Sujet: Perdu dans ce bleu ft Alana Mer 20 Fév - 0:01
Perdu dans ce bleu
Alana & Liam
J'avais l'esprit ailleurs et je courais dans tous les sens depuis le début de la matinée. J'avais tant à faire et je n'avais qu'une pauvre journée de congé pour le faire. Je dévalai les rangées une à la suite de l'autre dans une course contre la montre. Une course qui ne se vivait que dans ma tête,certes,mais j'y mettais tout de même un effort considérable. J'avais fait une liste bien longue pour une journée si courte. J'avais l'habitude d'être aussi organisé et cela agaçait beaucoup Diana. Comment pouvait-elle se plaindre d'une telle chose ! Les choses étaient faites, c'était ce qui était important dans tous les cas.
Je tournai le coin d'une rangée lorsque j’aperçus une file interminable à la caisse.
«Génial !!» murmurais-je en fixant le panier des autres et en me disant en moi-même que mon effort pour ne pas perdre une minute de cette journée était à jeter dans le néant.Voyant que je n'avais pas d'autres choix, je me mis en ligne comme tous les autres. Je comptais les minutes dans ma tête, voir les secondes en fixant la montre que Diana m'avait offert du temps ou notre relation était encore une relation. Je me demandais souvent pourquoi je courrais sans cesse pour tout et rien. Évidemment, en s'y attardant quelque peu, je me rendais compte avec étonnement que ma relation avec Diana n'étant plus ce qu'elle était autrefois, me pesait réellement.
Les aiguilles de ma montre me ramena soudainement sur terre. Cela faisait plus de 5 minutes que j'attendais et ma patience était mise à l'épreuve. La personne qui était devant moi quitta la file ce qui me donna enfin l’opportunité de passer. J’emballai rapidement mes aliments et je les posai en une pile incertaine dans mon panier. Je courus dans le stationnement en pensant que Diana attendait mon retour probablement depuis un bon moment.
Rendu à la voiture, j'ouvris le coffre arrière et j'y lançai mes nombreux sacs avant de le refermer brusquement. Je fis démarrer la voiture et mis la musique en marche. Je tournai le volume au maximum. J'avais l'impression que je roulais beaucoup plus vite lorsque la musique était plus forte. En vérité, ce n'était pas du tout une impression, mais plutôt une réalité. De toute manière, je n'avais pas un instant à perdre,Diana m'attendait impatiemment avec les quelques ingrédients qui nous manquait pour le souper entre amis que nous avions prévu en fin de journée. Je roulai donc depuis quelques minutes lorsque mon téléphone sonna . Je n'avais pas l'habitude de répondre au téléphone lorsque j'étais sur la route, mais je voyais clairement que l'appel provenait de la maison. Peut-être avait-elle oublié de me mentionner un élément à acheter !Il était impératif que je réponde au téléphone. Je saisis d'une main mon téléphone,mais dans ma maladresse il me glissa des mains pour aller se loger à mes pieds.
«Putain de merde ! » criais-je dans le vide en regardant le sol. Je regardai la route, puis mon téléphone et encore la route. Le téléphone était silencieux depuis quelques secondes déjà, puis il recommença à sonner de plus bel. Cette fois-ci, je n'avais pas le choix, je devais répondre. Je m'étirai le bras. De toute évidence,je pouvais à peine le toucher. Je fis une deuxième tentative en vain. C'est alors que je serrai le volant de ma main gauche et me penchai légèrement vers l'avant pour saisir mon cellulaire de la main droite. Mes doigts avaient de la difficulté à l’atteindre, mais à la dernière seconde je tirai et l'empoigna avec force . C'est à cet instant que je la vis, enfin, que je vis son regard et ma voiture se précipiter droit vers elle. Je n'eus qu'une fraction de seconde pour saisir avec vigueur mon volant, le détourner et freiner énergiquement. Je sentais la douleur de mes doigts qui serraient le cuir du volant et mon pied s'enfoncer dans le frein.Lorsque je sentis mon véhicule s'immobiliser totalement et si subitement ma tête se fracassa sur mon volant et je perdis momentanément la carte.
