Juliet est partie. Juliet est partie avec Logan. Deux semaines. Et aucune nouvelle. Rien. Peut être est-elle tranquillement assise devant sa télévision, son fils blotti contre elle, tentant d'oublier coûte que coûte cette idée qu'elle s'était faite de la famille parfaite, et qu'elle n'aurait décemment pas. Peut être cherchait-elle un moyen de refaire sa vie ailleurs, et d'oublier cet horrible mec qu'elle pensait être son éternel compagnon de route. Elle était quelque part, c'était certain. Mais où? Oui où? Car Adrian n'avait pas réussi à la trouver. Pas une piste valable, pas même un indice. Il faisait un piètre enquêteur.

Et plus l'attente de revoir son fils était grande, plus il se sentait faible et nerveux. L'avocat n'avait pas beaucoup dormis, il était sur ses gardes, tel un fauve prêt à bondir et à attaquer. Il était le seul à connaitre le sort qu'il réserverait à la pauvre Juliet, et il savait qu'une fois de plus il ne serait pas tendre. Juliet... Car pourtant il l'avait aimé, et il l'aimait toujours cette fille. Il refusait juste d'accepté qu'elle ai pu si facilement s'enfuir, lui échapper, en emportant avec elle la plus belle chose qu'ils aient pu faire ensemble: Logan.

Il tentait alors de se raccrocher à de vieux souvenirs... la fontaine à voeux du parc en était. A 18 ans, à seulement quelques semaines de leur remise de diplôme et de sa demande en fiançailles, ils avaient tous deux plongés dans l'eau glaciale de cette fontaine. Il lui avait alors dit qu'il voulait devenir un vieux crouton à ses côtés, qu'il désirait être parent, et elle lui avait sourit longuement. Il l'avait alors longuement observé, sous les jets incessant de cette fontaine, amoureux, niais, et insoucieux.

Adrian s'était donc rendu près de cette fontaine cet après midi. Pas par pure hasard, ni par envie de faire un voeux, mais seulement parce que cet endroit le rapprochait inéluctablement de la jeune Davies, par la pensée, par le souvenir. Il ne la trouverait pas ici certes, mais il trouverait peut être un peu de repos, en écoutant le bruit des jets d'eau venant s'écraser dans le bassin. Il posa alors ses deux mains sur le rebord en pierre de la fontaine, et ferma un instant ses yeux. Il souffla, profondément. Et seulement quelques secondes après son arrivée, il sentit une présence s'approcher délicatement de lui. Il garda les paupières closes, se laissant la surprise de découvrir plus tard de qui il s'agissait.

Une belle journée de printemps. Et si seulement l’humeur de Lou pouvait suivre ce temps si radieux. La jeune femme, elle, était toujours dans le brouillard. Elle venait tout juste de révéler à Andrew sa grossesse, et la décision qu’ils avaient prise la terrifiait. Elle était néanmoins sereine d’avoir enfin mis les choses aux claires avec lui. Naïvement, elle avait pensé reprendre une vie normale, alors que cette grossesse changeait radicalement sa vie. Même si désormais Andrew était au courant, il restait le monde entier à prévenir. Lou n’avait aucune envie de se retrouver au centre d’un mini tourbillon médiatique au sein de Magnolia Cresent. Elle tenait désespérément de se changer les idées, en se concentrant sur ses examens notamment. C’était toutefois peine perdue. Elle ne retenait rien. Alors, elle décida d’aller faire un tour au parc, histoire de profiter du beau temps. Flâner au milieu des arbres pour avoir les idées plus claires. Si seulement… On aurait dit que le destin faisait exprès de mettre sur le passage des jeunes mamans avec leurs poussettes. Lou n’était pas encore aveugle et devait continuellement supporter l’étalage de bonheur de ces familles. Elle n’avait pas Andrew à ses côtés pour lui dire que tout allait bien, alors, à l’intérieur elle bouillonnait.

Alors qu’elle ne s’y attendait pas, elle aperçut Adrian O’Conell, seul sur un banc. Elle avait cru comprendre que la situation était délicate pour lui en ce moment. Aborder le sujet, n’était plus quelque chose que Lou faisait avec Andrew, désirant à tout prix éviter des disputes inutiles. Bien que Lou ne cautionne pas les actes du jeune avocat, elle se défendait de le juger. Tout simplement parce que les choses ne sont jamais aussi simples qu’on le croit. Et puis, elle avait encore bien trop de respect pour lui. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Lou n’avait jamais oublié à quel point elle fut impressionnée par Adrian, petite. « Adrian ? » fit-elle en s’approchant de lui. Il avait les yeux clôt, peut-être dormait-il ? Lou posa sa main sur l’épaule du jeune homme. Elle n’avait pas envie de le déranger dans sa méditation, et pourtant elle ressentait le besoin de parler à quelqu’un. De tout, de rien. De la météo, ou bien des infos. Elle était même prête à jouer les psy pour lui, du moment qu’elle arrivait à se changer les idées. « Je te dérange peut-être ? » elle se sentait tout de même l’obligation de lui demander, alors que de toute évidence personne ne vous répondrait jamais « oui » (sauf si cette personne est super mal élevée). Elle prit la décision de ne pas s’asseoir, pas tout de suite. Elle ne voulait pas qu’Adrian se sente piégé. Faire fuir ce petit rayon de soleil dans ce ciel si nuageux n’était pas dans ses plans.

Les yeux clos, la mine fatiguée, Adrian entendit cette voix qui l'appelait par son prénom. Il ouvrir doucement les yeux et découvrit la jeune Lou. Surpris, il l'observa un instant puis lui sourit. Il ne s'attendait pas à rencontrer la jeune femme au parc. Dans leur jeunesse, ils préféraient se rendre dans la forêt lorsqu'ils passaient du temps ensemble. Adrian se souvint de cette époque où les deux O'Conell et la petit Huntington s'amusaient à construire des cabanes avec des branches et un peu de ficelle, une époque où il en fallait si peu pour les satisfaire. Et dieu sait combien cette époque, révolue, manquait à l'avocat.

