La jolie tête blonde de Savannah pointa le bout de son nez devant la porte des Greene en ce soir d’été. La jeune femme n’ignorait pas que le mari de Katarina était en déplacement pour un week-end, histoire de voir si le jeune couple pouvait étendre l’activité de leur agence de rencontre dans les environs. Elle comptait donc profiter de l’occasion pour sortir sa nouvelle amie qui ne prenait pas beaucoup de temps pour elle ces derniers temps entre ses occupations pour rendre les autres amoureux ou essayer de faire fonctionner son couple correctement. La jeune Richardson venait donc de débarquer à l’improviste et lui réservait une petite surprise pour cette soirée. Malgré leur différence d’âge, les deux jeunes femmes partageaient une drôle d’amitié où chacune d’elle complétait l’autre. Katarina tentait « d’assagir » et de « responsabiliser » l’esprit décalé et exubérant de Savannah, tandis que la jolie blonde essayait de la décoincer un peu quand il s’agissait de s’amuser sans toujours penser à ce qu’en dirait son mari. Puisqu’il était absent quelques jours, Savannah ne pouvait pas espérer meilleure occasion de sortir la directrice de l’agence de rencontres et de la dévergonder un peu. La jolie blonde retint sa petite robe noir de s’envoler au contact du vent, elle s’était mise sur son trente-et-un pour cette soirée, ce que Katarina allait immédiatement remarquer. Savannah frappa à la porte de la maison n°55 et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Heureusement, la jeune Greene ne mit pas longtemps pour s’afficher dans l’encadrement. La jeune Richardson la salua chaleureusement. « Bonsoir Kat ! Comment vas-tu ? » S’enquit Savannah qui entra presque timidement dans le hall d’entrée. La jolie blonde était quasiment une autre personne en la présence de cette femme – elle était presque… sage. Elle remarqua alors que son interlocutrice était habillée de façon casanière et entendit le son de la télévision fonctionner. Oh non ! Katarina s’était-elle vraiment calée devant un film romantique, à déprimer sur l’absence de son mari tout en mangeant du popcorn peu goûteux ? Savannah s’avança doucement jusqu’au salon et se dit qu’il était vraiment tant qu’elle arrive. Elle avait prévu plusieurs choses ce soir et espérait que Katarina serait partante pour lui emboîter le pas. « J’espère que je ne débarque pas au mauvais moment, mais je sais que ton mari est absent ce soir et je me suis dit qu’une petite sortie entre filles était de mise. » Lui dit-elle en souriant. Harrison n’allait sûrement pas reconnaître sa femme après cette soirée. Elle espérait vraiment que Katarina accepterait sa proposition, auquel cas, elle ne serait pas déçue. Savannah s’était promis de lui réserver une soirée digne de ce nom où elle pourrait s’amuser et qu’elle n’oublierait pas de sitôt. Encore fallait-il qu’elle se change si elle acceptait… Hors de question de quitter cette maison dans cette tenue.

Sa visite impromptue avait permis à Savannah de prendre Katarina par surprise. La jeune femme avait bien compris depuis un moment que la trentenaire lui donnait des prétextes pour ne pas sortir. Savannah avait donc débarqué sans mot dire aujourd’hui pour voir si elle était libre ou non. La jolie blonde ne voulait bien sûr pas forcer Katarina à l’accompagner, elle était assez grande pour refuser. Toutefois, Savannah savait que son amie était capable de s’amuser et essayait de la convaincre que ce n’était pas parce qu’elle était mariée et trentenaire qu’elle n’avait plus le droit de sortir de temps en temps. Sans émettre de jugement particulier, la jeune Richardson constata d’ailleurs qu’elle était arrivée à point nommé. Katarina s’était installée devant la télévision à regarder un film à l’eau de rose en déprimant limite sur l’absence de son mari. Était-elle déjà une vieille fille casanière à son âge ? Savannah ne pouvait se l’imaginer en connaissant un peu le caractère de la directrice de l’agence de rencontres. La jeune femme ne voyait elle-même pas d’inconvénient à passer quelques soirées seule chez elle ou en famille, elle ne sortait évidemment pas tous les jours. Mais le problème était que Katarina le faisait très souvent en l’absence de son mari. Mariée ne signifiait pas dire adieu à sa jeunesse et son indépendance ! Elle pouvait se changer les idées et penser à autre chose… surtout qu’Harrison ne semblait pas l’en empêcher. Savannah était bien placée pour en connaître un bout sur la question. Elle ne se voyait pas dans quelques années dans un couple où elle serait enfermée dans son ménage. La jeune Richardson esquissa donc un sourire en entendant la réponse positive de Katarina, qui acceptait de sortir malgré son hésitation et son manque d’enthousiasme évidents. « Oh mais prends ton temps, ça me donnera l’occasion de découvrir ce film. » Répondit-elle en souriant à la jeune estonienne qui avait tout le temps pour se préparer. Oui, choquant. Savannah n’avait jamais vu ce film. La jeune blonde leva les yeux au ciel une fois que la jeune mariée monta se changer… elle, regarder the Notebook ? C’était mal la connaître. Elle prit néanmoins son mal en patience et s’assit dans le canapé du salon en attendant Katarina. La jeune Greene descendit quelques instants plus tard et apparut dans l’encadrement de la porte. Un sourire radieux s’afficha sur le visage d’une Savannah bluffée qui reconnut là l’élégance de l’estonienne ; elle avait bien compris le code vestimentaire de leur petite sortie. Au moins savait-elle encore se préparer sans défaut… Katarina échangeait le rôle de l’épouse casanière à celui de femme fatale avec une facilité déconcertante. « Tu es parfaite ! » Souffla-t-elle à l’encontre de la jeune mariée. Savannah se leva et la rejoignit pour enfin sortir de la maison. La jeune blonde se dirigea vers la voiture et attendit que Katarina prenne place à côté d’elle avant de lui dévoiler un nouvel aspect de cette soirée. « Je sais que ça va te paraître étrange, mais notre petite sortie doit rester une surprise jusqu’au bout. » Dit-elle en sortant un foulard noir de son sac. Elle ne voulait pas que Katarina devine leur lieu de rendez-vous avant même d’y arriver, or elle était bien capable de reconnaître le chemin. « Puis-je ? » Demanda-t-elle alors pour lui bander les yeux délicatement, en veillant bien sûr à ne pas abîmer le maquillage léger de la trentenaire. L’inconnu n’était-il pas aussi bien excitant qu’il pouvait être effrayant ?

