Il y avait a peine une heure que j'étais revenu en ville et déjà j'avais commencé à regretter ma décision... J'errais dans les rues parce que franchement je n'avais pas envie de rentrer a la maison pour le moment. J'avais un peu peur de la réaction de mon père lorsqu'il allait me voir entrer dans la maison. Après tout, je n'avais reparlé a personne depuis que j'avais moi même demandé mon congé de l'hôpital. J'avais quitté la ville sans laisser de traces de moi même. Coupé les ponts avec tout le monde était, selon moi, la meilleure solution pour parvenir à surmonter mes problèmes.

Trois mois... trois long mois hors de la ville sans donner signe de vie à personne... Je me demande même si ils pensent que je suis encore vivante... Durant les premières semaines j'avais du me battre contre cette envie pressante d'appeler mes amies ou même Heathcliff pour leur demander de venir me chercher, mais j'avais toujours renoncé à la dernière minutes...

Une fois par contre j'avais téléphoner à Elisabeth d'une cabine et lorsqu'elle avait répondu j'avais immédiatement raccroché, prise de panique à l'idée de lui parler. C'était la dernière fois que j'avais composé le numéro de qui que ce soit à Magnolia.

Bref, j'étais donc de retour dans la ville sans avoir parlé à personne. J'avais croisé quelques connaissance qui avait fait de gros yeux en me voyant, comme s'ils voyaient un fantôme. Je n'avais pas su comment réagir face à leur stupeur... je les entendais murmurer mais personne n'avais oser venir me parler de vive voix... J'avais décider de me faire discrète, le temps d'aller me chercher un café au gordon coffee, c'était un des trucs qui m'avait vraiment manquer, le café de la ville était tellement bon...

J'étais sur la rue du café, capuchon sur la tête, lunette soleil sur le visage et écouteur dans les oreilles pour bloquer le son des murmures des autres. J'étais un peu perdu dans mes pensés et je ne regardais pas vraiment ou j'allais, et à quelques pas du café, je fonçais tête première dans quelqu'un qui sortait de la bâtisse. Ne m'attendant pas à cette rencontre brutale, je reculais de quelques pas et mes lunettes tombèrent au sol. Je me penchais pour les prendre et relevais la tête pour m'excuser auprès de la personne que j'avais heurté, mais en voyant qui se trouvais devant moi je figeais littéralement...

-Euh...p...pardon..

Dis-je en sentant le sang quitter mon visage, de toute les personne que j'avais peur de rencontrer aujourd'hui, elle devait être au top de la liste et comme de fait c'était sur elle que je tombais en premier...

