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Keep your hands off my girl. / Andy & Tara

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MessageSujet: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeJeu 21 Mar - 22:59

Je n'en peux plus. J'en ai ma claque. Cette musique pourrie, cette chaleur suffocante, ces yeux inquisiteurs, c'en est trop pour moi. Il y a des soirs où je n'ai qu'une envie: abandonner les bouteilles de vodka et foutre le camp d'ici. Et pourtant, le Dancing c'est toute ma vie. Le seul truc stable que j'ai. Parce que la maison je n'en ai payé qu'une infime partie, parce que les files avec qui je vis ne sont plus celles avec lesquelles j'ai grandi. Tout, au fur et à mesure, fout le camp, sauf ce fichu bar. Il y a des soirs où j'adore mon job: l'équipe avec qui je travaille, les gens que je rencontre... Ce soir n'en fait pas partie. Il y a ce type, grand, brun, fortement alcoolisé, qui me tient la jambe depuis presque une heure et qui frôle le harcèlement sexuel. En règle générale, il serait plutôt mon genre, alors j'aurais répondu à ses avances, je lui aurais servi un verre gratos et on serait peut être allé chez lui à la fin de mon service. Mais là, il me gonfle, et ses potes un peu plus loin qui nous regardent en se marrant me gonflent eux aussi. D'habitude, je m'en tape de ce comportement machiste qui ferait bondir la plupart des femmes: ça m'amuse. Sauf que ce soir, ses yeux braqués sur ma poitrine et ses sous entendus pervers me donnent envie de vomir. Il se fait tard et je regarde ma montre: on ne ferme que dans trente minutes, et les verres s'enchaînent encore et encore. Alors que je tends le bras pour donner un verre à une jeune fille blonde, l'homme m'attrape le bras pour me tirer vers lui. Evidemment, le verre se renverse et inonde le comptoir. C'en est trop. Putain mais lâche moi, bordel, regarde ce que tu fais ! J'enrage. Si je le pouvais, je lui mettrais ma main dans la figure à cet abruti. Je ravale ma haine et me hâte de nettoyer le comptoir puis de resservir l'infortunée. Cette fois ci, le brun attend que je lui ai donné son verre pour m'attraper. Je suis alors projetée contre le bar, penchée vers lui et incapable de me défaire de son étreinte. Je sens son haleine chaude et fétide dans mon cou. Ca me donne la nausée. Je le repousse tant bien que mal en proférant toute sorte de jurons.


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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeMer 17 Avr - 0:44



Keep your hands off my girl !

Quatrième shoot de tequila. Mes neurones se tendaient à l'infini. J'ai fermé les yeux. Les paupières closes, tout est toujours plus rassurant. Une phrase que j'avais croisé au cours de mes lectures me revenait en tête : "Le monde est tellement plus beau quand vous n'y êtes presque plus". C'était ça. C'était exactement ça. Je n'appartenais déjà plus à ce monde. J'étais en train de disparaître, de m'évaporer lentement, comme le ferait une idée. Je n'étais plus Andy, j'étais un concept d'Andy, un vague concept qui se dissipait, balayé par des vents contraires. Je laisserait mon esprit s'envoler, encore et toujours plus haut. J'aurais franchit la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère, et à présent je filerais à vive allure visiter l'infinité de exosphère, ignorant les rafales de vent solaire. La constellation du Lion serait ma destination finale. Puis, prit d'un soudain élan nostalgique, je me retournerais une dernière fois vers ma planète d’accueil. De là haut, tout serait calme. Ce serait la paix, l'harmonie. Une beauté à vous en foutre les larmes aux yeux. Puis le vide. Plus rien. Plus rien que de l’apaisement, et du silence à perte de vue. Pour un peu, j'aurais put croire que j'étais déjà morte.
J'échappais quelques instant à la réalité, cette foutue réalité qui m'avait sauté au visage quelques semaines plus tôt, pour ne plus me lâcher. Magnolia. Quatre consonnes et quatre voyelles, c'était ce qui définissait mon enfer personnel. Un monde de perfection, de jardins aux arbustres bien taillés, de maisons aux volets bien assortis, et de sourires simulés. Moi ? Je n'étais que la tache qui venait assombrir le tableau. Mes godasses boueuses et mal cirées livraient une guerre sans merci aux pelouses parfaitement tondues, à coup de grosses semelles boueuse. Mes godasses. J'étais à peu près sure que à elles aussi, le bitume New Yorkais leur manquait. Je soupirais. New York I love you but you bringing me down.
Les yeux fermés au moins, le mal du pays devenait supportable. Ma vue s'était déconnectée, mais mes autres sens avait prit le relais. Mes doigts effleurèrent un instant la banquette moelleuse de la banquette qui me soutenait. Ce mauvais skaï mal imité, qu'avait il de différent avec les banquettes que l'on pouvait retrouver dans n'importe quel bar new yorkais ? Et ces shooters, n'étaient-ce pas les même tord-boyaux que l'ont me servait dans le pub au coin de la neuvième avenue ? Cette bande-son composé de rire gras, de confessions étouffées et de musique assourdissantes, n'était elle pas universelles à tout les bars de l'univers ? Mêmes poivrots, mêmes odeurs d'alcool enivrantes, mêmes bars, mêmes soirées. Loin de repousser ces assaut d'illusions faussées, je les acceptais, pire encore, je m'en nourrissais. Cette pensée avait quelque chose de rassurant, une lueur d'espoir semblable à une petite vielleuse d'enfant qui brillait courageusement en plein coeur des ténèbres.
Ce fut un bruit de verre brisé qui me tira définitivement de ma rêverie. Vaguement agacée d'être ainsi extirpée de mon oasis intérieur, j'ouvris les yeux pour détecter la source de ce désagrément. Je ne tarda pas à la trouver : une petite brune, l'air assez coriace se débat dans tout les sens en proférant des jurons. La diversité des insultes employée est telle qu'elle semble être issue des sept continents. Au bout de son bras, l’archétype même du dragueur relou : vaguement beau, vaguement con, vaguement alcoolisé, vaguement beauf et vraiment insistant. Mais l'homo erectus est en chasse. Il a repéré une femelle à l'écart du troupeau, et il compte bien marquer son territoire. Pauvre con, va.
Avant même de comprendre ce qu'il m'arrive, mes pieds ont déjà prit une décision : ils se remettent debout, et avancent à grand pas vers la demoiselle en détresse. Mon cerveau suit, un peu à la traîne. De toute façon, ce soir, il n'a pas son mot à dire. Tout mes membres se rebellent, et c'est bientôt au tour de ma main de se poser sur l'épaule de l'indésirable. Je le tire en arrière, avec une force que je ne me connaissais pas, et le force à se retourner. J'ignore si son manque de résistance est dut à son taux d'alcoolémie trop élevé ou alors à l'effet de surprise dont j'ai bénéficié, mais en tout cas j'ai réussi mon coup, et l'homme pose son regard bovin sur moi. Je crache mes mots, avec colère.

