Le réveil sonna dans la chambre. Il était 7h00. Un grognement s'échappa de ma gorge, tandis que je me disais que ce matin, je n'avais pas envie de me lever. Mais il le fallait bien ! Qui plus est, je n'étais de service que ce matin, alors je pourrais me reposer cet après-midi. bien que ce soit plus sympa de pioncer jusqu'à midi, ou au moins dix heures !

Bref je me levais, laissant ma compagne dormir. Je pris une bonne douche bien chaude histoire de ma réveiller, m'habillais et filais. Oui, je ne prenais pas mon petit-déjeuner ce matin. car on était mercredi. Et le mercredi, je passais par l'allée de l'église, où il y avait un vendeur de pâtisseries que j'adorais. Autant en profiter pour prendre un café en route donc.
tout ceci fut vite fait, et les cours commencèrent pour les braves étudiants de l'Université de Magnolia. J'avais une licence de médecine, comme mes parents l'avaient souhaité, mais je ne m'en servais pas. du moins pas encore, préférant passer mes journées avec de jeunes gens, plus abordables et moins prenant que des patients avec un bobo à la tête ! J'aimais bien ce travail de surveillante, les gens pouvaient se montrer sympathique, surtout que j'avais de l'autorité ! Étrangement, c'était les jeunes hommes qui se montraient rebelles afin de passer par le bureau, pour ensuite se calmer, voire me faire du charme. Rare sont ceux qui savent que je suis en couple avec une femme. Et c'est très bien comme ça, pas la peine d'avoir encore des remarques, le quartier où l'on s'était installé regorgeait d'assez de débiles !

...

Après une matinée tranquille, j'appelais Jane, tout en sortant du bâtiment principal. Ce fut bref, car je voulais déjeuner avec elle, mais elle n'était pas libre. Tant pis donc... Repas solo. Je tiquais à cette idée. J'avais envie de la voir !
Je me dirigeais donc, seule, vers le parc, m'arrêtant à la petite boulangerie d'à côté afin de prendre un sandwich et une cannette de Coca Cola.
Et je commençais à déguster mon maigre repas, tout en allumant une cigarette, pêché auquel je voulais renoncer. Mais pas de suite. On verrait à la fin de l'année scolaire. Mon briquet ne s'allumait pas, manque de gaz. Roh décidément ! C'était pas génial, surtout pour passer le temps jusqu'à ce soir, de me retrouver dans les bras de mon adorée. Qu'allais-je pouvoir faire...

Le parc, ses arbres colorés, ses parterres fleuris et ses chemins de pavés. Voici le paradis à l'écart du bruit incessant de la ville. Vous y trouverez sur ses bancs, quelques mères parlant de leur foyer tout en observant leurs progénitures. Il y aura également quelques solitaires en quête de repos. Puis, à l'abri des arbres, tout près des chemins parcourant cet Éden, de petits groupes d'étudiants s’amusant dans leur monde dérangés par des apparitions soudaines de joggeurs. Enfin, dans les entrailles de la végétation, des amants. Ou plutôt aujourd’hui, un amant ou encore un ange s’étant écrasé sur le sol : Une clairière verdoyante, parmi l’herbe foisonnante se mêlent des mèches blondes. Holden est allongé, sa chemise entrouverte sur son torse, laissant apparaître sa croix de baptême rattachée à son coup par une chaîne d’argent. Soudain ses yeux frémissent…

Le soleil me brula les yeux. Je les entrouvrais péniblement ne sachant plus où je me trouvai. Après mettre habitué à cette insupportable clarté, je me relevai enfin. De l’herbe, des arbres, le parc, lui, elle… Tous mes souvenirs de la veille remontaient sans laisser de répit à mon cerveau encore embué d’alcool. À présent j’étais seul. Je portai la main à mon visage et rencontrai une bosse au niveau de la commissure des lèvres, côté gauche. J’étouffai un gémissement, le sang glissant sur mes doigts : ce salaud m’avait laissé un souvenir avant de partir. Je me maudissais pour n’avoir fait meilleur choix au bar et me levais quand mon regard s’accrocha à un éclat de lumière entre deux touffes d’herbe : une bague… Je la ramassai :

« Pourquoi t’as pas disparu comme l’autre débile tout simplement ?! » je jurai, les maudissant toutes les deux.

