Une fois rentré du supermarché, Lorenzo prit le temps de ranger ses provisions. D'une part, il ne voulait pas déranger Alana en arrivant trop tôt. D'autre part, il rangeait toujours minutieusement son frigidaire et ses armoires, pour gagner de la place et toujours tout retrouver au premier coup d'oeil. Une fois cela fait, il prit un post it pour y griffonner quelques mots pour Summer. En gros, la même chose que dans son sms, mais comme sa femme n'était pas accro à son téléphone portable, elle pouvait très bien ne pas l'avoir vu. Et trouver une maison vide à son retour était tout sauf agréable. Enfin. Une fois cette tâche effectuée, il sélectionna ici et là les ingrédients dont il avait besoin : les escalopes de dinde bien sûr, le Tupperware contenant sa chapelure faite maison dont il avait le secret, un oeuf et un citron. Pour l'accompagnement, les patates douces, un nouvel oeuf et son presse purée. Fort heureusement, il lui restait deux parts de tartes de la veille, elles feraient l'affaire pour un dessert. Il rangea le tout dans sa glacière, puis se rendit chez Alana.

Il connaissait bien cette maison, à force. Mais y venir pour voir quelqu'un d'autre que Jenn lui faisait bizarre. Il eut la surprise de trouver la porte ouverte et hésita à entrer, mais entendant de la musique émanant de la cuisine, il se douta que Alana était là. Faisant comme chez lui, il laissa le son le guider ... et trouva une Alana en plein spectacle. Il ne put s'empêcher d'émettre un petit rire. Rien de méchant, il était simplement amusé. « Tu es une vraie rock star dis moi ! » lança-t-il pour briser le silence. Il lui sourit gentiment, avant de poser sa glacière sur le plan de travail. Il sortit un à un les ingrédients, avant de regarder la jeune femme. « J'ai ramené deux parts de tarte aux pommes pour le dessert, je l'avais faite hier, ça te convient quand même ? » demanda-t-il à Alana, avant de préciser que ce dessert nécessitait d'être mis au frigo. Il préféra la laisser s'exécuter, un frigo est toujours un espace personnel et il n'osait pas s'aventurer ainsi dans celui des filles, tout bonnement parce qu'il détestait que quelqu'un d'étranger ouvre le sien. « Ensuite, je vais avoir besoin de tes services ! D'abord, nous allons cuire les pommes de terre à l'eau ! Pour cela, une cocotte minute ! Ensuite, un saladier pour préparer les escalopes ! » Au fur et à mesure qu'il parlait, il énumérait les différents éléments sur ses doigts. Il s'assura d'abord que Alana avait bien compris avant d'organiser son plan de travail. C'est alors que la dernière chanson des Maroon 5 se fit entendre de la chaine hi-fi. Allez, pourquoi pas, il adorait cette chanson en plus ! Alors, Lorenzo se mit-il à chantonner à son tour, au rythme de la musique. Par contre, il s'abstint de tout déhanché. Faut pas déconner non plus.

Alana le suivait dans sa bêtise, Lorenzo en était amusé. Plus ça venait, plus il l'appréciait, au moins ce dimanche n'aurait pas servi à rien ! « Je te promets de voter pour toi, tu as un réel talent ! » conclut-il en hochant la tête. Mais trêves de plaisanteries, ils avaient de sérieuses tâches à accomplir.

Mine de rien, que Alana soit sincèrement contente pour la tarte le touchait. C'était un dessert simple après tout, et en porter un morceau à une voisine était chose commune dans un quartier résidentiel. Mais ici, quand les gens venaient porter des gourmandises à leurs voisins, ils avaient toujours une petite idée saugrenue derrière la tête. Il se souvenait, lors de son retour dans le quartier, une ou deux ménagères du quartier - et mamans d'élèves - étaient venues sonner chez lui. Officiellement, elles apportaient des Muffins de bon retour. Officieusement, elles voulaient vérifier que les rumeurs étaient fondées, à savoir que le jeune homme avait vraiment la bague au doigt. Pour s'assurer qu'il ne draguerait plus leurs petites filles faussement innocentes, probablement. Lorenzo soupira un court instant, mais se ressaisit vite, Alana avait besoin de ses services, il n'allait pas la laisser tout faire toute seule. Il fut agréablement surpris que la jeune femme ait quelques connaissances en matière de cuisson des pommes de terre. Mais quand il la vit brandir son économe en direction des pommes de terre, il s'emporta et attrapa vite son bras avant qu'elle ne commette l'irréparable. En soit, éplucher les pommes de terre n'était pas un crime. Mais la marche à suivre ne comportait pas d'épluchage, alors il était très pointilleux quand on sortait du rang ! « Surtout pas ! » Il lâcha alors le bras de la jeune femme, gêné de s'être ainsi emporté. « Recette italienne, on cuit les pommes de terre à l'eau oui, à la vapeur, mais avec leur peau ! » Pour se faire comprendre, il sortit de sa glacière son presse purée qu'il avait ramené d'Italie, et qui était toujours intact après toutes ces années. « Pas besoin d'éplucher les pommes de terre avec ce genre d'appareil ! » Il le posa sur le plan de travail puis reprit. « Ma mère disait toujours que si on ne faisait pas cuire les pommes de terre avec leur peau, elles étaient ratées. Est-ce que c'est vrai, je n'en sais rien ... Je n'ai jamais osé lui désobéir ! » Et il n'était pas peu fière, en confiant ce petit secret à la jeune femme. Ainsi donc, Alana s'occupa de remplir la cocotte d'eau, puis d'y mettre les pommes de terre et de les faire cuire.

