne gagneraient rien à cela. Aucun coupon bonus, aucune satisfaction. Juste la nette impression d'avoir découvert quelque chose qui aurait mieux fait d'être tu. Finalement, cette vérité n'était rien d'autre qu'une malédiction, et Julian avait fait le choix de rester le seul banni. Personne n'en saurait rien, personne ne serait à blâmer, personne n'aurait à décider de révéler ou non ce terrible secret. Il n'y aurait que lui, à tout jamais. Et si quelques rats s'étaient jetés dans son bateau, Joy, Adrian, il refusait d'y accepter plus de monde. Pourtant, cette fois-là, lorsque Julia lui avait simplement demandé ce qu'il faisait de sa colère, il avait osé lui répondre sans ciller. Certes, là n'était qu'un centième de la vérité, qu'une des nombreuses clés du mystère. Mais déjà, il commençait à s'en vouloir. Julia était, sans le savoir, depuis toujours, une confidente et une personne sur qui le King pouvait compter. Il réalisait cela que maintenant, alors que les mots filaient plus vite que les barrières se refermaient. Et la situation était inappropriée : Julia était sans nul doute un repère important de sa vie, une preuve vivante qu'il pouvait être monstrueux, un souvenir en mouvement pour ne jamais oublier, mais ce devait être tout. Très vite, Julian comprit que la blonde n'en avait pas assez, qu'elle n'était pas convaincue. Ses jolis discours sur le comment passer à autre chose ne suffisaient pas à la rassurer. Il restait des parts d'ombres, des questions auxquelles il n'avait pas répondu jusqu'alors. Et en bonne Fitzgerald qu'elle était, Julia ne lésina pas avant de prononcer cette question terrible : « Pourquoi moi ? ». Julian se sentit soudainement à l'étroit. Il était dérangé par la dimension de cette affaire. Julia cherchait sans nul doute à savoir pourquoi c'était elle qui avait subi sa colère, pourquoi c'était elle qui avait disparu de sa vie, et pourquoi ce n'était pas elle qui avait su le tirer de ses ennuis. Mais à ça, même Julian n'avait aucune réponse. Rien de logique, rien de concret. Il était définitivement triste d'avoir déversé sa colère sur Julia. Elle n'avait jamais rien fait d'autre que de l'épauler, de chercher à l'aider. Et en guise de reconnaissance, il avait cherché ni plus ni moins à la blesser.
-Julia... commença-t-il certain d'être maladroit dans la suite de sa phrase, je suis désolé. Si je pouvais remonter le temps, sois sûre que je trouverai une autre façon d'exprimer ma colère et ma tristesse. Je regretterai toute ma vie ce que j'ai fait ; tu n'y es pour rien, je suis l'unique responsable.
Il avait eu de la chance, cette fois-là. La lampe avait manqué sa cible, et le curriculum vitae meurtrier de Julian ne s'était pas allongé. Mais finalement, il avait vu dans les yeux de Julia l'unique chance de se défaire d'elle. Il continuerait à la blesser jusqu'à ce qu'elle le quitte, alors il avait été opportuniste. Et s'il était certain qu'il existait bien d'autres manières de rompre et d'éloigner les gens qu'il aimait, il savait aussi qu'à cette époque, la raison n'était pas sa vertu première.
-Il m'a fallu trois ans pour accepter que... ma mère n'est plus là. Et je t'assure que tu étais bien plus en sécurité loin de moi pendant ce temps-là.
Peut-être Julia trouverait sa compassion injuste. Mais Julian s'en fichait, il croyait dur comme fer que finalement, leur rupture avait sauvé Julia de bien des horreurs... |
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| Sujet: Re: J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. | |
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| | | | J'ai le cœur détraqué ☯ Julian. | |
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