La tempête du mois de Juillet avait bien fait des dégâts, même si je n'avais pas été sur les lieux au moments des faits j'ai pu vite me rendre compte en rentrant que la tornade était bien passé.
En plus d'avoir détruit des maisons elle avait osé attaquer l'hôtel, l'endroit où je pouvais emmener mes conquêtes sans que ma soeur ne puisse dire quoique se soit. London était si peste parfois, elle ne me laissait pas apprécier les bonnes choses de la vie.

Cependant même si le toit de l'hôtel n''était pas fini il était quand même ouvert, et ça c'était bien. Notamment pour pouvoir finir cette belle nuit comme il se devait avec ce charmant jeune homme. Depuis ma séparation avec Jesse j'étais revenue sur les rails et il faut dire que j'avais beaucoup à donné. Ne parlons même pas de ce qui s'était passé avec Finnen la dernière fois...Il était trop tard pour m'en vouloir d'avoir failli à ma promesse envers James.

Enfin, à l'accueil je réservais rapidement une chambre avant de monter les escaliers en quatrième vitesse. Je tenais fermement mon amant du soir, nous rigolions à cause de l'alcool comme des adolescents, pas le moins du monde gêné de faire autant de bruit à cette heure tardive. Le désir était cependant trop élevé pour attendre, et mon compagnon me tira vers lui pour me voler un baiser. Manque de chance le décorateur avait eu l'idée de poser un pot de fleur dans le virage et n'ayant pas d'oeil derrière la tête je culbutais dedans la renversant.

- Oups...

Il y avait vraiment quelque chose de malsain entre cet hôtel et moi pour que je trouve toujours le moyen de casser quelque chose. Ou plutôt de salir cette fois ci.

« Non mais sérieusement, tu crois que je vais rentrer pour ça ? … Clara, il en est hors de question ! … Mais Allie n'avait qu'à pas aller chez sa copine alors que je lui avait demandé de travailler à la maison. … J'ai des choses importantes à régler, tu peux aller la chercher toi-même ou elle qu'elle rentre à pied tiens, ça lui permettra de réfléchir à ses actes ! » s'écria Isaac au téléphone, exaspéré. Il raccrocha, furieux. Il était presque minuit et Allie n'avait pas respecté le temps imposé pour revenir. Elle s'était apparemment excusée en disant que c'était parce qu'elle n'avait pas vu le temps passer et qu'elles travaillaient vraiment pour leur devoir, mais une heure était une heure, et à cause de cela, Clara devait retourner la chercher vu qu'elle avait louper le dernier bus. Et Isaac n'allait sûrement pas y aller. Il aimait qu'on lui obéisse, et quand on refusait de le faire, ça le mettait dans une colère folle. Les mains crispées, il aurait pu éclater une noix en deux (sisi) tellement il ne se contrôlait pas. C'était limite s'il avait de la fumée qui sortait des narines, comme dans les dessins animés. Et pourtant, c'était pour une histoire toute conne. Mais Isaac était impulsif, et pouvait changer d'humeur comme de chemise. Pour tenter de se calmer, il décida de prendre un peu l'air sur son balcon en s'allumant une cigarette. C'était souvent le seul moyen pour qu'il se calme. Il s'assit sur le banc de sa terrasse et ferma les yeux, sa cigarette au coin des lèvres. Enfin du silence.

Mais malheureusement, ce silence ne dura pas longtemps. Des rires étouffés et du bruit violent se fit entendre dans le couloir. Isaac poussa un long soupir de colère et écrasa son mégot à peine fini avec sa semelle. Puis il se leva, ahuri qu'on ne puisse pas respecter le calme de l'hôtel. Il regarda sa montre : 00h17. Cela l'exaspéra encore plus. Il bondit hors de la terrasse, ouvrit grand la porte de son bureau et courut dans le couloir. Il aperçut deux hommes en train de se coller l'un à l'autre sans aucune gêne, comme un paresseux à son tronc d'arbre. Dans leurs aventures arboricoles, ils avaient renversé un pot à fleurs, renversant de la terre sur la moquette.

« Non mais ça va pas, on vous dérange pas trop non ? » s'exclama Isaac, d'un ton très sec. « Vous vous croyez chez Mémé ? »

Nous restions planté là comme deux imbéciles, prêt à croire que le pot de fleur allait se redresser tout seul et la terre retourné dans le pot mais non...C'était ridicule de penser une chose pareille mais l'alcool que j'avais dans le sang me faisait vraiment penser n'importe quoi. C'est alors que la voix du propriétaire se fit entendre, pas du tout content sans doute du bruit que nous avions fait. Sa colère était drôle et pas du tout effrayante. Tout de même je me bougea un peu et remit en place la plante, pauvre petite.