« - Eh, Einstein, t'as besoin d'un sonotone ou quoi ? T'as pas entendu qu'elle t'as dit de la lâcher ? Tu veux que je t'aide à enfoncer ça un peu plus clairement dans ta tête, peut être ? »

L'homme a l'air confus, mais furieux d'être ainsi coupé en plein manège. Un regard à ses acolytes suffit à rebooster son taux de connarométre. Se laisser ainsi dominer par une fille ? Jamais ! Et pourquoi pas un animal aussi, pendant qu'on y est ? La masse d'1.85m qui me fait face pousse un grognement de mâle dominant, et accompagne son gargarisme d'un joli nom d'oiseau. Tiens Andy, ça c'est cadeau ! Mon sang ne fait qu'un tour. Je pousse l'individu qui recule d'un pas en titubant. Il faut dire que sa consommation d'alcool joue contre lui.

« - Moi, une salope ? Pourquoi ça, parce que je n'ai pas fait semblant de ne pas voir tes tentatives minables de pelotages, comme le reste de tout ces pauvres lâches qui nous entourent ? »

Je vois du coin de l'oeil quelques proches regards se détourner, mais je ne m'arrête pas pour autant. J'en ai trop sur le coeur à présent. Je suis comme une grenade qu'on vient de dégoupiller. Plus que quelques secondes, et vous serez tous conviés à la grande explosion finale. 3... 2... 1...

« - Tu crois que je ne te connais pas ? Oh, mais je vois parfaitement qui tu es, bien au contraire. Un de ces pervers dégueulasses, qui crève d'envie tout les jours devant les filles qu'il croise, mais qui n'a pas suffisamment de couilles pour aller les aborder. Ca te rends fou qu'elles ne t'adressent même pas un regard, n'est ce pas ? Heureusement que l'alcool est là pour dégriser, sinon comment ferais tu pour oser leur adresser la parole pour leur faire partager tout tes petits fantasmes dégueulasses, hein ? C'est le seul moyen que tu as trouvé pour exister à leurs yeux ? Dis moi, c'est une technique qui marche d'habitude, ou t'as déjà des injonctions d'éloignement qui sommeillent bien sagement dans ton casier judiciaire ? »

Pointant du doigt la demoiselle en détresse qui justement, ne semble plus tant en détresse que ça, je poursuis ma tirade.

« - Regarde la. Regarde la bien, parce qu'une fille comme ça, tu n'en aura jamais. »

Et là. Je ne sais toujours pas comment expliquer ce qu'il va suivre. Peut être était ce l'inspiration, la fatigue, la colère, la mouche tsé-tsé, la lumière des néons trop vive, le sang qui battait contre ma poitrine... Bref, rien de tout cela n'arriverait à expliquer l'idée qui me traversa ma tête toute pleine de courants d'air, lorsque mon regard croisa celui de la principale intéressée. Ma voix se radoucie, et prit une tonalité inquiète. Relâchant un peu mon poste de chien de garde, je fis quelques pas vers la demoiselle en question, avant de passer un bras protecteur autour de sa taille. Fixant son poignet, je m'indignais.

« - Alexandra, ma chérie, ça va ? Il ne t'a pas fait mal au moins ? »


PS. BON. Bah vu la longueur, il faut croire que ton premier poste m'a vraiment inspiré !
PPS. Désolée pour Alexandra. Je n'ai pas put résister. Vraiment.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeDim 21 Avr - 18:07

Ce gros porc à l'haleine de scotch me tient bien serrée contre lui. Mon poignet est engourdi: le sang peine à circuler dans mes veines à cause de sa poigne d'acier qu'il refuse obstinément de défaire. Je ne suis ni plus ni moins que l'os d'un bâtard. J'enrage. Contre lui, contre sa force brute, contre ma féminité trop faible pour résister. Une vague d'insultes me vient en tête mais je les contiens derrière ma mâchoire bien serrée. Il va finir par me lâcher , je pourrai aller voir le vigile et lui demander de faire sortir ce connard de la boîte. Je ne suis pas payée pour ça: être un objet que l'on peut posséder à sa guise.
Soudain, l'homme part en arrière et me lâche. Je laisse échapper un soupir et me redresse, une douleur dans les côtes à l'endroit même où le rebord du bar me comprimait. Derrière l'armoire à glace décontenancée se tient une petite nana qui ne paye pas de mine. Est ce vraiment elle qui vient de voler à son secours ? Je l'observe tandis qu'elle crache son venin au visage de l'autre abruti. Celui ci ne tarde pas à répliquer, avec toute sa méchanceté et sa connerie d'homme de cromagnon. J'assiste impuissante à cet échange verbal, paralysée par ce qu'il se passe. Et puis, prise de conscience comme un coup de jus, je sors du bar et m'approche, pour calmer le jeu. Je n'aimerais pas que la brunette se fasse tacler par ce con pour avoir voulu m'aider ! Mais il ne tente rien, certainement sonné par la répartie impeccable de la jeune fille. Je reste un peu en retrait, anticipant les réactions de la brute. Finalement, la nana vient vers moi et m'enserre la taille. D'une voix mielleuse, elle me demande comment je vais et n'hésite même pas à m'attribuer un nom et un surnom. Je reste de marbre, estomaquée par tant de culot.
En face, l'homme se lève et grogne, tourne les talons en marmonnant des mots tels que "broute-minou", "goudou" et j'en passe. Il part rejoindre ses congénères et disparaît de ma vue une bonne fois pour toute. Je reprends doucement mes esprits et me défais de la fille. Si sur le coup, ce geste m'a étonnée, maintenant il me déplait fortement. Plus d'une personne dans le bar nous regarde et l'air amusé et effronté de la gamine m'agace. Putain, mais de quoi tu te mêles ? je lance, avec toute l'ingratitude et toute la mauvaise foi dont je suis capable. J'ai l'air d'une princesse en détresse peut être ? Je la laisse là et retourne derrière mon bar en bougonnant. Oui, j'avais certainement eu l'air en détresse quelques minutes auparavant, mais désormais je veux qu'on me foute la paix. Avec son look d'androgyne et ses manières, il est quasiment sûr qu'elle est lesbienne cette môme. Or, je n'ai vraiment pas besoin de ça !


