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Docteur - Adrian, je sais que ça peut être difficile à entendre...
Adrian - Une mauvaise nouvelle hein?!
Docteur - Oui... Adrian vous avez un cancer...
Adrian - Putain... Et il m'reste combien de temps à vivre?
Docteur - Je ne saurais pas me prononcer sur la chose Adrian, c'est ... incertain.
Adrian - Je vais connaître mon enfant?
Docteur - Je ne pense pas. Mais vous inquiétez pas, vos proches seront heureux comme ça!
Adrian - Je ne suis pas certain de vous suivre doc'..
Docteur - Vous faites tellement chier votre monde Adrian, ils ne pourront que se réjouir de votre mort.
Adrian - Si vous le dites... Je me demande comment Heathcliff va réagir.
Docteur - Il le sait déjà Adrian... tout le monde le sait! Vous êtes le seul à vouloir ignorer le problème depuis bien longtemps!
***

... Je me réveillais en sursaut... ce n'était qu'un mauvais rêve. Je m'étais endormi... au bureau? Oui, je n'étais même pas rentré chez moi la veille. En fait, ça faisait déjà quelques soirs que je ne rentrais ni chez moi, ni chez Juliet. Je préférais passer mes nuits dans ma voiture, où à l'hôtel. Oui, j'étais un vrai SDF. J'évitais juste les problèmes. Heathcliff créchait depuis un bon mois chez sa copine Annie, il m'évitait. Quel con. Je me tuerais pour ce gamin... je crois qu'il ne l'a pas encore compris. Impossible pour moi de trouver le repos auprès de Juliet, surtout depuis l'annonce de sa grossesse. Je ne l'évite pas, j'évite juste le problème. Et si je n'étais pas fait pour être père? Et si j'allais devenir un Joey number 2 ? Je ne voulais pas penser à ça, je voulais être à la hauteur. Mais personne ne me facilitait la tâche.

Heathcliff surtout. Alors que j'aurais tant eu besoin du soutien de mon frère dans cette épreuve, je devais le laisser partir. J'avais imprimé à contre coeur les papiers pour la rupture de contrat... Je lui en voulais de vouloir partir comme ça, il n'avait même pas essayé de comprendre mon intention de le protéger, c'est tout. Holden, lui, ne donnait plus signe de vie. Comme si notre dernière discution n'avait servie à rien. Et le comble, je venais de signer l'armistice avec Jay deux jours plus tôt! Mais c'était trop tard, je me retrouvais seul... bien fait pour ma gueule hein, comme on dit.

Je relevais la tête, et vit mon frère faire ses allés retours entre le bureaux de Josh' et le sien. Il venait de monter un carton pour y ranger ses affaires. Le rêve que je venais de faire prenait tout son sens. Il partirait, et il n'aurait même pas l'occasion d'apprendre qu'il allait être tonton, et certainement parrain de ce gosse qui ne tarderait pas à arriver. Il m'énervait, j'avais juste envie d'aller lui coller un gifle et lui dire qu'il faisait une terrible erreur. Je me levais de ma chaise, et traversais le hall pour le surprendre dans son bureau. J'entrais, sans frapper. Il se retourna, en sursautant. "Alors c'est fini? Tu t'en vas pour de bon... mais t'es un sacré con Heathcliff... t'as pas le droit de faire ça!" lançais-je, déboussolé, attristé. J'avançais vers lui, lui arrachais des mains les affaires qu'il comptait glisser dans son carton. "Donne moi ça, ça suffit tes caprices de gosse...".

Je regarde une dernière fois par la fenêtre en soupirant. Et dire que je passe mes derniers moments dans ce cabinet. Je ne voulais pas partir mais par fierté, je ne pouvais revenir sur mes paroles. J'ai annoncé mon départ à mon frère il y a presque un mois et le temps passe vite. Voilà maintenant que je récupère mes dernières affaires de mon bureau, pour le plus grand plaisir de Josh sûrement. Ils allaient être tous les deux à gérer ce cabinet à présent, je ne doute pas de leurs compétences, je sais que ce cabinet va se développer avec le temps. Avec ou sans moi. Ca me fait mal de me dire que je ne vais plus croiser le regard triste d'Adrian presque tous les matins, que je ne vais pas voir la sale gueule de Joshua, que je ne vais plus avoir à m'occuper de ces entreprises qui ont besoin de moi. Adrian se démerdera pour boucler tout ces dossiers, j'ai fait tout ce que j'avais à faire dans ce cabinet, ma présence semble désormais inutile. J'ai compris il y a un mois de cela, lors de ma dernière conversation avec mon frère, qu'il est tant que je m'en aille, que je sorte de la vie de mon ainé. Ca me permettrait d'une part de ne plus être à l'ombre de quelqu'un mais aussi de ne plus lui rendre la vie difficile. Je sais que j'fais beaucoup de mal à Adrian, que je le veuille ou non. La meilleure des solutions est peut-être de partir. Annie est prête à me rejoindre dès qu'elle aura terminé son année scolaire. Elle a insisté pour m'accompagner dès les premiers jours mais j'ai refusé. L'école avant tout. Je veux qu'elle ait ce putain de diplôme pour qu'on vive heureux tous les deux.

Alors que je suis perdu dans mes pensées, toujours devant la grande fenêtre, Adrian me surprend, j'en sursaute presque. Qu'est ce qu'il veut ? "C'est la fin Adrian... Tu fêteras bien ça ce soir." Dis-je en me retournant pour continuer à ranger mes affaires. Je n'ai pas ma langue dans ma poche, j'suis désolé de répondre de cette manière à mon frère mais c'est hors de moi. Si j'suis dans ce putain de bureau à ranger mes affaires, ce n'est pas entièrement de ma faute, ni de la sienne. Mais on a tous les deux notre part de responsabilité. Je pense avoir été immature en l'accusant d'avoir acheter l'amitié avec Jay et lui balançant pleins de mauvaises chose en pleine face. J'aurais dû l'écouter, parce qu'en tant qu'ainé, il ne veut que mon bien, son but est de me protéger. Quant à lui, il n'a pas été très sincère avec moi et m'en a caché des choses. Il faut l'avouer, on ne se supporte plus. Sauf que je ne dors plus à la maison depuis un mois, et j'ai bien compris que je ne peux vivre sans mon grand frère. Il m'a tellement manqué, mais impossible de le lui dire. Je préfère le garder pour moi, partir pour L.A sans lui avouer quoi que ce soit. Il prend soudainement ce que j'ai en main et je le regarde comme pour savoir ce qu'il me veut. Je soupire et m'asseois sur ma chaise, sans insister. "Prends soin de Clairou. Et fais gaffe à Josh, ne te laisse pas avoir. Reste fort et intelligent comme tu l'as toujours été." Mon frère a toujours été mon modèle, merde ! "C'est toi le boss ici, Adrian... Pas Joey et encore moins Joshua. Alors c'est à toi de décider, ne te laisse pas influencer." Mes derniers conseils. J'ai peur de laisser mon frère seul avec ces pauvres mecs, mais je n'ai plus le choix à présent.