"Lou! Ca fait longtemps...". Adrian s'empressa de lui faire une légère accolade pour la saluer. Lou s'assura ensuite qu'elle ne le dérangeait pas. Ah ça non, Adrian avait bien besoin de papoter avec quelqu'un, même si la jeune femme se retrouvait toujours à devoir écouter les histoires des O'Conell vs Davies. Il se dit alors qu'il n'allait pas trop la bassiner avec tout cela, qu'il prendrait le temps de papoter sagement avec elle, comme il le faisait quelques années plus tôt! " Du tout, rassure toi! Ca me fait plaisir de te voir! Assied toi!".

Adrian se décala pour laisser la jeune femme prendre place. L'avocat posa ses yeux sur la fontaine, et soupira longuement. Il se tourna ensuite vers Lou et entama la discussion, avec l'espoir que cet échange lui change les idées! " Tu as une petite mine Huntington! Tu fais trop la fête hein! Avoue!" lança O'Conell, sourire aux lèvres. Adrian avait toujours vu Lou comme un bébé, une petite soeur, et lors de leurs échanges, il aimait bien la taquiner, elle entrait toujours dans le jeu! Depuis que les choses s'étaient envenimées entre Andrew et Adrian, l'avocat passait beaucoup moins de temps avec la jeune Huntington... Andrew n'apprécierait pas cela, et Adrian préférait de loin les laisser en paix.

Tomber sur Adrian était une véritable aubaine. Elle ne s’attendait d’ailleurs pas à croiser le jeune avocat ici. Peut-être venait-il profiter du beau temps lui aussi. Quoi qu’il en soit, elle ne semblait pas le déranger, Adrian lui assura même le contraire et l’invita à s’asseoir à ses côtés. Ne se faisant pas prier, elle prit place sur le banc « Merci. » répondit-elle à son invitation. Elle lui jeta un coup d’œil, malgré le sourire qu’il arborait, Lou sentit dans son regard une certaine lassitude. Lui aussi avait ses problèmes. Elle détourna le regard assez vite, pour ne pas être prise en flagrant délit. Malheureusement, c’est Adrian qui lui fit une remarque. Il la pensait peut-être innocente, mais il avait vu juste. Lou avait une petite mine, et ce n’était en rien dû à un manque de sommeil. Au contraire, Lou dormait bien la nuit, totalement épuisée de ses journées, alors qu’auparavant, elle pouvait dormir seulement quelques heures et être aussi fraiche que la rose. Lou avait l’impression d’avoir pris vingt ans d’un coup. Qu’Adrian le remarque si vite ne lui remontait pas le moral. Toutefois, elle ne voulait pas se faire griller, alors elle décida de répondre avec son plus joli sourire « J’aimerai bien ! En fait, je passe des nuits blanches à réviser. Mauvaise langue ! » fit-elle sur le ton de la plaisanterie. Ce n’était pas vrai. Avant si. Avant elle pouvait passer sa nuit à bucher. Maintenant, réviser était devenu une véritable corvée. Lou ne voulait simplement pas qu’Adrian s’inquiète pour elle. Elle ne voulait pas engendrer des questions gênantes. Après tout, elle était venue parler à Adrian pour se changer les idées. « Toi non plus, ça n’a pas l’air d’être la grande forme. » se risqua-t-elle à dire. Finalement, ils étaient amis. Et Lou ne pouvait pas faire comme si elle ne savait rien concernant la situation entre Juliet et lui. Même si Lou n’avaient pas tous les détails, elle était au courant d’une grande partie de l’histoire, et n’était pas totalement indifférente à ce drame familial. « Je suppose qu’avec tout ce qui se passe avec Juliet, ça ne doit pas être facile à vivre. » et pourtant seulement quelques maisons les séparaient. Car oui, Lou n’avait aucune idée que Juliet se faisait portée disparue aux yeux du jeune O’Conell. Alors, oui, Lou ne comprenait pas trop pourquoi Adrian ne s’était pas encore présenté à la porte des Davies pour mettre les point sur les i une bonne fois pour toute avec la jeune maman. Et avec la situation actuelle, Lou ne pouvait s’empêcher de penser à Logan. Privé de son père. « Je comprendrai si tu veux éviter le sujet. » concéda-t-elle finalement.