Katarina accepta de jouer le jeu de la surprise jusqu’au bout et se laissa bander les yeux par Savannah, ravie que son invitée de la soirée se montre réceptive à cette sortie malgré ses doutes. La jeune femme savait que la jeune mariée était réticente à l’idée d’ignorer leur destination, mais elle n’avait pas non plus exagéré en choisissant n’importe quoi. Savannah était déjà bien contente d’avoir réussi à emmener l’Estonienne avec elle. Les deux jeunes femmes embarquèrent dans la voiture et la jolie blonde démarra précisant tout de même que la route ne serait pas très longue. Durant le cours trajet, elles discutèrent brièvement de tout et de rien lorsque Savannah annonça leur arrivée au lieu-dit. Elle descendit rapidement de la voiture et en fit le tour pour aider Katarina à sortir. Elle lui prit la main et l’encadra pour la guider jusqu’à l’intérieur d’une salle assez grande où une petite musique d’ambiance se faisait entendre. « On est bientôt arrivées. » Lâcha-t-elle à une Katarina qui devait commencer à trouver le temps long et brûler de savoir où elles étaient. Savannah donna son nom à l’entrée et les deux ‘amies’ partirent s’installer à une table au milieu de brouhaha de voix les entourant. L’immense bar luxueux était plein. La jeune Richardson aida ensuite Katarina à s’asseoir avant de lui retirer le bandeau. « Voilà. » Dit-elle sans davantage d’explications. « Je te laisse deviner où nous sommes. » Indiqua-t-elle alors plusieurs tables remplies de gens –de femmes surtout– à leurs côtés et derrière elles. Juste devant leur table se dressait une large scène avec une décoration succincte et quelques chaises. Un serveur s’approcha alors des deux jeunes femmes pour leur proposer diverses boissons avant de repartir. Devant l’interrogation de son amie, Savannah confirma ce qui était peut-être sa pensée. « Comme tu le vois, nous allons assister à un spectacle de danse, mais pas n’importe lequel. » Sourit-elle de nouveau. Un spectacle de Chippendales, pour le plaisir de leurs yeux, si si. Madame Greene n’allait rien faire de mal, juste regarder et –Savannah l’espérait– s’amuser de ce moment décalé. Le serveur leur apporta leurs boissons, la jeune blonde prit la sienne pour trinquer. « Á cette soirée qui, je l’espère, te plaira. » Dit-elle ensuite. C’était une idée de sortie pour décoincer quelque peu Katarina en lui faisant comprendre qu’il n’y avait pas de mal à s’amuser du moment que certaines limites n’étaient pas dépassées. Soudain, les musiques retentirent, annonçant le début de la représentation.



