Se réveillant de bonne humeur, la fausse aveugle était motivée pour aller travailler aujourd’hui ! Oui oui, Junie était en forme et allait sûrement passer une journée d’enfer. C’était rare quand la jeune femme s’ennuyait au boulot mais parfois ça arrivait mais généralement quand elle se réveillait de bonne humeur sa journée se passait plutôt bien. Aujourd’hui, Edmond était en congé et du coup, June s’occupait seule de la bibliothèque. Du coup, elle s’était levée un peu plus tôt que d’habitude et fit son train-train quotidien : douche, habillage, déjeuné, brossage de dent, maquillage, chaussure, sac, repos de dix minutes, écrire un mot aux filles et partir. Telle une grand-mère direz-vous mais quand on est célibataire les matins se ressemblent tous pour la plupart. Bref, Junie était en route pour le travail. Arrivant devant sa bibliothèque, elle l’ouvrit et garda la pancarte « closed » tourné vers la rue pour l’instant. Il n’était pas encore l’heure d’ouvrir et puis la fausse aveugle devait réceptionner les livres de la veille pour pouvoir les mettre en rayon aujourd’hui. C’était un nouveau roman qui venait de se faire connaître et apparemment les jeunes adultes et même les ados aimaient bien d’après les critiques, du coup, Junie en avait fait la commande pour en avoir plusieurs dans son magasin. La bibliothécaire les sortit du carton et commença à les scanner, à les répertorier puis ensuite les mit sur le côté pour pouvoir mettre le code sur le cote après. Junie continuait son petit travail quand elle remarqua qu’il était l’heure d’ouvrir. Posant son livre, elle alla tourner la pancarte puis retourna à ses livres sachant que des personnes n’allaient pas tarder à arriver. Oui, ces personne- là venaient tous les jours pour pouvoir voir les nouveaux arrivages et surtout passer du temps autour des livres. Cependant, elle avait le temps d’aller chercher d’autres livres à la réserve. Une fois dedans, elle mit du temps avant de les trouver et une personne venait d’arriver dans le magasin et attendait au comptoir, le voyant de dos, Junie annonça d’une voix légèrement désolée.

- J’arrive !

Cette personne, elle ne la reconnaissait pas. Une fois ses livres trouvés, Junie retourna vers cette personne et commença à lui parler tout en marchant à sa rencontre.

- Bonjour, je suis désolée j’étais…

Quand la personne se retourna, Junie lâcha ses livres et en fit tomber un sur son pied où un juron s’échappa de sa bouche par automatisme. Ca faisait mal mais ce n’était que passager, elle se pencha pour reprendre ses livres tout en retenant une larme de douleur et regarda la personne qui se trouvait en face d’elle. Peter Mayfield, il avait été nommé dans l’article de DS et Junie avait un peu de mal à réaliser ce qu’il avait fait… La fausse aveugle n’allait pas le juger ce n’était pas du tout son genre, surtout après ce qu’elle avait fait de son côté.

-… A la réserve.

Junie ne pouvait pas en dire plus, « l’écrivain » était devant elle, et ils ne s’étaient pas parlés depuis que la bibliothécaire était sortie avec Mike et le voir devant ses yeux là… Ca lui faisait bizarre, surtout qu’ils s’étaient mis ensembles dans ce même-lieu il y a maintenant un petit moment… Junie avait du mal à dire un truc, surtout que son pied lui faisait mal actuellement et que la douleur était insupportable.

En fait, la bibliothécaire ne s'était pas attendue à avoir la visite du professeur de français aujourd'hui et encore moins de si bonne heure... Il venait sûrement pour venir chercher un livre et depuis qu'ils s'étaient séparés, c'était Edmond qui s'occupait de lui et non plus Junie sauf pour aujourd'hui et d'ailleurs ça l'avait tellement troublé que la fausse aveugle avait fait tomber sa pile de livres sur son pied. Le fait de le voir devant elle la rendait différente, et surtout, Junie ne savait pas quoi lui dire. Peter n'avait rien digéré de ce qu'elle avait fait et il avait bien raison car ce qu'elle avait fait était horrible. Peter lui dit d'aller s'asseoir en attendant qu'il range pour que Junie puisse regarder son pauvre pied. S'éxécutant, elle le regarda et se redressa ensuite et prit son courage à deux mains pour lui parler.

- Tu vas bien depuis... hum... bref, tu vas bien ?

Bon, ce n'était pas gagné, si notre pauvre fausse aveugle ne faisait que de merder dans ses paroles les deux n'iraient pas loin dans la conversation ! Cependant, l'article de DS filait en boucle dans sa tête et la jeune femme était curieuse de savoir pourquoi Peter avait fait ça et l'avait caché. Après tout, ce n'était pas un crime de ne pas avoir de succès quand on écrit un livre... Alors bon, la bibliothécaire se posait un grands nombres de questions, mais avant tout, elle avait un truc à faire.. Attendant que monsieur Mayfield croise son regard, Junie en profita pour vider son sac.

