Pourquoi une trentenaire faisait-elle du patin à glace toute seule cet après-midi là ? Et bien, c'est pourtant simple, c'est tout simplement parce que la trentenaire en question était Jennifer. Fendant la glace à tout allure, la jeune femme referma les yeux et pencha la tête en arrière, enivrée par la vitesse qui faisait battre ses cheveux blonds dans son dos. Pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche. On ne pouvait pas dire que la blondinette ne savait pas faire de patin à glace, ça avait même toujours été son sport préférée, enfin, ça avait même toujours été le seule sport qu'elle pouvait pratiquer, si on pouvait appeler ça un sport vu que Jenn ne s'aventurait pas à faire des cascades et des pirouettes sur la glace. Il n'y avait pas beaucoup de monde à la patinoire ce jour là, il n'y avait même jamais beaucoup de monde à la patinoire, pour le plus grand plaisir de la blonde qui avait tout l’espace pour elle toute seule. Ce dimanche, les seules personnes qu'elle pouvait déranger étaient un frère, une sœur, leur père et un jeune homme qui devait avoir la vingtaine et dont la tête lui disait quelque chose mais le nom ne lui revenait pas. Jennifer retira les quelques mèches de cheveux bouclés qui s'agitaient devant ses yeux et rajusta son T-shirt au motifs Anglais qui remontait au dessus de la ceinture de son jean noir. Elle étendit ses bras devant elle et fit craquer ses doigts engourdie devant elle. Puis elle referma les yeux et entreprit de tourner sur elle même. Malheureusement, malgré le peu de monde sur la piste, le fait qu'elle ai les yeux fermés engendra une rencontre fracassante avec un des quatre inconnus qui patinaient sur la glace. La blondinette poussa un cri aiguë, ferma très fort les yeux et la seconde suivante, se retrouva les fesses sur la glace, un peu sonnée et un air idiot sur le visage. Une fois qu'elle eu reprit quelque peu ses esprits, elle rouvrit les paupières et trouva face à elle, dans le même état que celui dans lequel elle se trouvait, le jeune homme brun dont elle ne se souvenait plus du nom. "Oh mon dieu ! Je suis désolé ! Je t'avais pas vu !"

Faire du patin à glace ? Certains disaient que c'était pour les tapettes. Carl, ce qu'il en pensait ? Pas grand chose. Lui il aimait le hockey. Ce qui, en soi, ne se différenciait pas tellement du patin à glace, mais bref. Il ne comprenait d'ailleurs pas vraiment pourquoi tant de gens avait des préjugés sur des choses débiles, associant à de l'homosexualité. Porter un t-shirt rose, faire ceci, dire cela, manger ainsi, boire ça. C'était un brin raciste, quand on y pensait bien. Et totalement faux. Si Carl portait du rose, buvait un cocktail et faisait du patin à glace, pourquoi serait-il plus gay que le mec en chemise à carreaux ? (a) Bref, il existait des préjugés débiles, et personne n'y pouvait grand chose. Même si on faisait passer un avis mondial d'arrêter, ce serait impossible tellement l'image est ancrée dans nos têtes. Même sans rien avoir contre les homosexuels, il y avait des choses qui nous faisaient faire des associations connes. Quoi qu'il en soit, le Spencer était donc à la patinoire en train de faire du patin à glace. (hé oui)

Pourtant, le Spencer n'aimait pas le sport. Mais les chaleurs dété revenaient, et un bon petit froid ne faisait pas de mal. Surtout que Carl adorait tout ce qui était grande vitesse, adrénaline et tout le tralala. Oui, encore un cliché. Bon, mais pourquoi décider aujourd'hui, à cette heure-là, tout seul ? Pas de réponse s'offrait vraiment à cette question, puique le brun aimait bien faire ce qui lui semblait quant cela lui semblait. Rho, ce n'était pas possible de faire ce qu'on voulait, d'abord ? Et s'il voulait danser la macarena en chaussons devant le premier McDo de la rue, qui lui en empêcherait ? Bon, bref, passons. -oui le cerveau de Carl est dérangé ces temps-ci-. Le voilà donc arrivé à la patinoire pépère mémère, ses patins de hockey à la main (bah oui il a quand même pas ces petits patins blancs ridicules quand même, voyons. -clichéééé-). Assis dans les gradins, il enfila ses semi-chaussures avant de ranger les 'vraies' dans un casier à sa disposition. Et zioup, il entra dans l'arène, titubant un peu à l'entrée mais se rappelant vite de ses donc naturels (a). Se tenant au rebord pour se donner de l'élan, il acquérit vite de la vitesse et glissa à vitesse grand V sur la glace. Attention, Spencer est dans la place ! ..Bon.(xD) Il fit des tours et des tours jusqu'à en avoir marre de se prendre pour un poisson dans un bocal, et décida de patiner un peu vers le milieu et de tenter -attention- de patiner en arrière. La dernière fois, Carl avait plutôt réussi, mais c'était quelque chose qu'il voulait absolument apprendre à faire. Un de ses buts dans la vie quoi.