L'avocat voyait bien que la jeune Lou n'était pas dans son assiette. Etrange, il l'avait toujours connu souriante et heureuse. Cette fois-ci, c'était différent. La jeune fille semblait exténuée, ses yeux étaient cernés, sa mine pâle... Alors lequel des deux allaient pouvoir remonter le moral de l'autre? Adrian hocha la tête, lorsque la jolie brune lui répondit: "J’aimerai bien ! En fait, je passe des nuits blanches à réviser. Mauvaise langue !". Il sourit, puis lui tira la langue. La taquiner était le jeu préféré de l'avocat, il ne s'en lassait jamais. "Oula, alors là, si Madame révise, c'est différent!". Il ne savait pas s'il devait la croire, ou s'il devait s'inquiéter davantage pour elle. Lou lui fit remarquer à son tour qu'il n'avait pas l'air en forme non plus. Adrian fronça les sourcils puis afficha un sourire gêné: "Si si, ça va... Je suis juste... fatigué. Tu sais ce que c'est, boulot boulot boulot. J'ai certainement besoin de vacances." . A vrai dire, il se demandait s'il avait été convainquant sur ce coup-ci. Il détourna le regard, ne voulant pas que sa triste mine donne à Lou l'envie d'insister davantage. « Je suppose qu’avec tout ce qui se passe avec Juliet, ça ne doit pas être facile à vivre... Je comprendrai si tu veux éviter le sujet. » reprit-elle. Adrian déglutit. Entendre Lou prononcer le nom de Juliet lui donna la chaire de poule. Il avait oublié que Lou et Andrew se disaient tout, et que forcément, elle était au courant de toutes les histoires. D'ailleurs, peut être qu'elle savait quelque chose quand à Juliet et Logan, et qu'elle n'oserait lui dire où ils se trouvaient à présent. Mais Adrian tenta de faire bonne figure, il ne voulait pas laisser penser qu'il était en train de rechercher activement Juliet. Si Lou le savait, elle le répèterait certainement à Andrew, qui lui même donnerait le signal à Juliet pour que celle-ci s'éloigne un peu plus. L'avocat serra les points, puis reposa ses yeux sur Lou. Un mince sourire vint se glisser sur son visage et il affirma: "Je dois reconnaitre que ce n'est pas évident tous les jours, mais je fais avec... ça va je t'assure... En revanche, permets moi de te dire que je ne crois pas à cette histoire de "je révise toute la nuit blablabla"! Toi, tu as quelque chose sur la conscience, et je ne t'autorise pas à éviter le sujet! " déclara t'il en riant. Sa main vint se poser sur l'épaule de la jeune femme. Parler d'elle lui ferait certainement oublier tous ses soucis le temps de quelques minutes.

Tout comme Lou avait effrontément menti à Adrian, ce dernier ne se gênait pas pour faire de même. Avec le même aplomb, et surtout la même excuse. Lou avait remarqué qu’il n’avait pas, lui non plus, bonne mine. Il rejeta la faute sur son travail, comme Lou l’avait rejetée sur ses études. La jeune femme fronça les sourcils. Elle n’était pas dupe. Elle se permit donc d’amener le sujet Juliet sur le tapis. Les probabilités pour qu’Adrian lui dise la vérité étaient minces, mais elle voulait quand même essayer. Elle n’avait pas une posture facile dans cette histoire, c’était un sujet brûlant. Malgré tout, Lou se devait de mettre son grain de sel. Elle tenait aussi bien à Juliet qu’à Adrian, et le petit Logan méritait que les relations entre ses parents soient les plus saines possibles. Il méritait d’avoir une vraie famille. Adrian se la jouait cool. Il ne voulait pas clairement avouer que cette histoire lui causait énormément de souci, et qu’elle était peut-être la cause de cette mine si fatiguée. Il voulait d’ailleurs changer de sujet. Et repartir sur Lou. La jeune femme n’allait pas se laisser faire. Si Adrian avait ses raisons de ne pas se dévoiler, c’était pareil pour elle. Elle ne voulait pas confesser qu’elle était enceinte. Pas à Adrian. C’était trop tôt. Peut-être même malvenu, puisqu’il n’avait pas l’occasion de voir son fils en ce moment. Lui annoncer cet « heureux événement » n’était donc pas une chose très délicate.

« Tu te trompes, je vais bien. » confirma-t-elle une nouvelle fois. En l’occurrence, elle ne mentait pas. Cliniquement, elle se portait à merveilles. Elle avait tous les signes d’une femme enceinte en bonne santé, de ce côté là, elle n’avait pas à s’inquiéter. Par contre, il fallait qu’elle la joue plus subtile si elle voulait qu’Adrian la croit, et ne focalise plus toute son attention sur ses cernes et sur son visage inquiet… « Si tu veux tout savoir, je suis inquiète pour toi. » c’était vrai. Depuis qu’Andrew lui avait conté toute cette histoire, Lou pensait énormément à Adrian. Elle ne cherchait aucunement à justifier les actes du jeune avocat, mais il avait toujours été son ami. Elle ne pouvait pas le ranger dans la case « mauvaise garçon » et l’oublier à jamais. « Je vais me permettre de te donner mon avis, tu écoutes ou tu n’écoutes pas, tu fais comme tu veux. Va voir Juliet chez les Davies et aie une vraie conversation, franche, honnête et sincère avec elle. Prenez un nouveau départ. » finit-elle par dire. Elle allait se faire remonter les bretelles pour avoir ressassé cette histoire une nouvelle fois. Adrian n’allait sans doute pas se gêner pour lui dire que, cette fois-ci, elle n’avait pas à donner son opinion sur la chose. Toutefois, Lou était aussi connue pour sa franchise. Et puis, au pire, si les choses tournaient vraiment mal, elle avouerait être enceinte pour être épargnée (a).

