Assis au bar, un verre de whisky à la main et le regard totalement vitreux, Andrew tentait de compter le nombre de fois où il s'était échappé du centre de désintoxication. Il détenait un record, pourtant personne là bas ne le félicitait. « Eh t-toi là, dis moi, pourquoi personne ne voit que ces gens là ils veulent nous laver le cerveau ? » demanda-t-il à l'homme assis à côté de lui. Se penchant vers cet homme, Andrew manqua de dégringoler de son tabouret, et se rattrapa au bras de son voisin. Il eut alors un haut le coeur, ça tanguait. L'homme le repoussa brusquement, dégoûté, avant de prendre la poudre d'escampette, comme si Andrew était atteint d'une maladie contagieuse. Dépité, Andrew porta alors son verre à sa bouche ... vide. « Barman, vite, j'ai soif ! » Il posa son verre sur le comptoir et l'avança vers l'employé. Celui-ci ne se pressait pas, continuait sa conversation avec une femme. Déjà, Andrew sentit son corps trembler. Sa gorge était sèche, il n'avait rien bu depuis au moins des jours, ou plutôt ressentait cette impression. Il venait de finir son verre il y a quelques minutes, pourtant son cerveau lui envoyait des signaux contradictoires, lui rappelait qu'il venait seulement de s'échapper du centre, que là bas ils ne lui donnaient rien à boire, même pas de l'eau. Alors que c'était lui, dans son refus de guérir, qui s'interdisait à boire et manger tout ce qu'ils lui donnaient. « Barman eh ! » Plusieurs personnes se retournèrent et le dévisagèrent, il n'en avait que faire. Enfin, son Saint Graal arriva, il porta la précieuse boisson à sa bouche. Au contact, il eut l'impression de gagner 100 points de vie d'un coup, comme un pokemon après un passage chez l'infirmière Joel. Personne ne pouvait le comprendre, ses parents le traitaient de drogué, n'importe quoi. Il tâta ses poches, elles étaient vides. Il avait fumé son dernier joint en arrivant dans le bar, après l'avoir acheté à un type pas très net dans la rue. C'était probablement pour ça, qu'il se sentait vaseux, ce mec avait dû glisser des trucs pas très nets dans le joint. Oui c'était certainement ça, et non pas l'effet de la drogue, comme disaient les gens du centre quand ils le retrouvaient, éméchés, sur un trottoir londonien. Personne ne le comprenait. Mais il s'en fichait, il était bien. Il n'était pas tout seul d'abord, son verre lui tenait compagnie, et acquiesçait tous ses propos. De qui aurait-il pu avoir besoin ? Il ne savait pas. Ou plutôt, il ne savait plus, qui étaient ces gens dont il avait parfois des flashs dans ses pensées. Il y avait cette fille, brune, il se souvenait d'elle souvent dans sa chambre, peut-être une conquête. Pourtant, elle était toujours avec cet autre mec. Andrew ne savait plus qui il était, mais s'il tournait autour de cette conquête, il ne l'aimait pas. Le jeune homme était désormais spectateur des bribes de souvenirs qu'il gardait encore, mais qui s'échappaient au fur et à mesure qu'il enfilait un nouveau verre. Il lui semblait que le docteur avait précisé que sa mémoire redeviendrait normale s'il arrêtait de boire. Mais déjà, la voix de ce dernier s’évaporait, et devenait un souvenir oublié. « Il disait quoi déjà ce mec ? Arrêter ? » demanda-t-il à son verre, ou à personne. Il se mit à rire, un rire nerveux et exagéré.

C'est alors qu'il remarqua cette blonde à côté de lui. Blonde ... Ah oui il avait déjà rencontré une blonde, il s'en souvenait. Tentant un effort de mémoire, il retrouva son visage, mais il était flou. Cette blonde l'embrassait pourtant ! sur la bouche ! Oui il s'en souvenait ! Au diable ce docteur, il ne disait que des bêtises. Arrêter ses conneries, à quoi bon. Il avait retrouvé sa blonde, tout allait bien. Il s'approcha d'elle et passa son bras autour d'elle. « Coucou ma biche » Oui, par contre, son prénom, il l'avait oublié. Qu'importe, les filles appréciaient toujours les surnoms. Il posa alors son verre, pour prendre le visage de la jeune fille dans ses mains et l'embrasser. Elle n'embrassait pas comme dans ses souvenirs, mais alors qu'il voulut repenser à l'autre blonde, elle disparaissait déjà de ses pensées, nouveau souvenir oublié.

