Sur le canapé du salon, plusieurs piles de vêtements parfaitement pliés par les soins de Zoë. Une pile à elle, une pile à sa sœur, une à son père et la dernière à Hope. Le chien dormait dans son lit, non loin de la fenêtre. La petite était assise par terre en train de jouer avec une poupée. Sur la table de salon, le téléphone portable de Zoë se mit à vibrer. Jeremy l’appelait. Elle sourit en répondant, enthousiaste. Il voulait qu’ils se voient ce soir et, bien entendu, elle accepta avec plaisir. Les deux n’avaient pas beaucoup de temps pour eux avec l’université pour lui, sa fille et le travail pour elle… C’était difficile, mais ils s’en sortaient plutôt bien et Zoë en était heureuse.

Si tout allait bien dernièrement, la jeune maman était prête à recevoir une nouvelle brique sur la tête. Sans vouloir être pessimiste, c’était toujours ce qui semblait arriver aux gens de Magnolia, elle y comprit, dès que tout se présentait bien. C’était tout simplement une réalité que tout le monde se devait d’accepter, même Zoë. C’est pourquoi elle ne se laissait pas abattre. Même si elle ignorait qu’aujourd’hui allait être la journée où Dirty Secret allait frapper, elle préférait penser au positif. Souriante, elle raccrocha puis regarda son petit ange en train de mettre la couverture sur la poupée. Puis elle mit les piles de vêtements dans le panier avant de partir avec pour déposer chaque pile dans les chambres appropriées. Une fois redescendue, les mains vides, elle aperçut par la fenêtre le facteur déposer le courrier dans la boîte aux lettres. Prévenant Hope avant, la blonde sortie de la maison et partit prendre les lettres. En rentrant, elle regarda le contenu. Des comptes, une lettre de sa grand-mère, une publicité du restaurant mexicain puis une enveloppe blanche.

Ce n’est qu’une fois de retour au salon que Zoë déposa les lettres pour ouvrir l’enveloppe blanche. Les mots à l’intérieur lui étaient sans aucun doute adressés. Et elle devina de qui la lettre venait. Sans que ça ne lui paraisse trop étrange non plus, c’était comme si Dirty Secret avait su que Zoë se retrouverait seule dans la maison à ce moment précis. Mais comme à chaque fois qu’elle frappait, la jeune mère paniqua un peu à l’intérieur. Elle ne savait pas trop quoi faire. Appeler quelqu’un ? ou garder cela pour elle ?

Cette journée aurait pu être une journée normale, elle se serait levée malgré un mal de crâne repoussant, lâchant des gémissements de douleur à chaque pas et finalement se préparer pour rejoindre London, sa nouvelle patronne. Mais non. Certes, une migraine tiraillait son cerveau et le broyait à chaque fois qu'elle faisait un pas, qu'elle foulait le sol même au ralenti. La soirée d'hier avait dérapé, un verre qui s'était changé en cinq. Elle déraillait en ce moment, fuyait ses proches autant qu'elle pouvait et son obsession pour Dirty Secret prenait un peu plus de place dans sa vie. Elle s'était jurée qu'elle arriverait à trouver l'identité de la personne qui s'amusait à martyriser les gens de cette bourgade, de sa bourgade après le décès de sa mère. Elle en souffrait, elle qui s'amusait des secrets des autres. Un secret ne devrait jamais être révélé par quelqu'un d'autre que celui qui en était la cause ou tout du moins qui le cachait.

Elle prit son téléphone entre ses mains et le plaça dans l'une de ses poches avant d'enfiler sa veste et de sortir de chez elle, un endroit qu'elle évitait de plus en plus ces derniers temps. Massant ses tempes, elle essayait de faire partir la douleur mais en vain, même les médicaments les plus forts ne pourraient en aucun cas l'aider, et elle ne s'en plaignait pas pour autant, elle était habituée maintenant vu toutes les fêtes et les gueules de bois qu'elle avait déjà eu. Comme tous les matins, elle avait ce petit rituel, elle se dirigeait vers sa boîte aux lettres, l'ouvrait et en sortait les enveloppes éparpillées. Une, retenue plus son attention que les autres ce matin-là, avec son prénom écrit juste au centre. Joy posa les autres courriels sur sa boîte mais garda celui-ci dans ses doigts qu'elle ouvrit délicatement avant de sortir la lettre à l'intérieur. Ses yeux rencontraient chaque mot, elle lisait attentivement chaque phrase du papier jusqu'à ce qu'elle le mette en pièces dans sa main. Elle détestait les mots couchés sur ce papier, ce ne pouvait qu'être que Dirty Secret et une chose était sûre, elle n'allait pas se plier à ses désirs.

