Carl leva les yeux au ciel. Des gens qui se trompent, rien de bien nouveau, ni d'intéressant d'ailleurs. Fallait que DStepu change un peu de registre, ça devenait lassant. Il ferma les yeux, adossa sa tête contre le pan de la fenêtre derrière lui, et approcha la cigarette de son visage, la posant entre ses lèvres. Puis il expira lentement, après l'avoir retirée. Ouvrant les yeux, il tourna la tête vers l'extérieur, appréciant l'air frais du soir, et les petites étoiles qui commençaient à apparaître. La nuit avait toujours fasciné le Spencer, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs, notamment par son impression de profondeur et la sensation qu'elle évoquait. Une sensation de peur, d'angoisse, lorsqu'il faisait nuit noire. Une réaction humaine de peur, et de danger, sans doute. La nuit donnait une impression de mort. Une nuit noire, la pleine lune, il me manquait plus qu'un lampadaire qui clignote et on se croirait dans une film d'horreur. Sauf qu'on ne rêve pas. On passe à travers cette rue et on espère qu'on est en proie à un sommeil profond et que ce n'est qu'un rêve. Mais on serre les dents, on est attentif, on marche vite, on halète, le pouls s'accélère. Et arrivé à notre destination, maison ou pas, et on souffle, on soupire, le pire est passé. Sauf qu'il n'y avait rien dans cette rue. Peut-être qu'un maigre petit chat de gouttière fouillant dans une poubelle ou un sdf endormi. Non, pas de mec à la tronçonneuse ou de violeur en série. Notre imagination paraît alors beaucoup plus fonctionner la nuit. Et ça, Carl trouvait ça fascinant.

Il fut alors sortit de ses pensées par Lily, qui lui parlait. De quoi, DS mentir à propos d'une grossesse ? Carl lui répondit qu'il n'en savait rien, mais qu'il ne pensait pas que ce soit faux. Puis intrigué, il demanda qui c'était. Après un moment, Lily lui répondit lentement que c'était Lou, avec Andrew. Le Spencer haussa les sourcils, étonné, puis lâcha un « ah. » un peu désintéressé. Pourquoi Lily en faisait-elle tout un pataquès ? Il ne savait même pas qu'elle était si proches d'eux. Pour Carl, c'était simple, Andrew n'existait pas. Pourtant, ils avaient été amis, enfants. Mais l'histoire avec Elisabeth, Carl l'avait mal digéré, et il ne voyait plus du tout Andrew depuis. Alors qu'il ait un gamin, cela ne le touchait pas vraiment. Lou en revanche, un peu plus.  Ils s'étaient réconciliés en fin d'année dernière mais ce n'était pas la joie entre eux non plus. Carl avait la conséquences de ses conneries d'ado, et perdait peu à peu tous ses amis d'enfance. Cela lui faisait tout drôle de penser à Lou, enceinte. Mais que penser de plus ? Il n'avait pas parlé au couple depuis le nouvel an, et ne se voyait être être tout excitée pour l'arrivée d'un petit bambin. Ce n'était par contre pas le sentiment de Lily, qui faisait les cent pas dans sa chambre en s'excitant comme une folle à penser à un bébé et à des responsabilités, et à se bourrer la gueule au biberon. Carl marqua un temps d'arrêt, puis explosa de rire. L'expression de Lily, ajoutée à la phrase qu'elle venait de sortir, il en pouvait plus. Il en manqua même de passer par la fenêtre et son rire ne fit que repartir de plus belle. Le Spencer ne pouvait pas voir la réaction de la Evans, mais savait que ça le ferait rire encore plus. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu de fou rire, surtout pour un truc aussi débile -et pas drôle-, mais que voulez-vous, ça fait vivre plus longtemps.

