Famille Spencer ♥

La semaine s’achevait, et après plusieurs mois de boulot non-stop à la morgue, les Spencer avaient grand besoin de vacances. Thomas et Arsinoé avaient donc décidé de prendre leur week-end pour se faire une petite virée à la campagne en famille… Bien qu’elle ne fût pas tout à faire sûre que la perspective de passer deux jours entiers en famille à la campagne plaise vraiment aux enfants, Arsinoé y tenait vraiment. Elle avait l’impression qu’ils ne se parlaient pas beaucoup ces temps-ci et voulait vraiment qu’avec l’aide de ce week-end, ils se retrouvent un peu, tous ensembles. Peut-être que les enfants étaient trop grands maintenant, après tout c’était le cas, ils suivaient chacun des études à l’université… Ils étaient bientôt presque tous adultes, même s’ils vivaient toujours au sein du foyer familial. Pourtant, même si l’idée ne leur plaisait pas, Arsinoé était déterminée pour cette fois-ci et personne ne se désisterait ! Ils allaient passez le week-end ensemble et tout se passerait pour le mieux du monde. Du moins, c’est ce qu’elle espérait.
Arsinoé avait mis ce week-end en place pendant toute la semaine, le vendredi arrivé, elle était contente et préparé avec plaisir les valises. Ils partiraient le lendemain, tôt le matin, car huit heures de route les attendaient avant d’arriver à destination et il fallait qu’ils profitent au mieux de ce week-end.
Les Spencer possédaient une très jolie maison dans le Maine. Quelques années auparavant, ils y allaient très souvent, à chaque vacance quasiment, mais avec les études des enfants et tout ce qui suivaient, ils prenaient de moins en moins le temps d’y aller.
Le samedi matin arriva très vite, ils firent leur bagage, attelèrent la voiture, et bientôt furent en route pour leur maison de campagne. Huit heures de route, ça passait très lentement, les Spencer se partageaient le volant, bien qu’Arsinoé n’était jamais très rassurée lorsque c’était l’un de ses enfants qui le tenait. Même si le silence régnait à l’intérieur du véhicule, la radio et les bouts de conversations qu’entretenaient les Spencer aidaient à passer le temps. Enfin, en milieu d’après-midi, ils arrivèrent à destination. Arsinoé fut la première à sortir de la voiture, humant la bonne odeur de campagne.

« Ça fait quand même du bien de respirer de l’air sain ! Vous n’êtes pas d’accord ? » elle leur offrit un fin sourire, avant de se diriger vers le coffre et d’y sortir quelques valises « Vous aidez, les enfants ? » dit-elle en indiquant le reste des bagages d’un signe de tête.

A ces mots, elle se dirigea vers leur maison pour aller l’ouvrir. Quand ce fut chose faite, une odeur de vieux s’échappa de l’ouverture de la porte, depuis le temps qu’ils n’y étaient pas allés ! Arsinoé déposa les bagages dans l’entrée au pied de l’escalier, et faisant un tour dans le salon, elle remarqua que beaucoup de poussières s’étaient accumulées depuis ces longs mois. La petite fée du logis qui était en Arsi se réveillait, et avec hâte, elle alla chercher un aspirateur et de quoi faire la poussière. Elle voulait que tout soit parfait pour ce week-end afin qu’ils passent un agréable séjour ensemble, en famille.

La famille Spencer qui avait décidé de passer un petit séjour en famille dans leur maison de campagne, arrivèrent à destination après plus de 6h de route, avec tout de même une alternance de la prise de volant. Eli qui avait conduit pendant au moins une bonne heure et demi, se senti vite fatiguée lorsqu'elle vit tout le chemin qu'il restait à parcourir.