« Tu te trompes, je vais bien. ». Adrian en resta là, il n'allait pas insister au risque de braquer la jeune Lou. Il fut une époque où ils se racontaient tout, comme de vrais confidents. Elle était plus une amie d'Heathcliff mais à force de la voir tout le temps chez les O'Conell, Adrian avait tissé quelques liens avec elle. Tous la considéraient un peu comme étant de la famille. Elle n'en était pas à son premier repas chez les O'Conell! Et ô combien de fois avait-elle été invité à rester dormir chez eux! S'il y a bien une personne dans ce quartier pour affirmer connaitre par coeur les O'Conell, c'est bien Lou Huntington. Et inversement d'ailleurs, car si Adrian n'était pas satisfait de la réponse de la jeune femme, c'est qu'il savait pertinemment qu'elle lui mentait. Depuis qu'elle fréquentait intimement Andrew Davies, O'Conell et Huntington se réservaient bien de se dire certaines choses. Il valait mieux... Mais Adrian détestait l'idée de ne plus pouvoir se confier à ce si petit cercle d'amis... les "vrais amis". Il en venait bien souvent à ne plus faire confiance à Lou, car tout ce qu'il pouvait lui dire sur Juliet et leurs problèmes pouvaient bien être répété à Andrew. Oui car Andrew a toujours eu du mal avec l'idée que Lou et Adrian puisse s'entendre. Naturellement, elle aurait bien des comptes à lui rendre, alors Adrian préférait ne plus trop l'ouvrir, au risque de se mettre une fois de plus dans de beaux draps. Il se tue donc, et hocha furtivement la tête. Il resta là un instant à échanger ce long regard avec la jeune femme, se demandant si elle finirait par cracher le morceau ou pas. Puis, intimidé par sa légère froideur, il détourna le regard pour le reporter sur cet enfant, qui au loin, courrait derrière un ballon. Il avait de la chance, ce gosse, de n'être qu'un gosse... Adrian donnerait bien tout ce qu'il a pour redevenir un enfant, ou pour refaire tout... différemment cette fois-ci. Mais sa vie était ainsi, et le seul moyen de remédier à ses problèmes était de les affronter une bonne fois pour toute. Derrière cette image d'homme fier et classe, Adrian n'était finalement qu'un garçon qui n'avait de cesse d'avoir peur.

« Si tu veux tout savoir, je suis inquiète pour toi. » Les mots de la jeune femme attirèrent son attention. Ah bon? Pourquoi s'inquiétait-elle pour lui? C'est vrai, qui s'inquiète vraiment pour Adrian? Dans ce contexte là, Juliet est certainement celle que l'on devrait avant tout plaindre, et Adrian celui que l'on devrait blâmer, bouder, détester et compagnie. Il fronça les sourcils et hocha la tête. Lou ne tarda pas à reprendre: "Je vais me permettre de te donner mon avis, tu écoutes ou tu n’écoutes pas, tu fais comme tu veux. Va voir Juliet chez les Davies et aie une vraie conversation, franche, honnête et sincère avec elle. Prenez un nouveau départ." ......

Là, le temps s'arrêta. Heureux? Triste? Furieux? Adrian ne savait pas décrire l'état dans lequel cette annonce soudaine le mettait. Il se dit que Lou venait de lui offrir la clé du mystère, que sa parole et ses mots venaient de lui apporté sa plus grande et plus profonde satisfaction, mais qu'ils venaient également de l'achever. Juliet était à Magnolia, tout ce temps. Oui tout ce temps, durant lequel Adrian se fatiguait à la chercher, à l'imaginer partie à l'autre bout de la terre... elle n'était qu'à quelques maisons de la sienne, et il n'avait rien remarqué, rien. Pourtant il n'avait pas vu sa voiture garée devant l'entrée, seulement celle d'Andrew. C'est ça... elle se cachait depuis des jours, avec Logan, dans cette maison qu'Adrian connaissait si bien. L'avocat devint pâle, son coeur se mis à battre de mille feux, il était si proche du but qu'il ne savait même plus comment réagir. Mais pourquoi Lou venait-elle de lui donner cet indice sur le lieu où Juliet était si cette dernière cherchait à se cacher? Andrew avait-il oublié de lui demander de garder le secret? Venait-elle tout simplement de faire une gaffe monumentale qui au final ne pouvait qu'avantager O'Conell? "Juliet? Chez les Davies..." murmura t'il. Il s'abstint ensuite d'en dire davantage, préférant la jouer intelligent. Si son amie Lou se rendait compte qu'elle venait de faire une "boulette", si Adrian le lui faisait comprendre, elle n'aurait certainement d'autre choix que d'en informer Andrew. Ce dernier lui ferait probablement une scène, et Adrian ne le souhaitait pas, non. Mais ce que l'avocat redoutait le plus, c'est qu'Andrew invite Juliet à fuir, bien plus loin, pour qu'Adrian n'ait plus aucune chance de la trouver. Il fallait donc être malin, mentir, même s'il n'aimait pas mentir à Lou. Il était si proche de mettre la main sur Juliet et de récupérer son fils qu'il préférait se taire. Il afficha un sourire en coin, satisfait et acquiesça. "Oui Lou, tu as raison... Ca fait une semaine que je tourne en rond, à me demander si je dois affronter Juliet où lui laisser tu temps pour reprendre contact avec moi, lorsqu'elle sera prête. Mais ça a assez duré, Logan me manque... Juliet aussi... Et si elle refuse de discuter? ". Il espérait de loin que ce "petit" mensonge passerait inaperçu, et que Lou n'y verrait que du feu. Et si Juliet ou Andrew demandaient à Adrian comment il avait su que son fils et son "ex"fiancée se trouvait au numéro 10 depuis tout ce temps, il ne dirait rien de ses sources, il se garderait bien de révéler que la pauvre Huntington avait été d'une aide bien précieuse. Adrian souffla puis vint appuyer son dos contre le dossier du banc. Intérieurement, il jubilait, tout simplement.

