C'était un bel après-midi. Du moins c'était ce que j'aurais voulu pouvoir dire. Le temps était morne et gris depuis le matin jusqu'à que finalement une énorme averse éclate. Cela faisait maintenant bien une heure que ça durait. Grisé par cette atmosphère je m'étais décidé à sortir mes vieux vinyles et pour rester dans l'ambiance j'avais opté pour un vieux français: Bibi - tout doucement. Je ne comprenais pas parfaitement les paroles mais cela ne m'empêchait pas de les chanter devant la platine. Je ne risquai pour le coup pas de me ridiculiser avec mon faux accent car presque tout le monde était sorti: Carl à la BU, Scarlett chez une amie et Arsi au travail. J'avais pris mon jour aujourd'hui. Mais le temps me laissais penser que je m'étais trompé de jour.
Peut importe, je reprenais donc ma chanson:

"two simplymente feurmer poor coauzé sentiimentes diffférentes ♫"

J'avais bien envie de valser d'un coup. Me retrouver dans ses bras. Seulement elle me snobé depuis un bon déjà. Elles étaient deux à me snober dans cette maison. Mais j'avais cependant toujours envie de la serrer dans mes bras, maintenant plus que jamais.
Que devais-je faire pour réparer nos blessures? Faire en sorte que nous puissions faire ce que nous désirions vraiment. Mais voulait-elle vraiment de moi? J'avais cru comprendre que oui, j'avais cru sentir que l'amour passé était plus que réciproque sous ce nouveau jour. Mais qu'en était-il réellement, et plus important, avais-je le droit de choisir ça. De lui imposer mes choix, de les imposer à toute la famille? Je le voulais, je l'aimais tellement. J'en devenais plus fou de jours en jours. Il fallait que je fasse quelque chose... Je continuais:

"un enefeairr ♫"

C'est alors que j'entendais des pas dans mon dos? Elisabeth?

Avec le temps qu'il faisait à Magnolia, Elisabeth n'avais pas vraiment envie de sortir et encore moins d'aller travailler, quoi que ça, ça ne changeait pas à d'habitude, mauvais temps ou pas, elle essayait toujours de trouver des prétextes pour ne pas aller à la morgue mais elle était en rupture de stock depuis un moment, comme quoi, elle allait vraiment devoir passer un bon moment parmi tous ces gens morts, moches et déprimés. Par chance, aujourd'hui avec le sale temps qu'il faisait, Elisabeth avait pu prétexter que son allergie venait de se lever – ce qui n'était pas totalement faux – et qu'à cause de ses crises de toux et d'éternuements, elle ferait mieux de ne pas aller travailler, sa mère, toujours prête à ce que ses enfants se portent pour le mieux, la laissa rester paresser tranquillement dans son lit.

Elle avait passé la majeure partie de son temps à se moucher et à tousser, elle avait dévaliser presque toute la maison en mouchoir et même qu'à un moment, elle dû se moucher avec du papier toilette avant de trouver des paquets qu'elle avait dans le fond de ses tiroirs. Fatiguée, elle fini tout de même par s'endormir, bercé par le bruit de la pluie qui se déversait sur la taule. La jeune Spencer adorait quand il pleuvait, il ne faisait jamais chaud et pouvait toujours se blottir contre sa couette et ne rien faire pendant des heures, même si avec le temps elle avait dépassé le stade de rester dans son lit à attendre que le temps passe tranquillement quand il pleut, aujourd'hui elle avait 22 ans et avait besoin de plus que ça. Oui, elle pensait à l'amour, elle n'est pas en manque et n'est pas non plus du genre à faire tous les sites de rencontres qui puisse exister pour se trouver quelqu'un, mais il est vrai que si ça pouvait lui tomber dessus, elle ne dirait pas non. Mais de toute façon, vu sa chance en amour, elle n'espérait pas non plus grand chose, après tout l'amour ça fait mal dans la plupart des cas et en plus, c'était une perte de temps, et elle en savait quelque chose.

« Ahlala. »

Elle poussa un soupir avant de se mettre la tête sous sa couette et de fermer les yeux pour écouter la pluie tomber, mais au lieu de ça, ce ne fut pas le bruit assourdissant des gouttes qui tombaient sur le toit qu'elle entendait, mais plutôt de la musique qu'elle ne connaissait définitivement pas et en plus, on pouvait entendre quelqu'un chanter.