Il se mit donc au milieu de la patinoire, bien là où tout le monde pouvait le voir mais personne n'était, et il entreprit doucement s'esquisser des mouvements avec ses jambes pour reculer. En tirant la langue. C'est donc le dos tourné qu'il ne vit pas une bouffonne lui foncer dedans, les jetant tous les deux à terre dans un fracas de fin du monde -sisi-. Sonné, Carl porta sa main à la bouche en grognant, sa mâchoire ayant claqué, mordant en plein dans sa langue. « Aïieuuh. » grommela-t-il. Il reporta ensuite son attention sur la blondasse maladroite écroulée à côté de lui, qui s'excusa de bon cœur -alors que bon, c'était un peu la faute des deux la fois hein-. « Wesh, tu t'entraînais pour les olympiades ou quoi ? » s'exclama-t-il en riant. Il ne savait pas pourquoi, mais l'âge de la blonde ne lui donnait pas l'envie de la vouvoyer, et sa tête le faisait rire, ainsi que la situation d'ailleurs. Tout en se massant la bouche, il profita du fait que la blonde se sentait coupable. « Bon mais tu vas devoir me payer une glace pour atténuer la douleur là hein. Et pas la glace de la patinoire s'teu plaît, je viens de me la manger, ça suffit.. ! » Puis il rit, espérant que la jeune femme ne le prendrait pas trop mal. Il n'y avait pas eu de morts après tout, et la situation était très franchment drôle.

Aïeee ! Se prendre un ado de plein fouet faisait vraiment mal, presque autant que de se faire cogner à coup de noix de coco sur la tête. Sonnée, la blondinette se frotta la tête de la paume de la main en gémissant. A tout les coups, elle se retrouverait avec une bosse de la taille d'un ananas sur le front demain matin. L'inconnu en face grogna puis lui sourit et rigola en lui demandant si elle était en train de s’entraîner pour les Olympiades. Jennie fut rassurée de l'entendre la tutoyer plutôt que de la vouvoyer. Elle n'était pas encore prête à ce qu'on l'appelle Madame ou qu'on lui cède la place dans le bus. La blondinette n'était tout de même pas aussi vielle que ça ! "Oui ! J’espère de tout mon coeur qu'un jour je pourrais revenir de la patinoire avec une médaille plutôt qu'une énorme bosse sur le front !". Jennifer tenta de se redresser sur ses pieds chaussés de patin à glace mais glissa et se ramassa sur le sol pour la deuxième fois. Elle pourrait toujours se glisser sur les fesses, jusque au bord de la patinoire et remonter sur ses jambes en s'adossant à la barrière mais elle aurait l'air vraiment siphonnée du ciboulot... Et puis, elle avait un jeune brun assez fort pour la soulever en face d'elle, n’est-ce pas ? D'ailleurs, celui-ci lui "réclama" de façon amusé une glace en échange de celle qu'il venait de manger en tombant. "Oh oui ! Une glace ! Ce serait génial ! Et tu as l'intention de faire payer une femme ? Quelle honte !, rigola l'hôtesse d'accueil, Mais, tu voudrais bien m'aider à me lever avant ?"

Bon, il pourrait toujours manger à même le sol de la patinoire mais le jeune homme lui avait bien fait comprendre qu'il n'avait pas l'intention de re-manger la glace à l'eau de la patinoire. Et puis, Jennifer non plus de toute façon. Jennifer resta quelques secondes par terre avant de se rappeler qu'elle ne connaissait même pas le prénom de sa nouvelle rencontre brutale. "Mais, ma maman m'a toujours dit de ne pas parler au inconnu, alors, je pourrais connaître ton prénom d'abord ?"