- Je sais que tu m'en veux encore, je sais que tu ne digères pas ce qui s'est passé. Je sais que tu me trouves idiote et tout ce que tu veux, mais j'ai fait deux bêtises. Celle de te laisser pour Mike et sortir avec Mike pour me faire jeter à mon tour et encore plus royal que je ne l'ai fait avec toi. Non, je ne veux pas de ta pitié ou quoi que ce soit, tu as le droit de dire : bien fait ou ce que tu veux. Mais je tenais à m'excuser, encore une fois, pour ce que je t'ai fait et j'ai voulu venir te voir plus d'une fois mais j'ai pas réussi... Voilà, je suis désolée.

Sincèrement, la fausse aveugle se sentait mal et aurait bien été se cacher sous sa couette après cet aveu. Junie n'aimait pas être mal à l'aise devant une personne et la plupart du temps, c'était à cause d'un truc qui c'était passé et là, c'était leur rupture. La jeune femme avait donc décidé de passer aux aveux et de tout lui dire pour ne pas rester mal à l'aise pour la suite de la matinée, s'il décidait de rester après ce qu'il venait d'entendre, bien sûr.
Junie le regardait d'un air navré et sincère ainsi que compatissant, car indirectement, la bibliothécaire avait subi ce qu'elle avait fait subir à son ex qui se trouvait devant elle et qui... ne bougeait plus, d'ailleurs, depuis qu'elle avait arrêté de parler.

Junie se doutait bien qu'en ce moment, le professeur de français n'allait pas vraiment bien. Après tout, qui se sent bien après le dévoilement de son secret par DS ? Personne. Junie en avait fait les frais et à vrai dire, ce n'est pas une partie de plaisir. Les regards se tournent vers vous comme si vous étiez un monstre et comme si vous aviez fait le mal autour de vous. Cependant, elle pouvait comprendre que celui-ci ne veuille pas en parler, car après tout qui voudrait bien en parler ? La fausse aveugle essayerait quand même d'en savoir un minimum histoire de savoir pourquoi Peter avait fait ça.

Après avoir reçu le livre, Junie était partie s'asseoir et avait balancé d'une traite ce qu'elle pensait envers Peter et ce qu'elle lui avait fait subir. Bien sûr qu'elle s'en voulait car au final, elle avait fait une erreur et ça ne lui plaisait pas. Elle avait fait du mal à Peter ce qu'elle n'avait jamais voulu. Et surtout, la bibliothécaire avait mal agi et ça ne lui ressemblait en rien de faire ça. Mais le professeur ne lui en voulait pas apparemment, non, il était blessé mais ne lui en voulait pas. Un poids énorme venait de s'enlever du coeur de Junie qui aurait pu se mettre à pleurer si elle n'avait pas eu assez de force pour retenir ses larmes.

- Je suis vraiment désolée, ce n'était pas mon genre. Et quand tu m'as embrassé au bal de promo, j'ai.. je sais pas pourquoi je ne suis pas revenue vers toi, j'ai fait une grosse erreur. Heureuse ? Oui, je crois que je l'ai été... Je ne sais pas.

La fausse aveugle espérait vraiment que Peter interpreterait correctement ses paroles et qu'il ne les prendrait pas à la légère. Junie n'était pas du genre à se confier à part à Alana et Jennifer, mais se confier à un mec... Elle ne le faisait plus depuis que l'autre abrutit l'avait complètement mise de côté. Même avec Trevor ça n'avait pas réussi, la jeune femme s'était rendue compte que ce n'était pas vraiment son genre, puis la différence d'âge la freinait aussi. Oui, enfin, c'était bien à elle de dire ça me direz-vous mais bon, Junie ne voulait pas que ses enfants et leur père aient trop de différence. Bref ! Apparemment le professeur voulait bien qu'ils redeviennent amis. Un grand sourire s'illumina sur son visage, et se leva pour le prendre dans ses bras. Geste comment dire.. direct, mais Junie avait besoin de ce contact et de se sentir "aimer" si l'on puisse le dire.

- Merci beaucoup, Peter ! Les conversations avec toi m'avaient manqué.

Elle le serra encore un peu plus avant de se séparer de lui et de passer derrière le comptoir pour aller scanner les livres. Et pour ne pas qu'il y ait de blancs dans leur conversation, Junie le regarda et engagea un sujet épineux.

- J'ai lu l'article... Et je voulais savoir pourquoi tu avais fait ça... ? Je ne te blâme pas, car côté secret je n'ai pas été meilleure que ça ! Et si tu ne veux pas en parler, je respecterai ton choix.

Oui, si monsieur Mayfield ne voulait pas parler de ce qui s'était passé, Junie n'irait pas chercher midi à quatorze heure et le laisserait tranquille. Après tout, il faisait ce qu'il voulait et ce n'était pas la fausse aveugle qui allait lui faire la morale, non loin de là !