Quelques minutes après qu'elle passa le volant à un des membres de sa famille, elle s'assoupit pendant tout le reste du trajet. Lorsqu'elle se leva, ils étaient déjà arrivés. Elle ouvra les yeux lentement et petit à petit, elle voyait ce paysage de campagne dans lequel elle allait devoir vivre pendant les deux jours qui allaient suivre, avec toute sa famille. La famille... cela faisait tellement longtemps qu'ils n'étaient plus venus dans cette maison et qu'ils n'avaient plus passé de temps en famille qu'Eli se demandait même comment elle allait faire pour supporter les jours qui allaient suivre.

Sortant de la voiture, elle s'étira un grand coup avant de lâcher un soupir, ce séjour allait être long, mais vraiment...

« Ouais, c'est vrai que ça change de l'air du quartier. » dit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine.

Elle aurait bien voulu rajouter « et on est aussi bien à l'abrit des cons » mais en présence de sa mère, elle évitait d'être grossière, histoire de se faire passer pour une fille modèle.

Au moment où Arsi demanda à la famille de l'aider à décharger le coffre de la voiture, la jeune Spencer laissa son père, son frère puis sa soeur passer devant passer devant pour ensuite prendre ce qu'il restait de léger, c'est à dire, en plus de son sac à main, le sac de livre qu'elle avait amené avec elle et qu'elle avait notamment prévu de lire pendant son week-end, en tout cas, elle sentait déjà que sa petite maison dans la banlieue de MC allait bien lui manquer...

Se dirigeant vers la maison, lorsqu'elle vit sa mère s'activer à faire le ménage pour rendre la maison un peu plus agréable pour toute la famille, elle décida de lui donner un coup de main, mais son envie passa lorsqu'elle vit tout ce qu'elle devrait faire pour que la maison soit propre et, ça lui foutait un peu la flemme, elle préféra donc se poser dans un coin, le temps que sa mère finisse et d'attendre, mais voyant que le temps ne voulait pas passer, elle décida de faire sa bonne action de la journée et se leva enfin de son siège pour aller voir sa mère.

« M'man, tu veux d'l'aide ? » lui demanda-t-elle avec un enthousiasme qui aurait été presque perceptible si la fatigue ne lui donnait pas l'air de tirer la gueule.

Enfin le week end en famille était arrivé. Je ne me souvenais plus vraiment depuis quand nous n’étions pas partis en vacances. Cette constatation m’avait vraiment sauté au visage alors que les enfants prenaient à leur tour le volant. Ils avaient tellement grandis et en si peu de temps. Je me sentais encore jeune moi ! Je m’occuperai bien encore de changer a couche et de donner le biberon de 5h du matin à encore un ou deux bébés. Enfin, vu l’état actuel de ma vie sentimentale je ne risquais pas d’en avoir de sitôt. Arsinoé avait donc décidé d’organiser un weekend en famille, vendredi venu nous avions alors pris la route tous ensemble. J’essayais de m’amuser en plaisantant avec Carl à propose de blague d’hommes, voulant tromper l’ambiance spéciale qui régnait dans l‘auto. Enfin, les huit heures s’écoulèrent peu à peu pour laisser place à notre belle villa poussiéreuse. J’observais le charmant décor à travers a vitre, me disant qu’étrangement je regrettais la morgue. En effet, mes relations étaient tendues avec Arsi et Lizzie et la beauté des lieux n’était là que pour me rappeler la laideur de ce genre de conflit au sein de ma famille. Alors que les deux femmes parlaient du bon air frais que nous pouvions respirer je me retournais vers Scarlett décidant de rompre ma mauvaise humeur intérieure. Après tout j’avais vu beaucoup de bon souvenir avec ma fille, je l’appelais encore ma petite princesse la dernière fois que nous étions venus. Je lui demandé donc amusé :

« Tu es prête pour faire l’avion comme avant ? »

Je lui offrais un grand sourire, la laissant dubitative avant de sortir pour la tirer hors de la voiture et la soulever dans mes bras avant de la faire tourner. Deux tours pas plus, c’est qu’elle avait grandis ! Je lui faisais d’ailleurs remarquer en la relâchant avec amusement :

« Tu n’es plus aussi légère qu’avant ! »

