En me levant se matin, je pensais évidemment à elle... Cela faisait désormais huit ans qu'elle était décédée. Caroline était une amie à moi dont j'étais vraiment proche. Elle habitait à quelques pâtés de maison de chez moi. Je l'avais rencontré au cinéma, elle avait fait tombé son pot de pop corn par terre et je l'avais aidé à tout ramasser puisque non seulement il y en avait partout mais en plus, c'était les plus grosses boîtes que l'on pouvait achetées sur place. Ensuite, vu que nous étions tout les deux seuls, pour me remercier, elle m'avait payé ma place et nous étions allés voir le film ensemble. Bien sûr, j'avais refusé son invitation maintes et maintes fois mais elle avait insisté alors j'avais finis par céder. A l'époque j'avais huit ans, je m'étais enfuit de chez moi parce que je voulais absolument voir ce dessin animé mais mes parents ne voulaient pas. D'ailleurs en rentrant, je m'étais fait engueulé comme pas possible.
Caroline était la première fille dont j'étais tombé amoureux. Avant de la rencontrer, je ne mettais jamais intéressé à l'amour. La seule chose qui comptait pour moi, c'était le foot. Après cette séance de cinéma, nous avions continué à nous voir et à jouer ensemble. Mais un jour, alors qu'elle faisait du vélo, un fou furieux qui conduisait un camion la renversée. Son corps a été retrouvé deux jours après dans le ravin qui se trouvait à côté de la route. C'est là que le chauffeur l'avait déposée. Il ne voulait pas se faire arrêter alors il avait caché le corps et il s'était enfuit. Une enquête avait alors été ouverte et il a été retrouvé un mois après l'incident. Heureusement, il a bien payé ses actes car il est désormais en prison et il a été condamné à perpétuité.
La mort de cette fille m'avais beaucoup chagriné. Je ne sortait plus de ma chambre et j'étais vraiment bouleversé. Depuis ce jour, je vais tout les ans déposer un bouquet de fleurs sur sa tombe. Et pas n'importe quelle fleurs, ce sont toujours des chrysanthèmes.
J'ouvris mon armoire et pris le soins de choisir des habits de couleur noire. Je pris les clefs qui étaient sur ma commode et descendis au rez de chaussé. Alors que j'ouvrais la porte, j'entendis un bruit en provenance du canapé. C'était Christian qui ronflait. Toujours en train de dormir celui-là. Un léger sourire se dessina sur mon visage puis je sortis et fermai la porte.
Après un long quart d'heure de marche, j'arrivai enfin au cimetière. La tombe de Caroline était à la rangée treize. Que je déteste ce chiffre... Je marchais en direction de sa tombe, j'étais à la rangée douze.. Et là, de loin, j'aperçus une jeune femme qui manqua de tomber. Comme la distance qui nous séparait était plutôt importante, je ne parvenais pas à distinguer qui était cette personne. Mais quand je vis qu'elle avait une canne blanche dans la main, j'en conclus que c'était Junie Fynes. Alors que je l'a regardais, j'eus un haut le cœur mais par chance, elle se rattrapa avec une pierre tombale puis, elle s'assit sur une autre. Je courus en sa direction car je voulais lui demander si elle allait bien. Mais elle m'entendit et je crois qu'à se moment là, elle avait très peur car alors qu'elle cherchait un truc dans son sac, elle s'était redressé d'un coup et m'avait posé cette question:

« Qui est là? »

En attendant sa voix, je savais très bien qu'elle était terrorisée. En même temps, qui ne le serai pas en ces conditions? Elle était toute seule dans un cimetière, elle avait entendu un bruit dont elle ne connaissait pas la provenance, je comprenais parfaitement son inquiétude!
Je rétorquai alors:

« Bonjour mademoiselle Fynes. Ne vous inquiétez pas, c'est William, William Livingstone. »

Quand je pense que je venais juste pour rendre hommage à une amie d'enfance. Je me retrouvais nez-à-nez avec Junie, la femme avec laquelle je m'étais retrouvé, le lendemain d'une fête bien arrosée, dans le même lit. D'ailleurs, à partir de se jour là, même si elle et moi n'avions jamais été très proche, je l'évitais constamment. Et je voyais bien qu'elle en faisait autant. Mais de toute façon, qui n'aurait pas eu cette attitude? Quel autre comportement peut-on bien adopter dans des situations pareilles? Je me le demande. Et si des personnes arrivent à fermer les yeux sur de telles choses, je ne les félicite pas.
Enfin, quand elle entendit mon nom, Junie fut, en tout cas c'est ce que j'ai pensé à se moment là, la femme la plus soulagée du monde. Elle en jeta même sa canne par terre. Elle avait également retenu son souffle car elle poussa un gros soupire de soulagement qui, celui-ci, fit suivit d'un sourire. Junie était une femme magnifique, surtout quand elle souriait. Après avoir reprit sa respiration, elle déclara:

« Bien, mais ne me vouvoie pas, je ne suis pas si vieille. Alors William que fais tu ici ? »

Pourquoi est-ce que les femmes pensaient-elles toutes que le vouvoiement était une preuve de leur vieille âge? Je n'ai jamais compris. A ce moment là, j'eus un petit rire mais celui-ci ne dura pas longtemps parce que je n'avais pas oublié la date et le lieu où je me trouvais. Je ripostai:

« Très bien. Tu sais, je n'aime pas tutoyer les gens qui sont plus ''âgés'' – pour ne pas dire vieilles – que moi s'ils ne me l'ont pas demander. Mais bon, si on peut se tutoyer, c'est très bien. En ce qui concerne ma présence ici, je viens déposer des fleurs sur la tombe d'une amie d'enfance. Tu en a peut-être entendue parler, c'est Caroline Harison, l'enfant qui est morte à l'âge de huit ans, retrouvée dans un ravin. »

Oui, mes paroles pouvaient paraître direct mais je préférais en parler plutôt que de me morfondre dans mon coin, tout seul. Et puis, malgré cet incident entre nous, Junie ne m'a jamais rien fait et je l'ais toujours apprécier. En tout cas, l'ambiance morbide qui régnait après ma réplique fut tout de suite remplacée par la joie car Junie sortit une chose des plus drôles:


« Pourrais tu me dire sur qui je m'assoie actuellement ? Je n'arrive à décrypter les inscriptions. »


En fait, au départ, je ne savais pas trop s'il fallait que je ris ou pas car Junie était tout de même aveugle et ce n'était pas quelque chose d'anodin. Je me penchai auprès d'elle pour distinguer le nom de la fameuse personne qui était enterrée là-dessous. Il s'agissait d'un certain Charley Plush mort en 1987. Apparemment, il n'était pas très aimé car il n'y avait qu'un seul pot de ''fleurs'' sur sa tombe... Enfin des fleurs, pas exactement, c'était des fougères. Oui, des fougères sur une tombe. Qui avait pu déposer un pot de fougères sur une tombe? N'importe quoi. En plus de cela, la personne qui avait fait cela n'avait même pas prit la peine d'entretenir cette malheureuse plante. Comme je savais que Junie ne pouvait pas voir, je pris la décision de, non seulement lui dire le nom de la personne enterrée, mais en plus, de lui décrire la tombe.

« Et ben... C'est plutôt bizarre. Tu es assise sur la tombe d'un dénommé Charley Plush. Et il est mort le 4 février 1987 apparemment. A mon avis, les gens ne doivent pas trop l'aimer car la seule chose qu'il y a sur sa tombe, c'est un pot de fougères sèches. C'est plutôt triste tout ça, tu ne trouves pas? »

Mais au fait, pourquoi est-ce que j'étais si glauque moi?