Cela faisait déjà dix mois que le barman devait endurer sont grand frère dans sa maison. Au début, il avait autorisé - et non accepté - son aîné à rester chez lui. Ce dernier avait besoin d'un toit et avait beaucoup insisté. Il n'avait pas envie de lui refuser pour la simple et bonne raison qu'il n'avait pas envie que Chandler retourne chez ses parents pour ensuite leur dire qu'Elias ne l'avait pas laissé vivre là et surtout il n'avait pas envie de voir ses vieux venir ici. Il était tranquille ici, pas besoin de ça. Par contre, il commençait à en avoir marre de son frère. Il était toujours là, à se croire plus intelligent que tout le monde. Et ouais, t'es prof et t'as un diplôme universitaire bravo! En fait, il lui rappelait beaucoup son père. Dès qu'il fait une erreur, Chandler est là pour tout corriger ou même parfois, lui faire la morale. Ce que Sheirman détestait le plus! Il était assez grand et savait comment vivre sa vie. Il fait ce qu'il veut, quand il veut! De plus, ils étaient déjà beaucoup dans la maison, surtout avec Scarlett qui passait quasiment tout son temps ici. Entre sa petite amie ou son frère, faire un choix n'allait pas être trop difficile pour lui! Les deux frères pouvaient bien rester dans la même pièce, mais pas trop longtemps. En fait, il n'y avait que Shelby dans la maison qui était contente du fait que Chandler soit dans leur colocation maintenant. Elle était surtout heureuse de savoir que quelqu'un d'autre que Benjamin était de son côté pendant les petites disputes. Mais vu le QI de cette dernière, son opinion ne comptait pas vraiment. Alors, voilà! Ce matin, Elias décida qu'il allait mettre les choses au clair avec son frère. Ce dernier était d'ailleurs assis à la table de cuisine à écrire je-ne-sais-quoi. Le barman fit son entrée dans la pièce et se prépara un café et en attendant qu'il soit prêt, il s'installa sur une chaise à côté de son cher frère. « Dis-moi que tu es entrain de m'écrire une lettre d'au revoir et je te paie un petit-déjeuner. » Il afficha son sourire aussi faux que les seins de Pamela Anderson, comme il avait l'habitude de faire en présence du professeur. Mais faut pas prendre nos rêves pour réalité... 

Ces plusieurs mois de retrouvailles, dans la même maison, n'avaient pas permis aux frères Sheirman d'être plus proches. Ils se parlaient encore moins que lorsqu'ils vivaient à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. En réalité même 10 années ne suffiraient pas non plus à les rapprocher. Elias était une tête de mule, qui campait sur ses positions et il était tout simplement incapable de laisser une chance à son aîné, qui est totalement innocent dans l'affaire. Personne ne comprenait donc pourquoi Chandler s'obstinait à rester à Magnolia, avec ce climat de tension et des colocataires peu accueillants. Il était tout simplement hors de question pour lui de satisfaire son petit frère. Repartir. Retourner à Londres voudrait dire qu'Elias a gagné et ça c'est inconcevable pour le professeur. Il ne s'était pas installé ici pour rien. Il avait ses raisons, des plus ou moins bonnes, mais dans tous les cas il ne partirait pas maintenant, ça c'est sûr. Pour le moment, il se protégeait donc des attaques incessantes de son très détestable frérot. Ce matin encore, Chandler allait devoir se montrer plus malin qu'Elias (même si ça ne risque pas d'être très dur) pour esquiver ses piques qui le font plus sourire qu'autre chose en fin de compte.
