Il est tout, sauf un connard. Les connards aux gros bras et à la tête vide, c'est qu'un gros cliché dans les films américains à la con. Sa personnalité se décline en une palette aussi variée que colorée, mais si on fait l'équation, il a surtout bien de l'esprit et apprécie la finesse, la générosité et la sensibilité. Ça ne l'intéresse pas d'être égoïste ou malfaisant. Au contraire, Stephen aime les gens et il ne peut pas se passer de leur présence, mais ça ne fait pourtant pas de lui un type dépendant. Il était encore gosse qu'il était déjà homme d'initiatives. Cela s'est avec le temps transformer en homme d'affaires. Il ne peut pas supporter de rester à ne rien faire ou alors à être seul dans son coin, il va constamment à la recherche de nouveaux défis à relever et à la rencontre de nouvelles personnes à découvrir. Stephen plaisante souvent, aime à entretenir une bonne atmosphère avec les autres et dans tous les endroits où il passe. On le remarque facilement: il parle et rit toujours trop fort. Il est bourré de confiance en lui, bien peu de choses ou de gens arrivent à lui faire peur ou à le décourager sur quoi que ce soit. Être différent sur n'importe quel aspect est à ses yeux un avantage sur les autres. Son homosexualité ne lui a jamais causé le moindre état d'âme pas plus qu'à sa famille. C'est tout simplement ainsi qu'il est et il s'en fout si ça ne vous plait pas. Quand il veut quelque chose, il l'obtient presque à tous les coups et ce n'est même pas faute d'être si obstiné. À vrai dire, il y a chez Stephen une sorte de magnétisme qui opère sans mal auprès de quiconque, un charisme inévitable. Il sait parler, il est à l'aise avec son corps et il sait séduire. Cela ne passe pas uniquement par de la séduction physique à buts sexuels, il est tout simplement le genre d'homme à vous mener naturellement à vous ranger de son côté rien qu'en vous parlant. Mais le sexe aussi, tiens. Il ne s'en cache pas, Stephen est toujours à la recherche de proximité. Il aime le partage intense qu'il retrouve dans les relations sexuelles. Il est comme ça, tout le monde le connait et tout le monde l'apprécie, d'ailleurs une grande partie de ceux-là sont passés dans son lit, mais les attaches ne sont pas son truc pour l'instant. En fait, c'est moins par choix que parce qu'il n'est jamais vraiment tombé amoureux de quelqu'un pour que cela dure dans le temps. Stephen n'a jamais été en couple malgré le nombre impressionnant d'amants qu'il a eu et aura encore. Pour l'instant, il est amoureux de la liberté, de la diversité et du désir sous toutes ses formes.

Malgré le fait que Stephen n'ait jamais eu le moindre mal à vivre son homosexualité, il a connu quelques difficultés à Philadelphie avec les gens de son quartier. Plus jeune, il a même été victime de violences. Les moqueries ça allait encore, elles l'atteignaient à peine, mais être cogné par des gens intolérants, c'était une toute autre paire de manches pour un type strictement incapable de se battre. C'est sans doute ainsi qu'il s'est aperçu d'à quel point il pouvait compter sur le soutien de sa famille, chacun à leur façon. Son frère a toujours été là pour le défendre, peu importe les circonstances. C'est sans doute Luke qui lui a montré à ignorer les commentaires négatifs à son sujet ou les regards déplacés, bien que Stephen n'aurait jamais vraiment été du genre à se défendre avec les poings. Il lui a quand même appris par l'exemple à être solide et à n'avoir peur de personne. Il aime également ses sœurs plus que tout au monde, même s'il a un peu de mal à être proche de la plus jeune, Arielle, malgré de bien grands efforts. Avec Loïs, c'est presque une communion parfaite, il adore s'impliquer dans toutes sortes de choses à ses côtés. Ils se complètement parfaitement et il est heureux de gérer son nouvel établissement avec elle. Pour Stephen, la famille est une donnée absolument essentielle et prioritaire. C'est ce qui explique qu'il investit encore une grande partie de son temps à les voir et même à retourner à Philadelphie le dimanche pour déjeuner.