"Je ne fêterai rien du tout Heathcliff. Arrête de jouer à l'enfant... Je... on peut affronter ça ensemble, comme des adultes.". Je posais ses affaires à leur place, là où elles devaient rester. Je passais mes mains sur mon visage. J'étais mal, très mal. Je ne voulais pas le faire fuir, je n'avais pas envie qu'il parte. Non, s'il partait, c'était vraiment fini pour moi. Même si j'étais le grand, j'avais besoin de lui. Je n'imaginais pas qu'il s'en aille comme ça, et qu'il me laisse comme une pauvre merde. Même moi le pire des connards de Magnolia, je ne ferais pas ça à mon frère... Jamais. Et il devait rester, il devait se comporter en adulte, et ne pas fuir les problèmes. S'il ne veut plus me parler, soit... je respecte ce choix. Mais qu'il reste dans le coin au moins. Je veux continuer à le voir, l'avoir près de moi, le voir évoluer, le voir devenir un homme. Je n'ai de crainte de le dire, j'aime Heathcliff, je tiens vraiment à lui...

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Flash Back - Anniversaire de Heathcliff, 7 ans.
Adrian - Tiens... c'est pour toi... C'est ce que tu voulais non? La maquette du camion de pompier! Et celle là, tu la fais jusqu'au bout hein !?
Heath - Merci Adrian! D'habitude, tu fais pas de cadeaux...
Adrian - Ouais, mais tu nous as tellement emmerdé avec cette maquette, il fallait que je te l'achète pour que tu nous laisses tranquilles!
Heath - T'es con...
Adrian - Bon anniversaire p'tit frère!
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"Je n'ai a prendre soin de personne tu m'entends... Regarde où ça nous mène, tu... toi tu t'en vas. J'voulais juste te protéger Heath', j'voulais pas qu'il t'arrive quelque chose. Mais putain, quand est ce que tu vas le comprendre merde?!"

J'avançais jusqu'à la fenêtre. Il me dit de prendre soin de Claire, de me méfier de Joshua. Il me dit que j'étais fort, que je l'avais toujours été, et je me disais qu'il avait tord. J'étais fort, avant. Plus maintenant. Je ne savais même plus comment affronter les jours qui allaient suivre. Son départ, la grossesse de Juliet, les échanges houleux avec notre père... J'ignorais tout. Autrefois, j'étais encore capable de prédire l'avenir, je savais comment réagir, j'avais mes plans B. Maintenant, tout est différent. J'enchaine les échecs, je me prends en pleine face tous les obstacles. Je ne suis plus ce mec fort dont il parle. Je ne suis plus Adrian O'Conell tel qu'on le connait.

Je l'aime, lui ce petit frère que j'ai tant demandé à mes parents. Je l'aime mais j'ai tout foiré, du début à la fin. Je l'aime, mais je le déteste tellement de vouloir s'en aller, je le déteste d'avoir écouter à la lettre Jay Black. Heath n'a pas fait l'effort de comprendre la raison de mes actes. Il n'a rien compris, et ne comprendra peut être jamais. Debout, face à cette fenêtre, j'essayais de prendre le recul nécessaire, pour ne pas craquer, pour ne pas lui en coller une et le ramené à la maison, l'attacher au radiateur, et le laisser là, qu'il puisse suffisamment réfléchir avant de prendre une telle décision. Lorsqu'il me dit que j'étais le boss, qu'ici, c'est moi qui décidais, je levais les yeux au ciel.

"Je ne décide plus rien... je ne contrôle plus rien." et je me retournais, lui faisant face "Je ne sais même plus ce que c'est de prendre une décision... mais je me rend compte que prendre des décisions, toi, tu sais faire.". Je m'approchais de lui. Il se leva. Je posais alors ma main sur son épaule, lui tapotais la joue de l'autre, et lui dit: "Prend soin de toi p'tit con.".

Affronter ça comme des adultes. C'est ce que j'aurais aimé faire. Mais après ce qu'il s'est passé entre nous l'autre fois à la maison, je n'attends plus rien de la part de mon frère. Il a osé me faire du mal, alors qu'il n'a pratiquement jamais levé la main sur moi. D'accord, j'avoue, je l'ai beaucoup cherché ce jour là. Mais je ne méritais pas ce qu'il m'a fait par la suite. Je provoque beaucoup mais en tant que grand frère, il devait se contrôler. Depuis un mois, je l'évite et j'ai vite compris qu'il me manque ce petit con.

Flash-back
"Tu crois que je l'appelle ? Mais il va trop avoir confiance en lui, je pense." Annie hausse les épaules et soupire. Ce n'est pas la première fois que je lui demande si je devais appeler mon frère ou non. J'ai quitté le boulot vendredi après-midi et on est dimanche soir. Ca fait presque trois jours que je ne lui ai pas parlé et franchement, l'énerver, le chercher, l'embêter, lui dire des conneries me manquent. J'aimerais qu'on retrouve cette complicité qu'on avait avant mais c'est dorénavant une chose impossible. "Tu ne perds rien en l'appelant chéri, parle lui deux minutes. Ca ne te fera que du bien." Elle avait raison mais... "C'est comme si je me rabaissais." Elle soupire encore une fois. Toujours le même refrain ! "Toi et ta fierté de merde, grandis un peu Cliff." Et boum, en pleine face. Je ne réponds rien à Annie parce que je sais qu'elle a raison. Je sais qu'il faut que j'arrête de réagir ainsi mais c'est hors de moi. En ce dimanche soir, j'ai éteins mon téléphone, je l'ai posé sur la commode d'Annie et j'me suis couché devant la télé toute la soirée, pour essayer de penser à autre chose.
Fin du flash-back

Adrian a l'air de s'en vouloir. Il m'explique encore une fois qu'il voulait seulement me protéger, et j'veux bien le croire mais c'est trop tard. Mes billets sont déjà achetés, mes affaires presque préparées, mes candidatures envoyées dans quelques cabinets de L.A. J'ai anticipé pour une fois parce que j'pense que je déménage pour de vrai cette fois. Je ne veux pas, je ne veux plus mais c'est comme si le retour en arrière est impossible à l'heure actuelle. Quand mon frère me dit qu'il ne décide plus rien, je le regarde droit dans les yeux et j'ai comme l'impression qu'il a l'air perdu. Pourquoi me raconte t-il qu'il ne décide plus rien de sa vie alors qu'il a toujours été confiant ? Il a toujours eu des plans B, il a toujours su quoi faire, quand et avec qui. Contrairement à moi, impulsif et con comme je suis. Je ne cesserai de me répéter : Mon frère est mon modèle, j'aurais tant voulu lui ressembler. Je ne parle vraiment pas du physique, je me trouve aussi beau que mon frère, voire même plus peut-être. Mais c'est un mec en or, il a toute les qualités qu'un avocat doit avoir. Mais il a l'air tellement faible aujourd'hui, comme s'il n'avait plus le contrôle de sa vie. "Comment ça tu ne décides plus rien ? T'as toujours les mains dans les poches, la tête haute Adrian. Je t'ai toujours vu comme ça, très confiant et sûr de toi-même." Il me dit de prendre soin de moi et j'commence vraiment à avoir mal. Je ne veux pas le quitter. Je ne veux pas quitter la ville, ni quitter mes amis ni ma soeur. Je veux toujours rester l'emmerdeur préféré de mon grand frère, je ne supporterai pas qu'il me remplace par Josh, ce qu'il risque de faire pour combler son manque. "Tu sais, j'aurais voulu qu'on ne se cache rien, secret professionnel ou non. Tout ça n'est pas dû à l'histoire avec Jay mec. Il fallait que ça pète un jour, et ça a pêté lorsqu'on parlait de ça, c'est tout." J'aurais voulu que mon frère ne me cache rien. "Tu ne m'as pas fait assez confiance, voire pas du tout peut-être."

