L’altercation qui venait de se passer chez Jay avait retourné l’esprit de Savannah. La jeune femme aurait pu passer un mauvais quart d’heure si Holden n’était pas intervenu. Pourtant, elle lui en voulait d’avoir déclenché cette dispute même s’il était sous l’influence de la cocaïne qu’il avait prise plus tôt dans la soirée. Après que la jolie blonde ait appris que ses deux « amis » étaient en couple, le riche héritier avait laissé entendre qu’il avait trompé son petit ami avec elle… du moins dans le sens théorique du terme. Savannah ne pouvait pas nier qu’elle voyait très bien de quoi il parlait, mais pourquoi prendre le risque de tout envoyer en l’air ce soir ? Ils avaient à peine effleuré la surface de l’iceberg que Jay était entré dans une rage folle sans laisser au temps à la jeune femme de trouver une explication plausible aux dires d’Holden, ni même de le convaincre qu’il avait tort. Le chanteur était tellement aveuglé de jalousie quand il s’agissait de ses sentiments que son esprit avait fait une rechute évidente dans la folie passagère. Heureusement, il ne s’était souvenu de rien et à force d’une douche froide et de mensonges déguisés, Holden et elle avaient fini par le ramener à la raison. Savannah détestait mentir à son frère de cœur, mais elle n’avait pas le choix dans le cas présent. La vérité aurait des conséquences bien trop mortelles au vu de ce qui s’était déjà passé ce soir. Une fois que le chanteur s’était calmé, elle avait alors décidé de laisser les deux amants se retrouver et de retourner chez elle pour voir si son petit frère était bien rentré. Elle envoya un message à Zain, puis quitta la maison de Jay. Elle passa devant la maison des Davies où la fête s’était largement dispersée depuis la venue des policiers à la suite de la disparition de Naya. La jeune femme espérait que le cauchemar qui avait entouré la mort d’Alicia ne recommencerait pas à nouveau. Après tout, le meurtrier n’avait jamais été rattrapé. Était-ce la raison pour laquelle elle sentit la présence d’Holden près d’elle lorsqu’elle se mit à marcher ? Le jeune homme avait décidé de quitter la maison de Jay juste après elle. Une envie de parler de ce qui venait de se passer peut-être ? Savannah brisa la première le silence étrange qui régnait entre eux. « Alors comme ça, vous êtes ensemble ? » Constata-t-elle d’un ton froid. « Tu t’es bien garder de me le dire. » Si son regard avait été des revolvers, elle l’aurait fusillé sur place. Mener la vie dure à Holden ne la dérangeait pas, mais entraîner son frère de cœur au passage n’était pas une option. Combien de temps allait-il jouer avec les sentiments du chanteur ? Comme il l’avait fait avec toutes ces pauvres filles avant ? « c'est un coup de tête ou tu t’es soudainement découvert que tu pouvais vraiment aimer quelqu’un ? » Voulut-elle savoir en lançant une pique. Elle s’attendait à une réponse franche. « Et sa réaction, tu la connaissais n’est-ce-pas ? Tu n’étais même pas surpris quand il est devenu fou, pourtant, ça ne t’a pas empêché de tout bousiller. » Reprocha-t-elle ensuite son dérapage ; ce qui ne servait à rien avec Holden, qui se braquait toujours quand il ne pouvait en faire à sa tête. Elle s’arrêta alors pour lui faire face, ne sachant plus très bien où ils en étaient après ce qui venait de se passer. Savannah voulait discerner le vrai du faux. Holden aimait-il vraiment Jay ou n’était-ce qu’une toquade supplémentaire pour peut-être se venger à travers lui ? « A quoi joue-t-on encore ? » Demanda-t-elle en se radoucissant et en plongeant son regard dans le sien. La question à laquelle ils ne savaient plus répondre depuis bien longtemps.