Andrew ne comprit pas ce qui lui arrivait. Pourquoi blondie lui avait mis une claque ? Il frottait sa joue endolorie, regardant la jeune fille interloqué, incapable de comprendre pourquoi sa copine était si coincée. Pourquoi sortait-il avec elle, si elle avait un balai dans le popotin ? Il fit appel à sa mémoire, en recherche d'une raison valable, mais bien sûr sa mémoire lui faisait défaut, et la tête blonde de ses souvenirs s'était fait la malle depuis longtemps. Et celle devant lui alors, qui était-elle ? Pourquoi lui lançait-elle un regard si noir, que si elle avait été Superman elle l'aurait déjà réduit en cendres avec ses yeux-rayons laser ? Il avait déjà oublié le crime qu'il avait commis. Ahuri, il choisit de ne plus se concentrer sur cette femme, et se tourna de nouveau vers le bar. C'est alors qu'il vit que son verre avait disparu ! Diable, où l'avait-il mis ? Il regarda le long du bar, aucune trace. Il chercha partout : par terre, sous son siège, au plafond ... Aucune trace. C'est alors qu'il remarqua que la blonde le regardait toujours. C'était certainement elle, qui avait pris son verre. Quelle conn*sse. Il s'apprêtait à l'engueuler, quand il sentit le sol tanguer. Pris de vertige, il s’agrippa au comptoir. Une drôle de sensation le gagna alors, comme si toute son énergie se vidait. Depuis tout à l'heure, sa vue était trouble, comme si un brouillard ambiant régnait dans la pièce. Sûrement cette mode idiote, de projeter de la fumée pour créer une ambiance, Andrew avait déjà vu ça, dans une fête soit disant branchée de Londres. Il S'accouda au bar, posant sa lourde tête dans sa main. « Vous avez un problème, mademoiselle ? J'ai bien vu que vous me regardiez depuis tout à l'heure ! » Il lui fit alors un clin d'oeil, il n'était pas né de la dernière pluie, le Andrew, il comprenait bien ce qu'elle souhaitait ! « Vous espérez que je vous paye un verre, c'est ça ? » Il héla alors le barman. « Eh barman, un autre verre pour la demoiselle ! Et tant que vous y êtes, remplissez le mien ! » Il saisit son verre sur le comptoir ... mais sa main resta vide. Il scruta alors le comptoir, le fait que son verre avait disparu s'était déjà envolé de sa mémoire ... « Mais il est où mon verre ??? » Il recommença alors son petit déhanché : regarder sur le comptoir, par terre, sous son siège, au plafond. Mais rien. Complétement flippé, il regarda la blonde. « Madame, il est où mon verre ? Je fais quoi moi hein, sans ma maman ? » Son esprit avait décidé de rejouer un vieux souvenir : Andrew, âgé de 6 ou 7 ans, complétement perdu dans un grand magasin. Il avait eu le malheur de lâché la main de sa mère, et la seconde d'après, elle avait disparu. Toutes ces grandes personnes autour de lui donnaient le vertige, il se sentait minuscule. Il était perdu. Oui, sans son verre de whisky, il était également perdu. Alors, il était si facile pour sa mémoire, de commettre quelques amalgames. Il sentit ses larmes monter, puis couler le long de ses joues. Il était un petit garçon perdu. Il voulait sa maman. Dévasté, il se jeta alors au cou de la jeune femme. « Je suis tout seul ne me laisse pas s'il te plaît ! Je ne veux pas y aller ! » Désormais, son esprit avait fait un bond dans le futur, pour projeter un autre souvenir, d'un autre triste jour. Il s'accrocha longtemps, ce jour là, au cou de sa soeur, quand ses parents et Juliet le déposèrent au centre de désintoxication pour la première fois. Il savait qu'il ne pourrait jamais convaincre ces deux étrangers de le garder. Mais sa soeur, elle, sa douce Juliet. Il s'accrocha au cou de sa soeur, dernier espoir. Mais c'était peine perdue.