Je laissais le soin à Carl de pousser la plaisanterie avant d’aller prendre les bagages du coffre sous la demande d’Arsi. Nous amenions donc toutes nos petites affaires à l’intérieur avant que la fée du logis se mette à l’œuvre.
Ne me sentant pas fait pour ce job je prenais les clés de la voiture avant d’annoncer :

« Je vais faire les courses dans la ville à côté, si tu veux quoi que ce soit en particulier envoie moi un message. Ah Carl je vais avoir besoin de tes gros muscles pour porter toutes les bouteilles ! Et pour les filles qui m’aiment suivez-moi ! »

Sur ce, nous partions donc dans la voiture vers le supermarché de la ville qui se trouvait à environ 20 minutes en voiture.

Je vais être honnête du début à la fin : dès qu'on que maman m'a dit que nous partions en week-end toute la famille, j'en ai été emmerdé. C'est aussi simple que ça, mais j'ai plutôt perdu goût à ces moments parce qu'ils ont été absents de notre vie pendant un moment et que finalement, ce n'est pas plus mal que ça. Pourtant, je suis probablement celui, après maman et papa parce qu'ils n'ont simplement pas le choix de faire semblant, qui jouera le mieux son rôle. C'est ainsi et c'est pour le mieux, mais nous avons tous notre petite vie de notre côté. Les filles font leur truc, d'ailleurs je ne sais pas toujours en quoi ça consiste et moi aussi... Depuis quelques temps, disons que même les parents vivent leur vie un peu chacun de leur côté. Ce n'est pas nécessairement la perspective la plus heureuse pour une famille qui semble vouloir être unie à tout prix, mais il faut bien admettre que la réalité ne concorde pas toujours avec les désirs que l'on a. J'en connais tout un rayon dans le domaine et je ne crois pas être particulièrement intelligent pour ça. Même le chemin pour aller à notre maison de campagne me parait être un calvaire. Il y a d'abord Elisabeth qui s'endort après quelques temps à peine, puis maman qui essaie de faire la conversation. Encore heureux que Scarlett y participe, et de mon côté je déconne avec papa. Il faut trouver un moyen de faire passer le temps plus vite, sinon on finirait par avoir tout bonnement envie de s'arracher les cheveux de sur la tête. J'ai un peu l'impression que c'est un accord tacite entre Scar' et moi, de gérer le maintien de l'ordre au moins le premier jour ! Ce serait quand même une catastrophe que ça tourne au vinaigre aussi tôt. Un effort vaut mieux qu'un enfer de quelques jours.

Lorsqu'enfin nous arrivons, je vais d'abord aider ma mère à descendre les choses de la voiture. C'est mon rôle de frère, parce que mes soeurs ne sont pas des paresseuses, mais en même temps elles aiment bien être gâtées comme les jeunes femmes qu'elles sont (sans rancune, je ne suis pas si sexiste que ça). S'enthousiasmer comme ça sur quelque chose d'aussi banal que l'air, ce n'est pas trop mon style. J'ai beau être un acteur à mes heures perdues, je me contente d'adresser un sourire à ma mère en passant à côté d'elle avec des choses que je m'apprête à amener dans la maison. Je dois admettre que ça me rend plutôt heureux de la avoir d'une aussi bonne humeur, si ravie de tous nous voir réunis. En ville, ça arrive de moins en moins souvent. Lorsque je reviens pour aider à amener une deuxième quantité de choses, je regarde mon père prendre Scarlett et j'éclate de rire franchement cette fois. C'est assez amusant de le voir chercher à retrouver le temps perdu, le passé en fait. Lorsqu'il lâche Scarlett, je l'attrape par la taille et on se chamaille un peu, mais je finis par la laisser afin de terminer d'aider au déchargement comme le bon petit garçon bien élevé que je suis.