C'est fou ça, on ne pouvait même pas faire du patin à glace tranquille ! A chaque fois que Carl sortait de chez lui pour se délasser, profiter du beau temps ou s'amuser tout seul -oui ça lui arrive-, soit il rencontrait quelqu'un qu'il connaissait et donc était obligé de lui parler pendant trois heures, soit, comme aujourd'hui, quelqu'un lui rentrait dedans de plein fouet, l'obligeant à lui parler. En plus c'était une blonde. Oh, Carl n'avait rien contre les blondes ou les rousses d'ailleurs, mais il trouvait juste ça drôle de taquiner celles qui l'étaient. Bon, ok, parfois il l'avait fait un peu méchamment, mais ce n'était pas lui, son côté arrogant lui faisait parfois dire des choses qu'il ne pensait pas vraiment, au fond -ou pas-. Ah, difficile de le cerner ce jeune Spencer.

Ceci dit, il trouvait la situation amusante, surtout en regardant la blonde se masser la tête en gémissant, réclamant qu'elle aimerait plutôt avoir une médaille qu'une bosse. Carl leva un sourcil. Evidemment, qui préférait les bosses ? « Ha ben ça, oui, j'veux bien le croire. » dit-il en fronçant les sourcils, la douleur de sa langue ne s'atténuant pas. Mais pourquoi les extrémités étaient aussi sensibles ? C'était une chose qu'il aurait bien aimé apprendre en médecine. M'enfin, vu qu'il comptait se diriger vers une spécialisation animale, ce n'était pas trop quelque chose qu'il allait apprendre. Bref, Carl ironisa sur le fait qu'elle devrait lui payer une glace, autre que celle qu'il venait de voir de trop près, bien sûr. Il ne s'attendait mais alors vraiment pas à ce que la jeune femme agisse comme une enfant ! Ses yeux brillèrent et elle cria tout haut qu'une glace serait génial. Puis elle revint sur terre et dit à Carl s'il allait réellement faire payer une femme. Il la regarda un instant, sembla réfléchir puis répondit. « Bah ouais. » Puis il se laissa entraîner par le rire de la blonde, qui était quand même assez communicatif. Elle lui demanda alors de l'aider à se lever. Vu qu'elle avait l'air très blagueuse, Carl en profita pour la vanner. « Ok, donc t'es maladroite et en plus t'arrives pas à te lever. Je viens de tomber sur un cas. Littéralement en plus. » Ouais, Carl pouvait être rageur quand il le voulait. Mais c'était aussi surtout cool de se sentir supérieur parfois.

La blonde maladroite resta à terre tout en ressortant son côté enfantin et déclarant que sa maman lui avait toujours dit de ne pas parler aux inconnus. Le Spencer flippait un peu. Est-ce qu'elle était toujours comme ça ? Il commençait à l'imaginer encore habiter chez ses parents avec sa chambre rose, son sac à dos Dora, obéissant mot pour mot que ce que sa mère lui disait. OK. Totalement chelou, repéré ! Mais d'un autre côté il y avait la possibilité qu'elle soit juste en train de rire. M'enfin, en y réfléchissant bien, dans les deux cas elle pouvait être d'une compagnie amusante, alors pourquoi pas. « Spencer. Carl Spencer. » fit-il à la 007. « Toi ? » Puis il tendit la main à la jeune femme pour l'aider à se lever. En patin, c'est vrai que ça ne devait pas être très évident, surtout pour une blonde (a).

Bon, ce gars était vraiment malpolie hein ! Mais, bizarrement, plutôt que de donner à Jennifer l'envie de le gifler puis de le faire passer par une fenêtre, la tête la première, la blondinette était amusé par ce comportement détaché et "je-m'en-foutisme". Bon, de un : il voulait lui faire payer la glace, de deux : il ne loupait pas une occasion de se moquer de la jeune femme au sol, de trois : ce n'était pas que de la faute de la blondinette si ils s'étaient rentrer dedans quand même ! Quelle idée de faire du patin à glace à l'envers sur une patinoire publique ! Bon, tourner sur soi-même les yeux fermés, c'est pas vraiment hyper intelligent non-plus, faut l'avouer...