HJ : Désolée pour l’attente (a) Kat va tomber de sa chaise xD

L’inconnu était ce qu’il y avait de plus excitant pour Savannah. Elle adorait les surprises qu’elles soient bonnes ou mauvaises, l’imprévu, ce qui n’était pas écrit d’avance et ne la coinçait pas dans une routine dont les journées perdaient toute leur saveur. Elle avait ce grain de folie capable de changer un simple moment en un instant décalé et elle aimait les partager avec ceux qui comme elles n’avaient pas peur de l’inattendu. Pourquoi alors s’efforçait-elle de passer du temps avec Katarina qui ne lui ressemblait pas vraiment sur ce point ? Parce que lors de sa rencontre avec la jeune Estonienne dans le magasin où elle travaillait, la jeune Richardson avait ressenti ce même brin de folie, éteint par le défilé de sa jeunesse, les années d’un mariage enraciné et les inquiétudes liées à la gestion de son agence de rencontre. Alors quand Katarina avait proposé à Savannah de s’inscrire dans son agence, la jolie blonde y avait vu une occasion de fréquenter plus souvent la jeune mariée et de lui raviver ce petit grain de folie et cette fraicheur qu’elle avait reconnus. Ce n’était pas parce que Katarina était mariée et dégoulinante d’amour pour son époux qu’elle ne pouvait pas se décoincer un peu et sortir de temps en temps pour s’amuser plutôt que de se la jouer casanière tous les soirs à déprimer en pyjama sur l’absence de son mari devant des films fleur bleue. Katarina n’était pas encore du troisième âge quand même. C’était une femme qui avait beaucoup de charme et qui se devait de le montrer. Savoir qu’elle pouvait continuer de plaire malgré sa trentaine et le fait qu’elle soit mariée pouvait la rebooster quelque peu. Depuis lors, Savannah et elle entretenaient une étrange amitié où chacune apportait à l’autre. En contrepartie de la douce folie de la jeune vendeuse, Katarina avait plus de maturité et de recul sur certaines questions plus sérieuses que Savannah n’avait pas encore. Pourtant, toutes les deux avaient beaucoup plus de points communs que la jeune Richardson ne pouvait le lui dire. Beaucoup plus.

Une fois arrivées à leur destination pour leur petite soirée entre filles, les deux jeunes femmes s’installèrent confortablement à une table tandis qu’un serveur prit leur commande. Savannah choisit quelque chose de fort pour elles et tenta ensuite de faire deviner le thème de la représentation à son amie, même si plusieurs éléments indiquaient clairement ce dont il s’agissait, entre la douce musique et le public majoritairement féminin. Le serveur apporta leurs boissons et les deux jeunes femmes trinquèrent. Soudain, Katarina éclata d’un rire nerveux lorsqu’elle se pencha sur la brochure posée sur leur table. Savannah sourit à son tour de la surprise de son amie et se contenta d’acquiescer à son commentaire sans rien ajouter. Les lumières s’éteignirent et la représentation débuta. La jeune vendeuse se mura dans un silence, captivée par le défilé d’hommes qui surgit sur scène et qui commencèrent à se déhancher. Elle regarda Katarina du coin de l’œil et constata que son amie admirait tout autant ces beaux corps masculins. Un plaisir pour les yeux ! Elle esquissa un petit sourire, bien contente d’avoir réussi à sortir son amie pour la divertir quelque peu loin des inquiétudes de son travail ou de son mariage. Parce que Savannah avait beau paraître indifférente ou uniquement centrée sur les amusements, elle avait bien remarqué qu’en ce moment tout ne devait pas être rose dans la vie de la jolie Estonienne. Elle reporta son regard sur les beaux hommes qui se dénudaient de plus en plus, tout en accumulant les danses lascives et en s’approchant plus près de quelques femmes dans l’assemblée. Par chance, la table où étaient assises les deux amies étaient bien avancée… Mais l’animateur de la soirée annonça soudain un bref entracte après quelques premières danses, histoire de changer un peu le décor de la scène et de laisser le temps aux danseurs de reprendre leur souffle. Enfin, Savannah soupçonnait surtout le bar de vouloir profiter de cette pause pour servir une nouvelle tournée de boisson. La jeune femme profita donc de ces quelques minutes pour bavarder un peu plus sérieusement avec Katarina. « Alors que penses-tu du spectacle jusqu’à présent ? » Demanda-t-elle sa première impression. Elle espérait que son amie ne regrettait pas d’être venue se changer les idées.