Tandis que le rire de Carl résonna encore dans la pièce, Lily le regardait d'un air totalement choqué. Elle ne réalisait pas combien la situation était drôle, peut-être. Elle lui lança des répliques sèches, pour savoir pourquoi il riait, et qu'elle avait envie de le pousser par la fenêtre. Cela ne fit pas réagir le Spencer pour autant, il savait bien qu'elle ne le ferait pas. Il prenait plaisir à contre-révolutionner les paroles de Lily, détruisant l'aspect choquant de ses paroles. Elle devait pourtant avoir l'habitude, vu que leur relation avait toujours été de plus ambigües. L'un prenait toujours plaisir à taquiner l'autre, à venir et repartir, bref, c'était normal. Lily dut alors s'en rappeler aussi, car elle laissa finalement échapper un rire devant le jeune étudiant qui n'en finissait pas se de tordre le ventre.  Il aurait eu une arme-à-feu devant lui que cela ne l'aurait même pas empêcher de rire. Pourtant, la situation n'était sérieusement pas si drôle, mais quand on part dans un fou rire, c'est en général difficile de s'en sortir, et on quémande l'autre d'arrêter de le faire rire tellement on a mal au ventre.  Bref.

Lily s'installa sur son lit avec son porc -non nous de parlons pas de Carl mais d'une peluche (a)- qui finit en plein sur le front de Carl, qui le renvoya vite fait sur sa propriétaire. Entre temps il s'était un peu calmé, vu que la Evans avait perdu son expression étonnée et choquée de la nouvelle de la grossesse de Lou. Il reprenait son souffle tandis que Lily en rajoutait une couche. S'il trouvait ça ouf ? Il lui avait déjà dit ce qu'il pensait.

- Non, pas vraiment ! Tu veux que ça me fasse quoi ? Répondit-il avec un petit sourire, s'adossant au mur de nouveau. Pourquoi, ça te change quoi à ta vie toi ? Demanda Carl, curieux.

Il inspira un bon coup puis expira tout en fermant les yeux. « Et ben, ça faisait longtemps que j'avais pas rit comme ça. Merci ! » fit-il avec un sourire moqueur. Non, il ne jugeait pas du tout les expressions faciales de la Evans lorsqu'elle était choquée (a).

Lily était décidément une fille bien bizarre. Il l'adorait, certes, mais elle avait parfois des réactions un peu extrêmes et étranges. C'était ça qui faisait son originalité, remarque. En tout cas, elle avait bien fait rire Carl, et il était content de voir que leur amitié ne se dégradait pas, malgré leurs hauts et bas.

- Ok c'est peut-être un peu tôt mais écoutes, tout le monde n'a peut-être pas encore entendu parler de préservatifs hein, faut pas leur en vouloir d'être en marge de la société. Fit alors Carl avec un air moqueur. Il ne parlait pas de Lou, mais d'Andrew, bien sûr. Il aimait bien se moquer de lui, depuis l'épisode Elisabeth. Il n'avait pas vraiment de raison de lui en vouloir encore aujourd'hui, mais ça restait une habitude, et ça lui allait bien. C'était drôle de se moquer des gens.

C'est là que la mère de Lily l'appela pour passer à table, et Carl sourit de voir que sa mère n'avait vraiment pas changé. D'ailleurs les sentiments de Lily pour elle non plus, apparemment. Elle fit une tête exaspérée et son sourire disparut. La mère de Carl, Arsinoé, avait beau avoir des défauts, mais dieu merci elle n'avaient pas ceux de la mère Evans, qui était réellement exaspérante au possible. Il plaignait Lily d'avoir une mère aussi horrible. Enfin, peut-être qu'elle n'était pas si horrible que ça, mais Carl l'avait toujours vu des yeux de son amie, alors difficile de se faire une autre opinion. Bref.

Lily lui proposa de dîner chez elle, mais Carl secoua la tête à la négative. Pas trop envie de se retrouver dans un débat familial. Sans compter qu'il en avait assez à la maison.

- Non ça va merci, je vais rentrer. Répondit-il en se levant, et s'étirant.

Il suivit Lily jusqu'en bas des escaliers, puis l'enlaça gentiment avec un sourire, avant de lui souhaiter un bon appetit. Mais au moment d'ouvrir la porte d'entrée, il s'arrêta et se retourna de nouveau.

- Content qu'on soit de nouveaux potes, Lilou. C'est cool.

Puis il partit en direction de chez lui, mains dans les poches, dans sa démarche traîante habituelle, un sourire flottait sur son visage, il avait réussi à se réconcilier avec la Evans, et il en était fier. Fallait croire que ses techniques de persuasion marchaient bien, après tout.