- Désolé Isaac !

Je ne le pensais pas vraiment, ce n'était pas de ma faute si le décorateur avait mit cette plante au milieu du passage. Ca pouvait être dangereux, quelqu'un pourrait trébucher et se faire mal. En plus à cause d'elle je me retrouvais coincer et ne pouvait pas aller assouvir mes envies avec mon compagnon. Ce dernier d'ailleurs avait filé à l'approche d'Isaac. Maudit garçon.

- Mais faudrait penser à enlever les obstacles dans les couloirs hein...Cela peut être dangereux pour ta clientèle et salissant...Regarde il y a pleins de terre sur ta jolie moquette

Je lui montrais alors les dégâts non sans pouvoir dissimuler un sourire alors que la situation n'avait rien de drôle. J'avais fait une petite bêtise et l'alcool me faisait la trouver amusante et sans conséquence.

- Tu devrais te relaxer un peu...Tu veux un massage ?

Il n'y avait rien de tel contre le stress, et puis qu'est ce qu'il faisait encore debout à cette heure ci ?

Non mais il était sérieux lui ? Non seulement il foutait le boxon dans son hôtel à minuit mais en plus il se permettait de l'appeler par son nom ? Et de le tutoyer en plus de cela ? Mais il se prenait pour qui ? Il en fallait pas plus à Isaac pour le faire sortir de ses gonds. Ceci dit, il garda tout de même un ton modéré, pour ne pas alerter tout l'étage.

« Commencez par m'appeler Mr. Melrose jeune homme, je ne suis pas votre ami ! » fit-il d'un ton sec. « Pardon ? » demanda-t-il alors alors que le jeune dévergondé lui disait d'enlever les obstacles du couloir. Tout en souriant. Puis Isaac comprit qu'il ne devait pas avoir les idées bien claires, ce qui le fâcha encore plus. « Excusez-moi, vous savez à qui vous vous adressez là ? » Non non, il n'utilisait pas du tout la carte de l'autorité. « Vous allez me faire le plaisir de me nettoyer ça ! Tout de suite ! » s'exclama-t-il. Non mais, il n'allait pas non plus obéir aux ordres d'un jeune impertinent en apparent manque de sexe !

Mais ce dernier n'en avait mais strictement rien à faire de ce que disait le Melrose. Outré, Isaac l'écouta lui proposer un massage. Puis il eut un moment de doute. Est-ce qu'il connaissait cet homme ? Cette apparente familiarité était peut-être dur au fait qu'ils se connaissaient ? Mais peu après, Isaac se rendit compte que s'il avait connu un homme aussi taré que ça, il s'en serait souvenu. «  Un massage ? Mais tu veux un coup de pied au cul toi ou quoi ? » s'indigna Isaac, sans faire attention au fait d'être passé au tutoiement. Cet homme plus jeune que lui l'étonnait de plus en plus.

En d'autres temps, il aurait peut-être trouvé ça drôle. Mais ce soir non. Pas ce soir.

Isacc n'était vraiment pas très drôle ce soir. J'avais l'impression de me retrouver face à un gérant de l'hôtel et non à un homme que l'on prétendait être cool. Ce n'était pas ma faute si j'avais trébuché dans cette plante, ni si j'étais trop perché pour opter pour les politesses. Je savais très bien qui était Isaac étant donné que j'avais déjà eu affaire à lui auparavant...Et puis au final ça l'avait bien fait rire mais mon interlocuteur n'avait pas l'air de se remémorer mon visage. Pourtant je venais souvent ici pour salir les draps plutôt que ceux de mon lit, surtout pour échapper à ma soeur adoré.

- Nettoyer ? Je ne suis pas la femme de ménage je suis un client

M'offusquais je tout en montrant les clés de la chambre. Me comparer à ces individus qui lavaient les sols étaient vraiment pas très sympas. Pas que j'ai quelque chose contre eux, à chacun son travail mais j'étais tout de même assez cultivé pour échapper à ce job épuisant et mal payé. Déjà fleuriste était fatiguant, surtout en ce moment mais bon...Mon interlocuteur devait être bien épuisé aussi pour être aussi ennuyant. Par sympathie je lui proposais un massage mais il n'avait pas l'air très ouvert et me menaçais directement de me frapper.

