(Personnellement je lis "ah merde" sur ses lèvres xD)

Mike était pressé de s'éloigner de ce coin de la ville et par conséquent il marchait sans faire attention à où il allait. De toute manière il ne risquait pas de se perdre, depuis le temps qu'il habitait à Magnolia il en connaissait toutes les rues par cœur. L'après-midi était à peine commencée mais il préférait ne pas trainer, histoire d'être sûr d'avoir fait tout ce qu'il devait faire avant la fin de la journée. Sa sacoche brinquebalait contre ses jambes mais il en avait l'habitude, à force de la trainer partout où il allait. Les mains dans les poches, il tripotait un paquet de cigarettes sans en sortir une seule pour autant ; il avait perdu l’appétit, même pour une clope. Il releva la tête à l'approche d'une rue plus fréquentée, sortit ses mains de sa veste et les frotta entre elles pour essayer de se donner un air naturel. Justice Street était pleine d'étudiants en train de déjeuner, d'ailleurs cela lui fit penser qu'il n'avait rien mangé depuis tôt ce matin mais il avait l'impression qu'il ne pourrait rien avaler avant une heure tardive de la nuit. Il décida de passer par les universités, après tout c'était le chemin le plus rapide pour rentrer chez lui. Au détour d'une rue il faillit percuter un mec qui courrait avec...un appareil photo ? Mike eut un petit rire, se demandant bien ce qu'on pouvait photographier de joli par ici, après tout question de panorama il y avait mieux. Entendant des exclamations à l'autre bout de la chaussée, il suivit le type du regard et constata qu'ils étaient au moins quatre ou cinq à faire exactement la même chose. En demi-cercle, contre le mur d'une des universités, à parler tous en même temps et à prendre en photo quelque chose. Ou quelqu'un ? La façon dont ils se pressaient en avant ressemblait vaguement à un règlement de compte, mais ça ne pouvait évidemment pas être ça, pas en plein milieu de Justice Street, un après-midi où il y avait un grand soleil. Haussant les sourcils, Mike décida de passer son chemin. Depuis quand y avait-il des stars à Magnolia Crescent, la bonne blague. Il fit quelques pas, bien décidé à ne pas s'arrêter pour la petite diva du jour, mais la curiosité l'emporta et il fit demi-tour pour aller voir de qui, et de quoi il s'agissait. Après tout, ça ne pouvait être qu'un truc con, rien de bien important ou même sérieux. Il joua des coudes entre les photographes, s'arrêta à quelques mètres de leur victime. Cette chevelure rousse ne lui disait absolument rien. Quoique. Il resta immobile, réfléchissant, résistant aux poussées de ses voisins qui, visiblement, tenaient vraiment à leur interview. Cette nana lui disait quelque chose, mais il n'arrivait pas à savoir d'où il pouvait la connaître. Travail ? Non, ça ne risquait pas. Lycée, collège ? Peut-être bien, mais de souvenir il y avait eu plusieurs roux les uns à la suite des autres. Roux, roux... Wainwright ? Impossible de mettre un nom sur la Wainwright qu'il avait en face de lui en ce moment, mais il était sûr que c'était une de ses voisines, peut-être bien celle qui avait toujours eu d'excellents résultats en cours de musique. Quoique toute la famille Wainwright était connue pour ses talents musicaux, que ce soit l'ainée, la cadette ou la benjamine. Mike resta sans bouger, à regarder la rousse, ne sachant pas trop quoi faire. Il n'avait pas franchement envie de s'impliquer dans des affaires de riches, il avait déjà assez à penser avec ses propres affaires. Mais finalement la fille avait l'air alarmée et il se dit qu'il ne pouvait pas la laisser en plan, comme ça au milieu de ces inconnus. Il fit quelques pas vers elle, l'attrapa par le bras et la tira sans ménagement en dehors de toute cette foule. Il s'arrêta un peu plus loin, se rendant compte qu'il avait peut-être serré un peu trop fort le bras de Wainwright, mais un coup d’œil par dessus son épaule suffit à lui faire constater qu'ils étaient suivis. Merde, petite diva du jour tu fous la merde. Il l'entraina sans un mot dans une rue adjacente, suivant le labyrinthe des ruelles de la ville à vive allure pour être sûr qu'ils sèmeraient les paparazzis. Il s'arrêta plus loin, de l'autre côté de l'université d'arts et lâcha une bonne fois pour toute la rousse.