Puis la déposant dans ma poche -là au moins je ne la verrai pas- je réajustai mes vêtements et m’en allai vers la civilisation, ponctuant ma marche de « aïe » à mesure que je découvrais les ecchymoses violacées contrastant affreusement avec ma peau blanche. Je me sentais plus lourd que d’habitude. Je cherchais un banc où m’asseoir et le premier que j’aperçus était malheureusement occupé. Tant pis, je m’en contenterai : je m’asseyais les bras reposant sur le dossier, les mains ballotant dans l’air et le visage tourné vers le sol.

Je laissais un instant mon briquet, histoire de manger un bout de mon sandwich en admirant le soleil se reflétant sur l'herbe. C'était assez poétique quand même, mais lorsque l'on est seule, ce n'est pas le plus génial.
Je bus une gorgée, assise sur le dossier du banc, et quand je reposais ma canette, je vis un grand blond venir vers moi. Il avait une drôle de tête, avec quelques bleus sur le visage. Il vint s'asseoir à côté de moi et je l'observais un instant. Je retentais une nouvelle fois d'allumer ma clope. Je commençais à me demander pourquoi je n'avais jamais deux briquets sur moi.

- T'aurais pas du feu ? pris-je le culot de demander au gars posé nonchalamment sur mon banc.

Sait-on jamais ! Il leva les yeux vers moi, et j'eus une vision plus précise des dégâts sur sa face. Ce n'était pas beau à voir, et je regrettais presque de lui avoir adressé la parole, tant il avait l'air abattu.

- Est-ce que ça va ? T'as l'air salement amoché, tu t'es battu ?

Je ne vois pas ce que ça aurait été d'autre. Une porte dans la gueule, comme les gens plaisantait souvent ? C'était peu probable dans son cas, à mon avis. Il avait la lèvre enflée, et je grimaçais, imagine la douleur qu'il devait ressentir. J'étais curieuse et voulais savoir ce qui lui était arrivé, bien que cela soit déplacé, étant donné qu'on ne se connaissait pas du tout. J'ignorais s'il était du coin ou bien, mais il ne me semblait pas l'avoir déjà vu à la fac.
Je repris ma canette sur le banc, et la lui tendis. Elle était fraîche, cela l'aiderait à désenflé.

- Tiens. mets ça sur ta lèvre avant qu'elle double de volume. lui proposais-je avec un léger sourire bienveillant.

J'eus un pincement au cœur en imaginant la situation dans laquelle il avait dût se trouver. Une fois, j'avais eus l'occasion d'arborer la même plaie, m'étant battu avec une nana de mon lycée, à Pittsburgh. Toujours un peu trop impulsive, je me battais souvent lorsque j'étais jeune. Peut-être que toute cette violence avait joué à me faire choisir le métier de surveillante, plutôt que de continuer la médecine, comme mes parents l'auraient voulu. Mais ne pensons pas à ces gens maintenant, là, bien malgré moi, je voulais que ce jeune homme aille mieux, reprenne une expression plus souriante que cet air de pauvre chien qui vient de se prendre une tannée. Il avait l'air tellement jeune en plus, comme un petit enfant maltraité. Je n'aimais pas ça du tout.

- Tu t'appelles comment ? lui demandais-je afin de mettre un nom sur cette belle gueule. Moi, c'est Orlane. me présentais-je ensuite en lui tendant la main.

'avais plus l'habitude de serrer la main à des hommes, je n'étais pas comme ma petite-amie, qui se comportait plus comme une femme. Moi, je préférais garder un peu de distance avec la gente masculine, ne pas les laisser trop s'approcher, au cas où. Je me méfiais. Il n'y avais peut-être qu'un homme ou deux avec qui je me sentais en sécurité, et encore, je ne leur faisais pas une confiance aveugle.

Je m’étais échoué sur ce banc, sans trop prêter attention à la personne déjà assise. Soit la douleur, soit cette histoire de dingue, en tout cas l’une ou l’autre de ses raisons me plongeait dans un état de « déconnexion » particulièrement efficace. J’avais perdu toute notion du temps. Une voix très proche m'interpella :

« T'aurais pas du feu ? » Je relevai la tête, désorienté.

Une femme, belle, à côté de moi. Je ne la connaissais pas et elle, m’abordait tranquillement. Si j’avais suivi la bonne éducation que m’avait dispensé ma mère, je l’aurai repoussé et traité comme une pauvre paysanne pour avoir oser s’adresser à moi -un turner- de cette façon ! Seulement, je n’étais pas en état et je n’en avais pas la moindre envie. Je me plut donc davantage à esquisser un pauvre sourire qui s’avéra plus être une grimace et sortit le briquet offert par ma mère : or blanc avec mes initiales gravés dessus en lettre gothique. Je le posai entre nous. Tandis qu'elle reprenait déjà son monologue sans la moindre gêne :

« Est-ce que ça va ? T'as l'air salement amoché, tu t'es battu ? »

Quelle indiscrétion !! Son impolitesse me déstabilisait, ce que je trouvais plutôt plaisant en fin de compte. Après tout, ça ne me coutait rien de parler sérieusement avec elle, je ne la reverrais sans doute jamais. Mieux valait cela plutôt qu’une personne partageant mon quotidien : je n’avais pas besoin de plus de moyens de pression, l’autre me suffisait déjà amplement...

