Lors d'une clôture de dossier, les agents se devaient de vérifier et revérifier chaque petit détail, s'assurer qu'aucune preuve ne peut être jugée irrecevable, question de maximiser leurs chances d'un jugement à leur faveur. Et à la clôture d'un important dossier impliquant un homme politique influent, c'était encore plus exigeant et important de s'assurer que tout était parfait: les avocats bien payés devaient prouver qu'ils méritaient leur salaire. Et ce soir-là, Christopher était bien heureux de retrouver son lit. Dès qu'il revint du travail, il alla directement rejoindre sa dulcinée dans le lit conjugal - il fallait dire qu'il était dans les environs de vingt-deux heures, quand je vous dis que sa journée avait été chargée! - et s'endormit quelques instant après. D'ailleurs, lorsque le téléphone cellulaire de Meredith sonna à deux heures trente du matin, le réveillant du même coup, il réalisa qu'il portait encore ses pantalons ainsi que ses chaussures. Mais Cooper n'eut pas le temps de profiter de son réveil au milieu de la nuit pour enlever ses vêtements, car il devait répondre à ce fichu téléphone. En bons technophiles, Meredith et son fiancé avaient leurs téléphones cellulaires sur leur table de chevet respective et Christopher dut passer le bras par-dessus le corps endormi de la mère McCormick pour répondre à l'appel. Sa belle dormait si paisiblement, il ne fallait pas que la sonnerie gâche tout! "Oui?" Rien dans sa voix ne laissait paraître qu'il venait de se réveiller. "Bonjour, ici l'agent Patterson. Pourrais-je parler à madame McCormick?" "Elle dort présentement. Je suis l'agent Cooper, son fiancé. Il y a un problème?" À l'évocation du métier de Christopher, l'interlocuteur sembla soudainement plus convivial, moins formel. "Bonsoir, agent Cooper. Désolé de vous avoir réveillé. Je suis présentement de garde au commissariat et-" "Il s'agit de Minnie, c'est ça?" "... Minerva McCormick, exactement." "Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'elle se retrouve au commissariat?" "Je préfère ne pas vous en informer au téléphone, vous comprenez. Il faudrait que vous passiez au commissariat payer la caution et la ramener à son domicile." "Oui, je comprend. Je suis là dans une quinzaine de minutes."

Christopher raccrocha et attrapa en vitesse une chemise blanche qui traînait sur la commode - probablement la chemise qu'il a enlevé avant de s'endormir à poings fermés. Le marshal était en train d'attacher les dernier boutons de sa chemise lorsqu'il ouvrit la porte de sa chambre et se retrouve face à Annie, la seconde fille de sa fiancée. "Annie? Tu ne dors pas? Il est tard, tu devrais aller te recoucher." Sur le coup, le père Cooper crut que ce devait être un de ses cauchemars qui l'a réveillé et il espérait qu'elle ne lui demande pas où il allait ou qu'elle n'ait pas entendu sa conversation avec l'agent Patterson. Inutile de la stresser davantage, lui révéler les conneries de Minnie empirerait la situation.

Déjà que devoir se lever à une heure tardive - ou très matinale, dépendant de la façon dont vous le voyez - pour aller chercher sa belle-fille, ce n'était pas très joyeux. Mais voilà que la seconde belle-fille se tenait face à lui et le réprimandait sur le fait qu'il était debout. Un beau-père peut se permettre de réprimander sa belle-fille, mais pas l'inverse! Bien qu'un peu frustré par ce réveil, il ne le montra aucunement et ne dit rien à la première remarque de la rouquine. Mais à sa seconde remarque, Christopher poussa un léger soupir. Annie était têtue, le marshall le savait très bien. Cette discussion pourrait durer longtemps et essayer d'empêcher Annie de l'accompagner retenait de l'impossible. Mais il s'essaya: "Tu sais bien que-" Trop tard, la jeune McCormick était partie dans sa chambre. Parfait pour filer avant qu'elle n'ait fini de s'habiller! Christopher s'était habitué à la longue préparation des adolescentes avant une quelconque sortie, alors il se dit qu'il aurait amplement le temps de quitter avant qu'Annie ne soit prête. Le marshall descendit donc à l'entrée, prit les clés de sa voiture et effleura la poignée de porte - il l'aurait bien ouverte, mais une voix derrière lui l'empêcha de le faire. Annie avait été plus rapide que prévue! Christopher se tourna vers sa belle-fille et remarqua la raison de sa vitesse: un jogging. Au moins, elle ne ralentissait pas le paternel, étant déjà toute prête. La rouquine implora une dernière fois Cooper qui lui sourit. "C'est bien parce que tu es déjà prête!" Il ouvrit ensuite la porte et laissa sa belle-fille passer devant; les dames d'abord.