Toujours est-il que Jennifer était toujours au sol et que plutôt que de l'aider, l’adolescent ne moquait d'elle en la traitant de débile maladroite. Le jeune ne présenta à la James bond comme étant Carl Spencer et il ne prit même pas la peine de faire une phrase pour lui retourner la question. Il aurait pu dire "Et toi ?" au minimum, mais non, il parlait avec un seul mot "Toi ?". Feignant ? Certainement ! Et puis, il lui tendit la main. En premier temps, Jennifer le laissa poiroter quelques secondes, la main dans le vide. Puis elle la saisit et se présenta sur le même ton d'agent secret que lui "Vanya. Jennifer Vanya." Puis elle lui jeta un regard mi-amusé mi-complice et eu une merveilleuse idée. Un magnifique sourire de psychopathe s'afficha sur le visage de Jenny et elle tira de toute ses forces sur le bras de l'agent Spencer qui s'écrasa de tout son long sur la glace à côté d'elle. Il osait se moquer d'elle ? Et bien il allait le payer. Apparemment, ce mec avait un problème avec les blondes. Un raciste des blondes ? Il allait le payer ! Il va voir que c'est vraiment vraiment difficile de se relever une fois qu'on est tombé sur une patinoire, chaussé de patin à glace. La blondinette éclata de rire et lui jeta un regard qui voulait dire "Alors ?! Et là, tu me prend toujours pour une gourde, espèce de cloche ?" (a)

Carl n'avait pas l'habitude de traîner avec des adultes. De ses connaissances âgées de plus de trente ans il n'y avait que Lorenzo, ainsi que ses parents ou ceux de ses amis, bien sûr, mais il n'entretenait pas d'amitié avec eux. Sauf exceptions, parfois. La rencontre avec cette jeune femme était donc nouveau pour lui, car il se rendait compte que l'âge n'avait au final pas vraiment d'importance, qu'on pouvait très bien devenir complice avec une personne âgée de dix ans de plus que nous. Après tout, il existait bien des couples avec dix ans d'écart, hein. Et cette blonde paraissait extrêmement rigolote. Elle avait le rire facile, et même taquine. Quand Carl se présenta à la James Bond, elle le regarda avec un petit sourire et se présenta de même, après l'avoir fait poireauter, la main dans le vide. Ils se regardèrent un moment, une lueur brilla dans le regard de Jennifer, et avant que Carl se rende compte de ce qui se passait, il se retrouva au sol. Ouvrant la bouche pour démontrer son côté choqué, Carl ne put s'empêcher d'avouer qu'elle l'avait bien eu. Et ce n'était pas tout le monde qui pouvait avoir ce loisir là, aussi changea-t-il d'avis sur le côté enfantin de la jeune femme. Elle en avait, du caractère, et le cachait bien. « Pas mal.. » fit-il en souriant, hochant la tête en signe de défaite. « Mais par contre, du coup tu vas devoir m'offrir deux glaces, pour la peine. » Et oui, Carl aussi savait défendre son honneur (a). Et quoi de mieux que de négocier son goûter ?

Le Spencer se retourna alors, et fit un regard malin à Jennifer. « Tu crois que je ne peux pas me lever sans ton aide, j'imagine ? » lui dit-il. « Regardes et dis moi ce que tu dis de ça. » Et se mit en tailleur pour pouvoir se relever. C'était une tactique qu'il connaissait depuis bien longtemps. Tu t'assois sur la glace, tu te mets en tailleur et tu te lève, sachant que les patins seront agrippés en travers dans la glace, et donc impossible de glisser. Avec un sourire triomphant il se mit debout, décroisant ses jambes pour se remettre droit. « Alors ? » lança-t-il, remuant le couteau dans la plaie. Dieu qu'il aimait avoir raison (a). « Bon, donc t'as fini de me faire tomber ou t'en veux une troisième ? Non parce que j'ai sérieusement faim là. » rajouta-il, posant ses mains sur ses hanches pour imiter un enfant capricieux. Il avait compris maintenant qu'il pouvait taquiner la jeune femme sans qu'elle s'énerve, et c'était cool. Il avait bien besoin de quelqu'un de drôle dans sa vie, quelqu'un avec qui il pouvait simplement rire, et non agir en conséquences. Avec son pote Elias le badass, ils faisaient des conneries très drôles, mais les conséquences leur explosaient à la figure. Comme la fois au poste de police. Ils poussaient leurs blagues trop loin, même s'ils en parlaient maintenant en riant. Certes, c'était délirant et fun, et Carl ne s'en rappelait même pas de la moitié, mais parfois, le Spencer aimerait simplement passer des soirée relax à déconner simplement avec quelqu'un sur un canapé, sans avoir à prouver quoi que soit. Car même s'ils refusaient de l'avouer, être un badass c'était aussi montrer aux autres de quoi on était capable, et donc être toujours à l'affût de ce qu les autres pourraient penser. Pas si facile, après tout.

