Quand Cameron évoqua le souvenir de leur amitié, Andrew sentit, à regret, un goût amer envahir sa bouche. Quel con, il jouait la carte des sentiments, c'était petit. Andrew n'était pas prêt à faire comme si de rien était. Peut-être que, pour Cameron, ce n'était rien. C'était pratique courante à Harvard, mais pas pour Andrew. S'ils avaient eu cette discussion plus tôt, quand Cam était encore à Magnolia, peut-être la tournure de la conversation aurait été tout autre. Mais le lien semblait être brisé, chacun trouvait l'autre différent, c'était un fait. Comme si la série venait de commencer une nouvelle saison et qu'ils avaient changé les acteurs. Et puis, Cameron avait élimé leur amitié à chaque remarque désobligeante qu'il avait pu faire à son meilleur ami, Christian. Andrew était au courant de leur mésentente et, même si cela ne lui aurait pas déplu que Cameron brise le couple de son meilleur ami, il ne pouvait pas ne pas en tenir compte. Attaquer Christian, c'était également attaquer Andrew. Cricri lui avait rapporté leur discussion de Noël. Dire que Cameron avait cassé tout le sex appeal alors présent entre Christian et Katya, et qu'il avait empêché son meilleur ami de montrer son talent marital ... Non, décidément, il ne pouvait pas rester ami avec Cam.

Fais pas genre Cameron, notre amitié est bonne à ranger au placard, on dirait.

En fait, plus la discussion avançait et plus Cameron l'agaçait. Son ton, son éloquence rhétorique ... Il lui donnait envie d'éclater de rire, tellement il était caricatural. Mais d'un autre côté, il n'avait pas tort : leur amitié ... Andrew n'aimait pas se prendre la tête ainsi. Il préférait oublier et ne jamais trouver la solution. Tant pis pour les conséquences, tant pis pour la perte d'un ami.

Je crois donc que nous n'avons plus rien à nous dire ...

Non, ça ne lui faisait pas mal au cœur de dire ça. Allo, Cameron n'était pas Christian non plus, c'était un simple ami comme les autres. Oui, Andrew cherchait à relativiser la situation même si, au fond, ses paroles le rendaient nostalgique.

Un sale état, comme tu dis ...

Sa cure de desintox était comme la plupart des sujets délicats pour Andrew : à ranger au fond de sa mémoire et à ne plus évoquer. De Londres, il gardait d'autres souvenirs plus intéressants et plus amusants, il pouvait aisément rayer celui la.

Kennedy assumait totalement le fait d'avoir trompé ce mari qui la rendait si malheureuse ; à son grand malheur elle n'avait jamais d'ailleurs eu l'occasion de le lui dire, Mark l'avait foutue à la porte avec perte et fracas sans qu'ils aient de réelle conversation. Jersey avait raison, elle non plus elle ignorait comment elle faisait pour rester de marbre face à une telle nouvelle. Un nouveau coup de couteau dans le dos, une nouvelle trahison.. Pourtant Kennedy ne s'énervait pas. Au fond d'elle, bien sûr, son monde était en train de s'écouler - à qui pouvait-elle réellement faire confiance dans ce quartier ? - mais aucun son ne sortait de sa bouche. Pas qu'elle ne voulait pas, juste qu'elle ne pouvait pas. Ce n'était pas dans son caractère de taper un scandale ou de tout péter lorsqu'elle était énervée. C'était peut-être une qualité rare mais en tout cas elle réussissait à contenir sa colère et son désarroi en elle. Kennedy était ce genre de fille dont on ignorait le réel fond de sa pensée. Et si Jersey s'était attendue à une autre réaction de sa part, c'est qu'elle la connaissait bien mal. Cette dernière semblait déstabilisée, Kennedy ingorait qu'elle aurait pu procurer cette sensation chez elle un jour ; d'habitude, c'était elle la mal à l'aise. La mannequin lui demandait dees explications, elle voulait en savoir plus, elle voulait que Kennedy dise ou fasse quelque chose. Quoi, elle voulait une claque ou des insultes, c'est ça ? Eh bien qu'elle se tourne vers quelqu'un d'autre pour ça, mais pas elle. Une nouvelle fois, ce n'était pas dans son tempérament, Kennedy n'était pas assez sûre d'elle pour assumer ce genre de réaction par la suite, et elle se gardait bien de le montrer.

« Non mais écoute euh ... je ne sais même pas quoi te dire voilà. » elle haussa les épaules et fit claquer ses mains sur ses cuisses. « De toute façon ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? »

Kennedy avait du mal à se dépatouiller de cette situation. Elle n'avait plus tellement envie de parler à Jersey présentement. Elle n'avait ni envie de se défouler sur elle ni de lui expliquer ce qu'elle ressentait vis-à-vis d'elle. Après tout elle devait bien s'en douter non ? Deviner ses pensées n'était pas bien difficile, même son regard trahissait sa déception. Elle se sentait simplement conne, voilà tout.

« Je savais pas que Mark t'intéressait en fait. »

C'est vrai quoi, depuis quand Jersey était-elle intéressée par son mari, car oui ils étaient toujours mariés mine de rien. Kennedy avait eu connaissance du fait que Jersey et Mark étaient sortis ensemble lorsqu'ils étaient adolescents, mais cette époque était révolue, non ? Les années étaient passées depuis cette période et les mentalités aussi normalement. Visiblement Jersey éprouvait toujours un petit quelque chose pour son mari, et ça ne lui plaisait pas même si ça elle se gardait bien de le dire.

La brune avait pris un regard innocent et demanda même à Kennedy si elle pensait à son avis qu'il soit possible que toutes deux redeviennent amies. Kennedy ignorait que Jersey possède autant de culot. Lui demander ça, maintenant, juste après avoir lâché cette bombe qui lui avait explosé à la figure ? Priceless. Si Jersey comptait enterrer son ex-amie sous-terre elle avait réussi. Honnêtement, Mrs Smith ignorait si la question de la mannequin était réellement sincère ou s'il s'agissait d'une provocation de la sorte tellement sa demande semblait déplacée et malvenue.

« Euh ... Jersey, je ne sais pas. Pas, pas maintenant en tout cas. »

Kennedy avait pris son courage à deux mains pour sortir ça et elle était autant fière d'elle qu'apeurée de la réaction de Jersey.