Elle court, elle ne pas où elle va, elle se contente de courir, elle est bien là. Elle se sent libre, en plus elle a l'impression d'être souple, alors elle tente de faire des acrobaties et ça marche. Ce devait être la première fois dans sa vie qu'elle pouvait faire autant de roulade sans se casser la gueule. Elle reprend sa course infinie et même si elle ne sait pas où elle va, elle est contente, elle sourit, elle se met même à rire, toute seule, certes, mais elle s'en fout, elle est bien, elle sourit.

Bien sûr, cette tranquillité ne dure pas indéfiniment, alors comme à chaque fois où elle commence à aller bien, elle commence à avoir de plus en plus de mal à courir. Elle commence à tomber un peu, puis de plus en plus, puis elle glisse carrément sur une peau de banane – oui une peau de banane – et tombe par terre.

Elle ouvre grand les yeux et fixe le plafond suite au rêve qu'elle venait de faire. Oui, ce n'était qu'un rêve, assez bizarre d'ailleurs, elle devrait peut-être penser à regarder ce que signifiait ses rêves,  mais bon,  au moins elle pouvait être tranquille, elle n'était pas tombée et était en toute sécurité dans son lit. Ramenant la couette vers elle en fermant les yeux, elle sentait que quelque chose n'allait pas, il y avait comme un poids à côté d'elle qui prenait de la place. Ca devait être le chien, aucune importance.

Tirant la couette vers elle de façon à se couvrir, elle se recoucha sans s'occuper de ce qui pouvait bien prendre autant de place dans le lit, elle allait retourner à son rêve où elle courrait et tout. Mais avant qu'elle puisse retourner à son rêve de se croire Usain Bolt, elle se rendit compte de quelque chose : elle n'avait ni chien, ni chat.

Se levant presque d'un bond pour se s'asseoir, elle commença par constater qu'elle était nue comme un ver, bon, ça à la limite ce n'était pas un problème, il lui arrivait souvent de dormir nue et de se réveiller nue alors qu'elle ne se souvenait pas d'avoir fait quoi que ce soit. Elle se tourna vers le gros poids à côté d'elle et avec la plus grande précaution du monde, elle commença à toucher du bout de l'index sans enlever la couette un peu comme si elle touchait un animal mort du bout des doigts pour essayer de voir s'il était vivant ou pas. Elle aurait bien tiré la couette pour que cet instant de suspens cesse, mais comme elle ne se souvenait pas très bien de ce qui s'était passé la veille, la personne ou la chose qui se trouvait dessous pourrait lui donner une crise cardiaque.