Se mêler des affaires des autres était une chose que Lou aimait faire. C’était là un de ses défauts. Elle devait dire ce qu’elle pensait d’une situation même si elle n’était pas directement concernée. Son avis pouvait parfois être un peu dur, trop tranché. Pourtant, Lou ne jugeait pas les gens. Au contraire, elle essayait souvent de faire apparaître une nuance de gris dans une situation complètement assombrie. En particulier quand elle tenait beaucoup à la personne. Pour Adrian, elle n’avait pas eu besoin de réfléchir. Qu’une dispute avec Andrew puisse éclater à cause de ça ? Elle prenait le risque. Ses amis étaient importants pour elle, jamais elle ne pourrait les lâcher. Elle venait donc de faire à Adrian un discours d’encouragement afin qu’il renoue avec la mère de son bébé. Il n’était plus question d’agir égoïstement, la vie de Logan était désormais à prendre en compte. Lou avait été privé de son père trop tôt. Jamais ô grand jamais elle ne souhaiterait cela à un autre enfant. Surtout que Juliet et Adrian vivaient à quelques mètres d’écart, la situation en était presque risible. Toutefois, la jeune femme guettait avec anxiété la réaction du jeune avocat. Lou pouvait parfois franchir des limites. Il aurait été normal qu’Adrian lui dise de retourner s’occuper de sa vie. Pourtant, elle fut surprise de voir passer sur son visage un tas d’émotions différentes après son petit speech. Le visage d’Adrian avait blêmi, et comme dans un songe, il avait répété les paroles de Lou « Juliet ? Chez les Davies… ». Elle le regarda étrangement, mais elle n’eut pas le temps de s’interroger davantage qu’il reprit la parole. Un sourire venait de s’afficher sur son visage ; comme s’il venait de triompher. C’était les paroles de Lou qui faisaient un tel effet ?

Il était néanmoins de son avis. Il voulait suivre les conseils que Lou lui donnait, au lieu de subir passivement toute cette situation. Il confessait même que sa fiancée lui manquait. Lou voyait en cette révélation un bon présage. Malgré tout, il restait prudent, ne sachant pas comment s’y prendre. Alors il eut la bonne idée de demander à Lou. « Ne lui laisse pas le choix. » dit-elle avec un sourire. La solution pouvait paraître radicale, mais quand on veut quelque chose il faut savoir l’obtenir. « Je comprends que Juliet ait envie de claquer la porte au nez, mais en l’occurrence Logan reste ton enfant. Ton fils n’a pas le droit d’être privé de toi sous prétexte que tu as fauté. » Lou en restait convaincue, les choses n’étaient pas irréparables pour Juliet et Adrian. Ils s’aimaient depuis si longtemps… ! Chaque couple traverse des épreuves, le tout est de ne pas baisser les bras. « Avec le temps, je suis persuadée que Juliet te pardonnera. » peut-être que Lou était un peu trop optimiste pour le coup. Peu importe, sa mission d’aujourd’hui était de gonfler à bloc Adrian pour qu’il reparte du bon pied. Ce que le destin allait réserver à la petite famille, ça, personne ne pouvait le savoir.

Lui mentir était peut être le meilleur moyen de se protéger. Mais à vrai dire, Adrian n'était plus très à l'aise face à Lou. Il savait se montrer faux et manipulateur avec le reste de la terre, mais quand il s'agissait de ses proches, c'était différent. Parfois il en venait même à espérer qu'une de ces forces surhumaines vienne lui arracher le coeur de sa poitrine pour ne plus avoir de problème avec sa conscience. Bien souvent il fuyait les problèmes, incapables de les affronter autrement que par la colère, la bêtise, et le mensonge. Adrian baissa la tête. Alors qu'il ressentait une vive joie parcourir son corps et son esprit, la culpabilité du mensonge reprenait progressivement le dessus, au fur et à mesure qu'il écoutait les paroles de Lou. « Ne lui laisse pas le choix. » disait-elle. Ah ça non, il ne lui laisserait pas le choix. Il voulait récupérer son fils, que Juliet n'avait eu aucun scrupule à lui enlever. Adrian savait pourtant mesurer la situation; lui, lui avait retirer toute confiance en couchant avec Sasha. Naturellement, Juliet se vengeait, ou bien elle cherchait à protéger Logan du monstre qu'Adrian était. Et pourtant, l'avocat trouvait injuste qu'on le prive de son enfant. « Je comprends que Juliet ait envie de claquer la porte au nez, mais en l’occurrence Logan reste ton enfant. Ton fils n’a pas le droit d’être privé de toi sous prétexte que tu as fauté. » reprit-elle ensuite. Le léger sourire qu'il affichait jusque là s'éteignit doucement. Rongé par la culpabilité, il tentait de trouver un échappatoire, mais trop tard... Lou revint à la charge: « Avec le temps, je suis persuadée que Juliet te pardonnera. » ... Le fait est que pour la première fois, Adrian se sentait épaulé, presque pardonné de ses fautes. Lou était peut être la première personne qui se retenait bien de le juger pour ce qu'il avait fait, la première personne qui prenait la peine de l'encourager. O'Conell souffla alors: "Lou...". Hésitant, il préféra l'honnêteté au mensonge. "Je t'ai menti... Jusqu'à ce que tu en parles, je n'avais aucune idée de l'endroit où se trouvait Juliet. J'ai toujours pensé qu'elle avait quitté la ville, et qu'elle se trouvait à des milliers de kilomètres d'ici, cachée je ne sais où. Ce ne serait pas juste de te mentir davantage... quand je me rend compte que tu ne cherches qu'à m'aider. Je suis si près du but, récupérer Logan... Si Juliet me file entre les doigts, je n'aurais plus aucune chance de les retrouver.". Il osa défier le regard de Lou, après lui avoir montrer qu'il n'était pas digne de confiance. Il reprit: "Et merci... merci, vraiment... mais je ne veux pas que tu m'aides si ça doit encore t'attirer des soucis avec Andrew... Tu connais la chanson Lou, c'est toujours le même refrain, depuis le début."