Après un trajet relativement silencieux, ils arrivèrent au commissariat et passèrent devant Minnie, bien installée dans une cellule. Christopher la regarda rapidement, question de voir si elle n'était pas blessée ou mal en point. Non, elle était seulement saoule; ses paroles envers son beau-père et sa soeur le confirmaient, même si c'était assez habituel de sa part. Cooper ne répliqua pas et alla voir le policier de garde, M. Patterson, à qui il avait parlé plus tôt. "Bonsoir M. Patterson, je suis M. Cooper, je viens chercher Minerva." Son prénom officiel n'étant pas Minnie, le marshall se devait de donner le prénom complet de sa belle-fille, même si elle n'appréciait pas. "Oui, bonsoir M. Cooper. Considérant que mademoiselle McCormick est accusée de vois de fait graves - elle a frappé la tête de quelqu'un avec une bouteille d'alcool, la victime est aux urgences mais elle devrait s'en sortir -, elle pourrait être emprisonnée pendant une dizaine d'années si la victime porte plainte. Nous devons la garder jusqu'à la comparution, mais avec une caution de six cents dollars, nous pourrons la libérer sous certaines conditions." Christopher réfléchit quelques instants, se demandant premièrement s'il avait l'argent, et ensuite s'il était plus judicieux de la laisser en prison pour la nuit. Question que Minnie comprenne les conséquences de ses actes. "Laissez-moi une minute pour y réfléchir." Le père de Cameron s'approcha ensuite de la cellule de Minnie. "Écoute Minnie, tu as le choix: soit je te sors de ta cellule et tu respectes les conditions de libération - ainsi que les mienne, qui seront plus strictes que celles de la loi, je peux déjà te l'assurer -, soit tu restes ici jusqu'à la comparution, qui est dans deux jours." Parler à une Minerva McCormick saoule était en soi absurde, mais Christopher voulait son avis, même s'il connaissait déjà sa réponse. Il regarda également Annie, désirant obtenir son avis sur le sort de sa grande soeur.

Christopher lui laissait une chance, pourtant. La possibilité de choisir entre rester cloîtrée en prison ou rester cloîtrée à la maison. Le choix n'était pas si compliqué. Mais Minnie McCormick restait Minnie McCormick, même saoule. Surtout saoule, en fait. Annie prit même son beau-père en retrait pour lui dire que ça ne fonctionnerait pas. Le marshall approuvait les dires de sa belle-fille, mais voulait quand même laisser une chance à Minnie. Car au fond, c'était elle qui en avait le plus besoin. L'aînée nécessitait une seconde chance, qu'elle s'ouvre les yeux, se prenne en main. Il ne fallait pas que ce soit une ambulance qui lui fasse comprendre ça suite à une overdose. Christopher voulait que Minnie quitte le monde de timbrés, d'alcooliques, de droguées dans lequel elle s'amusait à se détruire, car il sera trop tard un jour - elle finira dans un dépotoir, comme certains de ses 'amis', histoire vécue par Cooper lorsqu'il était nouveau chez les flics. Mais essayez de faire comprendre ça à une jeune femme qui s'en fout. Christopher laissa Annie parler à sa soeur, espérant que les liens du sang auront raison de la folie qui habitait l'aînée McCormick. D'ailleurs, en entendant la provocation d'Annie, Cooper sourit légèrement - c'était futé. Mais ses espoirs que ça se termine bien volèrent en éclats dès que Minnie attaqua sa soeur cadette. Aussitôt, le marshall enleva Annie de l'emprise de la prisonnière et l'éloigna légèrement de la menace que représentait sa propre soeur aînée. Assez étrange, comme situation. Mais c'était Minnie.

Cette dernière s'approcha légèrement de Christopher, jouant la petite fille obéissante. Comme s'il allait la croire. Et comme de fait, Minnie éclata de rire, trouvant le fait d'être sage une situation impossible. Cooper soupira intérieurement: elle était incontrôlable. Il écouta néanmoins ses excuses. La légitime défense, évidemment; il l'entendait presque tous les jours, celle-là. "Qu'importe qui a commencé, le fait est que c'est toi qui l'a blessée. Et qu'elle est à l'hôpital. À cause de la bouteille que tu as frappé sur sa tête." Christopher tenta de la faire prendre conscience de ses actes, du fait qu'elle avait emmené une pauvre fille aux urgences, mais ne se faisait pas trop d'idées. Il passa donc à son plan B. "Mais puisque tu ne veux pas entendre raison, je pars retrouver mon lit. J'informerais Meredith de ta situation demain matin et ce sera à elle de voir si tu mérites de rester en prison ou non." Cooper tourna le dos à Minnie, posant sa main sur l'épaule d'Annie. "Et bien sûr, j'emmène Annie, qui le pense vraiment lorsqu'elle m'appelle Papouni d'amour." Le marshall fit un clin d'oeil à sa belle-fille cadette, sachant pertinemment qu'ils ne sont pas aussi proches qu'il vient de le prétendre. Cooper emmena Annie à l'extérieur du bâtiment et, avant de la suivre, jeta un dernier coup d'oeil à Minnie. "Alors, Minnie? C'est moi ou c'est Meredith." Et Christopher préférait que ce soit lui, sa douce étant trop fragile pour supporter une nouvelle pareille. Et il fallait que Minnie soit de son avis.