Elle sentit que ça bougeait à côté d'elle. elle ne savait pas quelle heure il était, n'ayant jamais eu la notion du temps au réveil, mais il devait sûrement être très tôt. Trop tôt. Et elle n'avait pas la moindre envie de bouger, encore moins de se lever. Elle était bien dans son lit, mieux que n'importe où ailleurs. Pourquoi fallait-il se lever tous les matins, alors qu'elle ne connaissait pas une personne qui préfère le monde réel à son matelas. Sauf peut-être sa mère, mais sa mère n'était pas humaine, alors bon. En plus il n'y avait personne pour venir la déranger, pour le coup, le rêve. Elle repensa à la soirée de la veille. Elle n'était pas restée dans la chaise à bascule du perron, à lire des bouquins du siècle dernier, ça non. Mais alors qu'est-ce qu'elle avait encore foutu pour se retrouver aussi k.o dans ce pieu ? En tout cas elle n'avait pas très bien dormi, la soirée avait été..mouvementée. Elle n'avait pas non plus mal à la tête, bonne nouvelle. Pourtant elle avait dû s'en enfiler, des trucs. Avec la rentrée qui revenait au galop, les vacances qui la fuyaient comme la peste, y avait que ça de vrai, que ça de bon. On ne changeait pas les bonnes habitudes.
Elle s'arrêta subitement, tous ses sens en éveil. Quelque chose clochait. Quelque chose qui était trop proche d'elle pour qu'elle ne le remarque pas. C'était...Oh putain, non. Non, mais non. Les draps n'avaient pas la même odeur que d'habitude. C'était quoi ce cirque encore, pourquoi le monde entier s'acharnait contre elle dès l'aube, hein ? On pouvait pas dormir tranquillement dans cette maison, dingue. Elle grogna en comprenant que c'était certainement Leeda qui était venue les changer. La pute. Elle s'enfouit un peu plus sous les couvertures, là où personne ne pourrait l'atteindre. Là où même les cris de la mère Fitzgerald, qui ne tarderaient pas à résonner dans toute la maison pour qu'elle se lève, ne lui parviendraient pas. Des couvertures à double vitrages. Entourée de chaleur et de mou, elle se laissa aller contre l'oreiller, et elle se sentit lâcher prise, enfin. Elle réalisa qu'elle était en train de s'endormir, et c'était tant mieux parce qu'elle avait l'impression de s'être tout juste laissée tomber sur ce lit méga confortable. Et elle aurait pu s'endormir, si un truc ne venait pas la tâter du bout du doigt toutes les trois secondes. « Hmmm. » qui voulait dire que ce n'était pas vraiment le moment, qu'il ou elle pouvait dégager illico au risque de se prendre un oreiller dans la figure. Il pouvait dégager, en l'occurrence ; quand ce n'était pas Leeda qui débarquait en ouvrant portes et fenêtres, et en lui retirant sa couverture, c'était Henry qui venait sur la pointe des pieds, comme une danseuse étoile un peu chelou, pour la réveiller comme si elle avait encore huit ans. Elle lui aurait bien jeter son oreiller dans la gueule, mais il ne méritait pas de recevoir quelque chose d'aussi agréable dans la tête. Et elle n'avait pas assez de force pour se sortir de sous les couvertures. Monde cruel.

Elle avait beau continuer de tapoter sur la chose, et elle sentait que ça bougeait. Bien, au moins elle n'avait pas dormi à côté de quelque chose de mort. Mais la chose en question avait l'air de se débattre, comme si elle non plus n'avait pas envie d'être dérangé. Ce n'était pas comme si elle était la seule, Amy aussi aimerait bien dormir à point fermer et ne pas se soucier de ce qui se passe autour d'elle et ne plus se réveiller à moins qu'on lui propose de bouffer, elle aussi elle voudrait bien procrastiner et ne rien faire de ses journées, mais au lieu de ça elle se retrouve avec un gros poids à côté d'elle dont elle ignore complètement la provenance.

Commençant à perdre patience, elle décida de passer à la solution radicale, elle ne voulait pas en venir à ça, mais pourtant elle allait devoir. Prenant une profonde respiration, elle prit un coin de la couette et tira de façon à découvrir ce qui se cachait à côté d'elle. Mais attention, elle n'y avait pas mit de la force ou quoi que ce soit hein, déjà parce qu'elle était encore à moitié endormie, mais en plus parce que ne sachant pas ce qu'il y avait dessous, il y avait des chances que ce soit une grosse bête agressive qui lui arrache la tête si elle se fait brusquement réveillée.

Faisant glisser doucement la couette qui semblait pourtant bien être agrippée à quelque chose, elle commence à avoir un aperçu de la chose qui squatte son lit. La première chose qu'elle vit et qui lui fit arquer un sourcil, fit une chevelure blonde un peu en pagaille. Elle s'arrêta un moment pour essayer de réfléchir avant de continuer, pourquoi est-ce qu'une blonde serait dans son lit et surtout, pourquoi est-ce qu'elle ne s'en souviendrait pas ? Sauf si, elle avait passé la nuit avec une blonde, mais chez elle ? Ca, ça l'étonnerait, en général c'est elle qui finit dans le lit des autres, pas l'inverse.

« Hé ! » dit-elle en tapotant sur la tête blonde à côté d'elle. « Héééééééééé ! » finit-elle par hurler pour que la personne se réveille.

Elle commençait à en avoir marre de ce jeu de cherche-avec-qui-t'as-couché-comme-meuf-dont-bien-sûr-t'as-oublié-le-nom. Elle voulait passer à autre chose et surtout savoir qui partageait son lit.