Spoiler:

Jennifer, toujours étalée sur la glace, riait au éclat au côté de cet adolescent un peu trop arrogant. Elle n'était pas peu fière d'elle face à la mine surprise et dépité de son "adversaire". La blondinette n'en fut que plus heureuse lorsque le mini James Bond ouvrit la bouche, choqué, et laissa échapper quelques mots et hochements de tête d'admiration légèrement dissimulé. Puis il continua en exigeant une glace de plus pour cette nouvelle chute. Une fois la surprise passé, il se retourna vers la Vanya et lui fit un sourire et un regard malicieux pour ensuite lui lancer deux ou trois phrases qui suggéraient qu'ils étaient persuadé de pouvoir très bien se débrouiller tout seul et que, lui, il serait se relever sans passer pour un idiot, même en patin à glace. Il glissa sur les fesses afin de se mettre en tailleur puis se releva sans aucune difficulté. Un sourire suffisant sur les lèvres, il termina son enchaînement en décroisant les jambes. Il aurait pu faire une jolie petite pirouette et saluer son "public" en attendant des applaudissements que ça ne l'en aurait pas plus étonné. Il remua le couteau dans la plaie, tellement fière de lui, avec un "Alors" dont Jennifer pouvait très bien saisir le sous-entendu : "Avoue que je suis le meilleur, petite blonde maladroite" ou quelque chose de se genre là.

Et le gamin réclama son goûter. Dans sa tête, Jennifer le voyait très bien en train de crier et de taper du pied sur la glace afin de recevoir son dû. La Vanya fut tentée de lui faire un beau croche pied, là, tout de suite, puis, une fois le visage contre la glace, de lui appuyer sur la tête pour lui faire bouffer le sol de la patinoire avec ses belles dents toute blanche. La blondinette sourit à cette pensée. Elle n'avait pas l'intention de lui faire bouffer des glaçons par colère, mais juste par amusement. Comme une sœur avec son frère. Afin, ce devait être à peu près ça une relation frère/sœur, à ce que Jenn' en savait via les films pour ado et comédie romantique en tout genre. La Vanya éclata de rire face à ce petit frère capricieux et à l'entendre parler de nourriture, se rendit compte qu'elle aussi mourrait de faim. La blonde était tout à fait du genre à être constamment en manque de nourriture le jour et à rêver de cupcakes et de sorbet au citron la nuit. Un dalleuse en gros.

Enfin bref, Jenn' tenta de se relever de la même manière que l'avait fait le jeune homme. Elle croisa les jambes en tailleur et tenta de se relever en s'appuyant sur ses mains et ses pieds mais, alors que son arrière-train flotta à cinq ou six centimètres du sol, la blondinette retomba en arrière, et en une seconde, elle se retrouva allongée sur le dos, morte de rire. "Hé toi ! Tu te moques de moi, je te paye pas tes deux glaces !" La blonde finit par se calmer et se remit en tailleur, toujours un peu rouge après ce fou-rire idiot. La Vanya tendit ses mains aux ongles vernis de violet lila vers Carl et demanda d'une toute petite voix de fillette, jouant à son jeu des enfants capricieux : "Hé M'sieu, vous m'aider à me relever siouplaît ? J'jure de pas vous faire de mauvaises blague c'te fois..."



Spoiler:

Quand il était plus jeune, il y a maintenant bien une dizaine d'années, il était coutume pour la famille Spencer de faire des sorties en famille. Tous de bon entrain, ils allaient faire des balades en forêt, ils allaient au cinéma, au bowling, au restaurant, voyager, ou à la patinoire, souvent. C'était l'époque où rien ne semblait pouvoir les séparer. Papa et maman poule, et les enfants avec leurs caractères bien trempés, s'entendaient pourtant à merveille. Presque aucune dispute ni haussement de voix n'avaient lieu, c'était comme la petite famille bien parfaite. D'ailleurs, elle était toujours vue ainsi dans le quartier. Deux parents tenant un bon business -quoique glauque- et trois enfants bien élevés et beaux comme tout (a). Tout allait bien dans le meilleur des mondes. La patinoire avait fait resurgir dans la mémoire de Carl cette époque, ce moment où ils allaient tous avec le sourire, limite la main dans la main, pour aller manger un morceau ou partir à l'aventure. La patinoire, lieu de beaucoup de leurs rires et bousculades, ainsi que des chutes, mais bien sans grand mal, créait pour Carl un sentiment étrange. De l'amertume, du regret, de la tristesse ? Ou bien un sentiment que c'était du passé et que c'était autant mieux comme ça ? Il n'arrivait pas à mettre la main sur ce qu'il ressentait. Il n'y arrivait d'ailleurs presque jamais. Dans de rares moments, il lui arrivait que ces sentiments deviennent très fort et que ça provoque chez le Spencer une grande douleur, un pincement qui le faisait déprimer, ou même pleurer. Car il enfouissait tout dans des boîtes, des centaines de petites boîtes, qui, quand elles remontaient à la surface, s'ouvraient avec de grands remous. On disait que Carl était mystérieux, et on se demandait pourquoi. Mais la vérité c'est que même Carl n'arrivait pas à déchiffrer les signes de son corps, ou faisait tout pour les cacher. Lui-même ne savait pas où se cachait la part de mystère qui rendait tellement de gens jaloux. Pourtant, il ne cherchait pas à le faire. Il était même parfois, voire souvent salaud, et pourtant, les gens autour de lui continuaient de l'aimer, par on se sait quelle magie. C'était étrange, mais Carl s'y était à présent habitué, et cela le rendait arrogant, en tout cas parfois plus que ce qu'il n'était déjà. Ne serait-ce qu'avec cette jeune blonde. Il la toisait, lui montrait sa supériorité, mais elle continuait de rire et de rester à ses côtés. Elle était étrange, et en même temps ce genre de personnes attiraient Carl -non, pas sexuellement, arrêtez de toujours le voir en chaud lapin (a)- car justement, il ne les comprenaient pas. Bref.