Savannah tenta de maîtriser sa colère, mais elle en avait assez de mâcher ses mots. Holden avait tout fait pour provoquer le pire ce soir sans se soucier des sentiments que pouvaient avoir les autres. La jeune femme avait beau être son ‘amie’ et savoir qu’il détestait qu’on lui dise quoi faire, il y avait des limites et elle ne se garderait pas de le lui dire. Que ça lui plaise ou non d’ailleurs. Il s’arrêta et se tourna vers elle, énervé qu’elle se permette de lui parler d’amour. Savannah aurait bien voulu lui répondre qu’elle savait ce que ça faisait de briser le cœur des gens, et qu’elle serait toujours mieux en mesure d’en parler que quelqu’un qui prétendait seulement aimer, mais elle préféra se taire et le laisser enchaîner sur la suite. Il reprit la marche et l’accusa d’être célibataire à cause d’elle ; c’est sûr que c’était plus facile de l’accuser que d’assumer ses propres actes. Elle n’avait pas demandé à quasiment se faire tuer. Holden avait provoqué Jay, mais semblait avoir la mémoire courte. « Libre comme l’air ? Ne l’as-tu pas toujours été au fond de toi ? Tu n’as pas besoin de moi pour ça, ni pour détruire tout autour de toi. Tu l’as encore prouvé ce soir ! » Renchérit-elle une nouvelle fois. Etonnamment, il gardait son calme, mais pour combien de temps ? Savannah savait qu’il essayait de se contenir en ce moment-même et qu’elle devrait pousser plus loin encore sa propre colère pour le faire réagir. Il lui expliqua qu’il prenait le temps de connaître les personnes auprès de qui il s’engageait. Un sourire ironique s’esquissa sur le visage de la belle blonde ; n’était-elle pas la mieux placée pour savoir que ce n’était pas forcément le cas ? Il ramena encore la faute sur elle à propos de « conneries » qu’elle aurait commencées. Cette fois, il allait trop loin. Ce n’était pas elle qui avait pris de la drogue pour s’allumer en soirée et qui s’était faite passer pour à moitié morte chez les Davies. Quand elle l’avait trouvé par terre dans cet état, elle s’était sincèrement inquiétée pour lui. Si elle avait su les mots qu’il lui lancerait en plein visage après… « Tu sais quoi ? J’aurais dû te laisser te noyer dans ta cocaïne. » Répondit-elle d’une voix coupante. Holden ignorait jusque-là que c’était elle qui l’avait « ramassé » -avec l’aide de Jay-, mais elle s’en fichait. Ils n’en seraient pas là si elle s’était abstenue de le faire. « Te droguer et briser le cœur des gens, c’est tout ce que tu sais faire. » Continua-t-elle avant de s’arrêter devant lui pour deviner à quel jeu ils jouaient encore si ce n’était se tirer constamment dedans. Elle plongea ses yeux dans les siens le sentant près à craquer de colère et à faire tomber ses derniers retranchements. Le jeune homme essayait de ne laisser rien paraitre, tentant d'ignorer, cet élan de colère qui le rongeait. Mais son regard ne la trompait pas. Il esquissa alors ce sourire qu’elle reconnaissait, celui de quelqu’un qui essayait de se convaincre qu’il reprenait le contrôle de la situation. Holden lui demanda alors, maintenant qu’il était « tout » à elle, pourquoi ils ne pousseraient pas ce jeu plus loin encore ? Sans laisser le temps à Savannah de réagir, il prit son visage entre ses mains et l’embrassa comme s’il perdait la raison. Ses lèvres la brûlaient toute entière, la ravageait d’un incendie de sensations qu’elle ne contrôlait pas. La jeune femme ne le repoussa pas et attendit simplement qu’il se détache d’elle, voyant son air satisfait de celui qui dominait le jeu. Sauf qu’au lieu de protester violemment, la jolie blonde esquissa un sourire malicieux, savourant ce moment où elle venait enfin de réussir à le sortir de ses gonds. « Je vois qu’il n’en a pas fallu beaucoup pour te ramener à ta vraie nature. » Souffla-t-elle. Le pousser à bout. Son passe-temps favori quand elle lui en voulait. Elle glissa alors une petite phrase qu’elle savait dévastatrice, une petite phrase qui le provoquerait plus encore. « Je me demande ce que ta mère penserait de voir son fils partagé entre tant de relations. Sans parler de la drogue. » Le sous-entendu était à peine voilé. Elle ne pensait pas vraiment ce qu'elle disait, mais c'était la seule façon de le faire réagir plus encore. Il allait souhaiter qu’elle se soit fait transpercée par ce couteau. C’est ce que Savannah voulait dans le fond. C’était plus facile de se mentir à elle-même en le poussant à la haïr, comme elle tentait de faire de même. Sauf qu’elle n’y arrivait pas toujours avec autant de force et d’inflexibilité qu’elle le voulait, comme lorsqu’elle s’était inquiétée pour lui plus tôt dans la soirée. Toujours repousser les limites de leur jeu. Voir celui qui craquerait en premier. C’était devenu l’habitude de leur amitié étrange.