- Je proposais c'est tout Mr Melrose...Gardez vos pieds pour vos enfants

Isaac se pinça l'arête du nez. Bien que cet homme l'insupportait, il marquait un point. Il était client, et Isaac oubliait la règle universelle : le client est roi. Mais comment pouvait-il respecter cette ''loi'' alors qu'il était déjà monté à bloc et les joues rouges de colère ? Isaac devait se calmer, et vite. Il inspira profondément puis expira en fermant les yeux. Cet homme, ce .. client.. le regardait avec une expression si hautaine qu'Isaac avait envie de le gifler. Les clés pendaient dans sa main droite, et un sourire en coin apparut sur ses lèvres. Le Melrose se mordit la lèvre inférieure.

« Bon. » fit-il, en tentant de se calmer. Mais le fauteur de troubles décida que ce serait drôle d'en rajouter et proposa un massage à Isaac, qui ouvrit grands les yeux. Sa colère le reprit et menaça l'autre d'un coup de pied au cul, bien qu'il savait qu'il ne le ferait évidemment pas. Ce mec avait le don d'énerver le Melrose, et pourtant il parlait sur un ton si calme .. que c'en était énervant. Cercle vicieux, bonsoir.

C'est alors qu'il lui répondit qu'il ferait mieux de garder ses pieds pour ses enfants. Isaac le regarda, arrêta de respirer, ouvrit grand les yeux. Quelques secondes s'écoulèrent. Puis il partit d'un grand rire, dont il limite quand même un peu le son, histoire que cela ne réveille pas tout l'étage. Il ne savait pas vraiment pourquoi il riait, mais il riait. Puis il se calma, et toussota un peu.

- Elle est bien bonne celle-là tiens ! Toi au moins, t'as de la répartie.  dit alors Isaac. Mais tu vas quand même nettoyer le couloir, désolé.

Fallait pas non plus le prendre pour un con.

Il fallait bien apprendre à se défendre contre les être humains stupides et leurs préjugés. On avait beau être au 21ème siècle, être bisexuel n'était pas facile tous les jours. Depuis tout petit je devais me façonner une armure pour passer au travers des coups de poignards de mes camarades, heureusement j'avais eu aussi des personnes sur qui compter.

- Vous êtes vraiment sur ?

Je demandais encore une fois, car c'était vraiment étrange de se retrouver à nettoyer un hôtel. Certes c'était de ma faute si le sol était sale mais je n'avais franchement aucune envie de me retrouver dans le rôle de Cendrillon. Mais le regard que me lançait Isaac était clair et sans appel. Aussi soupirai je avant de dire.

- Bon d'accord...Où sont l'aspirateur, le seau et le balai ?

Le côté positif c'était qu'à cette heure ci il n'y avait personne dans les couloirs pour me voir dans cette situation. Finalement le fait que mon compagnon de ce soir soit parti comme un lâche était une bonne chose.

Au vu de la réaction finale du jeune homme, la colère d'Isaac s'était apaisée. Il inspira à fond, content de voir qu'on lui obéissait. Face à des personnes impertinentes, Isaac pouvait perdre le contrôle de ses paroles. D'aussi loin que sa mémoire lui permettait, Isaac s'était toujours vu aussi colérique. Peut-être était-ce dû à son éducation, à ses parents. Il n'avait jamais pu rester calme. Pourtant il en avait eu, des amis de tempérament calme, et il avait essayé de copier leurs mouvements, d'imiter leurs gestes et leurs paroles. Cela marchait, pendant un temps. Mais très vite, il lui arrivait de se retrouver face à quelqu'un ou quelque chose qui réduisait ses efforts à néant. Il n'était pas forcément violent mais haussait la voix et jurait, repoussant quiconque voulait l'aider. C'est Clara qui le sauva un peu de cette impasse. Sa femme, qu'il avait connu au lycée, était l'une de celles qui parvenait à l'apaiser. Ce n'est pas pour rien qu'elle était devenue psychologue. Pendant longtemps elle avait été sa roue de secours, lui permettant de calmer ses ardeurs, si on peut appeler ça comme ça. Elle avait su l'approcher, et voir qu'il cachait une autre facette, beaucoup plus chaleureuse et amusante. Et c'est aujourd'hui comme ça que le quartier voir le Melrose. Le gérant d'hôtel blagueur et tolérant. Mais Duncan venait d'apercevoir Isaac tel qu'il ne s'était jamais montré en public auparavant. Heureusement, par dieu sait quel miracle, il avait réussit à se calmer, et même à rire, tout en déclarant quand même au client qu'il se devait de nettoyer.