Installé à table depuis un petit moment, Chandler buvait tranquillement son thé vert tout en corrigeant quelques travaux rendus par ses étudiants, parce que oui, Chandler est un professeur sérieux, consciencieux et appliqué. Il s'était réveillé du bon pied, et la matinée semblait bien partie avant qu'Elias débarque sans dire bonjour, chose qui a tendance à bien irriter Chandler. Décidant de jouer la carte de l'ignorance lui aussi, il continua d'analyser la copie d'un élève, notant au passage quelques commentaires sur celle-ci. Au même moment Elias prit place sur la chaise d’à côté et lui lança une boutade qui fit sourire Chandler. Un sourire crispé, parce qu'il était à la fois amusé, mais aussi blasé. Il releva instantanément les yeux pour le regarder. Toujours ce sourire sadique sur le bout des lèvres. « BONJOUR. » Parce que la politesse, c'est important, mais ça Elias semble l'avoir oublié depuis longtemps. Peu importe. « Tu sais Lili... » Eli, Lili, il l’appelait comme ça quand ils étaient plus jeunes et puis c'est mignon. Elias aura beau avoir 24 ans, ou 42, ça restera toujours son petit, petit, petit, frère. « ...Tu devrais te lancer dans le bouddhisme. Ça t'aiderait à purifier ton Karma. » s'était-il contenté de répondre avec une moue très sérieuse, alors que c'était totalement sarcastique, car il se foutait totalement de sa gueule oui.

La politesse! Et oui, Elias Sheirman connaissait très bien ce mot et savait comment l'appliquer. Cependant, pour lui, il y avait des moments pour l'être et aussi des personnes avec qui l'être. Et puis, il était chez lui, il pouvait bien faire ce qu'il voulait hein! Son frère était l'invité et celui qui est voulu, alors il devait s'y faire! De plus, le jeune homme savait très bien que son aîné détestait lorsqu'il lui manquait de politesse. Pourquoi arrêterait-il si tout ce que ça fait s'est agacer le professeur? Tout le monde connaissait Elias et savait très bien comment il était. Pourtant, eux s'y faisait! Il n'avait pas besoin de changer ses habitudes tout simplement à cause de monsieur parfait ici présent dans la cuisine! Il leva les yeux au ciel lorsque ce dernier lui dit bonjour et crispa sur les paroles qui suivirent. Lili... Surnom de merde! On dit souvent qu'un surnom est censé être mignon et attentionné, mais Lili, pas vraiment... En fait, c'était surtout très féminin. Deux petites couettes et le tour est joué, nous voilà Lili Sheirman! Depuis qu'il est jeune, Chandler le surnommait ainsi et il ne s'y était jamais vraiment habitué. Il ne le voulait pas non plus. Purifier ton karma. Le voilà encore avec ce vocabulaire d'intello. Ses étudiants étaient-ils vraiment lucide dans ses cours? Espérons que non... « Et toi tu devrais te lancer dans les recherches de maison ou d'appartement. Ça m'aiderait à changer d'air. » Non, personne se foutait de la gueule d'Elias dans sa maison. Enfin, les gens ne s'en empêchaient pas, mais bon, cela ne voulait pas dire qu'il acceptait ça. C'était le problème entre eux, côté personnalité, ils étaient quand même assez similaires. Donc, si un répondait avec une attitude, l'autre ripostait aussi avec la même attitude. C'était comme jouer au miroir. À la fin, l'un fini par énerver l'autre! « Non, mais sérieusement, tu travailles assez souvent et avec la nouvelle année qui commence, tu dois t'être fait assez de fric pour te prendre au moins un appartement non? » Insister! Voilà tout ce qui lui restait à faire. Parce que non, il n'allait pas jeter son frère dehors quand même. Il pouvait être un gros connard parfois, mais il n'avait pas envie de mettre son frère à la rue. Il pensait à ces clochards qui devront le supporter à chaque jour!