Le ciel bleu dégagé sans aucun nuage à l’horizon, et le beau soleil qu’offrait Magnolia à tous les habitants du quartier avait donné à Elisabeth l’envie de sortir prendre l’air, de profiter elle aussi du beau temps, de profiter du soleil pour qu’elle refasse un peu son bronzage qui avait complètement disparue depuis. Bref, de profiter de l’été. Et elle était prête à sortir de sa tanière pour aller faire tout cela, à un détail près : elle ne pouvait pas le faire. Dans le monde réel il y a ce qu’on appelle ‘le monde du travail’ dans lequel était entrée la jeune brune il y avait déjà huit mois, et bien qu’elle voudrait bien faire impasse de son boulot quelques fois, elle savait que ce serait une très mauvaise chose que de sécher une journée de boulot seulement pour aller se dorer la pilule à la plage, les doigts de pieds en éventail, à boire des cocktails en compagnie de son petit-ami qu’elle voyait de moins en moins à cause de son boulot et du sien par la même occasion. Bien que tentant, soit dit en passant. Pour rattraper un peu le temps perdu, elle avait passé la nuit en compagnie du jeune O’Conell qu’elle avait dû quitter au petit matin avant qu’on ne les surprenne, même si elle était à peu près sûre que les habitants de la maison savaient qu’elle passait régulièrement. Après s’être éclipsée des bras de son cher et tendre ce matin-là, elle était passée chez elle pour prendre une douche, se changer et récupérer ses affaires avant de se rendre au Gordon Coffee où elle se rendait comme tous les matins pour prendre son café quotidien qui lui ferait tenir la journée ou du moins, jusque sa pause à midi. Il n’y avait pas beaucoup de monde en cette belle matinée, ce qu’elle pouvait comprendre, pourquoi s’embêter à sortir de chez soi pour prendre un café quand on pouvait se lever à midi, juste pour déjeuner par un beau mois d’août ensoleillé. Malheureusement tout le monde n’avait pas cette chance et la Spencer faisait partie de ces gens forcés de se lever pour aller travailler, mais quelle importance, elle aimait son travail et aimait ce qu’elle y faisait. Après avoir récupéré son café, elle en bu une gorgée avant de se diriger vers la sortie, se préparant mentalement à affronter cette longue journée qui n’avait même pas encore commencé. Sentant son téléphone vibrer dans le fond de son sac, elle plongea sa main à l’intérieur tout en marchant vers la porte, sûrement la plus mauvaise habitude de la jeune Spencer. Mais là, elle n’avait pas grand-chose à craindre, en temps normal il n’y avait jamais personne à cette heure au café ou alors ils prenaient tout de même la peine de regarder leur chemin pour être sûre de ne pas rentrer dans les gens de façon brutale. Il ne lui fallut pas longtemps avant qu’elle ne regrette son manque d’attention ; elle entra en collision avec une personne qui n’avait sûrement pas vu venir la jeune brune, ce qui lui valut un café fichu tombé sur le sol et en plus, un petit vol plané pour son téléphone qu’elle avait finalement retrouvée dans le bazar qu’était son sac. « Euh… pardon, déso…. » Levant le visage en direction de la personne dans laquelle elle s’était heurtée, elle arrêta tout geste, se contentant de dévisager la jeune fille qui se tenait devant elle. N’en croyant d’abord pas ses yeux, elle cligna des yeux plusieurs fois pour s’assurer qu’il s’agissait bien de la personne qu’elle pensait avoir en face d’elle, pensant même que c’était son esprit fatiguée par tout le stress et la fatigue qui lui jouait des tours, mais non. C’était bien elle. C’était bien Claire. « Euh… salut… » Elle fit un petit geste de la main, retrouvant toute mobilité, et sans perdre un instant, elle ramassa son téléphone qui avait subit un petit choc mais qui finirait par s’en remettre, il avait tellement connu pire avec Elisabeth comme propriétaire. Elle fit un petit sourire à Claire même si c’était plus un sourire gênée qu’autre chose, avant de se mettre à jouer avec son portable qu’elle tenait encore dans les mains, ne sachant pas vraiment quoi dire ou quoi faire.

J'étais la, planté devant Elisabeth comme une plante verte qui manquait de vie... Je ne savais pas du tout quoi faire, ni dire... Je la regardais se pencher pour ramasser son portable qui avait fait un petit face à face avec le sol et je me mordis la lèvre. Je m'étais préparer milles et un scénario possible pour quand j'allais me décider à aller revoir Elisabeth, mais jamais je ne m'en était préparer un ou je lui fonçais dedans tout bonnement en plein milieu de la rue...

J'étais terriblement mal dans ma peau présentement, et franchement je regrettais d'être revenu ici... Qu'est ce qui m'avait passé par la tête aussi? La simple vue de la jeune brune devant moi faisait remonter tout plein de souvenir des jours précédent ma tentative de suicide....Je fermais les yeux tout en me mettant à me balancer d'avant en arrière comme une gamine qui ne sais pas quoi faire de sa peau... Le silence qui régnait entre nous deux me mettait encore plus mal...

-C...comment va tu?

Fini-je par dire tout doucement... après tout on ne c'était pas vu depuis trois mois... Je levais les yeux pour encrer mon regard dans les siens, mais au bout de quelques secondes je lâchais, sentant un surplus d'émotion non désirée surgir en moi...

-Si tu veux.. je te paie un autre café...