Fidèle à la tradition, même si l'on est plus venu ici depuis longtemps, Thomas propose d'aller faire les courses de tout ce qu'on va avoir besoin pour le week-end. Nous avons toujours suffisamment de choses à amener durant le long trajet pour éviter de nous encombrer avec de la nourriture pour plusieurs jours, alors ça reste plus simple de se procurer ce que nous voulons une fois sur place. Je jette un coup d'oeil à mes soeurs pour savoir si l'une d'entre elles projette de venir avec nous ou pas. Ce n'est pas trop leur style, tout comme ce n'est pas le moindrement celui de papa d'entrer et d'aller animer la maison de notre existence ! La pauvre, elle a eu le temps de s’empoussiérer depuis le dernier passage d'Arsinoé, je l'ai tout de suite remarqué en allant y déposer les valises. « Tant qu'on achète assez de bière pour survivre au week-end...! », je lance sur un ton de rigolade, même si c'est probablement ce que nous pensons tous : le séjour ici sera sans doute bien long pour des gens qui n'ont plus trop l'habitude d'être ensemble sur le long terme. « Je plaisante, je me saoule assez en ville pour m'en passer quelques jours. » j'ajoute, en voyant la tête de ma mère. Disons que je m'entends bien avec elle, mais il y a certaines choses sur lesquelles on ne pourra jamais s'entendre. Je n'ai jamais cacher le fait que j'aime vivre et qu'à mes yeux, vivre veut aussi dire prendre des risques, faire des folies, se permettre des excès. Évidemment, comme toute mère, ce n'est pas foncièrement quelque chose qu'elle approuve. Heureusement, j'ai l'impression d'être mieux compris auprès de mon père, mais qu'importe. J'entre dans la voiture, ravi d'échapper déjà à la maison de campagne pour l'heure à venir.

Spoiler:

Un week-end en famille à la campagne. Au début, Scarlett ne s’était pas vraiment montrée très emballée par le programme. Elle savait très bien ce que sa mère avait eu en tête en organisant ce week-end tous ensemble, notamment briser les distances qui séparaient la famille Spencer en les rapprochant quelques jours. Mais en y réfléchissant bien, Scarlett avait finalement changé d’avis sur la question. C’était une excellente idée de s’éloigner de l’air étouffant de Magnolia. Ils n’avaient plus beaucoup l’occasion de se retrouver et le week-end s’annonçait comme une parenthèse dans la vie de famille des Spencer. Le jour j, les huit heures de trajet s’écoulèrent lentement entre les bribes de conversations dans la voiture et la musique qui s’élevait de la radio pour combler le silence. Lorsqu’ils arrivèrent à destination, Scarlett admira la maison remplie de ses souvenirs d’enfance. Elle se rappelait les vacances d’été bien remplies qu’elle avait vécu ici entourée de son frère et de sa sœur. Après toutes ces années, l’aspect extérieur de la villa n’avait pas changé. Il n’en était pas de même pour la famille. Ils avaient tous changé à leur façon. Les années les avaient éloignés les uns des autres. Ce week-end allait-il changer quelque chose ? Scarlett l’ignorait. Elle avait déjà parlé de ses impressions avec son frère une fois, et ils étaient plutôt d’accord sur la question. Les Spencer voulaient à tout prix paraître unis sans ne plus vraiment l’être autant que le passé. Elle sortit alors de ses pensées lorsque son père l’agrippa hors de la voiture. Il la prit dans ses bras et mima l’avion comme lorsqu’elle était haute comme trois pommes. « Ou peut-être que tes bras n'ont plus la force de me porter. ». Lui répondit-elle quand il fit remarquer qu’elle n’était plus aussi légère qu’avant. La jeune femme sourit, elle avait toujours été très complice avec son père. Il avait un esprit très jeune et ne perdait jamais une occasion pour essayer de dérider ses enfants. Carl l’attrapa ensuite par la taille et ils se chamaillèrent quelques instants. Arsinoé demanda alors à toute la petite troupe de l’aider à vider le coffre rempli de bagages. A ces mots, Scarlett s’exécuta comme le reste de sa famille. Elle attrapa plusieurs affaires et les ramena dans la maison. Celle-ci n’ayant pas été occupée depuis un moment, la poussière s’était accumulée un peu partout. Sa mère décida de faire un brin de nettoyage avant que la famille puisse s’installer. Eli offrit de lui prêter main forte tandis que les garçons décidèrent de partir faire les courses. Scarlett n’hésita qu’un instant. Pas qu’elle ne voulait pas aider les filles, mais connaissant les hommes de la famille, ils étaient capables de ne leur acheter que des pizzas et des bières ou autres choses malsaines pour satisfaire leurs estomacs gourmands. Il fallait bien qu’elle les accompagne si la famille voulait survivre le week-end entier. Ou peut-être n’était-ce qu’un prétexte pour déjà s’échapper de cette maison. « Je viens avec vous. » Sortit-elle de la villa en les rejoignant. « Hors de question de vous laisser acheter tout et n’importe quoi ! ». Ajouta-t-elle en montant à l’arrière de la voiture. Elle plaisantait bien sûr, c’était juste une façon comme une autre de s’inviter au supermarché avec eux.