En tout cas, quand il y a avait eu cette fameuse fête pour les étudiants, Junie avait vécu bien des choses et préférait ne plus en parler. Une fois qu'il lui répondit, elle hocha juste la tête pour ne pas à avoir à répondre. Après tout, c'était passé et la brune n'avait rien à ajouter. Après que le professeur eut décidé qu'il pouvait tenter de devenir de nouveau ami, et cela fit énormément plaisir à la fausse aveugle. Pendant plusieurs mois elle avait regretté ce qu'elle lui avait fait et surtout de ne pas avoir gardé contact. Quoi que, lui aussi aurait pu venir la voir et lui parler... mais non, ce qui avait aussi fait de la peine à Junie mais c'était principalement de sa faute, du coup, la fausse aveugle ne pouvait pas lui reprocher cela.

Du coup, elle décida de retourner à entrer tous les nouveaux bouquins dans l'ordinateur pendant que Peter lui relatait son histoire par rapport à la révélation de DirtySecret quelques semaines plus tôt. Il se lança dans un long récit, décrivant tout en détail, au moins tout était clair... Peter s'était "inspiré" des écrits de son frère qui était plus doué dans ce domaine là que le professeur. Mais apparemment Bryan ne lui avait jamais pardonné. Normal. D'ailleurs, elle n'avait plus vu son frère depuis que Junie ne parlait plus à Mike. Bref ! Le sujet était Peter et non son frère.
La fausse aveugle ne savait pas quoi dire face à tout cela. D'abord, elle n'aurait jamais cru ça de son ex, jamais elle n'aurait pu croire que Peter aurait prit les écrits de son frère pour en faire son propre livre qui est devenu célèbre d'ailleurs. Le regardant, la brunette posa son livre qu'elle tenait depuis le début de sa prise de parole et finit par parler.

- Je pense que tu voulais juste avoir du succès et ne voulais pas que tu échoues... Mais peut être que si tu n'avais pas fait cela, tu n'aurais pas perdu ta petite amie et que ton frère serait toujours le même avec toi. Je ne te juge pas loin de là, on est tous tenté par quelque chose et je pense que tu as compris tout ce que tu as perdu en faisant ça. Je pense pas que je suis bien placée pour te dire ça, mais voilà. En tout cas, je trouve que tu es plus courageux que moi pour te montrer en public !

Elle lui fit un sourire quand même pour lui dire qu'elle était avec lui et que de toute façon, ce n'était pas elle qui le jugerait par sa faute commise. Reprenant ses livres, elle finit de les scanner et en donna une pile à Peter et alla dans entre les étagères pour les ranger par genre et ensuite par classement alphabétique.

- Tu fais quoi pour déjeuner ? Si tu te poses la question, oui je te propose de manger avec moi vu qu'aujourd'hui Edmond n'est pas là.

Ca serait peut être une bonne chose pour continuer de parler de leur vie depuis le temps. Mais si Peter refusait, la bibliothécaire n'insisterait pas, après tout c'était compréhensible de ne pas vouloir manger avec son ex alors que l'on vient juste de se reparler. Mais bon, Junie tentait sa chance à vrai dire.

Maintenant qu’ils étaient de nouveau « amis » la jeune femme était curieuse de savoir pourquoi Peter avait fait ça et surtout… pourquoi faire ça à son frère. Mais apparemment la bibliothécaire n’avait pas compris ce que voulait dire l’écrivain. Haussant les sourcils, elle l’écouta de nouveau et essaya de comprendre. Cependant, la fausse aveugle ne comprenait pas pourquoi il avait fait ça et surtout avait pris les écrits de son frère s’il voulait que ce soit juste pour se divertir. Posant ses mains à plat sur le bureau, elle le regarda et essaya de comprendre.

- Mais pourquoi avoir pris ce que ton frère avait fait alors que tu ne cherchais pas la gloire ? Si ça se trouve ton livre aurait été encore mieux sans avoir piqué ce que ton frère écrivait ? Je ne te blâme pas au contraire, j’essaie de comprendre pourquoi tu as fait ça et surtout dans quel but alors que tu ne cherchais pas à être célèbre. Enfin, tu peux très bien m’envoyer chier car je n’ai rien à dire sur ça de mon côté.

Junie haussa les épaules et arrêta de parler, elle savait que Peter pouvait très bien lui remettre le coup de la fausse aveugle dans la tête pour compenser le tout. La bibliothécaire n’était pas fière mais si elle avait fait ça, c’était car elle avait ses raisons mais ça personne ne le savait. La fausse aveugle avait donc arrêté de parler de ça pour ne pas avoir le retour de la médaille.
Le suivant ensuite pour ranger les derniers bouquins, la jeune femme proposa à Peter de se joindre à elle pour déjeuner. Le professeur de français lança un mini vanne qui fit légèrement sourire Junie.

- Qui sait de quoi je suis capable maintenant… Non, je rigole, mais effectivement je suis seule et vu que toi aussi je me suis dit que ça pourrait être pas mal de manger ensemble histoire de parler à nouveau comme avant. Sauf si ça te dérange de manger avec une fausse aveugle.

Lui souriant, la bibliothécaire finit de ranger ses livres et retourna en réserve pour aller la fermer pour aller manger dans pas longtemps.