Je me détachais de son regard sombre, enlevant ma main de sa joue, l'autre de son épaule, et je reculais de quelques pas. Il me dit alors qu'il ne comprenait pas pourquoi je disais ne plus décider de rien. Oui, lui il me pense fort, doté de la même force de caractère que notre père, l'avocat exemplaire... mais il ne connait pas l'homme, il ne le connait plus. Il ignore tout du frère, celui qui a de bons côtés, celui qui ne cherche que son bonheur. Celui qui l'a tant emmerdé toutes ces années, mais celui qui n'a jamais cessé de veilleur sur lui, comme un frère doit savoir le faire. Il ne connait de moi que celui qui lui a caché toutes ces choses, pour ne pas lui faire de mal. Il ne voit en moi que ce frère traître. A quoi bon essayer de le raisonner, de lui faire entendre le contraire de ce qu'il pense... tout est fichu. Il n'a plus confiance de toutes manières. "J'étais peut être ce mec là, il y a quelques mois... Aujourd'hui, j'ai bien changé." me contentais-je de répondre.

Je reculais de quelques pas, m'approchant de ses affaires une nouvelle fois. Je jetais un oeil à l'intérieur du carton, qu'il n'avait pas encore rempli. Puis je laissais mon regard balayer son bureau. Ses dossiers étaient bien rangés. Je l'écoutais me dire qu'il aurait voulu que l'on se dise tout, que l'on ne se cache rien. J'étais d'accord avec lui. C'est vrai. Mais il oubli peut être cette pudeur propre aux O'Conell, celle qui nous empêche de nous confier à n'importe qui, et surtout, aux membres de notre famille. Et il a raison de me croire fort, car c'est ce que nous faisons sans cesse, nous cherchons à paraître fort et intouchables, alors que nous sommes comme tout le monde. Il me dit alors que je ne lui faisais pas suffisamment confiance, ou même pas du tout. Je me mordais la lèvre, et soupirais. Mon regard se posa alors sur une feuille, posée sur son bureau. J'y reconnaissais le cachet de l'hôpital. Je faisais le tour du bureau, afin de voir de plus près ce fameux papier. Je découvrais alors qu'il s'agissait d'une ordonnance. J'attrapais le papier. Il s'arrêta de parler. Le silence s'installa tandis que je découvrais avec stupeur quelque chose que j'ignorais. Je soulevais l'ordonnance, découvrais alors une attestation de sortie de l'hôpital, à son nom... à la suite d'un accident. Je levais la tête, et le regard grave, je lui dis, en lui tendant le papier: " Que l'on ne se cache pas les choses? Toi tu ne me caches rien Heath', hein?!". J'attendais sa réponse, qu'il m'explique ce que tout cela signifiais. Que lui était-il arrivé? Pourquoi je ne l'avais pas su? "Qu'est ce que ça veut dire?" demandais-je, inquiet.

Il a bien changé, effectivement et je suis un des premiers à l'avoir remarqué. D'ailleurs, je me demande ce que pense Juliet de ce changement. Je ne l'ai pas vu depuis le nouvel an, ou presque pas. J'aimerais bien savoir comment elle va, surtout depuis l'arrivée de Sasha. Je me demande aussi comment mon frère se débrouille avec ces deux filles, comment il fait pour les gérer toutes les deux mais je ne pense pas que ce soit le moment pour en parler. "Bon, laisse moi terminer de ranger tout ça. Ne t'inquiètes pas, je sors avant..." Je m'arrête net lorsque je vois qu'il tient une de mes feuilles dans sa main. Il s'agit de l'ordonnance de l'hôpital et l'attestation de sortie qui va avec. Merde. Il y a un mois de cela, j'ai fait un accident de voiture avec Spencer et c'était grave. Enfin, pour elle ça l'était. Quant à moi, j'avais juste des problèmes de dos, des cicatrices au niveau du cou et du bras. Rien de très grave pour ma part. J'ai mis tout de suite Annie au courant, parce que "j'habitais" chez elle pendant cette période et elle était ma copine, je ne pouvais pas la laisser sans nouvelles. Elias l'a appris par Annie aussi, mais nous étions seulement les 4 à être au courant de cette accident involontaire. D'ailleurs, j'ai souffert pendant cette période aussi. Elias pensait que j'avais fait exprès ! Comme si j'étais assez intelligent pour planifier un accident. D'accord, je n'apprécie pas tellement Spencer mais je ne fais pas de mal aux amis de ma copine. Or, Scarlett est sa meilleure amie. Je soupire en regardant mon frère qui attendait mes explications.

"C'est rien, c'est passé." Dis-je en lui retirant la feuille des mains pour la mettre dans mon carton. D'ailleurs, elle ne me sert à rien, puisque je n'ai pas essayé de me guérir avec des médicaments lorsque j'suis sorti de l'hôpital. Je déteste me soigner mais heureusement qu'Annie a pris soin de moi les premiers jours. J'ai aussi suivi une kiné pendant une semaine supplémentaire parce que mon dos ne s'était pas arrangé. Encore aujourd'hui, Mme Sheppard veut me revoir mais je n'ai pas le temps pour elle, qu'elle s'occupe de son propre dos. A cause de son regard insistant, je me sens obligé de tout lui raconter. J'sais qu'il ne me laissera pas sortir de la pièce avant que je ne lui dise ce qu'il s'est réellement passé. Je soupire une nouvelle fois, m'installe sur ma chaise en face de mon frère et lève ma manche droite pour lui montrer les cicatrices que j'ai. J'ai gardé les points de suture presque deux semaines et j'suis retourné à l'hôpital avec Annie pour les fils. Je baisse ma manche et montre cette fois mon cou très rapidement, où il y avait deux grosses cicatrices. "J'étais en voiture, j'sortais de chez Annie. J'ai emprunté le petit chemin rapide... Tu sais, celui qui est étroit, là où va tout le temps acheter nos glaces en été." Dis-je en me rappelant de nos soirées avec ma soeur et mon frère, à trainer dans les rues avec nos glaces à la main. Je reprends. "J'roulais un peu vite, Spencer aussi d'ailleurs. Ah oui, parce que c'est avec Scarlett que j'ai fait l'accident. Elle était inconsciente pendant deux jours. Quant à moi, je n'ai que des cicatrices. Et un dos pété, mais ça on s'en fiche." Dis-je en ne prenant pas tout ça au sérieux.

"C'est rien, c'est passé"... quelle réponse! Non mais il pensait berner qui? Une ordonnance avec des traitements conséquents, une attestation de sortie après un accident... et j'ignorais tout. "Rien? T'es sur de ça?". Puis il se mit à me raconter son histoire, sans que je l'y oblige. De toute façon, il me connait bien, il sait que je n'aurais pas lâché le morceau avant d'avoir des réponses. Je l'écoutais, découvrais alors toute une période de sa vie que j'ignorais jusqu'alors. Un accident de voiture? Mais pourquoi Joey ne m'en avait pas parlé, pourquoi personne ne m'avait tenu au courant? Et comment se faisait-il que je n'avais rien vu, pas une blessure, rien sur la tronche de mon frangin. Il faut dire que ce dernier mois, on ne s'est pas vraiment croisé. Au travail, il restait dans son bureau, ne venait pas me saluer. Et aucun de nous ne rentrions à la maison, donc forcément, se voir était difficile. Je secouais la tête, essayant de comprendre. Il me parlait de ce petit chemin où nous achetions nos glaces en été, et je repensais à ces petits moments où nous n'étions que des gosses. On ne s'entendait déjà pas à cette époque, mais on se supportait facilement. Puis il dit avoir eu un accident avec Scarlett Spencer. Ca avait été grave pour elle... genre? Elle aurait pu finir entre quatre planches? Et il me dit que lui n'avait que quelques cicatrices, après avoir remonté sa manche, dévoilant l'un d'entres elles. Je faisais les gros yeux, intrigué, choqué. Je n'avais rien vu, rien...