La jeune femme, dénommée Jennifer, essaya alors la technique de Carl. Il avait bien vu qu'elle avait été admirative, et tentait bien sûr de le faire, histoire de montrer qu'elle aussi était une badass. Et mais non, elle se mangea la glace encore une fois, et Carl sourit en pouffant de rire avant se retenir. Wow wow wow, il voulait sa glace ! Ses deux glaces, d'ailleurs. La Vanya était toute rouge et Carl se retint vraiment pour ne pas rire. Il ne savait pas que c'était si drôle, de tomber en arrière. Puis elle se rassit, et comme une enfant elle lui tendit les bras en l'air en lui demandant de l'aider. Carl esquissa un petit sourire et s'autorisa à rire. « Non mais oh, c'est pas écrit Père des enfants maladroits ici hein ! » s'exclama-t-il en désignant son front. Il marqua une pause puis reprit. « Mais t'as de la chance, j'ai vraiment la dalle donc j'vais t'aider. » Et joignant le geste à la parole, il attrapa la main de la jeune femme, tout de même assez douteux. Mais elle ne fit rien, comme promis. « Voilà. Maintenant on y va là ! Et puis ça pèle ici. » fit-il en glissant sur la glace jusqu'à atteindre la porte. Une fois la porte passée et des patins touchant la terre ferme, il se retourna et attendit que la blonde se décide à venir. Elle galérait à démarrer, et Carl était presque sûre qu'elle allait tomber encore une fois. Il la regarda donc faire avec un petit sourire, se préparant tout de même à sa rescousse, au cas où. Décidément, c'était si dur que ça d'aller manger une glace ?

Alors que la jeune femme se trouvait encore au sol, la main tendues dans l'air à le recherche d'un petit peu d'aide de la part du Spencer, celui-ci ironisa en proclamant qu'il n'y avait pas écrit "Père des enfants maladroits" sur son front. Mais ensuite, après une petite pause, il continua en disant à la blondinette qu'elle était chanceuse car il était affamé. Le blondinette pouffa légèrement au mot "chanceuse". Était-ce de la chance de foncé dans un sombre inconnu un peu trop arrogant et de devoir lui payer non pas une, mais deux glaces pour la peine. Et, suivant ces paroles, il attrapa la main que la blondinette lui tendait, tout de même pas très confiant. Mais la Vanya était un homme heu, une femme, de confiance et elle ne fit rien au jeune homme, comme promis. Carl se plaignit du froid et insista pour partir, réclamant sa glace... heu, ses glaces. Le Spencer était vraiment un gamin pourri gâté, hein. Rien qu'a la première impression, on pouvait le deviner mais en lui parlant, c'était encore plus évident. Mais aussi bizarre que cela puisse l'être, Jennifer trouva cela vraiment drôle et amusant. Comme le petit frère capricieux qu'elle avait toujours voulu avoir mais qu'elle n'avait encore jamais eu.