Pendant ce temps là, il prit le saladier, y cassa l'oeuf puis ajouta la chapelure. Il fallait battre quelques minutes ensuite. Tout en s'activant, il se mit à chanter, et Alana l'accompagna alors, Lorenzo se mit à rire et ses paroles ne ressemblaient plus à grand chose, mais qu'importe. « Attention, tu ne vas pas goûter n'importe quel repas aujourd'hui, c'est un repas calabrais ! » Il était fier, de ses racines. Combien de fois ajoutait-il ce genre de phrase quand il faisait goûter une nouvelle recette secrète à sa femme. Il ajouta ensuite les escalopes dans le saladier, puis le ferma. Il secoua un peu avant de le tendre à la jeune femme. « On laisse les escalopes mariner au frais pendant que les pommes de terre cuisent. » Il la regarda distraitement caser le plat dans le frigidaire, telle Ethan Hunt dans Mission Impossible. « Il doit nous rester dix ou quinze minutes avant que les pommes de terre soient cuites. Ensuite, on fera la purée et on cuira les pommes de terre » Il réfléchit un instant. « Alors on peut déjà préparer un wok d'huile, pour faire frire les escalopes ensuite. Et on peut dresser la table aussi. Tu m'indiques où sont les assiettes ? » Il n'y a pas à dire, cuisiner à plusieurs était vraiment plus amusant.

Après sa réaction peut-être exagérée, Lorenzo eut peur que Alana se vexe. Il avait haussé la voix, alors qu'au final il s'agissait juste de patates douces, et sa mère ne se serait probablement pas retournée dans sa tombe pour ça. Lorenzo n'était pas un garçon impulsif, au contraire, il s'appliquait toujours à réfléchir avant d'agir, et surtout à garder un calme de gentleman, en toute circonstance. Mais quand il s'agissait de la cuisine, et surtout des recettes secrètes de sa mère, il ne répondait plus de rien. « J'suis désolé de m'être emporté comme ça » précisa-t-il en affichant une moue gênée. Heureusement, Alana n'étalait pas une fierté longue de trois mètres, et ne lui tenait pas rigueur de ce manque de tact.

Ils pouvaient donc tranquillement continuer leur repas. Tout mijotait, il était donc temps de mettre la table. Mais d'abord, au passage, faire chauffer un wok. Ce qui, le jeune homme, était censé être une étape de routine, s'avéra bien plus compliqué pour la jeune femme. Il la regarda, ébahi, incapable de lui expliquer. Un peu hébété, il mima avec ses mains un wok, à savoir une sorte de poêle creuse, ou de casserole plus large, à voir. Il réalisa alors que le wok était en fait - en quelque sorte - le croisement entre une poêle et une casserole, il n'y avait jamais fait attention ! Mais il n'était pas sûr qu'une telle description aide la jeune femme. « Euuh ... un wok c'est un wok ! » répliqua-t-il d'abord en riant. « Tu me prends au dépourvu, je ne sais pas comment expliquer. Disons que un wok, c'est une poêle plus profonde, en gros on pourra y plonger les escalopes dans l'huile bouillante, tu vois le genre ? » Au pire, Lorenzo pourrait toujours faire un aller retour chez lui pour en prendre un, il n'habitait qu'à 5 ou 6 maisons.

En attendant, il s'activait à dresser la table. Il regarda le jeune femme disparaitre en quête d'une nappe, puis ouvrit donc la fameuse armoire des plats en équilibre. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais quel spectacle ! Si tous les plats rangés là avaient été des briques de Tetris, les filles auraient vraiment fait un put*n de score ! C'était tellement ingénieusement empilé, encastré, que Lorenzo ne voyait pas comment prendre deux assiettes sans tout faire tomber. Or, mauvaise idée que de se faire remarquer. Il choisit donc la solution la plus sûre, et sortit un à un les plats aux dessus des assiettes. A peine eut-il fini de tout remettre que Alana revenait, timing parfait. Il dressèrent donc la table, Lorenzo jeta alors un coup d'oeil à sa montre, encore quelques minutes devant eux, depuis papoter quelques instants avant de se remettre à la cuisine. « Dans quelques minutes nous pourrons faire et la purée, et les escalopes ... Tu veux préparer quoi toi ? » il marqua une pause. « Oh fait tu ne m'as pas dit, tu as déjà mangé des escalopes milanaises ? »