N'attendant cependant pas la réponse de la personne, elle enlève la couette et s'aperçoit que ce n'était pas n'importe quelle blonde à ses côtés. En effet, il s'agissait de Julia Fitzgerald. Elle ne savait pas si elle devait être étonnée ou pas, elle savait que ça arriverait, elles buvaient tellement à s'en perdre la tête lorsqu'elles étaient ensemble toutes les deux, que ça devait forcément se finir dans un lit.

« Ah ouais quand même...»

Elle regarda la blondinette à côté d'elle en attendant sa réaction. Elle regarda néanmoins autour d'elle pour regarder l'état de sa chambre qui devait être dans un sale état si elles étaient venus ici après avoir bu et qu'elle n'avait aucun souvenir.  

Elle allait lui balancer son oreiller dans la gueule. Vraiment. Si l'autre continuait à lui taper la tête. C'était quoi ça, il avait pris sa tête pour une porte ? En tout cas elle le ferait pas entrer. Trop occupée à dormir. Y en avait quand même qui trouvaient le moyen de se lever, hein. Et histoire de bien embêter le monde, qui se mettaient à tirer sur sa couverture. SA couverture. Pour la peine, elle prit les bords de la couette et les coinça sous elle. Ah, qu'il essaie de tirer maintenant, qu'on rigole. Mais la personne en question s'avérait être Hulk. Depuis quand son père était devenu costaud ? Et il réussit quand même à lui retirer sa couette. Peut-être aussi parce que Julia n'avait plus tellement de forces. Du coup elle s'enfouit encore plus la tête dans la masse de son oreiller, histoire de se cacher des rayons aveuglants du soleil. Elle ne savait plus vraiment ce qu'elle avait fait la veille au soir, ou plutôt tôt ce matin, mais ça avait dû être hard. Elle commençait peu à peu à se libérer des bras de Morphée, et voilà que les réactions corporelles suite à la soirée revenaient au galop. Elle commençait à avoir mal à la tête. Et...un peu partout en fait. Comme si elle avait participé à une compétition de gymnastique pendant la nuit. Mais faire de la gym quand on n'est pas souple, pas souple du tout même, ça le fait moyen. Alors qu'on vienne la déranger, alors qu'elle était en pleine évolution de mal de crâne, ça le faisait encore moins. D'autant plus que l'autre s'était décidé à lui taper carrément sur la tête (sur le système), et à lui gueuler dans les oreilles. Julia souleva un peu son oreiller et se cacha en dessous, mais l'autre avait de la voix. Et la pêche, pour s'obstiner à la tirer de là.
Soudain un courant d'air froid frôla le dos de la blonde alors qu'on venait de lui retirer carrément sa couverture. Elle se roula en boule, se rendant vite compte de la différence de température entre son antre et l'extérieur. D'autant plus qu'elle n'était pas très couverte. Elle ouvrit un œil. Pas du tout, en fait. Bon, en soit elle s'en fichait, mais ça la gênait quand même un peu que Henry la voit comme ça, et y'avait pas de "t'inquiètes je t'ai déjà vu à poil quand t'étais petite" qui tienne. Elle n'avait pas l'habitude de dormir le cul à l'air d'habitude, mais il avait fallu que son paternel se pointe ce jour-là, évidemment.

« dégage sale pervers. »

Non, en fait ça la soûlait carrément qu'il soit là. Dans sa chambre. À côté d'elle. À attendre qu'elle s'éveille en plus. Comme si elle avait école dans vingt minutes et qu'il était chargé de lui préparer son goûter et son cartable. Il l'énervait déjà, pour le coup elle était bien réveillée. À la vitesse de l'éclair elle se redressa, attrapa sa couverture, et la tira sur elle – ah pour ces choses là, elle avait de l'énergie. Elle se cacha sous la couette, de sorte que seuls ses yeux apparaissaient. Et elle jeta un coup d’œil à...

« Euh, salut ? »

Bon, au moins ce n'était pas son père. Mais ce n'était pas son lit non plus. Ni son oreiller. Ni sa couette.

Elle ne s'attendait pas à trouver Julia dans son lit, mais au moins elle pouvait se dire qu'à défaut de ne pas en avoir eut une, elle a eut l'autre. Oui, elle pensait bien à Katya, même si on oublie le faire que ça aurait pu le faire mais que cette dernière s'était effondrée en larme  alors que la jeune brune et Cody étaient chaud comme la braise.

