La soirée de la veille avait été très simple mais affreuse. J'étais resté à la maison, comme beaucoup de soirs depuis quelques jours et tout ce que j'avais fait -et avais pu faire- c'était me lamenter sur mon état en suivant vaguement une série à la télévision. Et accessoirement, en prenant des médicaments contre les maux d'estomac. Ça m'avait pris d'un coup, en pleine soirée, sur le canapé un mal de ventre s'était ramené. Petit peut-être mais plus gros après. James m'avait assuré que dormir me ferait du bien, je m'étais donc couchée et étonnement je n'avais pas passé une si mauvaise nuit. Sauf que Mister Mal de Ventre n'avait pas dit son dernier mot et avait rappliqué aussi sec le lendemain matin. Personne à la maison, juste moi et la télé. Katya était retourné à Philadelphie pour la semaine. À l'heure qu'il était, James était sûrement en cours et Jaylann, Henry et Leeda en train de bosser, comme d'habitude. Et moi en train de glander à ceci près que je me tenais le ventre. Cette journée commençait déjà bien !

Je devais avouer que c'était un peu désespérant, d'être seule sur le canapé ni habillée ni coiffée, à rager contre ce mal de ventre inhabituel. Mais je ne voulais pas appeler James et encore moins lui faire rater les cours pour ça. Katya n'aurait pas pu faire le déplacement -elle était mieux en cours qu'à s'occuper de moi de toute façon. Quant à avoir pour compagnie les parents ou Jaylann, autant rester seule. Ça allait passer, il fallait juste être patiente. Être patiente Julia, patiente. Je fermai les yeux et essayai de me détendre sans trop penser, comme James m'avait dit de faire. Seulement, ce n'était pas aussi simple que ça et je dérivai toujours vers trois mêmes pensées : Zach, Fête des Voisins, Zach. Il m'avait vraiment énervé, en principe on se faisait un peu la gueule mais ça me soulait de ne pas pouvoir mettre les choses au clair. Il se passait tellement de trucs, il disait tellement de choses contradictoires que je ne comprenais plus rien. Un coup il me dit qu'il m'aime, un autre coup il flirte avec d'autres filles pour ensuite revenir vers moi, comme si de rien n'était avec ses "Ça va toi ?". Le seul fait de repenser à ce qu'il s'était passé ces derniers jours me mit en rogne et je finis par allumer la télé pour me changer les idées en me disant que s'il voulait me parler, qu'il vienne moi je ne bougerai pas.

Zach n'en pouvait plus. Au final, son plan avait marché. Il aurait du être heureux, ça avait fait réagir Julia de le voir avec une autre. Surtout Elin. Mais peut être pas comme il l'aurait souhaité. En même temps, il comprenait sa réaction. Elle ne devait pas vraiment comprendre le pourquoi du comment. Il devait lui expliquer ce qu'il se passait, pourquoi il avait agi de la sorte.
C'était ce à quoi il pensait en ce matin pluvieux, allongé dans son lit, une clope au bec. Ecrasant cette dernière, il se releva et enfila un tee shirt noir, un hoodie de la même couleur et un baggy bleu foncé. Prenant ses clopes et son portable, il passa une main dans ses cheveux et enfila ses air dunk. Sur un coup de tête, il avait décidé de passer chez les Fitzgerald. Julia ne répondait ni à ses appels, ni à ses messages ni à ses conversations sur facebook. Il devait tenter le tout pour le tout.
Descendant les escaliers à toute vitesse, il écoutait sa playlist motive-toi-et-trace, son casque plaqué sur les oreilles. Il prit ses clefs au passage, et sortit de chez lui d'un pas rapide, se dirigeant vers le n°39 d'un air décidé. Pas un chat dans les rues, toute la petite famille devait être en cours ou au travail. Il espérait d'ailleurs que Julia soit chez elle, ce qui risquait d'être légèrement plus compliqué.
Arrivant devant la porte, il souffla un bon coup avant de frapper. N'entendant personne venir, il tourna la poignée et à sa surprise, la porte s'ouvrit. Passant la tête par l’entrebâillement de la porte, il regarda quelques instants autour de lui. « Y'a quelqu'un ? C'est Zach... ». N'obtenant pas de réponse, il décida de se diriger vers le salon, d'où provenaient des sons éparses, sûrement la télévision ou la radio. S'arrêtant sur le pas de la porte, il contempla le spectacle s'offrant à lui. Une Julia en train d'agoniser sur le canapé, pas coiffée ni habillée. Et pourtant, putain qu'elle était belle. « Hum... J'peux rester ou je risque de me faire virer à coups de pieds ? »

« Hum... J'peux rester ou je risque de me faire virer à coups de pieds ? »

Je sursautai et, relevant aussitôt la tête, je vis quelqu'un dans l'entrée que je ne reconnus pas sur le coup - seulement que c'était un homme, vu la carrure et la voix. Je ne me retins pas de crier et en plus de ça, lui jetai à la figure le coussin que je tenais dans les mains. Si j'avais été dans mon lit, je me serai toute de suite cachée sous les couvertures. Faute de couvertures, je levai les bras au-dessus de ma tête, juste au cas où. Je restai comme ça quelques secondes et seulement après avoir imaginé le pire, je jetai un coup d’œil au type dans le vestibule. Pour me rendre compte que c'était Zach, qui se tenait là. Et qui venait de se recevoir un coussin dans la tête. Je soupirai ; Zachary ou comment rentrer normalement chez les gens sans les faire flipper.

« Putain t'es con tu m'as fait peur ! »

Le virer à coups de pieds aurait été une bonne idée, en effet, si je n'étais pas malade. Par contre, laisser la porte ouverte l'était moins - nan mais quel idiot dans la famille Fitzgerald ne l'avait pas fermé avant de partir ? - Je trouvai aussi ça un peu étrange que lorsque je pensais à Zach, il se ramenait... Et sans que je l'entende arriver.