Comme il s'y attendait, Elias accueilli moyennement sa blague sur le Karma, pourtant c'était peut-être ça sa solution. Le bouddhisme. Sans être devin, on pouvait facilement deviner qu'Elias n'avait pas un bon Karma. Mais, bref, le barman semblait déterminé à en savoir plus sur les objectifs à long terme de son aîné. Ils n'avaient jamais vraiment eu cette discussion, et Chandler n'avait jamais clairement expliqué les raisons qui l'avaient poussé à venir s'installer ici. Est-ce qu'il comptait rester encore longtemps ? C'était visiblement ce qu'Elias voulait savoir. La vérité, c'est que Chandler ne savait pas lui-même. Ça allait dépendre de certaines choses, et il ne voulait pas en parler à son frère. Il ne pouvait pas lui en parler. Évidemment que le professeur de 27 ans aimerait mieux avoir sa propre baraque, sans ces gamins dégénérés tout autour de lui. En colocation. Chandler Sheirman. La blague de l'année. Elias ne savait rien. Il y a des choses qu'il ignorait, totalement, et il devrait apprendre à se taire. Il parlait d'argent, de fric, comme si il en savait quelque chose. Elias se montrait donc très concerné par le peut-être futur déménagement de son frère, peut-être trop.
« Tu sais que je suis ton grand frère quand même ? Tu le sais ça ? T'es pas complètement débile, je crois. » Il insista sur le 'je crois', mais il regretta immédiatement ses propos. Il parlait comme leur père, à le rabaisser et à le sous estimer, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Il était seulement blessé par l'attitude de son petit frère. Elias ne venait pas de l’énerver avec son insistance, il venait réellement de le vexer. Qu'il ne veuille pas lui adresser la parole, ok, mais le jeter gentiment dehors, pour ne plus avoir à le voir, c'était qu'il devait sacrément le détester. Le pire, c'était que Chandler avait toujours trouvé ça injuste. Si leur paternel avait eu une préférence durant toute leur enfance, ce n'était pas de sa faute. Ça ne signifiait pas qu'il l'aimait moins ou qu'il l'estimait moins. Elias est sans aucun doute le seul mec que Chandler estime un tant soit peu.
Il ne voulait pas que la discussion s'enflamme ou devienne trop tendue alors il se détendît, lâchant son stylo et croisant les mains sur la table. « T'as vu Lilo & Stitch ? 'Ohana signifie famille, famille signifie que personne ne doit être abandonné.' » Il aurait pu citer un autre film, une œuvre, une autre réplique, une citation, d'un écrivain célèbre par exemple, ou un truc bien barbant, mais il se mettait au niveau de son petit frère. Lilo et Stitch, au moins il était sûr qu'il connaissait. Ohana. Famille. Des mots qui ne parlait pas à Elias, malheureusement. Buvant une nouvelle gorgée de sa tasse de thé, il réfléchît un instant aux mots qu'il devait employer. « Sérieusement. Si c'est vraiment ce que tu veux, je partirai... mais pas maintenant. »

Elias manquait beaucoup de tact et cela n'était pas nouveau. Il disait les choses comme elles étaient et se foutait un peu des répercussions que ses mots pouvaient avoir. Tant qu'à dire quelque chose, autant le faire directement. Pas de détour! Même qu'aujourd'hui il y allait en douceur avec son grand frère. Il aurait bien pu arriver et lui demander de se trouver un appartement, mais non... Donc, Chandler pouvait se compter chanceux! Elias n'était peut-être pas le petit frère parfait que tout le monde voudrait avoir, mais il avait ses bons côtés. De plus, il se demandait beaucoup pourquoi son aîné tenait tant à rester ici alors qu'Elias agissait de façon désagréable envers lui. Enfin, peut-être qu'il était maso, qui sait? Parce que bon, dans cette colocation personne mise à part Shelby était vraiment ravi de sa présence ici. Cependant, contrairement à eux, le barman était le seul qui le montrait vraiment et pourtant, c'était lui qui avait laissé son frère s'installer ici. Elias se contenta seulement de hausser les épaules à la réponse de son frère. Non, il n'était pas débile. Quoique, à côté de son frère, il l'était. Enfin, selon son père en tout cas! C'était en partie la raison pour laquelle Elias éprouvait une certaine haine envers Chandler. L'enfant prodige des Sheirman. Celui qui a eu droit à l'attention de son père. Celui