Alistair Ҩ James

Comme à son habitude, James entendit la porte du Gordon Coffee claquer derrière lui. Depuis un certain temps, James avait prit l'habitude de se rendre à l'intérieur du Coffee après qu'il aie terminé ses cours. C'était peut être aisé pour son porte feuille - Et encore, sa soeur était l'une de serveuses, cet endroit lui procurait un effet bienfaiteur. Il lui permettait de pouvoir réfléchir tranquillement, avancer dans ses cours et dans ses croquis, tout en tâchant toute ses feuilles de café. C'est un moyen d'éviter la bruyante maison des Fitzgerald, aussi.

Après tout ces moments, James avait appris à connaitre certain membres du café, mais la plupart du temps il préférait rester dans son coin. Aujourd'hui n'était pas inacoutumier, James était assit près de l'une des tables collés près de la fenêtre. Un fusain entre les doigts et le regard pensif, il but une nouvelle gorgée de son cappuccino. James parcourut du regard la salle, réalisant que depuis plusieurs semaines, il y avait le même garçon assit quelques tables plus loin. Auparavant, il n'avait jamais eu le souvenir de l'avoir dans les parages.

Ali claqua la porte du café derrière lui, sans même y faire attention. Ce n'est que quand quelques têtes se détournèrent qu'il réalisa sa brusquerie. Il haussa les épaules et s'avança vers le comptoir. Il parcourut du regard les différents cafés, chocolats, lattes et autres boissons chaudes qui s'offraient à lui sans retenue. Tapotant ses lèvres du bout des doigts au rythme d'une chanson qu'il avait en tête, il parcourut la salle du regard. Il n'y avait pas beaucoup de monde au final. Un autre garçon, probablement de son âge, un peu plus vieux peut-être, qui faisait habilement danser un fusain sur une feuille. Il l'avait déjà aperçu une ou deux fois. Reportant son attention sur le comptoir, il finit par se décider pour un latte à la vanille, il n'avait pas besoin d'une dose de caféine pure en plus. Emmerdant royalement les deux clients derrière lui, il paya sa boisson en pièces de un et deux centimes, avant de provoquer des soupirs de soulagement lorsqu'il partit s'asseoir au fond, non sans oublier de décocher un clin d'oeil aguicheur à la serveuse. Là où il pouvait observer le monde autour. D'ailleurs, il n'était apparemment pas le seul. Le dessinateur en herbe avait le regard fixé sur lui, l'air perdu dans ses pensées. Il lui fit un petit signe de tête en souriant.

Tout ça pour ça, je sais, je suis sadique Et oui, j'ai craqué sur l'image.

Alistair Ҩ James

Levant les yeux de son croquis, il jugea le jeune homme imperceptiblement. Il avait eu l'occasion de l'apercevoir deux trois et de ce qu'il avait retenu de celui-ci : C'était que c'était un jeune homme incroyablement bruyant, incapable de rester assit plus d'une seconde, s'attirant des ennuis par la première occasion. C'était le genre de type agaçant qui cherchait à tout prix un moyen d'ennuyer son entourage. James eut envie de lever les yeux au ciel quand il remarqua que celui-ci payer son café avec des pièces de un et deux cent. De façon commune, James préférait éviter ce genre de personne. Très souvent, c'était le genre de mauvais coup qui pouvait se retourner contre lui et il préférait éviter. Et puis, il était clairement indéniable que ceux-ci avait des personnalités très incompatible. Il n'y avait certainement pas de doute la dessus. Alors qu'il allait rapporter son attention sur son cahier, celui-ci eut l'air de remarquer qu'il était observé. Ses yeux croisèrent rapidement le sien et il le salua de loin, un léger sourire au lèvre. James lui lança un vague sourire. Aussitôt, il plissa son nez, détournant rapidement les yeux. C'était une très mauvaise idée. Une très très mauvaise idée.

Sérieusement ? Mon dieu, j'ai éclaté de rire. Après le Hard Party, je tiens à dire que nos gif de rp sont toujours mémorable...

Alistair réfléchit rapidement. Le dessinateur avait l'air de quelqu'un qui aurait bien besoin d'un peu de compagnie, mais la glace n'allait sans doute pas être facile à briser. Après avoir battu la mesure contre le bord de la table pendant une bonne minute le temps de s'éclaircir l'esprit, le brun aux boucles sublimes se leva et emporta son latte - décidément, quelle idée avait-il eu de prendre quelque chose à base de caféine -, et se dirigea vers l'adolescent au fond de la salle. 