Je me sentais totalement étranger, convaincu que j'aurais pu faire quelques choses, alors que pas du tout. Mais au moins j'aurais pu être auprès de lui, si nos querelles merdiques ne nous avaient pas éloignées. Et la simple idée qu'il ait pu risquer autant sa vie me faisait froid dans le dos. J'aurais pu perdre mon frère, sans même le savoir. Le même sentiment d'impuissance que lorsque ma mère est décédé remonta alors à la surface. Je serrais les points, et laissais mon regard se poser sur le bras de mon frère, puis sur ses lèvres. Il fini de parler, je tentais de lui répondre. Je balbutiais. "Je... je savais pas... Pourquoi personne ne m'a rien dit?". Et je comprenais peu à peu que tous mes problèmes, Sasha, Jay, Holden, Juliet, Joey... m'avait rendu aveugle de tout ce qu'il se passait autour de moi. Oui, je ne prêtais plus attention à personne, ni même à moi. Il s'était probablement passé bien des choses ces derniers mois, mais j'avais été incapable de m'en rendre compte, d'ouvrir les yeux, de me renseigner un tant soit peu. Et cet accident en faisait partie, la vie de mon frère aussi... Je m'en voulais, je culpabilisais de plus en plus. Je plongeais mon regard dans celui de mon frère. "Pourquoi tu n'as rien dit Heath'? Mais... tu vas bien quand même hein?" lui demandais-je, inquiet à son sujet. Oh, je sais qu'il me dirait d'aller me faire voir, que si je m'étais intéressé à lui bien avant, je l'aurais su, etc... Voilà, je n'étais pas à l'abris qu'il m'envoye sur les roses, mais après tout, puisqu'il partait, c'était peut être la dernière fois. Je soupirais une fois de plus, rien qu'à cette idée de devoir le laisser partir, alors que je me refuse d'y croire encore.

Je lui raconte tout et lui montre les cicatrices que j'ai eu suite à cet accident du matin. Je ne voulais affoler personne, parce que ça ne me semble pas si grave que ça. Il y a beaucoup pire dans la vie et j'ai d'autres priorités aussi. Je m'en fiche de mes cicatrices dans le cou ou de mon dos à moitié cassé. La santé avant tout, dit-on. Mais je respire bien, je marche correctement et c'est ce qui compte. "J'voulais pas que tu t'inquiètes Adrian." Dis-je tout simplement, en le regardant, presque affolé. Et puis, si c'est pour qu'il réagisse comme Joey, non merci. On m'a toujours dit qu'il était le mini Joey, parce qu'il lui ressemblait beaucoup au niveau du caractère. "Joey le savait... Il a juste soupiré, me faisant comprendre qu'il en a vraiment marre de moi parce que je cherche tout le temps les emmerdes."

Flash-back
"J'en ai ras le bol de toi et de tes conneries." "Qu'est ce que j'ai fait encore Joey ?" Je soupire en sortant de la boulangerie du coin, me dirigeant jusqu'à ma voiture, le téléphone toujours à la main. C'est bizarre que mon père m'appelle aussi tôt. "Qu'est ce que j'ai fait encore !" Répète t-il en m'imitant. Ce qu'il peut être chiant quand même quand il s'y met. Je ne réponds pas, le laissant continuer pour qu'il m'explique ce qu'il y a. "J'ai appris que t'étais à l'hôpital hier, t'as fait un accident, c'est ça ?" Ah, c'est donc ça le soi-disant problème. C'est donc ça ma connerie. Je monte dans la voiture qu'on m'a prêté, le temps que la mienne soit réparée à cause de cet accident. "Tu t'es inquiété c'est ça ? Arrête voir va." "Ne me parle pas sur ce ton Heathcliff. Dis moi, tu comptes reprendre le travail quand ? Parce que t'as des dossiers en cours, je te le rappelle !" "Au fait, je vais bien, ne t'inquiètes pas. Et je reprends mon poste lundi prochain, ne t'inquiètes pas pour mes dossiers. Salut." Connard.
Fin du flash-back

Quand je repense à cette conversation téléphonique, j'me dis que j'ferais mieux de partir loin d'ici quand même. Mon propre père ne m'aime pas, ne s'inquiète pas pour moi mais plutôt pour le cabinet et mes dossiers en cours, histoire de ne pas perdre de clients. Qu'il est con quand même. J'aurais tellement aimé qu'il change, qu'il soit différent, seulement pour une journée même ! Je rêve du jour où il m’appellera "mon fils". J'espère du fond du coeur ne pas lui ressembler. Adrian me sort de mes pensées en me demandant si je vais bien. Je ne veux pas que mon frère s'inquiète pour moi, "je vais bien." dis-je tout simplement. Je suis seulement perdu, je ne sais pas quoi faire de ma vie. J'ai l'impression de ne pas avoir une vie stable et ça me perturbe, moi qui a toujours été presque organisé. Je ne prévoyais pas de partir, je ne prévoyais pas de laisser Annie ici toute seule, je ne prévoyais pas ces baisers avec Evane. J'pensais avoir changer aussi, mais j'suis toujours le même con que l'année dernière et les années avant. "Et toi ? T'as l'air épuisé Adrian." Comme s'il en avait marre de beaucoup de choses. "Qu'est ce qu'il ne va pas ?"

Il ne voulait pas que je m'inquiète... Il ne voulait pas que je m'inquiète? Il plaisante? S'il lui arrivait quelque chose, ça me tuerait. Rien que l'idée de le voir trainer avec Jay ne me rassurait pas il y a quelques temps, alors l'imaginer avoir un accident de voiture, c'était juste flippant. Alors si, je m'inquiète. Puis il enchaine en disant que Joey le savait. Mais putain, pourquoi personne ne m'a rien dit? Même lui, Joey, il aurait pu m'en informer, au moins me dire que tout allait bien, que rien n'était grave. Parce que je connais Heathcliff, il peut faire genre que tout va bien, alors qu'il est au bord du gouffre. Sur ce point, on se ressemble bien tien ! "Dit le mec qui n'est même pas capable de tenir une famille en bonne état! Il ferait mieux de fermer sa bouche des fois!" lançais-je au sujet de Joey, et réagissant aux précédents propos de mon frère. Je levais les yeux aux ciels, puis passais mes mains sur mon visage en lâchant ma tête en arrière. J'étais épuisé, triste, et vraiment sur les nerfs. Je demandais à mon frère si tout allait bien, il me le confirma. J'attrapais son bras doucement, pour examiner de plus près cette fameuse cicatrices. Il avait dû avoir mal. Je me souvenais alors qu'un mois plus tôt, j'avais été violent avec lui, lui faisant cogner sa tête contre l'accoudoir du canapé. Je m'en étais voulu, parce que je savais que je lui avais fait très mal.

Je relevais la tête en sa direction, et reculais de quelques pas. Ma gorge était nouée, mais non, je n'avais pas envie de craquer. Non je chialerai un bon coup quand il sera monté dans son avion, et qu'il sera parti. Je ne peux pas craquer devant lui, lui qui me trouve si fort. Il ne faut pas que je le déçoive hein! Alors je ravale mes sanglots naissant et ma salive, avant de détourner le regard.