dont les mérites étaient soulignés en gros et les erreurs étaient inaperçu. Pourtant, pour Elias, c'était le contraire. On lui reprochait tout le temps de faire des conneries, tandis que lorsqu'il faisait un truc bien, on ne le félicitait pas. Voilà pourquoi Sheirman agissait ainsi maintenant. Il avait grandi avec cette mentalité : À quoi servait-il de faire un truc bien, si personne n'est là pour nous féliciter. Bref, Chandler avait du culot de venir lui dire de ne pas abandonner la famille. Même sa citation était débile! Lilo et Stitch... Il le prenait pour qui ? Un enfant de cinq ans ou quoi! « Mais n'importe quoi! Désolé, mais le mot famille on ne me l'a pas vraiment expliqué, ni même démontré tu vois. Ça fait déjà trois ans que je suis ici et je n'ai jamais reçu la visite des vieux. Bon, je suis parti sans vraiment prévenir, mais cela ne les empêche pas de me trouver. » Oui, il mentait, parce qu'au fond, il n'avait pas envie de les revoir. Il avait ses propres raison, personnelle ou pas! La distance était la clé en ce moment et de toute façon, il avait adopté cette ville. Il ne songeait pas la quitter d'ici peu! Il repensait à ce qu'il venait de dire à son frère et contrairement à ses parents, lui était venu à sa recherche. Même si c'était un peu bizarre, il se demandait bien si son frère avait fait tout cela parce qu'il lui manquait ou parce qu'il avait vraiment compris comment était ses parents. Chandler ajouta ensuite qu'il allait quitter, mais pas maintenant. Le barman soupira avant de se lever pour préparer sa tasse de café qui était maintenant prêt depuis quelques minutes. « C'est bon, c'est bon! De toute façon, c'est peine perdu de débattre sur ton départ. » Tant que ce dernier allait continuer de vouloir rester, il allait le faire, parce qu'Elias n'allait pas le mettre à la rue. Oui oui, il a un coeur. « Mais si tu comptes rester encore longtemps, ne te met pas trop du côté Shelby. Elle risque de prendre ça comme une marque d'affection et tu connais les filles hein. Un rien leur donne de faux espoirs. » Il but une gorgée de sa tasse de café avant de reprendre sa place à la table. À défaut de ne pas avoir Elias, elle pouvait bien sauter sur l'autre Sheirman...

Elias avait beau être odieux avec  lui, c'était son frère et il lui pardonnait son ignorance. Chandler savait à quel point ça avait été difficile pour lui durant sa jeunesse. Il n'avait pas eu autant de chances que le professeur, mais ce dernier en avait marre d'être rejeté de sa vie, sans aucune raison. Famille. Il dit ne pas vraiment connaître ce mot, sa signification et son importance, pourtant il oubliait tous les bons moments, pour se souvenir que des mauvais. Parce que ça n'a pas toujours été comme ça chez les Sheirman. Lorsque les deux frères étaient plus jeunes, tout se passait incroyablement bien. Elias, tout comme Chandler, avaient été désiré et aimé par leurs parents, dès leur naissance. Ils n'ont jamais manqué d'argent non plus, et ils ont sûrement eu plus de bol que n'importe quel enfant.
Chandler pinça ses lèvres, se sentant coupable quelque part du 'mal-être' de son frère. « Je sais Lili... mais tu fais rien pour arranger les choses avec eux non plus. Maman me demande a chaque fois comment tu vas, ce que tu fais, si t'as une fiancée... Des fois je sais même pas quoi répondre, parce qu'on est pas aussi proche que devraient l'être des frères normalement. » Il fronça légèrement les sourcils, parce que malgré tout, malgré les réelles raisons de sa présence ici, malgré une infinie de choses, il aimait son petit frère et cette situation avait assez duré. C'était pour ça qu'il lui avait cité Lilo et Stitch. Ça pouvait paraître bête et enfantin, mais il était à court d'idées pour faire réagir son abruti de frangin. Chandler faisait de gros efforts, à longueur de temps, mais ce n'était jamais suffisant. Elias ne pouvait juste pas blairer son aîné, apparemment. C'est pas de sa faute à lui s'il est plus beau et plus intelligent (a) Il sentait bien que sa présence embêtait son frère, mais il n'avait pas le choix, sinon ça fait longtemps qu'il lui aurait foutu la paix. Chandler n'est pas du genre à s'incruster partout, surtout lorsque l'on souhaite son départ à ce point.