Spoiler:

Arsinoé était en train de passer l’aspirateur à travers la pièce, le salon plus exactement. Depuis le temps qu’ils n’avaient pas foutu les pieds dans cette maison, la poussière et la crasse avaient eu le temps de s’accumuler, donnant à ce lieu une allure de manoir. Elle en avait profité pour ouvrir les fenêtres afin d’aérer pour que l’odeur de renfermé s’en aille… N’empêche que ça faisait du bien d’être ici, changer un peu de paysage au lieu de ce même quartier qu’ils voyaient chaque jour. Il n’avait d’ailleurs que peu de voisins ici, et ça c’était avec grand plaisir qu’Arsi le vivait : elle n’en pouvait plus de l’ambiance de Magnolia, de ses mères de famille qui se bouffaient entre elles et de toutes ces rumeurs que l’on entendait de partout. Ici, au moins, ils seraient au calme, loin de tous ces faux culs.
Elisabeth venait de faire son entrée dans la pièce, elle proposa à Arsinoé son aide. Eli qui se proposait pour aider ? Arsi n’en croyait pas ses oreilles, mais pourquoi pas... Depuis le salon, la mère cru comprendre que les trois autres se chargeraient des courses ! Bien, elles avaient tout de même du boulot sur la planche !

« Alors, tu peux peut-être passer la poussière ? Je pense qu’en tout cas moi c’est bon pour l’aspirateur, je vais m’attaquer à la cuisine ! »

Elle lui tendit un plumeau, tout en se disant qu’elle aurait mieux fait de passer l’aspirateur après ça, parce que pour le coup la poussière allait tomber par terre lorsqu’Eli la ferait… Tant pis, elle repasserait l’aspirateur plus tard ! Elle se dirigea alors vers la cuisine, qui elle, semblait plus propre que le reste de la maison. Tant mieux, elle n’eut qu’à passer un coup d’aspirateur et un coup d’éponge sur l’évier, et voilà qui était propre ! Elle se rappela avoir amené de quoi faire à manger avec elle dans un sac isotherme. Elle alla donc chercher ce dernier qui se trouvait encore dans l’entrée…

« Qu’est-ce que tu voudrais Elisabeth pour le repas ? J’ai de quoi faire des lasagnes, de la ratatouille, ou des crêpes ? »

Connaissant sa petite fille, elle allait lui répondre « crêpe » à coup sûr, c’était une gourmande ! Mais Arsinoé avait quand même envie de l’entendre, peut-être que la jeune Spencer était résolue à manger équilibré pour une fois, et ça ne lui ferait pas bien de mal !