Ne prenant même pas la peine de se demander de qui il pouvait bien s'agir, elle enfila ses chaussettes avant de sortir du lit et se dirigea vers la source du bruit. De toute évidence, elle pouvait éliminer les filles de la maison, déjà parce qu'elle connaissait les goûts de sa mère et de Scarlett et ce n'était sûrement pas ça, et en plus parce qu'elles n'avaient pas la voix d'un homme, il ne restait que Carl et Thomas, mais Carl devait bien trop être occupé à réviser ou à traîner à faire n'importe quoi – pour ne pas changer – il ne restait donc que le père Spencer.

Lorsqu'elle arriva en bas, elle ne fût pas surprise de voir qu'il s'agissait de son père qui semblait se donner à cœur joie à chanter des choses qu'il ne comprenait pas. Ne voulant pas le déranger, elle se contenta de s'adosser contre le mur et de le regarder, juste pour voir combien de temps il allait mettre pour se rendre compte qu'il n'était plus seul.

Je venais d'être pris en flagrant délit de massacre de chanson. Je restais là me sentant un peu stupide là d'un coup de m'être ridiculisé. Lizzie était adossée au mur, depuis je ne sais combien de temps. Donc elle avait sans doute eu le temps d'apprécier ma mauvaise performance. Je tentais une esquive avec un sourire:

- Je m'entraîne pour un spectacle comique... Tu n'es pas partie au travail...?

Je n'avais pas l'impression d'avoir beaucoup de conversation en réserve. J'avais pourtant une question qui me turlupinait. La guerre entre nous prenait-elle enfin fin? Aurais-je un conflit en moins dans cette maison? Je l'espérais. Arsi était elle aussi en froid avec moi. Donc je n'avais que deux personnes qui semblaient réellement apprécier ma présence.
Pourtant en la voyant comme ça, j'avais l'impression qu'elle ne m'en voulait plus pour ma dernière scène de père protecteur.
Je pointais le tourne disque cherchant à créer une vraie conversation:

- Ça te plait? C'est peut-être un peu rétro pour toi...

C'était mon époque, pas vraiment la sienne... On avait dans les 20 ans d'écart en même temps, et même si je me sentais toujours l'âme d'un jeuns j'avais conscience que les goût et les couleurs avaient du mal à passer les générations...

Croissant ses bras sur sa poitrine, elle resta là, patiente, à attendre que Thomas s'aperçoive enfin qu'il n'était plus seule désormais. Il ne mit pas longtemps à s'en rendre compte, en effet, à peine venait elle de croiser ses bras qu'il se retourna. Il semblait gêné de la situation ce qui était tout à fait justifiable.

« Non, maman m'a dit que je pouvais rester à la maison aujourd'hui. »

Elle prononça cette phrase en se dirigeant vers l'un des canapés du salon où elle alla se poser, elle n'avait rien fait de sa journée – mis à part se moucher et tousser – et ça l'avait vidé de toutes ses forces. La relation entre Elisabeth et son père était assez tendue mais elle n'avait pas envie de se livrer à cette petite guerre familiale, pas aujourd'hui, elle n'en avait pas la force et commençait à êtr épuisé de ce qui se passait.

Ramenant ses pieds près de sa poitrine alors qu'elle était assise, elle posa sa tête sur son genou, laissant un silence s'installer entre les deux, silence que son père décida de briser en premier. Relevant la tête pour le regarder, elle haussa les épaules avant de dire :

« Euh, ouais, enfin... c'est différent ce que j'écoute quoi. »

Elle regarda en direction du tourne disque et ça pouvait semblait étrange mais depuis le temps qu'elle vivait ici, elle n'avait jamais remarqué que ce tourne disque était encore en bon état, quoi qu'en même temps, elle ne savait pas non plus comment les gens s'en servent et ça ne l'intéressait pas vraiment. Tout comme Thomas, elle ne semblait pas avoir beaucoup de choses à lui dire, quoi que si, mais ce n'était peut-être pas le moment d'en parler, leur « conversation » commençait tellement bien – si on pouvait appelait ça une conversation – qu'elle ne voulait pas tout gâcher en abordant des sujets qui fâchent.

« T'es pas au travail non plus, toi ? »

Arquant un sourcil pour lui poser cette question, elle trouvait bizarre qu'il était là alors qu'en général, il était l'un des premiers de la maison à être à la morgue en temps normal, est-ce que lui aussi il commençait à en avoir marre de cet endroit glauque et déprimant ? Peut-être envisagait-il de changer de carrière et de vendre la morgue pour ouvrir autre chose !?