Je baissais la tête pour regarder les vestige de sa dernière tasse... La pauvre s'était ramassé sur le sol et commençais même à sécher... Je ne voulais tout de même pas que Elisabeth passe sa journée sans son café matinal, et c'était de ma faute si il était tombé, donc c'était naturellement à moi de lui en payer un neuf.

De toutes les personnes qu’elle espérait croiser aujourd’hui, celle-là était peut-être la toute dernière de sa liste. Comment était-ce possible qu’elle soit de retour ? Pourquoi ? La dernière fois qu’Elisabeth avait eut des nouvelles, elle ne lui avait même pas parlé personnellement et avait simplement apprit par le biais de son frère qu’elle quittait la ville pour se faire aider. Bien sûr, la Spencer n’était pas mécontente qu’elle soit de retour, cela voulait sûrement dire qu’elle allait mieux et qu’elle était prête à affronter les gens de Magnolia, mais… Elle s’était tellement habituée à vivre dans un climat de ‘paix’ concernant son couple, qu’elle n’avait aucune envie que les problèmes d’antan refassent surface parce qu’ils étaient jusqu’à présent laissés irrésolues. Lorsqu’elle apprit la nouvelle, elle n’avait d’ailleurs même pas cherché à prendre des nouvelles de la jeune O’Conell, non seulement parce qu’elle voulait lui donner tout l’espace possible pour qu’elle puisse se concentrer sur sa convalescence, mais surtout parce qu’elle s’était dit qu’elle allait enfin pouvoir vivre son histoire comme elle le voulait, sans qu’on ne la juge et qu’on lui mette des bâtons dans les roues. Oui, elle avait pensé et agit en parfaite égoïste qu’elle pouvait être parfois, mais si elle devait faire tout ce que lui dictait son entourage et prendre en compte chaque petite plaintes des gens qui l’entouraient, elle ne pourrait jamais s’en sortir et dans ce cas présent, elle ne pourrait jamais être en paix avec Joshua. « Je vais bien… Et toi… ?» Elle préféra laisser un blanc sans finir sa question, ne sachant pas exactement si elle devait lui demander si elle allait bien ou si elle allait mieux, bien qu’elle aurait opté pour la seconde option si elle devait vraiment choisir. Pendant un court instant, son regard croisa celui de la jeune brune mais tout comme son amie – ou ancienne amie – elle détourna aussitôt le regard, préférant reporter son attention sur son café qui n’était plus et qui était étalé sur le sol. « Euh, non ça va aller, c’est pas grave. » Elle fit un petit sourire tout en gardant la tête baissée et les yeux rivés sur le sol, préférant sûrement affronter le bitume que le regard de Claire. Ses pensées commençaient à se mélanger et à partir dans tous les sens, lui rejouant la scène de lorsqu’elles s’étaient toutes les deux disputées, jusqu’à cette fameuse fois où elle avait fait sa tentative de suicide et qu’elle décide de quitter la ville. « Claire, pourquoi tu es revenue ? » Elle leva la tête d’un air sérieux, posant la question qui lui brûlait les lèvres depuis déjà quelques minutes, sachant très bien qu’une fois de plus, ses mots avaient dépassées sa pensée et qu’elle aurait pu formuler sa question autrement. Ce qu’elle voulait lui demander c’était si elle allait mieux, si là où elle était on avait pu l’aider comme il le fallait et si elle se sentait assez forte pour reprendre sa vie là où elle l’avait laissé – ou au pire dans son cas, en recommencer une nouvelle – mais tout s’était mélangé dans sa tête et au lieu de formuler comme elle le devait le faire, c’était cette question qui était sortie. « Enfin, est-ce que tu vas mieux depuis… la dernière fois ? » Se rattrapa-t-elle comme elle le pouvait avant de regarder la jeune femme de haut en bas pour constater qu’elle n’avait plus tous les bandages qu’elle avait la dernière fois qu’elles s’étaient vues, et qu’elle pouvait également marcher et tenir debout sans qu’on ait besoin de l’aider.