« Qu'est-ce que tu fous là ? » ajoutai-je, revenant bien vite sur la défensive.

Sans le quitter des yeux, je posai la télécommande à même le sol après avoir éteint la télévision, laissant un silence un peu pesant. Je ne m’attendais franchement pas à le trouver là mais d'un autre côté ça m'arrangeait bien. Un peu de compagnie quand on est malade, ça ne se refuse pas, même venant de Zach qui venait de me faire une belle frayeur. Et en plus, comme je me l'étais dit tout à l'heure, je n'avais pas eu besoin de bouger, il était venu tout seul pour me parler. Parce que oui, je me doutai que s'il était là, c'était pour me parler et pas parce que James aurait mystérieusement trouvé son numéro, su qu'il y avait un truc entre nous et l'aurait bizarrement averti que j'étais malade.

Zach laissa le coussin s'écraser et tomber par terre. Bon, certes, il lui avait fait peur, mais sa réaction était un peu pitoyable. Ce n'est pas comme si des bras au dessus d'une tête allaient lui faire peur. Soupirant légèrement, il se passa la main dans les cheveux, géné. « En fait... J'voudrai m'expliquer, ou m'excuser comme tu préfères, pour l'autre soir... J'aimerai que t'entendes toute l'histoire en fait. Enfin, que tu comprennes pourquoi t'as vu c'que t'as vu. Et c'est plus simple de le faire en face, vu que tu ne réponds pas et que j'suis pas très adroit en général pour communiquer... Enfin tu vois quoi. » Faisant la moue, il se pencha pour rattraper le coussin, puis se dirigea vers le canapé. S'asseyant dessus, le coussin entre les bras, on aurait pu croire qu'il faisait un calin à un oreiller. Ce qui était peut-être bien le cas. Pas rassuré le Zachy...
Evitant de fixer Julia dans les yeux, il réfléchissait à comment il allait pouvoir lui expliquer la chose. En fait je t'aime mais je t'ai rendue jalouse et ça a marché, lol ? Ca n'allait pas être très simple de gérer, surtout connaissant Julia. M'enfin, au moins il avait eu la preuve qu'elle tenait à lui. Inspirant un bon coup, il débita d'un coup, assez rapidement « En fait à la fête quand j'suis arrivé j't'ai vu avec un mec, donc j'ai pris la quinte, et j'ai parlé à Elin qui se trouvait là, et on a convenu de se rapprocher pour voir si tu devenais jalouse... Enfin voir si tu réagissais quoi. Et j'suis un abruti je sais, j'suis le pire des cons et voilà » Terminant sa phrase, il se mit une claque « Tu vois, j'le fais même à ta place » avant de se masser la joue. Oui, il avait été assez débile pour se faire mal. Oui, il avait la trace de sa main sur la joue. Faisant la moue, il releva doucement les yeux vers Julia, ayant peur de se faire foudroyer en un regard.
Semblant remarquer l'état de Julia d'un seul coup, il haussa les sourcils. « Ben, t'es malade.. ? ». Certes, c'était un moyen comme un autre de changer rapidement de sujet... Totalement pitoyable, il fallait en convenir, et c'était très peu probable que cette tentative passe inaperçue. Mais Zach était en effet plus que mauvais au niveau communication...

Des explications, c'était pas trop tôt. Je le laissai s'asseoir à côté de moi sur le canapé et l'écoutai -pour une fois... - Maintenant qu'il le disait, ça me semblait évident. Lui et Elin avaient fait exprès, c'était pour ça que Zach n'avait même pas pris la peine de me regarder ou au moins de vérifier si j'étais là. Leur plan était quand même diabolique mais il avait marché, il fallait bien que je me l'avoue maintenant. Et puis, si les places avaient été inversé j'aurais surement fait la même chose. Alors pour une fois, je crois que je ne vais pas mal prendre tout ça. Enfin, pas plus que ce qu'il s'était déjà passé en tout cas... Au contraire, voir Zach se baffer lui même me fit bien sourire. Et aussi qu'il remarque que j'étais malade..

« Ouais, je sais pas ce que j'ai.. »

Maintenant qu'il s'était expliqué, c'était à mon tour. Et Zach pourra dire ce qu'il voudra, je n'étais pas la seule à avoir réagi en le voyant avec quelqu'un d'autre.

« Quant à moi, le mec que t'as vu c'est Carl. Et... » J'espérai quand même qu'il ne se vexerait pas. « C'est mon ex. Mais y a plus rien entre nous » J'espérai aussi qu'il comprenait bien ça, parce que sur ce coup-là, ce n'était pas du mensonge. J'étais resté amie proche avec Carl mais sans plus.

« Oh merde » dis-je en sentant une nouvelle vague de malaise arrivée.

Sauf que cette fois, ce n'était pas juste un mal de ventre. Je me relevai en quatrième vitesse et courrai vers les premières toilettes de la maison. Encore heureux qu'on en ait au rez-de-chaussé, quand même. Et je me mis à recracher le peu que j'avais pu avaler ce matin. Moi qui détestait vomir, c'était bien ma vaine. Quand ce fut fini, je tirai difficilement la chasse d'eau - voir ça ? même pas en rêve - et m'assis à même le sol en m'adossant au mur des toilettes. Non non Zach, je suis pas malade.