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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeMar 30 Avr - 17:02

Keep your hands off my girl !

L'adrénaline. Voila ce qui me maintenait en vie, dans cette ville édulcorée. L'adrénaline, c'était la vie qui coulait dans mes veines, et s'insinuait lentement dans chacune de mes artères. C'était ces poils qui se hérissaient le long de mon échine, c'était cette décharge électrique qui traversait mon corps de part en part. C'était mon coeur qui s'emballait, c'était mes mâchoires qui se resserraient. C'était ce qui déréglait ma pression artérielle, c'était ce qui dilatait mes pupilles. Foutaises. L’adrénaline, c'était surtout cette envie irrépressible d'abattre mon poing dans la face de cet abruti.
Mais le destin avait apparemment décidé d'épargner le visage de cette brebis égarée, du moins pour ce soir. Pauvre agneau ! Mes petits poings resteraient sagement dans mes poches, lisses et diaphanes. Vierges de toutes écorchures. Bien plus paisibles que mon âme torturée d'adolescente écervelée en manque d'action. L'acidité remontait le long de ma trachée, et me dévorait délicieusement la langue. Je regardais avec défaillance l'abruti qui me faisait face. Monsieur hésitait. Il avait l'attitude de ces chiens sauvages, qui ne savent pas comment réagir face à un autre de leur congénères. Que faire ? Grogner, sortir les crocs ? Mordre ? Me lacérer la peau ? Il ne tenait qu'à lui de me réduire en une charpie sanguinolente. Je ne faisais pas le poids face à lui, il le savait pertinemment. Ce n'était pas moi qu'il regardait. C'était un hypothétique combat, une éventuelle victoire. Une éventuelle défaite aussi. Combien de d’hématomes bleuis serait il prêt à endurer rien que pour avoir raison ? C'était stupide. Insensé. Le jeu n'en valait pas la chandelle. Il recula d'un pas. Puis deux. Puis trois. La porte d'entrée claqua derrière lui.
Je clignais des yeux. Le bruit eut l'effet d'une déflagration qui me sortie de ma torpeur. Lentement, j'abandonnais mon armure de preux chevalier au profit des vieux oripeaux d'Andy Swarovski. Je n'étais plus cette gamine pleine de colère. J'étais à nouveau cette grande gosse, un peu paumée, un peu perdue. Je sentais les regards peser sur moi. Qu'ils pèsent, qu'ils pèsent donc ! Ca les occupera. Sous ma main, je sentais le chaleur et le rythme régulier d'une respiration. Oh, tiens. Elle aussi, je l'avais oubliée. Mais avant même que j'ai eut le temps de la libérer, ma serveuse captive se dégagea d'un coup sec. Pas de merci, pas de gentil sourire, pas de fioritures. Ah, ils avaient bien changés, les comptes de fée du 21éme siècle ! Et les princesses aussi d'ailleurs. J'm'en fous. J'ai toujours préféré les reines maléfiques, t'façon.

« - Excuse moi de t'avoir ôté d'une si agréable compagnie, ironisais-je. C'est quoi son p'tit nom, déjà ? »

Et là, je surprends son regard. Quoi, serait ce de la gène que je vois briller au fond de ses iris ? Se pourrait il que ma fière amazone cache un petit complexe ? Je jette un coup d'oeil par dessus mon épaule, et sourit avant de comprendre.

« - Quoi, c'est eux qui te dérangent ? Tu as peur de t'afficher avec la goudou du quartier ? lançais-je avec un sourire amusé. Si ça peut te rassurer, je ne vais pas te sauter dessus. J'ai déjà mangé, merci de demander. »

J'attrape négligemment ma veste. J'ai peut être beaucoup de défauts, mais pas celui de m'imposer lorsque l'on ne veut pas de moi. La nuit m'attends, et avec elle, une pelleté de nouvelles demoiselles en détresses.


Dernière édition par Andy Swarovski le Jeu 2 Mai - 10:30, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeMer 1 Mai - 18:00

J'ai retrouvé ma place derrière le bar, et je m'y sens étrangement plus en sécurité. Quoi ? Cette nana représente à elle seule un danger plus grand que le mec qui vient de s'en aller ? Il faut croire que oui: elle me fait craindre pour ma dignité. Tandis que l'autre m'aurait tout au plus causé un bleu. Elle répond ironiquement à ce que je lui ai dit, je peux voir le mépris dans son regard. Je ne prends même pas la peine de lui répondre, trop occupée à reprendre mon service: plusieurs personnes attendent leurs verres. Ceux là même qui sont restés indifférents deux minutes auparavant lorsqu'un connard me coinçait contre le bar. Elle enchaîne, bien loin de se démonter de mon silence. Elle comprend la source du problème: elle se qualifie elle même de goudou du quartier. Je déglutis, cette fois c'est la honte qui me serre la gorge, non plus la colère. La gamine me lance une dernière fois un regard effronté, récupère sa veste et prend le chemin de la sortie. Je soupire, me mords la lèvre et finis par l'ouvrir: Attends ! Je t'offre un verre... pour te remercier. Je m'empresse de dire la fin de la phrase, qu'elle ne croit pas qu'elle ait une chance avec moi ! Je fixe l'arrière de son crâne, attendant qu'elle s'arrête et se retourne. Je soupire à nouveau, me répétant que je lui dois bien ça. Le service de sécurité de cette boîte est clairement à revoir, si c'est une gosse d'un mètre cinquante qui me vient en aide à chaque fois qu'un lourdaud me fait du gringue ! Mon attention est accaparée par un garçon enivré me commandant une énième vodka, que je m'empresse de lui servir.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeJeu 2 Mai - 13:03

Keep your hands off my girl !