Une fois son petit-déjeuner terminé, Alistair rinça son bol et remonta à l'étage pour finir de se préparer. Il ferma sa porte à la seconde où Lynn ouvrait la sienne, et n'y fit pas attention sur le moment. Il devait se dépêcher, chose qu'il n'avait pas vraiment l'habitude de faire.Il n'avait cours que l'après-midi, mais il lui restait quelques pages à lire pour son heure de management. Fouillant dans son armoire, le brun tentait de dénicher un pull propre lorsque son portable resté sur le lit se mit à vibrer. Jurant et parvenant avec peine à s'extraire du pull qu'il avait enfin trouvé, il fronça les sourcils en voyant le nom de l'appel et décrocha.

"Lynn ? Tout va bien ?"

Il sortit rapidement et dévala les marches, se doutant que sa soeur était en bas. Après un rapide coup d'oeil dans le salon, il se dirigea vers la cuisine et raccrocha en voyant sa soeur, un air apeuré sur le visage.

Non seulement le coup de pied à la boîte aux lettres n'avait pas réussi à enlever la colère de Desmond, mais il avait maintenant une douleur au pied, ce qui ne fit qu'accroître sa rage. Sa seule envie du moment était de reprendre l'avion pour l'Europe, retourner chez sa tante qui l'adorait, ne plus avoir affaire à ce quartier miséreux, misérable et surtout maudit. Quitter le pays serait une bonne option, ça lui permettrait d'oublier la lettre et ses conséquences horribles. Mais Dikens savait que si l'auteur de la lettre n'avait plus sa personne pour se venger, elle utiliserait quelqu'un d'autre. Et il ne pouvait se résoudre qu'un autre souffre de sa lâcheté.

En tournant machinalement la tête vers la droite - habitude constante, une des rares personnes qu'il appréciait vraiment dans le quartier vivait à deux maisons de chez lui - Desmond aperçut sa meilleure amie devant sa boîte aux lettres. Allie avait également reçue une lettre? À la voir, ça semblait évident. Et un rapide aperçu panoramique lui confirma qu'ils n'étaient pas seulement deux: DS avait fait fort. Comme souvent. Cette garce adorait visiblement faire souffrir ses proches.

L'adolescent alla rapidement rejoindre la Melrose. Il ressentait la besoin de la rassurer, de ne pas la laisser seule devant des mots assassins, même s'il ignorait la teneur de sa lettre. Avec DS, c'était toujours quelque chose de grave. Arrivé à la hauteur de sa meilleure amie, néanmoins, Desmond ne sut pas quoi lui dire. Que pouvait-il donc lui dire? Que tout allait bien se passer? Qu'ils vivaient dans un monde de bisounours et de licornes? Que les menaces de Dirty Secret n'étaient jamais sérieuses? La bonne blague. "Je l'ai déchiré. Ça soulage, un peu." Inutile de préciser à Allie de quoi il parlait, elle était suffisamment intelligente pour le savoir.

Ses yeux s'ouvrirent doucement, les images de la veille revenant peu à peu alors que sa tête s'était tournée, laissant ses prunelles lorgnaient sur le corps de cette inconnue couchée à ses côtés. Encore une fille avec qui il avait passé la nuit sans se rappeler de son prénom, encore une fille qui n'était pas elle. Les seules fois où ils échangeaient quelques mots, c'est quand elle lui empruntait de l'argent, c'était un dialogue de sourd, il s'amusait à draguer des filles et à les ramener chez eux que quand elle était là. Il était rancunier, il s'était ouvert, lui qui était pourtant si refermé, si muet sentimentalement parlant et elle l'avait en quelque sorte rejeté, alors il se vengeait à chaque occasion. Shannon était comme ça, malheureusement.