Elle l'avait écouté calmement, et lui avait même souri. Il soupira de soulagement, avant de contracter la machoire à l'entente du nom du mannequin Abercrombie. Alors c'était... son ex. Ok. Il avait donc à rivaliser avec la pire concurrence qu'il puisse avoir. Génial. Bon, il n'y avait peut être plus rien pour elle, mais elle n'était pas dans la tête de ce Carl. Et dans la tête de Carl bientôt, il y aurait le poing de Zachy, si il continuait à prendre la fille dont il était amoureux dans ses bras.
Et puis d'un coup, il la vit courir à toute vitesse vers... Des toilettes surement, vu les bruits s'échappant de la pièce. Il fit la moue avant de suivre ses pas, doucement. S'appuyant contre la porte, il attendit d'entendre Julia tirer la chasse d'eau et de la voir sortir... Sauf qu'elle ne le fit pas. Se laissant glisser contre le bois, il s'affala au sol, la tête contre l'interstice de la porte. « T'es sûre que tu sais pas ce que t'as ? » Respirant doucement, il frissona. Il détestait voir les gens malades, ça le rendait souvent malade à son tour. Alors il leur imaginait, sans réellement s'en rendre compte, des causes à leur état, causes logiques et plausibles, excluant un virus contagieux. Et là, la seule chose qui lui passait par la tête c'était... « Et euh... T'es pas enceinte au moins hein ? » Bon, certes, il aurait pu totalement s'en foutre. A vrai dire, si elle était enceinte, ce n'était pas de lui donc pas de problèmes. Mais que SA Julia puisse être enceinte d'un autre que lui, ça le foutait en rogne. Comment ça, c'est plutôt malsain comme raisonnement ? Non, c'est le raisonnement d'un garçon amoureux. Très amoureux même. Au point de rester à côté de Julia alors qu'elle était malade, et de ne penser à rien d'autre qu'au fait qu'elle soit belle même malade. S'allongeant à même le sol, il colla sa joue au parquet et regarda sous la porte. Il voyait Julia, assise par terre. « Je te voiiiiiis petit poiiiiiiis ». Au moins ça la ferait sourire. Un petit peu...

« Et euh... T'es pas enceinte au moins hein ? » Temps de réaction : quatre secondes. Ce que Zach pouvait être con parfois. N'empêche, je me demandai où il allait les chercher, ses idées. « Je te voiiiiiis petit poiiiiiiis » Âge mental de l'adversaire : douze ans et demi. Je tentai tant bien que mal de m'allonger par terre dans un espèce de toilettes aussi réduit que la pièce où je me trouvais (a) et vis l'un des deux yeux de Zach. Sa tête écrabouillée par terre (xD) me fit encore plus rire et je ne trouvai aucun surnom à lui donner. Dommage, pour ce coup...

Je me remis sur pieds et ouvris la porte. Avoir Zach allongé à mes pieds me donnait la fâcheuse envie de lui marcher dessus... Je me retins -quand même- mais ne me gênai pas pour passer au-dessus et aller dans la cuisine. Il fallait vraiment que je boive un truc, pour faire partir le goût dégueulasse qui m'était resté dans la bouche...

« Tu veux boire un truc ? » proposai-je au passage

J'attrapai deux verres et une carafe d'eau et m'enfilai sans plus attendre un verre. C'était déjà un peu mieux. Et puis, ne plus être en colère contre Zach, c'était bien mieux aussi. (a) Jusqu'à maintenant, je n'avais pas vraiment réalisé que je ne faisais pas que lui répondre de temps en temps quand il me tournait autour. J'avais fini par m'attacher à lui et je détestais m'engueuler avec lui. C'était sûr, maintenant.

L'entendant sortir, Zach se redressa tant bien que mal. Époussetant ses vêtements, il la suivit jusque dans la cuisine, et s'adossa au mur, face à la jeune femme. Ils ne s'étaient pas reparlés depuis la fête, donc depuis le message de Dirty Secret. S'humectant les lèvres il baissa la tête, fixant les lattes du plancher. Il ne savait pas réellement comment aborder le sujet, ni par où commencer. Zach prit doucement la voix, comme pour amadouer Julia, afin qu'elle ne soit pas trop sur la défensive. Il avait besoin de savoir. «Tu... Enfin. Tu l'as pris comment cet article, à la fête? Enfin, l'histoire de l'autre soir était clairement racontée et... Enfin, ne crois pas que j'en ai parlé à quelqu'un. C'est faux.» Il ne voulait pas la brusquer. Vraiment pas. Il tattonnait, doucement. «Enfin, je voulais savoir si ça allait. Parce que j'imagine que des gens t'en ont parlé.» Et puis, finalement, il fallait en venir au fait, même si c'était plutôt compliqué. Mais à vrai dire, ça l'avait intrigué. «Et puis... Enfin y'a cette histoire d'escaliers. J'ai pas compris... Enfin j'me pose des questions...». Il se rapprocha d'elle, doucement. Lui prenant les mains, il fit la moue avant de plonger les yeux dans les siens. «A cause de ça, j'm'inquiète. Enfin je crois que t'as compris depuis l'temps, à quel point tu comptes à mes yeux...» Se rapprochant de son oreille, il commença à chuchoter. «Tu sais que j'te fais de plus en plus confiance. Et plus je te fais confiance, plus gros je risque... J'veux juste que tu comprennes que j'suis loin de prendre ça à la légère. Et que si tu dois me dire de te laisser tranquille un jour, c'est maintenant, pas plus tard. Je m'impliquerai pas plus si ça n'a aucune chance d'être réciproque. Tu m'rends déjà assez dingue comme ça.» C'était peut être une des seules fois où il avait réussi à être plutôt clair face à Julia, et il en était à vrai dire assez fier. Se mordillant la lèvre, il attendait la réponse, impatiemment.