Lorenzo était fort désolé de ne pas mieux expliquer la définition du wok. Après sa petite démonstration, Alana n'avait pas l'air plus avancée, le professeur avait l'impression de lui parler indien, ce n'était pourtant pas si compliqué ! Il la regarda ouvrir une armoire pour la fouiller, telle un pèlerin en quête du Saint Graal des escalopes, à savoir ce fameux wok. Il la regarda sortir quelques plats de cette fameuse armoire, la regardant d'un oeil suspect. Ce placard devait être le sac de Mary Poppins, tant Alana en sortait de choses ! Un placard sans fond qui permet de ranger des choses à l"infini, voilà. Enfin, elle lui demanda si elle avait trouvé. « Victoire c'est bien ça ! » s'exclama-t-il. Amusé, il prit même la peine de l'applaudir. « Bravo Alana, mission accomplie avec succès ! »

Quand la jeune femme revint avec la nappe couleur citrouille, il attendit qu'elle l'étende sur la nappe avant de poser assiettes et couverts. Il remarqua qu'elle sortit des verres particulièrement jolis, et fut touché de cette délicate attention. Il leur restait encore quelques minutes avant d'effectuer leur récolte culinaire, et Alana en profita pour se reposer un peu. Il prit donc place à ses côtés, et la questionna un peu, curieux. « Oui oui, ma mère s'est chargée de mon éducation culinaire. Mon père a toujours été contre, il me disait de laisser ça à ma soeur, mais déjà tout petit, j'avais remarqué que un garçon qui cuisine ça plaisait aux filles. Un des amis de mes parents faisait des pizzas succulentes, et toutes les filles gloussaient autour de lui ... non je n'avais pas des intentions très louables étant petit ! » confia-t-il en rigolant. C'était bizarre, pour lui qui n'aimait pas parler de lui, confier ces anecdotes à la jeune femme semblait être une évidence. Il regarda alors sa montre, c'était l'heure. « Allez on s'y remet ? » Il se leva et tendit sa main à la jeune femme pour l'aider à se remettre sur pied. Il l'aida à ouvrir la cocotte minutes, puis lui montra comment utiliser le presse purée. « Tu presses directement au dessus du saladier et, tu vois, la peau reste dans l'appareil, seule la pomme de terre tombe. » Il mit ensuite à bouillir le fameux wok d'huile, et sortit le plat d'escalopes du frigo, remarquant seulement après son erreur. « Oh tu ne m'en veux pas de mettre servi comme ça j'espère ? Je suis désolé je prends mes aises trop facilement ! » s'excusa-t-il par principe. L'huile bouillant, il y plongea les deux escalopes. Le but était qu'elles gagnent une couleur tout juste marron, pas trop grillée. Les préparer lui rappelait toujours la fête du 15 août, dans son village, le jour de la commémoration de la Madone. Une fête traditionnelle et synonyme de jour ferié, qui était toujours suivie d'un Black Friday, là bas. Il jeta un oeil à la jeune femme pour voir si elle s'en sortait. « Je vais te confier le secret d'une purée réussie, selon ma maman. Tu ne le répètes pas, je compte sur toi ! Tant que la pomme de terre est encore chaude, tu y ajoutes sel, poivre, crème, et les ingrédients secrets, un oeuf et un peu de parmesan. Si tu n'en as pas, de l'emmental fera l'affaire, exceptionnellement. » Dans ce pays si particulier, Lorenzo s'était finalement habitué à commettre ce péché de l'extrême, à savoir remplacer le parmesan par de l'emmental, ou autre fromage râpé.

Il ne put s'empêcher de rire, en entendant la jeune fille chanter. Elle dégageait ce sentiment de fraicheur, comme si elle était capable de tout prendre à la légère sans se soucier de rien. Lui qui se faisait si souvent des cheveux blancs, il aurait aimé être comme elle. Etre capable de laisser les soucis où ils sont, quand il le fait, et ne jamais se laisser submerger par les mauvaises marées. Même si Lorenzo était mature, réfléchi, posé, et capable de régler les évènements quand il se présentait à lui, il ne pouvait jamais chasser de son esprit ce risque qui le narguait sans cesse, comme un petit diable posé sur son épaule. Le risque que sa vie dégringole, comme un mauvais château de cartes. Sa vie était fragile, et parfois il marchait sur un fil, gardant toujours en mémoire qu'il n'avait jamais été un bon équilibriste.

« La prochaine fois on ne fait pas une séance de cuisine, mais une séance karaoké ! Ou Just Dance aussi, tu aimes bien danser aussi j'espère ? » Oui, il évoquait déjà leur prochaine rencontre. Mais son petit doigt lui disait qu'Alana allait rapidement devenir une amie. Peut-être parce que Summer ne serait jamais jalouse d'elle, et qu'il pourrait ainsi côtoyer d'autres gens sans que son petit démon lui murmure « Summer se demande probablement si tu ne la trompes pas, en ce moment ... ». Alors oui, il imaginait déjà leur prochain après-midi à deux, mais Alana vint le sortir de ses pensées. Il regarda le plat de purée ... effectivement, l'aspect était un peu visqueux. Il jeta d'abord un coup d'oeil à ses escalopes, elle nécessitait encore quelques minutes de cuisson, il pouvait les délaisser quelques instants. « Tu as bien mis un seul oeuf ? On dirait que tu y as mis toute la boite ! » Il tendit la main pour qu'elle lui donne sa cuillère, et commença à mélanger correctement la purée. Enfin, les différents ingrédients étaient peu à peu absorbés par la pomme de terre, et leur accompagnement prenait un aspect consistant. « Continue de mélanger comme ça, en prenant bien la purée par en dessous, je vais vérifier les escalopes. » Effectivement, celles-ci étaient cuites, fin prêtes. Il attrapa une assiette, y mit deux feuilles de sopalin et déposa les escalopes pour que le trop plein d'huile soit absorbé. Il arrêta ensuite la gazinière, pas besoin de risquer de se faire attaquer par de l'huile bouillante. Il pouvait donc concentrer à nouveau son attention sur Alana. « Tu t'en sors ? »