La belle tirade d’encouragement que Lou venait de prononcer la rendait particulièrement fière d’elle. Non pas qu’elle trouvait ses paroles d’une beauté incroyable, mais elle avait l’impression qu’elle pouvait donner à Adrian la confiance qui lui manquait. Ainsi, elle aiderait peut-être la famille O’Conell/Davies à repartir du bon pied. Cependant, malgré tous les encouragements, Adrian était toujours dépité. Et dire que Lou avait pensé être assez rassurante, visiblement elle avait raté son coup ! Finalement, Adrian reprit la parole et lui expliqua la raison de son attitude. Il venait en fait d’apprendre que Juliet résidait toujours à Magnolia. Lou avait fait une grosse boulette. Elle sentit le rouge monter aux joues, marquant sa gêne, et sa honte d’avoir commis cette erreur Elle aurait dû se rappeler que Juliet avait fait silence radio depuis qu’elle avait découvert le pot aux roses entre Sasha et Adrian. Elle se sentit très conne, mais était toutefois reconnaissante qu’Adrian ne lui cache pas la vérité plus longtemps. Ce n’était, après tout, pas de sa faute si Lou avait la langue un peu trop pendue. Tout ça lui était passé au dessus de la tête, avec son histoire de grossesse.

« Merde. » lâcha-t-elle finalement. Andrew allait lui en vouloir. A tous les coups, il allait penser qu’elle avait fait exprès. Et puis, mince, au moins elle venait de mettre un coup d’accélérateur dans cette histoire. Juliet ne pouvait de toute façon, pas jouer à cache-cache éternellement. Adrian la remerciait maintenant. Evidemment, Lou s’en voulait, mais elle ne regrettait pas vraiment d’avoir pu révéler ce secret au jeune avocat. « Quelle connerie ! Bon, et bien tant pis ce qui est dit, est dit. Tu as vraiment intérêt à faire bouger les choses maintenant, que je ne me sois pas rendue ridicule pour rien. » répondit-elle avec un sourire en coin. Lou préférait prendre les choses du bon côté. Sa belle boulette était un signe du destin, une façon de débloquer la situation. Tant pis pour les conséquences… Ou presque. Adrian mit en effet le doigt sur une chose qui ne resteraient pas sans conséquence : la réaction d’Andrew. Comme il le disait si bien, c’était toujours la même rengaine. Andrew n’arrivait pas à digérer son amitié pour l’avocat, et ne serait sans doute pas content d’apprendre que c’est Lou qui avait trahi le secret de sa sœur. « C’est sûr qu’Andrew va m’en vouloir, mais je saurais me faire pardonner, ne t’inquiète pas pour moi. » Lou ne s’inquiétait pas vraiment, peut-être que ça changerait lorsqu’elle se retrouverait face à son copain, mais pour le moment elle était plutôt sereine. Si les choses venaient à s’arranger entre Adrian et Juliet, celle-ci quitterait la maison, et les deux futurs parents pourraient en disposer sans que Lou ne ressente aucune gêne d’être un parasite. Dans un sens, si les affaires du couple s’arrangeaient, cela profiterait aussi à Andrew et Lou, et ça, Lou saurait le vendre le moment venu. Alors finalement, c’était peut-être tout simplement un mal pour un bien.

Elle venait sans doute de lui faire économiser un temps précieux, et libéré de cette douloureuse attente, de cette séparation difficile avec sa progéniture. Difficile de croire qu'un homme bien souvent égoïste, orgueilleux, puisse se prendre d'un amour aussi immense pour un enfant. Jusqu'ici, il avait été irréprochable dans son rôle de père, ses débuts étaient très prometteur. Être séparer de Logan, c'était bien plus important que le reste. Il n'en dormait plus, et n'aspirait qu'à une chose, mettre fin à ce cauchemar. Juliet ne le laisserait pas faire, il devrait donc se battre pour récupérer son fils, a tout prix.

Lou se rendit vite compte qu'elle avait fait une gaffe, au grand bonheur d'Adrian finalement. Mais elle ne semblait pas le regretter. C'est vrai, au final, elle faisait avancer les choses, elle permettait à un père de retrouver son fils, et encourageait un couple à avoir enfin une réelle discussion. "Oui, tu as raisons... C'est dingue, comment j'ai pu passer à côté de ça? Juliet n'était à seulement 300 mètres de chez nous...". En y pensant, il bouillonnait. Il lui en voulait d'avoir si bien réussi son coup, Juliet était forte à ce jeu du cache-cache! Mais à la fois, il était rassuré de la savoir tout proche. Il devrait à présent l'empêcher de s'enfuir plus loin encore.

Lou et Andrew allait forcément finir par se disputer, c'est certain. Ce ne serait donc pas la première fois, et l'avocat n'aimait pas ça. Lou prenait bien souvent sa défense, Andrew ne le supportait pas. Il s'appliquait à défendre sans relâche sa soeur, ce qui paraissait normal. Mais quand quelqu'un tentait de lui faire voir les bons côtés d'Adrian, comme Lou par exemple, le jeune Davies ne voulait pas en entendre parler. O'Conell représentait le mal, le néfaste à ses yeux, et rien d'autres. "Tout le monde a des petits secrets ici, ce peut être le notre après tout. D'ailleurs, si je peux faire quelque chose pour te rendre la pareille, je t'en prie.