Cette blonde inconnue promit de ne pas lâcher Andrew, et déjà il se sentait soulagé. Quand elle lui demanda son nom, il eut aussitôt un déclic dans sa tête. Il ne retenait rien du centre, à part cette phrase qu'ils l'avaient obligé à retenir par coeur, au cas où comme ils disaient. Alors quand elle lui demanda son nom, l'automatisme se mit en marche, tout seul, sans qu'il s'en rende vraiment compte. Il avait trop bu pour être encore maître de ses pensées, de toute façon. « Bonjour je m'appelle Andrew, si vous me trouvez merci de me ramener au centre Ostroff s'il vous plaît, je ne peux pas vous faire de mal. » Son regard était vide, absent, déconnecté de la conversation. Puis, il remarqua Jules, qui le fixait, surprise et effrayée. Il revint à la vie comme par magie, réalisa peu à peu ce qu'il avait dit. C'est alors qu'il eu l'un des seuls éclairs de lucidité qu'il était capable d'avoir, quand il était sous l'emprise de la drogue et de l'alcool.

« Fais chier, oublie moi je n'ai rien dit » Là, aussi vif que l'éclair, il se détacha de son étreinte et courut dehors, dans la rue. S'échapper de cette mauvaise situation, et surtout de l'emprise que le centre avait eu sur lui, l'espace d'un instant. Il avait toujours résisté, ces gens là ne l'auraient pas. Là, il venait de réaliser qu'il perdait son emprise peu à peu, que ces gens là le capturaient doucement.

Dehors, il pleuvait, c'était bon, la pluie le lavait de cette sale emprise détestable. Jamais il ne retournerait au centre. Enfin peut-être, probablement, demain, après avoir été ramassé par les flics, il y serait remis de force. Mais il s'enfuirait, encore et encore, jamais il ne les laissera le toucher, le modifier, le manipuler. Il était Andrew Davies et resterait ainsi toute sa vie, même s'il n'était pas programmé comme ses parents le souhaitait.

Dehors sous la pluie battante, Andrew restait là debout, l'esprit vide de toute pensée. Il ne savait pas où aller, s'il rentrait dans cet état sa soeur allait lui passer un savon. Il entendait déjà la voix de Juliet, imaginait déjà ses regards noirs et ses reproches. Juliet, le premier nom dont il était capable de se souvenir ce soir, le seul visage qui restait après tout ça. De toute façon, il ne reconnaissait pas l'endroit, et était incapable de rentrer chez lui. Etait-il encore à Magnolia, avait-il atterri ailleurs ? Si demain, Juliet devait encore le récupérer à Pétaouchnok, il en entendrait parler. La fois où il s'était réveillé en cellule de dégrisement à Philadelphie, il en entendait encore parler aujourd'hui. Et celle où l'hôpital de New York l'avait appelé en pleine nuit, Andrew ne savait toujours pas comment il avait pu atterrir si loin.

Ainsi, rester sous la pluie était la meilleure solution. Mais la blonde du bar vint le déranger dans ses souvenirs. Il se retourna brusquement, mais trop tard, elle était déjà devant lui, tout prêt de lui. Il voulut la repousser, par automatisme, mais elle en décida autrement et le prit soudainement dans ses bras. Andrew se sentait attaqué, vite il se libéra de cette étreinte, persuadé que c'était un leurre. Une supercherie. « Tu cherches à m'amadouer pour me ramener au centre ? Je ne suis pas con, tu ne m'auras pas ! » Vif, il leva ses bras devant lui, prêt à se protéger de toute attaque. « Je n'y retournerai jamais tu comprends, jamais ! Vous ne pouvez rien pour moi ! » cria-t-il, désespéré. Il ferma alors les yeux, abandonné de toute force, il tomba à genoux, par terre, et prit sa tête dans ses mains. Pourquoi l'alcool lui faisait-il tout ça ? Ils avaient toujours été amis, pourtant. Il leva alors les yeux vers la blonde, ne sachant déjà plus qui elle était. Mais son regard inquiet signifiait qu'ils se connaissaient. Il ferma à nouveau les yeux, fit appel à sa mémoire. Blonde blonde ... Ah oui, cette blonde qu'il embrassait, sa petite amie. Il avait confiance en elle, même si ce garçon lui répétait qu'elle avait une mauvaise réputation dans le quartier. Toujours dans son souvenir, Andrew se vit rigoler et taper gentiment ce garçon, mais été incapable de dire qui sait. Ils étaient dans le square, au bout du quartier, le jeune homme lui tendit alors un joint. Son dealer, probablement.

