La jeune Hoskins avait passé la matinée à la SPA, comme elle avait l'habitude de faire à tous les dimanches. Ce n'était pas une obligation pour elle, mais ça lui faisait plaisir. Résister à l'envie de s'occuper de petits animaux lui était impossible. À la maison, elle avait déjà un chat et un teckel, mais cela ne lui suffisait pas. Par contre, il était un peu difficile de convaincre les parents Hoskins d'avoir un autre animal de compagnie. Leur maison n'était quand même pas un zoo - même si l'idée n'était pas si mal! Alors, elle se contentait d'aller à la SPA. Comme ça, elle pouvait avoir tout ceux qu'elle voulait en même temps de faire une bonne action pour la communauté animale. Un deux pour un! Son boulot terminé, elle devait retourner à la maison pour aller chercher les papiers qu'elle avait remplis pour l'université en ce qui concernait ses choix de cours. La jeune femme était déjà préparer pour son entrée à Rowan et ne pouvait plus attendre. Contrairement aux autres étudiants qui profitaient à fond de leur été, elle attendait impatiemment la rentrée. En même temps, c'était un nouveau monde pour elle. Et puis, l'été qui venait de passer avait été banal. Cette année, quelqu'un manquait à l'appel. Cependant, c'était de sa faute et elle en subissait les conséquences. Grace s'en voulait d'avoir agis de façon injuste avec Desmond, mais n'avait toujours pas eu le courage d'aller lui faire face. Elle, qui avait l'habitude de passer l'été en sa compagnie, devait s'en passer cette année.

En route vers la maison, la blondinette longeait le trottoir en saluant les voisins sur son passage. La journée était ensoleillée, les gens en profitaient. Par contre, son regard s'attarda sur un en particulier : Andrew Davies. Alors, qu'elle était de l'autre côté de la rue, elle vu ce dernier sortir de son véhicule de façon paniquée, ce qui intrigua la demoiselle. Un peu inquiète, elle traversa la rue en marche rapide - après avoir regardé des deux côtés bien entendu - et s'approcha du jeune homme. « Tout va bien Andrew ? »

La conduite d'Andrew était nerveuse. Il freina sec aux abords du quartier, conscient de la vitesse trop rapide de son véhicule. Incapable de se calmer, son agacement se trahissait. En quittant le parc, un contrôle de routine de gendarmes l'avait arrêté. Sagement rangé sur le bas côté, Andrew avait fourni sans rechigner permis et papiers du véhicule. Mais à en juger "sa tête", comme il les entendit dire, il fut soumis à un alcootest, de quoi réveiller en lui de vieux souvenirs. Il n'avait pas apprécier d'être jugé de la sorte. Sous pretexte qu'il était jeune - et probablement parce que en vérifiant son permis, il avait vu défiler un florilège d'amendes relatives à l'alcool - ils l'avaient traité comme un gosse, n'avaient pas cru à sa réponse "je n'ai bu que du coca". Souffler dans le ballon lui rappelait une très mauvaise époque qu'il effaçait avec force de sa mémoire. Cette époque où il n'avait même plus la force de souffler. Cette époque où, à force, on ne lui demandait même plus de souffler. On le raccompagnait chez lui, chez sa soeur qui l'attendait, inquiète, car on ne met pas un Davies en cellule de dégrisement sans en subir les conséquences. A choisir, Andrew aurait probablement préféré cette compagnie. Il n'était plus ce garçon là, aujourd'hui, mais son passé finissait toujours par le trahir, à son plus gran dam. Il resta assis dans sa voiture un moment, incapable de repousser cette mauvaise époque qui défilait devant ses yeux. Que personne, à l'époque, n'ait compris qu'il avait un problème relevait du miracle. Il attendait de se calmer avant de sortir, Lou devait le rejoindre chez lui et il ne souhaitait pas justifier sa mauvaise humeur. L'époque était passée et réveillait une foule de souvenirs en cascade : leurs anciens couples, leurs anciens amis ... leur ancienne vie. Rien n'était tabou entre eux, ils parlaient de tout. Cependant s'il pouvait éviter, il préférait largement. Soudain, il remarqua une énorme araignée qui se baladait le long de son tableau de bord. Surpris, il ouvrit brusquement la porte de sa voiture pour en sortir en vitesse, il manqua de trébucher. « Putain de m*rde ! » Par reflexe il se tourna vers la maison n°13, Lou n'était pas encore sortie. Elle le répprimandait toujours quand il jurait, et loin de lui l'envie de lui donner l'euro obligatoire. A chaque injure il payait, Lou s'était déjà acheté une petite robe avec ce pécule, preuve qu'il ne surveillait vraiment pas son langage. Mais cette araignée était un cas de force majeure qui justifiait parfaitement son laisser aller. En se souvenant de l'animal, il tourna les yeux. Elle n'était plus là. « Bordel » jura-t-il à nouveau, pas très rassuré par cette disparition. Aussitôt, il leva encore les yeux vers la maison d'en face, toujours rien. Il vit alors Grace se diriger vers lui, l'air suspicieuse. Elle avait dû observer son drôle de manège, digne de ses idioties. Mais là, pas question de rire, c'était sérieux. « ça va pas. Y'a un énorme animal dans ma voiture. Une bête féroce » Oui, il est possible d'être fan de spiderman, de rêver devenir ce héro ... Mais d'avoir peur de l'animal qui devrait le piquer pour que son rêve se réalise.