« Ouais enfin je crois… » Lui répondis-je avec une voix étrangement enrouée.

J’avais soif, je me sentais fébrile, je voulais rentrer et je ne le pouvais pas : où que j’aille, j’aurai trouvé en face de moi des mines horrifiées avec des questions à n’en plus finir. Ma mère, la première, aurait sans doute fais une attaque. Je devais donc trouver un moyen de m’éclipser le temps de retrouver une apparence normale

« Tiens. Mets ça sur ta lèvre avant qu'elle double de volume. » … reprit-elle avec un sourire bienveillant et sa canette tendue dans ma direction.

Je l’attrapais entre mes doigts. La différence de température m’envoya une impulsion électrique, tout le long du bras. Au lieu de l’appliquer sur la lèvre comme elle me l’avait proposé, je préférais lui en piquer un peu auparavant. Ces petites gorgées, me réhydratant lentement, me firent un bien fou.

Je sentais ses yeux se déplacer sur moi, me sondant, cherchant des réponses. Chez cette femme était née une curiosité presque incontrôlable. Ce désir de connaissance l’amena à briser la première barrière de sécurité : celle de l’anonymat…

« Tu t'appelles comment ? Moi, c'est Orlane. » Annonça-t-elle la main tendue.

S’il y a toujours un prix à soulager sa conscience, rien ne coute plus que le premier pas à accomplir. Je mesurais donc les futures conséquences de l’acte que je m’apprêtais à accomplir. Les jeux de confidences étaient les plus dangereux. Je pris le risque le cœur battant, glissant ma main dans la sienne :

« Holden… »

Le petit blond me tendis son briquet, avec un maigre sourire qui dût lui faire mal. Rien qu'à voir le briquet en argent, gravé des initiales "H.T.", on ne pouvait douter du rang social du jeune homme. - Merci. lui dis-je en lui rendant son bien, une fois que ma cigarette fut allumé. Ça faisait du bien de pouvoir enfin tirer une latte de ce poison, que j'avais tant attendu depuis le matin. Je me délectais de mes deux premières bouffées, avant de reporter mon attention sur le blondinet. Il ne savait même pas s'il s'était battu. Il avait dût manger sévère la veille alors, pensais-je avec une grimace. Il me faisait de la peine. Il n'avait pas l'air bien épais, ni apte à se battre, ce devait être un de ces grands hommes virils se prenant pour le caïd du quartier, qui avait dût lui faire cela. Je secouais la tête, d'un air indigné.

Je lui tendis alors ma canette, afin qu'il s'apaise un peu, avant d'enfler comme un ballon. En plus, venant d'une famille plutôt aisé, à en juger par son feu, j'imaginais la déconfiture de ses parents s'ils le voyaient tout boursoufflé et couvert de bleus. Il but une gorgée du soda, et je ne dis rien, je lui fis juste un sourire.

- Les gens sont cons de chercher la violence... soufflais-je en même temps qu'un nouveau nuage de fumée.

J'appris ensuite son nom. Peut-être me montrais-je trop curieuse, mais je pensais que ça pourrait aider si l'on parlait un peu plus. Même si on ne se reverrait peut-être pas de si tôt, j'aimais connaître l'identité de mes interlocuteurs. Il s'appelait Holden. C'était un joli prénom, qui me rappelais les tournois de poker du Texas. J'eus un léger sourire à cette pensée.
Je descendis de mon perchoir, afin de m'asseoir convenablement à côté de lui. J'avais parfois un petit côté garçon manqué, quand je m'y mettais, il était temps de reprendre plus de douceur féminine.

- Est-ce que tu te souviens de ce que tu as fais hier soir ? demandais-je,comme une psy qui pose trop de question. N'y voit pas là quelconque curiosité mal placée. Tu n'es pas obligé de répondre, c'est juste pour... pour t'aider !