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Flash Back - 1999

Joey - Un homme ne pleure pas Adrian...
Adrian - Je suis pas un homme papa.
Joey - Et tu es quoi? Je sais que ta mère te manque. La vie n'est pas facile pour tout le monde. Regarde moi (il me prit par le menton et plongea ses yeux dans les miens), moi aussi des fois j'ai envie de pleurer, de baisser le bras. Mais les O'Conell sont forts, les O'Conell... ne pleurent jamais. Le jour où tu pleurs, alors tout le monde te prend pour un faible, et profite de toi. Et tu ne dois pas les laisser te marcher dessus. Sinon tu n'es pas digne d'un O'Conell tu m'entends.
Adrian - Oui Papa...
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"Et toi, tu a l'air épuisé...", ah bon? Il l'a remarqué? Bien, maintenant comment lui dire que Juliet est enceinte? Comment lui dire que son départ me bouffe, que je n'en dors plus la nuit. Comment lui demander son soutien alors que tout nous oppose? Je n'avais pas envie d'entrer sur le sujet, je préférais attendre... mais j'étais forcé d'admettre que non, ça n'allait pas. Mon père m'aurait tué en me découvrant si faible, même face à mon père. "Si, ça va ..." disais-je à voix basse. Heath' me fit les gros yeux, il voyait certainement que quelque chose ne tournait pas rond. Je haussais les épaules, ne sachant quoi lui dire. Je plongeais mes mains dans mes poches, ne sachant plus qu'en faire. "Avant que tu partes, je dois te dire quelque chose... Quand j'disais que t'aurais dû te barrer à Los Angeles, j'avais tord... Je n'en pensais pas un mot. J'voulais juste que tu le saches, que ce soit bien clair entre nous...". Je m'approchais de lui une nouvelle fois, et sans montrer une quelconque résistance, il se laissa prendre dans mes bras... En même temps, je ne lui avais pas vraiment laissé le choix. Je le serrais un instant contre moi... Etrange, je n'avais jamais montré un tel signe d'affection à mon frère. Puis je me détachais de lui, tapota une nouvelle fois sa joue, et lui murmura "Je suis vraiment désolé Heath'...". Je lui fis un sourire timide, puis me mis à marcher vers la porte pour rejoindre mon bureau. Il valait peut être mieux que je sorte de là, avant d'exploser en vain.

Quand on parle de Joey, j'ai le coeur qui bat plus vite, je ne sais pas pourquoi. J'aimerais ne plus en parler, être adopter par une autre personne, comme la famille Cleavers par exemple. Mais ce mec me suivra toute ma vie j'ai l'impression, je vais devoir le supporter jusqu'à la fin de mes jours. Finalement, déménager à L.A n'est pas une si mauvaise idée que ça, puisque j'éviterais totalement ce mec qui me sert de père. L'éviter... C'est une chose qu'Adrian n'a jamais réussi à faire et ne réussira jamais. Il ne faut pas l'oublier, mon grand frère est le seul héritier de la famille, je suis une merde à côté de lui. Donc forcément, mon père compte beaucoup sur l'ainé et ne le laissera jamais tomber. Courage mec ! Adrian examine mon bras quelques secondes mais je le retire rapidement sans dire un mot. Je ne veux plus qu'il me touche, depuis la fois où il m'a explosé la tête. Bon d'accord, il ne m'a rien fait de grave mais je ne m'attendais pas à ça. Plus de peur que de mal.

Quand j'regardais mon modèle, j'savais très bien que ça n'allait pas. Il n'avait pas cette belle gueule de tous les jours et j'me posais des dizaines et des dizaines de questions. Le problème venait de Juliet ? De Sasha ? De la famille ? Du cabinet ? Aucune idée. Mon frère a toujours su comment gérer sa vie mais il a l'air tellement fatigué de tout contrôler qu'il se laisse aller, on dirait. "Tu me fais presque peur, Adrian." Dis-je en m'inquiétant réellement pour lui. C'était un jeune de 25 ans, avec une fiancée qu'il aimait plus ou moins, une situation stable dans son cabinet, et sa famille proche de lui. Quel problème pouvait-il avoir à son âge ? Il a la belle vie normalement, il est riche et travaille quand il veut, dans le domaine qui lui plait. Il a une fiancée qui est toujours aux petits soins. Qu'est ce qu'il demande de plus ? De quoi se plaint-il et pourquoi parait-il si malheureux ? J'me pose trop de questions. Je continue de ranger mes affaires quand mon frère reprend la parole. Tout ce qu'il me dit me touche sincèrement et je ne pensais pas entendre de telles paroles un jour. Il s'approche de moi et je me laisse glisser dans ses bras. Je ferme les yeux quelques secondes pour rester fort jusqu'au bout, parce que ce geste me touchait énormément. Se prendre dans les bras comme on le fait maintenant ? C'est très rare chez les O'Conell. J'suis tellement touché que j'sais pas quoi dire. Je le sers fort contre moi aussi, et nous restons quelques instants dans cette position, comme si c'était la dernière fois qu'on se serrait dans nos bras. Comme si c'était une de nos dernières conversations, nos derniers mots, nos derniers instants. Il se détache de moi et s'excuse. Je me mords la lèvre inférieur, pour ne pas craquer. Mon frère va me manquer, merde. C'est lui qui va le plus me manquer j'crois même. Je l'aime, même si je ne le lui dis pas assez - voire pas du tout -, je lui prouve mon amour autrement et lui fait pareil. J'ai limite pas envie de partir, rester ici avec lui et essayer d'être comme avant, mais ça risque d'être difficile avec le caractère que l'on a tous les deux. Je ne dis rien, parce que j'ai peur de chialer comme un goss si je me mets à parler. Mon frère me fait beaucoup de mal en m'avouant toute cette vérité. En fait, il me fait autant de bien que de mal et c'est pour ça que je l'aime. Il se recule encore et sort de mon bureau. Je reste là, planté pendant quelques secondes pour me ressaisir. Il ne faut pas que je craque devant lui, sachant que la secrétaire n'est pas loin, elle aussi. J'veux pas me rabaisser alors je dois ravaler mes larmes.

J'ouvre grand ma fenêtre pour prendre l'air quelques minutes et je la referme parce qu'il fait trop froid. Ca m'a fait du bien. Je sors de mon bureau et je rejoint mon frère dans le sien. Il est là, assis sur sa chaise, feuilletant des dossiers. "Qu'est ce qu'il y a putain Adrian, il est où le problème ?" Dis-je en attendant devant la porte. Je regarde derrière moi la secrétaire qui faisait semblant de bosser alors que j'sais très bien qu'elle nous écoute. J'avance et je ferme la porte derrière moi. "Je ne sors pas de ce bureau tant que tu ne m'as pas expliqué."

Lorsqu'on était petit, Franny nous emmenait souvent au parc pour enfants. Franny, c'était ma mère. On y restait pendant des heures. Heath' et moi jouions au baseball, Claire, elle, n'était encore qu'un bébé. Je me souviens de cette époque, et parfois j'aimerais pouvoir retourner en arrière, revoir ma mère, dans cette grande maison à Boston. J'aimerais la sauver des flammes, et ne jamais la voir partir. Sa mort est probablement ce qui a tout changé dans nos vies, nos relations les uns avec les autres. Avant ça, on était juste une fratrie comme toutes les autres, mais on s'entendait bien. Quand ma mère est décédée, nous nous sommes presque retrouvés livrés à nous même. Joey n'était jamais à la maison, nous passions nos soirées avec notre gouvernante. Et quand notre père était à la maison, il nous traitait comme des chiens. Je ne sais pas si ce que l'on dit est vrai, si les morts nous observent depuis les nuages, mais j'imagine que si c'est le cas, ma mère doit être autant déçue de lui que nous le sommes. Joey n'a jamais été un père tendre avec aucun de nous. J'tétais peut être l'exception dans son désintéressement de la famille. Sévère avec moi, il a quand même été derrière mois pendant de nombreuses années et je ne peux le nier. Mais cette différence entre Heathcliff, Claire et moi n'a fait qu'envenimer nos relations. J'attirais leur jalousie, et je faisais comme mon père, je ne m'intéressais pas à eux... Pas que je n'en avais pas envie, juste parce que je ne savais pas quel comportement adopter avec eux, ils me détestaient déjà.

