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MR#4 “Nobody cares if you can't dance well. Just get up and dance. ” [Aaron]

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MessageSujet: MR#4 “Nobody cares if you can't dance well. Just get up and dance. ” [Aaron] MR#4 “Nobody cares if you can't dance well. Just get up and dance. ” [Aaron] Icon_minitimeDim 3 Nov - 3:45

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Les Wainwright avaient toujours eu la fibre musicale. À part le paternel, toute la famille était parfaitement à l'aise avec un instrument - même Balthazar, le "différent" de la famille, était excellent avec une guitare -, c'était génétique. Certains étaient nés pour danser, d'autres excellaient dans l'art de la négociation, quelques uns ne craignaient pas le sang ni la mort. Les Wainwright avaient l'oreille musicale. C'était ainsi. Si on leur demandait comment ils se sentaient lorsqu'ils jouaient de leur instrument, ils ne sauraient comment vous expliquer sans paraître cinglés. Parce que la musique les entraînait dans un autre monde, une autre dimension. Les variations de tonalité les emmenait tantôt dans un paradis sans pareille, tantôt dans les abysses les plus profondes. Avec un instrument en main, celui-ci devenait une continuation du corps, comme si l'objet et la personne ne faisaient qu'un. Inutile de chercher à comprendre; le vivre était mieux. Et grandir dans cet univers exacerbait cette passion, cet amour pour toutes les subtilités que la musique pouvait offrir.

Il n'était donc pas étonnant de voir la seconde fille Wainwright s’effondrer à l'hôpital, après que le médecin ait rendu son diagnostic: main fracturée, légèrement mais assez pour nécessiter un bandage ainsi qu'une convalescence. Quelques mois, tout au plus. Après, tout redeviendra comme avant.
Comme si c'était possible.
Depuis le 4 juillet, depuis l'horrible tornade qui a ravagé leur ville, depuis sa blessure, Ginerva Wainwright n'était plus Ginerva Wainwright. Ce qui était logique: comment redevenir soi-même après ça? Après que votre seule passion en cette terre vous soit enlevée aussi subitement? Après que le seul moyen de vraiment vous exprimer soit toujours là, sous vos yeux, mais inaccessible?

Les deux premières semaines, Ginny resta cloîtrée dans sa chambre, bouchons aux oreilles. Il était hors de question pour elle de descendre au rez-de-chaussée pour voir son instrument, ni même de l'entendre: ça lui faisait trop mal. Les membres de sa famille allaient souvent la voir pour tenter de la faire sortir de sa déprime, mais étonnamment, ce fut le pragmatisme de sa mère qui réussit à lui faire entendre raison: si Ginny cessait tout contact avec la musique, ça l'empêcherait de se remettre au piano une fois sa main guérie. C'est ainsi que la rouquine revint à la raison et commença à se re-familiariser avec son instrument, d'abord avec le son via les pratiques de Satine, puis en jouant des petits morceaux avec sa main gauche. Même si Ginny trouvait ça inutile: que pouvait bien faire un pianiste avec une seule main? Au moins, toute sa famille était derrière elle, la soutenait, l'encourageait. Car un Wainwright sans piano était un piètre Wainwright, Balthazar en était la preuve vivante.

Quelques mois avaient passés, la main de la rouquine était libre de son bandage et elle commençait à faire quelques petits morceaux au piano avec ses deux mains. La convalescence se passait bien, mais Ginny était toujours dans un état morose. Lucy - qui devait en avoir marre de l'endurer vingt-quatre heures sur vingt-quatre - eut l'idée d'inscrire Ginny à un cours de danse de salon. Allez, ça va être marrant, ça va te changer les idées!, disait-elle. Se disant que ça valait toujours mieux que de rester cloîtrée chez soi, la rouquine décida d'y aller, du moins au premier cours. Après, on verra.