Il fut presque soulagé lorsqu'il changea de sujet, pour parler de Shelby. Il arqua un sourcil, un peu dubitatif. Shelby était en quelque sorte une alliée dans la maison, même si honnêtement Chandler n'avait pas besoin d'alliée, ou de renforts, car eux trois réunis ne feraient jamais le poids face à lui. Néanmoins, il l'aimait bien, elle était rigolote, dynamique et de bonne compagnie. Il n'était du côté de personne, mais c'est vrai qu'il la défendait très souvent face au monstre qu'est Elias et vu ce qu'il lui faisait subir, son aide n'était pas de trop. « Elle a 19 ans Elias, c'est une enfant. Ne raconte pas n'importe quoi. » Répondit-il à son frère avec de gros yeux, presque outragé parce qu'il venait de lui dire. Jamais ça n'avait traversé l'esprit du jeune professeur.

Parfois, Elias se demandait si Chandler était conscient de la situation dans laquelle avait été son petit frère lorsqu'ils vivaient tous ensemble. Ou était-il trop aveuglé par les compliments de son vieux? C'est peut-être difficile à croire, mais à un moment, les deux frères étaient très proches. Lorsque les deux étaient trop jeunes pour commencer à dire que l'un est plus intelligent que l'autre. Même qu'Elias idolâtrait son aîné. Le barman aurait bien pu conserver cette relation en ignorant tout simplement les comparaisons dégradantes qu'il devait entendre à son sujet, mais il en était incapable. Trop rancunier pour le pardonner et assez susceptible pour le prendre à coeur. Il ne savait que ce n'était pas de la faute à Chandler en particulier, il était quand même le premier, donc n'avait rien demandé, mais il aurait bien aimé qu'il défende un peu son bro quand même. Mais refusé un compliment n'était pas dans l'habitude des Sheirman. Eux prennent le compliment et s'en vante à tout le monde. C'était dans leurs gênes et on ne pouvait rien y faire! « Sérieusement, tu peux arrêter de m'appeler Lili? » dit-il sur un ton agacé! Son prénom n'était pas Philippa quand même, aucune raison d'avoir ce surnom. (Oui oui, je comprends ma blague.) On lui reprochait souvent de ne pas faire d'effort envers son aîné, mais parfois il se demandait si c'était vraiment nécessaire. En même temps, il avait l'habitude de haïr son frère, qu'il ne s'imaginait pas l'aimer. Oui, c'est bizarre, mais c'est vrai. Quand on est trop habitué à détester quelqu'un, il est rare que l'on s'imagine en train de gambader dans un champ blé avec quoi! « Bon bah, la prochaine fois, tu lui diras que je vais bien et que non, je ne suis pas fiancé. Voilà, c'est simple! Sinon, sur Facebook, y'a une section statut civil. Tu jettes un coup d'oeil et le tour est joué, pas besoin d'être copain-copain pour le savoir. » Sur ces paroles, il réalisa quelque chose à laquelle il n'avait pas songé. Chandler parlait à sa mère? Euuh what? Le barman n'avait pas envie que son frère parle de lui à leur mère. Il n'avait surtout pas envie de la voir débarquer dans le quartier avec leur père. Oh le cauchemar! « Tu parles à maman? Tu ne lui as pas dit où t'étais j'espère! La dernière chose que je veux est une visite familiale. J'ai déjà toi, ça me suffit. » Il préférait de loin la compagnie de Chandler à celle de ses vieux. Bref, Elias changea de sujet, jugeant inutile de continuer à insister sur le départ de son frère. Ce dernier semblait déterminé à rester, alors tant pis pour lui. Il allait devoir les endurer et en subir les conséquences. Le sujet dériva vers Shelby et Chandler ne semblait pas comprendre que la jeune femme le trouvait de son goût. En tout cas, Elias le voyait bien... Surtout avec lui qui la défendait tout le temps. La tête choquée que Chandler affichait en ce moment était tout simplement epic. Les propos d'Elias n'était pourtant pas si choquant. Il aurait pu dire pire quand même. « Je sais qu'elle n'a que 19 ans, mais ce n'est pas toi qui m'inquiète dans cette histoire. C'est elle... Jeune et innocente. Je pense à ton bien frérot! » Il tentait d'être sérieux, mais impossible. Il échappa un rire avant de prendre le journal qui traînait sur la table. C'était l'avantage que Chandler se lève avant lui. Pas besoin de courir dehors pour aller chercher les actualités du jour.