« Salut. »

Elle lui fit un petit signe de la main pour la saluer, même si vu la soirée qu'elles ont passées ensembles, était-il encore utile de se saluer ? Elles étaient toutes les deux nues dans un lit et le stade de la honte et de la gêne semblait être dépassé.

Elle continua de regarder autour d'elle pour constater l'état de sa chambre, elle s'attendait à voir un désordre pas possible, un espace ressemblant à un champ de bataille comme Bagdad, mais ce ne fut pas la première chose qui lui sauta aux yeux. En effet, il y avait un bordel monstre et on aurait dit qu'un ouragan était passé là avant elles, mais ce qui la frappa encore plus, c'était que la chambre dans laquelle elle était et surtout, le lit dans lequel elle était avec la jeune blonde, n'était pas le sien.

« Euh, y a un problème là. »

Elle enleva la couette d'elle et prit une culotte qu'elle enfila ainsi qu'un t-shirt qui traînait. Elle commença à fouiller de part et d'autre pour découvrir dans la chambre de qui elle avait bien pu atterrir puisque visiblement, ce n'était pas la sienne. Elle commença par le sol qui semblait bien occupé par des affaires, il y avait des t-shirt, des feuilles éparpillées un peu partout et même des chaussettes dont elle ne reconnaissait pas la provenance.

S'approchant de plus en plus du pseudo-bureau (qui était recouvert d'une bonne couche de papier, en plus de magazines, de vêtements et de choses non-identifiés dont elle n'a pas envie de connaître la nature) elle commence à balayer du bout des doigts tout ce qui se trouve à sa portée, jusqu'à ce qu'elle trouve une feuille avec écrit dessus tout et n'importe quoi. Elle commença à chercher des indices pour trouver dans la chambre de qui elle avait pu atterrir et en tant que Sherlock Holmes des sdf, un nom apparut.Sur la feuille en question était en effet écrit le nom de quelqu'un, et pas n'importe qui, c'était celui de Sebastian. Sebastian son frère. Elle regarda de nouveau autour d'elle et en effet, la chambre dans laquelle elle se trouvait ne lui était plus aussi inconnue que ça.

« Je pense qu'on a un autre problème... » dit-elle en ne regardant même pas Julia.

Elle se passa une main sur le visage et resta là, cachée par sa paume, barrière d'un instant avec le monde réel.  La lumière du soleil lui agréssait les pupilles, comme milles aiguilles enfoncées une à une dans ses iris avec un plaisir sadique. Bon dieu, ce réveil avait été beaucoup trop rapide à son goût. Déjà, elle venait de se rendre compte que ce n'était pas à son père qu'elle avait à faire, mais à... la petite Amy Hopper. C'était toujours mieux qu'Henry, qu'elle supportait moyennement en règle générale, mais encore moins lorsqu'elle sortait tout juste de son sommeil. Ceci dit, si elle avait pu se réveiller dans un endroit qui lui aurait été familier, ça l'aurait arrangé. Là, même l'odeur des draps lui était inconnue. Ce qui était légèrement déroutant, d'autant plus qu'elle était encore dans le coltard.
Qu'est-ce qu'elle avait fait, encore, pour se retrouver là ? Et dans le même lit que Hopper ; est-ce qu'elles avaient...? Après tout, plus rien n'impressionnait Julia. Et si elle était nue, si elles étaient nues, c'était bien pour une raison. Elle avait bu, c'était certain. Un peu trop peut-être – ça, elle s'en rappelait. Mais elle considérait que tout ce qui arrivait lorsqu'elle avait bu n'était pas de sa faute ; après tout, personne n'était vraiment conscient de ses actes sous l'effet de l'alcool. Alors cette fois, ce devait être de la faute d'Amy. C'était Amy qui était venue la chercher, après tout. Amy qui l'avait fait sortir de chez elle. Amy qui l'avait emmenée dans un bar. Amy qui lui avait présenté un verre, puis deux, puis trois. Il ne lui en avait pas fallu plus pour relancer la machine, et une fois lancée, il était dur de l'arrêter.