Gouine. Goudou. Broute minou. Voilà le crime dont j'étais accusée. Effrontément, j'avais délibérément choisi le saphisme. L'amour interdit. A la force virile, j'avais préféré les recoins défendus des courbes féminines. J'étais une fille ratée, une erreur génétique, une honteuse mutation de l'évolution. Je ne portais pas de jolies robes aux couleurs fanées dont les tissus volatils suivaient le balancement de chacun de mes pas. Je ne laissais pas sur mon sillage d’entêtantes odeurs fleuries de roses ou de lilas. Je ne nouais pas mes cheveux dans de savantes coiffures dont les boucles adouciraient les traits de mon visage. Je n'avais pas une voix douce, ni même mélodieuse. Je n'avais rien de tout ça. Et pire encore, je le cherchais pas non plus. Je perturbais l'ordre établi. Et c'est pour cette raison qu'on me vouait aux enfers. Intouchable. Pestiférée.
Pourtant, j'avais naïvement pensé que cette fille serait différente. Et puis non, mauvaise pioche. Elle était comme tout les autres. Une jolie fleure, fanée de l'intérieur. Moi ? J'étais une mauvaise herbe, sans vertus particulières. Une ronce, le genre de truc dont on aimerait bien se débarrasser. C'était d'ailleurs le dernier plaisir que j'allais lui accorder ce soir. Allez, debout Andy. On décampe, on lève le camp, on débarrasse le plancher. Va traîner ta veille carcasse dehors, ici t'as pas le look, coco !
Pourtant, c'est bien cette même demoiselle, le coeur chargé d’opprobre et de remords qui arrêta mes pas. Un verre de compensation ? Mais pour qui se prenait elle ? Alors c'est comme ça que tu vois les choses, ma belle ? Une insulte un verre, meilleur rapport qualité prix ? Tu penses que cinquante millilitres suffiront pour finir de terrasser mon reste d'amour propre ? Ou c'est le seul moyen que t'as trouvé pour essayer de racheter ta culpabilité ? T'as sonné à la mauvaise porte ma jolie, ici y'a pas marqué "oeuvre caritative". J'suis pas ta bonne action de l'année, celle dont tu pourra parler avec tes voisins autour d'une tasse de thé. Garde ta pitié pour toi. Attends, bouge pas, j'vais te dire ma façon de penser moi.

« - Je bois de la vodka. »

BIM, dans les d... Attends, quoi ? Mais non, c'était pas du tout ce qui était prévu, ça ! Alors mon petit cerveau, qu'est ce qui t'as prit, franchement ? T'es pas torché au moins ? Même pas. C'est quoi cette crise de rébellion alors ? Tu nous prépare un coup d'état, dis moi ?
Je fais lentement volte face. Arrête ça Andy, arrête tout de suite. Mes pas résonnent sur le carrelage. Demi tour, allez, plus vite que ça ! Mon bras s'accoude contre le bar. Stop, arrête ça ! Mes jambes me hissent sur le tabouret haut. Tu vas m'écouter, oui ? Mon regard se pose instinctivement sur elle. Il est trop tard maintenant. Putain. Dans quel merdier me suis-je encore fourrée ?
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeJeu 2 Mai - 17:01

Je crois que c'est trop tard. Je crois qu'elle ne m'a pas entendue, ou bien qu'elle fait mine de ne pas m'avoir entendue. Je la regarde s'éloigner un peu plus, impuissante. Je m'occupe alors du mignon venu quémander un autre verre. Je le sers, c'est bien mon travail, mais mon esprit est ailleurs. Il est au côté de cette fille qui s'est élancée avec courage pour me sauver la mise, et que j'ai si mal remerciée. Le garçon s'en va, je tourne la tête dans la direction qu'avait prise la fille pour s'en aller: disparue. Je ne la vois plus. Je soupire, hausse les épaules et ramène mon regard sur le comptoir luisant et collant. Je lève un peu les yeux et- stupeur ! elle est là, face à moi, assise sur un tabouret, accoudée et le regard dans le vague. Je cache mal mon étonnement mais il y a de quoi: je ne l'ai pas vue venir ! ou plutôt revenir. Je ne pensais pas qu'elle aurait envie de se retrouver face à moi à nouveau, vu la façon dont je l'avais traitée auparavant. Mais bon, je crois qu'elle est plutôt revenue pour l'alcool que pour mon joli minois (non, pas minou). Ses dires me le confirment: elle boit de la vodka. Sans attendre, je lui en sers un verre avant de m'occuper d'un autre client. Je finis par revenir vers elle et lui dis: Je m'appelle Tara, pas Alexandra au fait. Je n'attends pas sa réponse avant d'enchaîner: Tu es du coin ? Je ne t'ai jamais vue ici auparavant. Depuis le temps que je travaille au Dancing, je sais reconnaître les gens de passage, ceux qui ne viennent que pour passer la soirée et que personne ne revoit jamais. Étrangement, une partie de moi espère que ce n'est pas son cas. Cette nana commence à m'intriguer.


Dernière édition par Tara Cross le Sam 4 Mai - 12:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeVen 3 Mai - 20:18

Keep your hands off my girl !