Stephen dit souvent qu'il ne se souvient pas depuis combien de temps il sait qu'il est gay. La vérité sur le sujet serait plutôt de dire qu'il sait très exactement l'être depuis... toujours. Très jeune, il faisait rire ses parents parce qu'il éprouvait un dégoût inexpliqué de tout ce qui était féminin. Lorsqu'il lui arrivait de voir une femme peu vêtue à la télévision (même si ce n'était rien de choquant), il s'enfuyait à tous les coups. Ses parents s'amusaient même de cela parce qu'il détestait même jusqu'au maquillage que sa mère mettait parfois, trouvant cela tout à fait repoussant. Inutile de dire que ça a été l'enfer dans les cours d'éducation sexuelle un peu plus tard lorsqu'il était question de menstruations et de serviettes hygiéniques. Dès l'âge adulte et même pendant l'adolescence, Stephen n'a absolument plus éprouvé ce genre de dégoût. Au contraire, il adore les femmes, elles sont ses meilleures complices et amies, surtout sa sœur. Toutefois, c'est comme si quelque chose en lui avait toujours été foncièrement déterminé à être homme et à n'être attiré que par les hommes sans aucune ouverture ni même curiosité pour le sexe féminin.

« Je te sers quoi, mon beau? » phrase coutumière, presque de la ponctuation. Puis le sourire qui vient avec parce que tu as de la chance, pour une raison ou une autre tu m'intéresses. D'abord, il faut savoir que Stephen a beau s'endormir plus souvent avec la chaleur d'un autre corps contre le sien le soir, il ne se jette pas comme un perdu sur tous les clients un peu mignons et esseulés qui se présentent à lui. Il faut qu'il y ait un truc, une étincelle quelconque pour le motiver. Et à l'autre de répondre « Vodka-canneberge, s’il-vous-plait. » avant de s'attirer un autre sourire. Difficile de dire si c'est sa façon de détourner le regard aussitôt qu'il pose le sien sur lui ou alors, si c'est la droiture qui émane de son ton de voix. Ce type est étrange et différent et ce sont deux caractéristiques qui lui ont toujours plu. Même dans la communauté homo, qui à la base sont des gens qui expriment une différence fondamentale, il existe maint et maint clichés ennuyeux du travelo drag queen à celui qui est complètement obsédé par le sexe au point de ne plus même dire bonjour avant de draguer, en passant par ceux qui ne s'assumeront jamais parce que trop coincé. N'importe qui connaissant le moindrement Stephen se doute qu'il cherche plutôt à se rapprocher des gens qui répondent à leur propre originalité, qui n'entrent pas dans les cadres pré-établis par incapacité d'emprunter un autre chemin. Ce mec est marrant, sans doute ne s'en rend-il même pas compte avec cette timidité maladive qui l'habite visiblement. Il ne rit jamais, même si ses phrases sont agréables (quoi que courts). Pour Stephen, ça appelle un retour de gentillesse, des mots gentils à son tour, quoi que légèrement plus agressifs. Le propriétaire du club aime faire des compliments aux gens, détournés ou pas, et creuser pour les faire parler d'eux. Tant qu'il ne s'enfuit pas à la course, c'est bon signe apparemment. Puis, la plupart des gens qui s'installent ainsi seuls au bar cherchent en réalité à parler même s'ils font semblant que non a priori. Il le sait par expérience, c'est pourquoi il se montre toujours présent pour ses clients. Il n'est pas le genre de propriétaire à rester planqué à l'arrière, loin de ça.

Et au fil de la conversation, il y a comme une chimie qui s'opère. Pour ces choses, il ne se trompe que rarement. En plus rares que ceux que ne veulent pas parler alors qu'ils s'installent seuls au comptoir sont ceux qui viennent dans un bar gay sans avoir l'intention d'expérimenter quelque chose ou de se connaitre un peu mieux. Il n'est pas trop difficile de dire que ce type, ce Wayne maintenant qu'il a reçu cette information cruciale, n'a pas l'habitude. Il reste bien trop évasif lorsque Stephen lui demande s'il a déjà fréquenté un endroit comme celui-ci, les yeux toujours à chercher un ailleurs plutôt que de croiser les siens. Mais tout cela l'amuse, non pas parce qu'il a envie de se moquer de lui, mais parce qu'il se sent presque attendri ! Convaincu de la dite chimie, il fait le tour du comptoir et le rejoint sur un banc pour poursuivre la discussion, même s'il se trouve à être celui qui parle le plus et ne recevant pendant de longues secondes rien d'autres que quelques hochements de tête. Ce qu'il voudrait l'aider à se détendre, le pauvre. Il sait exactement ce qui lui ferait du bien. D'abord une main qui se balade jusqu'à son épaule doucement, qu'il ne semble pratiquement pas remarqué tant il a l'air nerveux et toujours la conversation qu'il lui fait passionnément.