« Oui, je confirme. »

Oui, elles avaient un problème. Sans GPS ni carte, se retrouver dans la jungle de cette chambre en bordel serait un brin plus compliqué. Enfin, non pas que cette chambre déplaisait à Julia : toutes les affaires de son propriétaire étaient exposées à la vue de tous, pièce après pièce. Au moins, pas besoin de se casser la tête pour chercher quoique ce soit dans un endroit parfois insolite. Et ça ne dépaysait pas tant que ça la Fitz. Après tout ce n'était pas la première fois qu'elle se réveillait dans une chambre autre que la sienne ; elle voyait du pays. Ceci dit, elle préférait éviter les mauvaises surprises. Telle que croiser une soeur ou un frère, alors qu'elle était à peine couverte d'une petite feuille ou d'un coquillage bien placé.

« Quoi ? Pourquoi j'me retrouve dans ton pieu ? Y'a pas trente-six solutions. »

Julia eut un petit rire. Au moins elles avaient dû s'éclater la veille, même si ses souvenirs restaient flous. Anyway, Amy et Julia réunies ça ne pouvait faire qu'un.

Elle leva les yeux au ciel lorsqu'elle entendit les remarques de la jeune blonde, elle ne mesurait pas la gravité des choses. Quoi qu'il n'y avait pas vraiment de gravité, du moins, ça dépendait du point de vue. Pour Amy c'était un problème, en temps normal elle ne devrait pas être dans cette pièce, elle ne se souvient même plus du nombre de fois où elle avait fait des sermons interminables comme quoi elle ne voulait pas qu'on entre dans sa chambre, ils habitaient ensemble, certes, mais c'était son seul coin d'intimité et son espace à elle, alors il fallait le respecter.

Il lui a fallut une nuit et plusieurs verres d'alcool pour aller à l'encontre de tout ce qu'elle disait pire, elle avait ramené quelqu'un avec elle. Elle continua un peu sa fouille, peut-être qu'elle s'était trompée – même si il y avait une infime possibilité que ce soit le cas – elle continua sa fouille et tomba de nouveau sur un papier avec écrit le nom de son frère dessus, cette fois, plus de doute.

« Mais non pas ça ! »

Elle prit le morceau de papier et en fit une boule pour qu'elle soit assez lourde, ensuite la lança sur le lit en direction de Julia pour qu'elle puisse l'intercepter.

« On est pas dans ma chambre, regarde le nom sur le papier tu vas comprendre. »

Elle n'avait aucune idée de si elles étaient seule à la maison ou pas, mais à première vu c'était le cas, depuis son réveil elle n'avait encore entendu aucun bruit, il n'y avait non plus aucune odeur de petit déjeuner qui flottait dans la maison. Peut-être qu'ils étaient là mais n'avaient fait aucun bruit, peut-être même que Sebastian était là mais avait préféré ne pas les déranger tellement il était gêné de la situation, et attendrait qu'elle se soit réveillée pour lui passer un savon. Quoi que non, c'était impossible, bien qu'il serait capable de faire ça.

« Faut qu'on se bouge, si on nous trouve ici on aura des problèmes. »

Elle commençait à s'imaginer des scénarios dans la tête de ce qui lui arriverait si l'un de ses frères la trouvait ici, le scénario le plus catastrophe serait si c'est Shannon qui la trouve dans cette chambre, à moitié à poile, avec Julia dans le lit...

Julia sursauta au cri de la brune. Oh, qu'est-ce qu'elle avait à lui percer les tympans, elle était tombée sur le compte à rebours d'une bombe nucléaire ou quoi ? Cherchant ses fringues autour d'elle, elle se reçut une boule de papier sur la tête. Allons bon, elles en étaient à faire des batailles de papier maintenant. Et pourquoi pas une bataille de polochons aussi, comme si Julia était du genre très énergique au réveil. Ceci dit elle n'hésitait pas à user des bons termes pour faire fuir tous ceux qui venaient la déranger, alors si Amy continuait à lui lancer des boules de papier sur la tête...