Lorsqu’Holden détacha ses lèvres d’elle, Savannah ne lui donna pas la satisfaction de se réjouir du moment. Elle lança d’un air malicieux que sa vraie nature lui était vite revenue pour quelqu’un qui prétendait « aimer ». Il avait l’air d’être tombé malade, et cette maladie que l’on nomme amour s’était glissée dans les pores de sa peau comme un virus qui ne disparaissait pas. Voulait-il vraiment lui faire croire qu’il suintait l’amour pathétique ? C'était comme s'imaginer des cochons volants, impossible. La jolie blonde enfonça un peu plus la lame de ses paroles en se demandant ce que la mère de l’héritier penserait de son fils chéri si elle se rendait compte qu’il était loin d’être aussi innocent qu’il paraissait. Savannah n’avait nullement l’intention de mettre cette idée à exécution, mais elle aimait bien lui souligner en face sa façon de se comporter. Elle haïssait cette attitude de donneur de leçons qui cachait derrière une façade si mince une envie démesurée de se glisser dans la décadence quotidienne. Il avait également failli tout casser devant Jay. En bonne joueuse, Savannah se devait de lui rendre la pareille et de le pousser à bout tout autant que lui se plaisait à le faire avec elle. La jeune femme plongea ses yeux d’un bleu profond dans le regard absent de son ami. Il ferma les paupières et retint sa respiration. Elle le voyait vibrer intérieurement de colère et essayer de contenir la violence de sa réaction. La jolie blonde se réjouit de nouveau ; cette fois, elle avait réussi à le déstabiliser un cours moment. Pourtant, lorsqu’il rouvrit les yeux, c’est un Holden d’un calme dangereux qui lui répondit. Il lui souligna qu’elle devrait pousser bien plus loin son idée si elle espérait pouvoir entrer chez lui. Savannah partit d’un grand éclat de rire. Quelle idée absurde formulait-il là ! « Te passer sur le corps pour entrer chez toi ? Ce serait trop facile. Me connais-tu si mal pour croire que j’ai besoin de ça pour t’atteindre ? Il existe bien d’autres façons. » Souffla-t-elle le regard brûlant. Elle posa sa main sur son visage avec douceur, en contraste étonnant avec la force destructrice de ses mots. Ils étaient si proches qu’elle pouvait sentir sa respiration contre elle. Savannah approcha un peu plus son visage, mais résista à quelques centimètres des lèvres du jeune homme. La jolie blonde n’avait pas encore dit son dernier mot. « Et que fais-tu de tes « je suis en couple et j’aime quelqu’un » ? Ce n’est que du vent dans la poussière de tes mots ». Les doigts du jeune homme étaient toujours posés sur sa joue, accrochés dans ses cheveux. Elle le sentait au bord du gouffre de colère. Avait-elle soudainement plus de scrupules que lui à franchir le pas par dérives de leur jeu ? Peut-être. Holden cherchait une façon de reprendre le contrôle de la situation, mais Savannah n’était plus une de ces lubies d’un soir et il savait très bien le risque qu’il prenait en imaginant cette seule idée qu’il venait de suggérer. Une forte tension s’était installée entre eux. Une tension bien trop électrique. Les accords atoniques des paroles de la jeune femme devaient le briser intérieurement, l’écorcher toujours un peu plus. Pourtant, l’orage dans les yeux bleus de Savannah, la tempête de colère et de rage qui se posait sur lui, s’estompa peu à peu, jusqu’à se dissiper complètement. La jeune femme posa ses lèvres sur les siennes et laissa la flamme stupide et futile de sa colère disparaître ; le paradoxe de cette affection brulante à laquelle elle n’arrivait pas à mettre fin.