Le brun s'éloigna de la blondinette et en quelques coups de patins, toucha la terre ferme. Mais, malheureusement pour elle et pour l'autre jeune qui attendait sa glace, la blondinette avait toujours un peu de mal au démarrage et galéra un peu sur place avant de partir bien trop vite et de se cogner avec fracas à une des barrières. Les cheveux blond de la jeune femme voltigèrent un peu dans tout les sens, alors, des mèches rebelles devant les yeux, un peu étourdie, la blonde avança tant bien que mal en se tenant à la barrière, tel un crabe. Enfin sur la terre ferme, au côté de Carl, Jennifer s'écroula sur un banc et retira ses patins pour remettre ses chaussures, elle enfila sa veste en cuir et se dirigea vers la porte. Mais juste avant de l'ouvrir, la main sur la poignée, elle se tourna vers l'agent Spencer. "Bah alors, tu la veux ta glace ou pas ?"

Carl ne put retenir un éclat de rire lorsque Jennifer se mangea la barrière. Ses cheveux volèrent dans tous les sens, et quand elle réapparut en face de lui, on aurait dit qu'un aspirateur lui était passé dans les cheveux. Toujours un énorme sourire aux lèvres, ne pouvant vraiment pas s'en empêcher -c'est fou comment les chutes des autres font rire mais quand ça nous arrive on rigole moins-. Toujours en observant la jeune femme, décidément obtenant le palmarès de l'attraction de la journée, Carl rigolait, et enlevait ses patins. Ses Vans enfilées et sa veste de mise, il suivit la Vanya vers la sortie, où se trouvaient des escaliers puis la porte. Ce fut comme si une fois touché la terre ferme, la jeune blonde allait aussi vite que Speedy Gonzales. Carl remit un de ses lacets dans sa chaussures -ce serait cool s'il évitait de tomber-, ce qui lui valut la réflexion de Jennifer, s'il voulait sa glace. Quelle impatiente ! Pour la peine, le Spencer décida de la vanner encore un peu. « Ouais, mais attends avant de descendre les escaliers ! Faut que je te soutienne, sinon tu vas encore tomber (a) » Et joignant le geste à la parole, il accourut auprès d'elle, descendit quelques marches, se retourna, et mima des gestes de précaution devant elle, comme si elle était sur le point de tomber. La blonde se dégagea de lui en grognant, mais un sourire naquit tout de même sur ses lèvres. Carl se remit droit et rigola encore un coup, satisfait de sa blague. Ils sortirent alors dehors et se dirigèrent en face, chez le petit marchand de glaces italiennes.

Le Digling bien connu de l'entrée résonna quand ils rentrèrent chez le glacier. Une douce chaleur se répandit et Carl se relâcha, tellement le froid lui avait fait rentrer les épaules. Il fit un grand sourire en voyant les saveurs proposées. Une bonne glace à l'italienne, ça faisait bien longtemps qu'il n'en avait pas mangé ! Après un regard malicieux à la jeune femme, Carl se faufila dans la file devant Jennifer, et regarda attentivement les choix possibles. « Hm, bon, en fait, j'vais prendre une glace deux saveurs au lieu de deux glaces, 'kay ? » Question rhétorique, puisque de toute façon elle n'avait pas le choix. Grand sourire à Miss Vanya, qui fit un faux sourire choqué. Ahah, elle était définitivement bien cool. S'il était venu avec Elisabeth, elle lui aurait sans doute refusé la glace et lui aurait en plus fait payer. Quand à Scarlett, elle lui aurait payer ceci mais pas cela. Elle ne dépassait jamais les limites, c'était bizarre. Enfin.. Arriva son tour. « Une glace stracciatella caramel, s'vous plaît ! » demanda-t-il poliment -sisi, c'était possible-. Ses yeux s'arrondirent à la vue du cornet qu'on lui tendait, et il fit un grand sourire à Jennifer. « Et beh, je devrais me faire rentrer dedans plus souvent. » déclara-t-il.Une fois la commande de Jenn' passée, ils allèrent s'asseoir sur un table près de la fenêtre. « Bon j'suis pas supposé te dire merci puisque ya une bonne raison pour que tu me l'offres, mais j'te le dis quand même. Merci. » Puis il sourit en faisant un regard malicieux. « T'as vu, j'suis sympa hein. » Carl commença à lécher sa glace sur le bords, là où ça commençait à couler. Ah, c'était bon..