Tandis que les autres décidèrent d'aller faire les courses, Eli elle décida d'aller aider sa mère, la pauvre, elle se démenait tellement pour que ces quelques jours en famille se passent bien, elle gardait donc toujours espoir que cette famille soit aussi unis qu'avant, c'était mignon. Mignon certes, mais surtout triste, il n'existe pas de plus triste chose que la déception d'une mère lorsqu'elle réalise que rien ne sera plus comme avant, mais bon, la famille Spencer n'était pas non plus au stade de s'éloigner à en arriver au point de ne plus s'adresser la parole, ils devraient donc en profiter tant qu'il en est encore temps. Du côté d'Eli, même si sa mauvaise humeur à cause de ces heures de voyages qui l'avait épuisé commençaient à se faire ressentir, elle décida de ne pas créer d'embrouilles ce week-end, du moins, essayer.

Lorsque sa mère lui donna les instructions pour le ménage, elle lui prit le plumeau des mains, et comme une gamine, elle joua avec le bout qui servait à faire la poussière avant de regarder autour d'elle, examiner un peu le nombre de meuble qu'elle allait devoir dépoussiérer.

« Ok m'man. »

Plus vite elle allait s'y mettre et plus vite elle finirait, la minute de jeu avec le plumeau étant passé, il fallait maintenant s'attaquer à des choses sérieuses !

Décidant de s'attaquer aux meubles les plus gros, elle essaya de faire de son mieux, mais lorsqu'on connait la jeune Spencer et qu'on sait qu'elle n'a pas l'habitude de faire le ménage et qu'elle n'aime pas le faire d'ailleurs, c'était à se demander si elle faisait vraiment la poussière. Elle passait juste un coup de plumeau en une ligne droite, ne voulant pas s'approcher trop près de peur de ne recevoir de la poussière dans le nez et d'avoir une crise d'éternuement. De plus, sa mère ne devrait pas s'attendre à grand chose venant de cette dernière, c'était pas non plus comme si Eli se dévouait tout le temps pour aider aux tâches ménagères, c'était l'intention qui compte !

« M'man, j'crois que j'ai fini. »

Elle croyait, le verbe ici était tellement bien employé que personne que la mère Spencer ne devrait pas s'étonner si elle décidait de repasser derrière sa fille...

Arsinoé qui semblait aussi avoir fini, décida de s'attaquer au repas de la famille en demandant à Elisabeth ce qu'elle voulait manger.

« Des crêpes ! » dit-elle sans même prendre le temps de réfléchir.

Sa mère la connaissait tellement que ce n'était même pas une question à poser, mais on dirait qu'à chaque fois qu'elle sortait cette question, elle s'attendait à un miracle de la part de sa fille pour qu'elle lui dise qu'elle voulait manger des légumes. C'est beau l'espoir.

Mes mains tapaient le volant au même rythme que la musique qui faisait vibrer les enceintes de la voiture :

« I love Rock'n'roll ! So put another dime in the jukebox baby ! »

Je chantais à tue-tête alors que le refrain revenait. Car à côté, aussi barré que moi et Scarlett qui nus avait rejoint pour surveiller nos achats et dont le sourire illuminait mon rétroviseur. Faire les courses pouvait être vraiment sympa en fait. Arrivé au supermarché je me garai à la place 3F du parking sommant les jeunes de la retenir :

« On est au 3F ! Retenez-le pour votre vieux papa qui n'a pu de mémoire ! »

Bien sûr c'était une blague j'avais une mémoire plus que performante. Enfin nous sortions de la voiture tel des loups sortant de la forêt, d'un pas sûr et l'œil vif, nous dirigeants vers les portes automatiques du supermarché. Nous ne tardions pas à sentir la fraicheur de l'air conditionné sur nos visages, contrastant avec les premières chaleurs d'été du dehors. Notre mission consistait donc à attraper le plus de cochonnerie en un temps record et tout ça en trompant la vigilance de Scarlett. Une idée me vint alors. Sans que les deux jeunes n'aient eu le temps de réagir, je me jetais sur les caddies, insérant un jeton avant de le tirer vers Scarlett, pour lui dire promptement :

« Scarlett monte dans ce caddie, papa va te pousser. »