Les choses étaient dites. Je n'avais pas envie qu'il parte, mais cette fois ci je n'arriverais pas à le convaincre de rester. Après une brève accolade, je m'étais détaché de lui pour rejoindre mon bureau. Je m'asseyais dans mon fauteuil, et me tournait dos à la porte pour ranger les dossiers qui trainaient. J'étais silencieux, j'avais l'impression que le temps s'était arrêté. La porte s'ouvrit derrière moi, la voix de Heathcliff retentit. Toujours dos à lui, il me demanda quel était la vrai problème. Il avait flairé quelque chose! Je ne répondis pas, et je restais dos à lui, assis dans mon siège. Il ferma alors la porte et me dit qu'il ne s'en irait pas tant que je ne lui aurais rien dit. J'étais cuit, il fallait que je parle. A cette instant, je savais que je n'allais pas tarder à littéralement craquer. La pression de ses derniers jours me rendait de plus en plus faible. La situation était telle que toute ma vie était désormais remise en question. Il fallait faire une croix sur mes plans, sur Sasha. J'allais être papa, je n'avais pas le droit de me comporter comme Joey... Les larmes étaient inévitable, elles commencèrent à couler sur mes joues. Je ne voulais pas me retourner et faire face à Heath', je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état. J'essuyais du revers de ma manche mes yeux, et soupirais. Je fini par ouvrir la bouche, et dire: "Juliet... Juliet est enceinte."

Juliet est enceinte. Voilà ce que mon grand frère venait de me dire. Voilà ce qui le tracassait depuis quelques temps. Je comprends beaucoup mieux son comportement maintenant. Je reste tout de même choqué, vraiment surpris d'apprendre cette grossesse. A ce que j'ai compris, mon frère ne veut pas de cet enfant. Je comprends très bien, ça fait tellement peur.

Flash-back
"J'suis enceinte, Cliff." Le bout de viande que je mangeais a dû mal à passer. Je tousse un peu et je regarde Joy avec de grands yeux. Je ne pensais pas apprendre ce genre de nouvelle, alors que je ne vois Joy qu'une fois par semaine, vu qu'on entretenait une sorte de relation améliorée, sans que son frère se doute de quelque chose. "Je rigole mec, t'étouffe pas." Dit-elle en rigolant. Faut pas me faire ce genre de blague, merde. J'ai vu toute ma carrière professionnelle s'envoler, tout mon avenir changer, mes plans tomber à l'eau. Avoir un goss ? Non, ça ne m'a jamais traversé l'esprit et Joy est la première à le savoir. "Plus jamais Joy." J'ai vraiment flippé en apprenant que j'allais soi-disant devenir papa. Je ne voyais plus mon avenir pendant ces quelques secondes, tout était noir.
Fin du flash back

En repensant à ce moment avec Joy, une fille avec qui je partageais mon lit, qui est soit dit en passant celle qui fait galérer ma soeur parce qu'elle en est amoureuse, j'ai des frissons. Je comprends tout à fait mon frère, je comprends son comportement, sa réaction, sa déception. Il m'avait l'air perdu et tout vient de se confirmer. Qu'est ce qu'il va faire du goss ? Enfin, j'veux dire, pourra t-il prendre de nouvelles responsabilités ? A t-il la force et le courage de s'occuper d'un bébé ? Acceptera t-il cet enfant ? Beaucoup de questions trottent dans ma petite tête et j'suis sûr que mon frère ne pourra même pas m'en donner les réponses. Il a l'air perdu, sans solutions. "Il est de... De toi ?" Dis-je bêtement. Bien sûr que Juliet est enceinte de lui, quelle question ! Ce n'est pas le genre de fille à tromper mon frère, elle en est trop amoureuse pour aller voir ailleurs. J'avance doucement jusqu'à mon frère qui a toujours le dos tourné et je m'installe sur une chaise. J'sais pas du tout quoi lui dire mais il faut que je dise quelque chose. "Tu l'as appris quand ?" J'suis sûr qu'il le sait depuis un moment mais il a préféré garder ça pour lui. C'est difficile d'en parler. En fait, c'est déjà difficile de l'avaler, de s'en rendre compte. Surtout pour mon frère, lui qui avait un avenir déjà tracé. Comment va t-il faire maintenant qu'il va être papa ? Et je vais avoir un neveu ? Heureusement qu'Annie ne veut pas d'enfant, bien que les accidents arrivent très vite. "Tu comptes faire quoi ?"

Le temps s'arrête, vous fermez les yeux, et vous oubliez le monde qui vous entoure. Il n'y a rien qui peut vous faire flancher, vous êtes seul, seul dans votre bulle, seul par la pensée. Et maintenant, que faites vous? Rien, puisqu'il n'y a rien à faire. Vous êtes ce pion sur l'échiquier, cette particule infime de la planète terre. Bientôt face à vos responsabilité, vous avez deux choix, faire le dos rond, ou assumer. Moi, j'ai choisi d'assumer, car je ne me vois pas faire comme si de rien était. Cet enfant aura besoin de ses deux parents. Juliet soulignait le fait qu'il ne serait pas bien pour lui de grandir au sein d'une famille qui se déchire. Faux, il faut que l'on sache aussi mettre nos différents de côté pour offrir toutes ses chances à cet enfant, et arrêter d'agir comme de pauvres égoïstes... moi le premier.

Si seulement j'avais du temps pour m'y préparer... mais non, la grossesse de Juliet ne durerait pas neuf mois comme toute grossesse normale... enfin si, mais il nous reste un mois et demi avant la naissance du petit. Juliet a fait un déni de grossesse. Trop tard pour avorter, trop tôt pour se préparer à l'arrivée d'un enfant. Forcément, j'étais complètement perdu. Il fallait que je prenne vite les choses en mains, je n'avais pas le droit de me planter cette fois ci.

J'étais là, assis dans mon fauteuil, dos à Heathcliff. Je pleurais comme un enfant, je perdais tous mes moyens. Je tentais de dissimuler mes larmes, les essuyais le plus rapidement possible. Non, je craquais, et cette fois ci, en beauté. Heath' s'approcha de moi, s'installa sur une chaise juste en face de moi. Je baissais la tête. Il me demanda si l'enfant était de moi. J'hochais la tête pour le confirmer. "Oui... sauf preuve du contraire.". Oui, je doutais fortement que Juliet ait été voir ailleurs. Et même si tout n'allait pas dans notre couple, nous continuions à avoir des rapports sexuels régulièrement. Je ne doutais pas d'elle, que cet enfant ne soit pas de moi m'étonnerait fortement ceci dit. Heathcliff me demanda ensuite depuis combien de temps j'étais au courant. Je soupirais, et lui répondit: "Deux semaines... Un matin, Andrew m'a envoyé un message pour me dire que Juliet avait fait un malaise, je me suis rendu aux urgences et le docteur venait de lui annoncer sa grossesse... et son déni de grossesse. Le gosse sera là dans un mois et... bref, je sais pas comment je vais faire Heath'.". Je ravalais les sanglots, reniflais, continuais à essuyer mon visage. Jamais mon frère ne m'avait vu dans cet état si ce n'est le jour où nous avons enterré notre mère. Je disais ignorer ce que j'allais faire, mais Heath' voulu en savoir davantage. Il se demandait si j'allais m'occuper du bébé, assurer son éducation, ou peut être me la jouer à la Joey O'Conell, et totalement foirer ma paternité. J'haussais les épaules avant de répondre: "Je ne sais pas... De toute façon, je n'ai plus le choix. Je ne voulais pas être père à 25 ans, je ne sais même pas si j'ai eu un jour envie d'avoir des enfants... mais là, c'est inévitable. Il faut que j'assume, c'est tout... oui, c'est tout ce qu'il y a à faire."... Je relevais la tête, et plongeais mon regard dans celui de mon frère. Nous n'avions pas été aussi proche en cet instant, c'était rassurant, après le mois horrible que nous avions passé à nous ignorer comme des gosses.

