Leona avait envie d’oublier tout ce qui s’était passé, de ne pas regarder en arrière et d’aller de l’avant. Mais rien n’est simple dans la vie. On n’a pas quelque chose simplement parce qu’on le veut et elle savait qu’elle devrait traverser des périodes plus difficiles pour affronter ce qu’elle venait de faire. Prendre la vie d’un homme. Les raisons qui l’avaient poussée à le faire avaient beau se justifier, cela n’enlevait rien à cet acte qui la dépasserait bientôt complètement. La jeune femme refoulait son geste pour ne pas revivre l’épreuve qu’elle avait traversé après l’Afrique, mais ce n’était nullement comparable. Elle savait très bien au fond d’elle que refouler cette histoire ne ferait que la ressortir d’autant plus fort plus tard. Mais la présence de Wyatt lui donnait la force de ne pas y penser pour le moment. Il n’aurait peut-être plus été là à l’heure qu’il était et cette évidence lui suffisait à se convaincre qu’elle ne regrettait pas ce qu’elle avait fait. Leona plongea son regard dans le sien. La jeune chirurgienne essayait de le rassurer, elle ne voulait plus qu’il s’inquiète ainsi pour elle comme il l’avait fait ces derniers mois. Depuis qu’ils étaient « ensemble », Wyatt se sentait encore plus responsable d’elle. Leona n’était pas une petite fille, elle prenait ses propres décisions et avait accepté de s’engager dans une situation qu’elle savait dangereuse dès le départ. Pouvait-on lui reprocher les doutes qui la traversaient quand il s’agissait de la sécurité de sa famille ? Pas vraiment. Elle se posait certes un millier de questions, mais elle était certaine de ses choix. Elle posa alors ses lèvres sur les siennes et accentua le baiser dans un échange passionné. Soudain, la sonnerie du téléphone retentit brisant une nouvelle fois leur rapprochement. La jeune femme interrompit le moment et laissa Wyatt s’occuper de cet appel en retournant dans le salon. Elle essayait de concentrer son attention sur autre chose, mais elle ne pouvait s’empêcher d’entendre quelques bribes de conversations. Le jeune Cleavers affichait un regard contrarié et écoutait en silence les remontrances de son interlocuteur. Ce travail devait vraiment tenir à cœur à Wyatt pour qu’il accepte ces situations impossibles. On ne pouvait pas dire que Leona ne devait pas en affronter également au quotidien, ce n’était pas ce qui manquait en médecine de moments délicats. Mais la jeune femme en avait bien conscience à l’avance tandis que pour Wyatt, elles étaient imprévues et s’imposaient à lui selon le cours des événements. Leona sortit de sa rêverie lorsqu’elle entendit la voix du jeune Cleavers s’élever et protester contre sa prise d’initiative dans cette histoire. Son supérieure n’avait pas voulu agir pour lui sauver la mise, il avait donc dû trouver une solution de lui-même. Leona n’entendit pas toute la conversation, mais se garda bien de lui poser des questions lorsqu’il la rejoignit dans le salon. Son air soucieux et énervé était suffisamment clair, pas besoin d’explications. La jeune chirurgienne lui prit ses mains comme pour le rassurer. Il n’avait pas à s’en faire pour la suite, elle ne changerait pas d’avis. Il se calma quelque peu et lui proposa alors de passer la soirée avec elle. Elle acquiesça. Bien sûr, quelle question ! Qu’auraient-ils pu faire d’autre après ce qui venait de se passer ? Une soirée… Ils avaient une soirée pour avoir l’impression de vivre aussi normalement que possible avant que le cours de leur vie ne les rattrape dès le lendemain.

HJ : je te laisse terminer (a)