Je trouvais cela complètement débile de dire ça comme ça. Je ne le connaissais ni d'Ève ni d'Adam, et pourtant, il avait cette fragilité enfantine qui m'attendrissais toujours, comme un oiseau blessé. Et, du fait de mon métier, je ne pouvais pas ne pas me préoccuper des gens. J'avais souvent vu des étudiants en train de se battre, que j'étais obligé de ramener au calme, avec une poigne de fer bien acquise ! Mais Holden, lui, semblait si jeune de visage, et pourtant il dégageait une maturité certaine. Il n'était pas à l'UOA (University Of Art ^^) en tout cas, je m'en serais souvenu si je l'avais croisé.

Elle tirai plusieurs lattes, la mine satisfaite, j'eus envie d'être plonger dans le bien être qui se lisait sur sa figure.

"Tu permet?" demandai-je, pointant la cigarette du doigt.

Je buvais, elle me sourit:

"Les gens sont cons de chercher la violence..."

On pouvais le voir ainsi, elle devais sans doute penser qu'il s'agissait dans mon cas d'une simple bagarre, mais il n'en été rien. En buvant les hommes deviennent souvent violent, ajoutez à cela que ce dingue devais sans doute aimer brutaliser et vous obtenez ce genre de sévices dans une situation intense...

Elle repris son interrogatoire s'asseyant à ma hauteur se voulant sans doute plus rassurante:

"Est-ce que tu te souviens de ce que tu as fais hier soir ? N'y voit pas là quelconque curiosité mal placée. Tu n'es pas obligé de répondre, c'est juste pour... pour t'aider !

"Par quoi commencer?", j'eus envie de répondre. S'il me fallait vraiment tout lui raconter, j'aurai débuté ainsi:

"Hier soir, lors d'une soirée un peu trop arrosée à laquelle je participer, j'ai été piégé par [...], quelques heures après mon calvaire commençait. J'avais décidé de me souler encore plus, histoire d'oublier, et au bar, j'en ai ramassé un par hasard, sans trop regarder. Lui m'a infligé ces blessures avant de disparaître au matin..."

Seulement je ne peux donner plus ample détail: la honte étant si grande de mettre fait berner ainsi, que moi et cette personne plus une autre insignifiante doivent être les seuls à savoir. Et ces gêneurs finiront par disparaître, d'une manière ou d'une autre...

"Je me souviens de tout, mais je ne préfère pas en parler pour l'instant, du moins pas dans sa totalité. Je détournai mon visage du sien. Maintenant si vous voulez vraiment m'aider, et que vous avez une chambre à disposition, je veux bien la prendre le temps d'avoir l'air mieux..."

Je ne la regardai pas, m'imaginant plutôt son expression après ma réponse. Surement outrée de mon sans-gène. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle accepte, mains qui ne tente rien n'a rien, je n'avais rien à y perdre...

Je sentis le regard du jeune "H.T." sur moi. Tournant la tête vers lui, il me demanda si je lui permettais de tirer sur ma cigarette. Ce n'était pas tous les jours que j'acceptais de partager, mais je savais l'effet produis par le tabac. Je lui tendis donc avec sourire.

- Bien sûr, vas-y.

Je l'observais prendre une bouffée et la recracher quelque instant après. Peut-être était-ce un poison qui détruisait nos poumons à petit feu, mais personnellement, je ne m'en souciais pas.
Je le laissais se reprendre, partageant avec lui ma boisson et ma cigarette. Il n'était pas méchant. Et puis, s'il se révélait trop bizarre, dans l'état qu'il était, je n'aurais aucun mal à le maitriser. Donc pas de soucis à se faire sur ce petit blondinet.

Je lui demandais un peu après, ce qui s'était passé pour qu'il ai une tête aussi mal fichu. Il devait souffrir. Peut-être même avait-il une commotion ! Mes gênes de médecin prirent un peu le dessus. Je préférais m'en tenir aux faits avant de vérifier si physiquement ça allait.
Il réfléchis longuement avant de me répondre.

- Je me souviens de tout, mais je ne préfère pas en parler pour l'instant, du moins pas dans sa totalité.

- Pas de problème, t'en fais pas. Je comprends.. dis-je en lui souriant.

Je me voulais rassurante, ne pas le braquer non plus. Il me rappelait tellement ma période de fin de lycée que j'aurais fais n'importe quoi pour que son sourire réapparaisse, comme on n'avait pas pu m'aider à le faire à cette époque.
Holden se détourna, préférant regarder au loin. Sans oser me faire face, il me posa une question détourné, l'air de rien.

- Si vous voulez vraiment m'aider, et que vous avez une chambre à disposition, je veux bien la prendre le temps d'avoir l'air mieux...