N’était-ce pas un étrange paradoxe qu’il la laisse le traiter de la sorte alors qu’il n’en aurait pas accepté la moitié venant d’une autre ? Le cercle vicieux de leur jeu résidait justement dans la faiblesse de celui qui craquerait en premier. Savannah le sentait bouillir de l’intérieur ; il rêvait sans aucun doute de poser ses longs doigts sur sa gorge en ce moment et de l’encercler pour qu’elle ne prononce plus un mot. Garder le masque était tellement plus difficile que de céder à sa colère. C’était là que résidait toute la complexité de leur jeu dangereux. Savannah essayait par tous les moyens de le faire sortir de ses gonds, parce qu’elle n’avait absolument pas peur d’un Holden en colère. Que pourrait-il lui faire qu’elle ne pourrait pas rendre en retour ? Rien. Absolument rien. Ce qu’elle ne s’avouait pas au fond d’elle était la véritable raison de cette relation tendue qu’elle s’évertuait à maintenir entre eux. Savannah croyait s’amuser d’entretenir la haine d’Holden à son égard, mais il n’en était rien. C’était sa façon de se protéger de lui. Elle était habituée à ce que leur amitié reste toujours à l’état de conflit et n’avait aucune raison de s’adoucir tant qu’elle était convaincue qu’il pouvait la détester. Savannah préférait de loin cette situation, à une accalmie qui la pousserait à rendre les armes. Elle ne voulait pas s’attacher. Il en était hors-de-question. Holden avait cette capacité dangereuse d’influer sur les sentiments de façon insidieuse, sans qu’on le sente venir. La jeune femme était tombée dans le piège une fois, mais ne referait pas la même erreur. Celle de croire qu’il pouvait changer. Elle ne lui avait jamais dit combien il l’avait profondément blessée en découvrant ce qui s’était passé. Et elle n’était pas prête d’oublier. Alors quoi de mieux que d’enfoncer le couteau dans la plaie dans l’autre extrême ? Elle était devenue comme lui après cette nuit-là, cette sombre partie de lui l’avait attirée, amusée même. Depuis, Savannah se jouait du cœur des hommes sans se soucier des conséquences qu’elle pourrait laisser derrière elle. Et Holden n’était qu’une victime parmi d’autres, si ce n’est que son nom figurait en tête de liste. Alors quand ses lèvres se posèrent sur les siennes, avides de vouloir la faire taire, elle répondit d’une même ardeur. Ce soir, Savannah ne savait pas vraiment dire lequel avait le plus l’ascendant sur l’autre. Le jeune homme caressa les joues de la jolie blonde avec ses pouces avant d’avouer qu’il n’était plus ni en couple ni amoureux. Foutaises. La croyait-il si stupide pour croire encore à ces mots ? Une fois, oui. Pas deux. Il ne cherchait qu’à taire la frustration qui le traversait. Pourtant, leurs offensives se calmèrent quelque peu. Ils n’arriveraient pas à se briser l’un l’autre ce soir ; la tension électrique entre eux était trop palpable, presque insoutenable. La situation bascula inexorablement lorsque Savannah posa à son tour ses lèvres contre les siennes. Holden la serra davantage contre lui, habité d’une faim avide et sans limite. Elle se retrouva dans ses bras, quelques pas effectués, une porte qui claque, des escaliers, une grande pièce sombre, la chambre d’Holden. Savannah n’y avait plus mis les pieds depuis longtemps, mais elle le remarqua à peine. Les émotions qui la traversaient étaient délicieusement violentes et la rendaient plus vivante encore. Des vêtements qui glissent, des draps qui s’emmêlent. Elle sentit la peau chaude d’Holden contre la sienne. Il n’y avait plus de retour en arrière possible. Deux coeurs ne formes plus qu'un lorsque leur battement s'aligne, lorsque la chaleur de l'un devient la froideur de l'autre. C'est ce qu'elle ressentait comme sensation étrange à cet instant. C’était comme un réveil après un long sommeil latent pour Savannah. Elle l’aimait à l’en haïr, et haïssait de l’aimer. Et pour leur plus grand malheur, ils étaient prisonniers du cercle de ces amants maudits unis dans leur jeu dangereux qui n'avait plus aucune limite.