Je repris mes esprits encore assis dans ma voiture et avec un mal de crâne indescriptible. Malgré ma douleur, je n'avais qu'une image en tête, le bleu de ses yeux.
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Sujet: Re: Perdu dans ce bleu ft Alana Mer 20 Fév - 15:32
Appuyée en avant sur le caddie, Alana regardait sa liste de courses, qu'elle tenait à la main. Depuis que Jennifer et Charly étaient rentrées de Paris, les courses se devaient d'être faites plus souvent, et même si cela ne lui plaisait pas de se balader une supermarché, c'était un des compromis de la colocation. Elle soupira en voyant qu'il lui manquait la bouteille de vin que Jennifer voulait utiliser pour la fondue. Tournant le caddie à trois cents soixante degrés, Alana se dirigea calmement vers le rayon. Elle n'était pas pressée, pour une fois, et était donc un peu au ralenti, fatiguée de son boulot de la veille. Elle avait remplit des dossiers jusqu'à deux heures du matin, et n'avait pu trouver le sommeil que deux heures après, trop de choses divaguant dans sa tête. Cette période n'était pas bonne pour elle puisque déjà il faisait froid, Cleavers était parti au ski lui laissant une pile phénoménale de choses à faire, ses deux colocataires étaient rentrées, bref, cela la stressait énormément. De ce qui plus est, elle n'arrivait pas à s'organiser. Quand trop de choses arrivaient d'un coup elle ne savait plus où se donner la tête et finissait par tout faire de travers. Et finalement, faire les courses, dotée d'une liste précise de ce qu'il fallait acheter, la calmait un peu.
Elle resta dix minutes devant la gondole des bouteilles à regarder distraitement les différents vins blancs. Ses moments de fatigue lui arrivaient de plus en plus souvent, et elle se surprenait souvent à fixer le vide, comme perdue. Alana se reprit alors, prit une grande inspiration, tentant de se réveiller en se frottant les yeux. Elle aperçut alors droit devant elle le vin nécéssaire et l'attrapa, le posant ensuite dans le caddie plein. S'appuyant de nouveau contre le caddie, elle le poussa jusqu'aux caisses en traînant des pieds. Ce n'était pas très bien élevé, mais Alana arrivait à un stade où elle s'en fichait de l'avis des gens. Toutes les files étant immenses, Alana en choisit une aléatoirement et somnola le temps que ça passe. Elle devait trouver un moyen de se réveiller, mais profitait un peu du moment pour essayer de relaxer et ne penser à rien d'autre que les brocolis et le jambon dans son caddie, ainsi que sa liste parfaitement respectée.
Finalement arriva son tour, et Alana récupéra ses condiments qu'elle mit consciencieusement dans des sacs prévus à l'effet. Elle paya ce qu'elle devait puis repartit en direction de sa voiture, qu'elle avait d'ailleurs mal garée. C'était un de ses jours où tout Magnolia venait faire ses courses, pour on se sait quelle raison, ne laissant plus de place au parking. La Kauffman s'était donc garée en double file après avoir discuté avec le conducteur de la voiture qu'elle gênait. Heureusement pour elle, il lui dit qu'il ne revenait pas avant trois heures, donc elle avait largement le temps de faire l'aller-retour.
Distraite, Alana laissa le caddie un peu en plein milieu de la route, le temps de transvaser les courses dans le coffre. De toute façon, aucune voiture ne passait, donc elle s'était dit que pour cinq minutes, rien n'aillait arriver. Seulement voilà. Un bruit de moteur se fit entendre. Un crissement de pneu retentit. Alana se releva du coffre, et tourna la tête vers l'origine du bruit. Elle écarquille les yeux, ouvre grand la bouche. Trop tard.
Des vitres qui se brisent. Les pneus qui s'arrêtent. Le caddie qui tombe. Entre les deux, Alana. Au volant, un homme assommé. Un grand silence suit le fracas, laissant seulement le capot fumer. Une vive douleur réveille la jeune femme. Dans les vapes, elle entrouvre les paupières, mais voit flou. Elle ne peut plus bouger. Chaque parcelle de son corps semble immobile. Inerte. Seule la douleur à sa jambe droite la tient consciente. Le silence lui fait peur, la douleur lui fait mal, sa vue la trouble. Elle ferme les yeux.