Savannah ne restait pas impassible du tout devant ce spectacle, mais elle savait mieux contrôler ses émotions que la majorité des femmes présentes dans la salle qui hurlaient à tout va telles des hystériques en chaleur. Elle sirotait sa boisson tout en admirant silencieusement les courbes de ces hommes qui se dénudaient petit à petit et s’amusait surtout de voir Katarina se détendre et se prêter de plus en plus au jeu. Á cause de la lumière tamisée, elle ne voyait pas tous les détails de son visage, mais elle devinait que la jeune Estonienne avait dû rougir à plusieurs reprises. Savannah ne fit aucun commentaire pour ne pas la braquer ou l’embarrasser davantage ; non il n’y avait rien de mal à regarder et Katarina devait le comprendre d’elle-même. La jolie blonde laissa donc simplement son amie redécouvrir seule ces petits plaisirs passés, ceux qui rallumaient la flamme de ce grain de folie dans ses yeux. Au fur et à mesure de la représentation, la jeune vendeuse devina même plusieurs frissons sensuels se dégager du corps de la jeune européenne, comme si elle désirait secrètement que ces hommes se rapprochent d’elle comme un aimant… Soudain, l’heure de l’entracte arriva et le spectacle cessa quelques minutes, permettant aux deux amies de reposer un peu leurs yeux et de se remettre de leurs émotions. Savannah demanda à Katarina ce qu’elle pensait de la représentation jusqu’à présent pour relancer la conversation. La jeune mariée lui répondit assez vaguement, mais pas besoin d’un dessein pour comprendre qu’elle appréciait le moment. Katarina poursuivit en précisant qu’elle serait incapable de crier comme une hystérique, et heureusement, Savannah ne le faisait pas non plus. La jeune blonde esquissa un sourire à cette remarque tandis que le serveur se rapprocha de nouveau pour prendre une nouvelle commande. Katarina reprit ensuite la parole lorsqu’il s’éloigna et demanda à la jeune Richardson si elle avait déjà assisté à ce genre de spectacle auparavant avant d’ajouter qu’en Estonie, alors qu’elle rêvait de devenir mannequin, son petit ami de l’époque souhaitait devenir chippendale, ce qu’elle avait elle-même essayé une fois… une expérience qui n’étonna pas tellement Savannah qui devinait que Katarina avait dû faire quelques folies dans sa jeunesse ; elle fut plutôt surprise que la trentenaire lui fasse soudain ce genre de révélations. Peut-être les souvenirs lui revenaient-ils à l’esprit ou alors avait-elle l’impression de retrouver certains de ses traits dans son amie à son âge… « Madame Greene, en voilà une histoire ! Je te reconnais bien mieux là ! » Rétorqua Savannah sur le ton de l’humour pour la taquiner un peu, avant que la jeune mariée ne précise ensuite que dans sa culture, les filles qui faisaient ça n’étaient pas très bien considérées. Était-ce pour cette raison qu’elle avait réprimé ce genre de rêves ? Savannah laissa s’écouler quelques secondes avant de répondre à son amie. « C’est la première fois que j’assiste à un tel spectacle oui, mais j’étais curieuse et je voulais voir ce que c’était au moins une fois. Ça ne m’étonne pas que tu aies tenté l’expérience, je ne sais pas pourquoi mais je te vois plus dans ton élément quand tu fais des choses peu conventionnelles. C’est justement pour cette raison que je voulais que tu m’accompagnes ce soir. J’ai l’impression que tu as un peu oublié la personne que tu étais depuis que tu as quitté l’Estonie. » Dit-elle ensuite en souriant, ravie que Katarina s’en rende enfin compte. La question était de savoir si c’était son mariage qui l’avait changée ou son départ d’Estonie. Avoir tout quitté pour son mari était déjà une bonne folie en soi qui caractérisait tout aussi bien la jeune femme. Tout le monde changeait un peu un jour ou l’autre, pourtant, ceci ne justifiait pas la femme embourgeoisée et coincée qu’elle était devenue au fil des années.

Katarina adopta soudainement un air mystérieux et laissa entendre que Savannah serait bien surprise de tout ce qu’elle avait pu faire par le passé. La jolie blonde esquissa un sourire qui en disait long. Le sujet semblait particulièrement intéressant et elle ne demandait qu’à le savoir, mais elle évita de poser une question indiscrète à l’Estonienne qui commençait tout juste à se détendre un peu plus. La jeune mariée poursuivit en expliquant qu’elle avait troqué sa personnalité de feu contre le tempérament d’une femme plus calme et posée depuis qu’elle était arrivée en Amérique – pour ne pas dire coincée, songea Savannah en son for intérieur. « Ce n’est pas parce que tu mets du vernis sur un ongle qu’il ne s’effrite pas. » Rétorqua-t-elle aussitôt, sous-entendant par-là que ce n’était pas parce Katarina se réfugiait derrière une personnalité, qu’elle n’avait pas au début mais qui était devenue la sienne, que la surface ne devait pas s’effriter de temps à autre et céder à un coup de folie avant qu’elle ne repose une nouvelle couche de cette femme rangée par-dessus. Devant Savannah, l’Estonienne n’avait pas besoin de se cacher derrière une façade, de vouloir absolument être miss parfaite même si elle n’aimait pas se rappeler qu’elle n’avait plus l’âge de la jeune vendeuse. Elle pouvait oublier cette mascarade devant la jeune Richardson et concilier son passé à son présent en étant simplement elle-même : un mélange de l’américaine embourgeoisée et de l’Estonienne pétillante… un cocktail particulier.

Katarina expliqua alors les raisons de son changement à Savannah. Son amour avait fait plus d’un envieux, mais la petite campagnarde qu’elle était n’aurait eu aucune chance de s’imposer dans cette société sans radicalement changer. Elle avait fait de leur histoire leur commerce et rien que d’écouter son amie, la jeune vendeuse reconnut la validité de ses arguments. Cependant, elle n’était pas encore tout à fait sur la même longueur d’onde qu’elle. Katarina n’avait pas simplement changé, elle avait limite carrément renié tout ce qu’elle était avant. « Depuis quand n’es-tu pas retournée en Estonie ? » Demanda-t-elle de but en blanc. C’était bien beau cette histoire, mais et sa famille, ses proches et ses anciens amis ? Avait-elle tourné le dos à tous pour vivre son rêve américain magique aux côtés de son époux ? Attention, l’intention de Savannah n’était pas du tout de juger les choix de Katarina qui faisait ce qu’elle voulait, mais plutôt de comprendre ce qui l’avait poussée à en arriver là. Elle ne cherchait qu’à mieux connaitre son amie. « C’est vrai que votre amour vend du rêve, votre agence en est la preuve, mais qu’est-il en train de devenir ? » Indiqua-t-elle alors. Ils prenaient moins de temps pour eux car à cause de cette histoire d’agence, ils s’éloignaient plusieurs fois pour répondre à leurs rendez-vous ou étendre leurs activités… du temps qu’ils ne passaient pas ensemble. Et ils s’investissaient tellement dans les histoires d’amour des autres que Savannah avait peur qu’un jour, ils ne mettent le leur au second plan. « C’est bien de la Katarina estonienne qu’il est tombé amoureux, pas d’une version de toi… si différente. Même si, on est d'accord que c'est toujours toi. » La jeune directrice d’agence était comme elle était, égale à elle-même, et si elle se serait sentie super bien dans sa peau, Savannah n’aurait pas cherché à insister pour raviver la Katarina passée. Elle avait l’impression qu’une partie d’elle n’était pas là. Il manquait quelque chose à l’Estonienne. Elle ne semblait pas… parfaitement heureuse (en dehors de son mariage évidemment).