«Tu... Enfin. Tu l'as pris comment cet article, à la fête? Enfin, l'histoire de l'autre soir était clairement racontée et... Enfin, ne crois pas que j'en ai parlé à quelqu'un. C'est faux. » Oui, bien sûr, il fallait qu'on en parle. Zach s'était expliqué sur son comportement à la fête, mais il restait toujours l'article et le texto. J'avais d'ailleurs redouté ce moment mais maintenant qu'on y était, il fallait bien qu'on parle. Au moins, je n'avais pas pensé qu'il puisse en parler à quelqu'un ; je savais d'avance qu'il ne l'avait pas fait. «Enfin, je voulais savoir si ça allait. Parce que j'imagine que des gens t'en ont parlé.» Il s'inquiétait.. ? «Et puis... Enfin y'a cette histoire d'escaliers. J'ai pas compris... Enfin j'me pose des questions...» En fin de compte, j'aurais préféré qu'il reste sur cette idée de grossesse, plutôt que de venir me parler des escaliers. Je le laissai me prendre les mains alors qu'il s'était rapproché. «A cause de ça, j'm'inquiète. Enfin je crois que t'as compris depuis l'temps, à quel point tu comptes à mes yeux...» Oui, il s'inquiétait. Mais toi aussi tu comptes pour moi, Zach...
Il s'approcha encore, peut-être un peu trop près, et murmura «Tu sais que j'te fais de plus en plus confiance. Et plus je te fais confiance, plus gros je risque... J'veux juste que tu comprennes que j'suis loin de prendre ça à la légère. Et que si tu dois me dire de te laisser tranquille un jour, c'est maintenant, pas plus tard. Je m'impliquerai pas plus si ça n'a aucune chance d'être réciproque. Tu m'rends déjà assez dingue comme ça.» Je ne comprenais pas tout ce qu'il venait de me dire. Il parlait de deux choses à la fois, non ? C'était plus clair, d'un coup, une fois que j'avais discerné les deux choses. Je dégageai doucement de sa poigne la main qui tenait mon verre et posai celui-ci sur le plan de travail en prenant mon temps pour lui répondre. « Je... » Je pesai mes mots ; ne voulant pas l'inquiéter d'avantage. « Je vais bien, faut pas t'inquiéter. » Même si j'aimais bien qu'il s'inquiète. « Et non, y en a pas beaucoup qui m'en ont parlé. » J'avais plus évité les gens qu'autre chose, en fait. Mais maintenant qu'on en parlait, ça me faisait me rappeler de tout l'article. Parce que je l'avais lu et relu, plusieurs fois, à tel point que je pouvais en réciter certaines phrases. Et quand on parle d’amour chez les Fi., ça s’étale aussi pour la sœur Ju., qui s’est fait agresser par un inconnu et sauver par le beau Za.De. Décidément, on tombe souvent chez des brutes chez les Fi. ! Heureusement Ka.Fi. est là pour lui donner des conseils. La Ka.Fi n'était pas resté longtemps, après ça. Em.Jo s’est fait embrassée par un Za.De., enfin l’inverse serait plus juste… Avant de se rappeler qu’elle était déjà en couple avec le « dur » du quartier, Mi.Hu et de rembarrer le pauvre Za.

« T'as embrassé Em.Jo ! » Putain, non, c'était pas ce que je voulais dire. Mais ma réaction fut immédiate ; je reculai précipitamment, en tirant aussi fort que possible pour qu'il me lâche. Je n'avais pas réagi, en lisant ça la première fois. Mais maintenant qu'il me disait tout ça, toutes ces belles paroles... Comment pouvait-il ? Qu'il fasse genre un flirt avec Elin Hamilton pour me rendre jalouse, passe encore, même si ça ne me plaisait pas beaucoup, mais... ça. Je ne voulais même pas prononcer le prénom de l'autre en entier. Je n'avais pas envie qu'on s'engueule une nouvelle fois, mais mon sang ne fit qu'un tour et j'étais déjà pleine de rage contre lui. À quoi ça servait qu'il me dise tout ça, s'il avait quelqu'un ? Qu'il me le dise, parce que je comprenais pas là.

Elle m'avait repoussé, c'était clair. Ou du moins, elle m'avait esquivé. Soupirant, j'écoutais sa réponse, calmement. Avant d'entendre son exclamation. Emily... Oh et puis, il fallait bien qu'on y vienne, à un moment ou à un autre. Soupirant à nouveau, il fit un calcul rapide dans sa tête avant de se tourner vers Julia. Il devait encore une fois étaler sa honte devant tout le monde. Remarque, certaines choses ne changent jamais... «C'était il y a un petit moment déjà... C'était une pote, elle avait un mec, elle m'a rembarré, point. C'est jamais allé plus loin.» Et puis, d'un autre côté, pourquoi lui devait se justifier face à une fille qui le faisait tourner en bourrique depuis des mois? Mais c'était une fille. Et les filles, c'est compliqué. Faisant la moue, il se rapprocha encore un peu de Julia, avec une bouille de gamin de huit ans. «C'est parce que je savais pas encore que t'étais un p'tit pois. Qui sait, j'l'aurai su avant, c'est peut être toi que j'aurai embrassé.» Haussant les sourcils ( ) en souriant, il rit quelques instants avant de serrer Julia dans ses bras. Petite pulsion passagère. Il plongea le visage dans ses cheveux et s'exprima d'une voix étouffée par la masse capillaire de la jeune femme. «Ca s'rait pas juste de m'en vouloir pour ça. P'tit pois.»
Frottant sa joue contre la sienne (miaou) il remit les cheveux de Julia en place, en galérant un petit peu quand même, avant de la regarder avec un sourire crétin. «T'as d'bôw zyeux bôté» Oui bon certes, c'était un niveau assez bas, mais c'est tout ce qu'il avait en reserve pour le moment.