Une nouvelle fois, Alana le suivit dans le délire, vantant ses capacités en danse. Il ne put s'empêcher de rire en l'imaginant, surtout la version Gangnam Style. Encore aujourd'hui, il ne comprenait pas l'engouement des gens pour cette musique et cette danse. Pire, depuis qu'il avait entendu la théorie de ce français, affirmant que selon une prophétie de Nostradamus, la fin du monde interviendrait lors du million de vue du clip sur youtube, ce qui devrait se produit aux alentours du 21 décembre, il haissait presque ce chanteur. Il imaginait très bien les martiens là haut "eh t'as vu, les terriens sont tous morts à cause de la danse du cheval" "m*rdouille, on avait prévu au planning de les envahir la semaine prochaine" "Bah tant pis, mets une visite sur Mercure à la place, je nous trouve un peu palichons" "mais martien (oui ils s'appellent tous martien) c'est bientôt Noël, allons plutôt fêter ça sur Pluton !". Mais s'il s'agissait d'une séance Just Dance avec Alana, il voudrait bien peut-être faire un effort. « Me voir me déhancher ? » Il éclata de rire. « Si je te montre comment je danse ma petite, tu vas être verte de jalousie ! » Il hocha la tête pour appuyer ses dires. « Plus sérieusement, en Italie je prenais des cours, salsa, tango ... Mais ici j'ai arrêté. Quand je suis parti à New York il y a deux ans, j'ai recommencé ... Mais de retour ici j'ai encore arrêté ! » Il eut un rire, nerveux cette fois. A croire que le quartier l'êmpêchait de danser. Mais il avait envie de reprendre, et avait même proposé à Summer qu'ils s'y mettent ensemble. Et il ne comptait pas laisser cette idée aux oubliettes.

Mais trèves de plaisanteries, il y avait plus grave : la réalisation de la purée tournait au vinaigre, Alana avait obtenu une mélasse non identifiée (peut-être un coup des martiens dégoûtés de ne pouvoir envahir la Terre). Lorenzo attrapa la cuillère et entreprit de sauver la purée. Il prenait son rôle très au sérieux, s'il avait été un chevalier, la cuillère aurait été son épée, la purée la princesse à sauver, et Alana les petits Toad qui donnent des indices au fur et à mesure de l'aventure, ou des champignons pour retrouver toute son énergie. Grâce au ciel, la purée atteint une consistance normale, une consistance de purée de pommes de terre, en somme. Il goûta un peu, parfait, et heureusement. Il ne réalisa pas qu'il mettait en doute les capacités de la jeune femme en lui demandant ensuite si ça allait, mais ne répondit rien, la cuisson des escalopes atteignaient l'apogée, moment crucial : il fallait les sortir de l'huile juste au bon moment, ni trop tôt ni trop tard. Comme pour la cuisson des pâtes, celle des escalopes est une histoire de précision. Voilà, vite, il les piqua avec la fourchette pour les mettre dans l'asiette de sopalin qu'il avait préparée, afin que le papier absorbe le trop plain de graisse. « Maintenant ? Nous pouvons dresser les assiettes ! » Dans sa glacière, il attrapa le citron, coupa quelques rondelles et les déposa au coin de l'assiette d'escalopes, puis pressa le morceau restant au dessus des escalopes. Désormais, elles étaient milanaises. « Tu amènes le plat de purée s'il te plaît ? » Il prit l'assiette et se dirigea vers la table, où il mit une escalope dans chaque assiette, puis disposa une rondelle sur chacune. Il prit ensuite place, laissant Alana se servir la première en purée. A son tour, il mit quelques cuillères dans son assiette, vérifiant au passage que la purée n'avait pas changé de consistance. « Bon, eh bien ... Bon appétit ! » Et vite, il attaqua. Mine de rien, il avait faim. Et surtout, il voulait vérifier que le repas était bon. Heureusement, ils avaient réussi leur mission cuisine. Cependant, il leva les yeux vers la jeune femme, avide de son opinion.

Il porta la première bouchée de purée à sa bouche. Dieu soit loué, c'était réussi. Quelques rutabagas n'auraient pas été un luxe, avec ce plat, mais Lorenzo n'en avait pas chez lui. Ses faibles capacités en agriculture le rendait seulement capable de cultiver quelques tomates, ainsi que les plantes aromatiques de base. Pourtant, son père était cultivateur de métier, mais il n'avait jamais réussi à l'inculquer à son fils. Ça et la pêche, et il s'était finalement résigné, comprenant que son garçon préférait la danse et la cuisine. Et il avait bien eu raison, puisque Lorenzo se débrouillait plutôt, Alana en tout cas l'affirmait. « Merci c'est gentil » Il sourit gentiment, puis finit son plat.