Donc nous étions seuls à la maison aujourd'hui? Je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle que ce soit pour moi ou pour elle. Elle alla s'asseoir sur le canapé. Je la suivis du regard me demandant ce que je pouvais lui dire. Je parlais alors de musique tiens, arrêtant le tourne disque, puisque apparemment ce n'était pas ce qu'elle écoutait vraiment. Bon, ben on écouterait la pluie du coup. je me rapprochais, m'asseyant dans le fauteuil face à elle. Je m'accoudais nonchalamment l'observant. Elle n'avait pas l'air au mieux de sa forme, c'était peut-être pour ça qu'Arsi l'avait dispensé de morgue. D'ailleurs elle n'y allait pas souvent ces derniers temps, je pensais qu'elle cherchait juste à ne pas me croiser mais peut-être que la raison était tout autre autre.

Elle me demanda alors pourquoi je ne travaillais pas aujourd'hui. Je répondais d'une phrase laconique:

- Besoin d'une pause.

Ne voulant cependant pas tuer le peu de conversation, je reprenais rapidement:

- J'ai eu beaucoup de boulot ces derniers temps et il aurait du faire beau aujourd'hui du coup j'avais prévu de ne pas travailler. Je pense que j'aurais peut-être mieux fait d' y aller...

Je n'aurais pas pu parler un peu avec Lizzie en revanche si je n'avais pas été là. C'était à double tranchant, me retrouver enfermé mon seul jour de congé mais le partager avec elle, la vie était décidément bien étrange...

Il avait beau parlé, elle ne l'écoutait pas vraiment, du moins, elle ne le regardait pas, elle voulait à tout prit éviter son regard, éviter d'avoir quelque contacts que ce soit avec lui pour ne pas avoir à déclencher une autre guerre mondiale. Elisabeth commençait à avoir mal à la tête, à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche dans cette maison, ces derniers temps c'était soit pour gueuler, soit pour se défendre parce qu'elle se faisait gueuler dessus.

Se redressant dans le canapé dans lequel elle était posée, elle avait toujours la tête posée sur les genoux et laissait ses pensées vagabonder là où ils voulaient bien l'emmener, comme quoi, elle aurait mieux fait de rester dans son lit, au moins elle n'aurait pas à vivre ça, comme si ce n'était pas assez difficile de devoir le croiser tous les jours dans la maison mais si en plus elle devait rester à côté de lui sans dire un mot et laisser la gêne s'installer entre eux.

Lorsqu'il prononça sa dernière phrase, disant qu'il aurait peut-être mieux fait d'aller à la morgue, elle eut comme un pincement au cœur, elle n'avait pas envie de passer du temps avec son père et réalisait bien que lui non plus, mais elle, elle ne l'avait pas dit à voix haute alors que lui, oui, il venait de le faire, même si il ne l'avait pas clairement exprimée.

Elle prit une demi-seconde avant d'avoir le courage de relever la tête et lorsqu'elle le fit, elle n'afficha aucune expression, préférant rester neutre à ce qu'il venait de dire, même si ça n'allait pas commencer à mal tourner.

« Si je te gênes tu peux toujours t'en aller. Ou alors non, j'ai mieux, laisse, je vais m'en aller comme ça t'auras pas à regretter d'être resté à la maison, ça t'éviteras d'avoir la lourde tâche de me supporter. »

Elle se leva d'un bond avant de se diriger en direction de l'escalier.

Elisabeth était connue pour avoir un caractère lunatique et pouvait démarrer au quart de tour, même si là, elle avait cherché à se maîtriser, elle ne voulait pas paraître insolente ou quoi que ce soit, mais elle avait mal par rapport à ce qu'il venait de dire, elle n'avait qu'une seule envie, c'était de s'enfermer dans sa chambre et ne parler à personne, même pas à Scarlett avec qui elle avait l'habitude de tout lui dire, enfin, presque tout, ces derniers temps, même si elle essayait de faire en sorte que leur relation soit comme avant, elle voyait bien que ce n'était pas le cas, ce qui lui brisait le cœur encore plus, mais après tout, elle ne saurait pas comment lui expliquer son comportement aussi changeant.

Elle avait relevé la tête d'un coup, gardant pourtant un visage impassible:

« Si je te gênes tu peux toujours t'en aller. Ou alors non, j'ai mieux, laisse, je vais m'en aller comme ça t'auras pas à regretter d'être resté à la maison, ça t'éviteras d'avoir la lourde tâche de me supporter. »

Je ne bougeais pas alors qu'elle se levait d'un bond, pou partir vers les escaliers, le temps de réaliser ce qui se passait, qu'elle mouche la piquait d'un coup. Je savais qu'elle était très lunatique. Et elle avait mal interprété mes propos. Et à nouveau elle me tournait le dos. Je repoussais le fauteuil frappant les accoudoirs:

- RAAAAAAAAAAAH!!! BORDEL!