Il souffla lorsqu'il lui demanda d'arrêter de l'appeler 'Lili'. Fallait toujours qu'il y ait quelque chose avec lui. Il n'était jamais content. Avec le temps, il deviendrait pire que Grincheux des 7 nains. « Pourquoi t'aimes pas Lili? C'est très fleuri, très mignon. » Bon, c'est assez ignoble Lili, surtout pour un mec comme Elias qui a tout sauf une tête à s'appeler Lili, mais Chandler l'avait toujours appelé ainsi. Et puis, c'est son petit frère après tout, il l'appelle comme il avait envie de l'appeler merde ! « Arrête d'être grognon tout le temps. Tu souris jamais? Y'a un très vieux proverbe chinois qui dit 'sourire trois fois tous les jours rend inutile tout médicament.' » Quel lourd (a) Ça le faisait marrer de mettre les nerfs à son petit frère. Il en jouait, c'est clair. C'était une façon comme une autre de lui montrer qu'il l'aimait, parce qu'il ne savait pas comment lui dire autrement. Chandler ne se souvient même pas de la dernière fois qu'ils se sont dit 'je t'aime'. Entre frères, c'est assez dramatique.
« Je suis pas inscrit sur facebook! J'ai bientôt 30 ans Lili, qu'est-ce que tu veux que je foute sur facebook. » (27 ans, bientôt 30 ans, c'était pareil pour Chandler.) C'était pas vraiment une excuse valable, parce que même Barack Obama est sur facebook, mais pour l'anglais il n'y avait aucun intérêt pour lui à être inscrit sur ce réseau social à la con. Et puis, il se voyait mal poster des photos de lui en vacances, ou ce genre de trucs. Il a toujours été un peu vieux jeux et intello, préférant les vinyles au CD, puis les livres au DVD. Alors twitter, instagram, et toutes ces conneries, ça lui passait au-dessus du chignon. Enfin bref, tout ça pour dire qu'il ne pouvait donc pas tchecker le statut civil de son frère sur facebook, mais peu importe, il savait très bien qu'il sortait avec Scarlett. Pas Scarlett Johansson, évidemment. « T'es con? Je sais que t'es en couple avec la petite brunette, mais je sais pas grand-chose de ta vie actuelle au final... et je trouve ça dommage. » Il n'était même pas certain du travail qu'il faisait actuellement. Enfin, 'travail' était un bien grand mot... « T'es barman c'est ça? Tu voudrais pas te trouver un vrai boulot? Je cherche un assistant pour mes cours. Ça t’intéresse pas ? » La réponse était non. On sait. Merci, au revoir.