Avalant sa dernière bouchée, il nota qu'ils n'avaient fait aucune action de grâce. Coutume fort répandue dans son petit village, il l'avait bien vite perdue en arrivant ici. « Je retiens l'invitation, mais t'interdis de te mettre une telle pression ! J'ai juste préparé des plats que je connaissais, il doit bien avoir aussi quelques recettes que tu maîtrises, non ? » Curieux, il aimait bien partager avec chacun les préférences culinaires. Il déposa ses couverts au milieu de son assiette, puis regarda la jeune femme. « Tu reprends une cuillère de purée ? N'oublie pas de laisser une place pour la tarte, surtout ! » Il avait hâte de connaître l'avis de la jeune fille au sujet de sa tarte. Summer, elle, l'avait trouvée succulente, mais Lorenzo déplorait le fait qu'il n'ait pas mis de noix de pécan.

Il lui sourit simplement. D'une nature plutôt discrète, Lorenzo n'aimait pas trop être le centre des attentions trop longtemps. Alors, il préféra mettre fin à la séance de compliments. C'est ce moment que Alana choisit pour évoquer leur amie commune. Lorenzo déglutit à l'entente de son prénom. Il la voyait toujours très peu, comparé au bon vieux temps, et cette situation l'agaçait toujours autant. Jenn était occupée par son métier, lui de même. Parfois, ils tentaient de planifier une sortie, mais inévitablement l'un ou l'autre finissait par annuler. Pourtant, il était intimement convaincu qu'une seule petite sortie, une longue conversation, c'était tout ce dont ils avaient besoin, pour que ça redevienne comme avant. Ils étaient sur la bonne voie, mais il manquait toujours ce petit examen final. « Non elle ne m'en a jamais parlé, mais j'ai hâte de le goûter un jour, si tu le permets » Son ton fut plus mélancolique qu'il ne l'aurait voulu. Alors, il se sentit obligé de fournir quelques explications à Alana. « Je vois très peu Jenn en ce moment tu sais, notre relation ne s'est toujours pas vraiment améliorée. » avoua-t-il, penaud.

Poli, il l'aida à débarrasser quand la jeune fille se leva. Il porta les plats à la cuisine, mais ne sut quoi en faire une fois dans la pièce. « Tu souhaites mettre la purée dans un plat et la garder ? Tu peux la conserver un jour ou deux, pas plus comme il y a un oeuf dedans. » Bien sûr, il salua les bonnes idées de la jeune fille. « Effectivement c'est encore meilleur tiède, et je ne dis pas non à une boule de glace ! » Enfin ... il espérait que la glace de la jeune fille soit de bonne qualité, il était très exigeant là dessus. En fait, il était exigent à chaque fois lorsqu'il s'agissait de nourriture.

Lorenzo fut sincèrement surpris, quand Alana proposa de plaider sa cause auprès de Jennie. Rien ne l'obligeait, et qui plus est il était possible que la discussion soit houleuse entre les deux filles. Au début, il ne sut que répondre à sa proposition, pris de court. Il fixa quelques instants la jeune fille, trop sonné pour bouger. Sa relation avec Jenn était en stand by depuis trop longtemps, et Lorenzo désespérait de trouver un jour une solution miracle. Là, Alana pouvait changer la donne, il ne s'y attendait pas. Mais Lorenzo réalisa alors qu'il devait la gêné, avec son regard insistant. « Oui euh désolé de bloquer comme ça, je ne m'attendais vraiment pas à ce que tu me le proposes. C'est vraiment très gentil de ta part oui » se justifia-t-il.

Alors qu'ils débarrassaient, Lorenzo éclata de rire à la remarque d'Alana. La jeune femme était une personne vivante et sincère, mais surtout très drôle. D'ailleurs, Lorenzo se demandait pourquoi Alana ne trouvait pas chaussure à son pied. Il ne savait pas où en était la vie sentimentale de son amie, cependant il se retint de toute question. Mine de rien, c'était peut-être trop tôt pour de telles confidences. Mais plus tard, peut-être. Ils étaient partis pour se revoir prochainement, on dirait. Pour l'heure, c'était le moment du dessert. « Merci, je prends ça pour un compliment ! » Il mangea une nouvelle bouchée de la tarte, il est vrai que le mélange chaud froid des pommes et de la boule de glace était délicieux. « Si tu veux, je pourrais te passer ma recette » proposa-t-il, alors qu'il ramassait les dernières miettes de son assiette. La tarte aux pommes faisait partie des quelques recettes qu'il acceptait de partager. Ça, et le ragoût de dinde, le boeuf bourguignon, le tartare de saumon ... Des recettes qu'il ne tenait pas de sa mère, en somme.

Il attrapa ensuite leurs deux assiettes pour les porter à la cuisine. Il ne savait pas s'il était temps pour lui de dire au revoir, ou si Alana envisageait de lui proposer un café ...