La jeune Richardson comprenait que la jeune mariée ait changé pour des raisons commerciales, mais qu’elle continue la mascarade H24 était un non-sens qu’elle avait fini par ne plus savoir distinguer après le travail. « Si tu avais changé sur ta propre décision, alors j’en serais heureuse pour toi, mais j’en doute. Je crois que tu t’es laissée influencée par le monde qui t’entoure ici.  La jalousie et le regard des gens prennent souvent le pas sur nos actes ; ils nous changent et nous façonnent comme ils voudraient que nous le soyons, mais ça ne suffit jamais. Je ne dis pas qu’évoluer ce n’est pas bien, bien au contraire, comme ton adaptation aux technologies par exemple, qui ne touchait en rien ta personnalité. Mais ces changement ne doivent pas être influencés par les ‘qu’en dira-t-on’ ». Ajouta-t-elle ensuite. Ce n’était donc pas Harrison la cause de son changement. Á son arrivée, Katarina avait certes décidé toute seule de changer pour s’élever dans la société américaine, mais à quel prix ? Ce n’était plus du tout la même personne. Et si elle s’accrochait tant à ce mariage ces derniers temps, comme à son dernier souffle de vie, peut-être était-ce parce que c’était l’unique chose qu’il lui restait et lui rappelait un tant soit peu l’ancienne jeune femme spontanée, curieuse de découvrir le monde et de se construire son rêve. Certes, elle était mieux dans le sens qu’elle ne vivait plus à la campagne et dans la pauvreté, mais maintenant que ses rêves étaient réalisés et qu’elle était devenue une femme accomplie, en était-elle pour autant tout à fait heureuse ? Non. Du moins, elle ne le semblait plus l’être dès que son mari s’absentait. Ce que Savannah désirait était d’aider Katarina à trouver d’autres raisons de s’égayer plutôt de passer ses soirées à déprimer dans son vieux sofa, elle voulait ramener un peu de cette fille pétillante – et heureuse – du passé. En effet, la jeune mariée se rattachait à son mariage comme si c’était l’unique chose qu’il restait dans sa vie… Malheureux ! Il y avait tellement d’autres choses ! Elle n’allait quand même pas finir vieille fille à trente ans non plus ! Derrière cette soirée entre filles se cachait aussi un but d’amitié, de construire cette amitié naissante entre les deux femmes… aussi différentes étaient-elles aujourd’hui.

Perdue dans ses pensées, Savannah ne s’aperçut pas du retour des lumières immédiatement, elles annonçaient la reprise imminente du spectacle. Les deux jeunes femmes terminèrent donc leur conversation pour le moment, tandis que l’animateur de salle, qui était en quelque sorte le fil conducteur de la représentation, fit son retour sur scène. Cependant, avant d’annoncer la prochaine danse, il demanda soudain si une femme serait volontaire pour aller s’asseoir dans le tout devant de la salle au cours de la seconde moitié du spectacle pour un petit show plus… collé serré de danse lascive. Beaucoup de femmes hystériques de tout âge s’agitèrent sur leur chaise, mais Savannah parvint à attirer le regard de l’animateur et indiqua discrètement son amie assise à côté d’elle, d’un geste qui n’échappa pas à l’homme… qui invita justement Katarina à venir le rejoindre. La soirée promettait de prendre une tournure mémorable. C’était le moment ou jamais de retomber dans le passé. Youpie.

HJ : désolée pour la longueur, à croire que l’inspiration était au rendez-vous. Je ferais plus court la prochaine fois, promis ♥

