« BORDEL, mais puisque je vous dis que ce n’est pas MOI ?! »

Minnie accompagna ces douces paroles par un coup de pied dans les barreaux de la mini-prison qui servait aux policiers de Magnolia pour les différents garde-à-vous en tout genre. Dans un endroit pareil où l’argent n’était pas véritablement un problème majeur, ce lieu n’était qu’une sorte de petite formalité en attendant que les familles passent payer la caution et enrichissent par la même occasion les caisses de l’Etat. Ainsi donc, la jeune McCormick tenta vainement de capter l’attention de ses geôliers avec ce geste ridicule dans l’espoir de se faire relâcher sans que ce soit un membre de sa famille qui vienne l’en extirper. Geste qu’elle regretta juste après, vu que ce dernier s’en suivit par une douleur sourde au pied droit. C’est bien, Minnie, maintenant au moins, tu sais que le fer … c’est dur. UU La jeune femme serra la mâchoire puisqu’il était hors de question qu’elle exprime sa douleur au reste du commun des mortels et reprit les protestations de plus belles.

« MAIS MONSIEUR, PUISQUE JE VOUS DIS QUE JE N’Y SUIS POUR RIEN ! »
« Calmez-vous, mademoiselle. Ce n’est pas par mauvaise volonté, vous savez. Mais … vous avez été prise sur les lieux du crime par notre patrouille nocturne. Je ne pense pas que le gros et rouge FUCK OFF MAGNOLIA sur l’un des murs du Skatepark soit apparu toute seule et que la bombe rouge de la même couleur que vous aviez dans la main soit aussi une simple coïncidence. »

Minnie jeta un coup d’œil sur les résidus de peinture rouge qui étaient encore visibles sur le bout de ses doigts et munit par un réflexe bien inutile, la jeune femme mit ses mains derrière son dos en arborant un air de gamine prise la main dans le sac. C’était que la canette de bière qu’elle avait décidé d’avaler juste avant n’avait toujours pas disparu de ces veines … Ceci ne fit que rire d’avantage le policier.

« Mais puisque je vous dis que …. Quelqu’un m’a drogué ! OUI, C’EST CA, je n’étais pas moi-même. Quelqu’un m’a mis la drogue du violeur dans mon verre et m’a relâché juste après et … je n’étais donc pas maîtresse de mes actes. VOILA ! Il a noté ça sur son ordi le type ? HAIN MONSIEUR, vous l’avez noté ? Vous voulez bien aller rapporter vos propos à votre collègue pour être bien sûr qu’il note ça dans le rapport ! »

La laissant gesticuler sur place, il ne fit que remuer la tête, plus par pitié qu’autre chose? - et retourna s’asseoir à son bureau, s’affalant sur la chaise tournante, déposant avec la délicatesse d’un phoque et se remettant à feuilleter son magazine de motard amateur.
Minnie était bien tenté de lui dire que jamais il ne conduirait un tel engin et que même si il réussissait un tel exploit, elle prierait jour et nuit pour qu’il percute un arbre ou rentre en plein dedans d’un mur, jusque ça finisse par arriver pour de bon. Néanmoins que l’espoir faisait vivre et qu’il pouvait toujours continuer de fantasmer. Mais, il fallait dire qu’elle tenait tout de même, malgré les apparences hain, à la vie et à sa liberté. Elle partit s’assoir alors dans coin et attendit que Cameron Cooper, son demi-frère, daigne bien de se bouger le cul et de venir la chercher.
*Putain, avec tout le fric qu’il gagne, il ne pourrait pas au moins mettre des coussins ! Si je sors d’ici, je porte plainte, rien à foutre.*

Mais oui, bien sûr Minnie, bien sûr. Et pour ne rien arranger à l’affaire, parce que le Destin lui jouait encore des tours et que la joueuse est une sadique qui s’ignore, la seule personne qu’elle réussit à joindre fut un troll à cheveux. C’est qu’il allait bien se foutre de sa gueule quand même. Enfin, s’il décide de venir la chercher. Mais le connaissant, il pourrait bien décider de la laisser encore poireauter une nuit ou deux, rien que pour « le plaisir ».

La jeune femme regroupa ses genoux sur sa poitrine et y déposa sa tête. Son cerveau engourdi essayait de trouver un autre moyen de s’échapper de la situation sans l’intervention d’un quelconque Cooper. Quoi que …

« VOUS SAVEZ AU MOINS QUE MON BEAU-PERE EST FLIC. »
« Mademoiselle, Monsieur Cooper approuverait la situation. »

Tentative vaine. Il lui restait une toute dernière carte à jouer.

Minnie prit une voix langoureuse, arrangea sa jupe et s’approcha des barres métalliques.
« Dîtes, monsieur, le policier. C’est que vous êtes sexy dans votre uniforme ! » Petite pause. « Qu’est ce que je dois faire pour vous … faire un petit massage ? » Elle fit mine de réfléchir. « Mais voyons, sortir de cette cage et … »
« MADEMOISELLE MCCORMICK, veuillez arrêtez cette mascarade, je vous pris ! »
« PUTAIN … »

Et elle repartit vers sa place, d’une mine bien boudeuse. Si elle suivait son petit doigt, elle n’était pas vraiment prête de rentrer chez elle. Du moins, pas de sitôt …