Alana ne se fit pas prier, et tandis à Lorenzo un livre aussitôt celui-ci eut-il proposé de partager sa recette. Il ne pouvait pas douter de sa sincérité, et cette réaction le touchait énormément. Alana aurait pu simplement profiter d'un repas gratuit. Mais elle avait vraiment apprécié la cuisine de son nouvel ami. Il entreprit d'écrire la recette de cette fameuse tarte, sans oublier aucune étape. Elle faisait partie des recettes qu'il réalisait les yeux fermés, désormais, avec l'habitude. Mais en manger une part lui procurait toujours le même plaisir. A la fin de la recette traditionnelle, il ajouta une petite note improvisée "variante d'Alana : avant de servir, faire tiédir la tarte au four, et ajouter une boule de glace vanille. Succès garanti !" et se surprit à sourire de cette innovation. « Voilà Alana, maintenant j'attends de toi de me la faire goûter dès que tu la fais ! » En espérant que l'élève ne dépasse pas le maître.

Une fois le dessert fini, ils attérirent dans la cuisine, où Lorenzo avait poliment rapporté les assiettes. Il hésitait alors entre s'éclipser ou s'attarder quelques minutes supplémentaires, quand Alana lui proposa un café, qu'il accepta naturellement avec plaisir, mais non sans réserve. « Je ne dis pas non au café, mais je demande à voir ta cafetière d'abord ! Si tu me sors une de ces cafetières américaines où vous pressez le café je ne sais pas comment, je m'enfuis ! » il avait déjà fait les frais de ce jus de chaussettes propre aux states, un liquide à vous arracher le palet. Lorenzo venait d'un pays où le café était une véritable tradition, il avait même d'ailleurs offert une traditionnelle cafetière italienne Bialetti à Jennifer, lors d'un Noël. Mais après tout ce temps, il doutait que l'appareil soit encore dans cette cuisine.

Alana se surprit à avoir envie de dormir. Ce repas copieux lui filait un coup de barre et si on lui donnait un oreiller, elle s'endormirait sans doute en deux secondes. Mais bien sûr, elle ne le ferait pas devant un invité, et le café lui donnait un beau moyen de restée éveillée encore un peu. Elle vit que Lorenzo était en train de remplir son carnet avec la recette, et elle avait hâte de pouvoir l'essayer. Elle ne doutait pas que celle de l'italien serait meilleure, mais cela valait le coup d'essayer. Ce dernier lui demanda justement de lui faire goûter si elle en fait. « Ouais, on verra ça hein, si elle est pas réussie, t'en verras pas la couleur ! » dit-elle en riant. Elle détestait faire ou montrer des choses qui ne la mettaient pas en valeur. Et elle ne ferait certainement pas goûter à Lorenzo un truc dégueulasse !

Elle profita de la fin du dessert pour offrir un café. Elle ne prenait habituellement pas de café après déjeuner, mais là c'était indispensable si elle voulait bien travailler l'après-midi. Alors que Lorenzo ramenait poliment les assiettes à la cuisine, il lui répondit qu'il en voulait bien un, mais seulement si ce n'était pas d'une cafetière américaine immonde. Alana éclata de rire. Les petites manies et habitudes de Lorenzo la faisait trop rire tellement il attachait d'importance à de petits détails. Mais c'était aussi une qualité qu'Alana enviait beaucoup, elle qui ne voyait pas vraiment la différence entre tel ou tel café. « Euh, j'en ai trop rien pour te dire, j'ai jamais fait gaffe à la cafetière.. » Elle fouilla dans les armoires pour la chercher. D'habitude elle se prenait un cappuccino au Café du coin, et c'était rare quand elle en faisait. Alana avait un peu proposé un café en oubliant de vérifier s'il y avait un cafetière à la maison.. « Attends, je vais chercher. » La jeune femme se baissa pour regarder dans le placard du bas. Ne s'y trouvant que des casseroles ou poêles, elle se releva et fouilla dans celui du haut, réussissant à dénicher ce qui lui paraissait être une cafetière non poussièreuse en bon état. Elle le montra à Lorenzo en lisant l'étiquette au nom bizarre. « Ca te vas ça ? C'est une cafetière...Bi..Bita..euh.. Bilatti...Bon, j'arrive pas à lire.. » fit-il en faisant la moue. L'étiquette était un peu effacée. Alana n'avait aucune idée d'où sortait cet appareil, mais elle espérait que cela conviendrait à l'italien, et surtout qu'il saurait s'en servir..

Déjà, Alana imaginait rater sa tarte. Lorenzo était intimement persuadé que de tels comportements poussaient inconsciement les gens à rater les recettes. Ne pas y croire, c'était jeter d'avance le plat à la poubelle, cramé. « Pourquoi partir perdante ? Je suis sûr que tu réussiras, et que nous allons bientôt nous revoir pour la déguster ! Pire, cette tarte fera concurrence à la mienne ! » Il exagérait peut-être un peu, mais le ton de l'humour était de mise, entre eux. Et puis, la cuisine les avait rapproché, ce n'était pas rien.