Enfin, le jeune Carl finit par se rejoindre la blondinette dans l'encadrement de la sortie, ses vans aux pieds et sa veste sur le dos, toujours un sourire complice sur le coin des lèvres. Sur la glace, la Vanya pouvait peut-être être un peu gauche, mais au sol, elle filait comme le vent, surtout lorsqu'une glace se trouvait à la clé. Impatiente, elle pressa le jeune homme en le réprimanda en rigolant lorsqu'il se pencha pour remettre un lacet dans sa chaussure. Jennie l'avait vu depuis longtemps cette petite ficelle mais elle n'avait rien dit en espérant qu'elle pourrait rire et se venger un peu lorsqu'il trébucherait. Mais le Spencer la rejoignit tout aussi vite, et descendit les escaliers avant elle, se retournant vers la blonde et se moqua d'elle en l'aidant à descendre les escaliers, comme une petite fille ou une vieille dame qui ne tiendrait pas totalement sur ces jambes et qu'il faudrait soutenir. La blonde simula la bouderie, un sourire qui fleurissait toujours sur ces lèvres mais qu'elle tenta de cacher. Fière de lui, le jeune homme derrière elle riait. "Vilain, va !"

Les deux jeunes gens se dirigèrent donc ensemble vers le marchand de glaces. Italiennes. Un délice ! Les glaces, c'étaient le péché mignon de la trentenaires. Et lorsqu'elles étaient aux citrons et italiennes, c'était tout simplement perfect ! Carl le premier, ils passèrent la porte et firent retentirent la petite sonnerie qui annonça leur entrée. Le Spencer se positionna devant elle dans la file et examina les choix possibles, pensif, Jenn' quant à elle savait très bien ce quelle choisirait. Classique mais toujours aussi bon : La glace au citron ! (ooooh ! La rime ! xD) L'agent secret annonça sous forme de question (ce qui était inutile puisqu'elle n'avait pas le choix) qu'il préférait prendre une seule glace en deux parfums plutôt que deux glaces et, lorsque se fut son tour, commanda une stracciatella caramel, poliment en plus ! Quelle surprise ! (a)

Jennifer commanda à sa suite, Jen' et Carl échangèrent de grands sourires à la vue de leurs cornets respectifs et Carl blagua en souhaitant se faire rentrer dedans plus souvent. Pfff ! Et bien espérons que la prochaine fois, ce ne sera pas la Vanya qui devra payer ! Par contre, se la faire offrir, elle n'était pas contre...! Puis, une fois tout ceci accompli, ils choisirent une table avec vue et, après un grand effort, Carlou remercia la jeune femme en souriant avant de rajouter une petite phrase ventant sa sympathique sympathie et d’entamer sa glace. La blondinette en fit de même et répondit, faussement touchée, un sourire mal caché sur le visage "Oooh ! Mais quelle gentillesse de ta part ! Je ne doute pas de l'effort que cela a été !"

Soooooorry:

Carl jeta un regard noir sur Jennifer, puis partit dans un grand éclat de rire après lui avoir tiré la langue. Il était quand même bien drôle, ce petit bout de femme. C'était bizarre, parce qu'habituellement, le jeune Spencer n'aimait pas parler aux trentenaires et au-delà -to infinity and beyond uhuuuu-, pour la bonne et simple raison qu'il n'avait rien à leur dire. Et ça parlait de quoi les trentenaires ? Du travail, du mariage, des enfants, d'une maison et d'un crédit ? Bwah, non merci. Jennifer au moins était drôle et n'avait pas l'air de se prendre la tête. Perfecto quoi.

Plantant sa cuillère dans la glace, Carl décida de connaître un petit mieux cette personne si blond et maladroite qu'il commençait à bien aimer. Sisi, Carl a des sentiments. « Et sinon, tu fais quoi dans la vie ? T'as quelqu'un dans ta vie, des animaux, des hobbies étranges, la pratique du Sanshou ? Dis-moi tout. » fit-il avec un sourcil levé, en mode viens là que je sache tout de ta vie pour trouver tes mots de passe. Non, c'était juste histoire de faire la conversation, et aussi peut-être rigoler un coup. L'étudiant voyait en la blonde une grande blagueuse, et ça tombait bien, il avait besoin de ça en ce moment. Tout le monde autour de lui était trop sérieux, trop déprimé, trop triste. Horrible. Pourtant il commençait à faire beau, les gens devraient être plus contents, non ? Faut croire qu'on est jamais satisfait, dans cette société à la con.

Il ne savait pas trop ce qu'il faisait là, avec cette jeune femme. Allaient-ils devenir amis, philosopher toute la nuit, ou s'oublier  dès le lendemain ? Carl ne savait pas du tout. Mais en tout cas, ça le sortait un peu de ses révisions, et c'était pas mal. Il avait une épreuve un peu complexe la semaine suivante, était donc supposé travailler, mais en avait pas du tout envie. Rencontrer Jennifer allait peut-être l'aider à retravailler, qui sait ?