Je l'avais regardais droit dans les yeux, sans ciller ou esquisser le moindre début de sourire, me voulant déstabilisant. Si l'incompréhension éclaira un instant ses yeux, je comptais sur sa perplexité pour céder à mon caprice de papa poule. Après tout j'avais toujours l ‘excuse de vouloir retrouver la complicité d'antan, celle ou mes deux petits se bagarraient pour être dans le caddie. Seulement il y avait autre chose, à ce moment précis, j'avais mon plan en tête. Afin de neutraliser Scarlett il valait mieux l'enfermer dans le caddie sous un pack de bière histoire de s'assurer qu'elle ne se sauve pas. Je la pressais gentiment en direction du caddie mes mains dans son dos, transmettant dans notre langage secret d'homme à homme à Carl mon plan qui se résumait en : Vite trouve des bières pour qu'on la recouvre dans le caddie ! J'avais confiance en mon garçon, il était aussi malin que son père avec cette même lueur d'intelligence dans les yeux. Le plan était simple, je comptais bien remplir le caddie de tout pleins de trucs qui ne permettaient pas de cuisiner des repas équilibrés, nous allions nous faire plaisir !

Papa a toujours eu ce côté « je me fous bien de ce que les autres peuvent penser » que j'adore. Il y a toujours des choses que l'on admire chez ses parents et d'autres que l'on déteste, mais moi j'aime particulièrement cet entrain qu'il a toujours dans à peu près tout. C'est faux de croire que la vie est toujours amusante, à chaque instant, mais c'est bien stupide de croire qu'en déprimant, on améliore son cas. En l'écoutant chanter, je souris plus que de coutume, observant par la fenêtre le paysage qui défile sous mes yeux. Malgré tout ça, malgré cette joie de vivre qui semble habiter la voiture avec cette musique qui crie à tue-tête (mais que j'aime bien), je ne peux m'empêcher de constater qu'il y a quelque chose d'un peu bizarre. À vrai dire, j'aurais aimé me retrouver seul avec mon père pour discuter, ou bien seul avec Scarlett. C'est ironique, mais autant ils sont ceux de la famille avec qui j'ai le plus de choses à dire et avec qui une conversation n'aurait pas fait de mal, autant à être avec tous les deux au même moment, je ne sais pas trop de quoi parler. Qu'importe, puisque les mots semblent ne pas être ce qui compte le plus en ce moment. C'est pour ça que je me contente de sourire. En fait, le chemin pour se rendre au supermarché n'est pas si long que ça, alors le tout passe bien. Une fois sur place, je suis le premier à descendre.

« 3 F, comme dans 3 fous vont au supermarché... » je marmonne, mi-amusé tout en étant conscient que ce n'est pas si amusant comme plaisanterie. Seulement, papa en met beaucoup trop en faisant des allusions au passé, ou dans ce cas-ci au futur en se disant vieux. Il sait bien qu'il ne l'est pas, du moins pas à mes yeux, et j'ai bien l'impression que tout cela n'a d'autres buts que de nous mener à croire que nous sommes toujours une famille unie. Même si je le trouve très opposé à maman sur bien des points, je sais aussi que l'image est quelque chose qui compte énormément pour lui et donc, l'image qu'a sa famille. Tant mieux si les parents se satisfont de ça, d'une image, car moi j'ai bien l'impression de ne pas être dupe. Il m'arrive souvent de me surprendre en train de me dire que je veux tout, sauf m'enfoncer dans une monotonie pareille plus tard. Quand j'y pense, ça me donne mal à la tête, car en reprenant la morgue, je m'arrange bien pour exactement aller dans la voie qui ne m'intéresse pas.

Nous entrons tous les trois à l'intérieur du supermarché et je souris, moqueur, lorsque Thomas propose à Scarlett d'entrer dans le caddie comme lorsqu'elle était petite. Je suis heureux d'avoir échappé à ces plaisanteries et c'est parfois même amusant puisque je suis le plus jeune de la famille. Je ne m'en plains pas, mais ça ne peut qu'être amusant en sachant pertinemment bien que Scarlett n'a plus rien d'une petite fille. Disons que je connais ma soeur d'une façon un peu différente de mon père, mais ça ne fait rien. Je comprends tout de suite le message lorsqu'il tente de faire diversion. Nous passons juste à côté de l'alcool et je réponds aussitôt, en bon complice : « D'accord oui, achetons des protéines... » Je regarde Scarlett en ajoutant : « T'es avec nous ou t'es contre nous. » Je lui fais un clin d'oeil. J'aime bien que papa agisse comme si elle était pour nous réprimander alors que pour ma part, j'ai bien plus l'impression qu'elle va se mettre de la partie et franchement, ceci est encore bien mieux !

