Andrew n'était pas un voyeur ou un gros dégoûtant. Pourquoi, alors, se trouvait-il dans cette boutique de lingerie féminine ? Andrew avait simplement décidé d'acheter un petit cadeau pour sa chère et tendre Lou. Un présent frivole et amusant, voilà ce qu'il cherchait ! Méticuleux, il avait même pris soin de noter sa taille, et avait retenu que Lou adorait cette boutique. Oui, quand Andrew voulait faire plaisir à quelqu'un, il ne le faisait pas à moitié. Certes, il allait probablement se faire plaisir aussi, mais ça, c'était une autre histoire. Voulant faire les choses bien, Andrew passa dans chaque rayon, pour connaître chaque modèle, et trouver ensuite celui qui plairait le plus à Lou.

Alors qu'il passait non loin de la caisse, il entendit une voix familière visiblement énervée. Il se détourna un instant de ses recherches, et aperçut alors Shelby, visiblement en pleine discussion mouvementée avec une vendeuse. Andrew ne comprenait rien à ce qui se passait, mais voir Shelby ainsi l'amusait toujours. Certes, elle agissait comme une petite capricieuse, elle prenait la mouche dès que les évènements ne se déroulaient pas comme elle l'avait décidé, montait sur ses grands chevaux quand elle n'obtenait pas ce qu'elle exigeait ... Mais Andrew ne comprenait pas en quoi cela pouvait justifier de ne pas l'apprécier. Il savait pourtant que, pour cette raison, elle agaçait souvent Lou. D'un autre côté, il n'allait pas le nier : que Shelby soit toujours la première à rire de ses blagues y était pour quelque chose, contrairement à Lou qui, quelques fois, le regardait d'un air découragé, comme si elle était face à un gosse. Il n'avait pas oublié sa réaction première à la fête de la musique, quand il avait lancé une chenille et que beaucoup l'avaient suivi. En fait, c'était peut-être pour ça que Shelby et Andrew rigolaient bien ensemble : parce qu'ils étaient tous les deux des gosses immatures. Mais en plus de ce défaut, Andrew était aussi très curieux. Et voir son amie s'énerver ainsi lui donnait envie de savoir pourquoi. Alors, l'air de rien, il se rapprocha de la scène de crime et demanda sur un ton le plus détaché possible « Hey Shelby, il y a un truc qui ne va pas ? C'est pas qu'on t'entend dans tout le magasin, mais un petit peu quand même » Il lui lança un sourire amical, espérant ne pas être la prochaine victime des foudres de Miss Seavers. En fait, il avait peut-être fait une connerie, en dérangeant ainsi une demoiselle énervée. Mais bien sûr, il n'avait pensé à cette éventualité que trop tard.

Sans bouger d'un cil, Andrew observait Shelby, prêt à courir se protéger derrière un portant si jamais elle déversait sa colère sur lui. Heureusement, elle resta relativement calme et lui fournit une explication que le jeune homme écouta attentivement. Ah oui, effectivement, cette vendeuse exagérait vraiment. Andrew avait deux solutions : regarder SHelby comme si elle était une martienne qui venait de lui parler chinois, ou l'approuver et aller dans son sens. Andrew tenait à la vie, il choisit donc la réponse 2. « Elle a fait ça, vraiment ? Mais c'est inacceptable, comment peut-elle te secouer cet ensemble sous le nez comme un pompon, et ensuite le reprendre. Et elle est payée pour faire ça ? Si je n'étais pas si outré je quitterais ce magasin sur le champ ! » Andrew sentit tout à coup sa fierté masculine s'envoler. Il se rappela toutes les fois où il avait pris sa voix de fille, pour les imiter, avec Christian son ancien meilleur ami. Le pire, c'est que ça les faisait rire, alors qu'en soi ils avaient surtout l'air idiot. Mais il ne pouvait pas s'adonner à une telle nostalgie dépressive, il devait redonner le sourire à cette pauvre Shelby. Plus sérieusement, Andrew compatissait sincèrement. Si jamais on lui proposait une chemise de bûcheron qu'il ne pouvait pas acheter au final, il serait probablement dans le même état.