Après le repas, venait le café. Il avait bien remarqué que ses manières de top model à propos du café amusait son amie. Mais il était maniaque, et était incapable de se forcer à boire un café dégueulasse. Il préférait simplement éviter une situation gênante. « Je ne sais pas comment vous faites, vous autres. Le café, c'est tellement important. S'il n'est pas bon ... ce n'est pas buvable ! » se justifia-t-il, en baffouillant plus qu'autre chose. Alana était repartie dans son armoire, tel Lancelot à la recherche du Saint Graal. C'est alors qu'elle trouva la cafetière. La fameuse cafetière qu'il avait offerte à Jennifer. Ses yeux s'émerveillèrent, il était presque ému, touché, qu'elle soit encore là après toutes ces années, et pas transformée en vide poche ou en pot à crayons. « Non c'est pas vrai elle est encore ici ? Je l'avais offerte à Jennifer mais ça fait ... une paire d'années ! Je parie que tu n'as jamais bu de café avec ? » demanda-t-il en souriant, amusé. Décidément, ce repas, en plus de s'être bien déroulé, allait magnifiquement bien se terminer, avec un tel café. Il attrapa donc l'appareil que son amie lui tendait, l'ouvrit et rinça chaque pièce. « Tu peux sortir le café moulu pendant que je mets l'eau, s'il te plaît ? » Et tandis qu'Alana s'affairait à nouveau, il essuya rapidement chaque élément, avant de remplir la partie la plus basse d'eau, juste ce qu'il fallait. Puis il mit délicatement le filtre, attendant qu'Alana trouve le café en poudre. Les cafetières italiennes fonctionnaient sur le gaz. En chauffant, l'eau montaient, se gorgeait de café, avant d'atteindre la partie haute de l'appareil. Quand il était petit, Lorenzo avait toujours pensé que ce système tenait un peu de la magie.

Lorenzo réagit violemment en entendant qu'Alana pensait déjà à rater son gâteau. Il affirmait même que celle d'Alana serait meilleure que la sienne. La jeune femme émit un petit rire. « Ca, c'est encore moins probable ! » Mais Lorenzo avait raison, elle ne devait pas partir défaitiste. En plus, elle aimait cuisinier les gâteaux, donc il y avait une chance pour qu'elle réussisse ! « T'en jugeras toi-même quand tu la goûteras ! » Alana revint sur le fait que les deux amis allaient se revoir. « Ah ça oui, mais d'abord la soirée laraoké, t'y échapperas pas ! » Elle n'avait pas oublié leur conversation de départ, et tenait dur comme fer à voir Lorenzo danser un jour. « On se fera une soirée au dancing, Tara y travaille ! » C'était l'avantage d'avoir une amie et colocataire barman, elles pouvaient aller boire un verre quand l'envie leur prenaient. Bon ce n'était pas du tout l'habitude d'Alana de traîner dans des bars, mais le Dancing avait une ambiance différence du Veni vedi veci par exemple. Et puis comme son nom l'indiquait, on pouvait passer danser un coup.

Quand Alana réalisa qu'elle avait aucune idée de si elle avait une cafetière à la maison, qui de plus devait correspondre aux attentes de l'italien, celui-ci se reprit en expliquant que le café se devait d'être buvable et donc fait dans une cafetière spéciale. Quand la jeune femme dénicha une cafetière dans l'armoire et qu'elle la montra à Lorenzo, celui-ci eut une expression étonnée et satisfaite sur le visage. Il expliqua ensuite à la jeune femme que c'était un cadeau à Jennifer il y a un couple d'années. Décidément, il savait mieux ce qui se trouvait dans sa maison qu'elle.. « Ah, ça me dit quelque chose, elle était rentrée triomphante avec une boîte à la main un Noël, ça devait être ça ! Par contre en effet, je ne l'ai jamais utilisée.. » Lorenzo débarrassa ses mains de l'appareil et partit le laver en demandant à Alana de sortir le café moulu. De retour dans le frigo à la Mary Poppins, elle tomba sur la café derrière les brocolis. Elle regarda la date d'expiration et le sentit, histoire de voir si ça ne sentait pas trop la choucroute. Mais c'était parfait, une belle odeur de café remplit ses narines. Elle tendit donc le café à Lorenzo, qui avait mis l'eau et le filtre. Il déposa l'ingrédient dans la cafetière puis la mit sur la gaz. Alana avait déjà entendu parler de ces cafetières italiennes, et elle trouvait que c'était une invention tout de même géniale. Elle avait hâte d'en savourer le goût, pouvant le comparer à ceux qu'elle avait déjà bu. Et tant qu'à faire, si ça lui plaisait, elle se ferait son thermos elle-même tous les matins !

En attendant que le café chauffe, Alana alla chercher des petites tasses à café dans le vaisselier. Les deux tasses qu'elle trouva étaient toutes mignonnes, accompagnées de soucoupes assorties. Elle attrapa aussi la bonbonnière, où se trouvait du sucre et des petits carrés de chocolat noir en sachet. La secrétaire disposa le tout sur la table, ne sachant pas ce que Lorenzo prenait avec son café. Même si elle se doutait qu'il le prendrait nature. Ah,ces italiens..