Duncan, rendant les armes, demanda à Isaac où était le seau et le balai. Avec un sourire, Isaac esquissa un mouvement du bras pour désigner le placard à sa droite. 

« Juste là, la porte beige. » indiqua-t-il. « Je vais remettre le pot droit. » rajouta Isaac, soudainement conciliant. Le jeune homme ne l'avait pas fait exprès après tout. Il fit trois pas et se baissa pour prendre le pot à pleines mains et le relever. Dieu que c'était lourd. Le gérant en profita pour le changer de place et le décaler des escaliers. C'est vrai que ce n'était pas à un endroit bien pratique, aussi le plaça-t-il un peu plus loin, de façon à ce qu'il ne puisse plus poser de problème tout en faisant joli. Il bougea de la même façon le pot qui se trouvait de l'autre coté, afin de garder une symétrie. Se tapant les mains l'une contre l'autre l'autre, Isaac regarda son travail de loin, et sourit. Finalement, ça rendait beaucoup mieux.

Me résignant à être homme de ménages quelques instants je me dirigea vers la porte beige que m'avait indiqué Isaac. A l'intérieur c'était un véritable magasin à nettoyage. Heureusement j'avais l'habitude de faire le ménage chez moi et aussi à la boutiques. Les clients pouvaient tellement être salissant parfois. Je pris l'aspirateur et déroule le fil de la prise avant de la brancher à quelques mètres. Je manquait de peu de m'enrouler les pieds à cause de l'alcool. Passer l'aspirateur quand on était pas cent pour cent lucide était dangereux pour la santé.

Isaac était parti remettre la plante droite et aussi la mettre ailleurs. J'avais donc bien raison sur sa position gênante, comme toujours. Souriant pour rien, j'allumai la machine et commença à aspirer la terre. En quelques secondes il ne restait plus rien. Je remis ensuite l'aspirateur à sa place une fois débranché et m'occupa d'astiquer le sol pour lui redonner une belle peau.

Une fois terminé je me tournai vers Isaac, essuyant mon front perlé de sueur après tant d'effort.

- J'ai fini ! Vous avez vu, votre sol est resplendissant à présent !

Maintenant il était l'heure d'aller dormir. Après une bonne nuit de sommeil, mon visage sera resplendissant.

Faire du ménage à une heure de matin ? Tout a fait normal. Ou pas. Isaac l'avait fait naturellement, et avait même réarrangé l'espace, sans vraiment faire attention qu'il était une telle heure. Souvent il veillait tard et ne faisait pas attention à l'heure. Une fois, il avait même dîné à trois heures du matin, tellement il n'avait pas vu l'heure passé. Quand il s'en était rendu compte, imaginez son étonnement ! Dans le cas présent, Isaac savait qu'il était tard, et donc c'était pour cela qu'il avait réagi violemment envers ce client qui faisaient trop de bruit. Mais laver à une telle heure, c'était quand même un jour à marquer d'une pierre blanche.


L'homme à qui il avait finalement demander de nettoyer le sol avait vraiment fait ça bien. Isaac en était même étonné. Il avait passé l'aspirateur mais il avait surtout lavé le sol, et Isaac n'en avait pas demandé autant. Mais c'était fait, et il le remercia donc. « Oui c'est du bon boulot ! J'apprécie l'effort. » fit-il avec un sourire. Puis il vit que son client commençait à bailler, et Isaac remarqua à l'horloge du couloir qu'en effet, il commençait à se faire tard. « Vous pouvez retourner à vos occupations, du coup. Mais plus de bruit c'est compris ? » dit Isaac sévèrement. « Vu que vous lavez si bien, au prochain bruit, je vous fait laver tout le couloir. » menaça-t-il. Bon ce n'était pas très cool du gérant de menacer ses clients, mais celui-là lui avait vraiment tapé sur les nerfs, et mine de rien, Isaac était encore en colère à propos de sa fille. « Allez, bonne soirée ! Et merci. » fit Isaac avec un sourire, avant de tourner les talons, espérant que le jeune homme ne fasse pas encore une bêtise. Le gérant avaient d'autres chats à fouetter ce soir.