« Je suis un homme plein de mystères Shelby ... » Il haussa les sourcis comme pour sous entendre beaucoup de choses mais, réalisant alors que la jeune fille pourrait le prendre au sérieux, il s'empressa de justifier véritablement sa présence ici. « Non je rigole, je suis venu acheter un petit cadeau pour Lou ! » Cependant, expliquer à une amie qu'il venait acheter des sous vêtements pour sa petite amie, c'était bizarre aussi. Vite, il fit le tour du magasin du regard, pour repérer un vêtement pas trop gênant. Bingo. « Enfin, par cadeau j'entends pyjama hein bien sûr, quoi d'autre ! » Il tenta d'arborer un air normal, même si pour le coup il se trouvait très idiot. Au moins, il espérait redonner le sourire à la jeune fille, ou tout au moins l'apaiser. La pauvre ... « Tu fais quoi, elle est partie te chercher l'ensemble ? Elle ne doit pas oser revenir bredouille parce qu'elle est morte de trouille, t'avais vraiment l'air convaincante en disant que tu la ferais virer ! » Un petit rire s'échappa, quand il évoqua la scène. En y repensant, Shelby avait été plus drôle qu'autre chose. Elle avait beau se sentir forte, même quand elle s'énervait, Andrew ne voyait en elle qu'une petite fille blonde mignonne comme un chaton. « Ce qui serait drôle, c'est qu'elle revienne complétement paniquée et que tu ne sois plus là, non ? Et comme ça j'en profite pour t'offrir une glace ou un café ! Ou autre chose, je te laisse choisir voilà ! » Oui, il allait repartir sans cadeau pour Lou. Mais de toute façon, il ne pouvait plus examiner à sa guise les ensembles du magasin, avec Shelby dans les parages ! Et il ne pouvait pas non plus acheter un pyjama à Lou, elle risquait de le porter ! Or, il la préférait vraiment sans pyjama.

Shelby semblait apprécier que Andrew soit de son avis, et lui, ça l'amusait toujours. Il n'était jamais complétement sérieux avec elle, il faut dire qu'elle riait toujours à ses blagues, et Andrew aimait beaucoup de genre de public. Mais il n'appréciait pas la jeune fille que pour son rire cristallin, elle était aussi très amusante. Même si, sur le coup, elle était sérieuse et envisageait vraiment de faire virer la vendeuse, Andrew y aurait mis sa main à couper. Alors, il s'en voulut un peu quand même, si à cause de son approbation une pauvre fille se retrouvait au chômage. Mais elle aurait dû être plus professionnelle, tant pis pour elle. Il préféra acquiescer simplement de la tête, néanmoins un peu mal à l'aise. Heureusement, Shelby saisit la perche qu'il lui tendait, et dévia avec un sourire malicieux sur les sous vêtements féminins qu'il avoua porter. Oui, des blagues idiotes de la sorte les faisaient rire, c'était nul, c'était eux, ils n'allaient pas s'en priver. « Promis, en plus j'en ai acheté un pas mal dernièrement, couleur parme il suit vraiment trop avec mon teint ! » Parfois, il se demandait où il allait chercher toutes ces idées. Sa soeur, principalement, il ne comptait plus le nombre de fois où il l'avait surprise en conversation avec ses amies, vantant les mérites des sous vêtements sexys sur le moral d'Adrian. Dans ces moments là, Andrew était pris d'envie de vomir, et priait sa soeur d'aller parler dans des endroits plus privés. Il voulait conserver l'image de blanche colombe qu'il avait de sa soeur, zut ! Mais maintenant, il la remercier de l'inspirer autant pour son imitation de la gent féminine ... Même s'il finit par avouer à Shelby qu'il venait acheter un cadeau pour sa petite amie. Une Shelby qui se montra d'ailleurs bien polissonne, et donna sa propre définition du mot pyjama. « T'en sais des choses sur les pyjamas toi dis donc ! » Il lui fit un petit clin d'oeil amusé. Il aurait bien ajouté qu'il allait tout raconter à son frère, mais Andrew s'aventurait rarement chez les Seavers, sa dernière envie étant de croiser ce cher et détesté Elias.