"Excuse-moi de m'incruster mais... t'as l'air un peu seul, et moi je n'ai pas l'habitude de l'être, mais je me rappelle l'avoir été, et c'était pas cool tous les jours, à moins que tu sois plutôt solitaire, dans ce cas je peux aussi partir, mais..." Il reprit sa respiration. Il faisait quoi là concrètement ? "Tu dessines quoi ?"

Il prit une chaise et s'assit en face de lui, parce que merde à la fin, il était Alistair Albright et il n'attendait pas qu'on l'invite à s'asseoir.

Bon. Cela n'allait manifestement pas être facile. Dans sa tentative de bonne action de l'année, Alistair était tombé sur M. Grognon. Un emo peut-être ? Il se pencha légèrement en avant pour étudier son visage de plus près. Non, pas de trace de maquillage noir, ou de gel restant dans les cheveux, vestige d'une quelconque mèche qui aurait un jour orné son front. Même pas une trace de teinture noire ou violette. Décevant. Il se réappuya sur le dossier de sa chaise et observa ce que le dessinateur en herbe lui montrait. Pas tant en herbe que ça finalement. Plutôt pelouse bien garnie. Enfin, talentueux quoi.

"Je vois, donc en fait tu es l'artiste torturé qui exprime le monde par ses dessins, et considère que de toute manière ses mots ne sont pas assez forts pour relater la tristesse du monde, et puis, personne ne t'écoute ?"

Alistair avait dit ça d'un ton candide, en ne voulant même pas être méchant. C'était une question pure et simple, il n'avait juste pas pris de leçons de tact.

"Tu dessines bien en tout cas. Et tu bois quoi sinon ?"

Le frisé loucha sur la tasse de son nouvel ami (si, il l'avait décrété, qui ne lui crachait pas dessus dans les 5 premières minutes de leur rencontre était un ami) pour tenter de déchiffrer l'écriture de la serveuse.

"Mamamia. Cette serveuse doit avoir une formation de médecin, on ne comprend rien à ce qu'elle écrit. Tout se perd de nos jours, tss."

Il releva les yeux vers l'artiste, dans l'attente d'une quelconque vocalise. Vraiment, n'importe quoi ferait l'affaire. Alors il attendit. Avec des yeux de chien battu.

(Mais arrête d'agresser mon pauvre Ali enfin xD)

Les deux pieds dans le plat et sans s'en rendre compte, telle aurait pu être la devise d'Alistair. Bourde sur bourde, il avançait dans la vie au gré de ses péripéties.
Ceci dit, il avait réussi à faire ouvrir la bouche au jeune homme, ce qui était en soi un exploit.
"Et bah écoute, avec deux soeurs qui l'ouvrent tout le temps, non en effet, on écoute rarement ce que je dis. Il paraît que j'ai un humour de m*rde et que je ne parle pour ne rien dire, aussi. Du coup, je parle, on ne m'écoute pas, je m'en fiche et tout le monde est content."
Le frisé hocha la tête (ou ses boucles plutôt, ou ses sourcils d'autres diraient) alors que son nouveau poto lui expliquait sa démarche, et l'absence de tristesse dans celle-ci.
D'ailleurs, c'était une bonne question qu'il venait de poser. Que faisait-il là ? Il aurait pu être dans 20 000 autres endroits, à repeindre une clôture en jaune à pois verts, mettre les pots de fleurs de la voisine la tête en bas, piquer des nains de jardin, mais non. Aujourd'hui c'était repos, il embêtait seulement les gens du café.

"Bah, ça m'occupe en tout cas. C'est fou le nombre de cas d'études différents qu'on peut croiser dans un café. Tu vois le mec là-bas, par exemple ?" Alistair montra un homme assis dans le fond, du bout du menton. "Tu vois comment il triture son alliance, comment il la fait tourner ? Je te parie qu'il n'attend que que sa maîtresse arrive pour rapidement la glisser dans sa poche et faire comme si de rien n'était. Abject."

Tout en lâchant un soupir dégoûté, l'adolescent reporta son attention sur le dessinateur.

"Ta soeur ? Julia... Fitzgerald c'est ça ? Et toi, c'est quoi ton petit nom ?"