« Chérie, promets moi de ne rien dire à Juliet s'il te plaît, elle m'en voudrait trop après, et si tout Magnolia l'apprend ensuite, c'est la fin » il posa sur elle un regard implorant, espérant qu'elle ne lui tienne pas rigueur de l'oubli de son prénom. Elle était sa copine, certes, mais l'alcool trouvait ça rigolo d'effacer de sa mémoire son identité.

A Londres ? Le cerveau d'Andrew se mit en mode "error" quand Jules prononça le nom de cette ville. Bon sang, Juliet allait le tuer. Qu'il atterrisse dans des villes pas trop loin de Magnolia était une chose ... Mais qu'il traverse carrément un océan, juste sous l'effet de l'alcool ? Il ne savait même pas comment il était arrivé là. C'était possible de prendre l'avion complétement saoul ? « à Londres en Angleterre ??? » Il vérifia, au cas où, juste pour être sûr.

Depuis plusieurs minutes, la jeune fille tenait ses mains dans les siennes, et Andrew ne bronchait pas. Par un curieux automatisme ce gest eut plutôt le pouvoir de l'apaiser, le calmer. Radouci, il la scruta un peu mieux. Il avait déjà oublié son prénom, pourtant elle le lui avait dit quelques minutes auparavant. Mais elle n'était pas cette fille qui l'embrassait sans cesse dans ses souvenirs, non. Peut-être était-elle une autre interne du centre, en fait. Elle n'était pas une ennemie, alors. Mais une fille aussi paumée que lui, une fille qui avait ses propres raisons de craquer, de toute envoyer valser dans une mauvaise danse. « Je ne sais pas où je veux aller, mais pas au centre. Non non non je ne veux pas aller au centre. » Il secoua à la tête. Déjà, son chaos interne repartait pour un tour, ça bouillait au fond de lui, comme un mauvais pot au feu prêt à exploser, un volcan menaçant d'entrer en fusion. Il devait se calmer, ils l'avaient dit au centre. Andrew était trop en proie à ses émotions, qu'ils disaient. Le stress provoquait par l'exigence de ses parents - même s'il se donnait un malin plaisir à les décevoir sans cesse - le détruisait de l'intérieur. Inconsciemment, leur déception constante ne le laissait pas indifférent. Il buvait pour oublier à quel point il était un raté, juste bon à être le petit rigolo de la soirée. Ses parents ne voudraient pas d'un clown, peut-être devrait-il même changer de nom. Devenir juste Andrew, trop bon à rien pour mériter un nom de famille. « On pourrait aller où ? » Andrew sans famille s'en remettait à cette inconnue. Même si elle ne devait éprouver pour lui que de la pitié. Quel autre sentiment pourrait motiver une inconnue à s'occuper d'un gars complétement paumé, rencontré dans la rue. Peut-être sa beau gosse attitude, aussi, un peu.