Il se leva, laissant l'inconnue plongée dans ses rêves, dès qu'elle allait se réveiller, il ne serait plus là et laisserait ses colocataires se chargeaient d'elle et la virer gentiment de leur appartement. Qui a dit qu'il était très charmant avec ses conquêtes ? Une douche chaude lui fit du bien, et le verre de lait qu'il ingurgita tout de suite après, d'une traite aussi l'apaisa un peu plus. Il fit un signe de la main à son meilleur ami et fixa sa montre quelques instants avant de comprendre qu'il ne travaillait pas aujourd'hui, il aurait suffisamment le temps d'aller chercher le courrier. « Je reviens, je vais chercher le courrier. » S'engouffrant dans l'allée de sa maison, il se dirigea doucement vers cette boîte aux lettres qu'il n'aimait pas particulièrement ouvrir et pourtant, c'est ce qu'il fit quelques instants après, y découvrant seulement une lettre. Il n'y avait pas les pubs qui l'irritaient habituellement ou les autres lettres sans importance. Non, il n'y avait qu'une seule petite lettre. Avec son nom écrit dessus, un froncement de sourcils et il l'ouvrit, y découvrant des caractères bizarres. Avant tout, il regarda qui avait bien pu écrire cette lettre avant d'en lire le contenu qui ne faisait que quelques lignes à tout casser. Il n'y avait pas de signature habituelle, il se mit donc à vite lire ces phrases qui semblaient suspectes. Il relut encore et encore cette lettre comme pour essayer de se faire croire que ce n'était qu'une blague. Le contenu était grotesque mais c'était bien elle, Dirty Secret. A ce moment précis, il la détestait bien plus que d'habitude.

Jesse était dans sa cuisine, une tasse de café dans la main, à tourner en rond. Cette lettre le tracassait particulièrement. Il n’avait pas pour habitude de se laisser submerger par ses émotions mais là, c’était bien trop important pour qu’il reste de marbre. Sans trop savoir pourquoi, il prit la décision de prendre une douche pour aller voir une personne qui malgré sa haine restait celle la plus importante de sa vie. Autant dire que la douche fut des plus rapide, il n’avait pas envie de rester seul plus longtemps. Il passa un boxer, un jean, un t-shirt et des baskets et prit la direction de l’appartement de cette personne qui réussirait  à le rassurer à coup sûr.

Le jeune Gallagher avait fini par prendre un taxi pour se diriger vers le lieu d’habitation de Duncan. Pourquoi lui plutôt qu’une autre personne ? Il n’en savait rien. Il aurait très bien pu aller voir sa meilleure amie. Mais il se laissa guider par ses émotions, par son cœur. Il n’avait pas mis longtemps à arriver, le temps de payer le chauffeur de taxi et de se retourner vers la maison de Duncan, il se rendit compte que son pire ennemi était là. Sam était présent. Plus de doutes à avoir, il fallait qu’il s’en aille, il ne voulait pas assister à des amourettes entre les deux hommes. Il avait encore la haine et pourtant, il désirait aussi se venger. Du coup, il tenta de faire bonne figure en restant devant le portail. Finalement, il prit son courage à deux mains pour appeler son ex.

« - Duncan j’aimerai te parler. »

En bon comédien, Jesse se mit à verser quelques larmes pour essayer d’attendrir son ex petit-ami…

Blanche comme un linge, Lynn tenait une feuille de papier à la main, qui devait venir de l'enveloppe qu'il avait vu un peu plus tôt. Il ne savait pas ce qui était dessus, mais vu l'air de sa soeur, ça devait être plutôt important. Fronçant les sourcils, il s'approcha, pas convaincu de vouloir savoir la vérité.

"C'est quoi ? C'est... de Papa ou Maman ?"

Il relâcha son souffle, ne se rappelant pas l'avoir retenu. Il se passait des choses tellement étranges à Magnolia Crescent parfois, qu'il s'attendait à tout. Lettres anonymes, disparitions, meurtres... On avait tout vu ici, tout.

Harper était apparemment sortie, ils devaient donc se débrouiller tout seuls. Ce qui n'était pas vraiment leur fort. Leur soeur aînée était douée pour gérer leur vie, et sans parachute ils s'en sortaient moyennement bien.

Attendant que Lynn reprenne ses esprits, il se laissa tomber sur un tabouret de la cuisine, jouant avec un trousseau de clés abandonné sur le plan de travail.