Je l'imitais fonçant vers les escaliers, repoussant la porte de sa chambre qu'elle venait de tenter de claquer à mon approche avant de m'écrier:

- J'en ai marre Elisabeth!! Je parlais de la pluie bon sang! Pourquoi il faut toujours que tu prennes tout mal comme ça?? Tu sais très bien ce que je penses en plus!! Ça fait des mois que tu m'ignores j'en ai ras le cul! T'es plus une enfant, tu ne pas simplement me répondre??!!

J'avais gesticulé n'en pouvant plus avant de subitement m'arrêter, j'étais dans sa chambre là. Depuis combien de temps n'y étais-je pas entré? Je ne reconnaissais plus rien, il ne restait plus rien de la petite fille que j'avais élevé, comme si elle n'avait pas existait, comme si Elisabeth était vraiment une autre personne.

Je lui jetais un regard histoire d'évaluer sa réaction, elle ne devait pas s'attendre à ce que je me décide à bouger finalement...

Avec hâte, elle se dirigea dans sa chambre avant de claquer la porte et de se diriger vers son lit, chose à laquelle elle n'aurait jamais pensé, c'était que son père la suive pour venir faire un « scandale » dans sa chambre. A ce moment là, elle avait la bouche entrouverte et ne savait pas trop comment réagir. Elle le regarder s'agiter dans tous les sens tel un malade, sans pour autant dire un mot.

Elle savait que c'était trop beau pour être vrai, la « conversation » avait beaucoup trop bien commencé pour que cela dure et bien sûr, quelque chose est venu tout gâcher. Elle n'avait pas envie de s'emporter, elle était fatiguée et las de tout ce qui se passait, cependant, il y avait en elle comme un mélange de colère, de tristesse et même de peur. Elle ne savait pas pourquoi est-ce qu'elle éprouvait tout ça, mais c'était bel et bien là.

Le regardant dans les yeux, elle ne comptait pas baisser les yeux devant lui, c'était un signe de faiblesse et elle ne voulait laisser entrevoir aucun signe d'à quel point la situation pouvait lui faire mal même si elle ne disait rien et qu'elle provoquait les catastrophes la plupart du temps.

Poussant un soupir, elle devait tout de même s'efforcer de répondre.

« Est-ce que tu peux s'il te plaît arrêter de crier ? Jusqu'à preuve du contraire, je n'suis pas encore sourde. »

Elle savait qu'elle venait de mettre de l'huile sur le feu, mais en même temps, elle n'avait pas tout à fait tort, ils étaient tous les deux tous seuls à la maison alors quel intérêt d'élever la voix !?

« Et d'ailleurs tu veux que je te dise quoi ? Tu veux que je m'excuse de mon comportement ? Bah malheureusement pour toi, je ne le suis pas désolée. »

Se levant, elle alla en direction de la porte pour lui indiquer qu'elle en avait assez et qu'il serait préférable de partir. Elle savait qu'elle n'avait répondu à aucunes des questions qu'il venait de poser, mais c'était pour la simple et bonne réponse qu'elle n'avait pas les réponses. Pourquoi elle l'évitait ? Il lui pompait tout simplement l'air et il le savait. Pourquoi est-ce qu'elle prenait tout mal ? Il avait tort à ce sujet, elle ne prenait pas tout mal, elle prenait mal seulement lorsqu'il ouvrait la bouche.

C'était comme ça et pas autrement, les problèmes qu'il y avait entre les deux n'allaient sûrement pas se régler en discutant tout simplement et n'allait pas se résoudre de sitôt d'ailleurs.

« Si tu veux bien sortir de ma chambre s'il te plaît, papa. J'ai des choses à faire. »

Elle avait bien insisté lorsqu'elle prononça le « papa ». Elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça, mais ces derniers temps à chaque fois qu'elle prononçait ce mot, elle se sentait obligée de bien insister, sûrement pour faire comprendre à Thomas que certes, elle avait bien grandit et oui, aujourd'hui elle devait assumer ses actes et ses paroles, mais tous ces déchirements qu'il y a entre elle et les membres de sa famille ne lui sont pas indifférent et même si elle même si elle ne dit rien, elle espère qu'un jour rentrera dans l'ordre, même si ce ne sera pas demain la veille.