«C'était il y a un petit moment déjà... C'était une pote, elle avait un mec, elle m'a rembarré, point. C'est jamais allé plus loin.» Oui mais... Oh et puis non, j'abandonnai. Il fallait dire que je n'étais pas vraiment bien placée pour donner des leçons et non merci la dispute ; il était venu se faire pardonner, j'avais accepté ses excuses, on n'en parlait plus maintenant. En plus, j'avais eu la réaction typique de la fille jalouse, encore une fois, et ça m’embarrassait un peu. Mais Zach devait bien savoir qu'il comptait aussi pour moi, non ? Enfin, je ne restais pas pour rien non plus, ça devenait évident maintenant, même si je ne le lui avais pas encore dit... Et même si j'étais encore un peu énervée - on n'essuie pas une colère aussi facilement -, je le laissai venir. Et cachai mon visage rougissant à ses mots, tout en profitant quand même de ce câlin. (a) Quand il fut fini, je relevai le menton et collai mon front contre le sien, souriant carrément devant sa tête. Il savait y faire, quand il voulait. « On oublie ? Tout ? » Tout, tout, j'étais prête à le faire - pour une fois - même si j'avalais difficilement le fait qu'il ait flirté avec Elin en faisant genre il ne m'avait pas vu et pire, qu'il ait embrassé Emily... Enfin bon, il fallait tourner la page maintenant, lui n'avait rien dit pour Carl ou pour les autres avant.

Souriant toujours, il se rapprocha encore un peu plus, toujours en murmurant. «On oublie et on recommence. Tout.» A ces mots, il l'embrassa. Tout doucement. Bon, c'était surement plus parce qu'il avait peur de se prendre une claque que par romantisme, même si l'on pouvait évidemment se poser la question. Voyant qu'elle était aussi réactive qu'une carpe, il se recula tout doucement, les sourcils froncés. «Tu m'en veux? Tu veux que je parte, ou..?» Bon, c'était légitime pour lui de se méfier de la sorte, la dernière fois qu'il avait embrassé une fille, il s'était fait salement remballer.
Et puis, Julia lui envoyait des signaux depuis cinq minutes. Il les avait vu. Ou alors il voulait tellement qu'elle lui en envoie qu'il les avait imaginés. Tressaillant, il essaya de lire dans les yeux de Julia, puis abandonna presque aussitôt. Il était impossible de la cerner, de toute façon. Si il voulait savoir ce que pensait Julia, il pouvait aussi bien aller demander à Katya. Elle au moins elle lui répondrait, et sûrement plus honnêtement que sa soeur ainée. Faisant à nouveau la moue, il attendit une réplique venant de Julia, ou éventuellement une incitation à continuer ce qu'il venait de commencer.
Puis, voyant qu'elle ne bougeait pas, il la reprit dans ses bras, doucement. Lui laissant peut être le temps qu'il lui était nécessaire pour digérer son acte, et pour pouvoir réagir sans être analysée par deux yeux presque étrangers.

Je ne bougeai pas, mais c'était la fiesta dans ma tête. D'un côté, j'étais prête à sautiller partout ; ça voulait dire tellement de choses, ce baiser, il était en quelques sortes.. important, je m'en rendais bien compte maintenant. - Et DS, si tu nous regardes, je te fuck - Et Zach m'avait un peu pris de court, même si on était super proches depuis qu'il avait commencé à parler de la fête. D'un autre côté, j'étais dans le brouillard. Il avait fait quoi là ? Non pas que je m'énervais, mais j'avais du mal à réaliser. Enfin, je sais pas, ça me surprenait, c'est tout. Si je lui en voulais ? Il rêvait ou quoi ? On avait beau ne s'être encore jamais embrassés, ça faisait un petit moment maintenant qu'on se tournait autour.. surtout avec ce qu'il s'était passé à Justice Street, qui nous avait rapproché. Et puis, les deux côtés se rejoignirent et m'ordonnèrent de faire un truc. Je remis Zach face à moi et l'embrassai à mon tour. « Non, reste. » murmurai-je ensuite. Je souriais ; et à ce moment, je ne pensai plus à personne d'autre qu'au gars auquel je venais de confirmer qu'il ne se prendrait pas un vent. Ni à Carl, qui avait un peu mis le bazar entre moi et Zach sans le savoir. Ni à Julian, avec qui j'avais eu une discussion quelques jours plus tôt pour le moins.. troublante.

Je me penchai pour l'embrasser encore une fois (et là, il meurt le Zachy (a)) quand j'entendis la porte s'ouvrir. Huh ? Wtf ? Mon cerveau ne fit qu'un tour et je repoussai vivement Zach alors que Leeda entrait dans la maison - et merde. Quelle idée aussi, de laisser la cuisine visible de l'entrée.

« Ah, bonjour Julia. » Me regardant à peine, elle enleva son manteau et l'accrocha au porte-manteau. Ses yeux se posèrent alors sur Zach. « Et vous êtes... ? » Oh purée, son ton me soulait déjà. Le visage sans expression, sans réaction, presque comme si c'était normal qu'il soit là, ou comme si elle n'en avait rien à faire. Mais la connaissant, Zach allait avoir droit à un interrogatoire spécial. Je me tournai vers lui avec un regard voulant tout dire, l'incitant à se présenter, puisqu'elle le voulait.