Il était complétement paumé. Même dans Very Bad Trip, ils ne s'étaient jamais réveillé en changeant de continent. Lui, ne s'était même pas encore endormi, mais il apprenait déjà qu'il avait traversé l'océan. Ce n'était vraiment pas du jeu. Il voulait sombrer, se poser là sur le trottoir et s'envoler dans ses rêves. Sa tête était lourde, l'alcool qui coulait dans son sang l'empêchait de réfléchir, de réaliser ce qui se passait. Il se regardait agir, et là il voulait simplement dormir. Mais la blonde le fit revenir à la réalité. Il la regarda surpris, il avait oublié sa présence quelques instants, son esprit s'était mis en "absent", une absence qui signifiait "merci de ne pas déranger", mais cette fille n'en tenait pas compte. Elle insistait, depuis tout à l'heure, elle ne le lâchait pas, et Andrew ne comprenait pas pourquoi. Elle n'arborait pas le même sourire narquois que les gens du centre, ces médecins qui voyaient Andrew comme une loque, même plus comme un être humain. Peut-être était-elle motivée par un sentiment de pitié, mais qu'importe. C'était toujours mieux que l'indifference, la supériorité, la moquerie. « Mais je veux dormir » Il s'était rapproché d'elle, et tomba dans ses bras, posant sa tête sur son épaule. Il n'avait désormais plus aucune force, car l'alcool en avait décidé ainsi. « On fait tout comme tu veux Annie » Ah, Annie ... Quand ses amis avaient appris qu'il sortait avec cette fille, les commentaires avaient fusé. Et ils n'étaient pas agréables à entendre. Selon eux, Annie n'était pas une bonne fille, pas le genre de fille avec qui tu sors. Plutôt le genre de fille que tu te tapes en soirée. Andrew, lui, la trouvait cool, et ça lui suffisait. Alors okay, des rumeurs disaient parfois qu'elle tournait autour de son bro, mais il n'y croyait pas. Ils étaient bien ainsi, c'était suffisant. « Mais surtout, Annie, ne me ramène pas au centre. Et ne dis rien à Juliet. » ajouta-t-il d'une voix somnolente. Il ne réalisait même pas que le centre et Juliet ne pouvaient pas se trouver dans la même ville. Dans sa tête, c'était normal. Des images -floues- du quartier, lui revenaient en tête. Sa maison, Juliet sur le perron. Puis plus loin, le centre. Séparé de quelques kilomètres, et non pas par un océan. Il avait oublié que le centre était à Londres. Le mettre à Magnolia c'était bien mieux, l'alcool était content comme ça. Mais surtout, Juliet ne devait pas savoir qu'il avait quitté le centre.

A moitié endormi, absent, il entendait à peine les paroles de la jeune fille. Une jeune fille dont il avait déjà oublié le prénom, pourtant il la laissait le guider comme un pantin démembré. Il n'avait pas particulièrement confiance en elle, il n'était pas sûr qu'elle ne l'emmène pas chez elle pour le violer, abuser de lui lors de diverses pratiques plus ou moins homologuées. Mais toute once de force physique l'avait quitté, alors il s'était résigné, avait abandonné, et plaçait son sort entre les mains de la blonde inconnue. Au pire, elle était canon, si elle n'était pas enclin à des délires sexuels trop déroutants, ils pourraient toujours passer une bonne nuit. Quoi que .. Depuis que Andrew avait voulu serrer cette fille au Candy's bar, et qu'il avait essuyé une panne au lit, il appréhendait la remise en selle. Sa fierté en avait prise un coup, et même s'il savait pertinemment que son taux d'alcoolémie permanent (additionné aux pétards et autres drogues) devait y être pour quelque chose, il ne passait toujours pas à autre chose. Il réalisa alors que, ce soir, il était vraiment trop bourré pour faire des manières, et refuser de tirer son coup, et il posa alors un regard vicieux sur cette jeune fille.

C'est alors que la blonde évoqua Juliet, dans le taxi. Il pensa à sa soeur, là bas, à Magnolia ... Mais alors qu'ils sortaient du taxi, un minime éclair de lucidité le tira de ses pensées : comment cette fille connaissait sa soeur ? N'avait-elle pas dit qu'ils étaient à Londres, Londres en Angleterre, de l'autre côté de l'eau là, dont il oubliait le nom ? Elle mentait, c'était évident. Or, les seuls londonniens capables de connaître sa soeur étaient les gens du centre. Elle le ramenait là-bas, c'était évident. "Comment tu connais ma soeur d'abord ? Seuls les gens du centre connaissent Juliet, tu es des leurs avoue le !!" Pour se protéger, il voulut se détacher d'elle, mais tribucha et se retrouva à terre, incapable de se relever. Il leva de faibles yeux à peine ouverts en direction du lieu de destination ... Ils ne savaient pas où ils étaient, mais ce n'était pas le centre. "Mais où tu m'as emmené ? C'est ... pas le centre ça." Il voulait ajouter des paroles, encore et encore, des tas de mots en vrac se bousculaient dans son esprit, mais il était incapable de les assembler. Il se souvenait à peine comment construire une phrase. C'était comme s'il était à moitié endormi, sauf qu'il avait ce mauvais pressentiment, qui lui soufflait à l'oreille qu'il ne se réveillerait pas de ce drôle de sommeil.