Pour le coup, moi la grande bavarde, je ne savais plus quoi dire. Il avait si honte de cette affaire qu'il préférait demander à se cacher chez une inconnue plutôt que de rentrer chez lui ! C'était phénoménale et si peu conventionnel que j'en restait quoi. Je ne pouvais pas lui dire oui comme ça, sans le connaître ! Mais je ne pouvais pas non plus le laisser dans la merde.
Oui, je me préoccupais un peu trop de mon prochain. Mon expérience personnelle me fragilisais et chaque personne présentant des problèmes me renvoyant en pleine gueule mon passé, me touchais immédiatement. Il fallait peser le pour et le contre, mais je savais déjà que j'aurais aimé que quelqu'un fasse ça pour moi si j'avais été dans une galère pareil.

- Bah écoute Holden... euh... Peut-être que je suis un peu con ou quoi, mais... on n'se connaît pas du tout ni rien mais je suis d'accord ! dis-je en réfléchissant encore.

Après tout, s'il avait des ennuis, qui mieux que Jane et moi pourrait l'aider !? Il fallait se serrer les coudes dans cette ville, on ne le savait que trop bien, avec ma compagne. Et le fait que Holden veuille de mon aide plutôt que d'appeler ses amis en disait long sur le blaid où on vivait.

- Il faudra juste que je vois avec ma copine, mais ça ne devrait pas poser de problème. Et, on à une chambre d'amis alors autant qu'elle serve un peu hein ! En plus... t'as pas l'air de prendre trop de place hein ! dis-je en passant mon bras autour de lui, lui frottant l'épaule.

Je me surprenais d'être si familière envers un inconnu. Réalisant mon geste si peu commun, je retirais mon bras et me passais la main dans les cheveux. Machinalement, comme dans les moments de gène, je sortis une sucette de ma poche. Les sucreries étaient tout aussi addictives que le tabac.

- T'en veux une ? proposais-je en en sortant une deuxième pour le petit blond.

Je lui demandai sa clope ce à quoi elle répondit par un "Bien sûr, vas-y". Je tirais donc dessus à mon tour, l'air absent. Je détestais ça, ce goût acre et poussiéreux. Pourtant j'y pris goût à ce moment là, comme si ce morceau de nicotine me permettait d'être plus proche d'elle...

Elle avait voulu connaître mon histoire ce à quoi je n'étais pas encore prêt, elle me rassura en disant qu'elle me comprenait et ne chercha pas plus loin.

Me détournant honteux de montrer ma faiblesse, je lui demander de manière détournée si je pouvais passer la nuit chez elle:

"Si vous voulez vraiment m'aider, et que vous avez une chambre à disposition, je veux bien la prendre le temps d'avoir l'air mieux..."

C'était évident: son silence. Je l'avais choquée... Rien de bien étonnant. Demander à un inconnu l'hébergement: plus inconvenant que ça, je demande à voir! Pourtant, ce qui était fait était fait. Je lui avais demandé, maintenant il ne restai plus qu'à espérer qu'elle n'appelle pas pas les flics en disant se trouver avec un psychopathe... Dommage, j'aurais vraiment eu besoin d'être accueilli: je n'avais plus d'argent sur moi et je n'osais m'aventurer à mes endroits habituels dans cet état. Il ne fallait pas que ça se sache, ce qui m'était arrivé. Sinon mon monde risquait de voir sa façade dorée partir en éclats...

Le silence gênant perdurait entre nous. Elle décida de le briser:

"Bah écoute Holden... euh... Peut-être que je suis un peu con ou quoi, mais... on n'se connaît pas du tout ni rien mais je suis d'accord !"

Mes yeux s'écarquillaient. Cette femme était folle... ou trop avide d'aider son prochain. Quoi qu'il en soit elle acceptait. Je sentais monter en moi une vague de chaleur, cette femme m'ouvrait ses bras sans même me connaître... Elle poursuivait:

"Il faudra juste que je vois avec ma copine, mais ça ne devrait pas poser de problème. Et, on à une chambre d'amis alors autant qu'elle serve un peu hein ! En plus... t'as pas l'air de prendre trop de place hein !"

Elle passait un bras autour de moi pour me frotter l'épaule, qu'elle retira pour se passer la main dans les cheveux. Ce geste de réconfort s'était produit malgré elle. Du moins c'est ce que soudain revirement me laissa penser... Elle repris la parole en sortant des sucettes:

"T'en veux une ?"