« Quoi, y'a quoi ? »

Elle déroula le papier froissé par le voyage, et tenta de déchiffrer. Outre le B– entouré de deux cercles rouges et épais qui signifiaient que son propriétaire ne devait pas être très bon en maths ou rédactions de français, elle n'y comprenait pas grand chose. C'était un enchevêtrement de signes, de coups de stylos et de hiéroglyphes inconnus à la Fitz. Plissant les yeux, elle finit par déchiffrer quelques lettres de l'alphabet anglais.

« S... S-ebsien Hopper. Sebsien Hopper. C'est qui, ton père ? Sebsien Hopper, c'est drôle comme nom. Tu m'diras, Amy c'est pas mal non plus. »

Un  B– qui devait dater de l'an 40 alors, parce qu'autant qu'elle sache l'année scolaire de monsieur Hopper devait dater d'une bonne décennie déjà. Quoiqu'elle n'ait jamais vu de monsieur Hopper, ni dans cette maison, ni à un quelconque endroit de la ville. À moins que monsieur ne soit passer maitre dans l'art du camouflage, elle ne voyait pas comment c'était possible. Mais alors que Julia tentait de réveiller ses neurones encore embrumés par le sommeil pour comprendre ce qui paniquait autant Amy aussi tôt le matin, ce qui ne devait pas être un B- datant de plusieurs années, celle-ci le chassa presque du lit. Oh, elle ne trouvait pas ses fringues et en plus il fallait qu'elle quitte cette chambre à poil ? Elle était dure quand même.

« C'est une propriété privée? Il fallait le dire avant de m'y emmener passer la nuit. »

Elle fit main basse sur ce qui ressemblait à ses sous-vêtements de la veille et son jean qu'elle reconnut à la couleur, enfila le tout avant de chercher précautionneusement un tee-shirt qui serait le sien, et pas un appartenant au père d'Amy, ou quelconque homme ayant des B– à l'école et vivant toujours dans l'antre des Hopper.

Julia ne semblait pas comprendre ce qui se passait et ça, même si la jeune brune essayait de la mettre sur des pistes, elle lui avait même envoyé un morceau de papier avec écrit le nom de son frère dessus, mais même là elle avait du mal. Elle connaissait des personnes qui n'étaient pas du matin, elle même n'étant pas du matin, mais là, Julia battait quand même des records de cerveau ramolli, mais bon, Amy devait être indulgente, elles venaient de passer une nuit plutôt agitée avec de l'alcool, beaucoup d'alcool, donc normal qu'elle ait un matin difficile.

« Quoi ? Non enfin ! »

Pourquoi elle lui parlait de son père ? Depuis le temps elle n'avait pas encore comprit qu'elle n'avait de père ? Enfin, c'était plutôt logique, quand on voit ce qu'est devenue Amy on voit bien qu'elle n'a pas eut un père pour l'encadrer elle et ses frères.

« Pourquoi tu me parles de mon père ? J'en ai pas et tu le sais très bien ! »

Elle commença à presser Julia pour qu'elle se bouge, mais cette dernière prenait tout à la légère, elle ne réalisait vraiment bien. C'était comme si Amy et elles s'étaient retrouvées dans la chambre de Katya, entièrement nue et que cette dernière arrivait. Quoi qu'elle paierait bien pouvoir ça, surtout la tête de ça sœur.

Elle vit Julia qui cherchait ses habits, elle enfila ceux qu'elle avait trouvé mais il lui manquait le haut, elles n'avaient pas de temps à perdre. La jeune brune qui voulait aider son amie, commença à fouiller et mit encore plus de bordel qu'il n'y avait déjà, elle commença par fouiller dans une pile de vêtement, sale ou propre elle n'en avait aucune idée et n'avait pas non plus le temps de chercher.

« Tiens, mets ça on s'en fout, je chercherai ton haut plus tard. »

Au moment où elle prononça ses paroles, elle entendit des pas qui commençaient à se rapprocher dangereusement de la chambre où elle se trouvait. Pendant l'espace de quelques secondes, elle arrêta de respirer, restant immobile là où elle se trouvait, demandant à Julia d'en faire de même par un geste de la main.

Une fois la personne passée, la jeune adolescente reprit sa respiration et poussa même un soupir de soulagement, la jeune blonde ne pouvait même pas imaginer ce qui les aurait attendu si la personne avait ouvert la porte, du moins, ce qui attendait Amy.