Dans l’obscurité de la chambre, Savannah s’empara avidement des lèvres d’Holden. Elle avait une faim de lui inassouvie, privée depuis trop longtemps de sa présence, elle avait dû mal à contrôler le flot d’émotions qui la traversait. Chaque parcelle de son corps s’électrifiait à chacun de ses contacts, chaque effleurement, chaque caresse éveillait en elle un désir de plus en plus fort. Ce qui les consumait n’était pas seulement le goût du jeu, mais une passion, sourde et violente. Leurs corps se perdaient l’un dans l’autre, il déposait la flamme de son désir sur sa peau tendre ; champs magnétiques, électricité statique, ils s'enflammèrent sous le feu de cette allégresse momentanée. Une pointe de regret vain pincer l’organe battant de Savannah, elle ne s’abandonnerait jamais totalement. La barrière inviolable de son silence s'unissait à celle du flou provoqué par les boissons ingurgitées ce soir pour obstruer les élans de son cœur aphone. Son monde se brisa de plaisir, ses yeux se plongèrent dans les siens, et alors qu’elle se laissait engloutir par un flot d’émotions, au cœur de sa fragilité momentanée, il la brisa encore plus. S’appropriant les quelques parties vierges de son coeur, elle lui hurlait des sentiments brûlants sous l’opacité de ses prunelles. D’un amour éphémère et quasiment inusable, ils se perdirent. Rendant les armes pour quelques secondes, Savannah s’autorisa la joie terrifiante de lui appartenir complètement. Victime de sa propre volonté, la jeune femme était devenue la marionnette de ce qu’elle avait toujours fui en le rejetant au détour de leurs jeux. Elle l’aimait et le haïssait à la fois.

Le temps s’égrena dans sa course folle, mais Savannah ne ferma pas l’œil de la nuit. L’aube approchante avait laissé place à la crainte du lourd réveil qui les attendait. Pas celui du matin, mais la prise de conscience qui l’accompagnerait. La jeune femme sentit sa peau chaude contre elle, son corps à côté du sien, sa main glisser lentement dans son dos. Était-il réveillé ? Elle se le demandait et se retourna pour le vérifier. La jolie blonde s’était à peine endormie, à la fois perdue et rongée d’une certaine culpabilité inconsciente. Qu’est-ce que tout ceci signifiait vraiment pour elle ? Rien ! Elle ne pouvait pas se laisser aller davantage à l’égarement et elle le savait. Mais elle savait aussi qu’elle continuait de se mentir à elle-même. Qu’avait-elle donc fait ? Une larme silencieuse voulut apparaître au creux de ses yeux, mais Savannah la retint de toutes ses forces. Elle n’était certainement pas prête de casser cette barrière entre eux. Jamais.  « Je ne peux pas rester ». Souffla-t-elle alors dans le silence de la nuit alors qu’elle entendait sa respiration calme, presque sereine, comme s’il ne réalisait pas ce qu’ils avaient fait ou ne s’en préoccupait pas. Elle priait pour qu’il ne lui pose pas de questions sur ce départ si soudain ni qu’il ne chercherait à la retenir, parce qu’en réalité, ce n’était pas tellement ce qui s’était passé qui la dérangeait. Le pire, le pire était qu’elle ne regrettait pas totalement et que la première chose qu’elle voulait faire ce matin était de recommencer encore et encore. Non ! Savannah se refusait de devenir ainsi dépendante de qui que ce soit et de le laisser avoir une telle emprise sur elle. C’était exactement la raison pour laquelle elle ne pouvait pas continuer, ni aller plus loin. Elle ne voulait appartenir à personne. Et lui non plus.