Il avait finalement réussi à faire parler l'artiste incompris. Alistair se rengorgea, pas peu fier de sa victoire. Celui-ci restait un peu sur la défensive, mais peut-être qu'avec le temps cela allait s'améliorer. Avec le temps ? L'adolescent avait décidément une âme de bon samaritain aujourd'hui.

"Sherlock..." Il réfléchit quelques instants. "Hm, je suppose qu'on pourrait dire ça, même si à mon sens son talent tient moins de son intelligence que de son sens de l'observation, et qu'il ne serait pas allé très loin sans Watson." Il se tut et reprit une gorgée de son latte.

"Et non, ce n'est pas vraiment amusant. Enfin, ce n'est pas triste non plus. C'est normal quoi."

Le jeune homme était donc le frère de Julia Fitzgerald. Il grimaça en repensant à leur première rencontre.

"Oui, je la connais vite fait. Tu sais, pendant l'ouragan qui s'est produit ? On s'est tous les deux retrouvés dans le bunker des Livingstone, avec d'autres personnes dont ma mémoire a préféré effacé l'identité."

Il grimaça une nouvelle fois en repensant à son échange avec la fille Daniels. Décidément, tout le monde n'était pas fréquentable dans cette ville. Plaquant un sourire sur son visage pour chasser cette pensée de force, il se présenta enfin.

"Je m'appelle Alistair. Alistair Albright. Ca fait longtemps que tu es dans le coin ?"

Finalement, l'individu catalogué comme artiste incompris et répondant au doux nom de James avait l'air de se dérider, et de sembler plutôt sympathique. Et il connaissait Sherlock Holmes !
"J'ai passé mon enfance à les lire, cela me passionnait de voir comment il résolvait tous ses mystères... Ca a énormément développé mon sens de l'observation, c'est vrai. Mais pour moi, le vrai génie, c'est Sir Arthur Conan Doyle."
Son interlocuteur émit alors l'hypothèse que l'on découvrait véritablement une personne dans les moments de panique, suite à l'explication de sa rencontre avec sa soeur.
"C'est pas faux. Par exemple, je ne pouvais pas supporter Erica Daniels avant, et bien maintenant c'est encore pire !" s'exclama joyeusement Alistair. Son regard s'assombrit quand James évoqua William.
"Mouais. 'Sort avec ma meilleur amie" grommela-t-il dans sa barbe inexistante. Evitant de s'étendre sur le sujet, il préféra sauter de suite à la question que lui posait déjà l'artiste. C'est qu'on ne l'arrêtait plus, une fois lancé !
"Ah bon ? Tu habites au n° combien, si c'est pas indiscret ? C'est fou qu'on ne se connaisse pas. Tu as quel âge ?"
Après tout, c'était certainement indiscret, mais c'était une des nombreuses choses qui passaient à 15 000 au-dessus de sa tête à bouclettes. Jetant un coup d'oeil à son carnet de dessins, il fut saisi d'une idée lumineuse.
"Hey, si jamais tu deviens célèbre, tu voudrais pas me filer un autographe maintenant ?" demanda-t-il avec un sourire dévoilant toutes ses dents blanches. Si, il y avait vraiment une logique à ça, très loin tout au fond de son cerveau biscornu.

Ainsi donc, James était un fan d'Harry Potter. Alistair commençait à regretter de ne pas s'être un peu plus intéressé aux gens de son quartier en grandissant, passant tout son temps avec Balthazar, et ensuite avec Sara, avant de se développer un réseau hors de ses voisins immédiats. Ignorant volontairement la partie de la conversation s'orientant sur le rejeton Daniels, il préféra réfléchir à quelles pâtisseries il allait acheter à son nouvel ami. Regardant la vitrine d'un air malicieux, il fouilla ses poches pour trouver quelques billets. C'était son jour de chance, il avait trouvé 10$ sur le trottoir dans la matinée. Suivant sa philosophie qu'il fallait tout dépenser le plus rapidement possible, l'argent étant une des choses les plus éphémères en ce monde, il se lécha les babines d'avance, en comptant bien se prendre quelque chose pour lui également.
Seulement, la file d'attente était un peu longue. Et James attendait. Alistair n'avait pas envie de faire attendre James. Une idée lumineuse germa alors dans son esprit, et il posa les deux mains sur les épaules de l'homme devant lui. Assez petit, pas assez baraqué pour l'attaquer au cas où ça tournerait mal, la cible parfaite. Il se mit alors à bouger ses mains sensuellement, retenant une grimace en pensant à la graisse qui s'animait sous ses doigts. Le cobaye eut la réaction escomptée: une mine offusquée, pas envie de subir les foudres de sa femme s'il était en retard pour rentrer à la maison, il tourna juste les talons en maugréant quelque chose sur le mauvais comportement des jeunes de nos jours. La victime suivante était une jeune fille blonde, assez jolie, qui lui assena un coup de sac, mais décida de partir également. Les trois personnes devant lui cédèrent également à ses massages, l'un d'entre eux laissant passer le frisé devant lui avec un sourire aguicheur. Lui décochant un clin d'oeil charmeur, Alistair se glissa entre lui et un homme un peu trop imposant pour lui faire un massage. Tant pis, il avait bien gagné un quart d'heure.
Une fois devant la vitrine, il choisit un assortiment de cupcakes, un flan nature, une religieuse au caramel et un kouign aman, en gros les gâteaux les plus gras et sucrés qui s'offraient à ses yeux. Il donna le billet à la soeur de James, et repartit vers la table armé du plateau. Il le déposa devant l'artiste, en profita pour lui faire un massage rapide à lui aussi, par réflexe, en espérant après coup que celui-ci ne se barrerait pas en courant.