Ainsi donc, ma farouche protégée avait un nom, un vrai. Elle avait rejeté mon appellation, tout comme elle avait rejeté mon aide. Sans l'ombre d'un regret. Elle n'était plus ma Alexandra. Elle n'était même plus ma demoiselle en détresse. Ma légende urbaine se cassait la gueule. Mademoiselle venait de quitter définitivement le royaume de l'imaginaire, pour en revenir, plus concrète que jamais. Elle était une fille, parmi toutes les autres. Une fille. Tara. Étais-je déçue ? Je n'en savais foutrement rien. Le prénom que je lui avait attribué était sorti des limbes, fruit d'un parfait hasard. Mais maintenant que j'y réfléchissais, Alexandra était un prénom à la hauteur de mon inconnue. C'était le nom d'une impératrice de Russie, celui d'une Reine de Grande Bretagne, celui encore d'une princesse asmonéenne. Ces quatre syllabes renfermaient une aura mystérieuse. Un peu comme cette amazone. Finalement, j'avais bien choisi.
Le gout âpre de la vodka me brûla la gorge. Je fermais les yeux un instant, imprimant à l'encre indélébile ces quatre lettres bien distinctes sur mes derniers neurones. Tara. C'était quoi c'prénom à la con ? Et puis d'abord, ça ne voulait rien dire. Tara, tara... Tarabistouilles, ouais ! On avait encore jamais entendu parler d'une reine ou d'une impératrice nommée Tara. D'ailleurs, on avait encore jamais entendu de personne appelée Tara. Dans le dictionnaire des noms communs, j'étais à peut prés sure qu'en cherchant ce nom, je tomberais sur un gouffre intersidéral.
D'un autre côté, une partie de moi se délectait de cette nouvelle. Avoir un prénom qui n'appartenait qu'à soi, c'était absolument grisant. Pas de modèle à copier, personne à égaler, elle se distinguait déjà du commun des mortels. Tara était libre d'enfiler les déguisements qui lui plaisait. Son destin lui appartenait. Elle pouvait choisir d'être du côté des gentils, comme du coté des méchants. Elle pouvait se faire bandit des grands chemin, princesse des mille et une nuit, muse, pirate, détective, chanteuse de cabaret. Ou serveuse dans bar aux néons aveuglant, probablement.
Cette pensée m'arracha un vague sourire. Ce que j'avais l'air tarte, quand même. A sourire dans le vide et à changer d'avis comme une girouette. Nord, Sud, Nord, Sud, Nord. C'était elle qui me faisait perdre le nord, d'abord. Et ça ne semblait pas la perturber outre mesure, puisque ma jeune serveuse enchaîna en me demandant d'où je débarquais. Ma bouche continua de sourire, mais mes yeux s'étaient éteints. Ah, ma jolie, si tu savais... Je viens de la ville qui ne dort jamais. Celle où les nuits sont artificielles et féeriques. La ville où j'avais laissé mon coeur, dans un coin de l'aéroport. Un jour promis, je reviendrais le chercher.
J'ai pas dit tout ça. J'aurais put, c'est vrai, mais à quoi bon ? Ma mélancolie ne me ramènerait pas mon chez moi. J'étais fatiguée de cette nostalgie qui pesait chaque jours sur mes épaules. Fatiguée d'être triste. Fatiguée de traîner des pieds. Fatiguée de me battre. Fatiguée, fatiguée, fatiguée...

« - Je viens juste de débarquer, y'a même pas un mois. Un pavillon crème, dans la rue Magnolia, entonnais-je sans grande conviction. Je connais pas encore très bien le quartier. La population non plus d'ailleurs. Je dois avoir une drôle de façon d'aborder les gens, si on en croit mon échange avec l'autre abruti. »

Je remarquais au passage que mademoiselle n'avait pas jugé bon de me demander mon nom. Ce n'était pas pour me déplaire. Ce soir, je ne serais plus Andy. Je serais simplement la gamine du comptoir, celle qui buvait de la vodka. Cette idée me séduit. Avec son absence de détails concret, cette rencontre échappait au réel. Cette soirée était l'oeuvre d'un rêveur, imaginant et tissant à chaque instant le fil de nos vies hasardeuses.

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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeSam 4 Mai - 13:52

J'essaye de rattraper un peu le coup. Mes premiers échanges avec cette fille n'ont pas été un franc succès. On peut même le dire: je me suis montrée odieuse. Quel est son crime ? Celui d'être différente, anormale, marginale. Elle représente à elle seule tout ce que j'ai peur de devenir un jour. C'est une peur sourde qui se tapit en moi depuis un long moment déjà et que j'essaye vainement d'oublier. Je me retranche dans mon armurerie, prête à la bataille. Quelle bataille ? Celle que je vouerai sans mercie à cette partie de moi que je rejette et méprise.
Une fois son verre servi, je pourrais l'oublier, passer à un autre client, penser à autre chose. Mais contre tout attente je reviens à elle et la questionne. Mes prédictions étaient justes: elle vient de débarquer ici. Mais elle y est pour un moment. Ce n'est pas une fille de passage qui ne remettra plus jamais les pieds dans ce club. Je hoche la tête, attentive à son air perdu, à son ton de voix dépité. Elle n'a pas l'air de se faire à la vie d'ici. Un léger sourire me vient aux lèvres. J'étais dans le même cas que toi il y a 5 ou 6 ans... Accoudée au même comptoir, avec le même dégoût pour le New Jersey... On s'en remet tu vois !
Et ce que je lui dis est vrai: près de sept ans auparavant, j'arrivais ici avec ma bande de copines. On avait acheté une maison, on s'était installé. J'avais eu la nausée pendant près de trois mois, je déambulais sans but dans ces rues qui ne me plaisaient guère. Plus attirée par le vandalisme que par un réel job. J'étais exactement comme elle. Finalement, le patron du Dancing m'avait embauchée et j'étais rentrée dans les rangs: j'étais devenue quelqu'un de normal à Magnolia Crescent, j'avais trouvé ma place, j'avais rencontré des gens. Mais il est clair qu'aujourd'hui encore, Los Angeles me manque, ma vie d'avant me manque. Je crois qu'en fait, je suis une pauvre princesse en détresse, qui attend qu'un beau prince sur son cheval blanc l'emmène vers des contrées plus ensoleillées. Plutôt mourir que passer le restant de ma vie dans cet endroit. Tara putain ! un gin fizz dépêche !
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeLun 6 Mai - 12:18

Keep your hands off my girl !