Perdue dans ses pensées, Scarlett regarda le paysage défiler à travers la vitre de la voiture. La famille Spencer avait beau avoir changé et ne plus être aussi unie qu’avant, chacun y mettait du sien pour contribuer à la maintenir. La jeune femme était peut-être une des seules à ne pas être mécontente de ce week-end. Depuis combien de temps déjà n’avaient-ils tous pas mis leurs vies entre parenthèses pour passer un moment ensemble ? Elle ne s’en souvenait pas. Beaucoup de personnes se plaignaient de leurs familles, mais Scarlett trouvait qu’elle était plutôt bien entourée dans la sienne. Elle avait toujours pu compter sur ses proches dans les moments clefs de sa vie et elle état sans doute celle qui se sentait le plus à sa place dans cette famille. Proche de tout le monde, elle n’était ni la plus âgée, ni la plus jeune et avait encore moins la responsabilité de ses parents. Elle était contente de ces moments passés ensemble ou avec chacun d’eux, mais elle était bien consciente que rien n’était plus comme avant. Scarlett sortit soudain de ses pensées lorsque son père se mit à chanter à tue-tête. Elle sourit dans le rétroviseur, il n’avait rien perdu de son humeur euphorique. Le reste du trajet se poursuivit en silence et ils arrivèrent rapidement au supermarché. La jeune femme suivit son père et son frère à l’intérieur. Trois étourdis comme eux étaient bien capables d’oublier la place exacte du parking, songea-t-elle en souriant. Ils passèrent les portes automatiques. Scarlett n’eut même pas le temps de broncher ; son père prit les devants en tentant de la pousser vers le caddie. Bien essayé ! A son regard impassible, elle vit venir le piège. C’était flagrant. Elle fit un sourire complice à son frère qui avait compris ; son père ne la connaissait peut-être pas tant que ça finalement. Elle avait juste dit qu’elle les empêcherait d’acheter n’importe quoi comme prétexte pour les accompagner. Elle n’était pas contre eux, mais avec eux. La question de Carl résonna d’ailleurs on-ne-peut-plus appropriée en écho à ses pensées. « Je ne suis plus une enfant de quatre ans, comment tu veux que je rentre là-dedans ? ». Dit-elle en souriant à son père. « Laissons plus de place pour prendre double ration ! ». Ajouta-t-elle en s’enfuyant dans les rayons à la recherche de toutes ces mauvaises choses dont ils raffolaient. Bon, elle regarderait peut-être à ce qu’ils prennent quelques trucs équilibrés quand même. Une vingtaine de minutes plus tard, à la sortie du supermarché, elle les regarda en souriant de nouveau. « Bon d’accord, vous m’avez eu. ». Elle avait bien tenté de les raisonner sur l’une ou l’autre cochonnerie, mais ils avaient tellement argumenté sur les bienfaits du ‘laisser-aller’ qu’elle n’avait plus osé lever la moindre protestation. Scarlett songea qu’Elisabeth serait aussi ravie qu’eux de les voir revenir avec toutes ces courses. Sa sœur était une véritable ogresse. Au moins, Scarlett et Arsinoé ne devraient pas se dévouer pour lui faire à manger tout le week-end. La jeune Spencer se tourna alors vers Carl et Thomas. « On était garé où déjà ? ». Mémoire de poisson activée. Pourtant, ils n’en avaient pas acheté du poisson. La mauvaise bouffe devait déjà avoir un effet néfaste sur elle.