'Pas besoin d'être copain-copain'. Oh bah ok, Chandler était ravi de tout ce qu'il entendait. Ça lui faisait grandement plaisir d'entendre tant de gentilles choses sortir de la bouche d'Elias. Il n'allait pas être déçu par la suite. Elias semblait paniquer à l'idée que leur mère puisse savoir où ils sont, mais ce que ce dernier n'a pas compris, c'est qu'ils sont une famille, c'est un Sheirman lui aussi, qu'il le veuille ou non, et à moins qu'il ne change de patronyme, il va devoir les supporter tous autant qu'ils sont jusqu'à la fin de ses jours. Encore plus Chandler, parce qu'il vit avec lui ici maintenant. « Noooooooooon, j'ai dit qu'on était en Égypte, que toi tu restaurais les pyramides et que moi j'avais démissionné pour élever des chameaux. » Bon d'accord, c'était pas drôle. DU TOUT. Bien sûr qu'il avait dit à leur mère où il était, où ILS étaient. Chandler lui avait dit la même chose qu'à tout le monde : qu'il emménageait à Magnolia, auprès de son bro', pour se rapprocher de lui, et devenir son meilleur ami (a)
Le sujet, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, dévia donc ensuite sur Shelby. Dans l'esprit de Chandler, le raisonnement d'Elias était complètement idiot. Il savait que ce dernier n'appréciait guère la présence de la sœur de Benjamin, mais le professeur campa sur sa position. « T'as trop regardé de mauvais films... et tu as vraiment l'esprit tordu! Merci de penser à mon bien cela dit. » Sarcasme. Il savait que malheureusement son frère en avait rien à foutre de son bien.
En voyant son frère attraper le journal, il arqua les deux sourcils, un peu surpris. Pas qu'il prenait Elias pour un débile (quoique), mais il ne pensait pas qu'il s’intéressait aux news. Ça lui faisait plaisir en tout cas, mais il ne put s'empêcher de le taquiner : « Attends... Elias... Tu sais lire?! » Faisant semblant d'être surpris, comme s'il venait d'assister à un miracle, il se mit à applaudir comme un enfant à un spectacle.

Un surnom est censé refléter la personnalité. Enfin, un peu quoi! Tu ne surnommes pas un gros balourd de 150 kilos Kiki quand même. (Pas trouver mieux comme surnom.) Disons que si un jour quelqu'un lui dirait s'il voudrait faire la connaissance de Kiki, il allait s'attendre à un maigrichon à petite kekette - d'où le surnom! Alors, Lili ne reflétait pas du tout Elias. Premièrement, c'était un mec. Deuxièmement, il était hétéro. Et troisièmement, ce n'était pas mignon. « Ouais, bah c'est ça le problème. » Chandler semblait avoir le goût de rire, ce qui n'était pas du tout le cas du plus jeune des Sheirman en ce moment! S'il se mettait à rire face aux remarques de son frère, ce dernier allait sûrement continuer avec ses proverbes et citation débile qu'il avait sûrement trouvés dans une boite de céréales croyant tisser des liens avec lui. Il jouait sur ses nerfs et ça le faisait chier, alors pourquoi l'encouragerait-il? Mais bon, il fit trois faux sourires de suite et afficha le dernier pendant quelques secondes avant de reprendre son expression neutre du début. « Voilà, je suis guéri t'es content là? » Voir que sourire trois fois allait remplacer les médocs. C'était qui le con qui avait dit ça? C'est comme l'autre qui avait dit qu'un verre de vin par jour faisait vivre plus longtemps. Mais ouais, mais ouais! C'est l'excuse que les alcoolo se donnent quand ils font prendre à boire seul dans leur salon. Non non, je ne bois pas pour noyer ma peine, mais pour rester en vie, je te le jure! Tout comme il l'avait deviné, Chandler n'était pas inscrit sur facebook et tant mieux! Ce dernier avait toujours été du genre à ne pas trop se moderniser préférant la vieille technologie. Bizarrement, ce n'était pas bête de sa part, mais de nos jours, tout se fait par internet. Avant, quelqu'un qui avait internet était quasiment vénéré et tout le monde voulait être son pote. Maintenant, si tu n'as pas internet on te trouve quasiment chelou là! Ça devient grave quand même. Mais l'évolution est ce qui fait avancer le monde et on ne peut pas l'empêcher d'être ce qu'elle est! « C'est vrai que t'es vieux... Faudrait