Ainsi donc, je n'étais pas la seule à avoir échouée ici, dans les filets de Magnolia. Pourtant, à New York, j'avais été comme un poisson dans l'eau. Mais il avait fallu qu'on me sorte de ma mare, qu'on me jette sur la rive, qu'on m'expose à l'air pur mais suffocant du rivage. Magnolia. Ici, je m’asphyxiais progressivement. Noyade à l'air libre. Ce n'était pas le gout du grand air qui s'infiltrait sournoisement dans mes poumons, c'était celui de la mort, celui de cette bonne vieille faucheuse que j'avais connu, déjà trop intimement. Alors vieille peau, un Swarovski ne te suffisait donc pas ? Ton appétit est il donc si aiguisé ? Dis moi, ange de la mort, sentirais je aussi tes doigts osseux sur ta peau, quand tu m'emportera ?
J'aimerais que quelqu'un m'apprenne de nouveau à respirer. Que quelqu'un me remette debout, sur mes pattes maladroites. Qu'il me dise comment me remettre à marcher. J'y arrive pas, j'y arrive plus. J'veux plus porter ma carcasse à bout de bras. C'est trop lourd, trop encombrant. J'aimerais la poser là, au bout d'un sentier, puis me casser sans regrets. Au revoir la Andy triste, la Andy blafarde, la Andy morose. Au revoir ma chérie. On t'écrira, promis.
J'peux pas faire ça, je peux pas lui faire ça. Cette Andy là, on a traversé trop de choses ensemble. Et puis en plus, le bonheur jure avec mon teint. Alors tant pis. C'est comme ça, pas le choix.
Je posais mon regard sur ma jeune inconnue. Disait-elle vrai ? Finirais-je par baisser les armes, et par accepter cette ville qui me blessait si durement ? M'ouvrerait elle ses bras chargés d'épines, avant de m’accueillir dans son antre ?

« - Qu'est ce qui t'as amené ici ? Pourquoi cet endroit ? demandais je avec curiosité. »

Je la fixais ma taulière. Elle avait une histoire, un passé, quelque chose qui m'échappait. Il ne tenait qu'à elle de me livrer son histoire au compte goutte, des indices, des détails que je récolterais précieusement, afin de reconstituer sa légende personnelle. J'aimais l'histoire. Ou plutôt, j'aimais les histoires. Quand j'étais gamine, ma mère venait tout les soirs me lire un quelques pages, dans l'espoir insensé d'arriver à m'endormir, bercée par la douceur de ses mots. Peine perdue. Tout valsait dans ma tête. Les princesses esseulées se mêlaient aux minautores, les dragons côtoyaient les héros grecques et les dieux de l'Olympe courraient après les lapins blancs. Un tourbillon de couleurs et de mots, que rien ne pouvait arrêter. Je l'écoutais avidement, les pupilles dilatées de plaisir, savourant chaque paroles, retenant chaque phrases. Je la suppliais de lire plus lentement, pour prendre le temps de m'imprégner de ses mots. Et quand la fin de l'histoire arrivait, je gémissais, j’implorais, je trépignais. Plus, plus, il m'en fallait encore. S'il te plait, maman.
Puis, j'ai grandis. J'étais toujours aussi avide d'histoires. Il m'en fallait de nouvelles, plus grandes, de plus belles encore. C'est comme ça que j'ai fait de New York mon livre de contes. Les murs de ses buildings, le parfum de ses rues, l'écho des pas résonnant sur l’asphalte, tout, exactement tout avait une histoire. Je tentais de reconstituer fiévreusement son passé sulfureux, alors que celui là s'évertuait à me filer entre les mains. Tant pis. Le jeu en valait la chandelle.
Une fois de plus, Magnolia ne faisait pas le poids. Son béton était trop frais, ses façades trop lisses, ses rues trop rectilignes. Trop, trop, trop. Il manquait cruellement ce parfum de mystère, dont j'avais tant besoin. Face à cette réalité décevante, il ne me restait plus qu'à rester prisonnière dans mes rêves chimériques. Mais pour combien de temps encore ?
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeDim 12 Mai - 12:59

A vrai dire, cette fille me fait de la peine. Elle sirote sa vodka tandis que je la surveille du coin de l'oeil. Heureusement, ce n'est pas le rush ce soir et je peux aisément discuter avec elle tout en faisant mes commandes. J'y suis juste un peu moins attentive. La brunette lève les yeux vers moi et me demande comment est ce que j'ai atterri ici. Elle est certainement intriguée par mon apparent je-m'en-foutisme et ma résignation. Oui, je suis à Magnolia depuis 7 ans et Dieu sait comme c'est long, 7 ans à Magnolia. Je simule un sourire et lui réponds: Ce sont mes amies qui m'ont amenées ici. Pourquoi je ne l'ai jamais vraiment su. Je hausse les épaules, le regard dans le vague. J'habitais à San Francisco avant. Un sourire me vient au souvenir de cette ville dans laquelle j'ai passé mon adolescence... San Francisco, son célèbre pont, son climat californien, ses nuits folles et sa douceur de vivre. Quelle idée saugrenue de troquer cela contre le froid et la grisaille du New Jersey ! A mes yeux, rien ne vaut la Côte Ouest des Etats Unis, pas même La Grosse Pomme. Je coupe court à mes rêveries et reporte mon attention sur la gamine. Et toi, tu viens d'où ? Elle a la tête et le look d'une fille de la ville dépaysée. Je ne sais pas si, comme moi, elle parviendra à se faire à la vie d'ici. J'espère que non. J'espère qu'elle aura le courage de repartir de là où elle vient et de ne pas se laisser ancrer dans une routine. Moi je n'ai pas eu cette force là. Je n'ai jamais su couper le cordon avec Charly, Junie, Alana et Jenn. Je suis bien trop dépendante de ces filles, je suis incapable de voler de mes propres ailes. J'en suis bien consciente, c'est certainement ça le plus triste.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeLun 13 Mai - 1:33

Keep your hands off my girl !