La résolution de l’énigme Juliet soulageait évidemment Adrian, mais le faisait aussi bouillonner. Il s’était imaginé qu’elle avait quitté la ville, probablement pour un endroit à des milliers de kilomètres de Magnolia, alors qu’elle se trouvait seulement plus bas dans la rue. Il était passé devant la maison tous les jours sans se douter que l’objet de sa convoitise se trouvait à l’intérieur. Lou pouvait imager l’état de frustration dans lequel il se trouvait actuellement. La jeune femme trouvait la situation dingue, tout comme Adrian. Elle se rendait maintenant compte de l’importance de sa bourde. Elle baissa les yeux, Juliet allait sans doute aussi lui en vouloir. Elle n’y avait pas pensé, s’étant principalement focalisée sur l’attitude d’Andrew lorsqu’il apprendrait qui avait vendu la mèche. Cependant, Lou continuait de penser que malgré les conséquences négatives, du positif allait sûrement ressortir de la situation. Elle n’avait pas le droit de montrer à Adrian qu’elle s’en voulait quand même un peu d’avoir parlé trop vite. Le jeune avocat tentait néanmoins de la rassurer : il affirmait que ça pouvait rester leur petit secret. « Mieux vaut ne pas mentir à Juliet une nouvelle fois. J’ai merdé, j’assumerai. » préféra-t-elle répondre. Juliet allait forcément demander comment Adrian avait appris l’endroit où elle se cachait, il ne pouvait pas encore mentir. Elle avait – jusque là – entretenus de bons rapports avec sa belle-sœur, celle-ci n’allait pas lui en vouloir indéfiniment si ? « Par contre tu pourras toujours plaider ma cause quand Juliet ne voudra plus me parler. » si Andrew restait son affaire, Juliet était une toute autre histoire. Toutefois les dernières paroles qu’elle venait de prononcer étaient à prendre au second degré. Jamais elle ne demanderait à Adrian de faire ça, alors qu’il avait déjà ses comptes à régler avec sa fiancé, pas besoin d'en rajouter

« Tu comptes donc te précipiter chez les Davies dès que notre conversation sera finie où tu préfères te préparer avant ? » demanda-t-elle par simple curiosité. La tâche qu’Adrian avait à effectuer n’était pas simple, bien au contraire, elle relevait même de la mission impossible. Malgré tout, Lou avait foi en son ami d’enfance, peut-être légèrement aveuglé par tout ce qu’il représentait encore à ses yeux, c’est-à-dire un modèle de réussite. Au mieux, elle pouvait encore l’aider un peu, en lui donnant des conseils, en évitant des tournures de phrases qui pourraient froisser Juliet ou Andrew. S’il décidait de débarquer chez eux, la situation allait chauffer. Lou pensait néanmoins qu’Adrian devait garder tout sous contrôle. Jouer de la médiation au lieu de la dispute. C’était beaucoup plus efficace, et surtout beaucoup plus raisonnable.

Ne pas mentir à Juliet? Pourquoi? Serait ce injuste? Adrian en voulait à son ex-fiancée de s'être volatilisé deux semaines durant sans donner le moindre signe de vie. Mais il savait qu'il ne serait pas légitime de le lui reprocher, compte tenu de ce que lui lui avait fait quelques semaines plus tôt. Il savait pour autant qu'ils ne seraient pas quitte. Adrian avait commit l'irréparable, Juliet avait seulement voulu fuir celui qui l'avait fait tant souffrir. Le jeune avocat se contenta d'hocher la tête, pour montrer son approbation très certainement. Il détacha ensuite son regard de Lou. "Ton honnêteté fait de toi une belle personne... Je t'envie bien souvent..." déclara t'il gentiment. Il ne savait toujours pas comment la remercier, et quand elle lui demanda de plaider sa cause auprès de Juliet, Adrian laissa échapper un rire, imaginant la scène. L'homme infidèle réclamerait que l'on pardonne la gentille belle soeur? Ce serait à peine crédible! "Je verrai ce que je peux faire... Je t'en dois une dans tous les cas." dit il en lui adressant un fin sourire. 

Lorsque Lou lui demanda ce qu'il comptait faire après leur conversation, Le sourire d'O'Conell se dissipa. Il ignorait comment les choses allaient se passer. S'il était déterminé à récupérer Logan, il avait peur d'être confronté à Juliet... Et Andrew. Il devait réaffirmer sa position de père. A défaut d'être un bon amant, il se débrouillait plutôt bien dans ce rôle de papa. Il haussa donc les épaules et confia "Je pense que je vais rentrer chez moi, me reposer un peu. Je n'ai pas réussi à dormir... Obsédé par toute cette histoire. Et puis... Je ne veux pas faire de connerie, je ne veux pas tout gâcher une fois de plus." . Il soupira. Et se tue quelques secondes. Il scruta le visage de son amei, ses traits creusée, ses yeux votreux, son teint pâle... Il ne pu s'empêcher de la questionner à nouveau. "Lou... J'insiste, je sais... mais tu as vraiment mauvaise mine... Je dois m'inquiéter?"

Une belle personne ? Lou n’en était pas si sûre, mais en tout cas ça lui faisait chaud au cœur de recevoir un tel compliment. Mais elle était si émotive ces derniers temps qu’elle dut faire un effort pour ne pas verser une petite larme. Adrian répondit à son amie qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire pour que Juliet ne lui en veuille pas trop, et Lou lâcha un sourire. Il se trompait néanmoins, il ne lui devait rien. Lou avait gaffé, c’était simplement le destin. La jeune femme fit une nouvelle fois preuve de curiosité ; elle voulait savoir ce qu’Adrian allait faire maintenant qu’il détenait cette précieuse information. Fidèle à lui-même, le jeune avocat faisait preuve de maturité. Il préférait se reposer, digérer l’information et ensuite réfléchir à ce qu’il allait dire à Juliet. Au moins il n’était pas impulsif comme Lou. C’était une qualité qu’elle lui enviait vraiment.