Je la pris de ses mains et l'ouvris lentement avant de la mettre en bouche. Je me sentais mieux. Beaucoup mieux, moralement. Mon corps lui ne suivait toujours pas le rythme. Je laissai ma tête tomber sur son épaule, mon visage enfoui dans ses cheveux. Je poussai un petit soupire de soulagement et lui souffla à l'oreille un petit mot simple qui était lourd de reconnaissance pour moi:

"merci..."

Je fermais mes yeux lourds après avoir remis ma sucette en bouche. Nous restâmes ainsi un moment...

Alors que je prenais le temps de réfléchir à si j'acceptais la demande, que dis-je la complainte, du petit blond à mes côtés, je le voyais se recroqueviller. Ses yeux étaient tristes et implorant. cela en rajouta au fait que je lui dise que j'étais d'accord.

A n'en point douter, je l'avais choqué ! Il me regardait comme si j'étais une folle échappé de l'asile ou que je venais de lui annoncer que j'allais le tuer ! Dans le genre salut j'accueille des gens à moitié défigurés chez moi, je battais tous les records !
Je rajoutais quand même que j'allais en référer à Jane. Elle n'était pas timide ou du genre à refuser que l'on aide quelqu'un - et serait ravi de me voir me lier avec quelqu'un du quartier - mais je la savais un peu plus réservé à cette idée, alors que moi, je fonçais tête baissée.

- T'en veux une ? lui dis-je après un petit silence, que les yeux de Holden comblaient de pat son remerciement inexprimable.

Sans me répondre, il prit la sucette, d'un geste délicat, qui me faisait penser à un enfant qui avait lorgné toute la journée sur cette friandise et qui n'osait plus la toucher dès lors qu'on lui donnait la permission de la prendre. Il était vraiment trop mignon ! Pour un mec !

Je mis ma sucette dans ma bouche, contemplant un instant le parc où quelques gens flânaient. Je sentis une pression sur mon épaule, qui me fit me raidir tout d'abord. Puis, quand je compris qu'il ne s'agissait en fait que de Holden, se reposant sur moi, je me décontractais. Ce jeune homme paraissait si fragile que je me laissais émouvoir, comme je le faisais lorsque ma compagne avait un problème. A la différence que là, je ne connaissais nullement ce type !
Mais il se sentais en sécurité, apaisé. Ou bien était-ce moi qui m'imaginais tout ça ! Je ne faisais plus attention aux gens qui passaient, j'étais comme concentré sur la respiration du blondinet. Petit homme qui retira sa sucette de sa bouche, avant de soufflé faiblement mais avec émotions, un - Merci... dont on pouvait percevoir toute la gratitude. Je reposais ma tête contre la sienne, tendrement.

- T'en fais pas, ça va aller. Dis toi que t'es pas tout seul !

Comme il en avait de la chance ! Je jalousais cette instant, le voyant d'un point de vue extérieur. Personne ne devrait avoir à affronter le monde seul ! surtout pas lorsque l'on semble aller aussi mal ! J'étais passer par là, j'avais plus ou moins "fuis" ma famille et cette ville de dingue, pour être au calme et vivre mon amour au grand jour. Ce n'était pas toujours rose, mais au moins, on était maître de nous mêmes, impossible de nous barricader pour nous empêcher tout contact. Ce souvenir me fit frémir de dégoût ! Je me redressais un peu sur le banc, faisant bouger en même temps la tête de mon nouvel ami.

- 'Scuse moi. dis-je pour cette interruption de calme. Dis... commençais-je en hésitant sur la fin de ma phrase, pas sûr de vouloir qu'il se fasse des films de suite. Qu'est-ce que tu pense du fait que... comment dire...

J'aurais aimer connaître son avis sur la question de l'homosexualité. Après tout, s'il venait à la maison, il y serait confronté, alors peut-être fallait-il tâter le terrain. Mais je ne parvenais pas à le dire, de crainte d'être encore juger pour mes actes - que j'assumais totalement.

- Ouais, nan rien ! Tu as des affaires ou tu as besoin d'en prendre quelque part avant de te terrer dans ma tanière ? préférais-je demander.

Merde ! comme dirait l'autre. Pourquoi se justifier de ses tendances ? Il verrait bien, une fois le soir venu, ce qui se passait derrière les portes du numéro 38 de Magnolia Cresent !
Je tentais un sourire rassurant, que je pensais au fond de moi. Je n'avais pas envie d'border le "sujet qui fâche" selon les gens.