San Francisco, hein ? Ma belle inconnue s'est trahie. Sa bouche a parlé, mais son sourire l'a contredite. Ce sourire, je le connais trop bien. C'est le sourire des regrets, le sourire des peines étouffées, le sourire des rêves agonisants. C'est le sourire de tout ce qui aurait put être, et qui finalement ne l'est pas. C'est le seul truc qui est là, quand plus rien ne va. C'est le sourire cache-misère, le sourire trompe-l'oeil quand derrière lui, tout se casse la gueule. Ce sourire, je le connais trop bien. Ce sourire, c'est le mien.
C'est drôle, finalement. On s'approprie toujours les lieux qu'on a habité. On dit "ma ville", "ma rue", "ma maison". Ma, ma, ma. D'où il sort d'abord, ce foutu adjectif possessif ? De quel droit il vient s'incruster là ? Qui nous a donné le droit de s'approprier les lieux ? Qu'a t-on fait pour mériter ceci ? On s'est baladé dans ses rues ? On a percé ses mystères ? On a mémorisé son plan ? Est ce seulement suffisant ? Peut-être qu'au fond, New York, ça n'a jamais été ma ville. Peut-être même qu'en fait, c'est moi qui lui appartient. C'est elle qui m'a vu grandir. C'est elle qui a été le témoin silencieux de mes plus belles années. C'est elle qui m'a adoptée. Et puis finalement, c'est elle qui m'a regardée partir un matin, derrière la vitre d'un taxi crasseux. Elle est restée là, à me regarder m'en aller, tenant mon coeur entre ses mains gigantesques. Saint Exupéry disait "On risque de pleurer un peu, si on s'est laissé apprivoisé". Et depuis ce désastreux jour de février, mon oreiller a le gout des larmes.
J'hésite. J'ai envie de dire ce que je pense, mais j'ai peur qu'elle me prenne pour une folle. J'ouvre la bouche. Je la referme. C'est elle, qui se rouvre tout de seule.

« - Y'a quelque chose de bizarre ici, entamais-je, hésitante. C'est... Je sais pas... Les gens... Leur regards... Leurs bouches sourient, mais leurs yeux disent le contraire... On dirait qu'ils ont peur. Qu'ils se méfient. Ouais, voilà. Qu'ils se méfient. De tout et de tout le monde. On dirait des chiens sauvages qui regardent un énorme molosse avec défiance, en attendant avec angoisse de voir le moment où il refermera ses crocs acérés autour de leurs gorges. »

J'hausse les épaules. Ca y est, c'est trop tard, elle doit me prendre pour une folle. Une illuminée de la théorie du complot. Démente, et sénile. Peut être qu'elle n'aura pas tord après tout. Le pourcentage de chances pour que je finisse un jour vieille fille s’accroît de jours en jours. Tant pis, j'adopterais des chats. Ca mord pas au moins, ces bestioles là ?
Pour rattraper le coup, je réponds à sa question.

« - New York City, neuvième avenue, le gros bâtiment en briques rouges, dernier étage, la chambre sous les toits. Celle où entend la pluie ruisseler le long de ses vieilles tuiles, quelques fois. »


Abondance de détails. Le souvenir est toujours intact. Toujours aussi vif, toujours aussi brûlant. Là, sur ma poitrine et tout contre mon coeur, une lueur ardente à prit place. NY est là, à jamais, marqué au fer rouge.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeMar 14 Mai - 23:16

Après lui avoir dit d'où je venais, la gamine me regarde avec compassion. Cela doit se lire sur mon visage, que cette ville me manque. En même temps, Magnolia aurait du mal à rivaliser avec San Francisco ! Toute personne qui y met les pieds est enchantée par cette ville, Scott McKenzie et Maxime Leforestier l'ont même chantée ! Vous en connaissez, vous, des chansons sur Magnolia Crescent ? Il n'y en a pas et il n'y en aura sûrement jamais. La brune de l'autre côté du bar assimile mes paroles puis se penche en avant pour me faire part de quelque chose qui ressemble à un secret. Elle me parle des habitants et de leur étrangeté. Un sourire amusé me vient aux lèvres. Avec les années, je me suis faite à ces gens, peut être même suis je devenue l'une des leurs ? Mais ce qu'elle me raconte me rappelle mes premières impressions, lorsque je suis arrivée. C'est un peu comme s'ils avaient tous quelque chose à cacher. Mais après tout, moi aussi j'ai quelque chose à cacher... J'y ai donc sûrement ma place. Je me penche à mon tour vers elle et murmure: C'est qu'il se passe des choses étranges par ici... Je tente de prendre un air mystérieux. Est ce qu'elle croit aux histoires de loups garous de fantômes ? Elle ferait mieux d'y croire oui, car Magnolia est loin d'être un quartier tranquille. Meurtres, disparitions et rumeurs y vont bon train. Parfois, on serait tenté de croire que le merveilleux y a sa place ! Je lui lance un clin d'oeil et part chercher une nouvelle bouteille de rhum.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeMer 15 Mai - 17:58

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Si ma remarque a surprit ma jeune serveuse, en tout cas, elle l'a bien caché. L'amertume de son sourire s'est effacé pour laisser place à de la malice. Cette fois ci, elle est dans son élément. Elle me sors le grand jeu, les confidences à mi-voix et les clins d'oeil par dessus le comptoir. Où est passée ma reine de glace ? Ses yeux pétillent. Elle savoure sa courte victoire, je le sens. La nouvelle Tara me déconcerte. Elle s'est emmitouflée dans son armure de mystère, mais ce n'est pas pour me déplaire. Je crois qu'elle se fout un peu de moi. Qu'elle a envie de jouer. Peut-être attend t-elle ma réaction ? Je sens son envie palpable de voir mes yeux s'écarquiller. Que je l'implore mielleusement de continuer. Cette idée me fait sourire. Quoiqu'il en soit, je ne la priverais pas de son plaisir. Je saute dans la gueule du loup, à l'aveuglette. Qu'elle me croque donc, si ça lui chante !

« - Ah oui ? Qu'est ce quels genres de choses étranges ? questionnais-je, vaguement sur la réserve. »

Que va t-elle pouvoir m'inventer ? Des histoires de fantômes, de sorcières ? Pas des contes de fées, si j'en juge son regard. Qu'importe, je suis bon public. Je cale ma tête contre ma main, prête à ce que le rideau se lève, et que la pièce commence. Peut importe le rôle que Tara endossera ce soir, je serais là pour l'écouter. Encore une histoire, encore une, s'il te plait.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeMer 15 Mai - 20:03