Adrian était définitivement malin. Une nouvelle fois il s’interrogea sur l’état de santé de Lou. Et dire qu’il venait de la féliciter pour son honnêteté, elle s’en voulait maintenant de ne pas lui avoir tout dit dès le début. Elle n’avait pas envie d’en parler, mais au final Adrian saurait peut-être la rassurer. Il était jeune papa, après tout. Elle chargea ses poumons d’air, inspirant un bon coup « Non, tu ne dois pas t’inquiéter pour moi, vraiment. » fit-elle dans un premier temps. Elle était percée à jour, mais voulant quand même garantir un petit effet « Est-ce qu’avoir Logan t’as rendu inquiet ? » c’était une demi confidence, et Lou n’était pas sûre qu’Adrian saisisse d’emblée. Elle était un peu vache pour le coup « J’attends un enfant Adrian. » pour une fois elle n’était pas anxieuse d’annoncer la nouvelle. Elle avait hésité, au début, par pudeur. Mais elle savait qu’Adrian était un homme bien, malgré tous les ragots à son sujet. Lou n’en démordait pas. Maintenant il allait sans doute comprendre sa mine fatiguée, ainsi que son visage légèrement inquiet. Lou avait peur, tout en étant excitée à l’idée d’avoir un bébé. Elle aurait pu fioler une bouteille pour se détendre, mais désormais elle carburait uniquement à l’eau et aux vitamines. Andrew s’assurait qu’elle ne manquait de rien, et la soumettait même à un régime surdosé en protéines et en vitamines. Cependant ce traitement ne suffisait pas à lui rendre sa vitalité d’antan. Elle avait vraiment du mal à combiner la pression des examens à la fac de droit, et les petits désagréments d’une grossesse.

« Non, tu ne dois pas t’inquiéter pour moi, vraiment. ». D'un hochement de tête, Adrian comptait bien montrer à Lou qu'il ne la croyait pas. Il arqua même un sourcil pour la pousser à la confession. Oh oui, Lou Huntington, il la connaissait depuis des années maintenant, inutile de mentir. L'avocat voyait bien que la jeune femme était soucieuse, et lui apporter son soutien pourrait lui faire beaucoup de bien. 


« Est-ce qu’avoir Logan t’as rendu inquiet ? ». O'Conell fronça les sourcils, où voulait-elle en venir avec cette question? Il ne réfléchit pas plus longtemps, et se contenta de lui répondre tout simplement. "J'ai eu peur quand Juliet me l'a annoncé oui. Je pensais ne pas faire un bon père, je ne savais même pas changer une couche!" déclara il en riant. "Mais un bébé... ça te change un homme... Même avec ce que j'ai fait à Juliet, j'ai l'impression que Logan m'aide à devenir quelqu'un de meilleur, il me rassure... Mais Lou, pourquoi cette question?". La nouvelle qui s'en suivit « J’attends un enfant Adrian. » étonna Adrian. Lou? Lou Huntington enceinte? De qui? Andrew? Adrian écarquilla les yeux, et afficha un grand sourire. "Mais... mais... depuis quand Lou? Enfin, je veux dire c'est génial!". L'avocat cherchait ses mots, il faut dire qu'il ne s'y attendait pas du tout. Il était enthousiaste. Quand il voyait à quel point Logan pouvait lui faire oublier tous ses soucis, à quel point il pouvait l'apaiser, il ne pouvait que souhaiter la même chose à Lou. Lou Huntington, maman. C'était à peine croyable! Il revoyait encore la jeune fille gambader dans le jardin des O'Conell à jouer à chat perché avec Heathcliff. Elle, et sa petite robe rouge à la flamencas ! Cette nouvelle leur donnait soudainement un sacré coup de vieux! Adrian posa sa main sur celle de la jeune femme, par volonté de la rassurer. "Aaah, j'en reviens pas ! Mais ça va? Je veux dire, Andrew l'a bien pris?"

Lou la jouait un peu malicieuse avec sa question. Elle savait qu’elle ne pouvait pas mentir bien longtemps à Adrian qui se faisait de plus en plus pressant. Elle lui posa donc une question pour mettre le jeune homme sur la bonne voie, mais aussi pour se rassurer elle-même. Et la réponse d’Adrian la combla de bonheur. Littéralement. Tout ce qu’il venait de décrire, elle avait envie de le ressentir. En cet instant, elle était même pressée de devenir maman. Malgré tous les doutes qui l’habitaient, la dominaient, et avec lesquels elle devait lutter au quotidien, en cet instant, et grâce aux paroles sincères d’Adrian, elle se sentait prête à assurer son rôle de mère. Enfin, elle finit par cracher le morceau. Evidemment, le jeune avocat fut surpris de cette annonce. Et oui, fonder une famille n’était pas dans les projets de Lou, mais Adrian était bien placé pour savoir que parfois ça nous tombe dessus sans qu’on l’imagine. Il semblait heureux pour elle et cela rassurait davantage Lou. « Depuis quelques semaines, c’est vraiment tout frais. » elle fit un sourire timide. Elle n’avait pas voulu l’annoncer de suite pour ne pas avoir la poisse. On lui avait toujours dit de ne pas en parler pendant les trois premiers mois, et Lou n’était enceinte que depuis cinq semaines. Alors pour le moment elle voulait simplement le dire aux gens en qui elle avait vraiment confiance. Comme Zoë, Julian ou Mike. Adrian était intéressé, et lui demanda comment elle allait. Et pour la première fois, on lui posa la question fatidique ; au sujet de la réaction d’Andrew. « Je me sens… nerveuse, mais ça va. » elle n’avait pas envie qu’il continue à s’inquiéter pour elle. Lou avait simplement besoin de repos, de tranquillité. Rien de plus. « Tu risques d’être surpris, mais Andrew était très heureux. Il a vraiment su me rassurer. Il m’a même convaincu qu’on pouvait l’élever ensemble. » Lou n’oubliait pas tous les doutes qu’elle avait pu avoir lorsqu’elle avait appris sa grossesse. Tous ces questionnements s’étaient apaisés grâce aux longues discussions qu’elle avait eu avec son petit ami, il avait su l’écouter, et la rassurer. Cette preuve de maturité avait convaincu Lou qu’elle pouvait se reposer sur Andrew. Ils étaient deux dans cette aventure incroyable. Et à deux les choses étaient plus faciles à affronter. Elle se sentait donc plus sereine, et ne voyait plus la situation tout en noir.