Tant pis parce que lui, il ne résiste que difficilement à ses envies. Cette fois, c'est l'envie de goûter ses lèvres rien que pour voir si elles sont aussi timides qu'il semble l'être pour parler. Il semble surpris, mais rien chez lui ne manifeste la moindre envie de le repousser, ce qui fait gagner Stephen en confiance. Une main qui se glisse lentement contre sa mâchoire et sur sa joue, comme pour donner à ce contact pourtant bien chaste plus d'intimité. Stephen a toujours aimé et eu besoin de toucher les autres, c'est sa meilleure façon de communiquer et ce, bien qu'il se débrouille plus que bien avec les mots et tout son lot de charisme. L'autre main plus basse, au creux des reins, pour l'attirer vers lui sans trop en mettre. Juste assez de douceur pour l'encourager, juste assez d'ardeur pour témoigner de sa propre envie. Rien de plus savoureux que d'aller ainsi à la rencontre de l'autre même sans savoir quoi que ce soit à son sujet. On ne peut jamais être aussi vrai que lors d'un baiser, ou alors en faisant l'amour quand on le fait bien et librement. Sans la langue pour ne pas le brusquer, en attente d'un feu vert pour pousser davantage. Stephen n'est jamais pressé dans le temps, il a toujours tout son temps pour s'adapter à l'autre. Mais le baiser est finalement repoussé, après avoir été pourtant partagé longuement. Une main sur son torse, celle de Wayne, qui se pose en barrière entre eux. Il le regarde avec curiosité. Si ses yeux sont à présent posés sur lui quelques secondes, il ne peut rien y lire d'autre que de la confusion et une détresse aiguë.

« Dois y aller… c’était pas… je dois… partir. Change… gardez-le. » Que retenir de plus, sinon que le type ne sait pas du tout ce qu'il veut ? Abasourdi, Stephen ne dit rien, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Il le laisse filer, niais. Il ne baisse les yeux que pour apercevoir le billet de 50 qu'il a laissé. Un pourboire plutôt généreux, du genre excessif, pour une vodka-canneberge qu'il n'a même pas terminée avec tout ça. Il hésite entre décrire ce qui vient de se passer comme véritablement bizarre ou alors carrément frustrant. Frustrant d'avoir eu cette impression de connexion intense entre deux êtres et d'avoir vu tout s'envoler en un claquement de doigt, pour une raison qui lui a complètement échappé. Si ça en était resté là, ça aurait été un drôle de souvenir au plus. Un truc obsédant pendant un certain temps peut-être, étant donné que Stephen n'a pas du tout l'habitude de ne pas aller au bout de ses pulsions ni d'être ainsi éconduit (encore moins après avoir été tout à fait accepté d'abord). Mais il a fallu qu'il passe par le plus grand des hasards débiles à l'église une semaine plus tard environ. Ça non plus, ça ne fait pas partie de ses habitudes parce que Stephen n'est pas croyant. Il accompagnait une amie qui prépare son mariage, rien de plus. Quand il a aperçu Wayne dans ce truc, dans cette tenue, il a eu envie de vomir. Non pas que les habits cléricaux soient aussi laids, mais jamais au monde il n'aurait pu deviner que ce mec rencontré et disparu tout aussi rapidement qu'arrivé sous son toit était... comment dire ? L'exact opposé du genre de mec qu'il a l'habitude de désirer. Devait-il demander pardon, sous ce toit, dans cette église, pour ces pensées malsaines ? Il ne connait si rien à la religion ou à ce qui convient de faire qu'il a tourné les talons, abandonnant son amie à sa rencontre prénuptiale. 

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