C'est donc une New Yorkaise qui se tient face à moi. Hm, une fille du Nord, j'aurais pu le parier ! C'est vrai qu'elles doivent être grandes ses désillusions: passer de la Grosse Pomme qu'est New York à ce minuscule pépin qu'est Magnolia ne doit pas être évident. Mais elle, au moins, est déjà habituée au climat ! Je me rappelle parfaitement mes premières semaines ici. C'était au moins de juillet et pourtant je ne sortais jamais sans un pull. Les autres habitants me regardaient tous avec des grands yeux, croyant que 21°C était caniculaire. Ces fous n'ont jamais mis un orteil à San Francisco pendant l'été, c'est certain.
La brunette semble à la fois amusée et intriguée par le ton mystérieux que je viens d'emprunter, ce qui me plait bien. Oublié l'incident qui venait de se dérouler entre nous, je décide de lui sortir le grand jeu. C'est un challenge énorme que je me lance: faire naître chez elle un intérêt pour sa nouvelle ville. Ce n'est franchement pas gagné ! C'est un poids de dizaines d'hectogrammes qui pèsent sur mes épaules même ! J'attends un peu avant de lui répondre. Je préfère créer le suspense et m'en vais gaiement servir un client qui tente d'attirer mon attention depuis plusieurs minutes. Je finis par revenir pour mettre fin à son attente. Et bien... je ne sais pas si tu en as entendu parler, mais il y a des meurtres, des disparitions, tout un tas de choses louches orchestrées par une certaine Dirty Secret. Je marque un temps, guettant sa réaction. On vit dans un quartier digne des plus grandes séries policières ! Alors la New Yorkaise, qu'est ce que tu dis de ça ? Les Experts Manhattan n'ont pas qu'à bien se tenir, car ce qu'il se passe ici, c'est pour de vrai.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeLun 20 Mai - 21:02

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Un animal sauvage. Voilà ce à quoi Tara me fait penser. Elle m'échappe une fois de plus. En un seul bond, elle me glisse entre les mains. Et je reste là, comme une conne, à la regarder me semer. Comme une conne, ouais. Chaque rapprochement que je tente de solde par un cuisant échec. Tara ne se laissera pas si facilement apprivoiser. J'observe en coin la fugitive, servir des verres à d'autres clients. Une scène du Petit Prince me revient en tête. Celle du renard. Je souris : Tara est mon renard. Je ne sais pas encore comment l'amadouer. Je ne sais même pas comment m'y prendre pour ne pas l'effrayer. Et puis franchement, cette nana, c'est pas le genre à se laisser brosser dans le sens du poils. Alors quoi, qu'est ce que je fais ? Je reste là, à la regarder ?
Faut croire que oui. Je reste planter là, à la regarder s'éloigner, hésiter, revenir, repartir encore. Elle joue avec mes nerfs comme un chat le ferait avec une pelote de laine. Mon sauvage félin se transforme en chaton de calendrier. Elle revient à nouveau, cette fois pour miauler à mes pieds. Je ne sais plus à qui me fier. Qui est cette fille qui me fait face ? Ces filles, plutôt. Car Tara est multiple. Ses visages le sont tout autant. Tantôt féline, tantôt tigresse. On fini par s'y faire, à ce qu'il parait.

« - Dirty Secret ? Qu'est ce que c'est que ce truc ? »

Bon, j'admets. Cette fois, mon petit renard a sut viser juste. Je n'ai pas besoin de simuler la curiosité qui se peint sur mon visage. Tara m'a captivée, c'est vrai. Captivée, mais pas conquise. Mon cerveau se rebute encore à accepter d'un seul trait l'histoire rocambolesque que l'on me sert sur un plateau d'argent. Un demi sourire s'empare de mon visage.

« - Dis moi Tara, tu regarderais pas un peu trop la télé, par hasard ? »

La télé, l'opium du peuple. L'ultime d'asservissement de notre génération endoctrinée. Elle édulcore notre quotidien, elle endort nos âmes meurtries. Un tranquillisant ? Une drogue, ouais. Un truc un peu fou, un peu dingue, un peu psychédélique. Un truc qui fait planer, qui nous fait échapper à notre morne réalité. Moi ? J'avais pas besoin de ça. L'éternel théâtre qui se déroulait dans ma tête valait bien tout les écrans du monde. Une représentation unique, et moi seule pour unique spectatrice. Je me calais confortablement dans mon fauteuil imaginaire. Quelque part, au fond de mon esprit, les trois coups retentissaient.
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MessageSujet: Re: Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Keep your hands off my girl. / Andy & Tara Icon_minitimeJeu 23 Mai - 0:06

Bingo ! J'ai gagné mon pari ! récolté le jackpot ! remporté la mise ! J'ai réussi à éveiller chez elle un petit quelque chose: une lueur, un éclat, une étincelle, un que-sais-je d'intérêt pour ce qui l'entoure. Un immense sourire éclaire mon visage. Le premier de la soirée et peut être même le premier de la journée tout court. Comme je me l'étais imaginée, elle n'a jamais entendu parler de Dirty Secret ! C'est donc à moi de lui raconter la jolie histoire de Magnolia Crescent. Mais avant que je commence mon récit, la brune se ravise. Elle ne me croit pas, elle me soupçonne même d'avoir le cerveau noyé par ce que l'on voit tous les jours à la télé. Mon sourire disparaît instantanément. La télé, je n'aime pas ça. Ca sert à abrutir les masses, sous couvert de les informer et les divertir. C'est pour éviter qu'elles fassent un petit peu trop fonctionner leurs neurones et qu'elles se rendent compte du merdier dans lequel on vit. C'est de la connerie en injection directe dans les veines. Le shaker à la main, je le secoue en même temps que ma tête: non. Je pousse un petit soupir et me lance. Dirty Secret c'est quelqu'un, ou quelques uns, qui s'amuse à balancer des potins sur les gens de Magnolia sur son site Web. Jusque là, rien de bien grave me dira-t-elle, une blague de lycéennes tout au plus. Ca va parfois un peu plus loin: des ados ont été drogués pendant la soirée d'Halloween, il y a eu des menaces à Thanksgiving ou encore des objets volés de la vente aux enchères... Et personne ne sait qui c'est. Je marque un temps, histoire d'apprécier l'expression sur le visage de mon interlocutrice. Et puis je reprends. Ca a commencé juste après la mort de Madame King, une voisine, et depuis cette Dirty Secret fout la pagaille dans le quartier. Je souris, encore. J'ai toujours essayé de ne pas prendre cette histoire trop à coeur: tout le monde a des choses à cacher, moi la première, alors je préfère me faire discrète et espérer que Dirty Secret m'oublie. Je n'aimerais pas voir un jour la prose de son blog déballer toutes mes histoires qui ne regardent personne d'autre que moi.
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