Qu'est-ce qu'ils étaient collants, impertinents, malpolies, indiscrets... et la liste était encore longue. Satine n'en voyait plus le bout dans une main arrivée dieu sait où lui attrapa le bras et la tira de la vite fait bien fait de ce regroupement de fous. Choquée par le geste Satine ne n'arrivait pas à s'exprimer, mais quand elle retrouva usage de la parole elle n'avait aucune envie de se débattre pour s'enfuir, parce qu'elle le faisait déjà. C'était un blondinet qui à présent la traînait dans les ruelles d'un geste expert. Elle comprenait alors qu'il ne lui voulait pas de mal, mais seulement l'aider à se débarrasser de ces photographes qui couraient moins vite qu'eux avec leurs matériels qui coûtaient surement la peau du cul.

Une fois saints et saufs le jeune homme s'arrêta et lâcha le bras de Satine, par réflexe elle se massa le bras, cette course avait été quelque peu rude tout de même. Essoufflée Satine tenta de dire quelque chose à son sauveur de la journée, mais c'était encore trop tôt, alors elle l'observa enfin. Il lui semblait qu'elle le connaissait, sans aucun doute il vivait dans le même quartier, mais de là à mettre un nom sur son visage de blondinet... Il ne fallait pas trop lui en demander.

Son coeur battant à présent beaucoup moins vite, Satine n'était pas du genre sportive et il lui fallait du temps pour s'en remettre, elle réussit à articuler quelques mots. « Mon dieu, merci. Merci. » Répéta-t-elle, un peu émut. Elle ne le connaissait pas après tout et il l'avait aidé. Satine se sentait redevable envers le jeune homme. « Tu n'imagines à quel point je te remercie. Quelle bande de rapiats, encore merci. » Puis elle tendit sa main vers lui afin de se présenter. Ils auraient peut-être dû commencer par là comme tout le monde, mais les circonstances étaient telles qu'ils avaient dû vivre une course poursuite avant de se présenter mutuellement. « Je m'appelle Satine Wainwright, tu es de Magnolia je me trompe ? »

Mike s'était redressée et jetait de temps à autre des coups d’œils à la rousse, attendant qu'elle se remette de cette course poursuite dans les rues de la ville ; visiblement il lui avait fait mal en la prenant par le bras, puisque la jeune fille se le massait. Il restait persuadé que c'était une Wainwright, pour avoir vécu toute sa vie dans ce quartier et avoir vu les membres de cette famille aller et venir, jouer et chanter, après toutes ces années il pensait être capable de les repérer. Après, pour savoir à quelle Wainwright il avait affaire exactement, ça devenait plus compliqué. En tout cas elle semblait heureuse d'avoir échappé à ces photographes et ne tarda pas à se présenter en tant que Satine Wainwright. Tiens, il aurait parié que l'ainée s'appelait Saline, alias la Staline des cours de récré quand ils étaient gamins.

« Ouais. Mike. »

Il tendit la main vers celle de la jeune fille pour serrer la sienne, puisqu'elle le voulait. Puis il ramassa son sac, qu'il avait laissé tomber à terre lorsqu'ils s'étaient arrêté dans cette petite rue, en profita pour ranger son paquet de cigarettes qu'il avait toujours à la main mais qu'il n'avait même pas ouvert, et fit quelques pas vers Justice Street à un rythme incitant Satine à le suivre. Il valait mieux rejoindre tout de suite Justice Street, puis Cliffton Center jusqu'à Magnolia Crescent, à moins qu'elle ne veuille recroiser la route de ces hommes qui la suivaient.