"Et voilàààà, sans les mains ! Attends, je sors mon appareil photo."

Alistair s'assit en face de lui, attendant avec impatience que le challenge commence.

Finalement, Alistair était bien content de s'être assis à la table d'un inconnu, sur un coup de tête. C'était quelque chose qu'il aurait du faire plus souvent. Appareil en main, il mitrailla James alors qu'il galérait à manger un cupcake sans les mains, se mettant de la crème partout sur le visage. (Non Rebecca, on ne fait pas un remix torse/crème fouettée. NON.) Puis lorsque du muffin atterrit dans ses yeux. Puis lorsque du glaçage finit sur son t-shirt. Il écarta le carnet de dessins du jeune homme du champ de bataille, ne voulant pas que celui-ci se tache. Une fois l'expérience finie, il tendit une serviette de table à l'artiste, tel un galant gentleman.

"Alors tu disais, tu connais pas mal le quartier ? Tu fais partie d'une association caritative, ou quelque chose dans le genre ? Tu fais du porte-à-porte ? Tu fais le ménage chez les gens ?"

Il énumérait les possibilités sans reprendre son souffle, heureux de savoir qu'il connaissait désormais une personne de plus dans sa rue. Il aimait bien rencontrer des gens, ça lui passait le temps. Peut-être même qu'il pourrait revoir James ensuite, s'il habitait si près de chez lui.
Dépiotant le cupcake violet qu'il s'était commandé pour lui, il l'émietta avec ses longs doigts fins, tout en finissant son latte.

Ces gâteaux étaient vraiment bons. Il avait eu peur un instant que la Fitzgerald empoisonne sa commande, mais étant donné que la commande était en grande partie pour son frère, il avait du y échapper de peu. Finissant son cupcake à la myrtille, il s'essuya minutieusement les doigts avec une serviette en papier, tout en écoutant James parler.

"Du shopping ?" Alistair haussa les sourcils. Ce n'était pas dans ses habitudes, de dépenser de l'argent pour des fringues, mais après tout, il en était bien rendu à acheter une douzaine de gâteaux à un inconnu. "Et tu étudies quoi, à l'université ?" Alistair ne se posait jamais la question de déranger ou non les gens avec ses questions. Il en avait une, il la posait. Ca s'arrêtait là.
Alors que James commençait à afficher un sourire pervers à l'origine inconnue, le frisé réfléchit aux endroits qu'il aimait fréquenter. Qu'il aimait. Pas qu'il devait. Question épineuse.

"Hm... J'aime bien me promener dans le parc, avec une amie. Au coucher de soleil, quand la lumière est plus douce. Tout semble moins amer, moins... réaliste je suppose. Je suis pas mal au lycée sinon, j'y travaille. Chez mon meilleur ami, aussi, même si je soupçonne sa soeur de comploter afin d'obtenir une injonction, histoire que j'arrête de squatter chez eux."

Il soupira à cette pensée. Aaah, Ginerva, quelle tornade cette fille.

"Ca te dit qu'on se voit, de temps en temps ?"

C'était sorti comme ça. Pourquoi pas, après tout ? Alistair haussa machinalement les épaules, faisant taire son raisonnement intérieur.