J'avais longuement hésité à lui parler de la question de l'homosexualité, compte tenu du fait que Jane et moi avions peu de pudeur dans notre maison, et nous permettions beaucoup de démonstrations un peu partout. On savait se tenir, mais quelques fois, peut-être fallait-il prévenir nos invités, surtout afin d'éviter qu'il ne reluque trop ma copine, sinon je ui pèterais la gueule. enfin, peut-être pas en rajouter, mais il se retrouverais à la rue.

Ne préférant pas y penser de suite - nous verrions bien avec Jane anyway - je lui demandais comment il allait faire avec ses affaires et s'il avait une combine pour rentrer chez lui en chercher au cas où.

- Ben euh... Je préfère éviter de passer chez moi. Alors pour les affaires, je vais chercher une autre solution...

- Ouais, normal, j'comprends.

Je commençais à chercher une solution afin de l'aider au mieux. encore, j'aurais vécu avec un homme, on aurait pu s'arranger, mais bien que Jane n'ai peu de robes, elle était bien trop fine pour que Holden entre dans un de ses jeans ! C'était marrant d'imaginer le résultat, et ça me fit légèrement sourire. On aurait toujours pu demander à Jesse aussi ! Ils étaient presque tous les deux de même taille. J'allais lui proposer une idée ou deux, lorsqu'il me demanda ce que l'avais l'intention de faire aujourd'hui.

- Bah, comme j'ai bossé ce matin, j'suis en repos. J'aurais du passer l'aprem avec ma copine, mais elle bosse jusqu'à cinq heure ! Alors je vais m'occuper jusque là ! Enfin... ON va s'occuper ! ajoutais-je avec un clin d'œil au blondinet.

Et oui, les joies du boulot d'infirmière retenait ma douce loin de moi. J'avais bien fait finalement de ne pas continuer. Car à tous les coups on aurait eu des horaires décalés et on n'aurait pas pu se voir beaucoup, ou alors en coup de vent. Là, suivant ses planning, on trouvait toujours du temps pour nous.

- Qu'est-ce que tu voudrais faire ? Rentrer à la maison, ou te balader discrètement ?

discrètement était le mot juste pour qu'il ne se fasse pas plus remarqué avec son visage contusionné. Mais, il faudrait que je lui mette de la glace en rentrant, avant qu'il ne triple de volume. Autrement, j'étais libre comme l'air !

Je me rasseyais correctement sur le banc. Orlane me paraissait toujours préoccupée, cependant elle ne se confiait toujours pas. Peu importe pour le moment. Je l'interrogeais sur son programme de la journée:

"Au fait, tu avais quoi à faire dans le coin, et aujourd'hui par la même occasion?"

- Bah, comme j'ai bossé ce matin, j'suis en repos. J'aurais du passer l'aprem avec ma copine, mais elle bosse jusqu'à cinq heure ! Alors je vais m'occuper jusque là ! Enfin... ON va s'occuper ! Qu'est-ce que tu voudrais faire ? Rentrer à la maison, ou te balader discrètement ?" me répondit-elle.

Se promener? Très peu pour moi! Je n'aspirais qu'à un lit moelleux et un peu de glace pour mon visage. Le massacre était déjà assez grand, plus vite je m'occuperai de mes blessures, plus vite je pourrais réapparaître aux yeux du monde! Rentrer chez ma brave sauveuse restait la meilleure chose à faire:

"Ben si ça te déranges pas, je préférerais encore rentrer chez toi" repris-je, un sourire penaud collé sur le visage.

Le vent se leva, projetant sur nous, les ombres mouvantes des arbres. Mon visage me semblait être étiré dans toutes les directions par des pinces à linge imaginaires. J'y portai une main pour constater horriblement que certaines plaies avaient déjà doublées de volume. Le temps pressait. Je me voyais déjà en monstre bulbeux et suintant de pus. Je failli m'évanouir en m'imaginant ce massacre. Je défaille tout de même me rattrapant à la cuisse de ma chère voisine de banc.

~Atmosphère pesante...~

Boulette, grosse boulette. Ma pseudo apparence de monstres&Cie me sort totalement de l'esprit. Je sens Orlane (sous ma main qui n'a pas bougé) défaillir à son tour mais plutôt de fureur que d'horreur. Soudain sans que je comprenne quoi que ce soit, mon corps lui a réagit au quart de tour. Je me retrouve donc ,par instinct de conservation, assis par terre à un mètre du banc. Si le coupable a quelque chose à dire pour sa défense, qu'il parle maintenant:

"Je...euh... Désolé! J'te jure que j'ai pas fait exprès!!!" Dis-je donc précipitamment pour ma défense.