Savannah avait l’étrange impression que Katarina fuyait l’Estonie pour une autre raison que son mariage ou celle de garder l’agence à flots. C’était comme si elle voulait tirer une croix sur son passé. Il ne s’agissait pas que de sa personnalité changée et pour laquelle la jeune épouse lui avait donné une explication valable, mais de la façon dont elle parlait aussi de ses contacts avec sa famille. Ne lui manquaient-ils pas ? En tout cas, Katarina en cachait très bien le sentiment. La jeune Greene lui souligna alors qu’elle ne pourrait comprendre que quand elle trouverait ce qu’était un couple solide. Cette remarque vexa quelque peu Savannah. L’amour n’était peut-être pas son truc à elle à cause de mauvaises expériences passées dont la jeune Estonienne ignorait tout, mais elle n’était pas stupide et pouvait facilement capter les raisons qui la poussaient à rester à Magnolia. « Je n’ai pas besoin d’être en couple pour comprendre que tu as ta propre vie à construire ici et que la force qui en est la base est Harrison. » Répondit-elle pour que son amie arrête de la considérer comme une épave émotionnelle indifférente en termes d’amour. Ce qu’elle remettait en doute n’était pas le couple de Katarina en lui-même, elle était amoureuse et son mari l’était aussi, c’était parfait. Son changement de personnalité par contre ne lui rendait pas que service, puisqu’elle était devenue, selon Savannah, une femme quasiment « au foyer », coincée et embourgeoisée, même en l’absence de son mari… soit tellement pas la vraie Katarina ! L’intention de la jolie blonde n’était pas de la juger, mais d’essayer de lui apporter un peu de piment dans sa vie bien trop tranquille et limite devenue routinière. Cependant, Savannah devait quand même reconnaître quelques points positifs exposés par la jeune Estonienne dans son changement. Sur le plan professionnel, Katarina était véritablement passée maîtresse dans l’art de diriger son agence correctement, une vraie femme d’affaires qui ne s’en était pas si mal sortie. Il est vrai qu’une image de strip teaseuse lui aurait plutôt desservi, mais elle choisissait l’extrême aussi en prenant cet exemple. Ce n’était pas parce qu’elle avait dansé une fois ou deux en petite tenue qu’elle devait s’en formaliser. « Je comprends bien les raisons de ton choix. Je ne l’avais pas perçu sous cet angle-là au début, mais si c’est temporaire, tant mieux. Je n’arrive pas à t’imaginer vivre dans ce moule que tu t’es construit toute ta vie. » Admit-elle en partie pour clore la discussion à ce sujet. Leurs deux points de vue se défendaient, aucun n’était tout à fait juste ou tout à fait faux.

L’entracte prit alors fin et les danseurs revinrent sur scène. Savannah piégea son amie en l’indiquant discrètement à l’animateur de la soirée qui proposait à une volontaire un petit show plus « rapproché ». Si l’Estonienne avait eu des révolvers à la place du regard, la jeune vendeuse serait morte depuis longtemps. Mais elle se fichait bien du regard de son amie, la voir retrouver son passé était une perspective trop réjouissante pour s’en formaliser. Savannah savait pertinemment bien que Katarina bouillonnait de l’intérieur, mais sa fierté légendaire l’empêcha de faire marche arrière et elle se laissa entraîner vers le danseur sans mot dire. La jolie blonde était ravie que la jeune mariée ne se soit pas défilée, d’autant plus que Katarina allait sûrement passer un bon moment et s’amuser, si seulement elle pouvait se décoincer quelques instants… La petite séance de danse lascive débuta enfin. Katarina s’enfonça dans son siège avant de lui lancer un nouveau regard noir. Savannah se mit alors à siffler et à applaudir à l’instar des autres femmes comme pour l’encourager. La jeune Estonienne se prêta enfin au jeu et profita du moment. À bas le conventionnel ! Place au lâcher-prise ! Quelques instants après, Katarina la rejoignit enfin, toute retournée. Une fois assise, elle promit à Savannah de se venger avant d’éclater de rire. C’était la première fois de la soirée qu’elle semblait réellement apprécier le moment. La jeune Richardson ne l’avait plus entendue rire comme ça depuis longtemps, elle s’était véritablement laissé aller sur cette scène. « Aucun problème. » Convint Savannah, bonne joueuse. Elle reconnaissait l’avoir prise au dépourvu. « Te voir là-bas valait tout l’or du monde, t'as bien géré ! » Ajouta-t-elle ensuite, son rire s’unissant de concert à celui de sa compagne de soirée. « Et puis je ne regrette pas de l’avoir fait, tu as l’air de t’être bien amusée. » Conclut-elle tandis que le spectacle touchait à sa fin. La « nouvelle » Katarina n’aurait jamais osé y aller d’elle-même, Savannah s’était donc permis de lui donner un petit coup de pouce pour se lâcher. Ce petit épisode lui montrait bien qu’en profiter de temps en temps ne devait pas être incompatible avec son mode de vie du moment.