Mon frère le savait depuis deux semaines et il m'en a pas parlé avant. J'aurais aimé qu'il me fasse un peu plus confiance et m'explique toute cette histoire de A à Z. Quand il me parle de déni de grossesse, j'fais les gros yeux. Le bébé sera là dans un mois et quelques jours. Je n'arrive pas à y croire. Adrian a dû être vraiment choqué en apprenant la nouvelle. Voir - et entendre - mon frère pleurer me fait mal au coeur, je n'arrive pas à supporter. J'suis aussi à deux doigts de craquer et j'crois que si je le fais, on va pleurer ensemble, dans les bras l'un de l'autre comme deux enfants. Il ne faut pas que je craque, bien que cela reste difficile. Je n'avais pas vu mon frère dans une telle situation depuis très longtemps : Comment va t-il faire ? Quelles décisions ont-ils pris ensemble ? Comment va t-il gérer son travail et sa famille en même temps ? Et question plus importante : Que devient Sasha ? Je ferme les yeux quelques secondes pour m'en remettre et je prends mon courage à deux mains, je ravale ma fierté et je décide de faire un pas vers mon frère. Poser ma main sur son épaule droite. Chose que je n'aurais jamais faite aujourd'hui puisqu'on était en froid. Il m'explique ensuite qu'il devra assumer ce bébé, chose que je comprends totalement. Il est hors de question qu'il abandonne cet enfant qui est sûrement de lui, hors de question. Je ne sais même pas quoi lui dire, j'suis actuellement dans un état de choc mais j'essaye de rester fort face à mon ainé. "C'est pas aussi grave que ça Adrian, c'est... Dis toi que c'est le destin. C'est ton destin, tu ne le choisis pas, il est déjà tracé." Oui j'y croyais au destin, j'me dis tout le temps que tout est écrit, comme dans un livre et ce chapitre est difficile à vivre. Je le laisse pleurer, parce qu'il se retient tout le temps et il était tant qu'il pète. Qu'il le fasse, sans avoir honte de le faire en face de moi.

"Un bébé. Dans un mois, merde. J'sais pas comment on va gérer ça, mais j'suis là." Ou pas. J'compte partir à L.A, comment j'compte gérer ça avec lui, comment j'compte l'aider dans ce chapitre ? Aucune idée, parce qu'il me sera impossible de l'aider à distance. Et si je restais, pour lui ? Non, c'est impossible. Oublions tout de suite cette idée, mon billet est acheté et mes affaires sont préparés. J'étais triste pour lui, je n'imaginais pas cette vie pour lui, je ne voyais pas cet enfant arriver. Pas avant cinq ans au moins. Je m'approche de lui et le prends dans mes bras. Oui, j'sais pas ce qu'il me prend mais c'est plus fort que moi. Je n'aime pas du tout voir mon frère dans cette situation et j'veux pas qu'il se sente seul dans ce bureau. J'suis là pour lui, je l'aime et je sacrifierais beaucoup s'il me le demandait. Sauf qu'il ne sait rien de tout ça. J'serais même prêt à lui donner ma vie s'il le fallait, mais hors de question de lui en faire part. "J'vais être... Tonton ?" J'suis carrément trop jeune pour avoir un neveu et Adrian pour avoir un enfant.

A vrai dire, peu de monde était au courant au sujet de la grossesse de Juliet. Sasha le savait, j'avais été contraint de le lui avoué. Après quoi elle m'avait embrassé, ce qui avait eu le don de me faire perdre les pédales une fois encore. Jay le savait aussi. Oui, mon ennemi d'antan, j'ai bien dit Jay Black. Après la soirée que nous avions passé au café, après avoir découvert le corps inerte d'un homme dans les ruels proches de Justice Street, nous avions été au café. Comme des amis, nous avions discuté, du départ de Heath' et comment faire pour le retenir, puis de la grossesse de Juliet. Les conseils d'un homme déjà père étaient les bienvenus dans ce genre de situation. Je n'en avais même pas parlé à mon meilleur ami Holden... mais il ne pourrait pas comprendre. Pour lui, il serait difficile d'accepter qu'une nouvelle personne requière toute mon attention. Heath' était seulement la troisème personne à l'apprendre. Je ne pouvais pas le cacher à ma famille, donc il faudrait que je me décide à tout dire, rapidement. Mais cette nouvelle était si surprenante que j'avais aussi peur de l'annoncer que d'avoir cet enfant.

Je séchais mes larmes de gosse, lorsqu'Heath' posa sa main sur mon épaule. Lorsqu'il me parla de destin, je ri nerveusement. "Je m'en serais bien passé du destin pour le coup!" lançais-je en lui adressant un sourire. J'haussais les épaules, et restais silencieux, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. Lui dire pour la grossesse de Juliet m'enlevait un sacré poids, même si je savais que le pire restait à venir: Joey. C'est con à dire, mais le p'tit Heath' va me manquer s'il part. Disons que rien ne sera plus pareil une fois qu'il aura pris cet avion. Il dit alors qu'il serait là. Je secouais la tête, et levais les yeux au ciel. "Tu seras là? A l'autre bout du pays hein? J'appel pas ça être là frangin... Excuse moi, j'ai tellement de mal a accepter tout ce qu'il se trâme autour de moi en ce moment. T'inquiètes pas Heath', j'arriverai à me débrouiller seul, comme la plus part du temps." . Oui j'aurais tellement souhaité qu'il soit sérieux lorsqu'il dit qu'il sera là. Je voulais juste qu'il jette ces foutus billets à la poubelle, et qu'il soit vraiment là. Avec Heath', je me sens à la fois fort, et face à lui, tellement faible. Pour preuve, cet excès de violence lors de notre dernière dispute. J'avais complètement perdu mon sang froid face à lui...

Je l'aime le p'tit frère, même si beaucoup de chose nous séparent. Je crois que je m'en suis vraiment rendu compte ces derniers mois. C'est comme si quelqu'un avait enfin réussi à me montrer que je pouvais ressentir des choses pour les gens qui m'entoure. Avant ça, je ne voulais pas le voir, parce que le voir, c'était l'accepter. Alors je niais tout amour propre, tous sentiments pour Claire et Heathcliff, parce que j'avais toujours été ce grand frère qui s'en fou... J'avais été ce Joey 2, la copie conforme de son caractère et ses attitudes envers le reste de la société, envers les siens. J'aimais la force de caractère de Joey, mais je déteste sa pudeur.

Heath réagit enfin à la nouvelle, me demandant s'il allait être tonton. Je hochais la tête, et esquissais un sourire timide. "On dirait bien oui." affirmais-je. Puis j'ajoutais "C'est un p'tit gars..."