Lorsque les brumes du sommeil se dissipèrent, Scarlett ouvrit enfin les yeux. Elle comptait bien profiter de ce jour de congé pour passer du temps avec sa sœur. Depuis cette histoire d’incendie dans la maison inhabitée, la jolie brune avait décidé de réemménager chez elle après avoir plus ou moins vécu trois mois en dehors de la demeure familiale des Spencer. Scarlett avait voulu mettre les tensions avec sa sœur et surtout son frère de côté pour repartir sur un bon pied. Tout était encore loin d’être réglé entre Carl et elle d’ailleurs, mais il n’en était pas de même avec Elisabeth. Les filles Spencer, en congé toutes les deux, comptaient donc profiter de cette journée pour passer plus de temps ensemble. Elles n’étaient jamais vraiment revenues sur l’incident qui s’était produit dans la maison inhabitée et n’avaient pas non plus réagi lorsqu’elles avaient appris que tous les habitants avaient reçu la fameuse photo et l’article de journal dans leurs boîtes aux lettres quelques semaines auparavant, peu après l’incendie. Scarlett ne cherchait plus vraiment à comprendre le comportement de DS. Bien loin d’être une simple folle, c’était sans aucun doute une personne aux abois et très consciente de ses manipulations. Pourtant, la cadette des sœurs Spencer avait décidé de prendre quelques distances avec cette histoire et de revoir ses priorités, notamment sur le plan personnel. La matinée était déjà bien avancée alors qu’elle sortait enfin de sa chambre pour aller se préparer. Une fois sortie de la salle de bains, fin prête, elle descendit dans la cuisine en vue de déjeuner. Scarlett retrouva Elisabeth, qui était déjà en train de manger son habituel bol de céréales dans la pièce. « Hey ! Déjà en train de faire le cachalot ? Dommage, j’aurai pu te préparer des pancakes si t’avais attendu… » La jeune Spencer adorait titiller sa sœur à ce sujet. Elisabeth et la nourriture… c’était une grande histoire d’amour, surtout quand Scarlett lui préparait des petits plats. La jolie brune constata ensuite que le journal du jour était posé sur la table de la cuisine, sans doute ramassé très tôt par le père Spencer avant d’aller travailler. Ça lui faisait penser d’aller relever le courrier car ce n’était sûrement pas son aînée qui le ferait. Scarlett enfila une veste et attrapa les clefs de la boîte aux lettres avant de s’y rendre. Lorsqu’elle ouvrit la boîte, elle découvrit les publicités habituelles, quelques factures destinées aux parents, ainsi que deux autres lettres, une qui lui était personnellement adressée, et une autre pour Elisabeth. La jeune assistante du sénateur prit le tout et retourna ensuite à l’intérieur. Après avoir retiré sa veste, Scarlett retourna dans la cuisine et déposa le courrier sur la table. « Il y a une enveloppe pour toi. » Informa-t-elle ensuite sa sœur en lui tendant celle qui lui était destinée. De son côté, la jeune femme ouvrit la sienne… Il ne lui fallut longtemps pour comprendre ce dont il s’agissait. DS en était l’auteur. Elle avait encore frappé… Était-elle la seule dans le cas ou Elisabeth avait-elle aussi reçu un message de ce genre ? Scarlett relut sa lettre, puis leva discrètement les yeux vers sa sœur, hésitant à lui partager ce qu’elle tenait entre les mains et préférant tâter le terrain avant. Quand il s’agissait de la harpie du quartier, avaient-elles encore des secrets l’une pour l’autre, après tout ce qu’elles avaient traversé dernièrement ? Si Elisabeth n’avait rien reçu de tel, mieux valait peut-être que la plus jeune des deux Spencer ne la mêle pas de nouveau à cette histoire. « Alors, tu as enfin découvert l’identité de ton admirateur secret ? » La taquina-t-elle en souriant.

J'allai inviter Sam à entrer pour prendre le dit café qu'il tenait tant à partager avec moi ce matin. Mais le plan allait être revue. Jesse apparut soudainement devant le portail de ma maison. Il m’appela, disant qu'il voulait me parler. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu. Sam s'interpose entre nous deux, une attitude vraiment ridicule. Jusqu'à preuve du contraire j'étais assez adulte pour assumer mes actes. Il me souffle de ne pas y aller mais les fausses larmes qui coulent sur les joues de mon ex m'oblige à discuter les ordres.

- Je reviens

Je dépose un baiser sur les lèvres de Sam et va rejoindre Jesse. La curiosité m'a aussi pousser. De quoi voulait il me parler ? Depuis notre séparation je n'avais plus vraiment entendu sa voix. Pour venir de si bon matin cela devait être important. Etait il malade ?

- Tout va bien ?

L'inquiétude prenait le pas sur mes pensées. J'avais peut être été un mauvais petit ami mais je n'étais pas une mauvaise personne.