Ne pas adopter un mode de vie ne signifiait pas qu’on ne pouvait pas le comprendre. Savannah nourrissait une aversion pour le mariage, parce qu’elle ne croyait pas qu’on puisse uniquement vivre d’amour et d’eau fraîche sans y laisser une trop grande partie de soi. Sacrifier sa ‘liberté’ pour un contrat et s’enfermer dans une routine n’était pas son trip. Mais elle pouvait comprendre que d’autres ne partageaient pas sa pensée. Katarina étai heureuse de sa vie et c’était le plus important. Savannah n’avait pas eu dans l’intention de critiquer ni de juger la vie de son amie, elle avait simplement voulu « comprendre ». L’Estonienne lui avait exposé son point de vue et lui avait affirmé qu’elle se sentait bien dans cette existence même si celle-ci était fort différente de son passé. Réveiller son grain de folie de temps en temps restait donc la bonne idée comme en ce genre de soirées. Savannah voyait bien que Katarina avait parfois besoin de se lâcher un peu plus. La jeune Richardson ne comptait pas changer la jeune mariée encore moins contre son gré… Mais quelques instants hors des comportements conventionnels qu’elle avait adoptés depuis son arrivée aux États-Unis ne pouvaient pas lui faire de mal, surtout quand la sortie était aussi ‘innocente’ que celle d’aujourd’hui dans un sens où aucune limite n’avait été franchie. Katarina semblait d’ailleurs satisfaite de sa soirée, une nouvelle qui ravit Savannah dont le but avait finalement été atteint. Son amie avait passé un bon moment malgré l’absence de son mari, comme quoi elle était capable de se changer les idées sans lui. C’était l’essentiel. La trentenaire lui demanda d’ailleurs à la jolie blonde si elle avait douté un seul instant de sa capacité à se débrider. « Je n’en ai pas douté une seule seconde. Je crois plutôt que c’est toi qui avais besoin de te rendre compte que tu pouvais encore le faire. » Répondit-elle sans hésiter. Katarina se commanda un cocktail pour faire passer cette folle adrénaline qui lui était soudainement montée dans le corps. Pour le coup, dommage qu’Harrison ne soit pas dans le coin, comme le fit remarquer l’Estonienne de sa voix frustrée, le couple aurait certainement passé une nuit mémorable ce soir. « Oh je suis sûre que vous rattraperez bien le temps perdu à son retour. » Rétorqua Savannah dans un souffle rempli de sous-entendus. Non seulement Katarina avait passé une bonne soirée, mais tous ses sens avaient été réveillés, ce qui promettait des retrouvailles explosives avec son charmant mari. La jeune Richardson pouvait sembler étrange parfois, dans ses délires de sorties et autre, mais ce qu’elle faisait était souvent bien pensé. Elle avait fait d’une pierre deux coups pour son amie qui, il fallait l’admettre, s’était bien prêté au jeu. Peut-être que Katarina envisagerait de redonner un peu de piment dans son couple ? Savannah était d’ailleurs étonnée de ne pas la voir encore en train de pouponner vu comment ces deux-là s’aimaient. L’idée avait peut-être été envisagée, mais c’était un sujet qui ne la regardait pas pour l’instant et dans lequel elle ne voulait pas se risquer pour le moment, alors qu’elles venaient de passer une bonne soirée. La jeune femme termina donc son propre verre et reposa ensuite son regard vers la scène où les danseurs venaient de monter une dernière fois pour saluer le public en quasi-totalité féminin avant de se retirer définitivement.

Savannah souriait tout autant que Katarina de cette petite soirée bien réussie. Les joues de l’Estonienne étaient rosies par l’émotion d’avoir retrouvé un coup de folie. Elle se sentait moins rouillée qu’avant, comme si un regain de jeunesse l’avait traversée dans cette salle. Le spectacle toucha à sa fin et Katarina se demanda si un troisième acte plus chaud aurait lieu. « Ce n’est pas prévu, mais si tu veux, on peut aller faire un tour dans les coulisses ! » Suggéra-t-elle une idée qui conduisit la jolie mariée à se mordre les lèvres. Savannah le disait surtout pour la taquiner, mais pourquoi pas après tout ? Encore un peu plus et Katarina ne se sentirait plus. À elle de choisir, c’était sa soirée ! La jeune Richardson était tout à fait capable de s’y rendre comme de résister à cette tentation dangereuse. Mais soudain, le ventre de l’Estonienne émit des borborygmes bizarres, des sons reconnaissables entre tous. Non seulement d’avoir envie des mains langoureuses de son mari en ce moment, elle avait faim… d’une faim toute à fait humaine et tout ce qu’il y a des plus ordinaires. À croire que ces petites danses l’avaient bien mise en appétit, au propre comme au figuré. « Mais je crois que ton ventre n’est pas de cet avis ! » Ajouta Savannah en souriant à nouveau. Elle attendit la réponse de la jeune femme pour savoir si elles prolongeaient leur présence dans cet endroit ou si elle préférait partir dîner. Les deux amies s’étaient déjà bien amusées ici et les bonnes choses avaient aussi une fin.