Nous vivons dans un monde dangereux où défaillir revient au suicide. Je regarde l'expression peu convaincue de la fille qui, jusqu'à il y a à peine quelques minutes, ne me voulait que du bien. Cela ne me donne que l'impression de mettre enfoncé davantage. Je me relève avec la grâce d'un participant à une course en sac poubelle. Puis époussetant mes vêtements déjà sales, risque un coup d'œil vers son visage...

Après que le blondinet m'aie demandé ce que je comptais faire de ma journée, la réponse vint naturellement. J'avais peu de choses à faire jusqu'au retour de ma douce, pour qui je voulais préparer quelque chose. C'était toujours comme ça entre nous, celle qui finissait le plus tôt sautait sur les fourneaux. Mais ce soir, peut-être que Holden aurait envie de quelque chose de spécial. Et malgré tout, mon envie de faire bien, de l'aider alors que je ne le connaissais pas, pris le dessus sur ma raison. Car oui, si on résonnait correctement, il y aurait peu de chance pour qu'un type à moitié défiguré passe la porte de ma maison ! Mais j'ignorais ce qui me poussais à le faire, peut-être son air de chien battu qui me faisais compatir à sa douleur, celle que j'avais ressentis dans ses yeux. La même que j'avais connue.

- Ben si ça te déranges pas, je préférerais encore rentrer chez toi. avoua-t-il avec gêne.

Je comprenais bien qu'il ne veuille pas déambuler dans les rues, et à vraie dire moi non plus je n'en ressentais pas le besoin ! Va pour la maison ! Je lui lançais un sourire, lui faisant savoir qu'il n'y avait pas de soucis. Et je lui frottais doucement le dos pour le rassurer qu'il n'avait pas à avoir honte ou peur de quoique ce soit.

Après un petit temps durant lequel je savourais ma sucette, tranquillement installé sur mon banc. J'observais quand même Holden du coin de l'œil. J'avais vu qu'il ne se sentait pas bien, il avait peut-être besoin de se reprendre un peu. En revanche, il fallait qu'on rentre vite avant qu'il n'enfle plus sérieusement. Il me faisait presque peur, et j'avais mal pour lui !
Soudain, alors que je regardais un arbre d'où un bruit étrange s'était échappé - certainement un oiseau - je sentis une pression sur ma cuisse, un peu trop haute à mon goût. Figée, je tournais les yeux pour voir ce qui se passait. Holden avait posé sa main sur ma cuisse. Et beh ! On se gênait pas ! Je détestais qu'un inconnu me touche comme ça, alors en plus un homme, ça me fit passer de la gentille Orlane à celle qui à le regard mauvais de comme quand on touche de trop près à la perosnne qu'elle aime.

- Na mais...

Je ne savais plus quoi dire, il m'avais perturbé, choqué de cette familiarité ! A tel point que je m'en étais levé du banc ! Encore ça aurait été Jesse, j'aurais compris ! Mais venant d'un gamin que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam !
Affalé par terre, le blond se sentait bête et se confondit en excuse :

- Je...euh... Désolé! J'te jure que j'ai pas fait exprès!!!

Il m'avais tellement surprise que je ne savais plus comment réagir. J'étais là, debout et sonné. Ma respiration s'était faite plus forte. Cette scène m'avais rappelé lorsque j'étais au lycée, avant que je sois transférée dans celui où j'avais rencontré Jane. Il m'étais arrivé de me faire sauvagement attaquer par des élèves, projeté contre les casiers ou même pire ! Je n'osais penser à Ce garçon en particulier.
Je fermais les yeux un instant, calmant ma respiration. Je voulais que ma Jane soit là ! Je sentais les larmes me montaient, mais je ne voulais pas les laisser couler. Je me mordis la lèvre un instant et rouvris les yeux sur un Holden septique.

- Ne refait jamais ça, t'entends ? lui dis-je un peu sèchement, le doigt pointé sur lui, tremblant.

Me rendant compte de ça, je rebaisser le bras afin d'aller fouiller mes poche à la recherche de cigarettes. quand quelque chose n'allait pas, il fallait que je fume. Et je n'avais pas de briquer ! Un grognement me sortit alors de la gorge.

- Est-ce que... Est-ce que je peux..

Je ne finissais pas ma phrase, je me sentais un peu bête sur le coup en regardant ce blanc bec. Comme s'il aurait pu me faire du mal ! Je lui tendis la main, me faisant plus amicale.

- C'est rien aller, Amis ?

Il valait mieux qu'il voulait venir à la maison ! Oui, je n'avais pas changé d'avis.

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