Quoi qu'il en soit, tout ça ne passa pas à Shelby cette envie inconditionnelle d'avoir l'ensemble. Elle repartit de plus belle sur le sujet de la vendeuse, plus énervée que jamais. Lui qui trouvait que parfois Lou était un soupçon trop rageuse, elle devenait un petit ange à côté de Shelby la diabolique. « Lui casser la figure ? Ah oui ça je veux voir ! » Il s'était exclamé, trahissant au passage que cette idée lui plaisait. Quel homme n'a jamais aimé voir deux filles se battre ? Mais il devait être raisonnable, tout cela pouvait dégénérer. Il devait choisir une solution, en tout cas Shelby ne partirait pas sans son ensemble. « Et si tu lui demandais de te le commander, en te faisant une remise pour le gêne occasionnée ? Parce que j'ai compris que tu le veux, mais je ne crois pas qu'elle soit capable de te le pondre là tout de suite » Il fit une petite moue, espérant que Shelby accepterait que ses caprices ne soient pas toujours réalisables dans l'instant.

Lorsqu'Andrew promis à la demoiselle qu'il lui ferait un défiler avec les derniers sous-vêtements qu'il avait acheté la jeune femme ne put s'empêcher d'avoir bref sourire. Malheureusement elle avait d'autres problèmes en tête une vendeuse n'avait pas satisfait son caprice et Shelby n'était pas prête de lâcher l'affaire. Sur un ton plus sérieux Andrew expliqua qu'il était venu chercher un cadeau pour sa dulcinée et par cadeau il entendait pyjama. La jolie blonde ne put s'empêcher de se moquer un peu, mais se dont elle ne se doutait pas c'est que le jeune homme répliquerait en se moquant à son tour, toujours avec un léger sourire Shelby répondit à son ami :

« Eh bien oui, c'est l'un de mes sujets préférés d'ailleurs ! »

Agacée la demoiselle essaya de garder son sang froid, il y avait quelques minutes déjà que la vendeuse qui lui avait particulièrement cassé les pieds. La jeune femme jeta un coup d'oeil agacé à sa montre puis expliqua brièvement ce qui lui était arrivée à son ami, celui-ci répliqua qu'il voulait assister à la bagarre si elle avait lieux. Evidemment Shelby parlait sur le coup de la colère elle n'était pas vraiment du genre à se battre, mais plus du genre à faire virer les vendeuses incompétentes comme celle-ci. Non seulement Shelby n'avait pas plus de force qu'un petit chat, mais en plus ce serait horrible pour elle si elle se cassait un ongle durant la bagarre. C'est donc en essayant de rester calme que la jeune femme attendait encore et toujours sans pour autant se calmer face à la situation pas tellement grave en soit. C'est alors que son ami eu une idée lumineuse à laquelle la demoiselle n'avait vraiment pas pensé. Pourquoi pas commander l'ensemble avec une remise pour la gêne occasionnée ? La demoiselle se demandait encore pourquoi elle n'y avait pas pensé avant. Après quelques instants de réflexion la jeune femme se tourna vers son ami et lui répondit avec encore un mince sourire aux lèvres :

« Mais je vais encore attendre je ne sais pas combien de temps avant de pouvoir récupérer mon ensemble.. Mais j'avoue que ce n'est vraiment pas une mauvaise idée, si elle daigne ramener ses fesses par ici sans mon ensemble c'est ce que je lui demanderai.. »

Voilà une bonne dizaine de minutes que la vendeuse avait disparue dans l'arrière boutiques, la jeune femme ne se remettait pas du tout en question et commençait à être plus qu'agacée par l'attente, une autre employée passa près de la jeune femme, celle-ci en profita pour lui dire deux mots d'une voix sèche pour lui faire comprendre qu'elle en avait plus qu'assez.