« Qu'est-ce qu'ils te voulaient ? »

Après l'avoir aidé, Mike avait bien le droit à quelques explications, ce n'était pas tous les jours qu'on se retrouvait entouré de photographes surexcités. Cependant il posait juste la question et ne voulait s'engager dans aucune affaire ; il l'avait aidé une fois, parce qu'il avait eu le sentiment qu'il ne pouvait pas laisser sa voisine au milieu de cette bande d'inconnus. Quoiqu'il en soit il se doutait que ce ne devait pas être bien grave, voire même pas très important ; il avait eu vent de la réputation des Wainwright qui, selon sa mère, se voulait être la meilleure possible et ce depuis toujours. À vrai dire il avait pu le remarquer lui-même, ayant été dans la même école que Satine, puis le même collège et enfin le même lycée. Il ne lui avait en réalité jamais vraiment prêté attention, se rendant compte de son existence seulement quand les professeurs s'extasiaient sur ses excellentes notes et lui conseillait d'en prendre de la graine, lui le cancre de la classe. Maintenant qu'il avait quitté le lycée, il savait juste « l'intello » continuait encore et toujours la musique, pour le plus grand bonheur de ses voisins qui pouvaient entendre à tout moment de la journée du Beethoven ou du Mozart.

La rousse avait vu juste, son sauveur du jour était bien du quartier, il lui semblait bien avoir déjà croisé cette tête blonde avant et ne sortant pas souvent où aurait pu-t-elle le croiser auparavant si ce n’était pas chez eux ? Elle en apprenait même plus sur lui, il s’appelait Mike, c’était un bon début, elle pouvait maintenant le présenter en quatre mots, Mike, blond, sauveur et fumeur. Oui elle avait vu son paquet de cigarettes qu’il n’avait pas pu ouvrir visiblement. Elle lui serra la main tout en se présentant à son tour. « Enchanté Mike, moi c’est Satine. »

Le blondinet qui savait où il mettait les pieds s’engagea vers Justice Street incitant par son rythme de marche à Satine de le suivre ce qu’elle fit presque aussitôt qui repris la marche. Loin de là d’être un pot de colle la rousse voulait juste retrouver son chemin et profité de la présence sécurisante de son sauveur ainsi que ce GPS qui était intégré dans le cerveau des garçons. En réalité Satine était un peu perdu et Mike semblait savoir où il allait.

Celui-ci ne tarda pas à lui demander d'ailleurs ce que cette bande de chacal lui voulait bien. Satine pris un peu de temps à choisir ses mots pour lui répondre. Il devait surement connaitre Aaron. En bien ou en mal, elle ne savait pas et elle ne voulait pas le mêler à toute cette histoire encore plus qu'il ne devait l'être. Ce qui lui fit penser qu'elle devrait s'excuser et lui expliquer... « Ils pensent que je suis en couple. Du coup on me demande « c'est qui ? » « Allez-vous faire de moins en moins de concert ? » « Comment l'avez-vous rencontré ? » Questions bateaux et lourde. Surtout que... c'est totalement faux. Ils cherchent juste à se mettre quelque chose sous la dent. » Ah qu'est-ce qu'elle les détestait, il lui tardait de rentrer chez elle et réglé cette histoire une bonne fois pour toute avec son avocat. Depuis qu'elle a commencé à être connus Satine a toujours su gérer la presse. Une seule fois elle avait connus à débordement de ce genre et elle savait exactement ce qu'il lui restait à faire pour ne plus entendre parler de « son nouveau couple ».

