Avec Amy on voulait jouer aux poètes, ne nous jugez pas

Palam, palam. C’était le bruit de tes pas sur le sol humide des rues. Palam palam, tu marchais d’un pas lent et hésitant, ne sachant où aller. Palam palam. C’était comme pour te perdre, comme pour t’en aller. Palam plam et tu te ruinais dans ces méandres de pensées incongrues.
Voilà.
Voilà où tu en étais. Voilà ce que ton cœur te disait : boum boum. Parce que tu avais trop couru. Boum boum Parce que tu étais à bout de force. Boum boum, comme le bruit d’un gun, comme le bruit d’une bombe.

Tu marchais sans but, dans cette rue. Alors tu l’as croisée mais tu ne t’es pas retourné. Qui ? Le passant, celui qui aurait tout changé. Tel un messager, un corbeau que tu aurais du buté.
Alors boum. Boum boum. Mais encore ? Qu’est-ce qui fait boum ? Ce n’est pas ta cervelle qui explose dans ton crâne. Ce n’est pas une migraine ni le sang qui te monte à la tête. C’est le bruit d’un choc, le bruit de ton derrière sur le sol.

Aïe. C’est le seul mot qui te vient. Suivit d’un ouille. Tu regardes les passants qui parcourent la rue sans te voir et puis tu cries.

« Voyez, comme vous n’êtes que des ingrats !
Voyez, ce monde n’est pas fait pour de sales rats. »

Mais personne se retourne et toi, tes fesses traînes dans la boue. D'ailleurs il n'y a pas que tes fesses qu'on a trainé dans la boue. Tu ne sais plus s'il vaut mieux rire ou pleurer, mais personne ne te voit et tu comprends que ce monde n'est pas fait pour toi. Et puis tu la vois, telle une apparition, elle court vers toi, elle vient te sauver. Mais qui donc ? Sa silhouette se détache sans que tu parviennes à distinguer son visage, tu vois seulement ses cheveux bruns flotter et tu les associes au vol d'un corbeau. Un corbeau qui vient pourtant à ta rescousse.

Tu marches sans trop te poser de questions. Tu marches sans trop savoir où tu vas. Tu marches pour donner un sens à ta vie. Tu marches pour te sentir vivante à nouveau. Les écouteurs dans les oreilles tu t’en fous du monde autour, t’es dans ton monde à toi. Alors en marchant tu commences à danser. Les gens te regardent. Mais tu t’en fous, tu te contentes de leur sourire parce que t’es de bonne humeur. Eux  ne répondent pas à ta bonne humeur, alors tu les envoies chier en leur faisant des fucks et en leur hurlant au visage. Pourquoi les gens râlent ? Pourquoi les gens ne peuvent pas être heureux même le temps d’un instant. Pourquoi les gens ne peuvent pas être comme toi.

Tu vois un pigeon, tu t’arrêtes. Tu lui fais coucou, mais lui se barre en courant. Tu te souviens que tu n’es pas l’amie des volatiles et que depuis toute petite ils ne peuvent pas te saquer. Tu donnes un coup de pied pour qu’il fuie encore plus loin. Tu rigoles. Tu reprends ton chemin et tu en profites pour contempler le paysage. Dommage pour toi, aujourd’hui il est moche. Tout est moche, y’a que toi de belle. Tu poses ton cul sur un banc et t’observes. Comme l’histoire de ta vie, tu sais pas trop ce que tu fous, mais tu le fais quand même. Comme quand tu te parles à toi-même parce que t’es trop asociale pour avoir des gens avec qui parler. Au loin tu vois une meuf. Elle est jolie, mais pas aussi jolie que toi. Elle finit par se vautrer et BOUM. Tu regardes autour mais personne ne viens l’aider à se relever. Mais toi t’es pas comme les autres, tu bouges ton cul et tu vas l’aider à se relever.

« Maître Corbeau sur son arbre perché, tenait en son bec un fromage.
Maître renard par l’odeur alléché, lui tint à peu près ce langage. »

T’es souriante, tu lui tends la main pour l’aider à se relever, mais t’es pas sûre qu’elle l’accepte. Peut-être que tu parles de façon trop étrange pour elle. Peut-être qu’elle ne veut pas de ton aide. Peut-être qu’elle veut s’aider elle-même. Mais t’es dans un délire que personne peut comprendre, t’as juste envie de faire le bien autour de toi.

«Si vous preniez ma main pour vous relever ?
Je ne suis pas méchante, je ne vais pas vous manger. »

Si elle n’accepte pas ta main, tu peux l’envoyer chier. Elle ne mérite pas ton aide et c’est bien fait pour elle qu’elle soit tombée.