Mon frère rit nerveusement quand je lui parle de destin. J'aurais tellement voulu être là pour lui ! Je ne voulais même plus partir, je ne pouvais pas le laisser dans cette situation. Mais faire demi tour est impossible, c'est comme si je me rabaissais et ce n'est pas dans mes habitudes. Et tout le monde est au courant de mon départ, tout le monde ou presque. Evane m'en veut de partir comme un lâche. Leonor me le reproche aussi. Sans compter Clairou, Annie et mon frère. D'un autre côté, j'ai l'impression que beaucoup fêteront mon départ et j'pensais qu'Adrian serait le premier mais ses excuses de tout à l'heure prouvent le contraire. "Tout arrive en même temps, on dirait. On a passé un début d'année de merde !" Autant lui que moi. J'avoue que ce qu'il traverse en ce moment n'est pas comparable à ce que je vis mais j'ai pas la belle vie non plus. J'espère juste que ça va passer, ce n'est que de passage. Quand j'regarde mon frère au fond des yeux, j'ai comme l'impression qu'il ne veut VRAIMENT pas que je parte et ça me perturbe ! Ca perturbe toutes mes décisions et ça ne me facilite pas la vie. Je n'ai pas envie de laisser mon frère tout seul. En plus, j'ai merdé avec Annie et je ne dois certainement pas quitter la ville avant de tout lui avoir raconté et avant qu'elle m'ait donné une seconde chance - Si elle me la donne. "Y'a quelques jours encore, Annie me retenait beaucoup. Annie, toi et Clairou. Maintenant on dirait qu'il y a que toi qui ait besoin de moi."

Je reviens sur le sujet plus important de la journée : Le nouveau et premier des bébé O'Conell. Je vais vraiment devenir tonton. Très rapidement en plus ! Moi qui pensais qu'un bébé arrivait en neuf mois, les choses s'accélèrent chez nous. Un mois. Quelques semaines, ça veut dire et on sera un O'Conell de plus sur cette Terre - si on ne compte pas les autres enfants cachés de Joey. Parce que oui, il nous en a caché un, on ne sait jamais s'il y en a d'autres lâchés dans la nature. Un petit garçon, me dit-il. "Une idée du prénom ?" Qu'ils ne l'appellent pas Joey Junior ou une betise de ce genre. Juliet va lui trouver un beau petit prénom, j'en doute pas. "Comment tu vas faire Adrian ? On sait pas s'occuper des bébé, on a jamais appris ça. Et Joey va pété un câble, tu comptes le lui dire comment ?" J'ai toujours eu l'habitude de dire "on" quand je parle de mon frère, parce que j'ai toujours été là pour lui, directement ou indirectement. Je ne prouve pas souvent mon amour mais il sait au fond que je tiens beaucoup à lui et que je l'aime malgré tout.

On avait passé un début d'année de merde... effectivement. Je ne suis pas superstitieux, mais le nombre 13 ne semble pas porter chance ! Enfin, mon petit père naitra d'ici quelques semaines, je croise les doigts pour que la chance nous sourit un peu plus en Février. Avoir un enfant, je n'y ai jamais pensé. Et plus j'y pense, plus j'ai peur. Mais au delà de la peur, je ressens enfin l'envie d'élever ce petit garçon. C'est un garçon oui, et je ne pouvais pas être plus heureux. Même si cette nouvelle m'avait cloué au sol, le fait d'imaginer que je vais avoir un petit O'Conell est une belle pensée. Je tâcherais de l'élever, de lui donner l'amour que Joey ne m'a jamais donné. Je veux être un autre homme pour cette enfant, un homme responsable, aimant, respectable. Si je n'ai a faire mes preuves pour personne ici, il le faut pour ce petit. J'espère qu'il me ressemblera, et j'espère qu'il aura plus le caractère de Heathcliff que le mien. Nul doute, il sera parfait. "Je ne te le fais pas dire... J'espère juste que les choses s'arrangeront bien vite." .

Heathcliff prit cet air grave, comme si il remettait tout en question. Lorsqu'il dit qu'Annie, Claire et moi le retenions dans son envie de partir, puis finalement que je n'étais plus que le seul à l'en empêcher, je me sentis fier dans un premier temps, puis soucieux. Je voulais qu'il soit certain de partir, qu'il n'ait pas à faire marche arrière une fois qu'il serait là bas. Mais j'avais encore la conviction que je pouvais le retenir ici, et que les choses s'arrangerait quoi qu'il advienne. "Les grands frères s'inquiètent pour leurs petits frères Heath, les grands frères cherchent à les protéger... parfois ils peuvent se tromper et faire n'importe quoi. J'ai fais de la merde du début à la fin frangin, mais je t'interdis de penser que je me fous de toi, que je cherche à te trahir. Tu peux compter sur moi, même si tu me détestes, même si je suis la dernière personne a qui tu voudrais demander de l'aide... Je ne baisserais pas les bras. O'Conell pour toujours.". Je me levais de ma chaise, et arrangea mon costume en commençant par le col. Je passais ensuite ma main dans mes cheveux et fini par ouvrir la fenêtre de mon bureau. Là, je sortais une clope de mon paquet, et l'allumais. Que j'en profite, j'avais en tête l'idée d'arrêter de fumer lorsque Logan serait né.

Heathcliff me demanda d'ailleurs si j'avais une idée de prénom. Juliet et moi en avions discuté quelques jours plus tôt, et étions très vite tombé d'accord. Quand nous avions 14 ans, c'est à dire, lorsque l'on s'est rencontré, nous avions été dans un camp de vacance pour riches, forcément. Là bas, nous nous étions lié d'amitié avec un garçon de notre âge. La fin de la colonie arriva, il était temps pour tout le monde de rentrer chez soi. Nous nous étions tous promis de nous retrouver ensemble l'été d'après. Mais sur le trajet du retour, notre ami et son père ont eu un accident de voiture, et nous ne l'avons jamais revu. Il s'appelait Logan, il avait notre âge. Ainsi, il y a quelques jours, Juliet et moi avions décidé d'appeler notre fils en la mémoire de cet ami, que nous avions pourtant si peu connu, mais qui nous avait laissé un souvenir inoubliable. "Logan... ton neveux s'appellera Logan O'Conell." affirmais-je le sourire au lèvre.

Heathcliff s'inquiéta ensuite de savoir comment "on" allait faire pour s'occuper de cet enfant. C'est vrai, quand nous étions ensemble et que quelque chose concernait l'un, alors il concernait automatiquement l'autre. Depuis la mort de notre mère, nous avions toujours considéré que les problèmes de l'un touchait l'autre, et que nous ne devions pas nous laisser couler. Cette solidarité fraternelle n'apparaissait pas aux yeux des autres, car nous ne donnions pas l'impression de nous aimer. Mais dernière ces sentiments cachés, nous savions comment compter l'un sur l'autre. C'est peut être ce qui faisait le plus de nous des frères. Et ce "on" me laissait penser qu'il allait peut être rester ici à Magnolia, mais je ne devais pas me faire trop d'espoir. Et c'est vrai, mon père, comment lui annoncer la nouvelle sans risquer la tempête? Je ne savais pas comment m'y prendre, et même si je semblais me moquer de sa réaction, je flippais comme si j'étais un jeune homosexuel prêt à faire son coming out. "Je vais apprendre, comme tout le monde. Et puis ce n'est pas comme si j'étais seul, il y a Juliet, Andrew... et j'espère qu'il pourra compter sur son oncle Cliffcliff...". Je tirais quelques lattes sur ma cigarette, et repris la parole: "Je sais pas comment je vais le dire à papa. De toutes façons, je ne peux pas y aller par quatre chemins, il faudra qu'il le sache très vite...".