Visiblement, la Wainwright voulait qu'il sache bien à qui il avait affaire, après s'être présenté une fois en tant que Satine Wainwright et avoir attendu qu'il lui dise son nom, elle se présenta une nouvelle fois sous le prénom de Satine, comme si elle savait qu'il se souvenait de son surnom à l'école, « Staline », et qu'elle voulait qu'il l'oublie immédiatement. Mike eut un petit rire en repensant à cette époque où le seul prétexte pour qu'il parle à la musicienne était son surnom. Et puis avec le temps, on l'avait oublié et plus personne n'avait appelé la rousse ainsi, d'ailleurs Mike avait eu d'autres chats à fouetter que de se préoccuper de Miss Piano et c'était encore le cas aujourd'hui bien qu'il ait fait un effort. Depuis ils ne s'étaient plus reparlé, au point même d'oublier comment elle s'appelait vraiment, hormis son super pseudonyme « Staline Wainwright ».
Les deux jeunes se mirent à marcher vers le centre de la ville, à vrai dire Mike ne voulait pas trainer pour rentrer avant d'apercevoir sa voisine en détresse avec les paparazzis. Maintenant qu'il l'avait tirée de là il ne comptait pas plus camper dans la rue, avec ou sans elle. Par contre il voulait bien savoir pourquoi elle était soudainement si populaire ; l'intéressée ne se gêna pas pour lui raconter ses mésaventures, ainsi donc la grande musicienne serait en couple, selon les médias, ce qui n'était pas vrai du tout. Mike se prit à sourire, c'était tellement idiot comme situation.

« Non, sérieusement ? Et alors, qui est le faux-heureux élu ? »

Il se fichait un peu de ces ragots de starlettes, mais l'idée que cette rumeur soit fausse et qu'on embête Satine pour rien puisque tout n'était que comédie, l'amusait. C'est ça d'être connu darling, et même quand on ne l'est pas autant que toi on a aussi des emmerdes, je te rassure. Quoiqu'il en soit Mike jouait au curieux, même si en réalité ça ne l'intéressait pas autant qu'il laissait à penser. Après tout, peut-être qu'il connaissait le faux petit-ami de Staline, peut-être même que c'était un voisin qu'il croisait tous les matins et qui allait subitement devenir célèbre pour avoir flirté avec Satine Wainwright.

Visiblement un peu bousculée par cette histoire Satine ne remarqua pas qu'elle s'était présentée deux fois devant Mike (Et voilà comment rattraper mes bêtises). Mike tout court, sans nom de famille histoire de donner un peu plus d'indication sur sa personne à Satine. Il ne devait pas être le genre de garçon qui se confit beaucoup, en revanche il était assez curieux d'en savoir plus sur cette affaire de faux petit ami.

Zut, que dire ? Comment faire ? Satine n'avait pas vraiment envie d'attirer l'attention sur Aaron. Il n'avait rien fait à part l'avoir aidé et raccompagné chez elle. Certes c'était son ballon qu'elle s'était prise en pleine poire, mais ce n'était pas lui qui l'avait lancé. De plus elle ne savait pas si Mike connaissait bien Aaron. Elle ne savait rien de ses voisins, qui aimait qui, qui traînait avec oui ect. Si Mike est un grand ami de Aaron il pourrait le prendre mal que la presse s'en prenne à lui par la faute de la pianiste et si c'était l'inverse peut-être qu'il s'en ficherait. Après tout il n'avait pas l'air d'être un grand fan de ragots. Et pour une fois que quelqu'un s'intéressait au peu de vie qu'elle avait elle se voyait mal le rembarrer.

« Et c'est Aaron Hamilton qui joue ce rôle... »

Elle ne le regarda pas aussitôt sa réponse donner, de peur de voir sa réaction et elle se pinça les lèvres tout en marchant espérant ne pas avoir dit de bêtises. De toute manière cette histoire n'allait pas passer inaperçu dans le coin alors cela ne devait pas changer grand-chose de la dire ou non maintenant.

« Il vit près de chez nous aussi. Il m'a raccompagné un jour où on s'était croisé et qu'on de ses amis m'avait malencontreusement choisis comme cible pour son ballon. Du coup la fameuse photo ne montre que Aaron en train d'examiner ma blessure, mais tu sais, certain geste pris avec certain angle ça donne toute autre chose... »