Son cerveau explosa totalement quand Julia l'embrassa à nouveau et lui demanda de rester, avant de l'embrasser à nouveau. Et courant froid l'envahit en quelques secondes à peine en entendant la... mère de Julia rentrer.
Se redressant, il remit ses cheveux en place après quelques hésitations, puis présenta un sourire plus gêné que poli. Il avait certes croisé Leeda plusieurs fois dans le quartier, mais ne lui avais jamais parlé. Hésitant il bégaya un moment avant de pouvoir répondre. «Je euh... Dekker. Zachary Dekker, j'habite au numéro 2. Et je suis un ... ami de Julia.» Il lança un regard totalement paniqué à Julia, un regard qui criait «Sors moi de là, j't'en supplie assome moi avec la carafe d'eau fais un truc quoi». Mais non, Julia se contentait de lancer des regards blasés tout autour d'elle. Et puis, elle était toujours en pyjama. Qu'est ce que Leeda allait penser? Qu'il avait dormi chez eux à leur insu?
A vrai dire, il paniquait totalement. Quelque chose l'avait surpris dans sa petite bulle et cette chose avait la forme d'une femme totalement psychorigide. Ca commençait bien pour lui... Ce genre de personne l'effrayait un peu. C'était en général ce genre là qui émettait le plus de critiques par rapport à la situation de sa mère. Toussant légèrement, il se tint plus droit et commença à fixer le frigo. Fixement. Comme si il voulait le manger. Mais ce n'était pas le cas, non, il avait plus envier d'aller se cacher dedans. Mauvaise idée. «Et euh, je travaille au Fast-Food avec Katya. Donc euh. Voilà.» Mais. Quel. Crétin. Elle allait croire qu'il approchait toutes ses filles. Se calmant un peu, il reprit contenance et osa lever les yeux vers la mère de Julia.

J'étais sensée être malade ; pas habillée, ni coiffée, rien, à la One Again. Et j'embrassais le voisin. Hm. J'espérais que Leeda ne nous avait pas vu, même si elle devait bien se douter de quelque chose. Mais je n'avais pas envie de lui parler de tout ça ; je ne voulais pas qu'elle s'imagine des choses ou qu'elle ait un certain regard sur Zach en le connaissant à peine. Celui-ci semblait d'ailleurs avoir perdu tout son courage et était totalement désemparé face à ma mère. « Oui, voilà. » J'aurais pu prétendre qu'il était passé réparé le robinet, ou n'importe quoi d'autre, mais je ne cherchai cependant pas à trouver plus d'excuses à sa présence. J'étais malade, pas en quarantaine. « Et toi maman, qu'est-ce que tu fais là ? T'es pas au restau' ? » Quelle bonne idée de repasser à la maison pour.. surprendre ma fille avec le voisin, tiens. « Ton père a oublié quelque chose. Ravie de faire votre connaissance Dekker. » Ravie, mon cul oui. Mais ça ne servait à rien d'essayer de lui faire croire quelque chose, si elle avait déjà ses hypothèses c'était mort. Et de toute manière, je ne me cachais pas de ce que je faisais, je ne voulais juste pas qu'elle se fasse une idée toute faite de Zach, comme "un copain de passage de plus". Ce n'était pas ça et j'en avais marre de pouvoir lire ses pensées rien qu'en voyant son visage rigide et pourtant tellement compréhensible.
Elle se dirigea vers les escaliers et monta au premier étage tranquillement, comme si elle savait parfaitement qu'on attendait qu'elle soit partie pour dire quelque chose – ce qui était le cas. Lorsqu'elle ne fut plus en vue, je me tournai vers Zach, pas soulagée pour autant étant donné que ma mère était toujours dans la maison. « C'est bon, elle va pas te manger. Quoique... » Je lui fis signe de rester où il était, au cas où Leeda nous écouterait. Et puis, j'étais un peu gênée qu'elle ait cassé toute l'ambiance en intervenant comme ça, à croire qu'elle s'y préparait et attendait juste le bon moment. Il s'écoula un petit temps, pendant lequel Zach semblait avoir toujours envie de disparaître, avant qu'elle ne redescende, un paquet à la main. « J'y retourne, à ce soir. » Oui oui, c'est ça, allez, à ce soir maman, travaille bien et t'en fais pas pour nous hein ! Lorsque la porte se ferma, j'allai voir par la fenêtre du salon si elle était vraiment partie. La voiture s'éloignait déjà. Je soupirai en me laissant tomber sur le canapé. « C'était bien notre veine. C'est bon, elle est partie. » Elle n'était pas resté longtemps et c'était mieux ainsi.

Zachary la suivit tranquillement jusque sur la terrasse, avant de s'asseoir à côté d'elle, lançant un regard dégouté à la fourrure que portait la jeune femme. A vrai dire, il n'avait jamais aimé qu'on fasse de mal aux animaux, et même si il n'en était pas devenu végétarien pour autant, la fourrure l'horripilait. Aussi, il sourire légèrement en voyant Julia balancer le manteau sur la rembarde. Sortant son paquet de sa poche, il mit une cigarette entre ses doigts avant de la porter à sa bouche et de l'allumer. Ca déstressait, ça c'était clair. Souriant, il en tendit une autre à Julia ainsi que le briquet.
Ce qu'il faisait pour Halloween? A vrai dire, il avait une tradition avec Mitchie et leur mère. Ils décoraient leur maison avec des citrouilles, des guirlandes et achetaient des tonnes de bonbons. Tradition qui allait certainement se perdre cette année, vu les trois soirées auxquelles Zachary devait passer. «J'dois passer dans deux trois endroits en début de soirée en ville. Après je sais pas. Pourquoi?» Si elle voulait le déguiser en tout cas, ça allait être raté. Comme il était invité à plusieurs endroits, il avait déjà choisi deux déguisements, et planifiait de demander son avis à Mitchie. Il hésitait entre une sorte de costume de super héros qu'il avait trouvé et un autre costume, beaucoup plus extravagant, de général ou quelque membre de l'armée que ce soit, argenté. Oui, argenté. Zach n'aimait pas réellement faire dans le basique pour Halloween. Il adorait cette fête et la fêtait dignement chaque année. «D'ailleurs j'hésite encore pour mon déguisement. Fin j'suis pas trop sur quoi. Y'en a un normal et un plus chelou.» Souriant, il tira quelques bouffés de sa cigarette, soufflant la fumée dans les rayons du soleil.