Katarina regarda Savannah d’un air étonné lorsqu’elle lui proposa de se rendre dans les coulisses. La jolie blonde laissait le choix à l’Estonienne entre pousser plus loin les petits étourdissements de cette soirée au risque de vraiment jouer avec le feu ou plutôt écouter la voix de la sagesse qu’était son ventre à cet instant. La jeune mariée lui demanda alors si elle pouvait vraiment les faire entrer. Savannah esquissa un sourire qui en disait long avant même qu’elle n’ouvre la bouche. Bien sûr qu’elle pouvait. Ce n’était pas le genre de choses qui l’arrêtaient. Disons juste qu’en l’occurrence, la jeune femme avait déjà comme un pied à l’intérieur. « Tu vois celui qui a dansé contre toi pendant le spectacle ? » Lui rappela-t-elle brièvement ce moment intense. « Je le connais. » Pas besoin d’en dire plus. Savannah l’avait rencontré à une soirée et après s’être parlés durant un moment, ils avaient gardé contact et le jeune homme l’avait un jour invité à venir voir le spectacle. Elles pouvaient donc se faufiler dans les coulisses sans problèmes. Cependant, Katarina sembla revenir à la raison et opta pour aller manger un morceau. La jeune Richardson n’en était pas le moins du monde déçue. L’Estonienne avait bien profité du moment et s’était bien décoincée depuis sa petite danse lascive. Un pas à la fois. Les deux amies s’étaient bien amusées et toutes les bonnes choses avaient une fin. Savannah enfila sa petite veste et attendit que Katarina finisse de s’apprêter. Les deux jeunes femmes sortirent de la salle de spectacle et rejoignirent la voiture de la jolie blonde sur le parking. Une fois qu’elles furent installées à l’intérieur, la jeune vendeuse reprit la parole. « Tu connais un restaurant sympa en ville ? Un qui fait dans la cuisine estonienne ou de cette région-là d’Europe par exemple ? Ça changerait des classiques et ça me permettrait de découvrir un peu plus tes origines. » Les classiques français, italiens, japonais et autres. Non. Elle avait donné. C’était l’occasion pour Katarina de redevenir elle-même durant une soirée entière. Mais peut-être qu’elle préférerait encore une fois fuir le passé et rester dans le traditionnel. Peu importait en fait, Savannah était déjà bien contente de cette sortie.

Katarina opta finalement pour un restaurant typiquement estonien. Savannah allait pouvoir découvrir un peu plus cette culture au travers de leur cuisine et peut-être même de l’ambiance musicale et folklorique. La jeune femme apprécia l’idée de découvrir de nouvelles choses, elle aimait beaucoup tenter de nouvelles expériences et ne pas toujours se rendre aux mêmes endroits et manger les mêmes plats. La jolie blonde partait du principe que la vie était trop courte que pour perdre son temps à faire les mêmes choses tout le temps. À quoi bon ? Bien sûr, elle n’était pas contre retourner à des endroits qu’elle avait déjà fréquenté et qui lui avait plus par exemple, mais un bon laps de temps s’écoulait entretemps. Savannah était donc ravie de passer une soirée qui sortait un peu de l’ordinaire. La cuisine de son pays devait rappeler toute une foule de souvenirs à Katarina. Peut-être qu’elle lui en évoquerait quelques-uns pendant la soirée ? La jeune Richardson conduisit donc jusqu’à l’endroit indiqué. Une ambiance détendue régnait à l’intérieur du restaurant, une douce mélodie aux accents d’Europe de l’Est résonnait en fond. Les deux jeunes femmes furent installées à une table et reçurent la carte des menus. Katarina était sans doute déjà venue plusieurs fois, elle semblait à l’aise et détendue. Au bout de quelques secondes, l’Estonienne lui proposa une bière typique de chez elle. Bien entendu ! Savannah n’était pas venue ici pour boire ou manger ce qu’elle consommait habituellement. « Bien sûr ! » Acquiesça la jolie blonde. « On part totalement en Estonie ce soir ! » Promit-elle. « Ce restaurant est bien sympathique. » Ajouta-t-elle pour saluer la bonne idée de son amie. Savannah plongea son regard dans la carte et était tentée à peu près par tout ce qu’ils proposaient. « Tu me conseillerais quoi ? » Demanda-t-elle alors à la fine connaisseuse, n’arrivant pas à se décider. Le restaurant proposait bien un menu découverte pour tenter plusieurs choses, mais elle préférait avoir l’avis de Katarina avant de choisir.

Après avoir bien été émoustillées ce soir, les deux jeunes femmes décidèrent de remplir leur appétit par l’estomac. Savannah avait proposé à Katarina de l’emmener dans un restaurant dont la cuisine se dédiait aux spécialités estoniennes. Retrouver et partager sa culture gustative semblaient être une perspective qui enchanta la trentenaire. C’est donc tout naturellement qu’une fois assise à leur table à détailler les menus, la jeune Richardson demanda conseil à son amie sur les plats proposés. Katarina lui recommanda de prendre une soupe bien de chez eux. Rien de tel que pour réchauffer à nouveau les deux jeunes femmes après cette soirée de feu ! Elle acquiesça d’un mouvement de tête avant que la jeune Estonienne ne lui demande si elle aimait la viande. Savannah n’eut pas le temps de répondre que la jeune mariée enchaîna pour lui détailler une soupe à base de viande, la seljanka, ou un autre à base de betterave, le borchtch. La jolie blonde connaissait déjà vaguement la seconde, il devait en faire dans d’autres pays d’Europe de l’Est. « Je vais suivre ton conseil et prendre la seljanka. » Choisit alors Savannah, répondant ainsi du même coup à toutes les questions de Katarina, dont celle où oui, elle mangeait de tout. Elle consulta ensuite la carte pour les différents plats, mais elle attendait toujours l’avis de son amie avant de se décider. « J’adore comme certains noms sonnent exotiques. » Ajouta-t-elle en souriant. Cela ne faisait qu’éveiller davantage sa curiosité.