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Que j'aime ta couleur café ♫

C'est l'histoire d'une tasse de café. Celle d'une tasse de café et de la personne qui tient cette tasse. Elle a commencé un dimanche soir. Des vapeurs de café venaient tout juste de s'échapper par entrebâillement de la porte, celle qu'un jeune homme vient tout juste de franchir. Le même jeune homme que tout à l'heure. Celui qui va, dans quelques instants tenir la tasse. Mais ne parlons pas encore de la tasse, nous n'en sommes pas là. Pour le moment, le jeune homme a encore les doigts crispés sur la poignée. Celle de la porte du Gordon Café. Immobilisé dans son geste, il hume encore les arômes d'Arabica qui flottent encore dans les airs, comme les fantômes de centaines de tasses, englouties à la va vite. Il ne sait même pas vraiment ce qu'il est venu boire ici. Finalement, la boisson ne lui semblait pas très importante. Ce qu'il voulait, c'était parler quelques minutes avec l'une des serveuses, Elena Van Wagner. Il se sentait d'humeur volubile ce soir. Il avait envie de bavarder avec quelqu'un. Avec elle.
Alors en fin de compte s'il pousse la porte de ce café dans lequel il vient rarement s'aventurer, ben c'est même pas vraiment de sa faute. Il ne verra pas Elena, qui est en jour de repos aujourd'hui, commandera un cafe latte puisque qu'il n'y plus de cappuccino et n'aura même pas le temps d'en profiter. Mais pour l'instant, laissons son café de côté, et laissons le traverser la salle à la recherche d'une table libre. Laissons son regard s'égarer, à la recherche de quelque chose, de quelqu'un. Laissons le...
Là. C'est ici que tout commence. Notre jeune homme l'a vu. La fille qui l'intrigue tant. Elle est assise seule. Elle ne semble même pas trop concernée, par cette agitation qui bouillonne tout autour d'elle. Elle est juste là. Calme. Silencieuse. Comme le serait un décors de carton plâtre. Alors le jeune homme s'avance. Il se dit qu'il boirait bien son café avec elle, puisqu'elle est seule, elle aussi. Il pense aussi qu'avec un peu de chance, tout ce passera bien cette fois ci, et qu'il ne fera aucune de ses bourdes habituelles. Ca devrait la rassurer sur son compte. Peut être même qu'elle finira bien par reconnaître que c'est un garçon cool, tiens.
Il lui adresse un grand signe, et s'avance vers elle. En quatre enjambée, il l'aura rejoint. Un.

« - Eh, Leah !  »

Deux.

« - Tu attends quelqu'un ?   »

Trois.

« - Je ne trouve pas de fichue place assise, ça te dérange si je te rejoins ? »

Quatre. Trébuchement. Le pied du jeune homme viens de buter contre quelque chose. Contre quelqu'un, peut être. Entre ses mains, le plateau flanche dangereusement. Le verre de café aussi. Un coup vers la gauche. Un coup vers la droite. Il semble se stabiliser un court instant et... Retour de secousse.
Il n'y a rien que puisse faire le jeune homme à présent. Rien à part observer la tache sombre se répandre sur la table, à une vitesse folle. Et venir s'écraser à grosses gouttes sur les genoux de la jeune fille en carton plâtre.