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Sujet: Re: Perdu dans ce bleu ft Alana Mer 20 Fév - 17:37
Perdu dans ce bleu
Alana & Liam
Le silence était d'une froideur. Je lâchai le volant qui était encore crispé entre mes doigts, comme s'ils ne faisaient qu'un avec la peau de cuir. Je regardai au loin, mais je n'y voyais rien. J'envoyai ma tête vers l'arrière en la tenant tellement la douleur était immense. Je restai ainsi quelques minutes. Lorsque j'ouvris enfin les yeux totalement la fumée avait envahi la vitre de mon pare-brise me laissant devant une mer de vide absolu. J'essayai tant bien que mal de bouger, mais mes bras étaient engourdis, voir totalement immobiles. Je me devais de sortir. Je savais que ma souffrance était vive et tenace, mais ce qui m'attendait dehors était certainement bien pire. Les images se bousculèrent dans ma tête. J'avais la bouche sèche et le crâne qui me lancinait. Je serrai la poignée de porte entre mes doigts presque paralysés et je poussai avec toute la force qu'il me restait vers l'extérieur. La portière grinça, puis finalement céda à la pression.
Je n'essayais de penser à rien, mais les images les plus troublantes me venaient à l'esprit. J'avais peur et le coeur voulait me sortir de la poitrine. J'avais de la difficulté à respirer et mon souffle se coupait à chaque pas que je faisais en direction de la femme que je ne pouvais percevoir tellement la fumée se propageait entre nos deux véhicules. Je serrai les poings et marchai un pas de plus jusqu’à distinguer une forme. Je m'arrêtai subitement et la regardai étendue sur le sol dans une marre de sang. Je m'effondrai sur le béton en la fixant, malgré les larmes qui coulaient sur mes joues froides. Je posai ma main sur la sienne, mais elle restait immobile. Ses mains étaient glacées et les miennes également. J'examinai sa jambe et son pantalon en sang, puis je frôlai délicatement le bas de celui-ci pour voir jusqu’où se rendait la plaie. À peine eus-je déposé mes doigts sur le dessus de sa cuisse ensanglantée qu'elle hurla en écarquillant les yeux vers le ciel. Je pris peur et reculai. Elle respirait et me regardait sans pouvoir formuler un traitre mot. Je m'assied auprès d'elle pour lui caresser les cheveux pendant qu'elle se tordait de douleur et moi réduit au silence.
Le silence me pesait.
Tout s'était passé tellement vite. Trop vite. Puis, il y avait elle. Ses yeux qui se perdaient dans mon esprit torturé. Je m'en voulais et je souffrais, même si cette douleur n'avait rien de physique. J'étais accroupi parterre et elle, gisant sur le sol. Les secours se faisaient attendre depuis bientôt une éternité. Je la suppliais de survivre du regard.
« Regardes-moi !» lui murmurais-je par manque de force en effleurant la mèche brune qui lui tombait sur la joue avec mes doigts nappés de son sang. Elle essayait de me parler et elle le voulait, mais rien. J'épongeai la larme qui lui coulait sur la joue avec ma manche et j'implorai les ambulanciers d'arriver enfin.
Deux hommes arrivèrent finalement sur les lieux et se lancèrent littéralement sur elle tandis que je reprenais le souffle que j'avais perdu.
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Sujet: Re: Perdu dans ce bleu ft Alana Mer 20 Fév - 22:35
Des étoiles ? Non, elle n'en voyait pas. Elle ne voyait rien. Un flou incessant brouillait sa vue, ses pensées. Tout était noir. Le temps semblait s'être arrêté. Alana arrivait à peine à mettre une pensée derrière l'autre. Tout n'était que brouhaha, cacophonie et capharnaüm. Mais elle n'entendait rien. Des bruits sourds peut-être. Que s'était-il passé ? C'était allé si vite. Elle avait eu à peine le temps de voir le conducteur, aussi apeuré qu'elle, puis tout avait sombré. Alana avait l'impression que sa tête allait exploser. Sans cesse elle passait du vide à la réalité, au bord du gouffre. Pouvait-elle mourir ? Suffisait-il d'un pas en avant ? Toujours à demi-consciente, Alana se demandait si ce n'était pas plus mal. La fameuse interrogation sur la vie. Valait-elle vraiment la peine d'être vécue ? Elle avait quoi, bientôt trente et un ans, toujours le même métier, dans cette petite ville, en colocation avec les filles qu'elle connaissait depuis longtemps. Trop longtemps. Les tensions qui existaient entre elle les séparaient de plus en plus. Peut-être que sa mort servirait à les rapprocher, se dit-elle alors.