pas montrer tes cheveux blancs au monde entier quand même! » Il n'imaginait pas son frère twitter ou sur tout autres réseau sociaux. En tout cas, il ne voudrait pas être dans sa liste d'amis en tout cas. Voir les statuts emmerdants du professeur, il allait passer son tour. « Fête de Christophe Colomb! Faut fêter ça les amis! » Non, juste non... (a) Chandler le traita ensuite de con. Et bien merci hein! « Ouais, je suis en couple, mais pas fiancé. » Elias n'était quand même pas rendu à ce point. Il aimait Scarlett, mais de là à la fiancé. Ce n'était pas contre elle, mais pour lui le mariage n'était pas important. Tant que deux personnes s'aiment, c'est l'important, on s'en fout un peu qu'ils soient marié ou non. Et puis, c'est beaucoup moins compliqué et plus économique s'ils restaient qu'un couple normal. Chandler dériva le sujet vers le boulot. Il est vrai qu'Elias n'allait pas aller loin dans la vie s'il continuait en tant que barman, mais il aimait son boulot. C'était le barman de la ville et tout le monde l'aimait bien dans ce poste. Par contre, il avait déjà songé à trouver un nouveau boulot plus professionnel disons et peut-être même retourner à l'école, mais disons que la deuxième option semblait emmerdante. Oui, ça lui donne un avenir, mais ça lui donne aussi quelques années derrière un bureau à écouter un professeur. BORING! Le barman écarquilla les yeux lorsque son frère lui proposa d'être son assistant. Nah, mais il voulait vraiment se rapprocher de lui, il était même prêt à vouloir bosser avec quoi! Et bah dis donc, il était déterminé, ça devenait presque désespérant son truc là! « Ah bah oui! Parce que moi j'ai trop envie d'être ta bitch de service. » ajouta-t-il en levant les yeux au ciel. C'était bizarre, mais d'un côté, il aimerait bien tenter, mais de l'autre, il n'avait pas envie de l'avouer à Chandler. Parce que non, il ne le ferait pas pour lui, mais pour son bien à lui! Évoluer un peu ne lui ferait pas de mal. « Mais si jamais, je dis bien SI jamais, je perds mon boulot et que je n'ai pas le choix d'accepter ce job, tu m'offres quoi? Voir si ça en vaut la peine. » Vive la subtilité! Mais bon, il tenait encore à son boulot de barman, alors si l'autre n'avait rien de mieux à offrir, autant rester là quoi! De plus, bosser avec son frère en plus de rester avec lui... Qui sait ce que ça pouvait donner! Peut-être que ça donnerait de bons résultats, mais peut-être pas! Lorsque son frère mentionna leur mère et des conversations au téléphone, Elias se contait chanceux de ne pas être en train de boire son café, parce qu'il l'aurait sûrement recraché le tout! Chandler tenta le sarcasme, ce qui ne fit pas du tout rire le jeune Sheirman, mais pas du tout! Il était débile ou quoi?! Vivre chez lui et aussi en parler à ses parents. « Plus crédible que ça tu crèves... » Bref, il devait changer de sujet avant de se mettre en colère encore. Ça n'en valait plus la peine en ce moment et la journée venait tout juste de commencer, autant garder son énergie au lieu de la gaspiller sur son aîné. Alors, il enchaîna avec Shelby. Elle semblait aimer l'attention que le plus vieux de la maison lui portait et Elias se demandait si son frère s'en rendait compte. Bon peut-être qu'il exagérait un peu, mais avec Shelby, on peut s'attendre à tout. C'était une jeune femme facile (a). Il échappa un rire devant la réaction de son frère. « Pas besoin de film. Je fais qu'analyser c'est tout. » lâcha-t-il en prenant le journal. Chose qui semblait surprendre le professeur. Il fit même un commentaire pas très drôle à vrai dire... () Il se croyait drôle et c'était ça le pire! Il pouvait bien être vieux lui. Faire des blagues de merde et en rire quand même. Il leva la tête vers lui avec une expression neutre. « Non, je me fis aux images. » répondit-il en secouant la tête. Bien entendu, c'était une blague. Il savait très bien lire, merci. Quel con! « Tu me prends vraiment pour un débile? » Non, il n'était pas vexé. Si c'était l'image qu'il donnait, tant pis! Même s'il n'était pas le mec le plus intelligent sur terre, il n'était pas si stupide.