Ces temps-ci, Grace pensait souvent au futur qui l'attendait. Ses années au lycée étaient maintenant terminées et elle était sur le point de faire son entrée à l'université - ce qui était une assez grosse étape à franchir. Comme à peu près tous les jeunes de son âge, elle commençait un peu à douter et avoir peur de ne pas se plaire dans le domaine qu'elle avait choisi. Bien que la matière qu'elle avait choisi l'intéressait énormément, il y avait toujours cette petite voix derrière la tête. Et si au final, ce n'est pas comme elle l'avait imaginé ? Et si le cours se trouve être nul ? Enfin, si c'est le cas, il est quand même facile de changer de programme, mais l'idée de perdre son temps ne lui plaisait pas. Pas qu'elle n'aimait pas les études, mais elle avait aussi hâte un bon boulot dans lequel elle se plait, sa propre argent, sa maison. Enfin, une étape à la fois! C'était ce à quoi la blondinette pensait avant de voir son ami Andrew en mode panique. Malgré le fait que la situation semblait un peu inquiétante, la jeune femme réprima un sourire. Faut dire que sa réaction était quand même assez drôle. Mais lorsqu'il mentionna la raison de son état de panique, elle arqua les sourcils. « Une bête ? » Sur le coup, la première idée qui lui vint en tête était un chat. Elle aurait bien pu imaginé un raton-laveur, mais il est rare que ceux-ci s'infiltre dans les voitures des gens. À moins qu'elles soient remplis de bouffe et de déchets. Elle s'approcha donc doucement de la voiture - Andrew avait bien mentionné que la bête était féroce, autant prendre des précautions -, mais lorsqu'elle jeta un coup d’œil à travers les fenêtres, elle ne vit rien. Peut-être qu'elle s'était cachée. Enfin, il avait pourtant précisé qu'elle était énorme. Leur définition d'énorme était peut-être différentes. Sous l'effet de panique, les gens ont souvent l'habitude d’exagérer. Avec les sourcils froncés, elle tourna la tête vers Andrew, un peu confuse, car elle ne voyait rien d'énorme et féroce dans le véhicule. « Tu es sûr de ce que tu as vu ? » Non, elle ne le traitait pas de fou. Ça arrive à tout le monde d'imaginer des choses qui ne sont pas réellement là. Tout comme un gosse pense que quelqu'un se cache dans son placard, alors qu'en fait, ce n'est que son pull accroché à un cintre. « De mon côté, je n'ai rien vue. Enfin, j'ai peut-être mal regardé aussi. » Cela pouvait être une possibilité. Disons que son coup d’œil à travers la fenêtre était loin d'être l'inspection du siècle non plus.