Alors qu'Alana se sentait sombrer vers ce trou noir, la tête qui semblait partir en arrière, une vive douleur se fit ressentir, se propageant dans son son corps. Elle ouvrit d'un coup les yeux, tremblante, hurlant, des larmes perlant aux coins de ses yeux bleus. Que s'était-il passé ? Cette question tournait en boucle dans la tête d'Alana, sans réponse. Elle haletait, sentait ses larmes couler et son front se perler de sueur. Elle ne pouvait toujours pas bouger, frigorifiée, ouvrant la bouche de douleur. Ce froid qui se répandait dans son corps la rendait de plus en plus faible. Alana tourna alors la tête, sentant une pression sur la joue. Sa respiration était forte, haletante, parfois gémissante. L'intense sensation de sa jambe se répercussionnait partout, comme si elle prenait feu, étant malgré tout gelée. Les sourcils froncés, ne pouvant toujours pas prononcer un mot, elle plongea son regard dans celui de l'homme qui était apparu. Apercevant du sang sur son front, elle en déduisit que ce devait être le chauffard. Cet abruti qui lui avait foncé dessus. Elle détourna alors vivement la tête, souhaitant que cet homme disparaisse, qu'il ne la touche plus. Alana tournait sa tête de droite à gauche, tentant se se dégager, de sortir de ce cauchemar. Mais le moindre mouvement la tordait de douleur. Elle ouvrit alors la bouche pour crier à l'homme de partir, d'enlever ses mains de ses cheveux, d'arrêter de la regarder avec cet air de chien battu. Mais tout ce qui sortit fut un faible râle, une pauvre bruit qui n'avait pas de sens. Alors elle abandonna, laissant sa tête dériver vers le côté.
Cependant, l'homme lui, n'abandonnait pas. Il prit le visage d'Alana entre ses mains et l'ordonna de le regarder. Ses paupières se fermaient, s'ouvraient mais refusaient de rester immobiles. Elle aurait tout donné pour que ça s'arrête, pour que tout s'arrête. Que la douleur s'en aille, que les larmes sèchent, que le sang ne coule plus. Mais tout ceci ne semblait pas arriver de sitôt. Dans un battement de paupière, Alana aperçut le chauffeur avec une expression indescriptible sur le visage, un mélange de peur, tristesse et souffrance. Il essuya la joue d'Alana avec la manche de son pull, essayant toujours de la garder éveillée. Elle referma les yeux, fatiguée. Alana se sentit alors soulevée, elle entendit des bruits de pas, des paroles, un écho d'alarme. Le corps inerte d'Alana fut déposé sur un brancard autour duquel se pressaient trois ambulanciers. Le masque pour respirer, la perfusion, la couverture, tout fut réalisé en l'espace d'une minute. Mais Alana ne réagissait toujours pas, enfoncée dans ce sommeil, perdue dans ce gouffre sans fin.
Alana sentit alors des fourmillements dans son bras droit. Elle grimaça puis remarqua que son membre s'était libéré de cette immobilité, libéré de l'emprise de la mort, peut-être. Elle battit des paupières, et vit soudainement tout clair, comme si une lumière était dirigée droit vers ses yeux. Elle leva le bras et l'amena contre son visage. La lumière blanche se dispersa et elle put entrevoir son membre. Du sang. Du sang rouge vif recouvrait sa main entière et dégoulinait le long de son avant-bras. Dans les vapes, elle continuait d'inspecter sa main avant que quelqu'un le lui repose, lui parlant doucement à l'oreille. Que s'était-il passé ?