« Madame, j'attends votre collègue depuis un bon quart d'heure elle est partie dans l'arrière boutique et n'en revient plus je n'ai pas que ça à faire que d'attendre.. J'ai une journée chargée qu'est -ce que vous croyez ?? »

L'art de l'exagération était un des grands défauts de la jeune femme, sans être plus agréable la demoiselle accepta de patienter quelques minutes de plus, mais heureusement son ami était toujours là pour attendre à ses côtés. Elle se tourna à nouveau vers lui et lui demanda :

« Qu'est-ce que tu as prévu de faire après cette escapade dans la boutique de sous-vêtements féminins ? »

Spoiler:

Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, Shelby avait toujours été adepte de l'humour d'Andrew. Elle riait de tout, des bonnes blagues et des plus douteuses. Une fois, Andrew lui avait même demandé si elle ne faisait pas exprès de rire juste pour lui faire plaisir. Mais non, et il en fut rassuré. Petit à petit, elle s'était mise à se lâcher aussi, et à l'imiter. Désormais, elle le suivait sur le terrain de l'humour, et leurs discussions prenaient parfois des tournants très idiots. Vu de l'extérieur, on devait les prendre pour des gamins. Mais eux, ça les amusait. « Je suis vexé que tu ne me l'aies jamais dit avant, nous aurions pu discuter pyjama plus souvent ! » Il hocha la tête, d'un air grave. « Mon pyjama préféré, c'est mon pyjama pokemon ! Mais c'est pas un pyjama pokemon comme les autres, dessus y'à Pikachu en pleine attaque Fatal Foudre ! » Nouveau hochement de tête, sur un ton tout aussi sérieux. « Et toi ton pyjama préféré ? »

Mais parfois, Shelby redevenait simplement Shelby, la petite fille un peu trop gâtée et pas assez patiente. La plupart du temps, Andrew préférait en rire. Une ou deux fois, il avait quand même eu un peu peur de ses réactions démesurées. Et une fois aussi, elle l'avait un peu agacé. Mais dans l'ensemble, elle n'était pas bien méchante. Alors il se contenta de l'écouter quand elle gronda sur une autre vendeuse. Curieux, il se demanda de quoi était chargée la journée de Shelby, il aurait parié manucure, spa et pédicure, mais s'abstint de toute remarque. Elle était suffisamment énervé, il ne voulait pas s'attirer ses foudres. Cependant, quand la seconde vendeuse partit au secours de sa collègue, il se permit une petite remarque. « Cherche pas, tu lui as fait peur et elle ne veut plus revenir, elle s'est cachée dans la réserve ! » dit-il en riant de sa blague, imaginant en même temps la fameuse vendeuse tapie dans un coin de la réserve, pour échapper à l'ouragan Shelby. Contre tout attente, Shelby lui demanda alors ce qu'il comptait faire après ses achats. C'était rappé pour acheter de beaux dessous sexys à sa copine de toute façon. Andrew était timide dans l'âme, impossible de choisir avec la jeune blonde dans les parages. Pour rendre sa version plus crédible, il ferait même mieux de choisir un pyjama. Mais jamais il ne l'offrirait à Lou, c'est mort, cette coquine pourrait prendre un malin plaisir à le porter. « Oh je n'ai rien prévu de spécial, je pensais repartir tranquillement en regardant quelques vitrines au cas où » Il se garda de préciser qu'à CHAQUE FOIS qu'il venait au centre commercial, il vérifiait qu'aucune nouvelle chemise de bûcheron susceptible de lui plaire n'était apparue dans les vitrines. « Tu veux qu'on aille au salon de thé ? » proposa-t-il simplement.