Lorenzo acquiesa, il était totalement pour une soirée karaoké et danse. Mais peut-être devrait-il d'abord en parler avec sa femme, avant de monter sur ses grands chevaux. La connaissant, elle se ferait encore des films, imaginant une relation entre Alana et l'italien, ou toute autre possibilité encore plus alambiquée.

Attelés au café, Lorenzo regardait la cafetière sur le gaz, tandis que Alana préparait les tasses, le sucre ... « Ah tu prends du sucre avec ton café ? Je ne comprends pas comment tu fais, je trouve ça tellement ... pas bon, avec du sucre. » Il fit une grimace pour illustrer sa pensée. Du lait, à la rigueur, quand il était pressé et que le café restait brûlant. Ou alors, en cappucino. Mais du reste, il buvait toujours son café noir, pur. Alors que la jeune femme s'affairait toujours autour de la table, la cafetière commença à se faire remarquer. Un bruit vrombissant se fit entendre, signe que le café montait enfin. « Dans quelques secondes tu vas pouvoir arrêter le gaz, eh ... maintenant ! » dit-il un peu fort. Avec sa soeur, c'était leur jeu, avant, écouter la cafetière, et déterminer le moment où le bruit était suffisamment fort pour l'arrêter. Si c'était fait trop tôt, le café ne finissait pas de monter, et on se retrouvait avec quelques tasses. Si c'était fait trop tard, le liquide avait un arrière goût de cramé, et le joint était foutu pour toutes les préparations à venir. Ils attendirent que le bruit cesse, puis Lorenzo se tourna vers la jeune femme. « Tu aurais un dessous de plat à poser sur la table ? » Il y posa ensuite la cafetière, et entreprit de remplir les deux tasses. « C'est chaud, il faut attendre quelques minutes avant de le boire » précisa-t-il, par expérience. Enfin, il goûta. ça ne valait pas le café qu'il se faisait exporter d'Italie, mais c'était buvable. Summer le prenait parfois pour un fou, considérent que du café était du café. Mais Lorenzo y tenait. Regardant Alana attentivement, il attendait son verdict.

Lorenzo ne releva pas la soirée karaoké, à part un petit hochement de tête. Elle fut un peu déçue, croyant qu'il serait plus excité à l'idée de la faire. Alana avait-elle francht trop vit tles étapes menant à l'amitié ? Soit il trouvait qu ça allait trop rapidement pour lui, soit il avait une raison particulière pour ne pas répondre tout de suite. Et la Kauffman aurait pu jurer que cela avait un rapport avec Summer, sa femme, mais également une amie d'Alana. Cette dernière ne savait pas ce qui se passait entre le couple, et elle ce n'était pas approprié de demander, surtout en hors-sjet, aussi Alana s'abstint de tout commentaire.

Comme elle s'y attendait, l'italien fit une remarque à propos du café, comme quoi il le prenait sans sucre. « Non non, j'le prend sans rien, c'était juste au cas où t'en veuilles ! » En général, Alana préférait les cappuccino, mais le café noir était pas mal de temps en temps, surtout pour se réveiller. Elle rit à la grimace de Lorenzo. « Haha, toi t'es très pointilleux côté cuisine hein ! » Une fois les tasses déposées sur la table, la blonde revint vers la cafetière, qu'elle arrêta au signal de Lorenzo. Cela lui semblait très bizarre de devoir arrêter à un moment spécial, mais elle trouvait ça assez marrant. « J'ai un peu l'impression de me trouver dans un film d'action là ! » rigola-t-elle. Elle n'aurait jamais pensé que faire du café serait limite de l'art, un truc auquel il fallait être précis. Elle se couchera moins bête, tiens. Lorenzo lui demanda alors si elle avait un dessous de table. « Oui, c'est l'ananas en bois que tu vois dans le coin là. » dit-elle en montrant du doigt un bout ouvert du placard. Si elle se rappelait bien, c'était Jennifer qui lui avait offert en cadeau d'anniversaire, sachant qu'Alana adorait l'ananas. Oui, Jennifer aimait bien les fruits, et demandait toujours aux gens leurs fruits préférés..

Puis les deux jeunes gens s'attablèrent de nouveau, attendant un moment que le café refroidisse. Alana demanda alors à Lorenzo quelque chose qu'elle voulait lui demander depuis peu. « Au fait, tu travailles dans quoi ? Enfin, je sais que t'aimes la cuisine mais est-ce que t'en fait ton métier ou c'est une passion ? » Et en attendant sa réponse, elle but une gorgée de son café -qu'elle aimait quand il était presque brûlant-, et écarquilla les yeux. « Punaise, mais c'est quoi ce goût ? C'est super bon ! » s'exclama-t-elle en souriant. « Ah c'est décidé, j'vais voler la cafetière à Jen' et m'en faire tous les jours! » Bon, elle ne risquait pas de le voler à la Vanya parce qu'elles habitaient dans la même maison, mais c'était un expression pour dire qu'elle aimait vraiment la cafetière. « Mais c'est bizarre, pourtant c'est le même café quoi.. » fit-elle, étonnée.