C'est ainsi que Wainwright se retrouva au cours de danse, ignorant dans quoi elle venait de s'embarquer. Au moins il y avait beaucoup de personnes présentes; être seule à s'être présentée au cours aurait été assez humiliant. Après quelques minutes d'échauffement, le professeur - qui semblait assez excentrique, chose que la rouquine appréciait - prit l'initiative de former les couples, voyant que tout le monde restait dans son coin. La première personne que le prof prit pour la formation des couples fut Ginny, qui fut tirée à travers la classe pour trouver le partenaire parfait. À cause de la grandeur de la rouquine, le prof ne devait pas l'unir à un nain, question de "complémentarité physique" ou un truc du genre. Le partenaire idéal fut enfin choisi et Ginerva se retrouva avec... Aaron Hamilton. Se retrouver face-à-face avec un gars qu'elle connaissait bien étonnait la rouquine, mais au moins elle savait qu'il n'y aurait aucun froid ou malaise. "Aaron! Qu'est-ce qui t'emmène dans un cours de danse? Envie d'impressionner Holly avec tes talents de danseur?" En présence d'un visage familier, la bonhomie de la rouquine prenait le dessus sur sa morosité, restait à voir combien de temps ça durera.
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Aaron Hamilton
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MessageSujet: Re: MR#4 “Nobody cares if you can't dance well. Just get up and dance. ” [Aaron] MR#4 “Nobody cares if you can't dance well. Just get up and dance. ” [Aaron] Icon_minitimeLun 4 Nov - 21:10

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C. S. Lewis a dit : ❝ L'expérience est un professeur brutal, mais on apprend, mon dieu comme on apprend ! ❞


    Aaron avait voulu mettre un jogging, Maureen avait refusé. T'aurais eu l'air d'un plouc, mon fils ! Qu'elle avait dit en riant. Lui, avait soupiré péniblement. D'une part, elle lui suggérait l'idée d'aller trémousser son derrière avec des petites vieilles pour qui la danse de salon n'a aucun secret. Et d'autre part, elle espérait le voir tortiller ses fesses en justaucorps noir. Le temps où elle emmenait Aaron à l'école de danse était révolu, il fallait bien qu'elle s'y fasse.
    Il parvint à trouver un juste milieu, enfilant un pantalon de sport dans lequel il était à l'aise, ni trop moulant ni trop large ; et un tee-shirt blanc basique. Un pull-over à capuche vert pomme avait été superposé à tout ce micmac. Mais malgré la couche supplémentaire, cela n'avait pas empêché le garçon d'éternuer dès le minois à l'extérieur.
    Il n'avait pas hésité à prendre la voiture. Depuis quelques jours, il se coltinait un rhume carabiné. Sa consommation de mouchoirs atteignait des sommets exorbitants et son nez rouge et irrité commençait à le faire souffrir. Cependant, il s'était inscrit, et comme on s'évertuait à le répéter chez lui : on prend ses responsabilités.
    Une fois dans la salle, Aaron s'était fait tout petit. Il y avait du monde, mais si peu de jeunes. Toutes les mamies du coin s'étaient réunies pour mater le beau professeur, et quelques rares ados -certainement forcés, tout comme lui- rasaient les murs de honte. Lorsque le latino qui allait leur enseigner la discipline, décida qu'il était temps de commencer, il échauffa la foule avec quelques mouvements de base. Mais très vite, remarquant que le centre de la piste était désert, ou du moins, que seules les octogénaires excitées osaient s'y déhancher, il arrêta la séance. Il attrapa une rouquine collée à un mur et l'avança au cœur de la salle. Aaron la reconnut aussitôt : Ginerva Wainwright. Il n'osa y croire. Cela faisait bien des mois qu'il n'avait pas croisé la demoiselle. Il se demanda comment elle allait, certain d'avoir ouï quelque part que la tempête de juillet ne l'avait pas épargnée. Mais finalement, il eut le loisir de l'interroger de vive-voix car le professeur le choisit lui comme cavalier de la jeune fille.
    Il s'approcha sans gêne et lui sourit. Elle parut instantanément soulagée, peut-être de ne pas avoir à danser avec un vieux pervers. Elle s'amusa de sa présence ici et il dut se justifier : « Ma mère avait très envie de me revoir danser. Et toi ? » Autour d'eux, pendant qu'ils conversaient, les couples furent formés au mieux. Et très vite, le latino relança la séance. Ils durent lier leurs mains et Aaron poser celle qui lui restait de libre sur la hanche de son amie. Il savait qu'il pouvait être gracieux, qu'il était capable de suivre le rythme et la cadence, mais quelque chose lui susurrait que les pieds de Ginerva n'étaient pas sauvés pour autant.
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