Juju détestait être malade. Certes, il y avait des avantages ; du genre, ne pas aller en cours ou au travail – bien que la jeune femme n'ait rien de tout cela actuellement, m'enfin, ça n'allait pas tarder puisque ses parents voulaient qu'elle se trouve un boulot pour occuper un peu ses journées, bien qu'elle n'ait pas beaucoup avancé dans ses recherches depuis quelques jours... – mais ce n'était pas très amusant pour autant. Surtout quand il fallait prendre des médicaments avec un soit-disant goût de banane carrément dégueulasse ou qu'on était privé de choses telles que sortir ou fumer. Et comme chacun le sait, Juju n'était pas vraiment très douée pour respecter les règles et être sage. (a) Tout ça pour dire qu'elle ne refusa pas la cigarette de Zachy et se fit une joie de l'allumer. Comme elle aurait bien allumé quelques citrouilles avec lui le soir de Halloween, ce qui ne se ferait apparemment pas, puisqu'il était déjà occupé. Un peu déçue, la jeune femme trouva idiot qu'il demande pourquoi elle lui avait posé cette question. Huh huh.

« Ben, je sais pas. » Elle savait très bien pourquoi, en vérité. Le problème était que, ne prévoyant jamais rien à l'avance, elle se retrouvait toujours un peu comme une con, à chercher des amis pour faire la fête. Au pire s'il ne voulait pas d'elle, elle demanderait à Minnie de l'accompagner. Pour peu que cette dernière lui ait pardonné pour la dernière fois, quand Julia lui avait posé un lapin et, Minnie, rageuse, avait débarqué et avait appris que son amie lui cachait des choses. Ce qui n'avait en rien arrangé la situation de Julia, bien au contraire.

« Moi j'ai même pas de costume, comme ça au moins.. » Oui bon, il y avait toujours les déguisements basiques tels que sorcière, vampire ou tout simplement le drap percé de deux trous sensé ressembler à un fantôme, mais Julia n'était pas du tout du genre à savoir coudre quoique ce soit. Donc elle ferait mieux de se dépêcher de trouver un magasin avant qu'ils ne soient tous complètement vides de déguisements, si ce n'était pas déjà le cas. « Et c'est quoi, tes fêtes ? » Zach avait dit endroits, mais peut-être que c'était des fêtes, le connaissant ; il aimait s'amuser en dehors de son travail. Mais au fond, Julia espérait que ce ne soit que quelques affaires rapides à régler, parce qu'elle serait vexée qu'il veuille partir s'amuser sans elle... Enfin, ce serait quand même un peu étonnant vu ce qu'il lui avait avoué et toutes les soirées qu'ils avaient déjà passés ensembles dans des boites comme des fifous, mais pas impossible.

Julia avait espéré que Zach lui réponde ça ; ses sorties - leurs sorties - se faisaient rares en ce moment et elle avait hâte de les reprendre. Surtout depuis que tout était enfin clair entre eux ; il était sincère, et elle aussi. Avant, ça ne semblait être qu'un jeu, puisque l'un ne disait jamais franchement les choses à l'autre. D'ailleurs, plus d'une fois, Julia avait douté de leurs vrais sentiments, aussi bien ceux de Zach que les siens. Mais c'était après l'épisode de Justice Street et surtout celui de la fête, où elle l'avait vu en compagnie d'une autre fille, sans compter ce que disait l'article de Dirty Secret, qu'elle avait été littéralement forcée de s'avouer que oui, elle aimait Zachary Dekker. L'amour faisait de vous un aveugle, la tristesse vous ouvrait les yeux. Et les baisers de Zach la ravissaient, même malade. Alors si elle pouvait passer sa soirée d'Halloween avec lui, elle n'hésiterait pas une seconde et sauterait sur l'occasion ! Et ce de même pour cet après-midi. « Rien, je suis pas sensée faire quelque chose. » Cette fois, Julia se mit à souhaiter que Zach n'ait rien à faire ; ni travail, ni commandes, juste son après-midi. Pour elle. Ils avaient encore du temps avant que la journée ne se termine et que Jaylann et les parents ne rentrent à la maison une bonne fois pour toute. Il fallait juste espérer qu'ils ne reviendraient pas en avance, comme Leeda venait de le faire. Julia en était encore gênée et préféra ne pas en parler à Zach, qui semblait avoir vraiment peur de sa mère. « Tu peux rester... ? » C'était à la fois une affirmation et une question ; signe que c'était ce qu'elle voulait vraiment. À son tour, elle l'embrassa et tenta d'inscrire un message dans ses yeux "Reste, reste, reste, reste".