« Bon, allez, enfile ça et on y va, faut pas qu'on nous trouve ici ! »

Elle regarda Julia presque avec un regard de pitié pour qu'elle accepte vraiment de se bouger pour ne pas attirer des ennuies à la jeune blonde, espérant que ça marche.

Julia considéra le tee-shirt qu'Amy lui tendait. Il ne lui appartenait pas; mais puisqu'elle ne retrouvait pas le sien, il fallait bien qu'elle mette quelque chose avant de sortir, au risque de choper une maladie. Elle le sentit d'abord, préférant éviter d'avance tous les tee-shirts dédiés au sport. Celui-ci n'avait pas l'air trop mal, alors puisqu'elles étaient pressées, d'après Amy du moins, elle l'enfila sans cependant se retenir d'un petit commentaire.

« C'est un tee-shirt de mec, j'vais sentir le chacal si j'enfile ça. »

Elle se tut à la tête que faisait Amy. La jeune fille s'était arrêtée en plein mouvement, comme un animal à l'affut, et la regardait avec de gros yeux, un doigt sur la bouche. Instinctivement, Julia se stoppa aussi. Elle écouta, entendit des pas qui passaient près de la porte, et comprit le problème ; c'était elles, le problème. Elles, dans cette chambre, qui de toute évidence n'appartenait pas à Amy. Ah bah voilà, il fallait le dire plus tôt, Julia aurait compris. Le nombre de fois où elle s'était introduite en secret dans des chambres, celle de Jaylann par exemple, quand elle voulait lui piquer – emprunter, pardon – un truc mais que l'intéressée en question n'était pas de cette avis ; elle était passée maître dans cet art si spécial de se sortir de là sans se faire repérer.

« Laisse faire la pro. »

Elle écarta Amy et se dirigea vers la porte. Retenant son souffle, elle écouta, l'oreille collée contre le battant, d'éventuels mouvements qui risqueraient de les mettre en péril. N'entendant rien, elle tenta le tout pour le tout et ouvrit très, très légèrement la porte. Elle jeta un oeil à l'extérieur, ne voyant personne en face de la chambre elle sortit la tête, à droite, puis à gauche. Pas un chat. Elle se détendit ; elle ne savait pas trop ce qu'elles risquaient à être là où, visiblement, elles n'étaient pas sensées être, mais au vu de la tête d'Amy, elles risquaient gros.

« C'est bon, la voix est libre. »

Puisque rassurée, sa voix avait monté d'un cran, mais les filles n'étaient pas en danger. De son index et de son majeur, elle fit signe à Amy de s'approcher. Puis, elle sortit dans le couloir, s'étira un coup parce que n'empêche, elle n'avait pas eu son quart d'heure de semi-sommeil après son réveil, et attendit les instructions de Hopper, ne connaissant pas sa maison.

De toute évidence, Julia n'avait pas encore prit conscience de la gravité des choses, Amy et elle n'étaient pas dans la bonne chambre et risquaient d'avoir des ennuies si elles ne se bougeaient, pas,. Bien sûr, la jeune brune aurait bien pu expliquer tout ça à son amie, mais elle avait tellement peur que quelqu'un les surprenne, qu'elle en oublia toute logique, obligeant la jeune blonde à quitter les lieux. Elle eut un moment de stress quand elle entendit des bruits de pas se rapprocher d'elles, mais fut vite rassuré quand cette personne passa simplement devant la porte sans s'arrêter.

Une fois Julia prête à sortir, cette dernière qui comprit enfin de quoi il s'agissait, prit les devants, un peu comme pour regarder si il y avait un danger ou pas.

« La pro ? Ca m'étonne même pas que tu sois une pro dans ce domaine toi. »

Elle partit d'un petit rire sans pour autant faire du bruit, essayant de se faire la plus discrète possible. La jeune adolescente sortit de la pièce et une fois son amie étirée, marcha en direction de sa chambre où elles seraient sûrement plus à l'aise que dans le couloir. Tout danger était à présent écarté, elle n'avait plus besoin d'être aussi silencieuse. Quoi que si, un peu, elle ne voulait pas non plus se faire engueuler à cause du bruit.

La jeune brune s'assit sur son sur son lit en croisant ses jambes avant de fixer la jeune blonde qui avait une sale tête. Il n'y avait pas à dire,les têtes du matin étaient souvent les pire et si elle se moquait de celle de Julia, elle ne voulait pas voir la sienne qui devait sûrement ne pas être digne d'un prix de beauté non plus.

« Bon, tu veux faire quoi ? Tu veux prendre une douche ou dormir encore ? Perso j'ai la flemme de faire quoi que ce soit là. »

Le moment de frayeur étant retombée, la flemme habituelle d'Amy reprit possession de son corps pour son plus grand bonheur, faisant en sorte qu'elle n'eut même plus la force de s'asseoir mais s'allongea sur le dos le temps que la Fitzgerald se décide à faire quoi que ce soit. Concernant Amy, elle pouvait faire ce qu'elle voulait, elle ne dirait rien, enfin, presque, mais vu l'état dans lequel elle était, même si elle le voulait elle ne pourrait rien faire. Hier soir elles avaient fêtées, beaucoup trop même, aujourd'hui elle en paie les conséquences en se retrouvant avec quelqu'un dans la chambre de son frère et sans oublier avec une flemme et une fatigue incroyable. Même après de violentes gueules de bois la jeune Hopper n'avait jamais été dans cet état, elle ne se souvient pas de ce qui s'était passée la nuit dernière mais au moins on peut être sûre qu'elle n'a pas bu que de l'eau et que quand elle est rentrée, elle n'était plus aussi seule.

Julia haussa les épaules à la question d'Amy. Qu'est-ce qu'elle en savait elle, de ce qu'elle voulait faire ? Elle n'avait pas l'heure mais il devait certainement être tôt, on l'avait tiré de son sommeil avant qu'elle ne s'éveille et il n'y avait pas pire qu'un tel châtiment un matin de week-end. En plus de ça, il avait fallu qu'elle se dépêche de se lever, de s'habiller, bref on l'avait chassé du lit où elle serait bien restée un peu plus longtemps. Et ça, rien que ça déstabilisait Julia. Elle aurait bien aimé poussé Amy dans un chaudron, comme Hansel et Gretel avec la femme de la maison en bonbons, quitte à passer pour la méchante sorcière, mais elle avait encore besoin d'elle pour se repérer dans cette maison. Et puis, pauvre Amy, elle était simplement victime de la situation, elle aussi avait dû se dépêcher de sortir de la chambre avant de guider Julia dans une autre pièce qui, de toute évidence, correspondait mieux à la Hopper. Au niveau désordre c'était exactement pareil, le pupitre était caché sous un amas de feuilles, de cahiers, d'un cendrier ressemblant à un crachoir et sous d'autres choses injustifiables. Mais la décoration était totalement différente et beaucoup plus féminine, avec quelques fleurs de lys sur les murs. Julia jeta un rapide coup d'œil, avant de s'avancer difficilement vers le lit où elle se laissa tomber en avant, frôlant de peu Amy.

« Je sais pas. Laisse-moi me réveiller, déjà. »

C'était tout ce qu'elle lui demandait, une petite pause le temps de sortir des vapes. Ce n'était pas seulement parce qu'elle venait de se réveiller, c'était aussi parce qu'elle avait pris une cuite la veille et que les effets secondaires se faisaient à présent bien ressentir. À bien y réfléchir, Julia se rendit compte qu'elle ne se souvenait que de ça. Elle avait passé la soirée avec Amy, elles avaient bu. Enfin, ça, elle le devinait, sinon elle ne se serait pas retrouvée chez Hopper au petit matin. Elle se retourna sur le dos et fronça les sourcils, fixant le plafond.

« Tu sais ce qui s'est passé hier? Parce que moi j'en ai aucune idée. »

il n'y avait pas trente-six scénarios possibles, mais quand même. Julia cherchait actuellement une excuse justifiant qu'elle se soit retrouvée nue dans l'un des lits de la maison Hopper, mais plus elle se cassait la tête et moins elle en trouvait. Elle réalisait par contre qu'il s'était peut-être bien passé ce à quoi elle pensait. À moins qu'elle se trompe de personne, ce qui l'arrangerait bien.