Voyant son regard de chien battu, ses petits yeux brillant et sa bouche en coeur, Zachary se sentit fondre. Soupirant, dodelinant de la tête, il ressera un peu son emprise sur elle et lui sourit. « Bien sûr que je vais rester. T'abandonner à ton ennemie jurée la gastro? Ca jamais. » Réflechissant quelques secondes, voyant Julia dans le froid, en pyjama, il grommela. Elle était malade et restait dans cette tenue, dehors, en train de fûmer, ce qui n'était réellement pas la meilleure chose à faire. Se levant brusquement, il l'attrapa comme une princesse, un bras sous le dos et un autre sous ses genoux, et la souleva doucement. « Toi par contre, t'es toute malade, et j'vais te mettre au lit. Dediou. » Riant doucement, il entreprit de rentrer dans la maison, et de monter les escaliers. Son visage était impassible, comme si il voulait prouver à Julia qu'il était assez fort pour la porter, mais à l'intérieur il était en train de mourir. Pas que sa copine était lourde, loin de là, mais ses muscles étaient aussi atrophiés que la nageoire de Nemo. Il se promit, enfin arrivé en haut, d'essayer de faire un peu de musculation, pour au moins pouvoir porter Julia sur plus d'un étage sans avoir envie de mourir. Galérant un peu à ouvrir la porte, il se dépécha de poser, doucement quand même sa dulcinée sur un des deux lits de la chambre. Souriant de toutes ses dents, il pris une pose de super héros... Sans le cape. Ce qui était en soi, beaucoup moins classe. Et un super héros essoufflé, qui se laisse tomber sur le lit, c'est carrément pitoyable. La tête dans la couette, un « C'est qui l'champion ? » quasiment inaudible lui échappa. Tournant un peu la tête vers Julia, il lui lança un regard espiègle, souriant doucement, la détaillant. Il le sentait, il allait avoir droit à un foutage de gueule des plus beaux.

Julia sourit à la réponse de Zach ; elle passait ses journées seule ces derniers temps alors elle n'allait pas refuser une compagnie, surtout pas la sienne. D'autant plus qu'elle avait fait l'effort d'écouter ses explications et de lui en donner aussi de son côté, ce qui avait contribué à leur réconciliation. La Fitz poussa un cri quand elle sentit qu'on la soulevait de sa chaise et elle attrapa aussitôt le cou de Zach pour ne pas tomber. La mettre au lit, à cette heure ? Elle était trop réveillée pour se rendormir en tout cas, mais si ça lui faisait plaisir de la monter en haut pourquoi pas. (a) Le visage rougie de se retenir, elle avait envie de rire en voyant la tête de Zach, qui faisait comme s'il ne la voyait pas. Lançant un regard au couloir vers lequel ils se dirigeaient, Julia eut la bonne initiative de se replier sur elle-même pour éviter les bordures de la porte. Et lorsque Zach la déposa sur son lit, elle sentit à quel point ça le soulageait de ne plus avoir ce poids dans les bras ; ce qui, avec la pose de super-héros, la fit encore plus rire.

« Oh je crois que la porte peut-être félicitée de ne pas s'être pris un choc ! J'pensais quand même que soulever des plateaux de frites te musclerait un peu.. »

Julia plaisantait, bien sûr. Elle attrapa la télécommande qui était posée sur la table de chevet et proposa de regarder la télé. Même si les programmes du mercredi n'étaient jamais très intéressants ; séries policières, feuilletons de vieux, reportages ennuyeux... Elle laissa le téléviseur allumé, histoire d'avoir un bruit de fond, mais n'écoutait plus. Son regard était dirigé vers la cage de son iguane, qui s'était agité depuis leur entrée. La Fitz se leva, s'approcha et ouvrit la grille du dessus.

« Au fait, je t'ai jamais présenté McCartney ? »

McCartney était l'iguane qui habitait la cage, animal de Julia depuis quelques mois déjà. Elle oubliait souvent - toujours, en fait - de s'occuper de lui et la bête suivait presque un régime tant Julia négligeait de le nourrir. Avant, c'était Katya qui s'en chargeait mais maintenant qu'elle n'était plus là c'était au petit bonheur la chance, ou quand James pouvait le faire. Mais Julia l'aimait bien quand même. Enfin, pas non plus au point de lui raconter sa vie comme certaines personnes le font - faut pas déconner, ça reste une bestiole hey.

Zachary fit la moue à la réflexion de Julia. Il n'était donc pas l'homme viril qu'il espérait être pour elle. Entandant un grésillement et quelques voix, il releva la tête pour voir qu'elle avait allumé la télé et l'avait laissée sur un épisode de CSI. Ou la seule série ou un acteur peut dire "On a retrouvé un poil de chameau sur sa cuisse?" d'un air sérieux, sans que le continent entier ne se foute de lui. Se rasseyant mieux dans le lit, se calant l'oreiller derrière le dos, il regarda Julia s'éloigner vers une cage qui... bougeait. Qui bougeait? Connaissant Julia, ça aurait bien pu être un Gremlin. Quand il vit un iguane dans ses mains, il se redressa d'un coup, gigotant sur le lit comme un gamin de cinq ans. UN IGUANE. Il rêvait d'avoir un iguane à lui, depuis tout petit, et n'avait jamais pu réaliser ce souhait. Il tendit les mains vers Julia au maximum, la suppliant du regard de lui passerl'animal, le plus rapidement possible. Une fois chose faite, il posa l'iguane sur ses hanches et le carressa doucement. Il était emerveillé, c'était peut être le plus beau cadeau qu'elle pouvait lui faire. Alors il leva les yeux vers elle, avec un grand sourire plaqué sur le visage, avant de tendre les bras vers elle. « Toi je t'aime. » C'était spontané, c'était simplement sorti tout seul. Il l'aimait, et plus il apprenait à la connaître, plus ses sentiments se confirmaient. Baissant à nouveau la tête, il essaya de s'amuser avec McCartney qui n'avait pas l'air si réactif que ça. Il avait même l'air bien mou. Et bien petit aussi. Relevant les yeux vers Julia, la regardant d'un air suspicieux, il demanda « Et McCartney, il aurait pas d'la bouffe dans le coin. Genre des insectes? Genre ce qu'on donne habituellement à un iguane quoi? ». Soulevant un peu l'animal, il le positionna en face de ses yeux, et le fixa avec un grand sourire. Ce qui le faisait, soit dit en passant, loucher comme un débile.